Inutile de présenter "V for Vendetta", vous devez connaître au moins le film tiré de l'oeuvre (film pas extraordinaire d'ailleurs) d'Alan Moore (scénario) et de David Lloyd (dessin).
Mais si vous n'avez pas lu la bédé, franchement vous loupez quelque chose d'à mon sens incontournable ! Et qu'en plus on peut trouver facilement en bibliothèque municipale, en CDI ou même à l'achat !
Je sais que j'ai tendance, des fois, à m'emballer pour des œuvres mineures. Mais là, "V for Vendetta", c'est clairement dans le Top 3 des meilleures bédés de Moore (et Alan Moore, c'est un très gros morceau dans le monde des comics) avec "From Hell" et "Watchmen" (d'ailleurs, ils ont tous eu droit à une adaptation un peu pourrie au cinoche, adaptations pour lesquelles Moore a refusé d'apparaître au générique [c'est une blague récurrente chez Moore] [enfin, j'en suis pas parfaitement sure s'agissant de "From Hell"]).
Du coup si c'est dans le Top 3 de Moore, ça ne peut être que dans le Top 3 tout court. Ou pas loin. Et, croyez-moi, "V for Vendetta" n'est pas une oeuvre surévaluée. C'est un gros TPB de 270 pages et des brouettes qui peut se lire une dizaine, une vingtaine de fois... en y trouvant toujours des trucs nouveaux ^^
Pourtant, cette version que je tiens entre mes mains a failli ne jamais voir le jour...
A l'origine, nous avons donc deux anglais de talent, Alan Moore (Watchmen, From Hell, Dr. & Quinch, Halo Jones, Top 10, ...) et David Lloyd (Night Raven et The Horrorist avec Jamie Delano), qui arrivent à faire publier, dès le premier numéro du magazine britannique Warrior, le premier chapitre de "V for Vendetta" (1982).
C'est un magazine, Warrior, d'ailleurs, parfaitement incroyable, vu qu'on y retrouve également Marvelman / Miracleman du même Alan Moore !
Pour la petite histoire, c'est en raison de la publication de Marvelman (et du procès qui s'en est suivi, en contrefaçon de droits d'auteur) que Warrior cessera sa publication en 1985 avec son n°26 !
Ainsi la première publication de "V for Vendetta", en noir et blanc, s'arrêta brusquement, au chapitre XII de la seconde partie ("The Verdict", quand Evey se rend compte qu'elle a été prisonnière tout ce temps de V, lui-même, et qu'elle a été victime d'une sinistre farce).
Et cela aurait pu s'en arrêter là.
Sauf qu'entre 1985 et 1988, Alan Moore va partir bosser pour DC et va se faire nettement remarquer grâce à son Swamp Thing et à Watchmen (1986). Du coup, notre éditeur préféré va donner son feu vert pour rééditer en couleurs ce qui avait déjà été publié dans Warrior et pour donner une fin à "V for Vendetta".
Il y aura donc 10 épisodes publiés entre 1988 et 1989, en couleurs (et les couleurs de Lloyd et de ses assistants sont somptueuses), de la série qui, maintenant, a une fin.
J'essaierai de faire un résumé assez précis avant de faire mes commentaires. Mais je rappelle que "V for Vendetta" se trouve assez facilement et a été lu ou devrait l'être le plus rapidement possible.
Le comic-book se décompose en trois parties, chacune composée d'un peu plus d'une dizaine de chapitres de 6-7 pages chacun (comportant tous dans leur titre la lettre V ^^). Les dates indiquées en face de chacun des chapitres correspondent non pas aux dates de publication mais à celles de l'action, elle-même.
LIVRE I - EUROPE AFTER THE REIGNChapitre I : The Villain (5 novembre 1997)Dans ce premier chapitre, nous sommes confrontés au monde terrible de "V for Vendetta".
Suite à une apocalypse nucléaire qui a ravagé en 1988 le monde, l'Angleterre - épargnée par les bombes - a d'abord sombré dans le chaos, puis dans le fascisme. Le parti "Norsefire" (une sorte de parti nazi) a pris le pouvoir et rétabli l'ordre... mais au prix de la liberté.
Nous sommes maintenant le 5 novembre 1997 (dans le futur, donc, au moment de la publication dans Warrior). A Londres, la jeune Evey, 16 ans, décide de sortir la nuit pour aller se prostituer. Elle travaille dans une fabrique de munitions, elle est seule au monde et n'a pas assez d'argent pour se nourrir. Alors pourquoi ne le ferait-elle pas ?
Manque de chance pour elle, son premier client est un agent en civil du Finger (le "doigt", il y aura aussi "l'Oreille", "l’Oeil" et le "Nez", comme officines policières), une sorte de Gestapo. La prostitution étant un crime, le policier décide - avec ses collègues - de violer puis de tuer Evey. Mais avant qu'ils ne puissent mettre à exécution leur sinistre plan, arrive un homme avec une cape, un drôle de chapeau et un masque ! Il s'agit de V !
Très théâtral mais implacable, il tue les agents et sauve Evey. Depuis, un toit, ensemble, ils assistent à la destruction de Big Ben et du Parlement... nous sommes le 5 novembre, ce jour là même où, en 1605, Guy Fawkes (dont V porte un masque reprenant les traits du visage), menant la conspiration des poudres, avait déjà tenté de détruire le Parlement !
V a fait tout cela et il fera bien plus encore. C'est une déclaration de guerre contre le régime fasciste.
Chapitre II : The Voice (6 novembre 1997)Les différents services de renseignement (Conrad Heyer pour l’Oeil, le service de vidéo-surveillance ; Brian Etheridge pour l'Oreille, le service des écoutes et des micros ; Eric Finch pour le Nez, la police criminelle) font leur rapport au Leader, Adam Susan, un dictateur qui perdra la raison au fur et à mesure de la série.
En gros, V est un professionnel et personne ne sait qui il est, pour l'heure, ni comment l'arrêter. Le régime est en panique.
