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The Burden of Legacy [Conner Kent]

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JLA
The Burden of Legacy [Conner Kent] Ven 27 Jan 2017 - 21:55

" Oui maman. "

Tu étais au téléphone et tu regardais le ciel. Le ciel bleu et éclatant de Metropolis, la cité de demain, la cité de l'espoir, la cité des Kryptoniens. Ah, quel jouissance puissante devait-on ressentir à filer dans les cieux, sentinelle indestructible et imperturbable catalysant l'aspiration de millions de citoyens anonymes ! Quel sensation grisante cela devait être de pouvoir embrasser la totalité de ce paysage urbain immaculé depuis les nuages et de se dire que tout cela était possible grâce à nous !

Oh, mais cela, ce n'était pas ton cas. Oh, toi, tu étais plutôt de la masse des anonymes. Tu étais une petite paire de mains comme tant d'autres, une paire de mains qui se satisfaisaient de peu.

" Oui maman. Je l'ai vu. Il est passé hier. Il tient un dojo en ville. "

Là, tu parlais de Richard Dragon. Une sommité ! Le martialiste le plus abouti du monde ! Celui qui aurait très bien pu être ton père, si les circonstances n'avaient pas été les mêmes !

" Oui, il m'a demandé. J'y réfléchis. "

Oh, il était question d'enseigner les arts martiaux, c'est bien cela, petit scarabée à tablier ? Oh, pourquoi donc hésiter, petit scarabée ? Qu'est-ce qui pouvait bien t'attirer dans le fait de servir la plèbe de Metropolis dans un Diner miteux ? Les pourboires ? La drague lourde ?

" Oui ... Je ... Certes. Maman, je dois te laisser. C'est la fin de ma pause. "

Ah, quinze minutes, voilà un laps de temps bien court, n'est-ce pas ? Oh, tu aurais aimé pouvoir partir, hein ? Pouvoir être libre, affranchie de tout cela, de cette affreuse tenue de serveuse et de ce tablier, pouvoir courir les cheveux au vent ! Oui, être libre !.. Et pourtant, voici que tu rerentres dans le Diner, résignée à travailler. Voilà ce qui motive ce visage neutre, n'est-ce pas ?

" ...T'fais l'chaud cousin ? T'veux t'la mettre ? "

" Messieurs, je n'ai rien contre vous en particulier, mais ... "

" R'gardez comment qu'il parle l'gars ! Genre y s'prend pour pas d'la merde ! "

Et voilà ! Quinze minutes de pause, et déjà une rixe ! Oh, il semblerait que tu ne puisses faire partir le chaos bien longtemps, hein ? Oh, pauvre, pauvre Batgirl ... Oh, il ne sert à rien de détourner le regard en prenant une commande ... Ces clients n'ont de toutes façons plus d'yeux que pour la bagarre à venir, ils n'ont plus le coeur à passer une commande !

" Hey, Kevin, dégage d'ici, toi et tes gars ! "

Oh, voilà donc ton patron qui intervient ! Oh, quel courage pour un irlandais bedonnant, surtout au milieu du coin le plus mal famé de Metropolis ! Tout ça pour s'empêtrer dans une affaire qui ne le regarde pas ... Après tout, cet homme assis, il pue l'agent secret à plein nez, et ses agresseurs ... Oh, des petites frappes, à n'en pas douter ! Voilà qui ne peut se régler que d'une seule manière !

Et bien voilà ! Ledit Kevin, ce gangster noir à casquette, qui lève sa veste et montre son revolver !

" Ferme-là, tu pourras pignoler ta petite copine quand on lui sera tous passé d'ssus, mais là, ils nous a manqué de respect ! "

" Messieurs, il n'est nul besoin d'en arriver là. "

Oh, qu'est-ce qu'il parlait bien, ce bonhomme qui puait l'agent secret. Bon, il était en jean-survêt', mais on ne pouvait pas tout avoir, non ? Hein, qu'en dis-tu ?

Mais que fais-tu, Cassandra ? Qu'est-ce que cela ? Pourquoi poser ce carnet en t'excusant ? Pourquoi t'emparer de cet extincteur ? Oh, mais voilà la justicière à l'oeuvre ! Combien de vertèbres briseras-tu aujourd'hui ?

" Hey, le nem ! Qu'est-ce que tu fous ? T'veux t'faire sauter ? "

" Payez tous vos consommations, et sortez. "

Oh, mais c'est qu'elle a du courage ! Oh, j'aime ça, Cassie !

" Mademoiselle, il ne sert à rien de ... "

" Chut. Ça vaut pour vous aussi. "

Voilà l'un des compagnons de Kevin qui revient à la charge, avec un couteau qu'il cherche à rendre impressionnant. Oh, un superbe couteau-papillon qui virevolter dans les airs !

" T'veux faire ta chaudasse, hein ? "

Oh, mais que fais-tu avec cet extincteur ?..

...

Et Cassandra rinça toute la fantaisie du bonhomme dans un nuage de neige carbonique. Finis, les bêtises. C'était à croire que c'était la journée ! Travailler pour payer ses études permettait d'avoir un certain sens des réalités. Un sens des réalités que les malfrats de ce ghetto n'avait pas ... Ni les crétins qui venaient soit-disant "manger en paix". Une illusion, ça, comme les narrations alternatives ! De la poudre aux yeux !

" C'est un extincteur. " balança Cassandra avec une neutralité de ton confondante, " Je chauffe quoi avec un extincteur ? "

Kevin pense à dégainer son arme, ses muscles ont commencé à se contracter en ce sens, mais Cassandra l'a vu avant même qu'il n'y pense. Lui aussi se prend une solide rasade de neige sous pression.

" Non. " marqua-t-elle, avant de récupérer l'arme et de vider le barillet alors qu'il toussait en jurant, principalement à l'encontre de la carrière de prostituée de Lady Shiva. Tout ce que pouvait évoquer la mère de Cassandra ... " Confisqué. "

Le plus calme, à sa table, simple "victime" prise à partie, leva le doigt pour dire quelque chose.

" Posez votre P226 sur la table. " rétorqua Cassandra sans se retourner, invitant la surprise sur la visage du client en survêtement.

" Mad... "

" Chut. L'arme sur la table. Confisquée aussi. "

" Je suis agent fédéral, jeune femme ! " craqua-t-il " Je ne vous dois rien ! "

L'ancienne Batgirl en tablier se retourna pour le gifler de sa main libre. Un simple rappel à l'ordre accompagné d'un regard autoritaire ... puis elle tapota sur sa note.

" Douze dollars. " indiqua-t-elle alors qu'il se massait la joue.

Puis sa main fondit comme l'éclair pour s'emparer de l'arme de service de l'agent et de son porte-monnaie. Elle neutralisa l'arme et entreprit de sortir les douze dollars après avoir déposé l'extincteur.

" Hey ! " réagit le fédéral en tendant la main pour récupérer son portefeuille.

Cassandra se détourna simplement, comme une grande sœur qui empêchait son frère de récupérer un jouet, le tout sous les yeux ébahis de l'assistance. Elle sortit les douze dollars, puis lui restitua son bien.

" Maintenant, sortez tous ! " intima-t-elle aux belligérants, " Et ne refaites jamais ça ! "

Penauds, ils se levèrent et déguerpirent, certains des malfrats en pestant, toujours sur la vie sexuelle de Cassandra ou celle de sa génitrice. L'étudiante s'en souciait comme d'une guigne et alla plutôt replacer l'extincteur sur son socle, avant de revenir à la table où elle s'apprêtait à prendre une commande.

Et ainsi donc, elle récupéra son carnet, retrouva son sourire et claironna de sa plus charmante voix un :

" Alors, je vous sers quoi ? "
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Re: The Burden of Legacy [Conner Kent] Sam 4 Fév 2017 - 10:33

Metropolis. La Cité de Demain.

Conner n'avait jamais réellement prêté attention à ce surnom jusqu'à ce jour. Quand on passe le plus clair de son temps à voir - et à marquer de ses phalanges - des choses plus folles les unes que les autres, une ville un peu en avance sur son temps perd de son cachet. De là venait peut-être qu'il n'arrivait pas à savoir ce que Kal lui trouvait. Malgré ses origines extraterrestres, Clark avait eu une enfance normale - excepté ses pouvoirs - dans une petite ville du Kansas. Il n'y avait rien d'étonnant à ce que l'idée d'aller s'installer dans une mégalopole ait eu sur lui un tel impact - au point de la faire sienne. Metropolis était devenue la ville de Superman, qu'importe combien ses adversaires devaient détester cette appellation. La seule idée que Lex Luthor doive grincer des dents chaque fois qu'il l'entendait emplissait Conner d'un sentiment de satisfaction.

