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Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine]

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Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Ven 13 Sep 2019 - 9:28

Amensty Bay est une petite ville côtière située dans le Maine.
Il y fait bon vivre.
Il y fait beau et bon vivre.


Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Latest?cb=20111231170217

Les gens sont simples. Les gens sont bons. Les gens sont accueillants et ouverts.
Ils ont toléré et même accepté l’étrangeté du fils de Tom Curry, le gardien de phare. Ils ont même caché la vérité sur le jeune garçon blond, quand quelques agents gouvernementaux sont venus enquêter après des mouvements suspects de créatures sous-marines.

Il fait bon vivre à Amnesty Bay.
Même après que la ville ait été reconnue comme le foyer et la ville d’origine du Héros connu comme Aquaman. Longtemps moqué, longtemps décrié – mais finalement respecté, et même craint, quand ses liens avec le Royaume d’Atlantis ont été révélés.

Arthur Curry a disparu, cependant ; dans le désastre de Poséidonis, la capitale atlante qui a été anéantie par Darkseid dans son plan de conquête universelle.
Le Royaume atlante a été longtemps en chaos – mais la Reine Mera a repris le pouvoir, et améliore les choses ; ça va mieux. Ça se passe mieux.

Même si Aquaman demeure absent.
Même si Amnesty Bay pleure son fils, son Héros.
Même si, aussi, les eaux et les côtes ont perdu leur protecteur… et certaines forces entendent en profiter.

Il fait beau et bon vivre à Amnesty Bay, oui.
La journée commence.
L’aube est belle ; le Soleil est là – mais cela ne dure pas.

Le ciel se couvre. Les nuages apparaissent. Une pluie fine tombe soudain sur Amnesty Bay.
Le vent se lève. Le froid grandit.
Une impression étrange glisse au cœur de la ville ; les habitants le sentent. Les marins le sentent.

Quelque chose.
Quelque chose approche ; quelque chose arrive.
Quelque chose de… mauvais.

Quelque chose qui menace les embarcations déjà dehors – déjà en mer ; les gens le sentent.
Les femmes ont peur. Les vieux se crispent.
Quelque chose arrive. Quelque chose approche.
Quelque chose d’ancien.
Quelque chose… de terrible. Et qui a faim.


Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Fantasy-art-sea-split-view-cthulhu-wallpaper-preview

Les Enfers sont en plein chaos ; une rébellion terrible s’y joue. La dimension infernale est en pleine guerre civile, et la Terre est régulièrement une zone de combats.
Certains empêchent la venue d’horreurs maléfiques sur ce monde – mais certaines créatures infernales sont plus malines ; plus puissantes, aussi. Bien, bien plus puissantes.

Comme lui.
Comme ce monstre. Qui est là. Qui vient d’arriver.
Qui attaque.
Et qui entend faire de ce monde son nouveau terrain de jeu !

John Constantine
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John Constantine
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Depuis récemment, une seringue de sang infusée de magie démoniaque très fortement semblable à celle Trigon.
Shadowpact
Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Ven 13 Sep 2019 - 21:37



La porte se referma sans un bruit. Les deux hommes se glissèrent dans l’air marin qui soufflait tranquillement sur la digue, laissant le soleil les réchauffer tranquillement. Les rayons solaires n’étaient pas prévus pour durer, mais comme souvent en bord de mer. Des lourds bans de nuages, poussés par le vent de l’océan, promettaient à l’occasion de venir occulter l’astre lumineux. Le dernier homme à sortir était grand et chauve. Ses yeux étaient verts, grossis par une paire de lunette ovale à monture métallique. Il portait un sac sur une épaule, du genre des vieux sac-à-dos usés jusqu’à la corde mais qui semblaient pouvoir survivre encore une poignée de décennies ; et surtout, il portait une soutane. Il rattrapa son compagnon en quelques enjambés, après avoir murmurer quelques mots rapides à la personne derrière la porte.

Ledit compagnon, appuyé sur un lampadaire éteint, était consciencieusement occupé à allumer sa cigarette sans laisser le vent l’étendre. Ses cheveux étaient ébouriffés, sa barbe mal rasée, et son trench-coat un peu usé. Il marmonna un ou deux jurons avant de réussir à tirer une bouffée de sa clope.

-Merci pour le coup de main, murmura le prêtre en arrivant à son niveau.

-Pas d’quoi. J’ai juste allumé les bougies. Et glorieusement récité une ou deux déclinaisons bien placées.

-Tout de même. Je suis à peu près certains que le démon a prit peur quand il t’as vu dans la pièce.

-Sûrement ma gueule d’ange.

Le prêtre laissa échapper un petit rire un peu rauque. Constantine lui lança un regard en coin, un petit sourire aux lèvres. Il tira une autre bouffée de cigarette, avant de reporter son regard vers l’horizon. Il y avait quelque chose de relativement reposant dans le spectacle du reflet des nuages à la surface de l’eau. Quelques secondes passèrent.

-Je te paye un verre ?

John ne vit pas le visage de son ami. Il entendit juste le vent lui répondre. Le temps qu’il tourne les yeux vers lui, le prêtre s’était ressaisi et lui adressait un petit sourire. Partiellement gêné. Si il avait réagit plus vite, il aurait peut-être pu attraper l’esprit mi-paniquée mi-surprise de son compagnon.

- Tu sais, j’ai des journées chargées à l’Église. ...Les gens se sont récemment trouvé une nouvelle foi. Pour compenser. Après la perte d’Aquaman. Et pour d’autres choses. Je suppose.

Constantine le dévisagea un instant. Son visage était inexpressif. Il finit par hocher la tête, d’un air vaguement compréhensif.

-Après, alors ?

Le prêtre laissa échapper un rire un peu nerveux.

-Pas de repos pour les héros, hein ?

Le magicien planta son regard dans celui du prêtre. Il était difficile d’y lire quoi que ce soit. L’anglais essayait de comprendre. Il essayait de faire un effort. Et il essayait surtout très fort de ne pas regarder la réalité en face.
Il finit par lâcher un bout de phrase laconique d’une voix un peu plus rauque.

-Je vois. A la prochaine, alors ?

Alan, sous l’intensité du regard de Constantine, était visiblement mal à l’aise. Il faisait de son mieux pour continuer à sourire le plus gentiment possible, mais il aurait préféré tourner les talons et faire comme si il n’avait pas vu John.
Ces derniers temps, les possessions et les activités démoniaques s’étaient faites de plus en plus nombreuses dans les environs. Pour n’importe qui sachant prêter une oreille attentive aux bons murmures dans le vent, elles étaient partout. Amnesty Bay avait été à peu près épargnée, jusqu’ici. Le premier cas de possession s’était déclarée il y a deux jours à peine. Une jeune fille, dans une maison non loin du port. Le domicile qu’il venait, à l’instant, de quitter. C’était déjà mauvais signe en soit, sur l’échelle de la situation de merde. Mais Alan avait bien vite dû admettre que ça pouvait devenir pire.
Le magicien s’était pointé sur le pas de sa porte au moment où il sortait, clamant vouloir rattraper un peu de temps perdu. Alan avait vaguement essayer de prétexter qu’il était occupé par une possession, pour voir Constantine s’incruster avec brio dans la séance. Il n’était pas tout à fait sûr que le magicien ait réellement aidé, mais il lui fallait bien admettre que dans ce genre de situation, sa présence était rassurante (c’était bien la seule fois, du reste). Si il avait merdé, d’une façon ou d’une autre, Constantine aurait été là pour corrigé le tir. Alan admirait le britannique, quelque part.
Mais il était bien trop malin pour passer plus de temps que nécessaire avec l’homme au trench-coat. Il parut sur le point de céder, mais se ravisa.

-A la prochaine, John. Prend soin de toi.

Constantine ne dit rien. Détourna ensuite son regard vers la mer à nouveau. Le prêtre tourna les talons au moment où il portait sa cigarette à ses lèvres. Avant de le perdre d’ouïe, il capta les injures du magicien – sûrement à cause de sa cigarette éteinte par le vent. Alan se força à garder une allure tranquille dans sa démarche, mais à l’instant où il fut hors du champs de vision du thaumaturge son pas augmenta presque par réflexe. Il avait honte, quelque part, de lui tourner le dos comme ça. Mais le britannique était parfaitement capable de veiller sur sa pomme : c’était celle des autres qu’il avait du mal à protéger.

John porta son zippo à ses lèvres à nouveau, essayant d’en embraser le bout. Une fois. Deux fois. Trois fois. Sans succès. Le magicien se retint de jeter son briquet sur le trottoir, et le ferma d’un mouvement de poignet brutal. Il continua à grommeler une flopée d’injures, qui avaient au moins l’avantage d’être imaginatives. A la place, mâchoire serrée, il prit sa cigarette à peine entamée entre deux doigts et lui jeta un regard quasi meurtrier.
La première goutte tomba sur son pouce. La seconde sur le papier blanc de la cigarette. Le magicien releva la tête vers les lourds nuages gris, apparemment sortis de nulle part. Foutu temps de mer de mes deux. De la pluie ?

-Sans déconner ?

Un vent froid, venu du large, vint faire claquer les pans de son trench-coat en réponse. Constantine marmonna une ou deux injures, et jeta sa cigarette au sol. Il y avait à peine touché, mais son humeur était plutôt massacrante. Ses poumons n’auraient pas tolérés qu’il la crame en une seule inspiration rageuse. Le magicien remonta son col et enfonça ses mains dans ses poches. Il ne lui restait plus qu’à marcher, jusqu’à l’hôtel le plus près. Il aurait aussi pu invoquer la Maison des Mystères, mais marcher sous la pluie lui faisait du bien.
L’eau l’empêchait de fumer par les oreilles.

Constantine déambula lentement sur la digue, tout à ses pensées moroses. Ses chaussures claquaient sur le bitume dans un bruit mouillé, répétitif, presque hypnotisant. La mer s’écrasait sur la plage à sa droite, grondant un peu plus à chaque rouleau. Le fracas des vagues se faisaient plus bruyant à chaque instant, grossissant avec la tempête venu de l’horizon. Tu parles d’une ville sympathique. Un trou à rat plein de flotte oui.
Le vent trimballait son odeur de varech un peu partout – sur et sous les vêtements. Le magicien était prêt à faire des commentaires sur les avantages de la vie citadine, à râler sur les inconvénients du large et de la nature en général. D’ici quelques instants, il se serait sûrement mis à hurler en direction de l’océan. John Constantine était frustré, et il était heureux pour le reste du monde que personne ne croise son chemin à l’instant. Il avait besoin de boire, et il n’avait pas la moindre idée de où trouver un bar décent dans ce trou paumé.

Le magicien se réfugia dans le premier établissement venu sur la digue. Dégoulinant d’eau de pluie, râleur, il se laissa tomber dans un coin en aboyant un truc à boire – n’importe quoi, tant que ça n’était pas de la pisse de sardine. Confortablement calé sur la banquette, il tira une nouvelle cigarette et son zippo, à la recherche de la magie primale de l’homo sapiens – le feu. Dehors, le vent souffla une odeur différente. Une odeur de poisson, mais plus rance, plus agressive. Plus vieille, aussi. La mer gronda. Mais au bruit des vagues succéda rapidement un cri étouffé, lointain. Rien d’humain. Quelque chose hurlait, dehors, sous les vagues et le cri de la tempête.

Constantine releva la tête vers la mer. Peut-être avait-il entendu quelque chose. Peut-être pas. Il n’en n’était pas sûr. Il n’avait sûrement rien entendu. Il aurait peut-être dû sortir pour vérifier. C'était peut-être un monstre horrible, venu tout droit des enfers. C'était peut-être son esprit. C'était peut-être autre chose. Quelqu'un déposa un verre de bière avec un claquement sec sous son nez, suivi de près par l'addition.

-Va chier, marmonna Constantine alors que son briquet crachait enfin sa flamme orangée, sans trop savoir à qui il s'adressait.
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Lun 23 Sep 2019 - 17:40

Quelque chose arrive. Quelque chose approche.
Quelque chose de terrible.

Les vieux le sentent dans leurs os. Les jeunes le sentent dans leurs gorges.
La population manque un battement, quand un craquement sinistre intervient ; dans les airs. Dans les cieux. Et dans les mers.


Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Do-fish-die-when-lightning-strikes-the-water_0dda448b-2189-49ce-8b01-a33b95a5fa1f

Le tonnerre. L’éclair.
Ce ne sont pas de bons signes ; tout le monde le sait. Tout le monde le sent.
Nul, cependant, ne peut imaginer ce que cela annonce.

Un silence assourdissant intervient peu après ; le silence, oui. L’absence de bruit. Le calme avant la tempête, diraient certains… ils n’auraient pas tort.
Même si personne ne pourra décrire réellement l’abomination à l’origine du phénomène.

A l’origine du tonnerre. A l’origine de l’éclair.
A l’origine… de la vague.

De la masse d’eau qui s’élève. Du volume d’élément aquatique qui surgit des profondeurs.
Et fonce. Et file.
Et s’abat.

Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Tsunami-waves-picture-id186041798
Sur Amnesty Bay.

Qui ne peut y résister ; qui ne peut y survivre.
Personne ne peut vivre après cela.
Personne.

Mais… mais pourtant. Mais pourtant.
Personne ne meurt.
Personne ne trépasse dans Amnesty Bay ; malgré la vague. Malgré l’eau.
Car celle-ci est bloquée.

Un mur d’énergie a été dressé aux frontières de la terre, là où l’eau vient s’abattre sur la plage ; un mur d’énergie.
Un mur d’énergie magique.


« Hughn. »

La vague demeure puissante ; sa force perdure.
Elle veut toujours s’abattre.
Elle veut toujours s’écraser. Sur Amnesty Bay.
Mais quelqu’un l’en empêche.


« A… ack… »

Quelqu’un souffre pour cela.
Quelqu’un se tient devant la vague – et la bloque.

Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] 430747349_orig
Tempest.
Ex-Aqualad ; Garth. Ancien Titan. Héros.
Magicien.
Plus grand Magicien d’Atlantis, actuellement – et qui souffre, pour Amnesty Bay.

Il tient, pour l’instant… mais il ne tiendra pas longtemps.
L’effort est immense. L’effort est terrible.
Il tient – mais il sent qu’il va céder. Et il sent, surtout, que le pire est à venir…
John Constantine
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Sam 28 Sep 2019 - 15:15




-Et là, elle balance que j'avais qu'à les récurer moi-même. Sans rire Tom j'ai vraiment cru qu-... Tom ?

-...

-Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que tu rega-… Oh sainte mère de dieu.

Constantine jeta un coup d'oeil à la table près de la fenêtre. Depuis qu’il était entré (et probablement depuis bien avant encore), deux pêcheurs s’y racontaient blagues sur blagues et anecdotes sur anecdotes autour d’un repas qui progressait lentement. La simple chute de la conversation avait l’effet d’une une chappe de plomb dans le bar: il paraissait hautement peu probable que quoi que ce soit sur terre puisse faire barrage à leur débit aussi inintéressant qu'il était sans fin, et pourtant ils s’étaient tus.
Le regard du thaumaturge ne se posa pas sur les marins cependant, et préféra tout rationnellement se fixer sur la fenêtre. Et sur ce qu'il voyait à travers. Il ne descendit pas plus pas.

Le britannique écarquilla les yeux, et la cigarette perchée sur ses lèvres tomba sur la table. En général, préserver de quoi fumer lui paraissait important : à l'instant, il avait d'autres chats à fouetter.
Dehors, l'orage battait son plein. Le vent soufflait, la pluie tombait… et les vagues, jusqu'ici déchaînées, s'étaient alignées en un seul front. Un mur liquide, agité de remous, se profilait au large, chargeant Amnesty Bay avec la puissance inarrêtable des catastrophes naturelles. Il y avait quelque chose d'assez absurde, dans cette situation, que de voir par la fenêtre un raz-de-marée.

Il contourna la table, et sortit sur le trottoir. La pluie lui cingla le visage, mais il ne le remarqua presque pas. Autour de lui, plusieurs habitants étaient sortis de chez eux et murmuraient des prières, des injures. Quelques uns étaient simplement immobiles, bouches bées derrière leurs fenêtres. Une odeur étrange flottait dans le vent rageur: un parfum de peur, et quelque chose de plus ancien encore. Peut-être qu'il aurait fallu avoir la présence d'esprit de se précipiter vers sa voiture et de s'enfuir pied au plancher vers l'intérieur des terres, mais tout le monde semblait figé en attendant que la vague se brise.
Pourtant, le mur liquide ne semblait plus vouloir bouger. A bien y regarder, en vérité, la vague forçait tout ce qu’elle pouvait, mais n’avançait pas d’un iota. Il fallut quelques secondes de plus au Britannique pour remarquer le mur d’énergie dressé sur le chemin de la vague.
Et pour remarquer, sur la plage, le point focal de la barrière qui évitait à Amnesty Bay d’être inondée dans la seconde. Il ne fut presque pas surpris de le reconnaître - et se dit que, si il devait y avoir des salutations cordiales à l'ordre du jour, ce serait lorsqu'il serait au sec et sans une vague de Damoclès au-dessus de sa tête.

Constantine cligna des yeux, et traversa la route. Il enjamba la barrière de la digue et traversa la plage à grands pas. La marée étant haute, il n’eut pas à aller très loin. L'odeur de varech se mêlait à d'autres parfums, et quelque chose lui hérissait les poils de la nuque plus que les simples gouttelettes froides dans son cou. Il y avait de la magie à l'oeuvre, mais il était bien incapable de dire si elle était Atlante ou non.
Il y avait quelque chose de tordu, dans l'air et dans l'eau.

-Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?

Le thaumaturge atteignit Tempest relativement vite, quoi que ce n’était pas lui qu’il venait voir. Le magicien l'ignora proprement, et s’approcha (quoiqu’à distance encore respectable) de la vague furieuse. Il avait pressenti quelque chose, un peu plus haut sur la digue, et il voulait en avoir confirmation. Le vent soufflait fort, et charriait des odeurs de charognes. Le britannique lança un regard rapide à l’Atlante, dans son dos, avant de faire volte-face et de lui parler très rapidemment.

-C’est quoi, une insurrection Atlante ? Un groupe de magiciens qui en veut à votre roi en vacances ? Un simple raz-de-marée?

Le dernier cas – aussi absurde que cela puisse paraître – était le plus improbable des trois. Constantine avait conjuré toute la chance dont il était capable la seconde où il avait quitté Alan. C’était, à peu ou prou, un réflexe histoire de se remonter vite fait le moral. Et de trouver un peu d’argent par terre pour se payer un verre.
Par extension, à moins que son mojo synchrone ne se soit épuisé, il paraissait hautement improbable qu’une catastrophe tout à fait naturelle et « faute à pas de chance » lui tombe dessus. Le Britannique renifla. Après, les autres cas possibles n’étaient pas spécifiquement plus réjouissants. A fortiori si il choppait un rhume à cause de la pluie qui lui tombait dans les yeux et la nuque.
Constantine semblait tout à coup beaucoup plus concentré, plus sérieux qu'il ne l'était d'ordinaire. Il n'aimait pas être pris par surprise - encore moins par un tsunami.

-Garth, mon gars, on a besoin de toi. Tu peux essayer de dévier la vague ? De couper la force qui l'anime ?

Constantine avait pris un ton plus tranquille pour s'adresser à l'Atlante. Gentil, calme, encourageant, peut-être. Il aurait fallut être aveugle pour ne pas voir que l'effort que déployait le sorcier des mers était énorme, mais Constantine avait besoin d'un peu plus. Ils avaient tous besoin d'un peu plus, si ils voulaient avoir une chance de survivre. L’esprit du thaumaturge tournait à toute vitesse. Il réfléchissait, calculait ses chances et ses possibilités. Il avait une stratégie au besoin, mais il préférait ne jouer ses cartes que parcimonieusement. A choisir, il valait mieux que Tempest agisse plutôt que de s’épuiser dans un bras de fer avec la vague (dont il ne connaissait toujours pas spécifiquement la cause, et qui n'était peut-être qu'un joyeux prélude à une autre catastrophe). Le temps d'un coup de vent, la seringue rangée dans la poche droite de son trench-coat se fit plus lourde.

Sur la digue, quelques personnes ayant passé le choc s'agitaient pour grimper en voiture et s'enfuir avec le strict minimum. Ils étaient encore trop peu pour parler d'une évacuation en règle.
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Lun 30 Sep 2019 - 10:19

La vague tient ; pour l’instant.
Le tsunami ne tombe pas.
Les gigantesques et monstrueux kilolitres d’eau ne s’écroulent pas. Ils tiennent. Ils sont maintenus.
Amnesty Bay est sauvée ; pour le moment.
Et par la grâce d’un seul.


« Hrm. »

Qui grogne.

« Hem. »

Qui inspire difficilement.

« Humf. »

Qui expire avec difficulté, en craignant de trop se relâcher ; il souffre. Il va mal.
Mais il tient.
Car c’est son devoir ; car c’est sa responsabilité.
Et Garth n’est pas homme à fuir.


« Con… Constan… tine… »

Même s’il perd quelques instants de concentration, à voir et écouter le nouveau venu ; à grimacer, au-delà de la douleur, en le reconnaissant.
Constantine. John Constantine.
Il ne manquait plus que lui pour faire de ce moment un calvaire.


« Rah. »

Tempest se redresse, légèrement.
Il se tient face à la vague, mains et bras dressés directement vers le tsunami ; il grimace, et maintient ses jambes bien plantées dans le sol.
Ça va mal.
Ça tient, mais ça va mal ; et il ne va pas tenir.


« Je… j… »

Il ne va pas tenir, non ; il va craquer.
La vague va l’emporter.
Et Amnesty Bay va tomber. La ville sera engloutie. Sa population sera anéantie.
L’Atlante ne peut accepter cela.

Déjà, car il refuse que toute vie soit perdue ; pas sous sa garde.
Ensuite… parce que c’est Amnesty Bay.
La ville côtière où Arthur a vécu et grandi. Le foyer d’Aquaman. Le foyer de son mentor et père de substitution.

Même s’il a disparu, même s’ils sont en conflit… Garth ne peut l’abandonner ; Garth ne l’abandonnera pas.
Quoi qu’il en coûte.


« RAH ! »

Alors il rouvre les yeux. Alors sa Magie atlante s’active. Alors son regard est désormais animé d’une puissance ardente.
Alors Tempest s’anime.
Et un terrible rayon d’énergie violet s’échappe de ses yeux – pour filer vers la vague ; pour se projeter vers elle.

Pour percer le tsunami.

Des kilolitres d’eau tombent, alors ; s’effondrent.
Aux frontières d’Amnesty Bay.
Qui est désormais sauvée ; qui est sauve.


« Ha… haaa… haa… »

Garth est à genoux, exténué.
Son corps est vidé ; il se sent brisé, au-delà même de la fatigue.
Mais il a réussi.
La vague a été stoppée. La vague est tombée.
Ça va.


« Con… stantine. »

Mais ça ne va pas durer.

« John. »

Il le sait, il le sent ; en relevant les yeux vers le Britannique, à proximité.
Qui n’a pas été coulé par la vague.
Mais qui a été mouillé par l’eau qui s’est brisée, quand Tempest a anéanti la force et la solidité du tsunami. L’Atlante en sourirait, s’il ne sentait pas une ombre qui plane au-dessus d’eux ; et se rapproche.


« Le… Royaume ne souffre plus… d’insurrection. Le Roi… a disparu. La… la paix revient, en Atlantis.
Mais… j’ai senti… quelque chose. »


Il grimace, en figeant son regard sur l’horizon.

« L’Océan est troublé, ici. La vague… n’est qu’un symptôme.
Quelque chose approche. »


Garth se redresse, difficilement.

« Ta présence… est un signe. »

Ils ne se connaissent pas vraiment ; ils se sont croisés, au mieux.
Garth a eu vent de la réputation de John – il ne l’aime pas. Mais il sait reconnaître sa valeur… et sa dangerosité.
Le Britannique attire les ennuis. Amnesty Bay risque, hélas, d’en payer le prix…

John Constantine
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Dim 6 Oct 2019 - 17:37




Constantine s'était rapproché. Il se tenait pile en face de l'Atlante en peine, sondant son visage pour savoir si il pouvait oui ou non construire un plan de survie en le comptant comme un avantage.

« Je… j… »

Le Britannique fronça les sourcils. Tempest semblait sur le point de craquer. Si il s'effondrait, effectivement, Amnesty Bay coulait dans la seconde. Ce n'était pas dit que Constantine sombre avec, mais on était jamais trop prudent. Le magicien tendit la main vers la poche de son trench, par précaution. Plus le temps passait, plus sa fenêtre d'action se réduisait. Il n'aurait pas vraiment de deuxième chance.
Les yeux du magicien des eaux étaient fermés, plissés par la concentration. Ses traits mêlaient douleur et effort intense. Et quelque chose d'autre aussi. Quelque chose de plus cathartique, peut-être. Constantine vit clairement le changement infime sur le visage de l'Atlante - et la lumière violacée qui s'amassait derrière ses paupières.

-Ooh...

« RAH ! »

-Putain de bordel de merde !

Constantine se baissa une fraction de seconde avant l'impact. Les yeux de Tempest crachèrent un rai de lumière violette brulante, qui frôla le dessus du crâne du thaumaturge, traversa l'espace où se situait auparavant son front, et fila en ligne droite vers la vague. Le rayon frappa la masse d'eau de plein fouet, la faisant exploser dans le même mouvement. Le mur s'ouvrit devant la magie Atlante, s'écroulant sur les côtés dans un bruit énorme. Le thaumaturge, les yeux écarquillés, observa la destruction de la vague. Une fois sûr qu'ils ne risquaient pas un contrecoup plus ou moins désastreux, le Britannique s'accorda un sourire ouvertement fier de lui - qui fut, il faut bien l'admettre, de courte durée. L'eau s'était effondrée, mais tout n'était pas tombé du côté de la mer. John aurait pu commencer à rire, mais la trombe d'eau qu'il se prit sur la tête l'en dissuada très vite.