Derek Almond, le patron du Doigt, se prend une brassée et se voit ordonner d'aller à la Tour Jordan, en discuter avec Roger Dascombe, le chef de la propagande à la radio... pour voir ce qui va être dit officiellement au sujet de la destruction du parlement (ils parleront de destruction programmée ^^).
On y verra Lewis Prothero, la voix du "Destin" (Fate en VO, il s'agit de l'ordinateur qui est censé - scientifiquement - régir la vie des anglais dans la série et qui parle à la radio par le truchement de Prothero).
De leur côté, Evey et V font connaissance dans la demeure secrète de celui-ci, la Galerie des Ténèbres (ou des Ombres, "Shadow Gallery" en VO). Evey est étonnée d'y voir autant de belles choses, des livres, de la musique... car tout cela a été éradiqué de la surface depuis belle lurette par l'action des fascistes !
Ce chapitre se clôt par l'enlèvement de Prothero (après que ses gardes du corps aient été tués) par V (qui est décidément implacable).
Chapitre III : Victims (6 novembre 1997)Finch et son assistant, le jeune Dominic, de la police criminelle, enquêtent sur le double-meurtre qui a eu lieu et sur l'enlèvement de Prothero. Une rose est trouvée sur les lieux du crime.
Dans la Galerie des Ombres, Evey raconte sa vie à V, ce qui nous permet d'en apprendre un peu plus sur l'univers de "V for Vendetta". La guerre a eu lieu en 1988 (alors que la jeune fille n'a que 7 ans) et a vu l'emploi d'armes nucléaires quasiment partout dans le monde : l'Afrique et l'Europe continentale ont été rayées de la carte. Le climat a été déréglé sous l'effet des bombes, causant des inondations, détruisant les récoltes, exposant les populations anglaises - bien qu'épargnées par les explosions - à la famine et aux épidémies... c'est d'ailleurs d'une épidémie que la mère d'Evey mourra.
Des bandes de pillards feront régner la terreur en Angleterre jusqu'au moment où une faction plus puissante que les autres, le Parti Norsefire, le parti fasciste, prendra le pouvoir.
Ils rétabliront le pouvoir mais arrêteront et déporteront toutes les personnes qui ne correspondent pas à leurs "idéaux" : les immigrés, les homosexuels, les gauchistes... et c'est ainsi que son père, qui avait été militant socialiste dans sa jeunesse, sera embarqué et qu'Evey ne le reverra plus jamais. Depuis elle s'est retrouvée à travailler dans une usine, jusqu'au moment où ses pas ont croisé ceux de V...
... quant à Lewis Prothero, d'un autre côté... Il se réveille en uniforme militaire devant un drôle de décor : du fil barbelé et une porte surmontée de l'inscription
"Camp de relogement de Larkhill" !
Chapitre IV : Vaudeville (7 novembre 1997)Prothero feint de ne pas savoir ce qu'il se passe et prétend ne pas comprendre pourquoi V persiste à lui donner du
"Commandant Prothero"... jusqu'à ce que V lui précise qu'il était là, à l'époque, détenu dans le camp de concentration que Prothero dirigeait...
... et il lui fera la visite du camp qu'il a reconstitué dans son repère secret : les baraquements, les prisonniers à l'appel symbolisés par la précieuse collection de poupées en porcelaine de Prothero (à laquelle il tient plus qu'à la prunelle de ses yeux), et puis... le bloc médical, celui des expériences "scientifiques".
On apprend que V était l'homme de la cellule 5 (V en chiffres romains).
Et enfin, le crématoire, dans lequel V incinère les poupées de Prothero, tirant de lui des larmes et des supplications qu'il avait refusé d'entendre et de voir quant il s'agissait des êtres humains qu'il livrait à la faim, à la brutalité et à la mort, du temps où il dirigeait Larkhill !
Et ainsi, V réussit à détruire l'esprit de Prothero et restituera l'ex-commandant devenu animateur radio aux autorités... mais Prothero ne pourra plus jamais incarner la voix du "Destin" et personne n'arrivera à le remplacer de manière crédible ! Portant un coup de plus à la crédibilité du régime !
Chapitre V : Versions (12 décembre 1997)Dans ce chapitre, on suit d'abord Adam Susan, le Leader de l'Angleterre, dans ses élucubrations fascisantes et ses tentatives d'auto-justifications...
... puis en miroir, nous avons V, qui parle à la statue de la justice présente sur le toit du Tribunal de Londres. Il lui dit que, petit, il idéalisait la Justice mais qu'il s'est aperçu depuis qu'elle avait un gout détestable pour les bottes et les uniformes. Aussi, maintenant, il est amoureux de l'Anarchie. V finit ce dialogue en faisant exploser le Tribunal.
Et pour terminer, Prothero - toujours réduit à l'état de légume - marmonne à Finch et à Dominic, les deux flics, les mots
"Cinq. Chambre Cinq"... précieux indices qui commenceront à mettre Finch sur la piste du terroriste...
Chapitre VI : The Vision (15-20 décembre 1997)Evey, pensant que tout chose a un prix, veut aider V en échange de l'hébergement dont elle dispose à la Galerie des Ombres.
On suit quelques instants, ensuite, à l'Abbaye de Westminster, après un sermon, quelques cadres du parti : Almond du Doigt, Heyer de l'Oeil et leurs femmes, respectivement Rose et Helen.
Mais surtout, nous nous retrouvons dans l'intimité de l’Évêque de Westminster, le Père Lilliman, qui a "commandé" une très jeune fille pour passer "une bonne soirée". Il est un peu déçu quand Dennis, son sacristain, lui apprend que la fille en question est un peu plus âgée que d'habitude mais est ravi de découvrir... Evey, en petite robe rose avec des couettes ^^
Chapitre VII : Virtue Victorious (20 décembre 1997)Alors qu'après lui avoir lu un passage de la Bible dans son boudoir, Lilliman ait tenté d'abuser d'Evey (qui lui a flanqué un coup de lampe dans la gueule), le prêtre débauché... tombe sur V, qui a revêtu des cornes de diable pour l'occasion ^^
Chapitre VIII : The Valley (20-21 décembre 1997)Le prêtre est mort après avoir ingéré une hostie imbibée de cyanure. Une rose a également été retrouvée sur les lieux du crime.
