Aliens in Metropolis [J'Onn]

L'attaque de J'Onn avait quand même un côté risqué, car il n'était pas impossible que le Docteur Impossible comprenne, devine qu'il était victime d'une illusion. Après tout, qu'est-ce qui aurait poussé la Justice League à apparaître comme ça, aussi soudainement. Sans portail ni rien. Mais non, l'entité qui possédait le corps de Mister Miracle se laissa berner et avait profité pendant quelques instants d'une vaine gloire. Jusqu'à ce que J'Onn s'en prenne à lui, le tirant de son rêve éveillé. Bien entendu, l'autre n'apprécie guère ce réveil brutal et se répand en récriminations.

-Est-ce moi que tu traites de manipulateur ? Tu rajoutes la mauvaise foi au nombre de tes fautes.

Toute compassion envers ce Neo-Dieu s'était envolée. S'il en restait un petit zeste quelque part, parce que le Martien ne pouvait s'empêcher de se rappeler que cet être a connu la même perte que lui, elle était tenue à l'écart par la violence et la monstruosité de cette âme en peine. Peut-être le Limier Martien aurait pu devenir comme lui s'il n'avait pas rencontré les bonnes personnes et fait les bons choix... Mais cela ne changerait rien. Longtemps il avait protégé la Terre et ses amis, et il continuerait encore à le faire. Même s'il ne peut parer le coup puissant.

-Urgh !

Le Martien est propulsé à travers les immeubles et s'effondre dans les débris. L'illusion dont s'était entouré le Docteur Impossible a craqué et celui-ci se déchaîne. Il bondit et J'Onn se prépare à jouer avec la malléabilité de son corps pour esquiver le coup. Mais le coup ne vint jamais. Parce que l'épée est déjà tombée au sol et que le Docteur faisait face à l'Ange de Métropolis.

-Tu ne seras pas seul, Superman. Cet être connaît ta faiblesse. Laisse-moi te soutenir.

C'était véritablement un duel de titans, un duel d'extraterrestres qui allaient se jouer au-dessus des toits de la Ville de Demain. Un combat qui serait sans nul doute d'une grande puissance compte tenu des forces en présences. J'Onn en avait conscience, mais les méfaits du Docteur Impossible n'avaient que trop durés. Il fallait que cela cesse . J'Onn usa une nouvelle fois de ses dons d'illusions sur le New-God maléfique et tenta un coup de poker. En le faisant apparaître, lui.

L'adversaire du Docteur Impossible. Sa Nemesis.
Celui dont le souvenir le hante et qu'il hait véritablement plus que tout.
Le Maître de l'Evasion en personne, apparemment revenu du Limbo !

« Tu… pff. »

Le Docteur Impossible souffle et se crispe, en voyant et en entendant Superman.
Il l’énerve. Ça l’énerve.
Tout l’énerve.

Ça n’aurait pas dû se passer comme ça.
Ça… ça aurait dû être différent ; meilleur. Plus simple. Plus fluide. Plus direct.

Mais… non.

Non. Ces fichus super-héros viennent le gêner ; tout gâcher.
Il en a assez.
Assez d’attendre. Assez de combattre comme ça. Assez de supporter tout ça.

« Soit.
Viens. Viens, petit Kryptonien… viens ! »

Il se positionne, alors. Il se place. Il bande ses muscles.
Il se prépare.


Il lance un défi, dans le corps de Mister Miracle.
Il augmente sa puissance – son énergie. Il se concentre, et semble soudain… plus fort ; plus intense.

Plus puissant, oui.

Il veut faire peur, ainsi. Il veut troubler. Il veut gêner.
Il veut impacter Superman, mais aussi Martian Manhunter, qui laisse éclater ses sentiments – son indignation, surtout.
Son sens de la justice.

Il espère ainsi les impacter, les troubler.
Gagner la guerre psychologique.