Il s'était toujours dit qu'un jour viendrait où il devrait reprendre le flambeau. La place de Superman était prise, mais ne le resterait pas éternellement. On l'avait créé pour s'en emparer ; si elle n'était plus à pourvoir le temps qu'il arrive à maturité, qu'on le sorte de son bocal, ça n'en était pas moins la preuve que tout pouvait arriver. Rien ne dure éternellement - pas même les dieux vivants. Pas même Superman.
S'il était loin de souhaiter qu'il arrive malheur à Clark - contrairement à ce qu'aurait voulu sa programmation -, ce dernier vivait une vie dangereuse, et était prêt à tout sacrifier pour sauver des vies. Viendrait le jour où le prix serait trop cher à payer même pour lui. Et même sans envisager une issue fatale, il ne pourrait pas faire ça toute sa vie ; tout kryptonien qu'il soit, le temps avait emprise sur lui.
Et puis il y avait Loïs - avec tout ce que cela pouvait signifier. Elle avait beau connaître son secret, que ferait-il quand viendrait l'occasion de fonder une famille ? La Justice League était peut-être pour lui comme une seconde famille, Conner était peut-être pour lui comme un frère... Mais ils n'étaient pas sa chair et son sang. Pourrait-il continuer à enfiler ce costume - à se jeter dans la bataille - en sachant que c'était peut-être la dernière fois qu'il les voyait ? Cela n'irait pas sans son lot de remise en question.
Et selon sa décision, il faudrait être prêt.

Clark et lui n'en avaient jamais discuté ouvertement. Lors de leurs rares moments passés ensemble - il était un homme occupé, plus que n'importe qui sur cette planète - ils évitaient les sujets de discussion trop lugubres. Ceux-ci étaient peu pertinents pour se lier, et ils avaient encore du chemin à faire de ce côté. Et il n'avait de toute façon pas l'impression que l'Ange de Metropolis soit très pressé d'en parler - même si le connaissant, il devait déjà y avoir pensé.
Et ils avaient tant et si bien esquivé le propos qu'il n'était plus un héros désormais. Bien sûr, il avait toujours ses pouvoirs (il n'aurait pas voulu les enlever même s'il le pouvait) et, n'ayant jamais été très porté sur les costumes, n'avait pas eu à changer sa garde-robe... Mais si léger que soit le changement en apparence, il n'en était pas moins de rigueur. Quant à savoir à qui reviendrait l'héritage si Superman devait raccrocher la cape et les collants, la question restait encore en suspens.

Ce serait mentir de dire que ce n'était pas l'une des trop nombreuses choses qui lui faisaient questionner sa décision. Mais les causes de cette dernière n'étaient pas de celles qu'on peut invalider avec le temps. Il l'avait cru pour une partie d'entre elles, mais ces espoirs s'étaient rapidement révélés innocents de sa part. Et puisque reprendre l'affaire familiale n'était plus à l'ordre du jour, il convenait maintenant de savoir ce qu'il allait faire de sa vie. Attendre sa dernière année de lycée pour changer de voie n'était peut-être pas le choix le plus pertinent qu'il ait pu faire. Car ramené à la réalité des gens qui ne portent pas de blason sur le torse, force était de constater que le temps lui manquait.

Sur les recommandations de ses parents adoptifs, il s'était donc rendu à Metropolis pour voir quelles perspectives s'offraient à lui. Smallville était une bourgade au fin fond du Sunflower State, et ne disposait en tant que telle pas d'université. Il avait bien pensé arrêter là ses études, pourquoi pas reprendre la ferme quand Jonathan ne serait plus en mesure de s'en occuper - mais l'idée n'avait pas convaincu. Lui-même n'y croyait pas vraiment.
Peut-être parce qu'il espérait que les choses resteraient toujours comme elles étaient. Et donc à défaut d'un réel projet s'était-il rendu dans l'Illinois pour peut-être en trouver un. Savoir ce qu'il ferait l'année prochaine. Il y avait plus près - même si un demi-millier de kilomètres passent très vite quand on sait voler -, mais là-bas, Clark pourrait l'aider à s'installer. Lui montrer les ficelles.

Enfin ça, c'était à considérer qu'il puisse s'en occuper. Entre son travail officiel et son travail officieux, Clark avait à peine le temps de rentrer chez lui. Bien qu'il ait offert de l'héberger, ce qui fut apprécié à sa juste valeur, Conner se retrouvait ainsi livré à lui-même, une poignée de prospectus pour des établissements en vogue pour seuls guides dans la grande cité. Inutile de dire que ce n'était pas la meilleure manière de le convaincre de s'y mettre - mais il le ferait néanmoins.
Ce n'était pas comme s'il avait mieux à faire ; sa vie était désespérément vide depuis qu'il avait renoncé à ses activités. Tout le monde avait compris sa décision, et pourtant il se sentait encore coupable - avait l'impression de saboter la seule chose qui ait eu du sens à ses yeux. Ça lui passerait. Après tout, il n'y avait pas que pour lui que la sortie du lycée correspondait au moment d'abandonner ses rêves d'enfance.

Toujours est-il qu'avec ses absences répétées, Clark peinait à trouver le temps de remplir les placards - si bien qu'il n'avait pas fallu longtemps avant qu'il se décide à sortir. Tout être surhumain qu'il soit, il avait encore besoin de se nourrir, et n'avait pas souvent l'occasion de goûter à la palette gastronomique que proposait une ville comme Metropolis. Cependant, se réjouir à cette idée revenait à oublier deux facteurs - le premier étant son manque de finances (il n'avait que quelques poignées de dollars sur lui pour tout le séjour et ne voulait pas dépendre de Clark), et le second son agoraphobie.
Il n'était pas réellement agoraphobe - il n'avait jamais eu d'attaque de panique : le monde pouvait l'en remercier -, mais son passé à Cadmus l'avait rendu suffisamment misanthrope pour qu'il évite les lieux bondés autant que faire se peut. Hélas, il dut rapidement se rendre à l'évidence qu'à Metropolis, tout est toujours noir de monde, même quand on fait exprès d'esquiver l'heure de pointe. C'est tout naturellement qu'il se mit donc en quête des lieux les moins fréquentés - ce qui, incidemment, l'éloignait d'autant des quartiers étudiants où il était censé aller. Les choses sont bien faites, parfois.

Superboy était loin d'être aussi ignorant qu'il l'était quand on l'avait sorti de sa capsule il y a de cela quelques années. Il avait appris à voir le monde pour ce qu'il était, et non uniquement les paquets de données qu'on avait téléchargé dans sa mémoire. Pour autant, cela ne voulait pas dire qu'il ne restait pas affreusement mal renseigné sur certains points.
N'importe quel garçon de son âge normalement constitué - soit qui ne serait pas né d'une éprouvette contenant l'ADN de l'être le plus puissant de la Terre, ce qui constituait selon ses estimations une bonne partie de l'humanité - aurait su dans quoi il s'aventurait. Car s'il savait ce qu'était une rue mal famée en théorie, il n'en avait jamais vu de ses propres yeux - et eut à ce titre été bien en peine de définir comme telle celle où il venait d'entrer.

Il faillit bien faire demi-tour, non pas parce qu'il avait réalisé son erreur mais parce que l'endroit ne semblait rien comporter qui soit susceptible d'assouvir son appétit. Mais alors qu'il engrangeait - lentement et avec beaucoup de mauvaise volonté - la résolution de retourner vers un secteur plus habité, il aperçut du coin de l’œil l'enseigne clignotante d'un restaurant. En d'autres circonstances, les néons mourants et les diverses dégradations du bâtiment auraient pu lui mettre la puce à l'oreille, mais la faim lui fit ignorer ces signaux.
Il n'eut toutefois pas le temps d'approcher la porte qu'un groupe de gens sorti en trombe le percutèrent de plein fouet, l'éclaboussant de... Neige carbonique ? Sans vraiment savoir si c'était le coup de l'agacement qu'ils aient tâché son tee-shirt ou par réflexe conditionné (les individus quittant un commerce à toutes jambes sont rarement synonymes de bonne nouvelle), il repoussa d'un revers de la main le chef de file. Comprendre par là qu'il ne résorba qu'à peine sa force lors de l'impact et l'envoya voler à l'autre bout de la rue.