Chapitre IX : Violence (23 décembre 1997)A la morgue, Finch écoute le rapport du Dr. Delia Surridge, la médecin légiste. Il lui remet la rose qu'il a trouvé chez l'Évêque ce qui la perturbe au plus haut point !
Ce chapitre est également consacré à la violence : violence que ne veut plus exercer Evey, même pour le compte de V (et on comprend qu'il a des projets pour la jeune fille), violence qu'exerce le chef du Doigt, Derek Almond, sur son épouse Rose.
Finch et Dominic viennent, quant à eux, d'identifier ce que pourrait être la chambre n°5. La numérotation romaine, visiblement, correspondaient à la numérotation des cellules des prisonniers "spéciaux" (ceux des expériences médicales) dans les camps anglais de la série.
Ils arrivent rapidement à faire le lien avec Prothero qui a été le commandant de Larkhill et Lilliman qui en a été l'aumônier. Et ils s'aperçoivent que tous les hommes qui y ont travaillé sont morts depuis...
A la fin de l'épisode, Delia Surridge est dans son lit, elle est perturbée par la rose, elle fait des cauchemars et... voit V, à son réveil, qui est là pour la tuer.
Chapitre X : Venom (23-24 décembre 1997)Tandis que Delia se confesse et exprime ses regrets pour ce qu'ils ont tous fait à Larkhill, qu'elle tente une explication de la médiocrité de l'esprit humain en citant l'expérience de Stanley Milgram (première fois que j'en entendais parler, bien avant de lire son livre "Soumission à l'autorité"), Finch et Dominic interrogent la base informatique pour savoir s'il y avait eu des femmes à Larkhill...
... et découvrent que Surridge est la dernière survivante !
Ils envoient tout de suite Almond au domicile du docteur pour s'assurer de sa sécurité, au moment même où cette dernière meurt - paisible et soulagée - de l'injection de poison que lui avait fait V dans son sommeil (contrairement à Prothero et Lilliman qui ont eu des sorts brutaux).
V et Almond tombent nez à nez. Et V tue Almond qui avait oublié de charger son arme de service ^^
Après le départ de V, Finch et Dominic arrivent et découvrent le journal intime du Docteur Surridge..
Chapitre XI : The Vortex (24 décembre 1997)Le dernier chapitre de la première partie consiste en la lecture résumée qui est faite du journal de Surridge par Finch au Leader, Adam Susan.
Il raconte l'expérience de Surridge en tant que médecin expérimentateur au camp de concentration de Larkhill (du 30 avril 1993 au 29 septembre de la même année), où comment elle a soumis à une injection expérimentale des prisonniers qui en sont tous morts, aux termes d'horribles souffrances... tous, sauf l'homme de la chambre n°5 (V).
Elle expliquera, ensuite, comment - ayant perdu la raison - il réussira à tromper son monde et à s'échapper.
En revanche, explique Finch au Leader, le journal ne contient aucun élément permettant d'identifier qui pouvait bien être V avant de devenir ce qu'il est devenu.
De même Finch conclura que soit V voulait simplement se venger en tuant toutes les personnes qui avaient participé à son supplice, auquel cas son sinistre projet est terminé.
Ou alors il voulait simplement commencer par tuer toutes les personnes qui auraient pu l'identifier, avant de passer aux choses sérieuses. Et dans ce cas, leurs ennuis ne font que commencer !
Cette première partie se termine sur V qui visionne seul un film où l'on voit plusieurs plans d'une femme (Valérie de la deuxième partie) et il pleure... seul moment où V exprime une faiblesse ou un doute ^^
LIVRE II - THIS VICIOUS CABARETPréludeLes quelques pages de ce prélude montre V, au piano, en train de chanter une chanson (dont on a la partition !). Il y évoque pèle-mêle le sort de Rose, la veuve d'Almond à qui l'on refuse une pension veuvage ; celui de Finch, décrit comme étant un policier "intègre" ; celui du Leader, qui se fourvoie dans des obsessions fascisantes et totalitaires qui finiront par le perdre ; et enfin, celui d'Evey, jeune fille paumée qui va devoir grandir plus vite que prévu !
Chapitre I : The Vanishing (5 janvier 1998)Evey interroge V, pensant qu'il pourrait être son père. Celui-ci décide alors de lui faire une surprise : il lui met un bandeau sur les yeux, la conduit dehors et lui révèle que son père est mort. Et abandonne Evey toute seule dans la rue ! Elle vient d'être chassée du Paradis ! Que va-t-elle bien pouvoir faire par elle-même ?
Chapitre II : The Veil (sans date, probablement le 5 janvier 1998)Rose Almond assiste aux funérailles de son mari et on suit, dans ses chapitres, ses pensées. Où elle constate qu'elle est toute seule. Sans le sou. Sans ami, ni rien.
Roger Dascombe, l'animateur radio (le chef de la propagande que l'on avait vu au début de la série, quand Prothero faisait encore de la radio avant de devenir un légume), est très amical avec elle : il détestait Almond et semble vouloir, en draguant ouvertement Rose, prendre sa revanche sur le défunt chef du Doigt.
En parallèle, nous suivons les premiers pas - sous une pluie battante - d'Evey qui essaye de se cacher, d'éviter les omniprésentes voitures de police, bref qui vit physiquement ce que Rose ne ressent - pour le moment - que moralement. Les deux femmes sont pour le coup en miroir l'une de l'autre.
Finalement, Rose - qui se dégoûte - va accepter l'invitation à dîner de Dascombe... car maintenant que Derek est parti, il va falloir qu'elle se débrouille toute seule...