Marmonnant des injures et essuyant ses yeux, le magicien se retourna vers Tempest. L'Atlante semblait épuisé et fébrile. Constantine ne s'approcha pas de lui, et observa les vagues à la place. Pour l'instant, la mer semblait calmée. C'était difficile à estimer, mais ils avaient l'air à peu près tranquille pour le moment. Le magicien sentait que quelque chose n'allait pas, qu'un danger était toujours présent: mais il était encore trop loin pour qu'il puisse mettre la main dessus.
Le Britannique se retourna à moitié pour dire quelque chose, mais n'en n'eut pas l'occasion. Une poignée de villageois s'étaient précipités auprès d'eux. Des gens volontaires, qui pensaient visiblement que Tempest venait de les sauver d'un "simple" tsunami. Ils étaient remarquablement nombreux, à vrai dire. Ils encerclèrent l'Atlante en un rien de temps, se moquant du Britannique comme d'une guigne.

-Vous allez bien ?

-Tempest !

-Accroche, toi fiston. On va te porter jusqu'à la digue.

Constantine haussa un sourcil vaguement irrité, puis se retourna en marmonnant que lui aussi, il allait bien. Bougon, il observa la mer. L'eau avait montée considérablement, et le bord des vagues l'avait forcé à reculé de quelques pas. La mer touchait presque le bout de ses chaussures. Aussi fut-il le premier à voir le danger venir.

- Attention !

Constantine se jeta de côté, évitant le tentacule surgissant des vagues supposément redevenue calme. Derrière lui, le barman ne fut pas aussi chanceux. La chose lui attrapa la cheville et le tira sans ménagement en arrière. Le visage marqué d'horreur, il eut beau hurler et frapper dans le vide, il n'avait aucune prise à laquelle se retenir sinon le sable. Sa voix finit en gargouillement étonnamment dissonant lorsqu'il fut avalé de force par l'eau.
Les villageois se mirent à crier, le tentacule n'étant pas venu seul. 4 autres avaient déjà trouvés une prise, qui tentaient tant bien que mal de s'accrocher à son voisin (qui, en fonction de sa position choisie sur l'habituelle balance morale, essayait soit de s'en débarrasser, soit de s'attaquer à la tentacule à coup de canif ou de bois flotté). Un ou deux villageois tentèrent de s'enfuir, mais le reste n'eut pas vraiment d'autres choix que d'essayer de se battre: une plage de sable est un sol perfide, quand il faut courir dessus.

Constantine, sur le dos, recula à toute vitesse. Quoi que soit la chose qui les attaquait, elle se concentrait sur le groupe principal, qui cherchait (a plus ou moins forte raison) à lui échapper. Le thaumaturge avisa Garth, au milieu du groupe. Il fit rapidement son choix. Il se redressa et se précipita sur l'Atlante, encore affaibli par la magie qu'il avait déployé plus tôt.
Il manqua de tomber avant d'arriver à son niveau. Quelqu'un l'avait saisi à la cheville, dans une tentative désespérée de ne pas être livré à son tombeau maritime: presque par réflexe, Constantine pivota et lui écrasa le poignet, le forçant à lâcher prise.
Il n'enregistra jamais le visage de ce "quelqu'un".

Le Britannique passa un bras de Tempest par-dessus son épaule, et le tira comme il pu. L'Atlante était plus lourd qu'il ne l'avait prévu initialement, mais il avait besoin qu'il se bouge. Il ne pouvait pas le laisser mourir là, c'était une puissance de feu non-négligeable.

-Vite ! Faut qu'on bouge.

Le groupe de villageois se réduisait à vue d'oeil. D'ici peu, ils tourneraient tous les talons pour s'enfuir à toute vitesse vers le sol ferme, et leur distraction serait foutue. Du coin de l'oeil, Constantine aperçu une jeune femme faisant lâcher prise à un tentacule à coup de bâton. Pour l'instant, ils avaient le temps de se tirer, si Tempest se décidait à y mettre un peu du sien.

Ils n'étaient pas en état d'affronter ce qui les attaquait de front. Il fallait qu'ils battent en retraite, et ils n'auraient pas meilleure occasion qu'une bande de citoyens suicidaires s'offrant diligemment comme chaire à canon.
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Lun 7 Oct 2019 - 10:19

Tempest n’est pas en forme.
Il a sacrifié beaucoup d’énergie pour repousser le tsunami, l’immense mur d’eau qui allait s’abattre sur Amnesty Bay. Il est parvenu à empêcher le pire, et à sauver des dizaines d’habitants – qui en ont conscience.

Ceux qui vivent à Amnesty Bay depuis des années sont habitués aux exploits de quelques Héros de la mer. Même s’ils attendent toujours Aquaman, leur Arthur, ils ont déjà croisé Garth – et savent qu’il est là pour eux.
Les gens, heureux et soulagés, sont donc venus le remercier ; l’aider, même.
Donner un coup de main, tout simplement.

Les habitants sont courageux, à Amnesty Bay ; fiers et volontaires.
Un peu bêtes, aussi.
Un peu précipités. Un peu trop rapides. Un peu trop sûrs d’eux.
Un peu morts, aussi, maintenant.


« N… non… »

L’Atlante pensait avoir repoussé le pire ; il se trompait.
Le pire ne fait que commencer.

D’abominables tentacules s’échappent des flots, et viennent s’abattre sur le bord de mer ; ainsi que les habitants qui s’y étaient déplacés, pour aider.
C’est un massacre.
Les gens d’Amnesty Bay n’ont strictement aucune chance – et personne pour les aider.


« Con… Constan… tine… »

Le Britannique l’aide ; lui.
Le Sorcier est venu directement vers Tempest, et a passé son bras sous ses épaules pour l’aider. Pour le faire avancer. Pour le mener loin des flots, et le protéger.
C’est bien. C’est noble. C’est sympathique.
Mais…


« Non. »

… ce n’est pas ce que Garth veut.

« Ils… meurent. »

Il se fige, alors.
Il se fige, droit dans ses bottes. Il empêche John d’avancer, encore.


« Il faut… les aider. »

Son regard violet se fige sur le visage du Britannique ; il ne cédera pas.
Il ne les laissera pas mourir.
Même s’il sait qu’ils sont condamnés. Même s’il sait qu’il ne pourra pas tous les sauver, voire n’en sauver que trop peu ; mais ça ne compte pas, là.

Des gens meurent.
Des gens bien meurent.
Il faut les sauver.


« Ré… récupère-les. »

Garth s’entoure d’une aura violette.
Légèrement moins puissante qu’avant, hélas.


« J’o… j’occupe… la bête. »

Un flux d’eau passe alors autour d’eux ; mouille lamentablement John Constantine, mais surtout entoure l’Atlante.
Pour le projeter.
Pour le propulser dans les airs.

Ses lèvres se crispent, et aucun son n’en sort ; il n’a pas la force de hurler.
Mais il file.
Mais Tempest file vers la mer – et utilise déjà ses énergies magiques pour s’en prendre à la créature à l’intérieur. A l’horreur qui possède ces tentacules, qui tuent et massacrent.

Des rafales de Magie gelée et de Magie brûlante s’échappent de ses poings.
Il frappe.
Encore et encore.
Il frappe.
Jusqu’à ce que les tentacules reculent. Jusqu’à ce qu’ils lâchent les quelques habitants encore vivants.


Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] 6

Jusqu’à ce que les tentacules battent dans les airs, pathétiquement.
Garth souffle, alors ; mais il ne se réjouit pas, et ne se repose pas.
Il sait.

La bête est touchée ; il l’a blessée.
Elle va réagir, alors.
Il jette un coup d’œil rapide au Britannique – et espère que John Constantine évacue les habitants, et tout Amnesty Bay. L’Atlante sent qu’ils vont avoir besoin d’espace, s’ils veulent agir… et survivre.

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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Mer 9 Oct 2019 - 19:38




Constantine planta son regard dans les orbites violettes de Tempest, avec un air clairement ennuyé sur le visage. Ils n'avaient pas le temps de s'arrêter au milieu de la plage pour discuter du bien, du mal, ou de trucs de super-héros: il fallait qu'ils se tirent sous peine de finir en nourriture pour poisson sous peu. Le Britannique ouvrit la bouche pour lancer une remarque cinglante à l'Atlante, mais n'eut (à nouveau) pas l'occasion de l'ouvrir. Une trombe d'eau le frappa de plein fouet, le forçant à temporairement couvrir ses yeux. Lorsqu'il releva la tête, Tempest était reparti à l'assaut du monstre.

Le thaumaturge observa les vagues, sans rien dire, les lèvres pincées, et le point violet qui chargeait les tentacules.
Spoiler:
Certaines personnes avaient de tout évidence une conception fondamentalement suicidaire de l'héroïsme. A fortiori quand elles portaient du spandex moulant, magique ou non. Ou peut-être cela fonctionnait-il dans l'autre sens: était-ce le spandex qui créait l'héroïsme stupide, ou l'héroïsme stupide le spandex ?
Il jeta un regard vaguement dédaigneux au reste des gens amassés sur la plage. Le choix fut vite fait: le thaumaturge tourna les talons et se précipita vers la berge. De toute évidence, il ne partageait pas le point de vue de Garth sur ce qu'il convenait de faire à l'instant.

Quelques brillants esprits réalisèrent que Tempest était retourné au combat, et appliquèrent le même plan que John. Ayant reçu une diversion livrée sur un plateau d'argent, la plupart des rescapés décidèrent de lâcher armes et alliés pour s'enfuir et sauver leur peau. Les autres furent massacrés avant que la créature ne soit forcée de se retirer.
Constantine se laissa tomber sur un banc publique et tira une énième cigarette d'une poche intérieure. Autour de lui, les gens courraient. Certains criaient. Tout le monde fuyait. Clac. La flamme de son briquet dansa doucement dans l'air emprunt de panique, avant d'embraser le bout de sa cigarette. La pluie s'était arrêtée, mais de lourds nuages gris planaient toujours au-dessus de la ville. Les gens, aussi braves qu'ils soient, commençaient à saisir que leur maison ne les protègerait pas longtemps de ce qui assiégeaient actuellement la ville. Car s'était définitivement ce dont il s'agissait: un siège. La créature était peut-être blessée, mais le Britannique doutait qu'elle ne leur laisse l'occasion de s'enfuir. Quelques chanceux parviendraient peut-être à se sauver sur les routes donnant accès au continent. Mais tout les malheureux trop lents, ou cherchant à s'enfuir par la côte serait probablement ses premières cibles.
"Excusez moi ?"

Constantine releva les yeux. Une jeune femme, l'air un peu nerveuse, s'était approchée de son banc. Elle tordait ses mains, et jetait des regards vers la mer par à-coups.

"Est-ce que... Est-ce que c'est fini ?"

Constantine tira une bouffée de cigarette, dissimulant à grand peine un rictus ouvertement sardonique.

-Je sais pas. Demandez leur" ajouta-t-il avec un vague geste vers l'endroit où une multitude de citoyens avaient été attaqués par une créature d'outre monde. Endroit où, du reste, l'eau prenait lentement une coloration vermeil.

Il supposa que son interlocutrice s'était retirée ensuite. Avec un sanglot ou deux, peut-être. Il n'avait pas remarqué. Il était concentré. Il manquait d'information pour pouvoir faire quoi que ce soit, à l'instant. Qu'est-ce que c'était que ce truc, bordel ?
Constantine croisa le regard de Tempest. L'air faussement négligent, il lui fit indolemment coucou depuis la digue. Il avait besoin de plus d'informations, et il avait surtout besoin de pouvoir. Incidemment, Tempest correspondait parfaitement à ses critères de sélection.
Le thaumaturge remarqua soudainement, dans les coins périphériques de sa vision, que la brume s'était levée. Et cette brume, encore, nuançait l'odeur du varech de fragrances plus anciennes, plus étranges. Elle était minime, sur le bord de l'eau. Rien à voir avec le Fog Londonnien.

Plus loin, sur les axes principaux de la ville, la brume s'était aussi levée. Là-bas, pourtant, elle était épaisse et presque lourde: c'était une gigantesque mélasse livide, qui cheminait en lambeau dans les rues de la ville et sur la mer pour se condenser en mur de fumée autour d'Amesty Bay. Les quelques voitures qui avaient réagit le plus vite s'y engouffraient pied au plancher. Peu importait qu'elles n'y voient rien: elles connaissaient la route en ligne droite. Elles ne freineraient que lorsqu'elles seraient loin. Une, deux, trois voitures entrèrent dans la brume.
Et une, deux, trois voitures en jaillirent, en sens inverse. Le pseudo-tsunami avait déjà offer d'Amnesty Bay en royaume à la Confusion. Mais lorsque l'on comprit qu'un phénomène inexpliqué empêchait de sortir du périmètre du village côtier, la Confusion fut bien obligée d'ériger un trône à sa sœur, la Panique.

