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Hepcats (1987-1996)

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Hepcats (1987-1996) Sam 5 Nov 2016 - 9:28

Suivant toujours mon projet de chroniquer tout ce que je lis en comics, j'en arrive à l'absolument obscur mais totalement génial Hepcats de Martin Wagner (aucun lien avec Matt Wagner) !

Tout comme Greymatter que j'ai déjà chroniqué, Hepcats est une série auto-publiée et inachevée. Forcément, ça serait presque de la perversion que de chroniquer ça sauf... que c'est un véritable chef-d'oeuvre certes inachevé mais renversant tout de même.

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Car contrairement à Greymatter dont l'amateurisme avait un je-ne-sais-quoi de touchant et de formidable, Hepcats est un comics parfaitement maîtrisé.

Je pourrais, à ce sujet, être totalement dithyrambique sur la perfection graphique de cette série (tout en noir et blanc à l'exception du n°0). D'autres ont pu déjà saluer la qualité du trait et du dessin s'agissant de l'architecture et des décors, rapprochant légèrement Wagner de Chris Ware (parce que Chris Ware est quand même nettement au dessus de... tout le monde ^^).

La construction scénaristique est également impressionnante. Dans Snowblind, le cycle principal (et inachevé) d'Hepcats l'histoire est racontée dans le désordre par Erica qui est à la fois la narratrice (dans un présent de narration) mais aussi la protagoniste principale de l'histoire, abordée d'abord sous l'angle du présent de l'action, avant de faire l'objet d'un premier flashback... inachevé malheureusement.

C'est quelque chose qui avait déjà été essayé dans Maus de Spiegelman (bon avec infiniment plus de talent, tant Maus est supérieur à tous les comics existants, passés, présents et - je le crains - futurs).

Bref, Hepcats n'est pas qu'une énième série indépendante publiée dans les années 90. On sent clairement l'influence de Dave Sim (Cerebus), pape de l'auto-édition, là dedans, OK. Mais Wagner a réussi à faire d'Hepcats un truc singulier et fascinant.

Mais revenons aux bases : Hepcats met en scène des étudiants (Joey, Gunther, Arnold et Erica) avec des têtes d'animaux (Joey est un lion, Gunther un Rhinocéros, Arnold un chien et Erica... un animal bizarre que même Wagner admet ne pas savoir - au juste - ce que c'est) dans un monde où tout le monde a une tête d'animal. Pour autant le trip anthropomorphique s'arrête là. Car nos héros ne sont pas des animaux mais des hommes à tête d'animaux, ce qui est une différence fondamentale. Ils se comportent en tant qu'êtres humains et la tête d'animal n'est que le gimmick, la patte graphique de l'oeuvre (comme dans Maus ou Usagi Yojimbo de Stan Sakai).

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Sur le plan de la publication de l'oeuvre, nous allons aborder - successivement - plusieurs périodes :

- la période Shasta Says, à savoir les comics-strips publiés dans le Daily Cougar, le journal de l'Université de Houston, et constituant une sorte de pré-Hepcats (1986-1987)
- la période des strips d'Hepcats publiés dans le Daily Texan, le journal de l'Université du Texas (1987-1989)
- celle correspondant à l'avant-Snowblind, c'est à dire les n°1 à 2 du comic-book Hepcats, auto-publiés sous le label Double Diamond Press, qui appartenait à Wagner (1989)
- celle correspondant à la première partie de Snowblind, c'est à dire les n°3 à 10 du comic-book Hepcats, toujours auto-publié (1989-1993)
- celle correspondant à la deuxième partie de Snowblind (arc inachevé), c'est à dire au n°11 et 12 du comic-book Hepcats, toujours auto-publié (1994)
- celle correspondant au passage de la série chez Antarctic Press (label spécialisé dans l'édition de mangas à l'américaine, comme Gold Digger ou Ninja High School, mais qui a aussi publié les premiers épisodes de Strangers in Paradise de Terry Moore) : il s'agissait pour le label de rééditer les n°1 à 12, en y ajoutant des bonus (notamment une histoire inédite intitulée "Way of the World") et en sortant un n°0 totalement inédit et en couleurs (1996-1998)
- celle correspondant aux 5 pages inédites publiées sur le web par Martin Wagner et présentant une nouvelle histoire également inachevée (2008)

Et depuis lors, Martin Wagner est largement passé à autre chose (je crois qu'il écrit dans une revue pro-laïcité aux USA aux dernières nouvelles)... bref, il y a peu de chance qu'il y ait une suite (et une fin !).

Mais résumons tout cela, voulez-vous bien...

I. Shasta Says (in The Collegiate Hepcats)

Dans le premier des deux TPB qu'il a publié (le second contient les n°3 à 10 du comic-book), Martin Wagner rééditait la totalité des strips du Daily Texan (la première incarnation d'Hepcats), le n°1 du comic-book ainsi qu'un florilège de strips de la série Shasta Says, soit ce qui s'est avéré être un pré-Hepcats.