A noter que dans ce chapitre, V récupère - après avoir lourdé Evey - une vieille affiche de film où apparaît la femme qui le faisait pleurer dans le chapitre I.XI (Valerie), qui décidément semble être la seule faiblesse de notre héros ^^
Chapitre III : Video (23 février 1998)V investit la Tour Jordan où se trouvent les émetteurs radio et télé du pays. Il tue plein de gens au passage. Rentre dans le studio d'enregistrement. Menace les salariés présents avec une ceinture d'explosifs et les fait sortir un à un, tous, sauf Roger Dascombe...
... qu'il force à diffuser une K7 vidéo sur toutes les chaînes...
... et la séquence se termine sur le "visage" de V, à la télé, qui salue Londres ^^
Chapitre IV : A Vocational Viewpoint (23 février 1998)Dans cette séquence très imagée, V rend responsable la population anglaise de l'horreur du régime en place, en rappelant que - grosso modo - toujours
"le mal triomphe par l'inaction des gens de bien" (Edmund Burke) et que des tarés criminels, des bandits, comme Hitler, Staline, Mussolini ou Adam Susan, le Leader, sont arrivés acclamés par la population ! Que leurs ordres déments ont été acceptés et suivis par le plus grand nombre, que des chèques en blanc leur autorisant à jouer avec des technologies dangereuses et mortelles (comme la bombe atomique) leur ont été signés...
... et que V, bien que déçu, laisse à la population un délai de 2 ans pour rétablir le tir !
En parallèle, les troupes armées du régime en place pénètrent le bâtiment, rentrent dans le studio d'enregistrement et... abattent V !
Chapitre V : The Vacation (non daté, mais se réfère partiellement à des événements du 23 février 1998, partiellement à des événements postérieurs)Le remplaçant d'Almond à la tête du Doigt, Peter Creedy est satisfait de lui-même. Il explique à Finch de la police criminelle qui est arrivé sur les lieux, comment ses gars ont descendu V...
... sauf qu'en enlevant le masque du terroriste, il s'avère qu'il ne s'agit que de Roger Dascombe avec le costume de V et que le vrai V est en fuite !
Finch braille sur Creedy en le traitant, grosso modo, de con incompétent. Creedy lui réplique méchamment qu'il a certainement perdu la raison depuis que ce docteur qu'il sautait (Dr. Delia Surridge) est morte ^^ Et Finch tire une droite à Creedy... et se retrouve en congés d'office ^^
Evey, quant à elle, a trouvé refuge chez un homme plus âgé (Gordon), qui semble gentil (et qui est dans divers trafics) avec elle (YURK !).
Chapitre VI : Variety (8 mars 1998)Gordon et Evey sont au cabaret et regardent des spectacles de music-hall, un peu épicés (avec une troupe de danseuses, les Martinettes). Un certain Ally Harper, un bandit écossais, avec qui Gordon semble être en affaires, va leur causer avec son accent incompréhensible (surtout en VO) ^^
On va voir aussi dans le cabaret, Rose Almond (dont il est précisé que le second homme a été tué... Roger Dascombe) qui voit sa carte bancaire refusée...
Creedy, le chef du Doigt, est présent. Il est interpellé par Robert, un vieux gangster, qui tente de lui rappeler que sa vieille mère ne doit pas partir dans un "hospice gouvernemental", qu'il avait un accord avec Almond... Le ton monte et Creedy explique que l'accord ne tient plus et que sa mère doit être "relogée". Robert sait qu'il s'agit d'un programme gouvernemental d'extermination des personnes âgées et... Robert se lève et souhaite que la bombe n'ait pas ratée Londres et que tout le monde soit mort ! Il rappelle que personne ne devrait avoir à vivre comme ça ! Et se fait rouer de coups et battre à mort par les fascistes présents dans le club... au terme d'une séquence particulièrement intense...
Chapitre VII : Visitors (15 avril - 11 juin 1998)Evey et Gordon se sont mis en couple (DOUBLE YURK ! C'est à peu près aussi dégueulasse que Donna Troy et Terry Long dans les New Titans). Mais quelques mois plus tard, Gordon - au terme d'une transaction qui a du mal tourner - se fait tuer par Ally Harper à son domicile (il se fait refroidir à coup de sabre ^^).
Chapitre VIII : Vengeance (non daté)Evey se rappelle toutes les personnes qu'elle aimait et qu'on lui a enlevé dans sa courte et jeune vie : sa mère, son père, V et Gordon. Dans la maison de Gordon, tout lui rappelle l'amour qu'elle éprouvait pour lui. Et elle tombe sur son revolver...
... elle s'en saisit et va attendre au Kitty Kat Keller (le club du chapitre II.VI) qu'Harper arrive pour le tuer. Dans son attente, elle est surprise par Rose Almond dont c'est le premier soir... en tant que danseuse.
Finalement, alors qu'Evey est sur le point d'ouvrir le feu sur Harper, elle est attrapée par un policier et sombre dans l'inconscience...
Chapitre IX : Vicissitude (non daté)Evey rêve. Elle rêve qu'elle est dans la Galerie des Ombres et qu'elle doit se préparer pour aller à une fête. Elle voit son père. Puis Gordon. Puis sa mère. Elle assiste ensuite à un spectacle de Mr. Punch (l'équivalent de Guignol en Angleterre) où Mr. Punch est incarné par V. Elle a peur. Prend la fuite. Et est rattrapée par V et...
... se réveille dans l'une des geôles des fascistes !
Chapitre X : Vermin (non daté)Evey est en taule car elle est suspectée d'avoir tenté de tuer Peter Creedy, le patron du Doigt. De même, ses geôliers savent qu'elle est la complice de V.
En parallèle, elle subit des tortures et des humiliations (on lui rase la tête, notamment), avant d'être renvoyée en cellule où un rat l'attend et... une lettre rédigée sur du papier-toilette qu'elle a trouvé à l'intérieur d'un petit trou creusé dans le mur...