Constantine, évidemment, n'en savait encore rien.
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Jeu 10 Oct 2019 - 10:17

Garth ne connaît pas bien John Constantine.
Il l’a à peine croisé.
Il a essentiellement en mémoire la réputation du Britannique ; ses exactions, plutôt.

Il n’a pas une bonne opinion sur lui.
Et les événements qui se déroulent à Amnesty Bay, notamment la réaction du Sorcier, ne font que confirmer cet avis.


« Humf. »

Un lourd soupir s’échappe des lèvres de l’Atlante ; il fatigue.
La créature au fond des eaux demeure inconnue. Seuls ses quatre tentacules sont visibles, et battent dans les airs – mais, au moins, elles ne s’en prennent plus aux civils.
Bon, il n’y en a quasiment plus sur la plage… mais quand même.

Tempest agit, et il pense voir un résultat ; ça le rassure.
Car ses forces l’abandonnent.


« A… allez… »

Il tire ; il attaque.
Il envoie de la glace dans la mer.
Il envoie des flammes dans les creusets.
Il tire même quelques rafales d’énergie violette via ses yeux – mais il limite ces attaques.


« Ack. »

Repousser le tsunami a déjà été terrible ; ce combat, et notamment la manipulation de l’eau pour demeurer dans les airs, l’épuise.
Le monstre semble se contenir, mais… jusqu’à quand ?

Garth se tourne, et avise John Constantine sur le bord de mer.
Assis.
Assis sur un banc. A fumer.
Alors que des gens fuient. Alors que des gens sont encore en danger.


« Par les couilles salées de Neptune. »

Une grimace glisse sur son visage ; il s’énerve.
Ça l’énerve.
John Constantine l’énerve.


« Vas-tu faire quelque chose ? Vas-tu agir ?! »

Il le regarde encore ; il s’énerve.
C’est une erreur.
Car Tempest ne voit pas le tentacule qui bat dans les cieux – et vient, très brutalement, le frapper.


« Houf ! »

Le tentacule le frappe, et le propulse dans l’eau ; l’Atlante est sans défense.
Les quatre tentacules plongent, pour s’en prendre à lui.
Alors qu’il est affaibli. Alors qu’il est touché.
Alors qu’il est vulnérable.

D’autres événements se déroulent, cependant ; la fameuse brume se déploie.
Et l’eau… l’eau tremble, sur la plage. L’eau vibre.
Car quelque chose en sort.

Quelque chose s’en extrait.
Quelque chose s’échappe des flots… et s’avance sur Amnesty Bay.

Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Latest?cb=20150831020605
Plusieurs choses, en fait.
Plusieurs monstres, qui fondent sur Amnesty Bay… et John Constantine !

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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Dim 13 Oct 2019 - 19:09




Constantine se sentait brimé. Apparemment, l'univers n'avait pas envie qu'il puisse correctement s'exprimer dans la complexité de sa pensée aux autres individus peuplant sa planète, puisqu'il était perpétuellement coupé dans ses tentatives de communications.
Ici, précisément, se faisant crier dessus par un Atlante un peu tendu, le Britannique fronça les sourcils. La chose qui les attaquait s'était prise une satanée rouste. Elle aurait dû rester dans l'eau, temporairement en retrait. Il se prenait pour qui, Goutelette-Man, pour lui intimer d'agir comme si c'était sa nourrice ? Le thaumaturge s'apprêtait à lui exprimer son mécontentement de la manière la plus américaine qui soit: il n'eut cela dit jamais l'occasion de lever le majeur.

Constantine vit distinctement les tentacules jaillir de l'eau et frapper un Tempest distrait, pour le plonger dans la mer. Le magicien retint une injure. Il pensait la créature hors de combat, ne serait-ce que pour quelques instants. Visiblement pas. Devant lui, les vagues, agitées par les mouvements de la chose qui occupait la baie, avaient enflé. Elles étaient plus grosses, plus sombres aussi, retournant sables et algues sans ménagement. Constantine se releva, et fit quelques pas en direction de la plage. Une nouvelle vague se brisa alors qu'il se relevait: elle s'écroula sur une silhouette, rendu distincte par la soudaine blancheur de l'écume. Le thaumaturge s'immobilisa net.
Ses yeux plissés scrutait le rivage, rendu difficilement discernable par la brume. Il vit un mouvement. Puis un autre. Puis encore un autre. Le magicien écarquilla les yeux. Des silhouettes vaguement humanoïdes s'extirpaient des flots, avançant de plus en plus vite à mesure qu'elles s'adaptaient au sol et à l'air de la surface. L'une d'elle leva les yeux, et malgré la brume Constantine aurait juré qu'elle le regardait droit dans les yeux. Elle poussa un cri, une sorte de gargouillement infâme et aiguë. Après réflexion, le Britannique se fit la remarque que son cri ressemblait vaguement à un rire.

Le magicien n'y réfléchit pas deux fois. Il tourna immédiatement les talons et se précipita dans le bar d'où il était sorti. La salle était vide, tout le monde étant dehors. Le magicien ignorait où était le patron et ses employés, mais il ne se posa pas la question trop longtemps. Si il avait su qu'il s'était fait dévoré par la créature assiégeant Amnesty Bay, ça n'aurait pas changé grand chose. Il poussa les portes de la cuisine et se mit à farfouiller entre les étagères de manière quasi-frénétique. Il lui fallait agir vite.
Dehors, les quelques personnes encore debout sur la digue avait fini par voir les créatures sur la plage. Constantine avait entendu des cris. Les choses ne mettraient plus très longtemps à charger la digue. Il leur fallait un peu de temps pour s'adapter correctement à la surface et devenir de véritables dangers: tant que leur métabolisme n'était pas au top de ses capacités, elles ne se risqueraient pas hors de l'eau. Alors qu'il était plié en deux sous un évier, le thaumaturge entendit distinctement un coup de feu, puis un deuxième, puis un troisième. Un sourire acéré se dessina sur ses lèvres. Petit port paumé ou pas, ils étaient en Amérique.

Les armes à feu n'étaient pas toujours utiles sur les créatures d'un autre monde. Mais dans le cas précis de la chair à canon qui avait surgit des profondeurs pour les charger directement, elles pouvaient les ralentir suffisamment longtemps. Pas éternellement, mais c'était déjà assez.
Constantine sorti de la cuisine quelques minutes plus tard, ayant mis la main sur ce qu'il voulait et préparé le terrain à son goût. Il jeta un coup d'oeil à travers la vitrine du restaurant: les créatures étaient en partie prête à attaquer. Elles n'étaient pas si nombreuses et visaient résolument la digue, une partie d'entre elles encore un peu en retrait. Quelques citadins s'étaient attardés, fusils en main, pour tirer sur les créatures. Courageux ou désespéré, cela se jouait probablement à peu de choses. Ils formaient une barricade branlante, qui menaçait de s'effondrer à tout instant, mais Constantine ne leur demandait pas plus. Le gros du groupe des créatures des profondeurs peinaient à passer, mais un ou deux spécimens avaient réussit à passer sous le tir des pêcheurs.
Parfait.

Un des hommes poissons courrait sur la digue de pierre. Un tir de fusil toucha une créature sur sa droite, un autre tir manqua. Le temps qu'il recharge, la chose avait escaladé le monticule de pierre. Ses yeux globuleux étaient fixés sur l'homme qui lui faisait face, qui tentait de recharger son arme avec des gestes frénétiques, sachant très bien qu'il n'en n'aurait jamais le temps. La chose tendit ses griffes, et ouvrit sa gueule. L'odeur de varech se fit plus forte...
Il y eut un bruit sec, et un feulement vaguement étranglé. Constantine, armé d'un pied de biche, venait de décocher un énorme coup juste sous le menton de la créature. Il y eut un *crac* sonore, et la créature tomba au sol. Le silence se fit instantanément sur la plage. Constantine, nonchalamment, tira une allumette d'un paquet piqué en cuisine, et la laissa tomber sur le cadavre de l'homme-poisson qui s'embrasa dans la seconde. Il se redressa un peu, et hurla quelque chose dans une langue profonde, gutturale et rauque qui résonna sur la digue.

Une formule magique ? Oh non. Des insultes, seulement. Des insultes imagées, dans la langue natale et déformées des choses qui les agressaient.

La réaction des autres ne fut pas immédiate. Elles étaient toutes parfaitement immobiles, fixant Constantine de leurs yeux brillants. Puis, d'un seul coup, leurs cris s'élevèrent, à mi chemin entre le chagrin, la haine et l'étranglement. Constantine jeta un oeil aux quelques pêcheurs restés sur la digue.

-Je pars à gauche, vous partez à droite ?

Ils ne cherchèrent pas à argumenter longtemps. Les pécheurs s'enfuirent, mais les créatures ne les pourchassèrent pas. Elles pourraient toujours les attraper plus tard. Ils ne pouvaient pas s'enfuir. Leur filet était tombé sur Amnesty Bay, ce n'était qu'une question de temps. C'était leur méthode de chasse, elles étaient habituées. Mais elles devaient en premier lieu retirer les éléments dangereux et inconnus de l'équation: nominativement, Tempest et cet arrogant blondinet qui parlait leur langue.
Le thaumaturge tourna les talons, et se réfugia de nouveau dans le bar. Lorsque les créatures arrivèrent à son niveau, elles se jetèrent contre la vitrine et la porte. Qui, pour être franc, n'opposèrent pas beaucoup de résistance.

La salle principale était vide. Si ce n'était, poussée au centre, une lourde bonbonne de gaz métallique dont le robinet sifflant était grand ouvert. Et sur le côté, à demi-dehors près de la porte de service, un magicien en trench-coat, majeur levé, qui lança vers eux un briquet.

L'explosion souffla le groupe de choses, les propulsant hurlantes sur le bitume. Certaines se relevèrent, des flammes dansant à même la peau, pour aller s'effondrer plus loin avec des cris aiguës. La plupart moururent sur le coup. Quelques unes, néanmoins, hurlant plus fort, repartirent à la chasse du Britannique, leur griffes cliquetant sur le bitume.
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Lun 14 Oct 2019 - 11:50

La résistance s’organise.
Et, même s’il contestera sûrement ce statut, duquel il fera une plaisanterie bête et lourde, John Constantine la mène.
Avec une forme d’efficacité.


BOOM

Une explosion embrase directement le local piégé par le Britannique.
Une partie d’Amnesty Bay part en flammes, du fait des projections mais aussi de matières poisseuses arrivées par les vagues ; ces étranges matières s’enflamment rapidement, et un véritable incendie se déclenche.
Rapidement. Efficacement.
Dangereusement.


Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] HairyMammothArctichare-size_restricted

Plusieurs créatures abominables ont péri, sous les flammes.
Certaines ont été prises par les tirs des quelques courageux qui se sont opposés à elles ; des courageux rapidement devenus fous, face à l’horreur de ce que ces monstres représentent. Avant de disparaître, aussi, sous la fureur et la violence de leurs coups.

Seul John Constantine demeure, dans cette zone d’Amnesty Bay.
Le reste de la ville est évacuée.
Les autres Humains ont fui ; ils ont raison.

Car d’autres monstres s’échappent des flots. Car d’autres bêtes immondes apparaissent.
Et s’avancent.
Et convergent directement vers John Constantine, qui peut se sentir acculé – entre, d’un côté, ces abominations, et de l’autre, les flammes qui se rapprochent et s’intensifient.

Il n’est, heureusement, pas seul dans cet enfer.


« RAH ! »

Tempest est là.
Encore.


« C’est… ça suffit ! »

Il s’extraie difficilement de l’eau. Il se projette en dehors de l’élément aquatique, avec sa maîtrise des flots, qui créent une structure solide sur lui.
Il saigne ; son front est ensanglanté, et son costume est rapiécé. De nombreuses plaies sont visibles.
Il est en sale état – et toujours exténué.
Mais il ne renonce pas.


« CONSTANTINE ! »

Son regard violet avise, dans la tempête et la fureur du moment, la silhouette du Britannique ; plus loin. En danger.
Seul.
Pour le moment.


« TIENS BON ! »

Il se projette de lui ; il vient vers lui.
Il vient à son secours.

Malgré la douleur. Malgré les blessures. Malgré la fatigue.
Malgré la mauvaise foi et le mauvais caractère de John ; l’Atlante vient vers lui.
Il vient l’aider.

Garth file, tel un surfeur gérant sa propre vague. Il utilise ses forces pour rejoindre le Britannique, et fait même luire ses yeux violets ; la Magie se mobilise.
Un puissant tir s’échappe de ses yeux, et vient frapper plusieurs créatures – mais ça ne suffit pas.