Hepcats (1987-1996) Snowblind

Dans Shasta Says, le dessin est encore approximatif (quand on arrivera à Hepcats n°1, soit trois années plus tard, il sera parfait). On retrouve les étudiants à tête d'animaux mais il n'y a pas de personnages récurrents. Il s'agit de la mise en images d'anecdotes tirées de la vie des étudiants de l'Université de Houston. Certaines seront même recyclées quand, après avoir changé d'université, Wagner se lancera dans un nouveau comic-strip, à savoir Hepcats ^^

Pèle-mêle, on peut lire, en images, l'histoire :

- du soap-opera étudiant (façon "Plus belle la vie") réellement tourné pour la télé du campus
- de la réaction de groupuscules religieux fondamentalistes contre cette série
- du délicat problème du financement des petites universités, la suppression des crédits alloués à pas mal de département alors que les sportifs du campus... se roulent dans le pognon ^^
- du sort de l'étudiant qui rentre chez ses parents pour les vacances de Noël
- du calendrier nu, façon "Dieux du Stade", des étudiants ^^
- de la réaction des groupes anti-pornographie à ça et la couverture médiatique qui s'en est suivie
- de ce qui se passe, pour de vrai, dans l'Université concurrente, l'Université du Texas (que Wagner finira, d'ailleurs, par rejoindre)
- de ce qui se passe quand on s'endort au soleil en oubliant de se mettre de l'écran total
- du voyage en bus du rédacteur en chef du journal qui se prend - grosso modo - pour un baroudeur à la Jack Kerouac

Et les rééditions de Shasta Says finissent par plusieurs strips assez amusants à destination des nouveaux inscrits à l'université et expliquant :

- comment se comporter avec l'administration
- comment se débrouiller pour s'inscrire aux cours (visiblement ça avait l'air TRÈS prise de tête)
- comment se dépatouiller avec les problèmes majeurs des étudiants : le fait d'en avoir ras le bol de vivre chez papa-maman (l'Université de Houston ne semblait accueillir, essentiellement, que des étudiants du coin), le manque de fric, les études en tant que telles (^^) et les fraternités étudiantes (à rejoindre si, dixit Wagner, ça ne vous dérange pas de subir des sévices physiques et d'être perpétuellement bourré ^^)
- comment se dépatouiller avec le logement étudiant
- comment avoir de bonnes relations avec la Police du campus (qui s'occupe essentiellement de coller des amendes de stationnement ^^)
- comment se débrouiller en cours

Bien évidemment, tout cela (même si certains strips étaient marrants) n'a un intérêt qu'essentiellement documentaire car c'est la suite qui est intéressante...

II. The Collegiate Hepcats (inThe Collegiate Hepcats)

Rééditant les 394 strips (bande de 3/4 images publiée quotidiennement ou presque) publiés initialement dans le Daily Texan (journal étudiant de l'Université du Texas) de 1987 à 1989, le premier TPB d'Hepcats nous présente la première incarnation de la série.

Le dessin est un peu meilleur que dans Shasta Says mais va encore nettement s'améliorer sur le comic-book. Et ce coup-ci, le strip a des héros et non plus que des situations !

Initialement, Wagner avait prévu de se focaliser sur trois personnages, placés dans trois environnements différents : Joey McLyon, un étudiant un peu glandeur, traînant ses savates à l'Université du Texas ; Steve Gold, un jeune adulte, qui vit dans une petite ville du Texas avec sa Grande-Tante et sa Grand-Mère ; et Chuck Wallace, un cinéaste qui voudrait - enfin - tourner un film et réussir sa vie ^^

Et ce qui est amusant, c'est que non seulement l'histoire de Joey va prendre le pas sur les deux autres mais qu'en plus Joey ne va même plus être le protagoniste principal, tant est si bien que tout Snowblind sera focalisé sur Erica, personnage secondaire s'il en était du comic-strip (du moins au début). Est ce parce qu'Erica devra énormément à la future ex-femme de Martin Wagner (ce qui expliquerait peut-être aussi l'absence de fin) ?

Quoiqu'il en soit, ces strips témoignent d'une grande qualité de l'oeuvre et sont parfaitement complémentaires avec la version comic-book : ils sont légers, amusants, là où le comic-book sera grave et pesant. C'est un peu l'ombre et la lumière que le rapport entre le comic-strip et le comic-book.

Tout commence avec Joey McLyon, un étudiant qui a du mal à gérer ses sous. Son colloc' et meilleur ami, Gunther Rhino, lui suggère de trouver un boulot mais... sa mère Judith veut lui offrir une carte visa avec une réserve de crédit (ou un truc du genre) au grand dam de son père, Rory, qui pense que son fils est un abruti irresponsable ^^ Et le premier truc que fera, avec sa nouvelle carte, Joey sera d'acheter une Ferrari qu'il s'empressera, sans le faire exprès, de crasher avec Gunther dedans ^^ Et quand Joey se réveille à l'hôpital, ses parents sont là pour lui faire sa fête, tout comme Gunther qui a une fracture de la corne ^^

Un peu plus loin dans la série, Joey se réveillera aux côtés d'une fille dont il ne souvient plus du prénom... ayant un peu trop bu à la soirée de la veille ! La confrontant dans la salle de bain, il s'apercevra qu'elle non plus n'a pas retenu son prénom. Il s'agit de Monica, une étudiante.

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Assez rapidement, Joey tombe amoureux de Monica, ce qui inquiète Gunther, terrifié à l'idée que son immature meilleur ami puisse devenir responsable.... Pour le soigner, il décide de lui organiser une soirée de beuverie. Mais il le perd de vue : ivre, Joey va d'abord embêter un clochard en lui racontant sa vie sentimentale, avant d'escalader la fenêtre de la chambre de Monica pour lui déclarer sa flamme (elle habite au troisième étage). Faisant flipper quelque peu cette dernière (après tout ils ne se fréquentent pas depuis plus longtemps que ça) ^^

Suite à cela Joey décide de rentrer avec Gunther (qui n'est pas franchement chaud) dans une fraternité étudiante... Pour leur intronisation dans la confrérie, ils sont abandonnés tout nus, en plein centre-ville et se font coffrer et placer en garde-à-vue (d'ailleurs les parents de Joey, prévenus de cela, décide de venir chercher leur fils... le lendemain ^^). Ils passent dès lors un bon moment, riche en expériences, notamment quand Joey se fait draguer par un travesti présent dans la cellule.

