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Manoir Krueger, Newark, New Jersey

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Manoir Krueger, Newark, New Jersey Mer 24 Fév 2016 - 0:36

Ce matin au réveil, Rae avait eu chaud pour ses fesses, très chaud !

Pourtant la soirée avait été plutôt correcte : elle avait pris des taz' pour se mettre le cerveau en ébullition, avait dandiné bêtement son arrière-train dans une techno-party clandestine et avait même réussi à convaincre son mec, de la recevoir à l'improviste dans sa piaule à lui (plutôt que d'aller crécher au foyer pour jeunes délinquantes tenus par les sœurs), alors qu'il avait prévu de passer la nuit à jouer à WoW...

Du coup, Rae s'était levée du bon pied et là... les ennuis s'étaient rappelés à elle, à l'instar d'un destin farceur. C'était comme si le bout de pizza sur lequel elle avait marché en se levant était maudit en plus d'être moisi...

Le téléphone de Rae n'arrêtait pas de sonner. Il avait d'ailleurs sonné toute la matinée, dixit le post-it qu'avait laissé sur la table de chevet Hackrat, Reggie, le gros patapouf gentil qui lui servait de mec ... Et ça, ça voulait dire...

"Miss MacMich'..." maugréa Rae en se tapant le front avec la paume de la main. Miss MacMich' - ou Mademoiselle Mac Millan, plus exactement, quand Razor faisait l'effort de se rappeler son nom - était son agent de probation. Et le fait qu'elle la harcèle au téléphone alors que ça faisait à peine 3 jours qu'elles s'étaient vues ne pouvait que vouloir dire...

... qu'elle avait envie de la faire suer, de lui remonter les bretelles, de lui souffler dans les bronches, de lui passer un ratichon, de...

Rae écouta l'un des nombreux messages qu'avait laissé MacMich'. Bordel, 23 appels en absence... Ça devait être grave...

"Mademoiselle Sharp ? Ici, Mademoiselle MacMillan, votre officier de probation..."

Blablablablabla. Gnagnagnagnagna.

"Il s'avère que..."

La voix hésitait sur le répondeur. Ça ne pouvait vouloir dire qu'une chose : MacMich' était très déçue d'un truc... Genre, elle venait de découvrir que Rae n'était pas très observante de ses nombreuses interdictions et obligations à la gomme qui justifiaient qu'elle soit dehors, là, en condi, et pas à l'intérieur, enfermée avec un matricule et un uniforme orange moche...

"Il s'avère que nous devons nous voir. Aujourd'hui. Et le plus tôt sera le mieux. Il y a... une chose dont nous devons parler..."

BORDEL ! Aujourd'hui / Le plus tôt sera le mieux... Ça sentait le roussi pour les fesses de Rae. MacMich' n'était pas aussi bête qu'elle en avait l'air : c'te vieille peau de 33 piges avait du finalement capter que Rae en avait rien à secouer de ces histoires d'interdictions et d'obligations et la chose dont elles devaient parler ensemble ne pouvait être que...

... la révocation de sa conditionnelle. Rae déglutit bizarrement et se voyait déjà en train de répondre une fois de plus au questionnaire d'incarcération : "Avez-vous une pathologie psychiatrique nécessitant des soins ?", "Souhaitez-vous voir un médecin dès votre mise sous écrou ?", "Avez-vous des tendances suicidaires ?", "Etes-vous dépendante à un quelconque produit stupéfiant ?"...

Et puis, il était déjà 15 heures. Hack était déjà parti bosser au magasin de photocopies. Et Razor était même pas habillée...

Pendant qu'elle se préparait sommairement (devait-elle faire son sac pour le cas où les decks l'attendraient avec les pinces dans le bureau de MacMich' ?), Rae énuméra mentalement toutes les bonnes raisons que MacMich' avait de pondre un bon rapport sur elle...

Car après tout si l'on reprenait ce qu'elle s'était engagée à faire et qui avait justifié sa libération, on avait :

- une interdiction de toucher ou de posséder un ordinateur. Et à part celui de Hack dont elle se servait pour des petites transactions personnelles avec des numéros de carte bancaire générés au hasard en prenant le soin d'effacer ses traces, elle avait presque respecté ce point... Après tout elle ne possédait plus d'ordinateur. Au pire, Miss MacMich' ne pourrait certainement rien prouver... Donc, pas vu, pas pris !
- une obligation de pointer au commissariat et d'aller aux convocations de Miss MacMich' : ça, elle l'avait bien respecté. Personne ne pourrait dire le contraire !

Rae sifflotait tout en essayant de trouver des vêtements propres à elle : elle n'en avait plus, alors elle enfila des fringues qu'elle avait escroqué sur le net...

- une obligation de suivre une formation ou de chercher du travail...

La jeune fille s'arrêta de siffloter. Si l'on exceptait la fois où elle avait vendu dans la rue des photos d'elle déguisée en soubrette sexy, activité qu'un flic pouvait difficilement qualifier de travail, on ne pouvait pas dire que Razor avait été très assidue à la tâche... Elle n'avait même pas envoyé le CV (elle pourrait toujours dire qu'elle n'avait plus de timbres...) pour l'entreprise de nettoyage que lui avait trouvé la mère MacMich' (impayable celle-là : elle pensait VRAIMENT que Razor allait faire une activité honnête aussi peu lucrative et aussi fatigante ?).

Et là où le bât blessait réellement :

- une interdiction impérative et formelle de commettre toute nouvelle infraction. Et là, si on résumait le triste palmarès de la jeune fille, depuis sa sortie de taule, elle avait : commis des escroqueries à la fausse carte bleue sur le net (6), découpé les poches d'usagers du métro à l'aide de ses pouvoirs pour leur tirer leur larfeuille (4), acquis, détenu et consommé des amphétamines (10), usurpé l'identité d'autrui (2)...

Force était de constater que Razor était un Code Pénal sur pattes, qu'elle ne s'était pas du tout amendée, qu'elle n'en avait nullement l'intention et...

... qu'en plus elle était vraiment à la bourre pour aller voir la MacMich' !

*
* *

Contre toute attente, le rendez-vous avec la MacMich' ne s'était pas soldé par une révocation de condi. Et Rae ne savait plus trop quoi penser en sortant du bureau de l'officier de probation.

Pourtant... Quand elle avait déboulé dans la petite pièce où bossait MacMich', cette dernière avait été glaciale. Pas du tout aimable. Et lui faisait des regards, genre "Ma cocotte, aujourd'hui je vais avoir tes fesses...".

Elle avait ensuite fait mine de jeter un œil au dossier de Razor, un œil forcément triste et désolé, comme si ce qu'elle lisait lui foutait un bourdon pas possible.

Ça c'était histoire de faire en sorte que le petit cœur de Rae s'emballe un peu plus que de raison... Un truc de poulet ça : le travail de la viande, comme ils l'appelaient... Ils te font marner dans ton jus en attendant que tu sois à point et que tu vendes ton âme et tous tes potes pour un paquet de chips !

Puis, quand la mère MacMich' avait ouvert la bouche ça avait été pour dire ces paroles dont Razor se souviendrait toute sa vie :

"Mademoiselle Sharp, nous avons appris que... Comment dire ? Que vous n'aviez respecté aucun de vos nombreux engagements et qu'en outre vous avez persisté à commettre diverses infractions. Je suis très déçue et si ça ne tenait qu'à moi... Eh bien, vous retourneriez directement en prison. Mais..."

Sa conjonction de coordination préférée en l’occurrence... qui ne pouvait signifier qu'une chose : sa liberté ne tenait qu'à un fil, certes, mais elle tenait bon !

Rae était prête à mettre un genou à terre, puis l'autre, pour prier et se repentir à haute voix, en remerciant la mère MacMich' et l'institution judiciaire de tous leurs bienfaits, dont elle était manifestement indigne, ô Seigneur, et pour se repentir de tout le mal qu'elle avait fait, au nom de tous les gens qu'elle avait escroqué...

"La personne dont je tiens mes renseignements m'a demandée de vous remettre de l'argent..."

Razor eut un gloussement nerveux : non seulement MacMich' savait tout MAIS en plus elle lui filait du fric...

"Ça vous évitera, en effet, d'avoir à le voler. Vous devrez, en outre, vous rendre à l'adresse qui est marquée sur ce bout de papier, impérativement à 10h00, demain matin... Si vous n'y êtes pas ou que vous êtes en retard, un mandat d'arrêt sera automatiquement délivré contre vous..."

Mais qu'est ce que c'était que cette embrouille ? Un jeu de piste ? Un truc pour la piéger ?