Chapitre XI : Valerie (non daté)Ce chapitre met en parallèle la lecture de la lettre trouvée et la routine (tortures & interrogatoires) que subit Evey en détention. Comme si le souvenir et la lecture de cette lettre permettait à Evey de ne plus être tout à fait là au moment d'être soumise à la question...
... il s'agit d'une lettre écrite par une femme. Qui a été jetée par ses parents en raison de son homosexualité et est devenue une actrice. Qui a eu du succès. Qui a été amoureuse et a eu toutes les roses qu'elle voulait (encore le motif de la rose, omniprésent dans la série). Avant d'être arrêtée, dénoncée par sa compagne (qui s'est pendue dans la foulée), en tant qu'homosexuelle, et internée. Elle explique qu'elle a été soumise à des vexations et à des humiliations (on lui a rasé la tête), on l'a droguée et elle est sur le point de mourir...
... mais elle n'a jamais été infidèle à elle-même, elle a été heureuse, elle espère que la personne qui lira cette lettre s'en sortira et que les choses iront mieux - un jour dans le monde - et qu'il y aura des roses pour tout le monde...
Et c'est signé Valerie.
Et la lettre de Valerie a transmis sa force à Evey et lui a permis de tenir, jusqu'au chapitre suivant...
Chapitre XII : The Verdict (non daté, dernier chapitre - par ailleurs - a avoir été publié dans Warrior, en noir et blanc)On propose à Evey de signer une déposition par laquelle elle met sa participation aux projets terroristes de V sur le compte des manipulations mentales et des sévices physiques, sexuels et mentaux qu'il lui avait fait subir...
On lui propose de signer ça et d'éviter la mort. Peut-être qu'on pourrait même la recycler, plus tard, après la prison, dans le Doigt ? Avec les autres nervis ?
Et Evey, au péril de sa vie, pour demeurer fidèle à elle-même, à la manière de Valerie dans sa lettre... refuse.
Et son gardien, au moment de l'emmener au peloton d'exécution, lui indique qu'elle est... libre.
Le reste de la séquence nous montre une Evey, amaigrie et affaiblie, qui parcourt une prison entièrement vide... faite de décors de théâtre ! S'aperçoit que les gardes étaient pour la plupart des mannequins, que le rat de sa cellule est dans une cage et qu'elle était...
... dans la Galerie des Ombres ! Où elle est accueillie par V !
Chapitre XIII : Values (non daté)Evey est fâchée (le mot est faible) contre V. Elle l'accuse (et elle a pas tort) de l'avoir torturée, battue, humiliée... V lui rétorque, en gros, qu'il l'a libérée !
Finalement, elle a une violente crise d'asthme et V la pousse jusque dans ses derniers retranchements : il a voulu qu'elle se libère en la confrontant à un choix terrible... la mort physique ou celle de ses idéaux, ses principes, son intégrité ! Et ayant surmonté ce terrible choix, elle s'est libérée par la même occasion (tordu le V ^^) !
Il l'emmène sur le toit de la Galerie des Ombres, à l'extérieur, sans bandeau sur les yeux... Il lui fera dorénavant entièrement confiance. Elle aussi à surmonter ses peurs, comme lui même, 5 ans auparavant quand il s'est évadé de Larkhill...
Chapitre XIV : Vignettes (3 septembre 1998)A la police criminelle, Finch glande en lisant Arthur Koestler, pendant que Dominic se demande bien où a pu passer V... Cela fait 6 mois qu'il n'a plus fait parler de lui (depuis la mort de Roger Dascombe et la diffusion de sa vidéo) ! On apprend aussi que Finch a reçu des produits pharmaceutiques qu'il avait commandé...
A la Galerie des Ombres, les cheveux d'Evey ont commencé à repousser. Elle remercie V pour ce qu'il a fait pour elle mais avoue être déçue que Valerie et sa lettre n'existent pas...
... et l'on apprend que Valerie est l'actrice des chapitres I.XI et II.II, Valerie Page qui était à Larkhill en même temps que V... Si lui était dans la cellule 5 (V), elle était dans la 4. Et il a eu la lettre de Valerie comme Evey l'a eu. Et cela lui a donné la force de survivre. Et depuis, il célèbre sa mémoire en lui dédiant une pièce à elle dans sa demeure, ainsi qu'une pièce où il cultive des roses...
... ces mêmes roses qu'il laisse sur le lieu de ses meurtres. Et il propose à Evey d'en cueillir une pour qu'il tue Ally Harper : chose qu'Evey refuse de faire, préférant laisser grandir la rose ^^ (et c'est en ça qu'Evey, même plus mure qu'au début, diffère de V : elle refuse de tuer).
Nous apercevons également brièvement Rose Almond en danseuse de cabaret, désespérée... et Adam Susan, le Dictateur, surpris par son grand ordinateur (Fate, le destin) qui affiche sur son écran... qu'il l'aime ^^
LIVRE III - THE LAND OF DO-AS-YOU-PLEASEPrologue (5 novembre 1998)Pour le premier anniversaire de sa première apparition, V a une petite surprise. Tout en "dirigeant" l'Ouverture de 1812 de Tchaïkovski, V déclenche les explosifs qu'il a placé dans les bâtiments de l'Oeil et de l'Oreille ainsi que dans la Tour Jordan...
... tuant le patron de l'Oreille, Brian Etheridge, mais désactivant surtout les micros, les caméras de vidéo-surveillance et privant le gouvernement en place de la possibilité de diffuser quoi que ce soit...
... mais V arrive, quant à lui, à diffuser et il encourage les londoniens, pour fêter l'anniversaire de la Conspiration des Poudres (Guy Fawkes), de faire ce que bon leur semblent, en l'absence du regard et des oreilles de leur maîtres !
Chapitre I : Vox Populi (6 novembre 1998)Creedy se rend compte qu'Adam Susan perd sérieusement les pédales. Rose Almond profite de la relative confusion générale pour acquérir un flingue auprès d'Ally Harper.