Après cela, Monica en aura marre de Joey, qu'elle trouve trop collant. Et c'est à peu près à ce moment que Joey va faire la connaissance d'Arnold, un méga-boulet qui est en cours avec lui ! Arnold est désespéré par son célibat et est prêt à tout pour le rompre. Aussi, quand Joey perd son carnet d'adresses, Arnold est là pour le récupérer et composer les numéros de filles contenus dedans... il tombe sur Megan, un amie de Monica, qu'il appelle plusieurs fois par jour... elle va essayer gentiment de l'éconduire mais quand Arnold va comprendre, il va vouloir se flinguer... avec un accessoire de théâtre.

Mais Joey n'est pas mieux loti... quand il comprend que Monica ne veut plus entendre parler de lui, il veut lui aussi se tuer ^^ Heureusement que Gunther est là pour l'en dissuader (c'est en quelque sorte la voix de la raison dans ce comics)...

... même si Joey est au comble du désespoir quand il apprend qu'Arnold s'est trouvé une copine en or, en la personne de la belle et étrange Erica, également étudiante. Si même un boulet pareil peut trouver, alors Joey est vraiment au fond du gouffre !

Finalement, voyant qu'Arnold - en couple et heureux - devient mature trop vite, Joey et Gunther réussissent à l'emmener dans un bar à strip-tease où Arnold reconnait, sur scène, Erica ! Mais Arnold est un chic type et - passé la surprise initiale - acceptera la profession d'Erica assez facilement...

... finalement l'inversion est durable : plus Joey est une lose (il se fera jeter par une copine d'Erica), plus Arnold est amoureux et heureux avec Erica.

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C'est au moment des grandes vacances, alors que Gunther Rhino retourne voir ses parents en Afrique (ben oui, c'est un rhinocéros ^^ Une des rares fois où Wagner joue la carte de l'anthropomorphisme à fond), que dans son vol aller... l'avion est l'objet d'une attaque terroriste et Gunther est jeté - pour l'exemple - depuis l'appareil dans le vide !

Ne pouvant accepter la mort de Gunther, Arnold (avec l'aide d'Erica et de ses copines : elles se sont cotisées pour payer le billet d'avion) part en Afrique à la recherche de son ami, tandis que Joey zone tout seul, à l'appartement qu'il occupait avant avec son colocataire disparu ou pète un câble pendant les funérailles.

Finalement, Joey - pour se changer les idées - vend les affaires de Gunther et place une annonce pour un nouveau colloc (il cherche une fille), sous le regard désapprobateur d'Erica ^^

En Afrique, Arnold tombe sur le frère de Gunther (qui fait du trafic de musique révolutionnaire - comme les disques de Peter Gabriel - à destination du régime raciste qu'était le régime Sud-Africain, d'avant l'abolition de l'Apartheid) mais fait chou blanc pour le reste... déçu, il rentre aux USA...

... mais ce n'est pas grave, car Gunther a survécu à la chute (il a volé le parachute du preneur d'otage avec qui il était en train de tomber) et est rentré aux USA ! D'ailleurs, il ne comprend pas bien pourquoi TOUTES ses affaires ont disparu ^^ Ce n'est d'ailleurs pas la seule surprise qui attend Joey car sa mère... est à nouveau enceinte ^^

La presse voulant interviewer Gunther, l'étudiant miraculé, les journalistes font le siège de l'appartement de nos héros. Du coup, pour qu'ils puissent filer, Erica est obligée de faire une diversion et de planquer Gunther dans son club de strip-tease (il ne se plaint pas).

Quand Judith la mère de Joey accouchera d'une petite Rachael, tout le monde sera présent pour accueillir la nouvelle arrivante ! D'ailleurs, Joey aura un peu du mal à se responsabiliser suffisamment pour jouer le grand frère protecteur. Contraint de choisir entre garder sa petite-sœur et aller à un rencard, il refilera la charge de Rachael à Gunther. Bon, la suite est prévisible : comme Gunther avait promis à Arnold de l'aider lors de sa première soirée en tant que DJ au club de strip-tease d'Erica, il emmènera avec lui Rachael...

... et après la soirée, ils iront boire un café dans un établissement où se trouvent, non seulement Joey et son rencard, mais aussi la mère de Rachael (et de Joey) ^^

L'histoire de Joey et ses copains se finit par une soirée strip-tease où ce sont les petits copains des strip-teaseuses qui doivent danser (donc Arnold, expérience qu'aurait également vécu Martin Wagner) et par la remise des diplômes pour Gunther qui a terminé ses études... et la dernière case du dernier strip nous montre l'insouciant Joey, allongé dans l'herbe, se disant que tout ira pour le mieux pour son avenir...

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En parallèle de l'histoire de Joey & cie, nous avons Steve Gold. Steve Gold habite à Busted Bowels ("Noix écrasées" en français ^^), un petit village du Texas, avec sa Tante Jenny et sa grand-mère. Pour se faire un peu d'argent, il décide de participer à des expériences psychologiques farfelues ^^

Suite à ces mêmes expériences, Steve rencontre Jasper, le fiancé nain de sa petite sœur Donna, fiancé qu'elle ne connait que depuis 48 heures ^^ Steve se met à détester Jasper assez rapidement, trouvant qu'il s'agit d'un bouseux, d'un braconnier et... qu'il ne veut épouser - vraisemblablement - Donna que pour mettre la main sur les puits de pétrole de la famille ^^ Il pense même qu'il est déjà marié avec une autre ! Bref, il se jure d'empêcher le mariage à tout prix ! Et la solution qu'il trouve est simple : la veille du mariage, il emmène Jasper en voyage... le plus loin possible ! Pour qu'il ne soit pas présent pour la cérémonie (Jasper est un peu con quand même).

Ça se finit par un duel au pistolet à l'issue duquel Jasper raconte à Steve qu'il a vécu dans des familles d'accueil (raison pour laquelle il a une belle-mère) et qu'il est blindé de thunes (pour montrer qu'il en veut pas aux sous de Donna). Bref, Steve se rend compte qu'il a fait une terrible erreur de jugement et décide de ramener Jasper vers Busted Bowels pour le mariage... sauf qu'ils arrivent trop tard et que la cérémonie a été annulée !