« Rah ! »

Il peste – mais il continue.
Tempest se projette. Tempest file en avant. Tempest mobilise ses forces… et s’approche.
Pour l’aider. Pour le secourir.
Pour se réunir, et ainsi reprendre un peu le contrôle dans cette folie.

Mais.
Mais la folie est pire qu’il l’imaginait.

Car, alors que Garth va rejoindre Constantine… l’impossible se produit.
Une forme se dégage, sous lui ; dans les flots.
Une forme immense. Une forme terrible. Une forme massive.
Qui se projette – qui ouvre sa gueule.
Et referme ses dents sur Tempest… qui est littéralement avalé par une bête immonde, et gigantesque !
John Constantine
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Jeu 17 Oct 2019 - 17:48




Le souffle de l'explosion projeta le Britannique au sol. Un peu plus loin, il vit distinctement un battant de bois s'écraser sur le trottoir, arraché de ses gongs. Il avait eu le temps de s'éloigner suffisamment par la porte de service pour ne pas être carbonisé dans l'affaire, mais il sentait l'air chaud dans son dos, les langues de feu qui léchaient les murs. L'air sentait le brulé, et des éclats de verres parsemaient le sol. Le thaumaturge ne prit néanmoins pas le temps de se féliciter de son tour de passe-passe à la Michael Bay: il fallait qu'il trouve un abris. Ne serait-ce qu'un abris temporaire.

Le Britannique se remit sur pied et claudiqua vers la rue. Il avait espéré prendre de l'avance sur les créatures marines, en plus de d'en décimer quelques unes et de faire diversion. Que dalle: il n'avait pas fait 5 mètres qu'il entendit leurs cris dans son dos. Tu parles d'un plan bien huilé: il venait de se livrer à une armada d'hommes-poissons en colère, et récoltait des fourmis dans les jambes en prime. Il continua à marcher le plus vite possible, avant de se résigner. Les choses avançaient bien plus vite que lui, autant ne pas leur présenter son dos. Constantine pivota, brandissant son pied de biche. Là, il fallait avouer, il ne savait pas trop quoi faire. La horde le chargeait sans ménagement. Elles n'étaient pas encore sur lui, mais pas loin. Constantine renifla. Il n'était pas tout à fait sûr d'avoir déjà vu pire, mais il se le disait intérieurement pour se rassurer.

« CONSTANTINE ! »

Le magicien leva les yeux. Quelques créatures ralentirent, cherchant l'origine du cri. La plupart, néanmoins, continuait de vouloir sa peau, visiblement.

« TIENS BON ! »

Le thaumaturge écarquilla les yeux. Comme quoi la cavalerie n'était pas qu'un mythe. Il aperçu un scintillement violet, et changea sa position. Le rai de lumière vint frapper les hommes poissons avec un grésillement désagréable. La plupart hurlèrent de douleur, et toutes pivotèrent dans un crissement de griffes. Elles fonctionnaient plus ou moins selon un esprit de ruche, triant les menaces par ordre de danger: Tempest, hors de l'eau, était plus dangereux que Constantine. Elles feulèrent, grincèrent, crièrent des menaces à l'Atlante. Il était visiblement épuisé: elles n'auraient qu'à le cueillir à l'atterrissage.
Constantine n'aurait laissé passer cette chance pour rien au monde. Il fit volte-face, et se sauva aussi qu'il le pouvait avec sa jambe engourdie par sa précédente chute. Ce serait une diversion correcte, faute de mieux.

Il n'eut pas l'occasion d'aller bien loin. Un bruit assourdissant le força à se retourner. Les vagues, au bord d'Amnesty Bay, s'étaient brutalement ouverte en deux. Des flots bouillonnants jaillit une longue silhouette. Constantine retint un juron. La chose était énorme. Vaguement humanoïde, sa peau luisante était marquée de cercles vaguement luminescent; sous sa taille, son corps devenait celui, ophidien, d'un serpent luisant. Ses mains se terminaient par de longues griffes, et du pourtour de sa bouche jaillissaient des tentacules pâles et grouillantes. Les membres préhensibles se lancèrent en avant, fouettant l'air autour de l'Atlante. Elles le giflèrent, le malmenèrent un temps avant de le précipiter entre les mâchoires de la créature. La chose, aussi simplement que cela, avala Tempest.

Le silence qui s'ensuivit ne fut pas de longues durée. Le danger du magicien éliminé, les hommes-poissons se retournèrent aussi sec vers Constantine. Le cerveau du Britannique turbinait à fond, et ses yeux écarquillés d'horreur se posèrent sur la masse. Qui, dans la seconde, lui bondit à la gorge.
Ils n'allaient pas tous à la même vitesse, certains plus réactifs ou rapides que d'autres, ce qui fit que pendant quelques brèves secondes, le Britannique considéra follement le minuscule espoir qu'il puisse leur survivre, lui, combattant de bar de son état, armé d'un simple pied de biche.
Il se mit à frapper, un peu au hasard. Il y eut des craquements et des bruits étranglés, mais pas assez. Rapidement, son arme de fortune lui fut arraché. Et tout aussi vite, son sang se mit à couler sur le goudron de la route. Constantine se dit, pour se rassurer, que c'était ce qu'il voulait.
Le britannique continua à se battre sans arme, quoique pas longtemps. Il mit un crochet ici, un coup de coude là, mais fut vite débordé. Rapidement désordonné, ses coups devinrent des gestes désespérés pour immobiliser une créature. Le magicien finit par abandonner toute sorte d'attaque, pour chercher à ses protéger le visage et la gorge. Il se roula en boule, sous les coups de griffes qui peinaient à le toucher tellement tout le monde voulait une pièce du thaumaturge. On le lacérait, on le mordait. Lui, il serrait les dents. Il devait jouer son rôle jusqu'au bout. Ils devaient y croire. Le magicien semblait fichu, simple bout de viande bon pour l'amusement de la meute, lorsqu'il hurla quelque chose. A nouveau, quelque chose dans la langue de ses assaillants, mais pas des insultes, cette fois. Pas une formule non plus: Constantine cria un nom, et hurla une offre.

Les attaques s'arrêtèrent dans le même mouvement, certaines griffes à quelques centimètres à peine de sa peau. Les créatures semblaient immobilisées en pleine action. Il y eut un long silence, presque pensif, comme si quelque chose pesait le pour et le contre. Puis, lentement, les hommes-poisons reculèrent. Le Britannique tremblait de tous ses membres, et resta prostré pendant un temps. Puis, lentement, il se redressa. Sur la plage, la chose qui avait avalé Tempest le regardait. Droit dans les yeux. Puis, lentement, elle se pencha et cracha quelque chose sur le sable.
Constantine se releva lentement, la respiration toujours saccadée. Autour de lui, les hommes-poissons formaient une foule silencieuse, parfaitement droite, au regard vide. Boitillant, le Britannique se dirigea vers la plage.

Le silence était assourdissant. Le simple regard de la chose, sur la plage, le faisait trembler des pieds à la tête. Constantine était terrifié - mais quelque part, il avait toujours mieux fonctionner sous adrénaline. Pour éviter de trembler, il plongea ses mains dans les poches de son manteau (sans jamais avoir ouvert son poing droit depuis qu'il s'était relevé. Il réfléchissait.
Il savait par qui Amnesty Bay était attaqué. Et il avait vaguement une idée de comment s'en débarrasser. Une créature au large, produisant un raz-de-marée destructeur. Une horde d'humanoïdes corrompus lâchés sur les décombres pour se repaître des vivants et des morts. Le Britannique jeta un bref regard en l'air. Un nuage de brume, ceignant la zone ciblée, empêchant qui que ce soit d'entrer ou de sortir de la zone de chasse.

*Tu connais mon nom. Très bien. Je suis curieux.

La voix de la chose fit frissonner le magicien. Sa voix était rocailleuse, grave, et vaguement gargouillante. Sa voix grouillait, à la manière d'un trou infesté par des vers. D'autant plus, la langue natale de la créature n'aidait pas à en faire un dialecte mélodieux.
Imperceptiblement, un muscle se détendit entre les omoplates du magicien. Malgré tout, il avait vu juste. Il avait hurlé le bon nom, tout à l'heure, au sol. Il avait reconnu la créature.
Il tenta de prendre une voix détendu, mais son ton parut juste crispé.

*Vous êtes difficile à rater.

Le Britannique arriva au niveau de ce qu'avait recraché son interlocuteur. Tempest avait été recraché sans ménagement sur le sable. Il était dans un sale état: son costume était en miettes, et de nombreux coupures marquaient sa peau. Constantine ne lui accorda qu'un bref regard suppliant. "Laisse moi faire, ou on est morts".

*Tu m'as dit qu'il pouvait m'être utile. L'idée n'est pas dénuée de sens. Mais j'espère que tu t'y connais en plaidoirie, humain.

Constantine se racla la gorge. Dans la langue archaïque de la créature, l'idée de "plaidoyer" était plus proche de celle de "se battre à mort pour son bout de viande". Précisément le genre d'image qui n'aidait pas à détendre l'atmosphère. Le magicien lui adressa un sourire carnassier: on commençait déjà à toucher plus à son domaine de compétence.

*Il vous serait plus utile vivant que dévoré. C'est un haut mage Atlante, qui a des liens avec les royaumes sous-marins. Vous avez vu ses pouvoirs. Ce qu'il peut faire. Le consumer vous renforcerait certainement, mais l'utiliser comme outil serait bien plus profitable sur le long terme.

La chose était un démon d'un genre particulier. D'un genre terriblement puissant, et pourtant terriblement limité, généralement cloisonné dans les niveaux inférieurs de l'enfer. La guerre civile du domaine de Lucifer était une bénédiction à double tranchant, pour lui: certes, les perturbations ouvraient plus de failles, permettant plus de chasse.
Mais d'un autre côté, les démons plus faibles gagnaient en puissance plus vite. Il fallait pouvoir prendre la tête de la chasse le plus vite possible, sous peine de se voir souffler par les vagues de démons avides de pouvoir.
Discrètement, la brume se fit progressivement plus épaisse sur la plage, autour de la foule d'hommes-poissons immobiles, de la créature qui les dominaient, du Britannique et de l'Atlante.

*Et pourquoi se battrait-il en mon nom ?

Constantine jeta un regard à Tempest. Le thaumaturge marchait sur un fil particulièrement fin, et il ne fallait surtout pas que qui que ce soit ne voit ce fil.

*C'est là qu'interviennent mes modestes services. Je pense pouvoir lui faire signer un contrat sans qu'il s'en rende compte.

*... Pour sauver ta peau ?

*C'était ça, ou finir chiche-kebabé par vos poissons rouges. Est-ce que ça vous dérange si je m'en allume une ?

Le ton du thaumaturge était redevenu badin. L'air de rien, il leva une cigarette et une allumette en direction de la chose qui les dominait, attendant poliment son autorisation. Il y eut un long silence. Puis, la créature émit un rire ressemblant vaguement à du verre pillé dans un bocal qu'on aurait agité frénétiquement. Probablement un rire.

*Je prend ça pour un oui.

*Et je dois te laisser filer en paix en échange, correct ?

*C'est le plan.

Nouvel éclat de rire. Constantine en profita pour bloquer sa cigarette au coin de ses lèvres, et gratter l'allumette sur le bord de son paquet. La flamme démarra dans un petit crépitement.

*Vous ne changez jamais, vous autres magiciens. Pas tellement surprenant qu'il y ait si peu de héro parmi vos rangs.

*Je ne vois absolument pas de quoi tu peux bien parler. répondit Constantine avec un ton faussement innocent.

Nouveau rire de la part de la chose.

*Vendre ses alliés pour sauver sa peau. C'est régulier, et ça prend toujours.

Le Britannique renversa sa tête en arrière, souffla un petit nuage vers le ciel.

*En même temps, vous mordez à l'hameçon à chaque fois. Nantis cosmiques de mes deux.

Autour de lui, la brume se densifia à nouveau. La créature se redressa un peu, grondant légèrement. Sur la plage, les hommes-poissons se mirent à grogner doucement.

*Soit prudent tout de même, magicien.

Constantine lui adressa un large sourire sardonique, et leva la main droite. Entre son index et son majeur, il tenait une petit écaille verdâtre. Arrachée à un homme-poisson dans la bataille.

*Prudent ? Pourquoi ? C'est toi qui t'es fait avoir, non ?

La Brume se mit à tourbillonner juste autour du Britannique et de l'Atlante, comme bouillonnante dans l'air froid. De la main gauche, clope entre les doigts, Cosntantine esquissa une révérence au démon. De la main droite, il attrapa Tempest par l'épaule.
Les créatures sous-marines s'agitèrent autour d'eux - quoique trop tard. Leur maître poussa un feulement rageur, farfouillant la brume de ses yeux couleur safran.

*C'est fou ce qu'on peut faire avec un peu de sang, une écaille et de la fumée, non ?