Mais surtout ce chapitre s'intéresse aux réactions des londoniens : il s'ouvre sur une séquence amusante, dans laquelle une petite collégienne à vélo observe dubitative l’œil mort de la caméra de vidéo-surveillance de sa rue... avant d'éclater de rire et de commencer à proférer des gros mots et de taguer au sol
Bollocks ("Mes couilles") et au mur le symbole de V ^^
Des mesures en revanche sont prises contre les pillards : ils doivent être exécutés sommairement. C'est ce qui arrive à une jeune femme prise en train de voler de la nourriture et qui se fait descendre par les types du Doigt sous le regard de la foule...
... qui, de silencieuse, commence maintenant à protester, mettant en difficulté les quelques policiers (la page d'ailleurs est exemplaire de beauté noire).
Chapitre II : Verwirrung (6 novembre 1998)Londres sombre dans le chaos. Et Creedy prévoit un coup d'état. Il embauche Ally Harper, le brigand, pour mettre à sa disposition des types (des voyous) pour prêter main forte aux hommes du Doigt.
De son côté Helen Heyer, la femme du patron de l'Oeil, Conrad Heyer, veut également intriguer pour installer son mec dans le fauteuil du Leader qui, lui, s'enfonce de plus en plus dans la folie.
Tout cela a une ambiance très "fin de partie".
Et Finch a disparu.
Et V... V a accès à l'ordinateur du gouvernement, Fate.
Chapitre III : Various Valentines (7 novembre 1998)Creedy essaye de convaincre Dominic, l'adjoint de Finch, de soutenir un "éventuel coup", ce que Dominic s'empresse de refuser !
Harper s'amuse bien dans ses nouvelles fonctions de milicien mais il est approché par Helen Heyer qui lui propose de le payer plus que ne le rémunère Creedy si, le moment venu, il soutient Conrad et non pas Creedy ^^
Rose danse toujours dans le cabaret dénudé.
Et Finch s'est fait conduire en taxi jusqu'aux ruines du camp de Larkhill... Il pense qu'il y a quelque chose à trouver ici !
L'épisode se termine par Adam Susan qui découvre que son ordinateur bien-aimé a été piraté par V et perd le peu de raison qu'il lui restait encore !
C'est dans ce chapitre que l'on retrouve l'image des dominos.
Chapitre IV : Vestiges (7 novembre 1998)Finch a ingéré du LSD sur l'ancien site de Larkhill et se met à halluciner. Il se repenche sur ce qu'il était avant l'arrivé des Norsefire (et il était visiblement homosexuel). Sur ce qu'il a accepté de faire parce qu'on le lui avait dit (accepter de taire sa sexualité, accepter que ses amis, ses amants soient emmenés dans des camps, accepter la politique de purification ethnique initiée par le Leader avec laquelle il n'avait jamais été réellement d'accord)...
... mais tout cela n'était-il pas mieux que le chaos (le même genre de question que celle que pose Robert dans le chapitre II.VI) ? C'est, néanmoins, un Finch qui accepte totalement sa culpabilité que l'on retrouve, répondant que même le chaos et la destruction totale auraient mieux valu que ce qu'ils vivent...
... puis il hallucinera sur Surridge (son ex-amante) qui a été également Médecin Chef et expérimentatrice à Larkhill. Il se mettra à la place de V et "revivra" son évasion. Pour au final se retrouver à déambuler tout nu sur le site de Stonehenge, au terme, là encore, d'une séquence mémorable !
Chapitre V : The Valediction (7 novembre 1998)Evey, sentant que quelque chose se prépare, demande à V de lui expliquer ses plans. A la place de cela, V lui fera une visite guidée de la Galerie des Ombres, jusqu'au sous-sol qui donne sur une ancienne station de métro. Là, il a à quai une rame de métro remplie de fleurs et d'explosifs !
Le dénouement final est proche !
Chapitre VI : Vectors (9 novembre 1998)Un chapitre exemplaire et fascinant du point de vue de la construction scénique. Nous suivons, essentiellement, Rose Almond et Finch alors que - pions sur l'échiquier - ils vont tous deux à la rencontre de leur destin...
... la première en préparant ses affaires, en embarquant dans son sac sa photographie de mariage ainsi que son revolver ; le second en revenant de Larkhill vers Londres à pied et en s'engouffrant dans une station de métro désaffectée !
En parallèle, Adam Susan est toujours aussi fragile et Creedy, Ally Harper et Helen Heyer continuent à comploter sous l’œil amusé de V qui les observe via sa propre vidéo-surveillance ^^
Chapitre VII : Vindication (non daté, 9 novembre 1998)Finch débarque dans la station de métro donnant sur la Galerie des Ombres. Il se confronte à V qui, étonnamment lent, se fait mortellement blesser par l'arme de service du policier. Néanmoins, il ne s'effondre pas, proclamant que
les idées sont à l'épreuve des balles !
Au même moment, lors d'un bain de foule, Adam Susan se fait exploser la cervelle par Rose Almond au motif, notamment, que son Derek est mort pour lui et qu'il ne sait même pas qui elle est, elle !
C'était elle la "Rose" spécialement cultivée pour le Leader ^^
A la fin du chapitre, Finch s'aperçoit que même si V ne s'est pas effondré, il a perdu une quantité impressionnante de sang... du coup, pour lui, il est mort !
Chapitre VIII : Vultures (non daté, 9 novembre 1998)Creedy annonce publiquement la mort du Leader et que le pouvoir est dorénavant, dans l'interim, exercé par le Doigt, c'est à dire par lui-même ^^
Au même moment Finch révèle aux autres membres du Gouvernement qu'il a tué V mais qu'il ne sait plus bien où (il refuse, en fait, de révéler le lieu).
Creedy ne dirige le pays que brièvement : il est assassiné par Harper. En effet, celui-ci était mieux payé par Helen Heyer qui était, en plus, son amante ^^
Et à la fin, V retrouve Evey et s'effondre à ses pieds, mourant...
Chapitre IX : The Vigil (non daté, 9 novembre 1998)V révèle ses dernières volontés à Evey et lui annonce qu'il faut qu'elle découvre qui se cache sous son masque
sans jamais qu'elle ne voit le visage qui y est dessous (elle ne l'a jamais vu, nous non plus).