Ouvrant des yeux ronds comme des billes, le reste des fuyards n'en furent que plus pressés de décamper. Avec l'expression sur leurs visages, nul besoin d'écouter leurs pulsations pour savoir qu'ils venaient d'avoir la frayeur de leur vie... Ce qui aurait pu lui sembler légitime - il faisait cet effet-là à bon nombre de personnes - si ce n'est qu'ils étaient dans cet état avant même d'entrer en contact avec lui. Étrange.
Perplexe, Conner les laissa partir néanmoins, ayant confirmé d'un regard qu'ils n'emmenaient pas la caisse avec eux. Ils tournaient le coin de la rue comme un seul homme quand il put enfin entrer dans le diner, ayant fort heureusement réussi à débarrasser sa tenue du plus gros de l'agent extincteur. Un coup d'oeil alentours lui apporta la satisfaction de savoir qu'il n'avait pas perdu son temps à venir jusqu'ici ; la clientèle se comptait sur les doigts de la main.

...Un sandwich, répondit-il avec raideur à la jeune femme dont la bonne humeur contrastait avec la morosité de l'endroit. Un enthousiasme probablement feint, et dont il était tout aussi probable que sa paie dépende, mais on ne pouvait pas lui reprocher d'avoir essayé. Elle aurait sans doute été très jolie si ce n'était l'uniforme ; les couleurs criardes lui allaient mal, pour autant qu'il puisse en juger. Toujours est-il qu'il ne s'était pas attendu à être accueilli de la sorte.
Et la surprise, combinée à son sens atrophié des relations humaines, faisait mauvais ménage. Peut-être aurait-il dû réfléchir à ce qu'il voulait manger avant de faire tout ce chemin, non qu'il soit particulièrement difficile en la matière. Consulter le menu avant d'aller droit jusqu'au comptoir aurait également pu être d'un certain secours. Non seulement n'était-il pas doué pour le contact social, mais en plus était-il hors de son élément, si tant est que Smallville puisse être considérée comme telle. Ostensiblement mal à l'aise, il s'efforça de rebondir, fouillant dans sa poche pour en extraire ses maigres moyens : Euh... Qu'est-ce que je peux avoir pour cinq dollars ?

Osant finalement relever les yeux vers elle, il fronça légèrement les sourcils. Son visage lui disait quelque chose. Si seulement il n'y avait pas ce satané costume de travail... Costume ? Sa rudesse naturelle empêcha fort heureusement les mots qui sortirent de sa bouche de ressembler à quoi que ce soit approchant une technique de drague, bien qu'il ne prendrait lui-même conscience de cela que bien plus tard.

On ne se serait pas déjà vus quelque part ?


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Re: The Burden of Legacy [Conner Kent] Mer 8 Fév 2017 - 19:43

Elle était bonne, celle-là.

Cassandra avait essayé très fort, mais il y avait des moments où cela devait sortir.

Elle retira donc son costume de travail ridicule de serveuse affable. Pas les vêtements, évidemment, mais le sourire. Ce brouillage affreusement efficace qui la faisait passer pour une jeune femme normale. Oui, son sourire disparut, comme son carnet de commande et son stylo dans la poche intérieure de sa chemise rayée ignoblement avilissante.

Elle l'arrêta de son index planté là, dans l'air, comme un avertissement, avant d'attraper un cure-dent d'un petit pot traînant sur le comptoir pour lui exploser de manière experte sur le dos de la main qui proposait les cinq dollars. Oui, lui exploser. Pour bien démontrer son point : oui, ils s'étaient déjà vu quelque part, et alors que les échardes faisaient piteusement dans l'indifférence générale d'un diner trop peu actif, elle pencha légèrement sa tête sur le côté avec une moue vindicative.

Non seulement ils se connaissaient, mais ceux qui parlaient le Cassandra aurait pu voir que malgré un visage relativement neutre, la méthode précise avec laquelle elle avait littéralement agressé l'un des êtres les plus puissants de la Terre pouvait se traduire par un "Cinq dollars ? Je sais pas ? Elle te prend combien pour te sucer, ta pétasse couleur brocoli ?". Heureusement, le parler de Cassandra n'était pas un langage particulièrement répandu. Si ça avait été le cas, la violence verbale de ce dialecte physique aurait imposé un comité de censure particulièrement stricte.

On avait rarement vu Batman ou Superman énervé. On ne les avaient jamais vu insulter qui que ce soit ou s'exprimer comme des charretiers, car ils étaient l'apex indétrônable d'une hiérarchie héroïque stricte et infiniment respectable. Il n'en était pas forcément de même pour ceux qu'ils entraînaient à leur suite.

Oui, les jeunes avaient leurs défauts, et Cassandra était rapide à énerver, dès lors que l'on venait se moquer d'elle.

Bon, il y avait cela, et le fait qu'elle était incapable de traduire le comportement de Superboy en gène. Elle voyait qu'il était gêné, mais son timbre de voix ... Bah, elle était incapable de l'interpréter pour ce qu'il était. C'était la terrible limite de Cassandra ... Oui, l'impensable était arrivé, Cassandra, celle qui se ruait sur des ordres sur des hordes de criminels surarmés pour les briser comme le vent divin sur la flotte de Kubilaï Khan, celle qui réglait des problèmes de tapages dans un diner entre loubards et fédéraux avec un extincteur ... Cassandra, l'unique Cassandra - si l'on exceptait cette pimbêche de Wonder Girl avec qui Conner aurait sûrement très bien pu fricoter aussi, cette ... cette ... fille facile ! - perdait sa contenance devant un ... garçon.

Bon, ce n'était pas n'importe quel garçon, mais c'était le seul qui, à un moment, ait réussi à lui faire ressentir quelque chose.

Il y avait aussi un tout petit peu Timothy Drake ... mais ... mais on allait oublier.

Et puis c'était un pervers.

Et puis il était sorti avec Stephanie. Cassandra n'avait pas envie de briser le coeur de sa meilleure amie. Quoique Stephanie devait sûrement aussi être tombée sur tout les projets de plan à trois qui traînaient dans le journal intime de Tim.

Quel genre de satyre tenait un journal intime pour lui confier ses pulsions tordues envers les chauves-souris ?

Mais pourquoi est-ce que Cassandra ressentait des choses uniquement pour les détraqués ?

L'ancienne Batgirl positionna ses deux mains à plat sur le comptoir, prit une grande inspiration en fermant les yeux. Respiration abdominale. Retour du grand sourire. Attrapage d'une carte sur le côté, positionnement de la carte devant le client, ton trop enjoué.

" Pas grand chose. Les salades et les soupes. Une part de gâteau. La plupart des desserts. Il y a aussi la tarte du jour, aux noix-que-je-vais-t'arracher-à-la... "

Vous connaissez le principe des frissons ? Les réactions incontrôlables de votre corps à un stimuli extérieur ?

Cassandra n'a pas de problèmes de frissons. Elle contrôle parfaitement son corps.

Elle a des lapsus, à la place des frissons.

Et là, bien trop consciente, elle s'arrêta avec une expression digne d'un robot piégé dans la vallée dérangeante.

Nouvelle respiration. Passage de la main devant le visage. Disparition du sourire forcé. Initialisation d'une tentative de conciliation sur le calque de Stephanie.

" J'y arriverais pas. " soupira Cassandra, avant de relever la tête pour confronter le regard de Conner avec un murmure honnête et concerné, " Cassandra, de Gotham ? B-Girl ? Je t'ai roulé un patin ? T'as oublié ? T'as un super-cerveau, t'as pas le droit d'oublier... "

Oui, parce qu'il avait été le premier et le seul. Ce genre de choses était important pour une fille. Surtout pour Cassandra. Elle avait beau être humble la plupart du temps, il y avait des moments où les côtés atrophiées de sa personnalité ressurgissaient sans prévenir, et avec eux cet obscur pendant qui criait à qui voulait bien l'entendre "Je ne suis pas comme les autres ! On m'a toujours dit que je suis spéciale !"...