Razor voulut en savoir plus mais la mère MacMich' mit un terme à l'entretien, signifiant seulement à la jeune femme qu'elle était de la graine de canaille et qu'un jour, si elle continuait sur sa lancée, elle finirait sur la chaise. Mais qu'en attendant sa bonne étoile avait fait en sorte de faire d'elle une méta-humaine avec des talents pouvant être exploités pour le bien commun... Puis, elle flanqua Razor à la porte. L'entretien était terminé et Rae avait une question sans réponse qui lui brûlait la langue...

... comment MacMich' avait fait pour savoir qu'elle avait des pouvoirs ?

*
* *

Trouver le manoir Krueger après le voyage en bus jusqu'au centre de Newark, New Jersey, ne fut pas trop compliqué : des passants aimables renseignèrent la jeune femme renfrognée qui put traîner ses guêtres jusque devant la bâtisse.

Ça n'avait pas l'air d'un repaire de poulets et ça n'avait pas l'air de puer plus que ça l'embrouille. De toutes manières, elle n'avait pas réellement le choix. Même s'il devait y avoir surement un truc pas net, c'était toujours mieux que de fabriquer des plaques minéralogiques habillée en orange, ou de prendre sa douche avec des géantes tatouées...

Razor rabattit la capuche de son sweat sur la tête, éteignit le lecteur .mp3 qui avait diffusé dans ses oreilles un skeud de gangsta rap en boucle depuis son départ de Gotham et décida de poser son doigt sur la sonnette. Vu la gueule de l'endroit, il y aurait bien un majordome du nom Jarvis ou avec un blaze à la noix dans le genre pour lui répondre...
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Mer 24 Fév 2016 - 2:20

Mais qu'elle arrête de me servir du mais madame ou je jure de trouver un moyen de faire passer mon bras par le téléphone pour lui mettre des baffes. Il faut vraiment que cette idiote apprenne à se la fermer et à laisser les autres parler. On voit bien qu'elle est trop habituée à faire de longs discours de morale à des gens qui n'en ont soit rien à foutre, soit sont trop terrifiés pour répondre. Sauf que moi… Je ne mange pas de ce pain là. Avant de travailler pour l'Initiative GCU, j'étais quand même commissaire et avant cela membre des forces spécialisés de trois services de police différents. Alors on ne me la fait pas à moi. Quand je parle, on écoute. Quand je vocifère, on se tient les fesses serrées. Et là elle était teste ma patience. Je décidai de sortir ma botte secrète : si vous préférez vous expliquer au responsable du département de la sécurité intérieure…

Tout d'un coup, plus d'objections. Plus de questions idiote du genre « comment ça des pouvoirs » ou « d'où vous savez toutes ces infractions ». C'est mon JOB de savoir ce genre de choses et le gouvernement des États-Unis pompe une quantité importante de fric pour que ça continue d'être le cas. Et si je dis que je veux cette jeune femme pronto demain dix heures sonnantes ou je lui mets toutes les agences fédérales du pays au cul, on dit : oui madame! Point. Parce que dans l'absolu, qui va devoir expliquer pourquoi la personne dont elle a la responsabilité vient de se faire chopper par le FBI? C'est elle. Du coup, elle a intérêt à collaborer. Les talents en informatique de cette petite vont m'être très utile et si elle veut vivre sa vie constamment sur la ligne quitte à vomir de l’adrénaline… Je peux vous garantir qu'elle va être servit. Et resservit même, c'est clair!

Projetons-nous le lendemain. Il est 9h59 et on sonne à la porte du manoir. Et devinez qui va répondre… MOI! Quoi vous pensez que je me fais SERVIR?! Et puis quoi encore! Chaque membre des Outlaws met l'épaule à la roue et ça inclut moi. En tant que chef je dois montrer l'exemple. Vous vous pensez où là, dans une série télé? Bienvenue dans la réalité, je vous en prie! Je trouve sur le pas de ma porte une jeune femme qui n'a pas l'air trop sûr de pourquoi elle est là et qui fait grise mine. Attends ma grande, je vais faire pousser un sourire sur ton visage, je viens de t'offrir une carte « sortez de prison, passez par GO et réclamez 200$ ». Comment pourrait-elle ne PAS être contente? Bon les termes du contrat pourraient ne pas lui plaire mais ça… Pas mon problème. Je recrute du monde pour mon projet et cela impose ses conditions. Ça aussi ça fait partie de la vie.


 « Raelene « Rae » Sharp. Connue aussi sous le pseudonyme de Razorsharp. Félicitations! Tu as été choisie pour faire partie d'un projet gouvernemental top secret. Avant tout chose… Tu veux boire un truc? Ici, oublies les entretiens formels. On a des tas de derrières de criminels à botter alors pas de temps pour ces conneries. Entre, il fait froid, c'est un temps à choper une merde. Le salon est par là. »

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et je me dirige vers le salon. Salon dans lequel on peut trouver un ordinateur. Du sur mesure, pièces militaires ou vraiment trop dispendieuses pour vos moyens, de quoi faire passer un ordinateur de la NASA pour un commodore 64. Technologie quantique parce que rien n'est laissé au hasard. Le genre de machine dont on ne peut que fantasmer et qui force à envoyer les draps au lavage au réveil parce que c'est un truc à vous faire avoir un orgasme si vous êtes le moins fan de technologie de pointe. La règle dans les Outlaws : trouves moi le talent et je leur trouverai le matériel pour exceller. Et malgré les dépenses du projet, de ce que je sais il y a bien des gens à Washington D.C. qui aimeraient m'embrasser. Mais mon coeur appartient à une autre, la belle Kate Kane alors… Non. Poursuivons.

 « Jolie machine hein? C'est à toi si tu la veux. Ou alors… Tu pourrais m'aider à la rendre encore plus cool. Tu vois Rae, ici, on aime se donner les bons outils pour le bon travail.Le gouvernement nous donne un objectif : faire le ménage chez les criminels. Il se fout de payer une fortune tant que nous produisons des résultats. Et côté informatique, on va avoir besoin de gens comme toi. Allez, je laisse tes yeux se remettre dans leurs orbites et tu pourras poser tes questions. »
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Mer 24 Fév 2016 - 9:30

En lieu et place du majordome anglais coincé de la raie, la porte s'ouvrit sur une genre de vieille qui tint à Razor un drôle de discours... Projet gouvernemental ? Top-secret ? Ça fit tilt dans la tête de la jeune femme qui dut s'admettre à l'instant même complètement larguée...

Parce que bon, si elle comprenait bien que "le derrière de criminel à botter" en question pouvait être le sien, si elle comprenait également que les flics spéciaux puissent s'intéresser à elle, le manoir Krueger ne ressemblait pas réellement à ce qu'on pouvait imaginer que Guantanamo ou Camp Delta soit...

... et à la réflexion il était évident que les prisonniers débarquaient dans ce genre d'endroit après avoir volé des heures dans un avion militaire, un sac sur la tête, et non après avoir pris le bus...

Razor ne pipa mot, et sans retirer ses paluches de ses poches, emboîta le pas à Maggie.

Elle cogita en son for intérieur ce qu'elle pourrait dire à la vieille... Il y avait embrouille sous roche et - bon - Rae n'aimait pas plus ça. C'était too much. On ne payait pas des délinquantes multi-récidivistes pour aller passer du bon temps dans un manoir de rupins. Non. En revanche, elle avait déjà entendu par des types qui connaissaient des types qui en connaissaient d'autres (qui en fait prenaient trop de drogues ou avaient des petites tendances à la mythomanie) des histoires sur des richards qui avaient trop de fric et trop de temps à perdre et qui organisaient des jeux sexuels débridés dans ce genre d'endroits.

Rae frissonna : mais bordel que lui voulait-on ?

Au moment où la jeune femme était sur le point d'ouvrir la bouche pour débiter tout un tas d'âneries qui lui brûlaient la langue, elle vit le Saint Graal... ou son équivalent informatique.

Elle essaya de ne pas avoir l'air trop contente. Parce que bon, c'était à ce moment là que, en principe, il apparaît un type avec des cornes et les pieds fourchus qui vous demande de signer un papelard avec votre propre sang, ou qu'on indique de manière très solennelle qu'il y a un prix et qu'on sera plus à l'aise sans ses frusques pour le régler, ou que la gentille bonne fée se transforme en une bande de vampires...

A la réflexion, elle s'en foutait de son âme ou de sa vertu. Tant qu'on laisserait ses doigts agiles pianoter sur cette bécane.

Rae tendit une main un peu tremblante vers la machine, un sourire niais aux lèvres...