Puis, il meurt.
Dubitative, Evey pense d'abord qu'il s'agit de son père. Puis, abandonnant cette idée, se dit que cela doit être quelqu'un d'autre. Puis... se dit que si V devait s'incarner en quelqu'un, il en deviendrait plus petit...
... et comprend que V, c'est elle, c'est elle qui doit reprendre le flambeau !
Là encore, la séquence est magnifique.
Chapitre X : The Volcano (9 novembre 1998)Londres est ravagée par le chaos. Les Norsefire ne contrôle plus rien. Et Finch décide de partir et conseille à Dominic de faire de même...
Chez les Heyer, Conrad découvre qu'il est cocu ! S'en apercevant, il se bagarre avec Ally Harper qu'il tue, non sans avoir été d'abord mortellement blessé par Harper lui-même et son rasoir... Bref, avec Conrad et Harper, s'envolent toutes les chances d'Helen Heyer de prendre le contrôle du pays !
Le chapitre se termine sur l'apparition de V (Evey), devant la foule rassemblée, qui encourage les gens à prendre en main leur destin. Et la foule charge les troupes du Doigt qui sont rapidement débordées...
... et Evey en profite pour enlever Dominic, le jeune adjoint de Finch !
Chapitre XI : Valhalla (10 novembre 1998)Evey place le corps de V (avec son masque sur le visage, visage qui ne sera donc pas révélé) dans la rame de métro piégée et déclenche cette dernière vers sa destination finale... à Downing Street, le siège du Gouvernement ! Qui est détruit dans une gigantesque explosion !
Puis, elle va réveiller Dominic et se présente à lui comme V l'avait fait à elle au début de l'album.
La série se termine sur Finch qui quitte la ville et croise une bande de clodos au milieu de laquelle il y a Helen Heyer. Cette dernière tombe dans les bras de Finch et lui propose de reconstituer quelque chose, pour reprendre le contrôle et... il refuse ^^
BONUS - VERTIGO & VINCENTIl s'agit de deux historiettes, publiées dans Warrior, et qui n'ont pas d'intérêt réel pour le reste de l'album, raison pour laquelle elles sont rééditées à part. Il est à noter que la seconde (Vincent) n'est pas dessinée par David Lloyd mais par Tony Weare (qui a également légèrement participé aux chapitres II.V et II.XI).
Vertigo (non daté)Un type est interrogé par deux agents du Doigt qui veulent savoir s'il connait V. Le type ne sait rien. Pour s'amuser, ils le font marcher sur la corniche du dernier étage de l'immeuble où ils sont, pensant qu'il va s'écraser au sol... Heureusement, V est là pour remettre les pendules à l'heure !
Vincent (non daté)Vincent est le portier d'un bâtiment officiel. Il salue les gens qui rentrent et qui sortent. Dans ce bâtiment, il y a des archives que V est en train de fouiller : il y trouve un dossier sur Valerie Page qu'il récupère. Et en s'enfuyant du bâtiment, poursuivi par des gardes, V se fera... saluer par Vincent ^^
En gros, l'intérêt de "V for Vendetta" réside, à mon sens, dans la conjonction de plusieurs éléments.
On a, tout d'abord les immenses qualités graphiques de l'oeuvre. David Lloyd ne fait pas réellement l'unanimité, je sais, mais ses dessins confèrent à la bédé une ambiance très particulière qui y donne d'ailleurs un certain charme (charme totalement absent du film, pour la petite histoire).
Ensuite, l'histoire est celle d'un combat pour la liberté, d'une part (et on a la jouissance qui est celle de voir le bien triompher sur le mal et que les méchants vont obtenir - et obtiennent - leur juste rétribution), mais est, d'autre part, particulièrement ficelée et mise en scène. C'est quasi du cinéma sur certains chapitres (III.VI et III.VII, par exemple) ! Et puis, on se rend compte que RIEN n'a été laissé au hasard... Quand j'ai compris, finalement, que la rose d'Adam Susan c'était... Rose Almond, elle-même, j'étais sur les fesses ^^ L'image des dominos (III.III) qui se mettent en place, ignorants du rôle de tous les autres, pour au final s'effondrer et former un dessin final (le V de V ^^) est assez représentative de toute l'oeuvre : on s'est fait, nous aussi, avoir et on a rien vu venir !
Enfin, "V for Vendetta" nous parle aussi du totalitarisme mais sous un angle assez surprenant et inhabituel. Il ne s'agit pas de saluer la bravoure d'hommes ou de femmes qui donnent leur vie à la résistance (comme dans la fiction "V", par exemple, celle avec les gros lézards) ou de raconter le parcours des innombrables victimes de la barbarie totalitaire (comme dans un récit de déporté sur la déportation) mais, au contraire, de montrer la barbarie du côté des bourreaux !
Et ils y passent tous, à la moulinette : en premier lieu, Adam Susan, le fasciste exalté chantre de la purification ethnique qui s'avère être... un malade.
Et c'est ce malade que tous les autres vont suivre. Certains car ce sont des gangsters ou des nervis (comme Creedy), d'autres par faiblesse et obéissance aux ordres (comme Finch, qui est plutôt un brave gars au fond, mais qui s'est retrouvé à servir [avec tout ce que cela implique comme horreurs et démissions quotidiennes] un régime qu'il ne cautionne pas).
Et pour avoir lu suffisamment de livres sur la question, on s'aperçoit que Moore a voulu faire du monde de "V for Vendetta", la transposition de l'idéal-type du totalitarisme, c'est à dire du nazisme, dans l'Angleterre de la fin du XXème siècle.