Et d'ailleurs, elle était tellement spéciale que son travail passait après ses idylles. Si quiconque avait jugé bon de venir lui faire une réflexion à ce moment précis, elle lui aurait précipité la tête contre le comptoir. C'était dire si la situation présente comptait pour elle ...
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Re: The Burden of Legacy [Conner Kent] Jeu 16 Fév 2017 - 19:26


Habituellement, quand on essayait de le tuer, on s'attaquait à lui avec des moyens plus adapté - si tant est que quoi que ce soit soit adapté au meurtre d'un kryptonien. Et pour autant qu'il sache, le cure-dent n'en faisait pas partie. Bien sûr, encore fallait-il savoir à qui l'on avait à faire... Ce qui semblait être le cas de cette jeune fille, à moins que l'on accepte d'embaucher des caissières qui agressent aléatoirement des clients. Il avait assez de notions de vie en société pour savoir que ça arrive rarement, et pas assez de celle des bas-quartiers pour se dire que c'était très possible finalement.

Malgré cette agression aussi soudaine qu'inexpliquée, il ne trouva rien de mieux à faire que de fixer le point d'impact - qui n'en gardait bien entendu aucune trace - sinon quelques esquilles qui eurent tôt fait d'être balayées ; la mitaine qui le recouvrait, en revanche, n'avait pas eu cette chance. Abandonnant ses restes sur le comptoir où elle venait d'échouer piteusement, il reporta son attention sur la responsable. Avant qu'il n'ait eu le temps de lui demander des comptes, celle-ci s'efforça de faire comme si rien ne s'était passé... En jouant la comédie à peu près aussi bien qu'il l'aurait fait lui-même. Peu flatteur. Réalisant qu'elle n'arriverait à rien, elle finit par dire ce qu'il en était - à sa grande stupéfaction.

...Oh.

Car s'il lui manquait déjà la fibre sociale, une telle révélation n'était pas pour améliorer son éloquence. Il se souvenait d'elle, oui, mais ça faisait bien deux ans qu'ils ne s'étaient vus - et même plus. Si sa mémoire était exacte, et celle qu'il gardait de cette période était confuse parfois, leurs aventures communes dataient des premières semaines après son activation. S'il paraissait maladroit en société maintenant, ce n'était rien à côté de ce qu'il était alors... Et de là venait peut-être qu'ils aient pu sympathiser.
Deux armes, à peine capables de voir plus loin que le dessein auquel on les avait destinées - dont on les avait sauvés. Elle restait, cela dit, déjà plus humaine que lui : il réalisait à peine ce que signifiait un baiser au moment des faits. Pas plus qu'il n'y avait repensé depuis - non que ça lui ait été désagréable, mais plusieurs mois (peut-être un an) s'était écoulé entre ce rapprochement et le moment où on lui en avait enseigné la symbolique. On étant ici Miss Martian. À bien y repenser... Avait-elle vu la scène dans son esprit ?

Et ce n'est qu'aujourd'hui qu'il comprenait ce que Cassandra avait voulu faire - avait voulu dire - ce jour-là, dans un langage qui, même pour eux qui n'étaient pas doué avec les mots, serait compréhensible. Inutile de dire que ces années de retard ne rendait que plus pénible le constat de sa stupidité maintenant qu'il en prenait toute la mesure. Mais alors, pourquoi n'avait-elle pas repris contact ? Pour sa part, il avait l'excuse d'être limité dans ses mouvements - on le gardait encore sous étroite surveillance, et s'il n'avait jamais survolé le ciel de Gotham, Batman avait toujours un œil sur lui.
Même maintenant, même à Metropolis, même à Smallville, il n'était pas persuadé que le Chevalier Noir ait cessé de l'observer. S'il se méfiait que Superman puisse un jour passer à l'ennemi, que devait-il penser d'un clone au tempérament autrement plus explosif ? Une chance que ses pouvoirs ne se soient pas encore tous développés. Ainsi que Cassandra devait sans doute elle aussi l'espérer en s'en prenant à lui de la sorte.

Excuse-moi. Ça fait longtemps. Je ne t'avais pas reconnue avec... Il désigna l'uniforme de l'index, sans réussir à mettre de mots dessus. Ils ne s'étaient pas connus très longtemps, mais elle devait se rappeler de son aversion pour les uniformes. Et en terme de mauvais goût, celui de l'établissement n'était pas loin du barème héros. Il croyait même l'avoir « complimentée » - le terme était très relatif, surtout à l'époque - sur le fait que sa tenue à elle était l'une des rares à avoir une tenue à peu près regardables.
Sans qu'il en ait jamais parlé à personne, fut un temps où il lui était arrivé de penser que Batman avait davantage de standards esthétiques que Superman - puis il avait découvert ce qu'il faisait porter à ses Robins. Le présent accoutrement de Cassandra n'en était pas à ce point-là, mais tout de même aux antipodes du peu qu'il connaissait de sa garde-robe, ne fut-ce qu'en terme de discrétion. ...Tu vois.

Renonçant à tenter de s'en expliquer - d'autant que si ses goûts n'avaient pas changé, elle devait en penser à peu près la même chose -, il passa le pouce sur le dos de sa main - qui ne gardait évidemment aucune trace de l'agression ; un réflexe purement humain. De ceux que Clark s'était donné tant de mal à lui faire assimiler, pour des résultats mitigés.

Peut-être aussi parce que là où l'Ange de Metropolis s'était montré aussi avenant que possible pour gagner la confiance des citoyens, Conner avait quant à lui fini par apprécier l'idée que son attitude suffise à donner des frissons. Ce n'était pas pour autant qu'il l'emploierait à mauvais escient : après tout, Batman - encore lui - jouait lui aussi sur l'intimidation. Preuve s'il en est que concilier cela avec un usage « super-héroïque » était du domaine du possible, même si ses méthodes n'étaient pas celles de Clark (et rarement cautionnées par ce dernier).

Et puis, ce n'était pas comme s'il y pouvait encore changer quoi que ce soit : ça faisait partie de lui. Il avait mis tellement longtemps à s'adapter, à s'humaniser qu'on ne pouvait plus le voir que comme un espèce de Terminator à l'image de Superman. Ce dernier voulait qu'ils soient différents, qu'il ne se sente pas obligé de suivre ses traces : ça passait aussi par ce genre de nuances. N'en déplaise à l'Homme d'Acier.

Tu... As l'air en forme. reprit-il gauchement, guère plus détendu malgré ces longues secondes d'un silence pesant.

Il n'avait jamais été doué pour faire la conversation. Ce n'est pas quelque chose qu'il lui avait semblé utile d'apprendre, préférant consacrer tout son temps à l'entraînement - et un peu à M'gann par après. Si elle lui avait été d'un certain secours en la matière du fait de son naturel solaire, ce n'était en rien suffisant pour compenser l'étrangeté de la situation. La seule chose qui l'empêchait de totalement perdre pied était l'idée que ce devait être tout aussi bizarre pour elle - et presque autant pour les clients qui commençaient à s'accumuler.
Se frottant le bras sous l'effet du malaise (encore un de ces fameux enseignements), il évita sciemment son regard, craignant qu'il ne le malmène bien plus qu'un cure-dent. S'il n'avait pas sa facilité à la lire, il était bien placé pour savoir que quels que soient les mots, la gestuelle en dit parfois bien plus long. Et à ce titre, quand on parle de regard assassin, ce n'est pas nécessairement qu'une image concernant Cassandra.

Et donc, euh, pourquoi est-ce que tu n'es plus à Gotham ? Pas que j'aie un problème avec ça... Mais c'est là-bas que tu opérais, pas vrai ? glissa-t-il aussi subtilement que possible - pas des masses. Né sous le nom de Superboy et n'ayant obtenu une identité civile que bien après, il avait encore du mal avec l'idée de la garder secrète - assez pour y faire allusion dans un diner, apparemment. Et d'ailleu- HEY ! je parle ! Attendez votre tour !... Monsieur.

Celui qu'il venait d'houspiller s'avéra être un vieil homme qui, lassé d'attendre, tentait de le dépasser accompagné de sa canne - lequel recula immédiatement après croisé son regard. D'autres cris de protestation ne tardèrent pas à monter. Ce n'est pas parce qu'ils étaient dans un bâtiment de restauration publique qu'il ne pouvait pas prendre le temps de parler à une vieille connaissance !... Bon, peut-être que si. Constatant l'âge de sa « victime », Superboy s'était immédiatement ravisé ; faire ça entouré de tant de gens (au moins trois personnes) n'était pas bon pour ses nerfs. Jamais il ne frapperait délibérément un civil, mais s'il ne sortait pas d'ici, il pourrait y avoir un accident. Avait-il vraiment d'autres options ?

Une seconde. coupa-t-il court à toute réponse potentielle, se massant l'arête du nez.