La ville était entourée par une brume ensorcelée, émise par le démon assiégeant la plage. Une brume téléportant ceux qui s'y aventuraient, pour les empêcher de quitter la ville. Le sang versé par Constantine lors de son escarmouche avec les hommes-poissons avait été le sacrifice premier du sortilège, lui donnant puissance. L'écaille, arrachée à la horde du démon, contrôlée par un autre réseau magique, lui avait donné une cible: elle avait permis au magicien de s'infiltrer dans les sortilèges du démon. La fumée, émise par la cigarette du magicien, avait assuré le contrôle de la brume par mimétisme.
Le tout, pour produire un sortilège téléportant le thaumaturge et le magicien atlante sur le perron de la Maison des Mystères, que Constantine s'empressa de verrouiller derrière eux. Ils y seraient temporairement en sécurité - et ils avaient besoin de se soigner, au moins un minimum.
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Ven 18 Oct 2019 - 9:50

L’enfer.
Garth est en enfer.
Et il vit un enfer, surtout.

Amnesty Bay a été la cible d’un tsunami qu’il a pu stopper ; John Constantine se trouvait là, et il a su que quelque chose se tramait… parce que ce n’est jamais bon signe de croiser le Sorcier.
C’est la seule chose dont il se souvient ; enfin.
C’est la seule chose sensée dont il a encore connaissance.

La suite… la suite se passe de mots. La suite ne s’explique pas.
La suite… s’illustre.
Par des sensations. Par des réactions. Par de la douleur.
Beaucoup de douleur.
Beaucoup… d’échecs, aussi. De peur. De défaites.
Et d’horreur.

Tempest se souvient avoir voulu aider John Constantine – s’être lancé vers lui, afin de le sauver ; de le protéger. Il a réussi.
Mais personne ne l’a protégé, lui.

La… bête.
La bête l’a vu. La bête l’a attaqué.
La bête l’a… dévoré.


« Hughn. »

Un gémissement profond s’échappe de ses lèvres ; il tremble.
Il ne se souvient pas.
Il ne veut pas se souvenir, en fait. C’est… trop.
C’est bien trop.

La créature a… fermé sa gueule sur lui ; sa mâchoire. Il l’a pris. Il l’a bloqué. Il l’a figé.
Il… il l’a dévoré.
Garth est parvenu à éviter les dents, mais a glissé au cœur du tube digestif de la bête.
Du noir. Il n’a vu que du noir.
Sa Magie fonctionnait à peine ; les… les horreurs se sont multipliées. Les éléments digestifs. L’acide. Les… les monstres, dans le monstre ; les monstres dans le monstre.
Ils le hantent. Ils le rongent – littéralement.
Ils sont sur lui. Ils le touchent. Ils le brûlent. Ils le dévorent. Ils sont là. Ils sont encore là.
Ils sont là ! Ils sont sur lui !


« HAAAAAAA ! »

Garth se redresse.
Les yeux exorbités. Le corps tremblant. Les muscles crispés. La bave aux lèvres.
Terrorisé. Tétanisé.


« Ils… non… non… n… je… »

Ses paupières battent ; ses lèvres tremblent.
Il voit.
Il voit qu’il n’y est plus. Il voit qu’ils ne sont plus là ; les monstres dans le monstre ne sont plus là.
Il n’y est plus. Il en est sorti.
Neptune soit remercié, il n’y est plus.


« M… mais… j… »

Son corps frissonne toujours ; ses paupières se crispent.
Il est sorti. Il s’en est sorti.
Non.
On l’en a sorti ; quelqu’un. Il n’a pas pu le faire seul. Quelqu’un.
Quelqu’un l’a fait. Quelqu’un l’a sorti.
Quelqu’un… l’a sauvé.


« Qu… qui… j… »

Ses mains sont crispées devant lui ; son costume rapiécé.
Il voit. Il voit ça.
Il voit autour, aussi. Où il est. Où il se trouve.
Plus sur la plage. Plus sur Amnesty Bay.
Ailleurs. Dans… une maison.
Non.
Non, pense-t-il. Non, non, non, non.
Pas une maison.


« Par Poséidon. »

La maison.

« Con… Cons… »

La Maison des Mystères.

« Constan… tine… »

Foyer du fameux Sorcier britannique.
Qui, selon toutes déductions, l’a sauvé ; l’a amené ici, après l’avoir sauvé.


« T… tu… »

Tempest relève ses yeux violets vers une forme, à proximité ; qu’il découvre à peine, alors que l’homme est quasiment contre lui.

« Ho. »

Son regard se fige, et une grimace de terreur glaçante glisse sur son visage.

« Mer… ci. »

Il est traumatisé ; littéralement.
Et ça ne pouvait pas moins bien tomber.

Car si John Constantine a pu, très habilement et très pertinemment, manipuler la créature démoniaque pour parvenir à se téléporter avec Tempest… le monstre en a conscience.
Le Britannique s’est joué de lui ; il ne l’accepte pas.
Sa fureur est infinie.
Et elle est libérée sur Amnesty Bay et ses habitants – ses survivants. Qui sentent les doigts glacés de l’effroi et de l’horreur se refermer sur leurs âmes…

John Constantine
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Lun 21 Oct 2019 - 15:06




-Nom d'un chien !

Le Britannique manqua de lâcher l'Atlante, qui s'était soudainement mis à hurler. L'air agar et paniqué, il regardait partout autour de lui, les yeux exorbités et emprunts d'une peur profonde. Ses yeux brillaient d'une lumière violette, ses mains griffaient l'air. Constantine pouvait difficilement lui en vouloir. Il était passé par là, lui aussi. Aucune personne saine d'esprit ne s'en sortait tout à fait indemne.

« Constan… tine… »

Le magicien ne dit rien, et continua à marcher. Peu à peu, Garth semblait réaliser où il était, et qui était avec lui. Il faisait progressivement la distinction entre la réalité et le cauchemar qu'il venait de traverser - le premier d'une longue liste, de l'avis du thaumaturge.

« Mer… ci. »

-Y a pas de quoi. murmura Constantine d'une voix monocorde.

Délicatement, le magicien au trench-coat allongea l'Atlante sur un vieux canapé, devant une haute cheminée de pierre. D'extérieur, la Maison des Mystères avait pris l'apparence d'une vieille villa de bord de plage - La Geheimnis. L'intérieur tenait bien plus du manoir style Queen Anne. Le sol était couvert de riches tapis légèrement élimés. Un large escalier de bois, au centre de la pièce, menait à l'étage, surmonté de hautes fenêtres donnant sur un paysage noyé dans la brume. Constantine avait déposé Tempest sur le côté du hall d'entrée. Quelques fauteuils et un canapé y faisaient face à un âtre sculpté, où brûlait un feu bienvenu.
Le magicien se retira du champs de vision de l'Atlante, et s'approcha d'un armoire de bois sombre. Il y eut un bruit de clef, puis un petit grincement, puis le bruit d'une carafe et de deux verres posés sur une table basse.

Constantine tendit le bras vers Tempest. L'alcool était mordoré, scintillant doucement dans la lueur du feu de cheminée. Si l'Atlante ne faisait aucun signe pour le prendre, le Britannique le descendrait d'un trait après son propre verre.
Le thaumaturge observa son compagnon du coin de l'oeil. Il avait une sale mine - une très sale mine. L'autre semblait au bout de ses forces, autant morales que physiques, tremblant, le regard vide. Le regard de Constantine se teinta d'une pointe de compassion, avant de se détourner. Il ne s'habituait toujours à l'état dans lequel les gens terminaient lorsqu'ils les fréquentaient, lui et son monde. Le magicien vivait dans un monde d'horreurs et de cauchemars, et se demandait à l'occasion quand précisément il en était devenue membre à part entière. Il cligna des yeux deux fois. Il fallait agir vite.

Oh, le Britannique avait un plan. Il avait germé en même temps qu'il se jouait du démon, et il s'était profondément ancré dans son esprit depuis. Mais c'était un plan qu'il ne pouvait pas exécuter seul. Avec des gestes calculés, il se resservit une verre.

-Amnesty Bay n'est pas encore sauvée.

Sa voix était douce, tranquille. Il ne voulait pas forcer Tempest, qui avait traversé assez d'épreuves pour une journée, et c'était une sale carte que de jouer sur son attachement à la ville natale d'Arthur Curry. Mais Constantine n'avait pas trop le choix.

-La créature dehors doit être hors de ses gongs. Nous sommes hors d'atteinte pour l'instant, mais pas les habitants.

Le thaumaturge finit son verre, puis se laissa tomber sur un fauteuil à haut dossier. Son regard se plongea dans les flammes de la cheminée.

- Je ne peux pas réitérer le tour de voler le contrôle de la brume. Elle va être sur ses gardes, et au moindre faux-mouvement on est cuits.

Le feu dansait tranquillement, craquant de temps en temps. La Maison était parfaitement silencieuse, résolument coupée du monde extérieur. Le thaumaturge imaginait sans peine les créatures monstrueuses courir les rues en feulant, les habitants terrorisés. Comparativement, la Maison était un véritable havre de paix. Temporaire, tristement.

-Toi, par contre, tu peux.

Constantine se refusait à regarder l'Atlante dans les yeux. Il gardait une attitude décontractée, calme, et il était fort probable que personne ne puisse lire quoi que ce soit dans le ton ou la posture du magicien. Mais quelque chose en lui, profondément, se fissura un peu plus.

-Tu es hydrokinésiste. Tu devrais pouvoir happer toutes les créatures dans la brume pour les renvoyer droit dans la faille dont elles sont sorties.

Le Britannique releva les yeux vers l'Atlante. Puis, lentement, il tira quelque chose de la poche de son trench-coat. C'était une petite seringue de verre et de métal, remplie d'une liquide vermillon brillant dans la lumière des flammes.

-C'est le seul remède que je peux te proposer. J'étais censé le garder pour quelqu'un d'autre... mais je suppose que je pourrais en trouver ailleurs.

C'était précisément pour remplir cette seringue que Constantine était venue à Amnesty Bay. C'était le résultat de mois de travail, de recherches, de magouilles et de services soutirés ici et là. Il fit tourner la seringue métallique entre ses doigts, la détaillant d'un regard pensif. Sur la partie en verre de l'appareil, des symboles avaient été consciencieusement tracés, évoquant vaguement un mélange entre des runes et des symboles alchimiques.
C'était du sang. Du sang d'enfant, pour être précis, mêlé à une magie ancienne et exotique, issue du Monde Du Dessous. Du sang de possédé, qui n'agissait plus le moins du monde comme de l'hémoglobine normale - les symboles, sur la seringue, assurait la compatibilité du liquide avec n'importe quel organisme humain.

Organiser la possession en question n'avait rien eu de simple. Il avait premièrement fallu sélectionner le démon adéquat pour la possession, à savoir un démon suffisamment faible pour ne pas poser trop de danger et suffisamment important pour être exposé régulièrement à l'énergie magique de Trigon. Il avait ensuite fallu le convaincre de monter sur Terre pour occuper le corps d'une enfant, le tout sans que personne ne puisse jamais remonter jusqu'à Constantine. Le jeu d'influence et la préparation qu'avait demandé ce plan avait été spécifiquement coûteux, même pour lui.
Il était passé à un cheveux de perdre le fruit de son travail lorsqu'il avait appris que la famille de la possédée avait requis les services du prêtre local, qui s'était avéré compétent - et une vieille connaissance du magicien, Alan Greenwater, en charge de la paroisse d'Amnesty Bay. Constantine avait tenté de le distraire, puis s'était résolu à s'en servir de distraction (entrant par effraction dans la chambre de l'enfant pour y prélever un peu du sang de l'enfant pendant qu'Alan était occupé à discuter avec les parents).

Le thaumaturge observa la seringue. C'est pour elle qu'il était venu à Amnesty Bay. Dans l'espoir d'en faire, au sein d'un rituel adapté, une antenne relais lui permettant un pied à terre dans les pouvoirs infernaux ou une simple recharge d'énergie magique pure si le besoin devait s'en faire sentir. Le sang d'un démon est un puissant outil, en magie - à la fois comme arme, et comme protection. Dans le contexte de la guerre civile infernale, c'était un avantage à ne pas sous-estimer.
Le visage inexpressif, le Britannique planta son regard dans celui de Tempest.

-Si je t'injecte ça, tu auras suffisamment de pouvoir pour protéger la ville d'Arthur. C'est la seule solution que j'ai.

La voix du thaumaturge faiblit imperceptiblement sur la dernière phrase. Il aurait probablement dû se lever pour aller chercher des artefacts, des potions et des sortilèges pour aider Tempest ou Amnesty Bay. Il aurait probablement pu puiser dans ses propres pouvoirs pour protéger les autres, quitte à se déchirer en deux dans le processus.
Mais quelque chose en lui s'y refusait, définitivement. Il était convaincu que la seringue était la seule solution qu'il avait. Constantine avait peur, c'était certain, mais personne n'aurait pu le voir. Pas même lui.