Mais…

« Ne doute pas de ma détermination, Néo-Dieu ! Ne doute pas non plus de notre nombre !
Tu penses m’affronter, moi ? Seulement moi ?
Tu te trompes !
J’Onn est présent. J’Onn et moi, nous nous battrons pour ce monde – notre monde !
Et notre ami, aussi.
Nous n’abandonnerons pas Scott Free. Nous ne sommes pas seuls, Néo-Dieu !
Nous sommes des milliers, face à toi… et à la petitesse de ta démence solitaire ! »

Superman crie – et se projette en avant.
Directement vers lui.

Sans hésiter. Sans attendre.
Sans… retenue.


Le choc est terrible.

L’impact du poing de l’Homme d’Acier sur sa cible est… extraordinaire.
L’essentiel des vitres de Metropolis explose.

« Hughn ! »

Le Docteur Impossible recule, projeté en arrière ; comme une poupée, comme un chiffon.
Il n’a rien pu faire.

Même sa force. Même son énergie. Même sa puissance.
Rien.
Rien n’a pu arrêter… le coup de Superman, qui l’affaiblit et le trouble ; brise ses résistances.
Et ses montages.

« Je… je… »

Cela ne fait que commencer, cependant.
Il chute dans un immeuble. Il tremble. Il se relève, il se redresse. Il tangue.
Il se tourne.


Et… il grimace.
Il se crispe. Il se trouble. Il s’enfonce ; il se perd.

« N… non… »

Il le voit ; Mister Miracle.
L’illusion. La projection télépathique. L’action de J’Onn J’Onzz.

Il voit cela – et il se perd dedans.
Il explose.

« NON ! NOOOOOON !!! »

Il se débat, face à l’illusion. Il s’enfonce, dans la folie.
Il se perd, oui.

… et les défenses rompent. Et les montages explosent.
Et, soudain, J’Onn peut entendre quelque chose.

** J’Onn !!! **

Un cri.
Un cri télépathique – un cri de détresse.

Un appel.
Un appel à l’aide.

Avec quelque chose… quelqu’un qui surmonte les défenses du Docteur Impossible.
Pour revenir.

Pour… s’échapper de là où il a été enfermé !

Les paroles de Superman sont galvanisantes, réellement. J'Onn sent sa détermination déjà très forte grandir encore plus grâce au discours de son ami. Clark a entièrement raison, ils n'abandonneraient personne. Ni la Terre ni même Scott Free, qu'importe les crimes qu'il a commis. Superman et lui s'opposeraient au Docteur Impossible jusqu'au bout. Et celui-ci le sent, le sait, surtout lorsque l'Homme d'Acier commence à frapper leur adversaire le plus brutalement du monde. Le Neo-Dieu peine, est vaincu peu à peu. Il ne fait pas le poids physiquement sans la kryptonite.
J'Onn ressentait un peu de pitié à son égard, mais elle n'était pas suffisante pour l'empêcher de continuer à projeter son illusion. Et le Docteur Impossible tombe une fois encore dans le panneau.

"Tu aurais dû t'en douter. Tu aurais dû le savoir.
Je me suis échappé des orphelinats de Granny Goddess. Je me suis libéré de la terrible éducation que l'on m'a inculqué durant toute mon enfance. Et je me suis déjà échappé d'endroits oh combien redoutables.
Pensais-tu réellement que je resterais longtemps dans le Limbo en sachant le danger que courrait cette planète tant que tu resterais en liberté ?"

Oui, l'illusion ouvre la bouche, produit des sons et des mots qui, avec de la chance, ne feraient que renforcer la confusion du New-God maléfique. Le combat prenait une tournure psychologique, et aurait pu continuer dans cette voie-là si le Limier Martien n'avait pas soudainement perçu un appel à l'aide. Celui de Mister Miracle qui parvient tant bien que mal à s'extraire des protections érigées par leur ennemi. Mais la brèche n'était pas assez grande pour son ami. Il fallait plus.
Il fallait le déstabiliser encore plus.

"Tient bon Scott, j'arrive."