"Viens bébé, Maman Rae va te faire couiner..." se prit-elle à dire, comme possédée...

Parce que ce machin était de la technologie militaire super de pointe. Le genre de calculateurs auxquels même Bill Gates a pas le droit de toucher et qui ne seront jamais souillés par un quelconque Windows Vista. C'était son Eden à elle, son paradis perdu... Et si la vieille était l'Ange à l’Épée enflammé, Rae était prête à obtempérer à tout ce qu'elle demanderait.

La jeune femme quitta un instant, et à contrecœur, la bécane du regard et reporta son attention sur Maggie :

"C'est quoi le deal ? C'est quoi l'arnaque ? T'es un genre de vampire ?"

Elle avala sa salive et tenta de construire une phrase plus polie, avec plus de sens :

"Nan mais, j'ai compris que c'était toi qui avait rencardé la MacMich'... euh... MacMillan sur mes fesses. Donc tu sens la poulaille ou assimilée. Je peux comprendre, tu serres les méchants et les méchantes..."

Rae se gratta la tête avant de s'affaler de son propre chef dans un canapé.

"Ce que je comprends pas, c'est pourquoi tu me fais plein de cadeaux, genre du blé, un ordinateur, passer du bon temps ici, comme si c'était Noël ou mon anniversaire... J'veux dire : tu crois - comme MacMich' - que je suis réinsérable ou alors t'es complétement à côté de tes pompes ?"

Pour le côté poli, elle pouvait se gratter en fait. Elle termina, finalement, d'une voix faussement douce :

"Pas que j'apprécie pas, hein. J'veux pas retourner en taule et j'veux me câbler au réseau et faire des trucs super-cools sur cette bécane mais... T'as besoin de moi pour quoi ? C'est genre tu utilise un p'tit poisson pour pêcher une carpe ? Mais quel genre de carpe ?"

Wow ! Rae n'avait jamais autant parlé de sa vie.
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Mer 24 Fév 2016 - 14:42

« Rae? Regardes moi bien. Tu es de Gotham donc tu me connais. C’est quoi mon nom? Maggie Sawyer. Tu sais… La commissaire de police de la ville dans laquelle tu vis, qui a remplacé Gordon à la tête du GCPD? Si tu me connais ne serait-ce que de réputation, tu sais que je ne crois pas à ces conneries de réinsertion. Cependant, tu as du talent et j'ai la carotte qu’il faut pour te faire avancer. »

C’est probablement une demi-déesse de l’informatique mais on voit bien que la demoiselle n’est pas habituée à faire des réflexions très constructives. Si elle me prend pour le Diable qui lui tend un papier, c’est une demi-vérité. Un écart de conduite de trop et elle a intérêt à s’exiler là où le gouvernement américain n’ai aucune ressource parce que sinon on va la chopper. Mais en même temps, les Outlaws 2.0 se basent sur le fait qu’il faut recruter le talent là où la société s’y attend le moins, mettre sur le terrain des agents qui ont une très longue laisse et une belle cage dorée sur la tête et à la fin de la journée, on rigole parce qu’on a envoyé des criminels butter d’autres criminels. C’est aussi simple que cela. Et Rae, je sens qu’elle va me plaire cette petite. C’est un bulldozer, comme moi. Zéro subtilité, elle est directe et droite au but. Tant mieux. Tant mieux.

Cette jeune femme semble assez lucide pour vouloir suffisamment son joujou informatique pour ne pas faire l’idiote. La proverbiale carotte. Je ne dis pas que Rae est une bonne personne. Je dis qu’elle est moins volatile et psychopathe que certains éléments qui servent dans les Outlaws. Et ça respecte la règle d’or : si elle avait fini à Arkham ou à Stonegate, jamais elle n’aurait fait partie de cette équipe. Mais ce n’est pas le cas donc elle a encore une utilité pour moi et d’un autre côté, tant que je la garde scotché à un écran et que je la laisse jouer, elle risque de faire moins de conneries. Ce genre de personnes veut un défi. Quelque chose à sa mesure. Et je vais envoyer Rae faire du piratage de l’extrême sur une base régulière, l’envoyer s’attaquer aux comptes bancaires du crime, en faire une justicière du réseau. Pseudo justicière.


« Ce que je veux Rae c’est que depuis le confort d’installations secrètes sous ce manoir, avec cet ordinateur, tu t’attaques à tout ce qui est la criminalité informatique. Tu vas dans le deep web et tu me démolis des réseaux de prostitution. Tu t’introduis dans les systèmes des banques et tu vides les comptes des criminels. Tu mets ton génie informatique à mon service et en échange, tu ne vas pas en prison.

Est-ce que c’est une cage dorée? Oui. Mais c’est quoi ton alternative? Retourner en taule? Parce que tu as vu ce que j’ai donné à la gentille dame qui t’a envoyé ici. Et cette fois Rae, si je vais voir le département de la justice en disant que tu as refusé ma généreuse offre, tu ne sortiras JAMAIS de prison. Mais je ne vais pas le faire parce que tu es plutôt maline pas vrai? Je te donne le choix. Tu signes, tu te plies aux conditions du contrat.

Tu ne signes pas, je te fais reconduire en taule. On va te trouver une petite prison tranquille où tu ne risqueras pas de te faire comment dire… Câliner dans les douches par des géantes tatouées. Pour combattre les criminels, j’utilise les criminels. Et les Outlaws, on ne fait pas dans le coup de semonce. C’est tirer pour tuer. On butte du criminel. Chance pour toi tu fais partie de la courte liste de criminels que je juge suffisamment utiles pour ne pas les faire disparaitre. »
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Jeu 25 Fév 2016 - 17:28

Maggie Sawyer.

Le nom fit vaguement tilt dans la caboche de Rae. Faut dire qu'en matière de flics, la jeune femme avait toujours plutôt eu affaire au gus en uniforme de base plutôt qu'à la Big Boss de la maison Poulaga. Rae poussa un sifflement d'admiration : d'habitude des flics comme ça, on les déplaçait pour mettre les pinces au Joker ou serrer la main à Superman...

Rae écouta attentivement le reste du blabla de Sawyer, tiquant de ci de là, au gré des mots qui étaient prononcés par la dame, certains sympas (talent, génie, ...), d'autres beaucoup moins (géante tatouée, notamment...).

Une fois que Sawyer eut fini de tenir le crachoir, Rae lâcha un "j'accepte" un peu abrupt. Comme elle comprenait que son manque d'enthousiasme flagrant risquait de provoquer un malentendu dans l'esprit de Sawyer, Rae jugea bon d'ajouter :

"En gros, je deviens un outil pour les flics et tu fermes les yeux sur mon passé, c'est ça ? Le tout, pour aller casser du proxénète, du pédopornographe et de la bande organisée, j'ai juste ?"

Elle baissa les yeux et se perdit dans la contemplation de ses pieds.

"Moi c'qui me dérange dans ton discours, c'est le côté cage dorée... J'veux pas troquer une taule contre une autre. Je suis pas bête. Alors, tu me files la bécane et tous les jouets informatiques qui vont avec, un peu de flouze pour mes menues dépenses et tu fermes les yeux sur mes conneries passées et futures..."

Rae reprenait du poil de la bête mais jugea bon de préciser le caractère futur desdites conneries :

"J'veux dire, la réinsertion t'y crois pas. Tu connais mes vices, du coup, et tu sais que j'aurai du mal à changer. Mais t'inquiètes, je compte pas faire quoi que ce soit. Mais disons..."

Une simple supposition pour couvrir toutes les éventualités.

"Supposons qu'on me chope dans une Rave-Party sous l'influence d'une quelconque méthamphétamine... Ben disons que j'aimerai bien savoir si tu me couvres ou pas ? J'veux dire tant que je vends pas et que je surveille ma consommation..."

L'esprit de Rae se mettait d'ailleurs en branle. Il y avait tellement d'éventualités à couvrir.

"Pis j'imagine que toutes les infractions que je serai amenée à commettre - usage de fausses cartes bancaires, piratage industriel, violation de la loi sur les données privées, possession de logiciels de cryptage militaire, etc... - dans ton intérêt, ça c'est couvert aussi ?"

Elle se gratta la tête et s'affala encore un peu plus, les pieds sur le canapé.

"J'veux aussi savoir avec qui je bosse. Parce que si je dois faire du terrain avec d'autres criminels - ce qui me semble indispensable - j'veux savoir avec qui !"