Poussant un profond soupir, il exploita sa vitesse surnaturelle... Pour saisir prestement l'ex-Batgirl par la taille et disparaître au regard de la clientèle. Le décor fut remplacé par celui du toit de l'établissement ; même si elle n'y avait jamais mis les pieds, il ne serait guère difficile de s'en rendre compte en scrutant les environs puisqu'il ne mesurait pas plus de deux étages. On était loin des rendez-vous au sommet des plus grands immeubles que leurs mentors respectifs donnaient trop souvent à leur cercle privé.

On sera plus tranquilles pour parler, fit-il en atterrissant après l'avoir déposée - sans bien entendu se demander si « enlevée par un super-héros » était un motif d'absence recevable dans l'industrie du travail. Exécuter cette manoeuvre d'évasion sur Cassandra était un pari risqué : même si sa vitesse de réaction en tant que demi-kryptonien était de plusieurs fois supérieure à la sienne, elle avait déjà prouvé savoir faire fi de ce désagrément - et, quand prise par surprise, pouvait parfois avoir des réflexes pour le moins douloureux. Assez pour ne pas se sentir à l'abri, même maintenant que son niveau de défense équivalait celui de Superman sans l'artifice du champ de force. Et donc... Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Euh, tu as le droit, bien sûr. Je suis juste... Curieux, je suppose. Ce n'est pas vraiment ici que je m'attendais à te revoir. Ce n'était pas comme s'il s'y attendait tout court.


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Re: The Burden of Legacy [Conner Kent] Dim 19 Fév 2017 - 0:24

" Oh ?.. Oh... " Cassandra détourna le regard, socialement gênée d'avoir été flattée, sans pour autant faire l'affront à Conner de laisser voir son visage rougir, " Me-... Merci. On s'est mise au crossfit avec Steph... "

Attendez ... Il ne le pense pas, ce "Tu as l'air en forme" ! Pourquoi est-ce qu'elle s'était laissé tomber dans ce piège grossier ? Elle l'avait vu venir à des kilomètres, cette diversion, et elle était tombée dedans !

" ... Change pas de sujet ! " intima-t-elle avec un cri nasillard qui devait expliquer à lui seul pourquoi Cassandra était peu verbale, " On en était à ... "

Deux tapes dans le dos, le patron. Il était gêné mais devait rester ferme. Il y avait des clients devant, qui attendait. Cassandra, elle, restait énervée. Il essayait de lui dire de se concentrer dans ses mots, d'être conciliant, mais Cassandra voyait à travers tout cela : il était hors de lui de la voir faire absolument n'importe quoi. Il était hors de lui, car il avait un commerce à faire tourner.

Cassandra fut donc elle aussi tout aussi conciliante. Envers le patron d'abord.

" T'sais quoi ? " lui hurla-t-elle au visage, son index posé sur son poitrail comme pour lui perforer, " Va t'faire foutre !.. Et toi là ! " Elle s'adressait au vieil homme qui avait délibérément agressé Conner, pour tout ce que ça aurait pu lui causer comme blessures.

En fait, elle l'avait carrément saisi par le col pour l'attirer près du comptoir avec une poigne tout ce qu'il y avait de plus Gothamite :

" Eskuz'm'kopin'van'kje'te'sploz "

Avant qu'une excuse ait pu être formulé, pourtant, Cassandra et Conner disparurent de la scène, et le lino céda la place au gravier, et les ventilateurs et néons crasseux au ciel bleu.

Regard périphérique. Analyse. Regard vers le haut. Deuxième étage. On voyait les autres immeubles aux alentours narguer les deux jeunes de leur hauteur, et les voitures circuler en contrebas, au risque de couvrir le son de leurs voix. Oui, ça, ils avaient beaucoup à apprendre de leurs aînés pour ce qui était des sorties de lieux publics, et des réunions "secrètes".

Aussi curieux que cela aurait pu paraître, l'ancienne justicière de Gotham était collé comme une moule à son rocher. Réflexe en décollant à une très haute vitesse et preuve qu'elle avait énormément changé ... Elle n'avait même pas songé à l'attaquer. Pas sérieusement. Pas pour le tuer. Bon, on aurait toujours pu se dire qu'elle n'avait pas le matériel à disposition pour, dans ce cas de figure précis, mais c'était un effort louable !

" 'Rci. " murmura-t-elle en relevant la tête vers le visage de Conner, feignant une normalité crasse, " 'Sais pas c'qui m'arrive. 'M'énerve trop vite. 'Veux tuer les gens. "

Et puis elle se détacha, consciente de sa trop grande proximité. Consciente que cela pouvait être inconvenant, vu étrangement. Un réflexe. Une première.

" Je... Merci. " reprit-elle après avoir respiré un long moment et avant de commencer à expliquer sa situation, " Je ... je fais ça pour étudier. On a quitté Gotham avec Steph'... Je pouvais plus. J'y arrive plus. Je... Batman est trop ... J'ai... J'ai tué. Plusieurs fois... La justice ... Plus pour moi. "

Voilà qu'elle s'ouvrait, qu'elle se livrait. Cassandra n'était plus ce qu'elle avait été ... costumée, réduite en esclavage, déchue ... C'était navrée qu'elle leva les yeux au ciel, loquace comme rarement elle ne l'avait été.

" Plus pour moi. Plus grand chose. Même pas ça ... C'était parfait ... Ça allait bien ... Et puis t'es venu. "

La tueuse soupira, elle baissa les yeux au sol. Elle les releva. Puis elle les rabaissa à nouveau. Sans ménagement, elle arracha sa tenue. L'uniforme avait fait son temps. Il était stupide. Sous lui, on reconnaissait l'ancienne Batgirl pragmatique : une simple brassière de sport, un short moulant et un corps meurtri, puissant mais couvert par les ravages du combat. Des cicatrices, sur le ventre, aux genoux et aux épaules. Elle, l'humaine, n'avait pas le loisir de s'esquiver au danger comme les kryptoniens ou leurs semblables le pouvaient. Sa vie n'avait été que confrontation et doute, et son existence passée avait marqué son être présent.

" 'Me servira plus. Pas après aujourd'hui. " Cassandra sortit le pistolet qu'elle avait confisqué de ce qui était maintenant son ancien tablier, " Je devrais faire comme maman ... Je suis bonne pour ça. Pas discuter ... "

Elle secoua la tête.

" Je me déteste ... Pourquoi venir ? Pourquoi ici ? " interrogea-t-elle le jeune demi-kryptonien, dégageant le regard de l'instrument de mort qu'elle tenait entre les mains, " Tout était ... presque bien ... "
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Re: The Burden of Legacy [Conner Kent] Lun 27 Fév 2017 - 11:17

Là, il reconnaissait Cassandra.

Tout ce qu'il avait fallu pour cela était qu'elle envoie paître son patron et menace un pauvre vieil homme de lui ouvrir le crâne à coups de caisse enregistreuse - ou de tout autre objet contondant qui serait passé à sa portée : elle n'était pas regardante. Du moins était-ce le souvenir qu'il en avait ; un souvenir lointain, à son grand regret. Ce n'était pas sa faute : il sortait alors à peine de ses réglages par défaut, de son état d'usine ; puisqu'on l'avait bel et bien programmé, ce n'était que justice de le comparer à un ordinateur.
Or, il avait très rapidement développé des émotions - tout notamment la colère - qui n'étaient guère prévus par son « logiciel »... Du moins pas sans quelqu'un pour les contrôler. Luthor. Cela avait quelque peu semé la zizanie dans son conditionnement, si bien qu'il en était à présent libéré, malgré les tentatives de son « père » de le « ramener dans le droit chemin » - le sien, évidemment. Être lié à cet homme de près ou de loin - et hélas de bien plus près qu'il le voudrait - le répugnait toujours autant.

Je suis désolé.

Ça lui faisait sans doute une belle de jambe, de savoir qu'il l'était, mais au moins pourrait-elle lire à son expression qu'il était sincère dans ce propos. Il n'avait aucunement l'intention de lui faire perdre son job et, même s'il n'aurait pu le prévoir, ne pouvait réellement nier que ce soit sa faute. Elle s'en sortait très bien avant qu'il débarque. Un schéma qu'il lui semblait avoir trop vu se répéter au cours de ses années héroïques. Ce n'était pas pour rien qu'il avait arrêté : il faisait toujours pire que bien - et avec ses pouvoirs, ça pouvait facilement aller loin. Penaud, il resta un instant sans rien dire, avant d'enfin relever la tête.