Steve devra faire amende honorable auprès de Donna et tenter de la convaincre d'épouser Jasper qu'il pense être un type formidable (alors que c'est quand même un gros menteur). Mais finalement, quand Donna se rend compte que Jasper est un gros misogyne elle refuse définitivement de l'épouser !

Enfin, dernière histoire des comic-strips Hepcats, celle de Chuck Wallace qui essaye de vendre un script alors que personne ne croit en lui. Quand il croise son amie Judith McLyon (la mère de Joey et la femme de Rory) au supermarché, elle lui raconte qu'elle a besoin de réaliser une vidéo pour présenter son activité de conseillère conjugale. Et Chuck va s'en charger (l'expérience est réellement arrivée à Martin Wagner, dans le rôle du réalisateur) ! Et on va avoir droit à toutes ses galères de tournage ^^ Finalement ça donne une vidéo toute pourrie qui donne une motivation supplémentaire à Chuck pour repartir travailler sur de vrais projets ^^

Il retrouve, d'ailleurs, dans un bar son vieux pote Solo, un punk sur le retour avec qui il a fait les 400 coups. Après avoir bringué, il décide de le ramener chez lui pour lui montrer la disquette contenant le script du film sur le Viet-Nam (il en est un vétéran) qu'il veut réaliser... mais ne la trouve plus ! Rapidement, il pense qu'elle a été chourée par un type du club d'écriture auquel il va !

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Solo lui propose d'aller récupérer cette disquette chez le gars, en s'entourant de deux copains à lui, horriblement punks et musclés, appelés Black & Decker (^^). Sauf que le coup se passe mal car ce sont tous de gros branques, et Chuck s'enfuit en courant, abandonnant derrière lui ses potes ! Et il va en plus se rendre compte que sa disquette n'avait pas été volée mais était... parmi le foutoir qui est sur son bureau. Alors quand Solo, Black & Decker débarquent chez lui pour remettre les compteurs à l'heure, il n'a plus qu'à se jeter par la fenêtre !

Pour se faire pardonner, Chuck devra livrer un kilo de cocaïne pour le compte de Solo... mais se fera coffrer par un policier des stups ^^ Et c'est en gros la dernière fois que nous verrons Chuck Wallace ^^

En résumé, les comic-strips d'Hepcats sont une très plaisante lecture. Certes les histoires de Steve Gold et de Chuck Wallace ne sont pas renversantes mais elles s'éclipseront rapidement au profit exclusif de celles consacrées à Joey & ses amis ! Et ce qui m'a toujours frappée c'est - ayant lu d'abord le comic-book avant de lire les comic-strips - que Wagner arrive en, finalement, assez peu de cases et de pages à nous faire vivre un nombre important d'aventures et de gags (c'est aussi le format qui veut ça), alors qu'au contraire dans Snowblind il ne se passe quasiment rien !

Plus on sent que les préoccupations de nos héros ne sont "que" des préoccupations étudiantes magnifiées... car c'est un jeune homme d'une vingtaine d'années, étudiant dans la même université que ses héros, qui a écrit leurs aventures !

A noter qu'un premier TPB intitulé "Yo !" est sorti pendant les années d'études de Martin Wagner, déjà auto-édité. Il est absolument introuvable (je ne sais même pas à quoi ressemble sa couverture), TPB qui reprend une partie des strips d'Hepcats (mais la totale sera dans le TPB "The Collegiate Hepcats").

III. Hepcats n°1-2

En 1989, Wagner se lance (alors que le strip vient tout juste de s'achever) dans l'auto-édition de son comic-book Hepcats, sous son propre label, donc, Double Diamond Press.

Les deux premiers épisodes sont totalement déconnectés de la suite et constituent une plaisante parenthèse assez légère dans une série qui deviendra rapidement plombante.

Il est à noter que le talent de dessinateur (et notamment s'agissant des décors et de l'architecture, faisant penser à un Chris Ware ou à un Gerhard [Cerebus]) de Martin Wagner se déploie totalement dès le n°1.

Hepcats n°1 : Joey s'ennuie en cours et laisse filer ses pensées... Il imagine sa voisine d'amphithéâtre toute nue, puis qu'elle est capturée par des trolls... et que Joey, en fier-à-bras, vient la secourir ! La cloche sonne, Joey ramasse ses affaires et rejoint Gunther avec qui il va faire un billard... Finalement, Joey va dans le parc réviser ses cours quand la fille, objet de son fantasme, passe, lui sourit et lui dit bonjour (vous faites pas d'espoir pour Joey : on la reverra pas). Joey se dit, du coup, que la vie est belle ^^

Et voilà, c'est tout pour ce numéro ! Ben oui, comme je l'ai indiqué, autant sur le comic-strip Wagner condensait beaucoup d'informations en quelques cases, autant sur le comic-book, Wagner prend toute la place pour raconter au final... pas grand chose !

Mais ce qu'il y a de super dans ce numéro magnifiquement illustré et qui se lit en 15 secondes, c'est son côté absolument authentique... on s'y croirait réellement !

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Hepcats n°2 : Un numéro où les pages sont éditées en format "paysage" et non pas "portrait", comme d'habitude. En gros, c'est un peu agaçant à lire (Dave Sim - l'idole de Wagner - avait fait ça pour plusieurs épisodes de Cerebus, à la fin de l'arc "High Society").

Dans cet épisode, nos héros sont à la Nouvelle-Orléans pour le Carnaval. Ils ont accompagné Erica qui a déjà travaillé dans des boites à strip là-bas, il y a de ça quelques années. Et une fois qu'elle a retrouvé ses vieux copains, Erica zappe la présence de Gunther, de Joey et surtout... d'Arnold ! Ce dernier va bouder, tandis que Gunther et Joey vont tenter de se distraire (cette même scène se reproduira, quasiment à l'identique, dans Snowblind, au supermarché).