L'illusion se projette vers le Docteur Impossible pour le frapper, le rouer de coups, le blesser. Nul doute que se faire alpaguer ainsi par sa Nemesis ferait rentrer leur adversaire dans une grande fureur. Suffisamment grande pour ne s'apercevoir qu'un esprit file à travers ses défenses, anéantissant celles se trouvant sur son chemin pour défaire encore plus la protection de son adversaire. Une chemin s'ouvre pour le Neo-Dieu prisonnier. Un chemin que J'Onn lui créer.
Tout en portant son esprit jusqu'à lui pour le tirer de sa prison.

« N… non… »

Perdu.
Le Docteur Impossible… est perdu, complètement.

Il est figé, au cœur des décombres, des gravats encore fumants d’un immeuble de Metropolis.
Perdu.


Pleinement pris par les illusions de Martian Manhunter.
Pleinement happé par les mots – la présence, les actions de la création télépathique ; il se laisse faire.

Il se laisse attaquer. Il se laisse maltraiter.
Il se laisse… il s’abandonne.

Il ne comprend pas.
Il ne comprend pas que Mister Miracle soit là – il ne comprend pas que son plan échoue.
Il ne comprend pas que tout ceci est faux.
Il se laisse avoir ; il se laisse prendre.

Il… perd.

Il subit les coups, alors qu’aucun n’est donné.
Le corps de Scott Free est pris de spasmes, car l’inconscient de l’être qui le contrôle l’exige.

Il subit les coups. Il souffre.
Il recule.

Et… Superman entend poursuivre le phénomène.

** Continue, J’Onn ! Continue ! Le corps de Scott peut tenir, mais l’être en lui recule ! Nous pouvons y arriver ! Nous allons y arriver !
Nous allons ramener notre ami ! **

Le ton télépathique des pensées de l’Homme d’Acier est positif, plein d’espoir – et sincère.
Il y croit. Il y croit vraiment.
Et il entend… tout faire pour parvenir à cela.

Même poursuivre ses propres attaques sur l’ennemi.


En espérant que le Néo-Dieu lui pardonne.
Bien que Scott Free soit… très loin, hélas, de pouvoir le faire.

Car J’Onn J’Onzz remonte la piste télépathique de leur ami – et découvre, lentement, l’univers psychique où il se trouve.
Où il est… enfermé.


Le Limbo.
Le Martien remonte la piste et découvre un portail menant directement au Limbo – l’endroit où les super-héros et super-vilains oubliés disparaissent.
Agonisent. S’évaporent.

Un endroit sombre et dur ; désespérant.
Où se trouve son ami.

Où… est prisonnier son ami, même.


Bloqué, dans des liens qu’il ne semble pas capable d’ouvrir.
Mister Miracle est piégé.
Et… fixé, en fait. Fixé par une foule anonyme, sombre, ténébreuse.

Scott Free est figé – bloqué, même.
Bloqué… par la honte.
J’Onn le sent, J’Onn le ressent pleinement. La honte ronge le maître de l’évasion, qui semble complètement bloqué par… le regard d’autrui ; le jugement des autres.

Le piège semble total.
Mister Miracle ne réussit pas à s’en échapper !

Docteur Impossible subit le sort qu'il aurait aimé infliger aux autres héros, il est brisé. Réellement. L'illusion dont il est la victime l'emprisonne au point qu'il n'est même plus capable de répliquer ou de parler. De faire quoique se soit. Et son esprit est dans le même état, ce qui laisse toute la possibilité au Limier Martien de se frayer un chemin jusqu'à la conscience de Mister Miracle. J'Onn entend les paroles de Superman qui cherche à l'encourager télépathiquement, tandis que l'Ange de Métropolis prends le relais. Et il fait bien, parce que le Limier s'enfonce de plus en plus dans la conscience du Neo-Dieu.

-Mmmh...

A travers un portail, J'Onn se retrouve au cœur de ce fameux Limbo où le Docteur Impossible aurait été enfermé jadis par Mister Miracle. Comme dit, le New-God maléfique avait reproduit cette situation en l'inversant, et c'était désormais Scott qui était prisonnier de ce monde. Même s'il ne voit personne, même s'il n'entend rien pour l'instant, le Limier peut sentir le désespoir qui émane de cet endroit. Son esprit percevait même des cris de désespoirs informulés. Vestiges d'âmes mortes dans l'oubli total ou échos lointains d'être agonisants lentement dans les ténèbres ?
Il ressentait de la pitié pour toutes ces personnes destinées à sombrer dans l'ignorance la plus totale.