Et merci, même si je n'en avais pas vraiment besoin. Je n'ai rien senti, tu sais.

Elle le savait sûrement : elle était l'une des rares personnes à pouvoir lui faire mal, et disposait de suffisamment de jugement pour savoir qu'un grabataire avec une canne en était à priori incapable. Pour autant, il appréciait le geste, n'ayant guère l'habitude d'être secouru - aussi saugrenues que soient les circonstances. Cela pouvait sembler indélicat de sa part de lui signaler qu'elle avait fait ça pour rien, mais elle devait déjà le savoir - et l'aurait de toute façon remarqué s'il avait voulu mentir. Non que ce soit dans ses habitudes : n'étant déjà pas doué pour parler tout court, ou de manière générale pour communiquer, cacher la vérité ne faisait pas partie de ses compétences. Par omission, à la rigueur... Mais ça ne suffisait pas avec Cassandra. Elle l'aurait lu dans son attitude. Même quelqu'un d'aussi inexpressif que lui était pour elle un livre ouvert, et tout dans cette idée était déconcertant.

Pour autant, elle n'avait pas l'air si affectée par la perte de son emploi ; quelque part, peut-être pour se donner bonne conscience, il avait l'impression de lui avoir fourni le prétexte pour ce qu'elle attendait de faire - qu'elle aurait fait de toute façon. Il n'oserait pas pour autant lui poser la question, mais ne manquerait pas de guetter les signes susceptibles de lui indiquer. Il la regarda ôter son costume de travail - renoncer symboliquement à un autre masque : celui qu'aucun d'eux ne semblait être fait pour porter.
Ses cicatrices le laissèrent un instant circonspect, sans qu'il n'y ait rien de déplacé dans son regard : ni l'un ni l'autre n'avait grand chose à faire des normes en vigueur en ce qui concerne la pudeur. Lui-même n'avait pas la chance d'en porter, sa peau d'acier arrêtant la plupart des balles ou des lames avant qu'ils n'aient pu laisser une marque - et même quand c'était le cas, il était de toute façon capable de se régénérer. Si ça n'avait été le cas, en aurait-il porté autant qu'elle ? Se délestant de sa veste, il la tendit dans sa direction.

Tu devrais mettre ça. Tu vas attraper froid.

Il ne lui vint à l'esprit que tardivement que ce geste devait paraître insensé : Cassandra avait passé toute sa vie dans des conditions extrêmes, était devenue une guerrière dans chacun de ses aspects. Ce n'était pas quelques courants d'air qui allait lui faire peur... Mais après lui avoir littéralement fait rendre son tablier, c'était bien le moins qu'il puisse faire. Si paradoxal que ce soit, le fait de n'avoir lui-même pendant longtemps pas été traité comme un humain faisait qu'il ne pouvait la voir autrement.
Non pas parce qu'il était un clone, un produit de laboratoire et elle une personne réelle, mais parce qu'il était mieux placé que quiconque pour savoir que l'humanité existe en chaque être ; que nul ne pourra jamais la faire disparaître complètement. Cela semblait affreusement naïf dit comme ça, mais c'était probablement une des leçons les plus précieuses que Clark ait pu lui enseigner, en cela qu'elle l'avait aidé à s'accepter lui-même. Inutile de dire que ce n'était pas gagné.

Je ne savais pas que tu travaillais ici. répéta-t-il au cas où elle ne l'aurait pas bien enregistré. Elle le tenait déjà pour responsable de sa démission ; il ne faudrait pas en plus qu'elle croie que c'était intentionnel ! Il laissa son regard dériver - ailleurs, n'importe où. Je ne savais même pas que tu étais dans cette ville. Je n'y viens pas souvent. Juste quand je viens voir Superman - enfin, normalement.

Son attention dériva sur le manège des voitures en contrebas. Metropolis, comme toute mégalopole, grouillait de vie, partout et à chaque instant ; pas étonnant que Clark se soit senti obligé de délimiter son ouïe - il serait devenu fou. Quelques heures dans cette ville et Conner se sentait déjà perdu : voilà pourquoi il ne tenait jamais à prolonger son séjour. Et dire qu'il aurait dû un jour en hériter !
Hélas, cette fois, il n'aurait guère le choix que de s'y attarder : son avenir l'attendait - non qu'il soit très enthousiaste à cette idée. Sa confession d'avoir tué ne l'affecta pas outre-mesure : il le soupçonnait déjà. Et ce n'était de toute évidence pas d'une réprimande qu'elle avait besoin. Non qu'il en aurait été capable : qui était-il pour parler ?

Je cherche un endroit ou m'inscrire. Une université. Il releva le nez en l'air, observant le ciel. Le simple fait d'aborder le sujet n'éveillait en lui qu'un profond ennui. Je ne suis même pas sûr d'en avoir envie. Pourtant, je sais que c'est la bonne chose à faire... Surtout maintenant que j'ai arrêté. Il supposait qu'elle savait de quoi elle parlait : pour qui savait écouter - et elle savait -, la nouvelle de son propre abandon n'était pas vraiment un secret. Ça me paraît si dérisoire... Et pendant ce temps, j'ai tout ce pouvoir à portée de main... Et je suis incapable de m'en servir correctement. Ses yeux scrutèrent sa main gantée, ouverte en grand ; il referma le poing après un instant. Ce serait si facile parfois, de juste se laisser aller. Quelque part, je crois que je t'envie d'en être capable. J'ai tellement peur de ne pas réussir à me contrôler... De céder sous le coup de la colère.

Il se retourna et se dirigea vers elle, sans précipitation. La voir avec une arme ne semblait l'affecter aucunement : même s'il n'avait jamais question d'arme à feu, ce n'était pas la première fois qu'elle maniait un objet potentiellement létal sous ses yeux. Et il savait qu'avec ses compétences, un revolver n'était pas plus ou moins dangereux qu'elle aurait pu avoir sous la main : un porte-clef lui aurait suffi à faire de nouvelles victimes, si elle l'avait désiré. Avec une expérience comme la sienne, il n'y avait strictement rien à craindre : aucune balle ne quitterait ce pistolet par accident. Lentement, sans se servir de sa vitesse et lui laissant ainsi le choix de s'y soustraire, il referma les doigts sur le canon de l'arme et se mit à serrer. À broyer, jusqu'à ce que ce ne soit plus qu'un amas de métal informe, sans pour autant blesser la main qui le tenait.

...Mais ce n'est pas la solution. Un soupir quitta ses lèvres ; il la regarda dans les yeux un instant. Je crois qu'on est tout simplement pas faits pour être des gens normaux.


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Re: The Burden of Legacy [Conner Kent] Jeu 9 Mar 2017 - 16:24

Elle accepta le manteau silencieusement et, sans quitter son regard, elle baissa le pouce jusqu'au bouton qui libérait le chargeur. Oui, le pistolet était inutilisable, mais maintenant que le canon était obstrué, elle devenait dangereuse.

" On peut l'être. On est comme des humains. " fit-elle en récupérant le chargeur, tout en ne lui laissant pas le temps de réagir verbalement, " ... Rien à voir avec tes muscles. Rien à voir avec ce que je peux faire. "

Vérification de ce qu'il restait de la chambre, par réflexe, et puis elle lança l'arme et le chargeur dans l'évacuation des eaux usées. Si quelqu'un, quelque part, finissait par retrouver l'arme, elle n'en serait que doublement inutilisable, et ses munitions avec elle. Sa façon humaine de neutraliser l'équipement.

" C'est ce que tu fais. Ce que tu penses. On peut être normaux ... On est normaux. On est jaloux. "

Son expression se fit penaude.

" Moi, je t'envie de pouvoir voler. De pouvoir te battre sans faire attention ... "

C'était assez ... basique, comme problème existentiel. Elle n'en était pas fière. Toute la situation, la perte de son emploi, ses études, sa colocation, sa "vie" ... Tout ça pour en arriver là, à se dévoiler aussi piteusement à celui qui l'avait abandonné alors même qu'elle n'avait finalement jamais véritablement cherché à être avec lui. Tout cela n'avait été qu'une sensation fugace ... et pourtant, elle voulait croire que tout cela n'était pas vain, qu'il y avait peut-être une justice dans cette réalité morbide. Peut-être que tout n'était pas aussi sombre et décadent qu'il n'y paraissait.