Finalement, Joey va se battre contre une catcheuse pour de l'argent (et se faire démonter, un peu comme Bénabar dans le clip des râteaux ^^), Gunther va convaincre Arnold de retourner voir Erica pour s'expliquer et... tout se finira en happy end !

Ce qui permet clairement de distinguer cet épisode de la suite de la série... où les happy end seront beaucoup plus amères...

IV. Hepcats - Snowblind, première partie : n°3-10 (in Snowblind, part one)

Réimprimant les épisodes n°3 à 10, ce second TPB (il n'y en aura pas de troisième malheureusement) passe à la vitesse supérieure. C'est ce qui va d'ailleurs constituer (avec les épisodes 11 et 12) le véritable sommet de cette série.

Les 220 pages de ce volume, magnifiquement illustré, ne regorgent pas d'une multitude de rebondissements. On a un mystère qui finalement ne sera pas si mystérieux que ça. On a une narratrice (Erica) qui raconte des événements qui sont le passé pour elle, avec tout ce que cela comporte en honte mal digérée et en recul critique, et qui constituent - pour elle - le milieu de l'histoire.

La seconde partie inachevée de cet arc devait s'intéresser au début de l'histoire et j'imagine qu'une troisième partie devait être prévue en guise de conclusion. Malheureusement, nous devrons nous contenter de ce que nous avons, c'est à dire d'un truc qui ne finit point ^^

Hepcats n°3 : Erica est hospitalisée et le Docteur explique à Arnold qu'elle est hors de danger et qu'elle a eu de la chance, qu'elle aurait pu y rester et qu'elle a... tenté de se tuer.

Mais aussitôt, la "Erica du présent" (la narratrice) interrompt la séquence... car pour bien raconter, il faut revenir un peu en arrière...

... avec Joey et Gunther qui sont chez eux et cherchent des sous pour faire une lessive au lavo-matic. Là, Arnold et Erica débarquent sur le scooter de cette dernière... et tandis que la jeune femme est en grande discussion avec Gunther, Arnold explique à Joey qu'il va... demander en mariage Erica !

Et l'épisode se finit, dans le futur proche, avec un plan d'Arnold qui est dans la salle d'attente de l'hôpital...

Hepcats n°4 : Toujours dans le futur proche (par rapport au présent du récit, c'est à dire au moment où Arnold veut demander Erica en mariage ; à ne pas confondre avec le présent de narration qui, chronologiquement, est postérieur à ce futur proche du récit, et qui est assuré par Erica et Erica seule ^^), Arnold s'est assoupi dans le hall de l'hôpital (Ces effets de lumière ^^ C'est magnifique !). Gunther débarque et lui paye un café. Ils parlent rapidement de l'état d'Erica avant qu'Arnold retourne la voir brièvement dans la chambre. 5 planches où ils ne se passent pour ainsi dire rien, 5 planches renversantes sur un plan graphique, 5 planches bouleversantes sur un plan émotionnel. C'est ça la magie d'Hepcats !

Dans le passé du récit, nos amis vont au supermarché pour faire leurs cadeaux de Noël. Joey explique à Gunther qu'il est dubitatif par rapport à l'idée qu'Arnold épouse Erica ! Témoignant à Gunther de sa propre peur de grandir... Finalement, Gunther emmènera Erica de son côté (il a besoin de son avis pour trouver un cadeau pour sa maman), laissant le champ libre à Joey et Arnold pour aller dans une bijouterie... Arnold veut un coup de patte pour choisir l'alliance qu'il compte offrir à Erica !

Finalement, quand ils se retrouvent tous à nouveau au café, l'épisode s'est déroulé sans incident aucun. Du moins jusqu'au moment où Erica se retourne et aperçoit un type en costume cravate blanc qui lui fait signe et.. elle perd connaissance. Arnold veut l'aider à se relever mais elle l'envoie bouler d'un ton agressif. Puis elle file de son côté. Les autres ne l'ont pas remarqué encore mais elle est suivie par l'homme en blanc... qui constituera l'un des mystères de la série.

Hepcats n°5 : Dans le futur proche, Arnold apprend du médecin qu'Erica n'aura pas de séquelle (et qu'elle ne perdra pas des orteils qui avaient été gelés... Erica ayant tenté de se suicider par noyade en plein hiver) mais qu'en revanche le toubib veut qu'elle voit un psychiatre.

Dans le présent du récit, les trois amis sont toujours sur les fesses quant à la réaction d'Erica. Cette dernière est planquée dans les toilettes des dames. Quand elle pense qu'elle est en sécurité, qu'elle a semé le type, elle sort... pour tomber sur lui, qui l'appelle "Kathryn". Elle perd à nouveau connaissance (ça devient une habitude ^^).

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Le type attrape Erica et la traîne dehors, sur le parking des livreurs. Quand elle reprend connaissance, il apparaît qu'Erica connait le type et que celui-ci la cherchait depuis longtemps. Elle n'est pas vraiment ravie qu'il l'ait retrouvé d'ailleurs...

... et c'est à ce moment qu'Arnold, qui était parti à la recherche d'Erica, tombe sur l'inconnu et sa fiancée...

Hepcats n°6 : L'inconnu décide de se barrer et Erica demande à Arnold de le laisser partir... Mais, en bon chevalier servant, notre héros va effectuer un plaquage au sol du type... sauf que prétextant qu'il s'est fait mal à la cheville, l'inconnu va réussir à convaincre Arnold de le laisser se relever (ce que cet abruti de naïf va accepter ^^)...

... et dès qu'il est debout il va flanquer Arnold au sol et menacer de le planter avec un couteau. Finalement, un livreur qui passait par là mettra en fuite le type.