-L'oubli est peut-être le pire des maux...

J'Onn se sentait mal, il lui semblait reconnaître les cris d'agonie de ses compatriotes qu'il avait vu flamber il y a fort longtemps sur Mars. En un sens, les prisonniers du Limbo se consumaient lentement dans l'oubli le plus total. Enfin, il fini par trouver son ami. Attaché physiquement, et surtout psychologiquement. J'Onn le sentait, le regard de cette foule invisible et anonyme était comme autant de clous plantés dans les bras de son ami. Encore plongé dans l'ombre, à l'écart de la foule et enveloppé dans sa grande cape bleue sombre qui se fondait dans l'obscurité, J'Onn envoya un message télépathique au Neo-Dieu piégé.

"Scott. Je suis là. Contente-toi de penser, j'entendrais. Je vais t'aider."

C'était étrange de voir Scott Free cloué, dans tous les sens du terme, sur une scène. Lui, le Maître de l'Evasion, l'Artistes qui avait fait rêver la Terre et entendait répandre la joie dans l'Univers. Le piège semblait surtout être psychologique moins que physique. Cette foule était les véritables liens qui retenaient Mister Miracle.

"Tu l'as peut-être déjà deviné, mais ta véritable prison se trouve en face de toi. Elle te fixe."

Quel curieux retournement de situation de voir un artistes piégé par le regard de son public. Mais peut-être étais-ce le lot des artistes ? J'Onn n'avait jamais réellement creusé la question, il ne savait pas trop. Il savait juste qu'il devait y avoir bien plus que cela. Il poursuivit d'une voix douce.

"Tu as déjà effectué moults représentations, ce n'est pas ce que les humains appelle 'le tract' qui te retient. N'est-ce pas ? Il y a réellement quelque chose que tu caches, car tu crains le jugement d'autrui si cela devait être révélé."

J'Onn craignait de savoir quoi, après tout le Docteur Impossible s'était déjà fait un plaisir de lui en parler. Et il avait dit la vérité. Scott avait réellement détruit son peuple, et provoqué la mort du Cinquième Monde encore à naître. Le Martien reprit la parole plus doucement encore en bougeant et en s'avançant légèrement vers la scène.

"Je suis là pour t'aider Scott. Pas pour te juger. J'espère que tu le sais."

« Je ne le mérite pas. »

La voix de Mister Miracle s’élève soudainement au cœur du Limbo.
Dans cet espace étrange, dans cette salle de spectacle troublante et muette, où un public silencieux et ténébreux le fige ; le sonde.
Le juge.

« De… m’échapper. »

Scott Free les fixe, aussi. Il ne peut faire autrement. Il ne peut s’en empêcher.
Et ignore, au fond, si cela lui est imposé par le Docteur Impossible… ou sa propre conscience.

« D’en… sortir. »

Il souffle, lourdement.

« Il… a raison. J’Onn. »

Sa voix se met à trembler, prise par l’émotion.

« J’ai… tué.
J’ai menti. J’ai trompé. J’ai manipulé. J’ai… organisé un génocide.
Celui de… mon peuple.
Je l’ai fait… pour le libérer ; pour le sauver de ce que je considère toujours être un cercle sans fin. La Souce était… viciée, J’Onn. Elle créait et tuait les Néo-Dieux dans une dynamique infinie, pour dégager la puissance de Mort et de Vie.
Je… les ai tués, pour les sortir de la Mort programmée par la Source.
Et j’ai… reprogrammé la Source. Ils… sont revenus. Libres.
Mais… je les ai tués. Avant. »

Il retient difficilement un sanglot.