" J'veux dire ... Tu peux pas vouloir être ... moi. " Elle se constella le visage de points comme pour imiter une attaque de frelons furieux, " Je veux dire ... Je suis ... moi. Je fais mal aux gens, et si je fais pas mal aux gens, je me retiens ! " Elle referma le manteau sur elle, se cloîtrant aussi bien physiquement que stylistiquement, " Je ... Hmpf. Oublie. "

D'un grand geste en l'air, elle balaya tout. Elle était déçue de tout. De son expérience sociale, du monde ... Tout ce qu'elle semblait avoir voulu pour elle-même jusqu'alors apparaissait comme désespérément creux et vide, comme si elle n'était qu'un façade à quelque d'autre : quelque chose d'autre qu'elle ne faisait que renier, une force qui la dépassait et qu'elle ne pouvait vraiment domestiquer.

" Oublie tout. L'université, les études ... Regarde où j'en suis. Je sais même pas ce que moi je veux. Je veux dire ... Je te vois, et j'ai envie de ... Mais ... "

Ce n'était pas vraiment de la gêne qui se profilait sur le visage de l'ancienne Batgirl, ses traits s'animaient plutôt en un curieux masque plein d'une frustration à la fois muette et diablement évocatrice.

" Je sais que t'as pas fait exprès mais ... Rah ... Toi. Les Autres. La ... Verte. Je te vois et ... " La frustration prit le pas sur la raison, et elle donna un coup de pied dans les graviers, avec toute la grâce de ballerine que son fichu conditionnement conférait à chacun de ses gestes volontaires, " Pourquoi est-ce que tu dois être toi ? Pourquoi tu peux pas mourir comme les autres ? Pourquoi rien n'est... "

La langue avait fourché. Cassandra parlait trop, ces derniers temps. Elle s'améliorait, mais elle n'était pas douée. Il y avait encore des failles.

" Oh. " réagit-elle trop tard, en relevant des yeux jusque là occupé à s'assurer que tout les gravillons avaient subi d'atroces outrages, " Désolée. Plus fort que moi... Ma mère m'avait dit que quand j'aimerais quelqu'un, je voudrais le tuer mais que j'y arriverais pas. Je m'attendais pas à ce que ce soit aussi vrai ... Tu m'en veux pas, dis ? "

Ceci étant, la réalité reprit vite sa place dans l'esprit de la jeune femme aux tendances romantiques.

" J'aimerais pouvoir tellement disparaître à l'autre bout de l'univers... " susurra-t-elle en retournant observer ses chaussures.
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Re: The Burden of Legacy [Conner Kent] Jeu 23 Mar 2017 - 1:45

Le demi-kryptonien observa Cassandra finir de démanteler l'arme avec une minutie dont il aurait été parfaitement incapable. Si anodin que soit l'acte - pour eux tout du moins -, cette différence d'approche mettait en lumière leurs problèmes respectifs. Il était le détenteur d'une force monstrueuse, capable de fendre le monde s'il n'y prenait pas garde ; elle était d'un pragmatisme froid dont elle peinait aujourd'hui encore à se débarrasser.
Dans un cas comme dans l'autre, ils étaient dangereux, pour eux comme pour ceux qui les entourent - et surtout ces derniers. Les héritiers instables d'un potentiel ou d'un savoir qu'ils étaient trop jeunes pour contrôler parfaitement. Autrement dit, des bombes à retardement. Il ne connaissait pas en détail le passé de Cassandra, ni n'avait rencontré ses parents - ses vrais parents -, mais avait suffisamment côtoyé Batman pour savoir que ce n'était pas de lui qu'elle tenait un tel enseignement.

On peut faire semblant, nuança-t-il son propos précédent, mais c'est bien tout ce dont on est capables. Pour moi, en tout cas. J'ai beau essayer autant que je veux, ça ne change pas ce que je suis. Il serra et desserra le poing ; qui eut cru à le voir comme ça qu'il pourrait déplacer la Terre entière ? Peut-être pas encore tout à fait - mais sa force n'était pas encore au sommet. Ce que je peux faire.

Et qu'était-il, exactement ? Un clone. Un être né d'une éprouvette. Le fruit de deux brins d'ADN qui n'auraient jamais dû se rencontrer - et si certains parents peuvent penser la même chose de leurs enfants, ça n'a jamais été aussi vrai. Une copie de Superman. Un pantin créé pour lui succéder. La marionnette de Lex Luthor, son ennemi juré, ayant coupé ses fils pour vivre sa vie de son côté. Où qu'il aille et quoi qu'il fasse, rien ne pourrait changer ça. C'était autant de choses qu'il ne pouvait pas effacer, autant de traces indélébiles sur son dossier. Pouvait-on vraiment être humain quand on véhicule un tel bagage avant même d'avoir essayé ?

Batman n'apprenait pas à tuer - et il se lisait dans ses gestes que cela lui aurait été facile, trop facile. Il n'avait peut-être pas son niveau en terme de langage du corps mais pouvait savoir au moins ça. Et Batman avait sans doute mieux à faire que d'apprendre à décomposer une arme pièce par pièce alors que lui y était si réfractaire. Celle qu'il avait connue en tant que Batgirl avait l'expertise de ceux qui ont pratiqué ce geste cent fois, milles fois, au point de savoir le faire sans même y penser. Tous les protégés de la chauve-souris n'avaient pas bien tourné une fois sortis de sa tutelle - ce qui semblait être le cas de Cassandra : que ferait-elle hors de Gotham si ce n'était pas le cas ? -, mais qu'en était-il avant d'y avoir droit ? Et elle aurait voulu être à sa place. Mais se rendait-elle seulement compte de ce qu'elle souhaitait ?

Tu sais pourquoi j'ai quitté les Titans ? Parce que je n'arrivais pas à me contrôler. Parce que j'étais tout le temps en colère. Il baissa les yeux. Je ne saurais pas l'expliquer. J'ai toujours été comme ça. C'est comme si... Comme si j'avais besoin de ça. Que toutes les excuses étaient bonnes pour pouvoir me défouler. Il reporta son regard sur Cassandra. S'il ne mesurait pas sa vie à la sienne - ce n'était pas un concours du plus détraqué, même s'il y aurait eu matière -, il ne voulait pas non plus qu'elle croie que la sienne avait quoi que ce soit d'idéal - sinon les Kent, à la rigueur. Il prenait suffisamment sur lui pour ne pas s'entendre dire qu'on voudrait être à sa place. Si je marche au milieu de la route sans faire attention et que je me fais percuter, c'est la voiture qui plie. Pas moi. Je peux faire basculer un immeuble en m'appuyant dessus si je n'y prends pas garde. Ce n'est pas vraiment facile de considérer ça comme normal.

Il ne pouvait pas être humain, pas totalement, peu importe combien il s'y essayait. Il avait bien entendu parler d'un type de kryptonite capable de supprimer ses pouvoirs - il ne savait plus laquelle ; il y en avait tellement - mais même s'il avait pu se la procurer, il savait qu'il aurait regretté ce choix. Il ne pouvait pas totalement se défaire de sa puissance, de son héritage, même s'il était artificiel ; même s'il n'était pas kryptonien de droit. Ils étaient déjà si peu - c'était du moins l'excuse qu'il se servait à lui-même quand il se demandait pourquoi ne pas passer à l'acte. En finir une bonne fois pour autant. Au moins, ses crises ne feraient plus de mal à personne ; il pourrait envoyer son poing dans un mur pour se calmer sans que ce soit le mur qui craque en premier. Mais non. Il n'était même pas capable de ça. Et il osait parler de sacrifice ?

Et je ne peux pas voler. fit-il en relevant la tête vers le ciel. Enfin, pas vraiment. J'utilise mes pouvoirs de télékinésie pour me... Propulser dans les airs, en quelque sorte. C'est tout de suite moins glorieux. Je commence tout juste à savoir léviter. Il se gratta la tempe, gêné. Il n'aimait pas parler de ça, admettre sa tromperie - même si le secret était largement éventé et que tout le monde jusque là s'en moquait à part lui. Mais ce n'était pas comme si Cassandra allait le répéter à qui que ce soit. Il lui faisait confiance pour ça - aussi surprenant que ce soit après des années sans le moindre contact. L'ancienne Batgirl avait peut-être sa part de pulsions indomptées, mais il la savait quelqu'un de fiable ; ce n'était pas une moindre qualité. Ça n'est peut-être pas grand chose pour toi, mais ça fait une grande différence pour moi. Je ne peux que faire semblant. Je ne suis pas ce que je voudrais être - et je ne le serai sans doute jamais.