Nos amis seront interrogés par la Police du supermarché (enfin, dans un poste qui se trouve dans le centre commercial). Là, une dispute éclatera avec Erica, Arnold ne comprenant pas pourquoi elle ne veut rien dire au sujet du type qu'elle semble connaître. Arnold s'en prendra même à Gunther qui aura eu le malheur d'ouvrir la bouche à ce moment là...

Hepcats n°7 : ... pour la Erica du présent de narration, l'angoisse d'Arnold, ses façons de réagir, sont typiques du fait qu'ils ne pourront jamais que se faire du mal. Profondément malheureuse dans son existence, tout comme Arnold mais pour d'autres raisons, elle pense que le couple qu'ils forment n'est - malheureusement - qu'une illusion. Que des gens malheureux séparément ne peuvent être heureux ensemble. Bref, elle a un discours super-négatif ^^

De retour dans le présent du récit, Erica et Arnold se sont réconciliés. Ils décident d'aller prendre quelques affaires chez Erica et de passer le reste de la journée chez Arnold. Sauf qu'ils ignorent qu'ils ont été suivis par l'inconnu au costume blanc et, qu'une fois qu'ils seront partis, ce dernier va crocheter la serrure de l'appartement d'Erica et le visiter... Il va d'ailleurs noter sur un calepin, à la manière d'un détective privé ce qu'il sait : Arnold est le petit-ami d'Erica (Kathryn). Tout cela est diablement intriguant.

En quittant l'appartement d'Erica, le type sera surpris par une voisine et il n'arrivera pas à donner le change... mais pourra quand même se barrer ^^

Et cette voisine appellera Arnold chez lui, cassant un bon moment entre amoureux... Une dispute éclatera même entre les deux tourtereaux quand Arnold trouvera qu'Erica ne réagit pas de façon assez virulente à la nouvelle...

... c'est d'ailleurs le motif traditionnel du mystérieux inconnu qui va flanquer à terre un équilibre relationnel précaire (comme dans le film "Théorème" de Pier Paolo Pasolini). C'est du classique, mais ça fonctionne à merveille !

Hepcats n°8 : Arnold est à nouveau interrogé par la police au sujet du cambriolage dont ils ont été victimes, Erica et lui (même si rien n'a disparu). Paulie leur voisin taré leur propose de leur filer une arme pour se défendre, que lui-même a un pistolet-mitrailleur (punaise, on est RÉELLEMENT au Texas ^^).

Erica a finalement parlé à Arnold : elle lui a dit que le type était un ancien habitué un peu timbré d'un club à strip-tease où elle avait travaillé, que c'est pour ça qu'il faisait une fixation sur elle, etc... sauf qu'elle n'a pas l'air plus fière que ça d'avoir donné cette version. Peut-être parce que ce n'est pas la vérité ?

Arnold s'en doute un peu qu'elle lui a raconté des balourds. Il s'en ouvre à Gunther qui est toujours de bon conseil. Puis, il arrive à convaincre son pote de la nécessité d'aller monter la garde, cette nuit, dans l'appartement d'Erica.

La séquence où ils arrivent de nuit chez Erica (qui dort chez Arnold, quant à elle) est extraordinaire. On sent l'angoisse des deux amis à l'idée de ce qu'ils vont trouver, on sent monter la tension au fur et à mesure qu'ils progressent dans l'habitation, on sursaute avec eux quand ils entendent du bruit... et on sourit quand on découvre qu'il n'y avait personne, qu'il ne s'agissait que d'une boite à chaussures qui était tombée dans un placard ^^

Hepcats (1987-1996) Hepsketch

Mais l'inconnu est ailleurs... Il profite de l'absence d'Arnold pour appeler Erica. Et là, en l'absence de témoin, elle nous apprend des choses. Il s'appelle Kevin. Erica s'appelle pour de vrai Kathryn. Il l'a retrouvée car une certaine Anneke veut la voir. Et ça, ça bouleverse tellement Erica qu'elle accepte de voir Kevin dans un café, immédiatement, pour en parler...

Hepcats n°9 : Dès qu'elle voit Kevin, Erica / Kathryn s'empresse de lui flanquer un coup au visage et son genou à l'entrejambe. Elle est fâchée mais accepte quand même de s'asseoir et de prendre un café. La discussion n'a rien de très chaleureux du coup...

... on apprend qu'Anneke est la petite sœur d'Erica (qui s'appelle réellement Kathryn) et que Kevin est leur frère à toutes deux. Anneke a 13 ans, maintenant, et cela fait des années que Kathryn ne l'a pas vue. Pour ainsi dire, elle pensait qu'elle était morte !

Parce que la dernière fois qu'elle a vu sa famille, son dépressif de père l'a flanquée à travers une baie vitrée, elle a aperçu sa petite sœur en sang, visiblement violée (elle a même cru qu'elle était morte) et a vu en direct le suicide de son paternel.

Et elle est partie et a voulu changer de vie.

Et maintenant, elle en veut à Kevin de vouloir la retrouver, provoquant par là même sa fureur... car, lui, il a du gérer la merde depuis toutes ses années (5 ans visiblement) et ne comprend pas comment Erica / Kathryn peut tourner la page et l'oublier lui et Anneke !

Hepcats n°10 : Ce sont les vacances de Noël et elles sont essentiellement racontées par la Erica-du-présent-de-narration, comme si le temps s'accélérait, fuyant vers le moment fatidique de la tentative de suicide d'Erica...

... Arnold a demandé en mariage Erica. Elle a accepté. C'est le plus beau jour de sa vie. Rien ne pourra jamais être meilleur.

Et c'est pour cela justement, avant que son passé ne finisse par la détruire, qu'invitée avec Gunther et Joey à la maison au bord du lac des parents de Joey, que la jeune femme, profitant que tout le mode est occupé ailleurs... va se jeter dans le lac glacial, pour y mourir...