Les effets secondaires de l'injection étaient probablement légions. Elle avait été rituellement préparée pour un humain, par pour un Atlante. Et renforcer les batteries magiques de quelqu'un traumatisé par une récente incursion au sein d'un démon n'était, mentalement, pas la meilleure des solutions. Constantine n'avait pas la moindre idée des conséquences que cela pouvait avoir sur Tempest - peut-être, après tout, n'y en n'aurait-il aucune. Il ne savait pas. Il ne voulait pas savoir, estimant qu'ils n'avaient pas le temps.

A vrai dire, c'était surtout parce que toute autre solution impliquait de risquer sa peau, et qu'elles le terrifiaient par conséquent.
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Lun 21 Oct 2019 - 15:36

Tempest ne va pas bien.
Vraiment pas.


« Rah. »

Il tremble. Ses muscles sont crispés. Sa respiration est aléatoire. Son cœur bat vite. Ses paupières se ferment, sans qu’il puisse les stopper.
Il va mal ; il va vraiment mal.
Mais.
Mais il sait qu’il n’a pas le luxe de rester ainsi. Il sait qu’il ne peut pas s’accorder la possibilité d’agir ainsi – de se laisser tomber, ainsi.


« J… je… »

John Constantine l’a sauvé.
Ça le crispera, plus tard. Là, ça lui plaît – même s’il a encore du mal à s’en remettre.
Garth vit des moments compliqués, qui le troublent.
Au point que, au moment où le Britannique lui offre la bouteille d’alcool… il hésite. Il hésite vraiment.

L’Atlante n’a pas bu depuis des années ; depuis une fameuse cuite, avec les Titans.
Mais.
Mais le moment qu’il vit n’est vraiment pas habituel – et il se sent mal. Il se sent glisser. Il se sent chuter directement dans ses failles, ses peurs ; ses doutes. Ses ténèbres.
Et il ne peut pas. Amnesty Bay compte sur lui.


« O… okay. »

Sa main tremblante se lève, et son gant endommagé s’empare de la bouteille.
Il porte le goulot à ses lèvres, et il boit.
En fermant les yeux. En inspirant lourdement ; il boit.
Laisse le précieux liquide ambré glisser dans sa gorge – et réchauffer, en apparence, son corps ; il sait que c’est faux. Ce n’est qu’un phénomène chimique, déclenché dans son cerveau par l’alcool.

Il n’empêche ; ça fait du bien.
Ça fait passer ce qu’il vient de vivre.
Même si, hélas, ça ne fait pas passer ce qu’il découvre – et ce que John Constantine lui dit.


« Hrm. »

Le jeune homme grogne, en redescendant la bouteille ; les joues bouffies de l’alcool gardé en bouche.
Il renvoie la bouteille vers le Britannique – avec un air sombre.
Il a entendu. Il a écouté. Il a compris.


« Ha. »

Il prend une grande inspiration, en avalant, mais ses yeux violets restent figés sur John ; il a compris, oui.
Il a vu la seringue, il a vu les signes. Il a laissé son détecteur de Magie glisser autour de lui, et il l’a laissé approcher de l’énergie au cœur de la seringue ; il a compris.
Ce qu’il y a dedans. Ce que John a mis dedans.
Ce qu’il a dû faire, pour que ce fameux liquide se trouve dans cette seringue.


« Par… par le Kraken. »

Garth a toujours les fesses au sol ; il se redresse légèrement.
Ses mains se crispent devant lui.


« Mon… mes… j’ai… j’ai basé mon… éducation sur mes amis, en fait. En re… en rejet d’Arthur.
J’ai basé… mes réactions. Sur eux. Sur les Titans. »


Il tremble encore ; bégaye un peu.
Mais ça va mieux.


« D… Dick, là, me… il me dirait de ne pas… m’énerver ; de comprendre pourquoi tu… as fait ça. Wa… Wally, lui, n’aimerait pas, il… il trouverait ça horrible. R… Roy éclaterait, il… il ne pardonnerait pas. Et… Et Do… Donna, elle… et bien, tu… tu n’aurais déjà plus la tête sur tes épaules. »

Un petit sourire glisse sur le visage fatigué de Tempest.

« Mes… mes amis me diraient de… te faire payer.
Ils… auraient raison.
Mais. Mais ils… ils ne sont pas… des dirigeants. »


Il se redresse, encore ; il se relève.
Aussi difficilement que cela soit – il se relève.
Les jambes tremblantes.


« Je… je crache sur… ce que tu as fait.
Mais.
Je… je comprends. »


Le Britannique mène une guerre terrible contre l’Enfer ; une vraie guerre.
Cela implique des pertes. Cela implique des sacrifices.
Surtout de son âme.


« Mais. »

L’Atlante pose une main sur un mur, et grimace.

« Je… ne prendrais pas… ça. »

Le dégoût se lit sur son visage.

« Il… il me faut plus de pouvoir, oui ; mais pas… ça.
J’ai… j’ai quelque chose.
Mon… oncle. Slizzath. Je… je l’ai vaincu. Je… l’ai piégé. C’est… dangereux, mais… je peux l’invoquer. Je peux… invoquer sa puissance. »


Un éclair sombre glisse dans ses yeux.

« Je… vais le faire. »

Il prend une grande inspiration, et bande les muscles.

« Et… si ça ne fonctionne pas… je prendrais ; ça. Je prendrais ça.
Seulement si… ça ne fonctionne pas. »


Garth refuse de vendre son âme, en prenant cette seringue.
Même s’il sait, déjà, qu’en invoquant l’esprit et la puissance de Slizzath, il va salir ce qu’il ne veut pas vendre.


« A… allez.
Allez, Constantine. Ramène-nous.
Ramène-moi. »


Il se tient debout ; prêt.
Ou presque.

L’Atlante est exténué, brisé ; il est rongé, hanté.
Mais rien n’est terminé.
Il faut sauver Amnesty Bay – quoi qu’il en coûte. Quoi qu’ils doivent sacrifier, pour cela…

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Depuis récemment, une seringue de sang infusée de magie démoniaque très fortement semblable à celle Trigon.
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Mer 23 Oct 2019 - 11:56




Constantine détourna le regard, et fit disparaître la seringue dans les plis de son trench-coat, à nouveau. Ses yeux se posèrent à plusieurs endroits, alors qu'il écoutait Tempest parler, mais rarement sur l'Atlante. Ses lèvres étaient pincés, résolument fermées.
Nouveau bruit de verre, nouveau liquide ambrée versé. Le magicien réajusta sa position dans son fauteuil, et avala l'alcool d'un trait.
Ce n'était pas tout à fait de la honte. Il était probablement en train de réfléchir à un autre plan. Oui, c'était sûrement ça: un plan. John Constantine, honteux ? Soyeux sérieux.

« A… allez.
Allez, Constantine. Ramène-nous.
Ramène-moi. »


Le Britannique dévisagea silencieusement le super-héro en collant déchirés. Quelque part, peut-être, une minuscule perle d'admiration fit lentement son chemin dans le regard du magicien. Garth était littéralement allé en enfer, et 15 minutes plus tard il se tenait prêt à y retourner. Exténué et brisé, peut-être, mais toujours combattif. Le thaumaturge inspira. Dehors, le décors sembla changer d'un seul coup: la luminosité baissa brutalement, et une odeur de varech se fit plus sensible. En tendant l'oreille, on pouvait entendre le ressac des vagues.
Constantine se leva et traversa la pièce. Il ne dit rien jusqu'au porche. Il s'immobilisa, main sur la poignée, toujours sans se retourner vers l'Atlante. Sa voix était égale.

-Si tu meurs, ici et maintenant, si tu n'es pas à la hauteur... c'est Amnesty Bay qui tombe. Je ne pourrais pas la sauver seul.

Il y avait quelque chose de très stupide de la part de l'Atlante de ne pas accepter son aide. L'énergie de Constantine était certaine de garantir la victoire du magicien aquatique. Quoique, curieusement, le thaumaturge n'avait pas la moindre idée des effets que pouvait avoir sa seringue sur l'âme de Tempest. Il pensait plus à une contamination passagère, le temps que son organisme évacue l'injection. Peut-être des effets secondaires mentaux et physiques temporaires. Peut-être pas.
Il y avait à la fois quelque chose de très stupide et de parfaitement sensé dans le refus de Garth. C'était un moyen certain de remporter la victoire, et en même temps peut-être un sacrifice un peu trop grand pour l'Atlante.
Constantine lui jeta un regard par-dessus son épaule.

-J'espère sincèrement que tu sais ce que tu fais, ajouta-t-il à mi-voix.

D'un même mouvement, il ouvrit la porte, sortit sur le perron et tint le battant ouvert pour son compagnon. La Maison des Mystères flottait au-dessus des vagues, suspendue dans le vide dans son apparence plus traditionnel de manoir biscornu. A distance d'un petit saut, on pouvait accéder à une falaise - la même falaise où était perché le phare Curry. Pour l'instant, la brume (et quelques sortilèges supplémentaires) dérobait la Maison aux regards extérieurs, mais ce n'était qu'une mesure tout à fait temporaire.
La chose finirait par les voir, à un moment où un autre.

Constantine, presque négligemment adossé à un volet, avait tiré une allumette et un paquet de cigarettes. Il y eu un crépitement caractéristique, puis il souffla une petite bouffée de fumée. Le magicien avait adopté une posture de pur spectateur, mais surveillait du coin de l'oeil les moindres gestes de Tempest.
Si, pour une raison ou une autre, il s'avérerait incapable de les sauver seul, Constantine agirait. Accord ou non, il s'en moquait bien: il avait autre chose à faire que de respecter le consentement d'un Atlante. Sauver des innocents, par exemple.
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Mer 23 Oct 2019 - 13:40

John Constantine reste silencieux durant toute la réponse de Garth.
Il l’écoute.
Sans rien dire. Sans répliquer. Sans en rajouter.
Sans émettre la moindre observation ; par respect. Par politesse, et par estime de celui qui décide de mener une lutte impossible seul… ou presque.

C’est pour cela.
C’est pour cela que, au moment où le Britannique ouvre la porte, au moins où la Maison du Mystère s’ouvre pour revenir à Amnesty Bay et faire face à la créature… Tempest ne dit rien, non plus.

Il entend. Il écoute.
Il boit, même, les paroles du Sorcier ; qu’il comprend.
Il a peur. Ils ont peur, tous les deux.
Que ça ne fonctionne pas. Que le plan échoue. Que la grande idée de l’Atlante se transforme en débâcle.
Que tout cela ne mène qu’à un massacre immonde, prélude à une folie infernale.

C’est un risque ; c’est le risque… et cela tue Garth de le faire prendre à des innocents.
Mais.
Mais il n’a pas le choix. Mais il ne peut agir comme Constantine le propose.
Pas comme ça.
Pas encore, en fait.


« John. »

L’Atlante est sorti ; il s’est avancé sur le perron, puis à l’extérieur.
Dans la brume.


« Je… »

Il s’arrête. Il se tourne.
Il regarde le Britannique ; esquisse une grimace de douleur, mais aussi une sorte de sourire.
Triste.


« Si… ça ne fonctionne pas. Si… j’échoue. »

Long soupir.

« Utilise-la. »

La seringue.

« Contrôle… mon corps. Je sais que tu peux ; je sais que tu sais comment faire.
Utilise la seringue. Contrôle mon corps.
Que… je vive ou non.
Fais ça. Pour eux. »


Ce qu’il demande est terrible – pour eux deux.
Car Garth serait mort, alors.
Et parce que John Constantine serait obligé de salir encore plus son âme, par des actes terribles et impies ; mais ils n’ont pas le choix.
Ils l’ont rarement eu, d’ailleurs.

Tempest finit de se détourner – et s’avance.
Il reprend sa marche. Il continue son avancée. Il passe dans la brume.
Il passe la brume.
Et… il le voit ; comme lui le voit.

Le démon. Le monstre. La créature.
La Bête.
Qui le fixe. Qui se fige, et le regarde ; qui découvre, avec plaisir, sa cible – sa proie.
Son festin.


« Tu… es beaucoup de choses. Tu veux beaucoup de choses.
J’ignore quoi ; je m’en fiche.
Tu… veux cette ville. Tu veux mon pouvoir. Tu veux ce monde ; cela me suffit.
Car, à cela, je dis… »


Garth est exténué ; ses forces sont quasiment disparues.
Il n’en peut plus – mais il est là. Mais il reste là.
Mais il se tient là.
Pour protéger Amnesty Bay ; quoi qu’il en coûte.


Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] 6069245-img_3936
« NON !!! »

Cela commence, alors.
Le combat. L’affrontement. Le duel.
La mise à mort.

Tempest utilise ses formidables pouvoirs pour tirer des rafales de Magie froide et brûlante contre la créature ; qui est touchée, malgré quelques systèmes de défense.
Les coups s’échangent – ils sont violents, terribles.
Personne n’hésite. Personne ne recule. Personne ne se retient.