Et on retrouve dans les portraits de bourreaux et de dirigeants que l'on voient dans "V for Vendetta", les mêmes traits que pour les chefs nazis : l'obnubilation pour le chef (qui s'avère être une déception, comme s'en aperçoit Rose au moment de le tuer), la soumission absolue aux ordres - fussent-ils criminels - de ce même chef (comme s'en rend compte, finalement, Finch) et le peu de conviction de l'ensemble (dès qu'Adam Susan semble-être sur la touche, la guerre [meurtrière] de succession est déjà lancée ^^).
Et c'est cette banalité du mal qui est glaçante : à cette échelle, on ne commet pas le mal parce qu'on veut le commettre, on le commet car on nous le demande. Et c'est ainsi que des millions d'être humains finirent dans une chambre à gaz... à cause d'un Eichmann qui voulait satisfaire une volonté qui n'était même pas la sienne à l'origine !
Les Norsefire sont taillés pareil : ils font le mal car on leur a dit de le faire. Il y a des sadiques mais c'est l'exception. Pour le reste, ce sont de petits êtres qui se sont accommodés de la vision d'un chef à défaut d'en avoir une de personnelle. Qui ont compté sur le confort lié à l'exercice de leur pouvoir et qui, quand V remettra en question cet ordre instable fondé sur la terreur, continueront à s'accrocher à ce même pouvoir... jusqu'au ridicule !
Car après les explosions qui ouvrent le Livre III, alors que l'Angleterre sombre dans le chaos et que clairement les Norsefire commencent à sous-estimer le pouvoir d'une foule en colère, la guéguerre ridicule de succession chez les Norsefire atteint son paroxysme ! Creedy et Heyer complotent pour être Leader à la place du Leader (avant même que celui-ci ne soit tué d'ailleurs ^^) alors qu'il n'y a plus grand chose à gouverner (voir plus du tout, comme dans les deux dernières pages où Helen Heyer propose à Finch de prendre avec elle la tête d'un gang de clochards ^^).
Le même phénomène s'est produit en Allemagne dans les derniers jours de la guerre : il s'agissait pour certains chefs nazis d'intriguer encore pour conserver un peu de pouvoir alors que l'Allemagne "libre" se réduisait à une peau de chagrin et que les villes de Berlin, Nuremberg ou Dresde n'étaient plus que des ruines !
Il est évident que "V for Vendetta" est d'une grande intelligence sur ce point.
Aussi, Moore en nous permettant de "vivre" l'expérience qu'a vécu V à Larkhill sous trois angles (quatre si l'on compte la fin tragique de Valerie), nous montre un panel possible de réactions et en quoi un même homme, confronté ou non à une expérience traumatisante (l'internement dans le camp, en l'espèce, expérience idéal-typique du traumatisme poussé à son paroxysme), va devenir un policier zélé (c'est le cas de Finch qui, lui aussi, aurait pu se retrouver à Larkhill, et qui - sans se salir ouvertement les mains - cautionne le régime dans lequel il évolue) ou le plus grand ennemi du régime (d'ailleurs, ce qui permet à V de survivre à Larkhill, c'est la force qu'il puise et trouve dans la lettre de Valerie).
Evey a aussi le même parcours avec son faux passage dans un camp d'internement : de la jeune fille qui s'est accommodée du monde pourri dans lequel elle vit, il ne reste rien... Seul la barrière du meurtre demeure infranchissable pour Evey qui est là pour prolonger l'action de V après sa mort (qui disparaît de la scène, un peu comme le Shérif d'un Western qui quitterait la ville après l'avoir nettoyé des voyous et des brigands).
La différence V / Evey quant à leur réaction suite à leur internement répond quelque peu au Killing Joke du même Alan Moore où plusieurs protagonistes soumis à un trauma conséquent vont avoir des réactions très nettement différentes.
Banalité du mal, force de l'idéalisme, éthique de l'individualisme, autant de concepts mis en scène dans une oeuvre graphique parfaitement maîtrisée et parfaitement inoubliable !
Le seul bémol, peut-être, est le relatif manque d'humanité de V... du moins aucune humanité, aucune faille n'est exprimée dans le cadre de la bédé... à l'exception de la scène où V visionne un film de Valerie Page et semble pleurer à travers son masque (I.XI). Mais n'est-ce pas tout le propos de V justement ? D'incarner une idée (de devenir la mauvaise conscience du siècle, l'avant-garde qui brise les fausses idoles et encourage les gens à prendre leur destin en main) et d'être totalement absorbé par cette dernière. Raison pour laquelle, il explique à Evey qu'elle doit comprendre qui il est sans regarder derrière son masque : appréhender l'idée en oubliant qu'un homme se cachait derrière celle-ci (III.IX).
Et la séquence où V "pleure" n'est-il pas le moyen pour Moore de nous dire "et pourtant, il s'agit d'un homme tout de même" ? Et que tous les inspirateurs, les modèles, Valerie Page ou V dans la bédé, ne sont toujours - au fond - que de simples êtres humains.
Et c'est peut-être ça le sens ultime : ne jamais se laisser leurrer par une idée que l'on aurait sacralisée. C'est le plus sur chemin vers le camp d'extermination. La "vision" d'Adam Susan en ce qu'elle était totalitaire y emmenait nécessairement. Prendre V au pied de la lettre conduit au même résultat. En revanche, s'inspirer d'autrui de manière à penser et à agir par soi-même est ce qui permet à l'esprit humain, en dépit de son évidente médiocrité, de s'élever et d'accomplir des choses louables. Valerie libère ainsi V qui va évoluer selon un schéma de fonctionnement que l'actrice n'aurait certainement pas cautionné. De même pour V par rapport à Evey : cette dernière ne tuera pas et V le sait, car le temps des tueurs est révolu !
Mais bref ! Je pourrais encore parler TREEEEES longtemps de cette bédé tellement V est, à mon sens, une oeuvre quasi-infinie. Du très grand Moore. Et un must-read absolu.
Ça a été édité à de nombreuses reprises en France, notamment en un seul volume chez Urban Comics. Et comme je le disais en début de chronique, ça se trouve même assez facilement en bibliothèque municipale. Si votre BM ne l'a pas, suggérez-leur de l'acheter au plus vite !
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