... et même si on sait qu'elle va survivre (c'est elle qui raconte l'histoire, on a vu les séquences de l'hôpital), la séquence est impressionnante. Les cases sont essentiellement noires et ne comportent que de léger jeux de lumière. Un peu comme dans le strip de la naissance de Rachael, comme si ces moments de transition (l'arrivée au Monde, le départ de celui-ci) ne pouvaient être graphiquement représentés explicitement. Comme s'il y avait un caractère "sacré" dans tout cela (pour la petite histoire, Wagner reconnait avoir chouré ce dispositif graphique dans le Cerebus de Dave Sim / Gerhard, alourdissant sa dette personnelle déjà immense à l'égard de ce comic-book ^^).

Et cet épisode conclut la première partie de Snowblind...

V. Hepcats - Snowblind, deuxième partie : n°11-12

Ces épisodes sont censés raconter le début de l'histoire d'Erica (alors que la première partie en constituait le milieu). Comme il n'y a jamais eu de suite après le n°12, inutile de vous dire que la lectrice que je suis est demeurée gravement sur sa faim...

... ce qui n'enlève, certes, rien à l'immense qualité de ces deux épisodes mais est tout de même très frustrant ^^

Hepcats n°11 : Cet épisode publié en 1994 (alors que le comic-book a commencé en 1989) est le premier à s'être réellement bien vendu ! Manque de bol, Wagner jettera l'éponge rapidement après...

... il se déroule 5 ans avant la tentative de suicide d'Erica, alors que celle-ci s'appelle encore Kathryn. Elle joue dans sa chambre avec sa petite-sœur, Anneke. Mais quand elles entendent leur père revenir du "travail" (il a du être licencié peu de temps auparavant, je pense), elles filent tout de suite faire la vaisselle.

Celui-ci a une altercation avec le jeune Kevin qu'il n'hésite pas à cogner, faisant peur à tout le monde. Kevin se barre et leur père à tous se met à pleurer. Anneke, du haut de ses 8 ans, pour le consoler, va lui apporter une bière. Il semble aller mieux.

Il envoie Kathryn faire une course et ouvre son courrier. Il y a des factures impayées, une mise en demeure d'un avocat...

... et désespéré et furieux, il laisse un mot sur le frigo et s'approche d'Anneke qui regarde la télé...

... aussi quand Kathryn revient des courses, elle voit sa sœur inconsciente, en sang et qui vient d'être violée par leur père. Elle va l'installer sur son lit, pensant à tort qu'elle est morte. Puis, elle va attraper un tison et vouloir régler son compte à leur père. S'ensuit une bagarre dans laquelle Kathryn n'a pas franchement le dessus (où elle va passer à travers la baie vitrée de leur pavillon de banlieue)... et elle ne reprendra connaissance que pour assister au suicide de son père qui se tire une balle dans la bouche.

Hepcats (1987-1996) Hep050488

Et Kathryn va fuir la maison...

Cet épisode totalement muet et d'une intensité incroyable. Wagner a su rendre presque touchant ce père immonde et déséquilibré quand celui-ci s'effondre en larmes ou tergiverse et hésite au moment de se donner la mort. Je ne peux m'empêcher de penser à Leland Palmer, le père incestueux dans la série Twin Peaks, qui - lui aussi - est un personnage totalement ambivalent, un damné qui commet des atrocités mais pleure tout de même sur son innocence perdue.

Bref, un épisode magistral qui ne peut que faire frémir en laissant imaginer à quel point Wagner aurait pu devenir immense s'il avait continué dans les comics !

Hepcats n°12 : Le dernier épisode de la série s'ouvre sur une séquence de rêve particulièrement réussie où Kathry est confrontée à son père qu'elle aime et déteste à la fois. La puissance du graphisme fait de ces quelques pages un sommet de l'oeuvre.

Le reste de l'épisode nous montre Kathryn qui vit comme une clocharde, qui n'est jamais rentrée "chez elle", qui tire un sac et décide de s'envoler pour la Nouvelle-Orléans...

... on imagine que le reste de Snowblind était censé nous apprendre comment Kathryn a forgé, progressivement, son identité d'Erica. Mais ça, on n'en saura jamais rien (même si j'hésite à le demander à Martin Wagner via son blog ^^) !

VI. Hepcats - Bonus et épisodes inédits, période Antarctic Press : n°0-12

Visiblement à court d'argent (et suite à son divorce d'avec la "vraie" Erica), Wagner laissa tomber l'auto-édition et pendant un peu plus d'un an Hepcats disparut des rayons des rares comic-shops qui le distribuait...

... néanmoins, en 1996, l'éditeur de mangas à l'américaine, Antarctic Press, signa Wagner pour publier sa série chez eux. Wagner accepta, faisant comme bon nombre d'auteurs auto-édités, qui en avait soupé de rien gagner (voir de perdre de l'argent) et de s'enquiquiner avec l'impression et la distribution de leurs comics (Teri S. Wood pour "Wandering Star" et Colleen Doran pour "A Distant Soil" agiront de même...).

Pour permettre à Wagner de dessiner les épisodes qui devaient suivre le n°12, Antarctic Press décida d'abord de réimprimer mensuellement (ou presque) les épisodes déjà sortis par le passé, laissant un an à Wagner pour se mettre à jour...

Mais pour récompenser les fans qui avaient déjà lu la première série, Antarctic Press demanda à Wagner de réaliser un épisode n°0 totalement inédit et d'ajouter des suppléments. Ce sont eux que nous allons chroniquer. Pour le reste, il suffit de dire que Wagner ne publia jamais rien au-delà du n°12 et qu'il laissa tomber les comic-books pour une longue période (tout en ayant encaissé une avance pour le n°13 qu'il n'a pourtant jamais réalisé... se faisant, par conséquent, blacklister dans le monde des comics).