Rae conclut par un grand sourire un peu forcé :

"Mais pour tout le reste, j'accepte avec un grand oui. Faut pas que je continue de gâcher ma jeunesse. Maintenant je veux mettre mes talents au service du bien, de Jésus Christ et du plus grand nombre !"
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Jeu 25 Fév 2016 - 19:40

« Rae, on est les Outlaws. Que tu consommes, ok. Tu vends, je vais te botter le cul si fort que tu vas cracher tes intestins. Et pour le reste, piratage, fausses cartes, vol de données… Je te PAIES pour ça. Eh oui.. Tu touches un salaire. Tu crois que le talent on fait juste le prendre? Non. On investit dedans. Et tu vas te frotter aux pires merdes du cyberespace ma grande. Ce sera pas de la tarte. »

J’aime bien cette petite. Elle est vive d’esprit, elle se pose des questions et elle a une tête sur les épaules malgré son dossier. Si je réussis à canaliser son talent, elle va tellement roxer du poney que la femme qui en avait la charge va en tomber sur le cul. De vous à moi? Elle va faire une excellente Outlaws. Elle a le mix parfait entre talent et nature rebelle. Il va falloir que je la rassure en revanche. Elle troque une prison pour une autre mais c’est comme comparer Alcatraz avec un Club Med entouré de barbelés. En fait… Je pense que le Club Med me fait plus peur. Enfin vous comprenez ce que je veux dire : oui elle sera plus étroitement surveillée mais je ne demande pas qu’elle me sorte du « chef oui chef ». En revanche, si je dis huit heures sonnante réunion, elle a intérêt à y être sinon je peux vous garantir que ça va barder, non mais!

« Vois les Outlaws comme… Une sorte de prison à sécurité minimale. On vous donne une laisse super longue mais si vous abusez, vous allez morfler. Et puis techniquement en signant tu deviens une employée de l’état donc fond de pension, avantages sociaux etc. Juste que... On essaie de ne pas trop le crier sur tous les toits. Le Département de la sécurité intérieure exige cette formalité. Signer le contrat. »

De vous à moi? Aucun Outlaws, depuis que j’en ai la charge, n’a utilisé son assurance dentaire ou un truc du genre. Et c’est clair que je couvre le cul de MES Outlaws. Je veux dire… Je connais peu de personnes qui peuvent vraiment se mettre les mains et la tête dans la merde des journées de temps et qui n’ont pas besoin de décompresser. Parce que nous, les criminels, on les affronte et on les butte. Et je vous garantis que quand vous traquez un cannibale et que vous tombez sur son garde-manger avec des gens encore vivants mais horriblement mutilés… Gotham n’est pas le seul endroit à produire des psychopathes. Malheureusement. Alors si pour oublier les horreurs qu’elle voit elle veut sortir en boite clandestine et se shooter à je ne sais quoi… Je ne dirai jamais que j’approuve mais oui, je vais lui couvrir les fesses. Pourquoi?

Parce qu’on est une grande famille dysfonctionnelle. Ici, ce n’est pas la Justice League où tout le monde s’entend. Ici, il y a parmi les meilleurs des meilleurs mais ils ont leur petit tempérament. Mais ça fait partie de notre dynamique. Une fois sur le terrain, nous sommes la machine la plus huilée et la plus performantes qui soit. Et si elle veut savoir avec qui elle bosse… Je lui ferai rencontrer l’équipe lors d’une prochaine réunion. En attendant, il y a tous les dossiers du personnel dans le Saint Graal informatique qui trône dans la pièce. Je le lui fais savoir d’ailleurs. Il ne lui reste plus qu’à signer ou poser toutes les questions qu’elle peut vouloir poser. Après, bien sûr, son test d’admission! Si elle veut bosser pour nous, elle doit faire ses preuves. Tout simplement. C’est la même règle pour tout le monde, sans exception aucune. Dura lex sed lex, tout ça.
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Jeu 25 Fév 2016 - 21:59

Rae se redressa sur son séant. Le deal avait l'air réglo. En même temps, sa marge de manœuvre était - genre - inexistante mais Sawyer avait l'air de lui parler vraie.

"Nan, nan t'inquiètes je deale pas... J'ai juste besoin de carburant neuronal dès fois, c'est tout..." lança-t-elle, l'air de rien.

"La liberté c'est toujours une question de longueur de laisse... Tant que me laisses pisser où je veux, m'enfourner dans les narines ce que je veux et claquer ma paye dans n'importe quoi qui me permettra d'oublier deux secondes le monde dans lequel je vis, je suis prête à faire des miracles..."

Elle avala sa salive et ajouta, un grand sourire aux lèvres :

"En fait, ce que tu me proposes c'est de continuer à faire ce que j'ai toujours aimé faire, sauf que là on est du côté du droit et de la justice ? Bordel ! Je vais être une sorte de flic..."

Rae eut un rire sonore et conclut :

"T'inquiète je vais pas raconter à mes potes délinquants que je cachetonne pour les keufs... File moi un stylo et je te signe ce que je veux..."

Après tout, qu'avait-elle à perdre ? Elle allait être payée pour faire justement ce qu'elle n'avait pas le droit de faire dans le cadre de sa libération conditionnelle... avec en prime le droit de se camer et celui de ne plus avoir à revoir la sinistre trogne de MacMich'...

Rae tendit sa main en direction de Maggie.

"Chez les délinquants, une poignée de main vaut souvent plus qu'un contrat écrit... Je signe ce que tu veux, si tu me sers la pogne..."
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Jeu 25 Fév 2016 - 23:58

À la bonne heure! Je savais qu'elle verrait le bien fondé de travailler avec moi et non pas CONTRE moi.C'est bien plus amusant de toute façon. Son enthousiasme serait apprécié et son désir de collaborer laissait à penser une association relativement prospère. Quant à lui serrer la main, y verrais-je un inconvénient? Non. Le but c'est d'aller chercher le respect et la confiance de mes agents. Si elle veut sceller l'accord d'une poignée de main en plus de la signature du contrat, je n,y vois aucun inconvénient. Je sors donc le contrat (qui ne comporte pas de petits caractères parce que mon surnom c'est « le bulldozer » pas « la vipère ») et un stylo avant de lui serrer la main. Une poigne à vous fracturer quelque chose mais bon. C'est franc, c'est direct et c'est on ne peut plus clair. Pas d'hésitation. Voilà une façon efficace de signer un accord.

Évidemment, comme je l'ai mentionné, elle va devoir passer un test. Chaque recrue passe un test sur mesure. Chaque recrue doit prouver son talent. En même temps, ce test faisant office de mission d'introduction, cela veut dire que ce sont des minutes ou des heures en banques d'accumulées pour leur expérience. Que du bonbon quoi. Je ne fais jamais travailler pour rien. J'exècre les abrutis qui abusent de leur pouvoir. Je ne mange pas de ce pain là, moi. Je suis une professionnelle jusqu'au bout des ongles, quoi que certains connards de bureaucrates et de politiciens en disent. Je lui fais signe de s'approcher du « super ordinateur » qui démarre au quart de tour et en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « USB », elle est connectée. Ordinateur quantique. Technologie de pointe. Je ne fais jamais dans la demi-mesure. Écran tactile, évidemment. J'ouvre un dossier.


 « Toutes nos recrues passent un test fait sur mesure, comptabilisé dans vos banques d'expérience, bien entendu. Dans ton cas, piratage informatique. J'ai eu vent qu'une belle bande d'enfoirés a fait un raid sur un dépôt de la garde nationale où était entreposé des drones. Un vrai massacre et avec pas mal de violence inutile. Boucherie serait plus exact. Ils veulent vendre les drones dans une enchère de marché noir.

Ton job c'est de retrouver les drones, les activer à distance, identifier les criminels, liquider tout ce beau monde pendant que j'envoie le SWAT ramasser les éventuels survivants. Ah oui. Envoyer les drones à une base de l'armée de l'air américaine, bien entendu. Les drones doivent revenir intacts et je sais de source sûre que tu joues au moins contre trois autres pirates informatiques. Tu te sens d'attaque? Évidemment. »


Est-ce que ce sera facile? Si c'était facile, ce ne serait pas un boulot pour les Outlaws. Est-ce qu'elle va en baver? Probablement. J'ai confiance dans ses talents, ce n'est pas là la question. Mais retrouver des drones alors qu'on sait à peu près où ils sont, par une ville, déjouer d'une part le travail de trois hackers plus les protections mises au point sur les drones par l'armée, se servir des drones en mode passif pour identifier la faune criminelle présente, réactiver les armes, liquider tout le monde ET revenir intact? C'est un sacré défi même pour l'un des nôtres. Mais si quelqu'un peut réussir? C'est un Outlaw. Et Rae veut en devenir une. Elle réussira ou alors je la remercierai et la renverrai gentiment à sa probation. Je suis convaincue qu'elle va donner son 1200% ne serait-ce que pour continuer d'utiliser une telle machine. Ou pour me faire plaisir. Sauf que je penche plus pour la première possibilité.
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Ven 26 Fév 2016 - 19:02

Rae sourit en se faisant écraser la pogne par Maggie... Voilà une humaine pur jus, sur le déclin niveau âge et qui devait cohabiter de surcroît avec des crapules qui peuvent soulever un tank avec leurs seuls mains ou faire exploser un cerveau humain rien qu'en se concentrant et pourtant...