« Je… j’ai même menti, après. J’ai menti, J’Onn.
J’ai…
J’ai dit au monde que le Mister Miracle qui les avait tués – qui a trahi la Justice League, qui a organisé une bataille finale entre Apokolips et Néo-Génésis… qui a préparé un massacre, J’Onn.
Il… je…
Je l’ai dit, J’Onn. Je… l’ai fait.
J’ai… j’ai fait croire que… ce Mister Miracle, il… était mort.
J’ai organisé… ma mort ; ma mort, devant tout le monde. Avec… avec une renaissance, immédiate.
J’ai… il…
Je me suis auto-hypnotisé. J’ai… je me suis fait oublier celui que j’étais, J’Onn ; j’ai rangé cette personnalité… en moi.
J’ai fait croire que… le monstre, le tueur, le massacreur… était mort. Et non.
Il… est en moi. Il… peut sortir ; il veut sortir. »

L’artiste de l’évasion grogne.

« Cette prison… n’est rien, face à cela.
J’Onn.
Je… je me suis organisé le piège dont je ne peux me sortir – dont je ne peux m’échapper.
Le piège… de ma conscience. »

Les formes ténébreuses s’agitent soudain, devant lui ; elles grandissent. Elles s’amplifient.
Elles s’approchent.

Soudain appâtées par les aveux de Mister Miracle.
Soudain affamées par… ses remords.
Et sa culpabilité.

Le désespoir de Scott était perceptible, palpable... Presque plus palpable encore que le ressentiment de la foule qui l'entourait. Et qui n'était finalement qu'une masse informe représentant en réalité la totalité des peuples de l'Univers le jugeant pour ses crimes. Des crimes que J'Onn connaissait à cause du Docteur Impossible. Le Martien aurait aimé avoir plus de temps pour réfléchir à tout ce qu'il avait appris lors de sa confrontation avec le New-God maléfique mais... Il semblerait qu'il ne le puisse pas. Que la situation exige qu'il se décide maintenant. Et ça serait dur... Parce que le Martien continuait de comprendre sincèrement la douleur et la peine du Docteur Impossible.

-Je m'en doutais... Tu sais. Lorsqu'il m'en a parlé, j'ai pu ressentir toute sa sincérité. Pendant un moment, je pense qu'il m'a réellement dévoilé toute sa peine. Il... ne m'a pas menti. Mais je me suis douté qu'il ne me disait pas tout, c'est pourquoi je voulais entendre ta version également.

La Source avait donc été viciée... Corrompue par quelque chose qui impactait les Neo-Dieux. Scott Free avait organisé ce génocide pur et simple pour les libérer. C'était un plan terrible, la trahison, la souffrance et la mort pour un temps de liberté. Un temps de véritable vie. Mais l'horreur de l'acte était de toute façon présent. La couleur cendre de la souffrance, il la voyait. J'Onn baissa la tête, alors que Scott terminai son discours. Plein de culpabilité face à ce qu'il avait fait. Il s'en voulait. Il regrettait réellement tout ce qu'il avait fait.
Le Mister Miracle qu'il avait connu était toujours là.

-Mais... Je sens ta peine, et ta sincérité. Toi aussi, tu ne me mens pas.

Toute cette histoire... N'était qu'une horrible tragédie. Une sombre histoire de mort et d'horreur dont les conséquences se perpétuaient encore aujourd'hui, et provoquait encore des souffrances et des douleurs, autant chez le Mister Miracle du Quatrième que du Cinquième Monde. Et l'un comme l'autre était aussi bloqué dans cette situation. Alors que les ombres s'élèvent pour commencer à engloutir le New-God repentant, le Limier Martien utilise ses pouvoirs pour les contenir.
Pour ralentir leur avancée.

-Mais... Je ne peux pas te laisser dans cet état-là, dans cette prison que tu t'es forgée. Tu n'as pas à subir cela. Tu ne le mérites pas. Tu ne mérites pas de subir une éternité de jugement et de culpabilité. Tu... Te punis déjà bien assez toi-même. Parce que tu es un être fondamentalement bon et pacifique.