Hepcats n°0 : Cet épisode est totalement en couleurs (c'est le seul mais les couleurs sont un peu zarb') et nous raconte la première rencontre entre Erica et Joey & Gunther. Joey est toujours un boulet et se morfond d'amour pour son ex, Monica, qui en a plus rien à faire de sa gueule. C'est assez plaisant (un peu dans le stype de Hepcats n°1, d'ailleurs) mais pas renversant (du moins par rapport à Snowblind).

En bonus, on a une "rédaction" faite par le petit Joey McLyon alors qu'il est gosse, où il se met en scène en tant que super-héros. C'est très anecdotique mais ça témoigne du projet qu'avait eu, pendant un temps, Wagner de faire un Lil'Hepcats, consacré à l'enfance de Gunther et Joey (on en voit un exemple dans quelques strips du Collegiate Hepcats), un peu à la manière de ce que font les frères Hernandez sur Love & Rockets.

Je n'ai pas toutes les rééditions, ne possédant que les épisodes n°2 et 11 en version Antarctic Press. Du coup j'ignore tout ce qu'il peut y avoir comme bonus. Je peux juste dire que le n°11 ne comporte aucun bonus et que le n°2 comporte une histoire qui se passe alors que Joey est devenu adulte et travaille en bureau... on n'en saura pas plus (à part qu'il a un catogan), sauf qu'a priori, "Way of the World" (c'est le nom de l'histoire) a été publiée dans les rééditions des n°1 à 7, 9 et 10 et 12. Voilà.

Enfin, pour être parfaitement exhaustive, il est à noter que le TPB "The Collegiate Hepcats" contient deux planches uniques : l'une qui est un hommage au classique "La déviation" de Moebius et l'autre au "Little Nemo in Slumberland" de Winsor McKay.

VII. Hepcats - Online : 5 planches

En janvier 2008, Martin Wagner - sous le coup de la nostalgie ? - ouvre son blog sur Wordpress et publie d'abord un dessin d'Erica. Il annonce qu'il va y avoir du matériel inédit !

En juillet 2008, 3 pages sont postées d'une nouvelle histoire !

En août 2008, les pages 4 et 5 de la mini-histoire (qui doit en faire 8...) sont postées ! Les trois dernières ne seront jamais publiées ^^

En mars 2009, Wagner annonce qu'il n'a... rien de nouveau à annoncer !

En janvier 2010, il annonce qu'il a un job dans l'e-publicité, qu'il est à la bourre sur des commandes graphiques (que des gens lui avaient passé, moyennant finance, genre en 2008 [ce qui me fait penser que j'avais commandé à son ex-boutique en ligne, et payé, un TPB de Snowblind que je n'ai jamais reçu...]) et qu'Hepcats n'est pas du tout prioritaire...

Hepcats (1987-1996) CollegiateHepcats

En décembre 2010, il indique qu'il va falloir patienter pour la suite (ben oui, plus de 3 ans [maintenant cela en fait 8 ^^] pour 3 malheureuses pages, ouais, faut être patients ^^) et publie une affiche qu'il a réalisé pour un film indépendant. Et voilà pour la carrière d'artiste de comic de Martin Wagner !

Sur le mini-comic en tant que tel, on y voit Rachael la petite sœur de Joey qui est devenue une jeune femme (elle doit avoir, on imagine, 20 ans, ce qui fait que Joey et Gunther doivent en avoir 40) et qui rend visite à son frère. Elle demande des nouvelles de Gunther qui vient d'être opéré (on lui a enlevé un testicule sur lequel il y avait une tumeur). On switche sur la chambre d'hôpital où Gunther se repose après son opération et dans laquelle il échange deux, trois blagues avec Joey et puis... rideau !

On l'aura compris, il est illusoire d'envisager une quelconque suite à cette série. Donc la lectrice que je suis devra se contenter de ce qui existe. Mais je ne peux qu'insister, une fois de plus, sur :

- la qualité du graphisme, notamment des décors
- l'intensité de certaines scènes (le suicide du père, le rêve d'Erica, la tentative de suicide d'Erica, quand Joey & Gunther vont de nuit dans l'appartement d'Erica, la séquence où Arnold se réveille dans la salle d'attente de l'hôpital...)
- la qualité des personnages et des situations, que l'on soit dans un registre léger (le comic-strip, les n°0 et 1) ou dans un ton beaucoup plus grave (Snowblind)

Hepcats est donc, à mon sens, un joyau noir et inachevé des comics. A lire, au moins par curiosité.

S'agissant de la publication de la série :

- les strips ont été partiellement publiés dans un premier TPB intitulé "Yo ! The First Hepcats Book", totalement introuvable
- la version complète des strips + Shasta Says (en partie du moins) + l'épisode n°1 et les planches de "la Déviation" et de "Little Nemo", se trouvent dans le TPB "The Collegiate Hepcats" (qui se trouve encore pour une quinzaine d'euros sur les sites marchands)
- Double Diamond Press a publié les n°1 à 12 puis a sorti deux éditions spéciales des n°1 et 2, contenant du matériel inédit
- Antarctic Press a publié les n°0 à 12 avec des bonus
- le TPB Snowblind regroupe les n°3 à 10

J'ai, pour ma part, les deux TPB (le Collegiate et Snowblind sur lequel j'ai un autographe et un dessin de Joey réalisé par l'auteur) ainsi que les n°0 (signé), 2 et 11 de chez Antarctic Press et le n°12 en version Double Diamond Press (et également signé).

Hepcats (1987-1996) 20060927

Le mini-comic en ligne peut être lu sur le wordpress de Martin Wagner.

Les épisodes n°0 à 10 sont disponibles en scans, autorisés par l'artiste (il vendait même le TPB Snowblind sur la boutique du site) sur un site internet.
Hepcats (1987-1996)
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