Ils n'étaient pas mieux lotis l'un que l'autre. S'ils avaient souhaité échanger leur place, ce n'est que parce que l'herbe leur aurait semblé plus verte avant d'y être - pour se retrouver confrontés au même problème sous une forme différente. Non, ils n'étaient finalement pas si différents - ce qui était presque ironique considérant leurs mentors que presque tout oppose ; un ange solaire et un chevalier de la nuit. Cela n'empêchait pas Clark de considérer le gardien de Gotham comme l'un de ses meilleurs amis. Kon-El ayant passé ses premiers mois en tant que héros sous la tutelle distante de celui-ci, peut-être avait-il plus pris de lui qu'il ne l'avait estimé...
Discuter avec Cassandra - si déprimante que soit la discussion - avait cela de rassurant qu'elle était à peu près aussi douée que lui en relations sociales. De là venait peut-être qu'il pouvait parler aussi librement, et il espérait qu'il en aille de même en sens inverse. Même s'il n'était pas le mieux placé pour lui servir de confident - encore moins en faisant irruption dans sa vie après des années de silence pour lui faire perdre sa place -, elle semblait avoir tout autant besoin de s'exprimer. Autant de choses sur le coeur.

Plus qu'il ne s'en serait douté, à dire vrai. Quand elle se mit à parler, il eut du mal à mettre de l'ordre dans ses propos ; s'il pouvait comprendre qu'elle soit tout aussi perdue que lui, son discours ajoutait une couche à son propre égarement. À supposer que ce soit bien d'elle qu'elle parlait, qu'est-ce que M'gann avait à voir là-dedans ?
Lui-même s'étonnait de la vitesse à laquelle il avait fait le rapprochement ; preuve s'il en est que la plaie était encore vive, pour qu'une simple couleur - si caractéristique qu'elle soit - suffise à l'y faire repenser. Et s'il comprenait l'avoir contrariée en chamboulant (bien malgré lui) sa situation, n'était-ce pas excessif de souhaiter sa mort ? Même si elle ne faisait que penser à voix haute, peut-être qu'elle pas aussi équilibrée qu'il voulait bien le croire... Enfin, il comprit où elle voulait en venir avec ses derniers mots.

...Oh. Je... Il chercha ses mots ; sa mine se fit contrite, sans que sa confusion lui permette de la regarder en face. Je ne pensais pas que... Après tout ce temps... Je suis désolé. En effet, il ne lui était pas venu un instant à l'esprit qu'elle puisse mal prendre sa relation avec M'gann. D'autant moins maintenant que celle-ci s'était terminée - et lui laissait encore un goût de cendres. Il y a quatre ans de cela, Cassandra - Batgirl - était sortie de sa vie aussi vite qu'elle y était entrée. S'il y avait bien eu contact, il ignorait à l'époque le sens à y donner ; ce n'est que maintenant qu'il réalisait en quoi il avait pu la blesser... Avec toute la culpabilité que cela pouvait impliquer. C'est plutôt toi qui devrais m'en vouloir. Mais... Je ne peux pas. Pas maintenant. Désolé. Il ne s'était pas encore remis de sa relation avec Miss Martian, ni n'était sûr de vouloir s'en remettre. Il avait cru en elle, et l'avait regretté amèrement ; on ne l'y reprendrait pas de sitôt. Et même avec cette expérience supplémentaire... Ce n'est pas comme s'il comprenait grand chose aux sentiments. On ne se connait pas tant que ça, au final... Et je ne pense pas que ce serait bon pour toi. Et surtout, il ne voulait pas l'utiliser pour oublier - il lui devait au moins ça. Ne restait qu'à espérer qu'elle ne soit pas déçue - et que si c'était le cas, qu'elle ne tente pas de lui casser le bras. Tendant la main vers elle, il s'efforça de paraître chaleureux, d'amoindrir le malaise qu'elle pourrait ressentir. Soyons amis pour commencer. Et... Je t'aurais bien proposé de t'emmener, mais si je pouvais faire ça, j'y serais probablement déjà.


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The Burden of Legacy [Conner Kent] XxmOy66
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Re: The Burden of Legacy [Conner Kent] Jeu 6 Avr 2017 - 19:01

" Je sais ... "

Elle se massa l'arcade du nez.

" Je sais ... " répéta-t-elle, " ... C'est moi. "

Oui, c'était elle. Elle ne savait pas quoi dire, elle ne savait pas quoi faire ... Alors comme à son habitude, face à une inconnue relationnelle, elle avait fait littéralement n'importe quoi. Un n'importe quoi qui n'incluait pas de cure-dents ou de fourchettes plantées dans un corps étranger, cela dit.

" J'ai envie de te tuer. Vraiment. Très. Fort... " formula l'assassine, avec un romantisme terrifiant.

Avant de se frapper toute seule. Très fort.

Suffisamment fort pour se mettre d'elle-même au tapis.

Ridicule.

Elle se releva en s'appuyant sur ses mains sans grande difficulté. Un filet de sang s'échappait de sa bouche.

" Amis. Oui. " Elle hocha la tête, " Bien, ça. Pour commencer. Oui. "

Pour certains, la vie était difficile. Pour d'autres, il fallait se le rappeler de soi-même. Cassandra était de ces autres. Sa prise de contact était absurde, ses crises de nerfs pitoyables, son vocabulaire limité ... Il n'y avait que ses poings qui étaient loquaces, et si elle n'était pas capable de les écraser sur la façade voisine, autant y aller directement sur la sienne.

Ça lui apprendrait à fricoter avec ce qu'elle ne pouvait pas atteindre.

Elle se massa à nouveau l'arcade du nez, ignorant parfaitement la douleur, pour se concentrer sur un aspect en particulier :

" Oublie ce que j'ai dit. Je sais pas ce qui m'arrive. Je suis bizarre. "

Oui, bizarre. Comme dans "Je suis bizarre et toi, tu n'es pas bizarre, ou bien si tu l'es, tu ne l'es pas autant que moi je le suis, ou bien peut-être, mais dans un registre tout autre, et toute cette conversation n'a de toutes façons aucune raison d'être puisque nous sommes finalement deux créatures que tout oppose et que toute possibilité de communication dans un cadre égalitaire est strictement impossible en l'absence même du cadre non-théorique de nos capacités respectives à voir en l'autre des choses que nous ne pourrons de toutes façons ignorer."

Une logorrhée qui restait confinée dans l'esprit d'une Cassandra qui, de toutes façons, ne lisait que trop facilement dans les traits concernés de Conner que tout cela était impossible, et tout cela était lié à sa vie. Il avait vu d'autres choses, il avait fait d'autres choses. Ils avaient été avec un être fabuleux qu'elle ne pourrait jamais égaler, et il avait peur de la blesser, ou bien d'être déçu ... Il avait déjà fait la plus grande partie du travail avant même d'avoir eu à s'engager sur cette route. Il fallait à certain couple des décennies pour se rendre compte que tout avait été construit sur un mensonge, mais Cassandra et Conner savaient en leur for intérieur qu'ils venaient d'esquiver cette étape douloureuse avec une maestria terrifiante.

Non, ils ne pourraient pas être normaux, ni maintenant, ni jamais, n'en déplaise à tout les bons mots d'une Cassandra qui cherchait encore à cheminer dans les sentiers établies d'une meilleure amie plus heureuse en amour mais certainement moins bien lotie pour ce qui était de comprendre les autres, intimement ... Quelque chose que Cassandra voyait peut-être à tort comme une affreuse insulte à la nature.

" Je ... Pas besoin ... " répondit-elle à la non-proposition.

Elle était indépendante, de toutes façons. Le pas en arrière, sur le rebord, ne fit que le confirmer.

" Je ... Peux rentrer toute seule. "

Et elle bascula dans le vide ...

Et on entendit un Bonk sonore, suivi de ce que l'oreille kryptonienne pourrait identifier comme la respiration énervée d'une jeune femme qui venait de percuter un couvercle de benne à ordures refermée avec l'épaule.

Elle était censée être ouverte à cette heure-ci, cette benne.

Ceci étant, c'était Cassandra qui était censée l'ouvrir, cette benne, pour y jeter les sacs poubelles.

Même les plans d'amortissement de chute les mieux ficelés avaient leurs failles.

Et pourtant, égale à elle-même, Cassandra lâcha un "Je gère !" aux passants éberlués par la scène, alors qu'elle se remit la clavicule en place avec un son fort désagréable.

Encore une journée normale à Metropolis ...
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