J'Onn s'éleva par-dessus la foule des prédateurs sans visages et se plaça face à Scott Free. S'exposant ainsi complètement aux assauts des ombres dont percevait encore plus fortement la hargne et le jugement. Comme s'ils lui étaient adressés aussi.

-Si tu veux agir, alors reviens sur Terre, avec moi. Aide-nous à stopper le Docteur Impossible, réellement, et à sauver le jeune Jimmy Olsen. A sauver tous ceux qu'il pourrait menacer. Arrête de fuir ton passé, puisque tu n'arrives pas à t'en détacher.

Pour un être incapable d'oublier la mort de sa propre planète, c'est assez ironique. Mais, il est convaincu de ce qu'il dit. Malgré l'horreur commis par le Neo-Dieu, il n'arrivait pas à le condamner.

-Le Docteur Impossible peut être vaincu, tout comme l'autre... Tout comme cet autre Mister Miracle que tu crains. Tous deux peuvent être stoppés.

J'Onn refit le geste qu'il avait effectué devant le Docteur Impossible plus tôt... Il tendit la main vers Mister Miracle, comme pour l'inciter à se libérer de sa prison de fer

-Ce sera dur oui... Mais n'oublie pas. Tu n'es pas seul. Malgré ce que tu as fait. Nous avons promit de t'aider, juste après le retour de Ted. Tu te souviens ?

Ils se l'étaient promit... Suivant le mouvement de leur Blue Beetle, la Justice League International avait promit de ne jamais abandonner Mister Miracle. A ce moment-là, J'Onn l'avait fait sans connaître la situation dans sa totalité, choisissant juste de faire confiance à ses amis. Mais maintenant qu'il était au courant de tout, il était toujours aussi déterminé à aider Mister Miracle.
Là-dessus au moins, Impossible n'avait pas réussi.

-Nous avons réussi bien des choses par le passé, et même récemment. Alors laisse-moi t'aider. Laisse-moi essayer de te sauver. De t'aider face à tout cela. Compte tenu de tout ce que tu as fait pour l'Univers, tu le mérites.

Et puis aussi... J'Onn ne supporterait pas l'idée de perte qui que se soit de sa nouvelle famille. Même si le membre en question était persuadé qu'il méritait son sort.

Mister Miracle écoute les paroles de Martian Manhunter.
Non.

Il est suspendu à ses paroles, en fait.
Il boit littéralement les mots de J’Onn J’Onzz – il est complètement pris par eux, complètement emporté par ce que le Martien dit, décrit, propose.

L’espoir.

J’Onn donne, redonne espoir à Scott Free, en agissant ainsi.
En… acceptant ce qu’il a fait.
En ne fuyant pas. En ne le rejetant. En ne le repoussant pas.
En ne le jugeant pas ; coupable, au moins.

Les ombres de la salle de spectacle demeurent, et elles continuent d’approcher ; mais moins vite. Elles semblent aussi moins grandes, moins intenses.
Moins lourdes.
Moins puissantes, apparemment.

Cela fonctionne.

L’action, le discours, la position – l’âme de J’Onn J’Onzz chassent les ombres.
Il y arrive. Il y parvient.

Il amène son ami à y croire… à y croire ; en l’espoir. En la rédemption.
En lui-même.

Mais.

Alors que Scott y croit. Alors que le cœur de Scott chauffe. Alors que son corps tremble, prêt à arracher les liens et à se libérer.
Une ombre agit.
Une ombre réagit. Une ombre… parle.

« JAKIRB ! »

Elle dit un mot ; un seul.
Un nom, en fait.

Elle dit… un nom. Et tout change.

Le visage de Mister Miracle change.


La surprise glisse d’abord sur son masque sensible.
Puis la surprise.
Puis… autre chose. Une autre émotion. Un autre sentiment.

Le trouble.

La crispation.

La connaissance, qui revient.

Le savoir, qui l’emporte encore ; il n’est pas le seul.

« J… J’Onn ! J’ONN ! »

Mister Miracle hurle.
Le désespoir se lit dans sa voix. Les ombres ricanent, autour.