... elle donnait l'impression de ne jamais flancher. Genre, comme si elle était Lee Marvin ou John Wayne ou un quelconque gros dur du grand écran. Maggie la super-keuf.

Récupérant sa main et un stylo, Razor signa négligemment le contrat et le rendit sans même le lire à celle qui était sur le point de devenir sa chef. Pour le reste...

Un test ? Des drones, des crapules, des morts. Et trois hackers. La jeune femme enregistra les données, froidement, en professionnelle du réseau.

Elle posa ses fesses sur la chaise, devant l'ordinateur, et commença à pianoter rapidement sur le clavier. Elle cherchait, déjà, de quoi causait Maggie, sur la toile.

"Je suis pas une tueuse" lança-t-elle d'un ton neutre.

Puis, elle fit totalement abstraction de l'existence de la superflic et se perdit, encore un peu plus loin, dans la contemplation des signes qui apparaissaient et disparaissaient tels des fourmis sur l'écran...

*
**

Quelques heures plus tard, Rae avait fini ce qu'elle pensait être son chef d'oeuvre. Elle avait identifié les drones, visionné les vidéos-surveillance de l'entrepôt où le massacre avait eu lieu, s'était câblée sur tout un tas de caméras de sécurité pour suivre le trajet du camion contenant les machines et avait remonté jusqu'à la localisation physique des drones.

Elle sourit à Maggie, en sirotant une boisson énergisante.

"J'm'en fiche de leurs hackers. Si leur réseau est blindé, tel n'est pas le cas de celui des bidules de vidéo-surveillance... Tu peux déjà dire au SWAT de se mettre en position... J'ai noté l'adresse sur ce post-it" dit-elle en tendant à Maggie un bout de papier griffonné de son écriture de gamine attardée.

Rae flanqua en l'air la canette et, à l'instar du chef d'orchestre sur le point de diriger la symphonie de sa vie, ferma les yeux et annonça :

"Qu'ils se grouillent les chiens du SWAT. Quand j'aurai appuyé sur ce bouton, ça va être l'apocalypse. Avec un calculateur comme le machin que j'ai entre les pattes, le virus que je vais lancer va leur griller leurs défenses juste le temps qu'il faut pour activer les bidules de la mort..."

Elle sourit et lâcha :

"Sauf que ces bidules vont tuer personne. Ils vont s'élever et prendre des clichés à 360° de tout ce qui se trouve dans la pièce, avant de lancer leur gaz-neurotoxique..."

Rae se sentit obligée de préciser :

"J'ai vérifié, pas un truc mortel, juste un truc pour leur griller les neurones le temps que les agents du SWAT leur collent les pinces... Après, je lancerai le reroutage des drones vers la base de l'USAF de ton choix... Si ça te va, boss, j'appuies... Je suis un outil entre tes divines mains... D'ailleurs, si ça te botte je peux même mettre sur l'écran l'image et le son de ce qui va se passer..."
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Ven 26 Fév 2016 - 20:42

Ah, j’attendais un commentaire du genre. Tous les Outlaws ne tuent pas. C’est une réalité. La plupart sont comme moi : on fait le ménage mais pour de bon. Nous avons conséquemment des éléments plus modérés qui eux ne tuent pas. Ils vont nous préparer le terrain. Je pense que tant que Rae ne tue pas elle-même quelqu’un, elle se fout bien de ce qui arrive à ceux qu’elle neutralise. Ce serait logique : il y a toujours des gens qui se spécialisent pour faire le sale boulot. Tant qu’elle me neutralise mes criminels, je me fous qu’ils soient vivants ou morts lors de la collecte. On se chargera de faire le nécessaire au besoin et tout le monde est content. Sauf les criminels. En même temps ça me rassure de savoir qu’elle n’a pas peur de dire ce qu’elle pense. Pourquoi? Parce qu’en tant que chef c’est mon boulot de m’assurer que tout est en ordre.

Prenons l’exemple fictif où elle n’aurait rien dit puis m’aurait exposé son plan. Il y aurait eu une altercation parce qu’elle ne respectait pas ce que je demandais. Or, en me disant de but en blanc : je ne tues pas, je sais mieux comment l’utiliser. De vous à moi je ne suis pas surprise : les crimes qu’on reproche à ma nouvelle recrue ne sont pas de nature violente. Un test dans un test. Se dévouer à une cause ça ne veut pas dire sacrifier qui on est. Une leçon que plusieurs ne retiennent pas forcément. Se dénaturer ne rend service à personne, très certainement pas à la personne concernée pour commencer. Je sais mieux comment utiliser Rae et ça me convient parfaitement. Elle n’a pas à s’en faire de ce côté, c’est moi qui gère mon équipe comme je l’entends. Et ils le savent très bien à Washington D.C. J’ai été on ne peut plus clair à ce sujet. Faites-moi confiance.

Mais revenons en à Rae et à son plan. Pas mal, gamine, t’as des couilles et j’aime ça. Non je veux dire, des couilles métaphoriques. Parce qu’autrement je ne suis pas fan non et… BREF. C’est assez ingénieux et elle m’a fourni suffisamment de matos utile pour que ce soit Noël avant l’heure pour le département de la sécurité intérieure. Ils leur manquent un drone et c’est comme si on leur avait piqué une ogive nucléaire. Je comprends que c’est une technologie très dangereuse entre de mauvaises mains mais bon. Il ne faut pas devenir paranoïaque non plus. Et mine de rien, elle est douée cette petite. Très douée. Je ne regrette pas de l’avoir recruté. Enfin. Pour le moment, je ne regrette pas. On verra plus tard si j’ai des raisons de revenir sur mon jugement. Quand elle me propose de regarder via les caméras, je lui demande de m’attendre deux minutes. Pourquoi? Mystère.

Je reviens avec un chariot plein de chips, de maïs soufflé et de boissons gazeuses. C’est mon chariot spécial cinéma. On aime, de temps en temps, les Outlaws, se rassembler et regarder ensemble nos opérations les plus audacieuses. Alors il faut toujours avoir des victuailles fraiches sous la main. J’ai l’air sévère mais je peux être vraiment très sympa avec mes subordonnés. C’est la différence entre le patron qui vous gueule dessus et celui qui cache dans son dos la bombe de peinture avec laquelle il a été tagguer avec vous. Bon peut-être pas à ce point mais je peux me transformer en conne finie quand mes agents sont concernés. Toujours couvrir ses arrières et les arrières de votre équipe. Mais faites une trop grosse connerie et vous êtes seul avec votre merde. Ça aussi ils le savent les Outlaws. Je suis sympa. Pas débile. Faudrait pas confondre les deux.


« Ok, mets la vidéo, je veux voir ton génie à l’œuvre. Et le SWAT est en route. Ça va être épique. Je pense qu’on devrait envoyer la bande au festival du film, voir si on peut déloger Michael Bay de son podium de roi des explosions. Montres-moi ton talent Rae : tu es mon épée virtuelle +7 contre les trolls d’Internet. Montres à ces connards qui est la patronne. Spoiler : c’est toi. Mais c’est moi ta patronne. »
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Sam 27 Fév 2016 - 1:31

Rae parut surprise en voyant Maggie disparaître d'un coup, la laissant comme une andouille le doigt levé au dessus de la touche "ENTER" de son clavier...

... puis quand elle vit le chariot de bouffe, de soda et de bière revenir avec la chef des flics, elle manqua de s'étouffer de rire : elle voulait mettre à l'aise la nouvelle et montrer qu'elle avait une sacrée attitude et ça, tout le monde était obligé de le reconnaître. A dire vrai, si Maggie avait joué à qui pisserait le plus loin dans la neige avec Superman, il y aurait eu de grandes chances que ce soit elle, peu importe son sexe et sa qualité d'humaine !

"Ragnarök, les mecs, Ragnarök" murmura-t-elle en abaissant son doigt sur la touche "ENTER" qui, à peine enfoncée, lança l'attaque virale à l'encontre des systèmes informatiques des criminels...

Le programme "RAGNARÖK", écrit par Rae un jour de pluie, émet des attaques virales auto-réplicantes  et massives à l'encontre des systèmes ennemis, de manière à submerger leurs protections.