Un véritable spectacle d’exception intervient en bordure d’Amnesty Bay, là où la brume se retire ; nulle autre créature. Nul allié. Nul sous-fifre.
Le Démon veut régler le sort de Garth seul – et libère toute sa puissance contre lui ; l’Atlante fait de même.

Le Sorcier sous-marin le plus puissant depuis Arion se déchaîne.
Mais.
Ce n’est hélas pas assez.

Les coups se multiplient, la puissance déployée est hors-norme ; Garth ne recule pas… mais il sent.
Il va perdre. Il va échouer.
Le Démon va l’emporter – c’est irrémédiable. Il n’est pas assez fort, il est trop fatigué ; il est trop faible.

Il va échouer. Il va tomber.
Amnesty Bay… sera livrée au Démon ; et la Terre suivra.
Il le sent. Il le sait.
… il le refuse.


« RAAAAAAAAAAAAAAH !!! »

Garth agit, alors.
Il créé un bouclier pour quelques secondes – et lance une invocation silencieuse.
Une prière.
Des mots mauvais s’échappent silencieusement de ses lèvres, et les verrous mystiques mis en place au sein de la patrie des Idyllists sont désactivés ; l’appel est lancé. L’appel est reçu.

Slizzath, l’oncle maléfique de Garth, est sollicité.
Ranimé, dans sa tombe obscure et abandonnée ; réveillé, là où son sommeil devait être éternel.
Juste un peu. Juste ce qu’il faut pour récupérer la puissance cachée dans ses os.
Mais… juste assez pour le ramener.

Il sait. Tempest gérera ça plus tard ; s’il y a un plus tard.
Et cela pourrait bien être le cas.

Car… l’appel a été lancé. L’appel a été reçu.
Et alors que le Démon s’acharne, que le bouclier se brise… la réponse arrive.
L’énergie aussi.

La Magie de Slizzath se transfère dans l’organisme de l’Atlante ; qui obtient soudain une énergie qui dépasse tous les niveaux.
Une réponse arrive à l’appel ; et Garth est désormais surpuissant.

Toujours face au Démon. Toujours seul.
Mais… l’équilibre a clairement changé.
Et l’Atlante déchaîne cette puissance – avec une seule attaque. Un seul coup. Un seul sortilège.
Un seul tir.

Une chance.
Pour tout changer ; pour tout sauver !


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John Constantine
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John Constantine
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Depuis récemment, une seringue de sang infusée de magie démoniaque très fortement semblable à celle Trigon.
Shadowpact
Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Mer 30 Oct 2019 - 13:59




Le Britannique était accoudé à la rambarde de la Maison, consumant tranquillement sa cigarette, les mains négligemment jointes. Il n'avait pas bougé d'un iota, et même maintenant semblait relativement immobile. Ses yeux fixaient Garth, et son visage était placide. Il se contentait d'attendre. A quelques mètres tout au plus, l'air bouillonnait de magie pure. Les tentacules de l'un déchiraient l'espace répondant aux raies de pure magie qui lui mordaient la peau. Les deux combattants étaient d'une puissance terrible, chacun frappant vaille que vaille à la recherche d'un point faible.
Quoi que l'issu du combat semblait fixée d'avance. C'était relativement ténu, au départ, mais le temps le rendait de plus en plus flagrant. Tempest allait perdre. Il était épuisé, magiquement, physiquement et moralement, et son adversaire en était tout à fait conscient. Au fur et à mesure, un large sourire avait balafré son visage - un sourire immonde, satisfait, conçu pour montrer les crocs qui luisaient entre les tentacules de son visage. Ses attaques étaient rigoureuses, violentes, régulières. Elle martelait Tempest de coup de boutoir, s'amusant de la résistance temporaire qu'il présentait. Elle savait que sa victoire n'était qu'une question de temps.
Constantine se tendit imperceptiblement. Il avait décidé de laisser une petite avance à l'Atlante, de lui accorder le bénéfice du doute, mais c'était une offre fondamentalement limitée dans le temps. Entre ses mains jointes, le Britannique tenait une écaille, et la seringue n'avait pas quitté sa poche. La Brume s'était retirée, mais la créature avait d'autres sujets plus importants à traiter. Au pire, cela ferait diversion. Le bois du parquet grinça sous ses pas.

Il aurait aimé ne pas en arriver là, mais parti comme c'était, Garth serait mort avant d'avoir invoqué la magie de son oncle. Constantine serra le poing autour de l'écaille d'hommes-poissons. Tant pis. Le magicien s'immobilisa néanmoins un pied sur la dernière marche du perron, et fronça les sourcils. Il n'avait pas quitté le duel magique des yeux... et quelque chose semblait avoir changé. Profondément. La créature ne lui laissait pas de répit. Elle attaquait de toutes ses forces, mais ses mouvements n'avaient plus la même jubilation violente et systématique. Son sourire était devenu une grimace. Elle était pressée. Il fallait qu'elle abatte Tempest avant quelque chose, quelque chose qu'elle avait saisi et que le Britannique ne sentait pas. Constantine ignorait si elle savait ce que c'était, mais elle avait très certainement compris que c'était dangereux pour elle.

Visiblement, elle l'avait compris à raison. Tempest était une silhouette minuscule, comparé à la créature, recroquevillé derrière un bouclier en lambeau au milieu des gigantesques coups de tentacules du monstre. Sa silhouette était légèrement trouble, tremblante. Cosntantine plissa les yeux. Soudainement l'Atlante se redressa, et de la minuscule créature humanoïde jaillit un rayon de lumière pourpre, rugissant de puissance. Jusqu'ici, la Maison avait protégé le Britannique des retombées du duel qui avaient tour à tour roussi et gelé l'herbe et les vagues alentour: cette fois-ci pourtant, le magicien sentit son visage se réchauffer légèrement.
Le démon poussa un hurlement. Le rai de lumière perça son crâne et fendit les nuages dominant Amnesty Bay. La créature tituba, un gigantesque trou rougeoyant perçant sa tête. Le Britannique entra en scène à ce moment précis. La Maison des Mystères se matérialisa autour de Tempest, faisant surgir une terrasse de bois juste sous ses pieds. Constantine, lui, se tenait toujours sur les marches du perron, main dans les poches, cigarette fumante aux lèvres.

Sa main se serra autour de l'écaille. La brume s'agita en réponse. Des bras de brouillard s'étendirent partout, fouillant rues, maisons, allées et voitures. Elle cherchait quelque chose, sous ordre de Constantine. Plusieurs choses, du reste. Sur la digue, le bar en flammes fut rapidement noyé sous les ondulations grisâtres.
Des liens brumeux entourèrent progressivement le gigantesque démon de la baie. Sa blessure était béante, et de large gerbes d'ichor couleur goudron avaient giclé dans l'eau et sur le sable lors de l'attaque de Tempest. Il était vouté, presque recroquevillé dans l'eau... mais pas encore mort. Ses muscles se tendirent lorsqu'il sentit la caresse de sa propre magie dans la brume.

*Tu... tu oses ?.

Les lanières brumeuses se ressérèrent autour de lui, malgré la résistance qu'il semblait y opposer. De même que le brouillard saisissait, dans toute Amnesty Bay, la moindre créature que le monstre avait amené avec lui. Constantine le toisa, flottant dans les airs, et lui répondit. Cette fois-ci, en anglais.

-Economise ta salive. Tu vas avoir besoin de toutes tes forces. Se faire renvoyer du plan matériel par un grand coup de pied dans le cul, c'est déjà pas agréable, mais je te laisse imaginer ce qui va se passer quand tes copains en bas vont découvrir dans quel état tu es.

D'un geste négligent du pouce, Constantine catapulta son mégot de cigarette dans l'océan en contrebas. La créature frémit. Quelque chose, dans son attitude ou son visage inexpressif, changea. Elle comprenait. Et visiblement, elle paniquait un peu beaucoup à l'idée de se retrouver face à ses ennemis et ses concurrents dans son état actuel. Constantine renifla. Elle était épuisée. Il contrôlait son sortilège de transport. Et de l'ichor avait été versé dans la baie. Tout était parfait pour un exorcisme en règle et sans aucune forme de délicatesse.
Le monstre tenta bien de dire quelque chose. Un marché, peut-être. Elle n'en n'eut pas le temps. Le thaumaturge lui adressa un petit sourire, et fit "aurevoir" de la main droite. A l'instant où son mégot toucha l'eau, il s'embrasa. La brume se mit à bouillonner, à s'agiter et à se tordre. Les multiples hommes-poissons poussèrent un long feulement à travers toute la ville et la créature tenta vaguement de bondir sur Constantine. Elle se désagrégea avant d'avoir pu érafler les protections de la maison. Un vent glacial souffla sur la ville, balayant brume, monstre et créature vers le large en un gigantesque tourbillon dont le mégot dans la baie était l'épicentre. En quelques instants, Amnesty Bay était silencieuse. Quelques minutes de plus, et la brume avait laissé place à un soleil pointant timidement le bout de son nez rayonnant.
Un battement de cil plus tard, la Maison des Mystères avait disparue.
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Re: Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine] Mer 30 Oct 2019 - 15:22

Tempest sait qu’il n’a pas les forces pour vaincre le démon.
Dans son état, déjà.
Mais… seul, aussi ; seul tout court.

Même en temps normal – même au maximum de ses capacités, il n’aurait rien pu faire contre ce démon ; il le sait.
Garth est un Magicien formidable ; mais il a ses limites.
Notamment parce qu’il a conscience d’avoir essentiellement un potentiel magique énorme, qu’il cultive peu. L’Atlante a accès à une puissance mystique, un réservoir d’énergie extraordinaire – et il l’utilise brutalement ; comme un bourrin.

C’est là une différence avec John Constantine.

Qui n’a pas accès à ce réservoir intense. Qui ne dispose pas d’une telle source d’énergie.
Mais qui, lui, est un malin – un connaisseur.
Un Sorcier ; qui sait mobiliser, chercher et surtout utiliser la puissance mystique. Pas comme un bourrin, donc.

Et ça se voit, aujourd’hui.
Car si Tempest sait qu’il n’a pas les forces pour vaincre le démon – il sait, aussi, qu’il peut se lancer pleinement dans une invocation ; qu’il peut sacrifier une partie de son âme, pour faire venir encore plus de puissance… quitte à ne pas tenir, après.
Car le Britannique est là.
Car le Sorcier va pouvoir prendre le relais – et finir la chose ; sûrement salement. Mais l’Atlante n’a aucun problème avec ça, concernant ce démon en particulier.


« Hughn. »

Un râle de douleur s’échappe des lèvres de Garth ; il tombe.
Après avoir… tout donné.

Après avoir livré entièrement ses forces dans la bataille – après avoir sacrifié toute son énergie ; et sollicité celle de Slizzath.
Il l’a fait. Il a été aussi loin que ça ; pour eux. Pour les habitants. Pour les innocents.
Pour Amnesty Bay.
Il l’a fait ; et ça a… fonctionné.

Le terrible tir d’énergie magique, complètement pure, s’est échappé de ses yeux ; et le démon n’a rien pu faire.
Le coup est parfait. Terrible.
Le démon tombe ; Tempest aussi.

John Constantine entre en scène, alors ; le pari de l’Atlante est réussi.
Le Britannique agit… et expulse le démon.

L’impossible se produit, alors ; les ténèbres… reculent.
Les monstres disparaissent. Les créatures s’évaporent. La noirceur s’efface.
Le Soleil… revient.

Tempest ne peut le voir, cependant ; il est inconscient. Il le sera pendant plusieurs jours, après – il dort. Exténué.
Il dort. Du sommeil des justes.

La Maison des Mystères s’efface aussi… mais certains habitants émergent de leurs cachettes ; certains survivants réapparaissent.
Certains voient. Certains savent.
Ce qu’il s’est passé ; ce qui est arrivé à Amnesty Bay.
Ceux qui l’ont sauvé, aussi.

Erika Watson, amie d’enfance d’Arthur Curry, sait ; elle sait qui a sauvé sa ville, et ceux qu’elle considère comme sa famille.
Garth, bien sûr. Le gamin qu’elle a vu grandir, souffrir et devenir un Magicien terrible, mais efficace.
Et… l’autre, aussi ; l’autre. L’inconnu. Le Britannique. Le Blond. Le pas-sympa’.

John Constantine.
A qui elle fait signe, alors que la brume se retire… alors que l’étrange maison se retire ; elle n’y comprend rien. Elle n’y entend rien.
Elle s’en fiche ; ce n’est pas l’important.

Amnesty Bay est sauvée ; les deux gars l’ont sauvée.
Garth, oui. Et le Blond.
Pour cela, elle leur en sera toujours reconnaissante – même si elle n’est pas prête d’oublier cette journée, et ce fichu Britannique avec son caractère insupportable !


(HJ/ Je pense qu’on peut s’arrêter là Smile Merci pour ce fantastique RP, j’ai adoré ! /HJ)
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Le Cauchemar d'Amnesty Bay [Constantine]
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