La première vague, dite "Bifröst", frappa de plein fouet les adversaires et coupa leurs systèmes de l'extérieur. Il était à la fois impossible pour les hackers de remonter à la source de l'attaque, ni de procéder à la moindre mesure de rétorsion à l'aide d'une machine à distance. Le pont entre le réseau et les criminels venaient de voler en miettes.

La deuxième vague, dite "Loki", désinstalla les drivers permettant de contrôler les drones depuis les bécanes des pirates. Elle reformata également leurs disques durs et en profita, de même, pour coller sur leurs machines tout un tas de programmes inutiles, notamment une version de Windows complètement inédite que Bill Gates s'était toujours refusé à commercialiser - tellement elle est infecte - et que Razor avait transformé en virus après l'avoir chouré sur le site privé de Microsoft...

Elle sourit : c'était vraiment moche ce qu'elle état en train de faire mais c'était pas visuel...

Dans la pièce de l'entrepôt où étaient les criminels, ça commençait A PEINE à réagir... Elle s'était, en effet, connectée sur la Webcam de l'un des ordinateurs qu'elle était en train de flinguer. Un gros type avec un T-Shirt sale qui devait être l'un des informaticiens jura dans sa barbe crasseuse : il était à peine en train de se rendre compte qu'ils étaient en train de se faire avoir... La prise de conscience, comme ça, ne précéderait pas de longtemps la chute finale...

Dernière vague : "Surt" où comment "brûler" les drones de tous les verrous posés tant par les criminels que par l'USAF. Grâce à ce nettoyage abrasif, Rae s'octroyait le droit de pouvoir être la seule maîtresse des drones... car en résumé, les bécanes des méchants ne pouvaient plus communiquer avec l'extérieur, ne pouvait plus se connecter aux drones et - cerise sur le gâteau - étaient mêmes pour l'heure hors-service pour toute application plus compliquée qu'un jeu de "démineur"...

Rae pianota rapidement sur le clavier de manière à donner ses instructions aux différents drones. Elle se "câbla" sur l'une des caméras embarquées de l'un des drones et activa la diffusion des images. Comme ça Maggie pourrait voir les types qu'elles étaient en train de mettre hors d'état de nuire.

Le drone s'éleva dans les airs comme tous ses potes d'un seul coup. Ils prirent tous ensemble un nombre impressionnants de clichés instantanés avec leurs lentilles panoramiques de manière à prendre la pièce sous tous les angles : cela pourra, éventuellement, servir à identifier les corps au cas où le SWAT décide de laisser personne de vivant dans l'entrepôt... ou à toute autre utilisation que jugera bon le Département de la Justice (ou d'Etat) de faire des clichés...

Les méchants n'avaient même pas eu le temps de se protéger ou de dégainer leurs armes que les drones larguèrent leur gaz de combat : un truc neurotoxique donc, qui déclencha des hurlements de la part des méchants qui y étaient exposés, ainsi qu'une crise immédiate convulsive et une perte de connaissance quasi-instantanée...

Rae parut mal à l'aise. C'était quand même un truc différent que de voir le mal que l'on faisait aux gens, plutôt que de simplement l'imaginer. Et même si c'était des crapules qui avaient tous vocation à s'asseoir sur la chaise ou à finir à Camp Delta... Rae ne pouvait s'empêcher de considérer que tout cela n'était que cruauté de sa part...

... du coup, elle avait oublié de finir son Coca, quand 2 minutes plus tard - alors que plus personne ne bougeait (ils étaient out pour les prochaines heures) - elle activa le retour des drones vers la base de l'USAF la plus proche de l'entrepôt. Elle coupa l'image et rebascula sur la webcam de l'un des ordinateurs des méchants : elles pourraient ainsi voir l'arrivée du SWAT.

Se jetant en arrière sur sa chaise, Rae poussa un soupir de soulagement et de satisfaction. Elle lança à Maggie :

"Alors Boss, je suis engagée ?"
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Sam 27 Fév 2016 - 4:38

« Engagée tu dis? Si je n’étais pas mariée je t’embrasserais. Du pur génie. Et encore, c’est peu dire. Je savais qu’on pouvait faire des trucs de fous avec un ordi mais ça? Je suis sur le cul! Si je n’étais pas assise en fait, je serais sur le cul! C’est décidé je te garde! Dans l’équipe j’entends. Pas pour moi. Ce serait un poil louche et glauque genre Maggie garde des jeunes femmes dans sa cave. Juste… Non. »

Je n’étais pas mauvaise avec un ordinateur. Je veux dire par là que je peux parfaitement prendre soin de mon poste de travail, les antivirus, la défragmentation, les mises à jour, tout ça. Mais je suis une demeurée avec son silex face à son talent avec ce genre de machine. Je ne mentirai pas : je n’avais JAMAIS vu ça. Jamais. Dans les films, dans les jeux vidéo auxquels Jamie (ma fille) joue, peut-être. Mais je ne pensais pas que c’était possible dans la réalité. Là je me rends bien compte qu’il y a un univers de possibilité via les ordinateurs et que les Outlaws viennent de voir leur efficacité augmenter de quoi? 200% La cyberguerre! On va pouvoir se lancer dans la cyberguerre! J’en entends parler depuis longtemps et je sais que le web est un nouveau champ de bataille mais… On ne le dira pas trop fort que la mairie est conservatrice. Trop même.

Fini l’époque où il fallait attendre une éternité pour faire développer ses photos ou il fallait attendre des jours avant d’avoir une réponse du laboratoire dans une autre ville. Tout se fait quasiment instantanément de nos jours ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. S’il m’en faut dix comme Rae pour lutter efficacement contre ce nouveau type de criminel, j’en recruterai dix, point final. Elle est un atout majeur dans mon arsenal et elle ne le sait même pas. Et si je le lui dis, les chances que cela lui fasse la grosse tête de la taille de l’Hinderburg sont de 400%. Quand je complimente, c’est comme recevoir un compliment de Chuck Norris. Nirvana quoi. Alors je fais bien attention, on ne sait jamais. Certaines personnes sont plus réceptives à la flatterie que d’autres et c’est bien pour ça que je ne complimente JAMAIS un politicien. Jamais.

Ce qui ne m’empêche pas de me lever de mon siège et de faire un énorme câlin à Rae, de quoi briser la colonne vertébrale d’un grizzly. C’est l’émotion. Il n’y a rien de plus jouissif que de casser du criminel. Enfin si. Kate. Ma femme. Mais ma vie sexuelle ne vous regarde pas alors nous dirons : casser du criminel. Et je suis très satisfaite des résultats. Et qu’elle ne se trompe pas. Rares sont les personnes à avoir le privilège (ou le malheur) de recevoir un câlin « made in Sawyer ». Je veux dire… Ce n’est pas bon pour l’image, toute cette émotivité. Des gens mal intentionnés pourraient être tentés d’abuser. Auquel cas je leur réserve un trio de claques sur la gueule à faire pâlir de terreur n’importe qui. J’ai la gifle la plus sonore de ce côté-ci de l’équateur, ce qui veut dire plus costaude que celle des Russes. Et je m’en vante, sachez-le tous et toutes!


« Quelque chose me dit que tu vas faire partie de mes favoris. Allez suis moi, je vais te faire visiter et te montrer tes quartiers. Bah oui. On ne va pas vous faire coucher dans des dortoirs, des plans pour que ça finisse en guerre civile. Et pour info, je suis chef des Outlaws. Les gamineries, je règles ça à coups de coups de pied au cul. Ce n’est pas un camp de vacances, on est les Outlaws merde et ça veut dire des professionnels! »
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Sam 27 Fév 2016 - 8:30

La Boss était contente. Rae était contente. Tout le monde était content. Elle était euphorique comme elle ne l'avait jamais été. Pas qu'elle n'ait jamais fait de belles opérations comme ça (enfin, pas comme ça, vu qu'elle n'avait jamais pu utiliser un matériel aussi puissant par le passé) mais là où avant elle faisait la joie de ses potes du Psyba-Rats, elle savait très bien que du côté des officiels (FBI, NSA, etc...) ça faisait grise mine et que l'on rajoutait quelques dollars à la prime pour identifier et arrêter la mystérieuse hackeuse (que tout le monde - dans ce beau monde machiste - devait prendre pour un hackeur)...

... et là elle roulait pour l'écurie des bons. Comme si on avait passé un grand coup d'éponge sur sa longue ardoise et qu'on venait par la même occasion de lui remettre son auréole...

"Oh, boss, vous savez, faut pas dire ça... c'est la machine qui fait tout et..." hasarda Rae, étonnamment sérieuse d'un coup.

Puis, elle marqua une pause et afficha à nouveau un sourire encore plus large que celui de l'instant d'avant :

"Bon OK, je suis divine avec un ordi. Ton ordi, là, je l'ai fait couiner comme un flic n'aurait jamais pu le faire. C'est pour ça que les criminels pullulent sur le web, c'est que vous avez pour l'instant que des gros nazes en uniforme qui savent à peine ce qu'est une souris pour les traquer. Les cyberflics ont - genre - 10 ans de retard sur la criminalité web... Et 10 ans sur le web, ça pourrait tout aussi bien être 1.000 ans !"

Baissant les yeux, Rae considéra qu'elle même avait glissé jusqu'à la case prison par hasard. Pas en raison de ses activités sur le web mais uniquement pour une arnaque physique sur un distributeur de billets. Bref, la raison de sa présence ici et de l'engouement de Maggie prenait tout son sens : clairement, les flics ne pouvaient nettoyer le web qu'en recrutant du samuraï du réseau 4 étoiles...

Razor encaissa le câlin sans broncher. Surprise qu'elle était, elle avait pas vu venir sa boss. C'était... étrange. De se dire que non seulement elle devenait une quasi-flic mais qu'en plus elle faisait déjà les frais de l'immense camaraderie des justiciers professionnels. Et alors qu'elle venait de se moquer ouvertement de leur poire, Rae se prit à commencer à apprécier sa nouvelle vie...

... ses quartiers ? C'était vraiment Noël aujourd'hui !

"J'ai une piaule ?" hasarda Razor, très intéressée.

Elle marqua une pause :

"Ça veut dire que j'ai plus à retourner au foyer des délinquantes ?"

Elle marqua une nouvelle pause :

"Ça veut dire que je vais pouvoir crécher dans cette baraque de rupins ? Waouh... Quand mon petit ami va voir ça..."

Elle réfléchit un instant, se passa la main dans les cheveux et ajouta :

"... mais peut-être que ça vaudrait mieux que je lui en parle pas et que je continue à prétendre vivre à droite, à gauche, genre squatteuse de canapé..."

C'était peut-être ça l'envers de la pièce : elle allait devoir sacrément mentir - ce qui ne lui posait pas de problèmes en tant que tel - mais la nouveauté étant que les bobards allaient être aussi pour des gens qui lui étaient proches...
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Sam 27 Fév 2016 - 16:12

Moi je sais qu’elle a raison. Je l’ai dit et redis : si la police ne fait que moderniser ses armes et en partie ses techniques d’enquête, c’est qu’alors il y a un manque de vision. Le monde change et la police se doit de prendre en compte les nouvelles réalités afin de pouvoir y faire face. C’est bien beau de se dire : il faudrait contrer la cybercriminalité, c’est une autre histoire que de s’y attaquer. Et ça… C’est un éternel débat autour d’un facteur : l’argent. Oui mes petits, le tout puissant dollar freine le développement de programmes décents pour former la police de demain. J’ai toujours dit que c’était stupide et qu’il était plus que temps d’arrêter de penser en coûts à court terme. Des millions sont détournés par année parce que nous sommes incapables d’empêcher ce genre de fuites. Alors quand on met les deux poids dans la balance, devinez quoi.

On parle de milliers de dollars pour former les flics VS des millions volés par les cybercriminels. Mais essayer de faire comprendre ça à des bureaucrates c’est mission impossible. Ils ne veulent rien savoir en fait. Mais avec Rae dans notre camp maintenant, les choses vont changer. On va pouvoir se battre à armes inégales. J’ai une super arme (Rae) et ils ont… Eux. Quelques victoires du côté virtuel ça va galvaniser les troupes. En fait ça va carrément changer l’équilibre des forces. Et ça, ça me fait vraiment, vraiment, vraiment plaisir. Évidemment pendant que je réfléchis à tout ça je l’ai fait me suivre et nous empruntons le proverbial passage secret dans la bibliothèque. Cliché? Oui. Mais ça en jette toujours autant. Nous descendons sous les caves du manoir au niveau approximatif d’un métro. Autrement dit creux sous terre, hors de vue et d’oreilles.

Sauf qu’au lieu d’un métro c’est un centre de commandement high tech avec plein de types en pseudo uniformes qui s’affairent à des écrans. Bah oui, le manoir c’est notre QG alors… Je salue les troupes et on se dirige vers la section réservée aux quartiers des Outlaws. À la base, toutes les chambres sont identiques. C’est aux Outlaws de la personnaliser. On leur donne un catalogue pour commander d’autres meubles s’ils n’aiment pas l’arrangement par défaut et bien qu’il y ait quelques restrictions sur ce qu’on peut avoir ou non (et là-dedans l’obligation non négociable de FAIRE LE MÉNAGE DE SA CHAMBRE), je suis plutôt permissive pour que mon équipe se sente à l’aise. Et il y en a toujours un pour essayer de tourner les coins ronds et faire un pseudo ménage. Il va s’y essayer une seule et unique fois, c’est moi qui vous le dis.

En fait, la pièce c’est carrément un petit appartement. Cuisine, salle de bain, tout ça… Le projet Outlaws ne prévoit pas des milliers de membres. Quelques dizaines tout au plus, très spécialisés. Du coup on peut se permettre les quartiers individuels pour les agents et des dortoirs pour le reste du personnel. Et je ne suis pas chiche sur l’eau chaude, rassurez-vous et nous avons une cafétéria où la bouffe est non seulement mangeable : elle est succulente! Et notre café fait l’envie de toutes les agences gouvernementales. Un personnel heureux est un personnel productif et loyal. Dans vos gueules, messieurs les pseudos professionnels de l’entreprise. Nous sommes le Google de la lutte contre le crime. De super conditions pour du super travail. Hum. Ça sonnait mieux dans ma tête. Il va falloir retravailler ce slogan. Enfin. Plus tard. Là je suis avec Rae.


« Tadam! Ça c’est ton chez toi. Bon rien ne t’empêche d’avoir un ou plusieurs domiciles secondaires mais l’état ne paie que celui-là. Cuisine, salle de bain, chauffage, internet illimité, le câble… Si jamais tu as besoin de quelque chose, tu fais une réquisition écrite. T’en fais pas, c’est moi qui les lit, pas un connard planqué dans un bureau qui y donnera suite dans six mois. Ici on s’arrange pour que ce soit efficace. Des questions? »
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Dim 28 Fév 2016 - 8:31

Rae emboîta le pas à sa Boss, lors de la visite guidée de l'installation. C'était maintenant à son tour d'être bluffée : l'envers de l'ambiance feutrée du rez-de-chaussée se trouvait être la fourmilière électronique grouillante d'activité du sous-sol : des écrans de contrôle dont la vision d'ensemble fichait une espèce d'euphorie subliminale dans l'encéphale de la jeune femme, des techniciens affairés en tout sens, un brouhaha faisant, à Rae, l'effet d'un doux ronronnement techno-organique...

... en un mot comme en cent, Rae était chez elle ici. Samouraï du réseau, elle irait certainement payer ses respects au Bouddha virtuel dans ce temple de l'interface homme/machine.

Mais ce n'était pas tout...

... en guise de chambre, l'Etat lui filait les clés d'un petit appartement en sous-sol. Rae, sans dire un mot, posa un pied, puis l'autre, dans le studio et commença à considérer du regard chaque coin et recoin du studio.

C'était plus grand que sa piaule au foyer, plus joli et c'était en plus à elle...

Sans dire un mot, elle vira ses pompes et alla se jeter sur le pieu pour en tester l'élasticité.

Hum. Un ordinateur et un accès au réseau. Les flics avaient sacrément confiance en elle. Ou alors...

Un vieux doute l'assaillit. Mais elle le garda pour elle, histoire de pas casser l'ambiance pour le moment. Elle demanda néanmoins :

"C'est quand que je rencontre les autres ?"
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Dim 28 Fév 2016 - 16:56

Bon, Rae était contente. En général les Outlaws sont contents d’être bien traités. Tant qu’à leur donner une cage dorée, autant s’assurer que ce soit confortable quoi. Parce que figurez-vous que les Outlaws sont pour la plupart des criminels. Vous vous montrez trop… Comment dire… Autoritaire et c’est clair que ça va mal finir. Mélanger des criminels à des justiciers prêts à verser le sang pour faire régner la justice, plusieurs vous diront que ce n’est pas une bonne idée. Ce n’est pas pour rien que je suis extrêmement prudente. Tout ce projet pourrait finir dans un gigantesque bain de sang et je n’ai pas envie de faire mon rapport à Wasington D.C. couverte d’entrailles. C’est un peu difficile à expliquer devant ces messieurs dames qui ne veulent que des résultats… Et de la paperasse bien remplie, évidemment. Foutus bureaucrates de…

Enfin bref. Elle semble aimer ses quartiers. Tout a été pensé pour être ergonomique et le plus bénéfique possible pour le corps. Mousse mémoire, matelas à ressorts ensachés, des oreilles dignes de ce nom… Il faut que les Outlaws soient toujours au meilleur de leur forme. Vous pensez vraiment que là, dehors, on va leur faire des cadeaux? Allons donc. Ils seront sous la loupe du gouvernement et ils auront une tonne de stress sur les épaules. Non je ne veux pas qu’il y en ait un qui flanche et qui fasse une connerie. Et ce n’est pas pour rien que dans le cadre de spécialistes qui travaillent avec nous on a des psys. Ça n’a l’air de rien mais si je suis capable de motiver (ou terroriser) les troupes, je ne suis pas une psychologue. J’ai l’air de toujours savoir quoi dire. Mais pour faire une thérapie? On repassera, oui! Je passe mon tour. Mais les confidences ça je sais y faire en revanche.

Rae me demande ensuite quand elle est supposée rencontrer les autres. Oh bien sans doute lors de notre prochaine réunion. Les Outlaws sont rarement au manoir, je m’arrange pour les garder occupés. Il y a bien assez de criminels à traquer et à neutraliser dans ce pays pour leur trouver du boulot pour le prochain siècle au minimum. Si elle veut rencontrer l’équipe de soutien, les « mecs en uniforme », ceux qui travaillent dans l’ombre pour rendre ce projet possible, elle peut le faire, en revanche. Ils sont sympas pour la plupart. Souvent ce sont des gens dont personne ne voulaient. Brillants dans un domaine mais ayant des problèmes pour socialiser. Ici? Être anormal, C’EST la norme. Alors ils peuvent évoluer sans trop à craindre le jugement des autres. Et je dois dire que le conformisme c’est une connerie car ça tue le développement du talent.


« La prochaine réunion d’équipe est dans deux jours. D’ici là tu auras le temps de te familiariser avec nos installations et j’ai un tas de petits boulots que tu peux entreprendre si tu veux te changer les idées dans l’intervalle. Du coup tu as deux choix : on va manger un morceau à la cafétéria et on continue de causer ou je te laisse t’habituer à ton nouvel environnement et on se revoit en réunion dans deux jours.

Ah j’oubliais : si jamais qui que ce soit te poses des questions, même s’il te montre un badge, si je ne t’ai pas dit physiquement en face à face que c’est une personne fiable, soit vague. Tu es consultante pour le gouvernement dans un programme spécial de réinsertion. Notre existence est plus ou moins secrète et je veux que ça continue comme ça. La dernière chose que je veux ce sont ces enfoirés des médias dans mes plates-bandes. «
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Jeu 3 Mar 2016 - 22:38

Rae, toujours affalée sur le pieu, finit d'écouter pieusement sa boss...

Deux jours avant la réunion avec les autres. Deux jours pour qu'elle soit en mesure d'assurer. Razor mesurait, à l'instant, la chance qu'elle avait d'être là. Cette Maggie Sawyer était peut être flic, néanmoins elle lui tendait la main, très clairement, en donnant à Razor une opportunité et une chance comme elle n'en avait jamais eu...

Robin, en son temps, lui avait donné la chance de demeurer libre.

Maggie, elle, lui filait carrément un job et l'opportunité de se sortir de la crasse dans laquelle elle vivait jusqu'à présent.

Etre utile, se refaire une virginité, pouvoir subvenir à ses besoins sans violer la loi fédérale, peut-être même protéger des innocents, comme des gamins...

Rae était perdue dans ses pensées et soudainement fatiguée, de la fatigue du juste...

"Boss, je crois qu'on va en rester là pour aujourd'hui... Je suis vannée et j'aimerai profiter d'avoir un pieu à moi dans une piaule à moi pour pioncer un peu... Alors, on se voit dans deux jours ?"

Elle marqua une pause. Il fallait clairement qu'elle assure dans deux jours. Parce qu'il était hors de question de se faire lourder.

"Mais... Boss ? J'suis pas ingrate... Loin de là... Merci de me tendre la main, j'veux faire en sorte de pas vous décevoir..." lâcha-t-elle presque gênée...

Dire merci, c'était pas encore une seconde nature pour la jeune ex-délinquante.
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Re: Manoir Krueger, Newark, New Jersey Ven 4 Mar 2016 - 3:49

Je ne donne pas de seconde chance à n'importe qui et je pense qu'elle s'en doute. Non. Je ne pense pas. J'en suis convaincue. Elle sait très bien que si elle est ici, c'est parce qu'elle a quelque chose que je veux. Elle a un talent particulier qu'il serait vraiment stupide de gaspiller. Mais elle sait aussi que si elle fait une trop grosse connerie, elle a intérêt à disparaître avant que je ne lui mette la main au collet parce ça va sérieusement barder. Mais nous n'en arriverons pas là. Je doute que ce soit nécessaire. C'est un diamant brut qui ne sera jamais vraiment complètement poli et cela me convient parfaitement. La perfection est quelque chose qui est aussi irréaliste qu'impossible et quand bien même, on ne dénature pas les gens de talents au risque de tout leur faire perdre. C'est précisément pour cette raison que j'ai constitué cette équipe, en fait.

Pour pouvoir conserver une structure non conventionnelle. Donnez leurs les outils pour vraiment développer et exploiter leur talent et ils vont faire des miracles ou presque. Rae me remercie mais elle oublie que ce qu'elle vient de faire… Peu pourraient se vanter de pouvoir réussir une telle prouesse. Donc je la remercie tout autant car ce soir, elle vient de sauver la vie de bonnes personnes. Oui, les agents du gouvernement, quel que soit le palier, ne sont pas forcément des gens honnêtes et intègres mais je déteste devoir annoncer à un enfant qu'il ne reverra plus jamais son parent. Juste pour ça, je lui suis infiniment reconnaissante. Mais jamais je ne le lui dirai pour ne pas que cela lui monte à la tête. Laissez les douter, se demander si oui ou non ils ont votre approbation et ils chercheront à se surpasser pour ce regard de fierté, ce sourire qui veut tout dire.

Elle me mentionne ensuite qu'elle est fatiguée et je peux comprendre. Apprendre que votre vie vient de changer du tout au tout, ça a de quoi secouer même les plus coriaces. C'est un BON changement mais… Je comprends qu'elle soit un peu chamboulée. Je vais lui laisser un moment de calme, de la tranquillité et la possibilité de se familiariser avec son nouvel environnement. Elle a un répit de deux jours avant de vraiment commencer le gros travail. Parce que si je lui offre une petite fleur maintenant, une fois en « service actif », elle n'aura pas de cadeaux, elle va fonctionner comme les autres et elle va me dire « oui chef » comme le reste. Autrement? Elle va se rendre compte pourquoi je fais trembler la mairie de Gotham quand je commence à gueuler. Je dois avoir des cordes vocales en titane. Vous pouvez demander à mes subordonnés. Si, si.


« Je comprends parfaitement Rae. Je vais te faire une fleur : tu as quarante-huit heures pour être pleinement opérationnelle. Je t’épargne cette fois mais ne vas pas penser que ce sera une habitude. Et Rae? Tu es ici parce que moi, je crois en toi. J’espère ne pas regretter ma décision. Alors tu te reposes, Outlaw et je te veux prête à mettre Internet à genoux pour ma magnifique gueule. Bon repos, Rae. »

Sur ces paroles, je la laisse en paix et retourne vaquer à mes propres occupations. Notre mystérieux commanditaire va vouloir un rapport et je connais des gens au ministère de la défense qui seraient prêts à m’embrasser les pieds pour avoir récupéré sans casse leurs drones. Je sais comment cultiver les faveurs et croyez-moi, avec une organisation comme la mienne, plus j’en ai, mieux c’est. Nous ne sommes pas les gentils en blanc et à la morale immaculée. Nous combattons le feu par le feu et si le public l’apprend, il va vouloir des têtes. C’est donc à moi de faire en sorte pour avoir un maximum de personnes de mon côté. Pour protéger mon cul et celui de mes Outlaws. Et quiconque va chercher des noises à mon équipe va se frotter à moi. En tout cas je suis sûr d’une chose : je viens de rajouter un as dans mon jeu et son nom est Razorsharp…
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Manoir Krueger, Newark, New Jersey
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