« P… pars ! F… fuis ! Pars, J’Onn ! Pars maintenant !
Il… il arr… il rev… »

Il ne peut aller au bout de sa phrase – il s’en empêche. Il en est empêché.
Mister Miracle s’évapore.

… et Mister Miracle le remplace.

« HA ! »

La voix demeure – mais avec des intonations légèrement différentes. Avec une approche quelque peu divergente.

« Il m’a enfin libéré… ou quelqu’un m’a libéré ? Qu’importe ! Je suppose que la crise est totale, si l’on m’appelle ? Je suppose qu’il s’agit d’une Crise, c’est ça ?
Bah, qu’importe.
Mon dernier souvenir consiste à tuer cet imbécile d’Orion, après avoir purgé la Source… quoi que vous affrontiez, cela ne me fera pas peur.
Je ne me défausserais pas. Je ne m’en échapperais. »

La vérité fait jour alors dans l’esprit de J’Onn – il comprend. Il comprend sûrement.
A qui il a affaire.

« Mais d’abord… libérez-moi ! Libère-moi, J’Onn ! Allez, le Martien ! Je suis pressé !
J’ai un Univers à sauver !
Il faut bien que quelqu’un le fasse ! Alors libère-moi ! LIBERE-MOI !!! »

La colère l’emporte, déjà. La pulsion de rage l’entoure, et il la laisse couler en lui.
Il s’énerve ; très vite. Très fort.


Ce qui n’est guère étonnant – vu ce qu’il est ; vu qui il est.
Mister Miracle, oui.
Mais… pas celui que J’Onn vient de connaître, ou qu’il a voulu sauver.

L’autre.
Le précédent. La… précédente personnalité de Scott Free. Celle que Mister Miracle a fait lui-même disparaître, pour sa propre sécurité ; et celle de l’Univers.

L’autre Mister Miracle. Celui d’avant.
Celui… qui a provoqué le génocide de son peuple. Le tueur. L’assassin.
Le boucher.

Le Massacreur.

J'Onn parvient petit à petit à affaiblir la détermination de Mister Miracle à se laisser torturer éternellement par sa propre création. Il parvient à repousser le désespoir, au moins un temps, qui animait son ami et tout semblait pouvoir s'arranger. Au moins pendant quelques trop courtes secondes. Car un nom jailli de la voix de l'une des ombres, un nom maudit. Qui n'aurait jamais dû être prononcé. Pas comme ça, pas à ce moment-là où le Neo-Dieu semblait enfin se décider à faire face.

-Scott, tient bon, résistes mon ami. Cette chose que tu crains, tu peux la dominer !

J'Onn veut lancer son esprit au secours de celui de son ami mais... Il était déjà trop tard. L'esprit de Scott disparaît comme un nuage de fumée, et aussi puissant soit-il, le Limier Martien est incapable de retenir de la fumée. J'Onn voit et entend celui qui occupe désormais le corps de son ami si pacifique. Jakirb, puisque tel était son nom, n'avait rien de doux et de pacifique. C'était lui... Cela devait être lui. Le génocidaire.
Celui qui avait piégé les Neo-Dieux de New-Genesis et d'Apokolips, avant de tous les éliminer ensemble afin de mettre fin au cycle des réincarnations.
L'être qui avait détruit le monde du Docteur Impossible.

-...

Scott Free avait été élevé à Apokolips afin de devenir une arme au service de Darkseid. Même si cela ne c'était pas fait, cela avait laissé des traces. L'Artiste de l'Evasion avait toujours été un excellent combattant, capable de tenir tête même aux espèces les plus puissantes de l'Univers. Mais... Mais... Martian Manhunter n'avait jamais envisagé le fait que cela ai laissé des traces à ce point. Peut-être Jakirb n'était au fond que l'arme que les suppôts de Darkseid avait voulu créé.
L'enfant qui avait été sacrifié jadis par le Haut-Père.

-Il...

Un temps, un bref instant J'Onn pense à la situation sur Mars, mais... Mais il ne voulait pas que Scott s'implique. Ni lui, ni personne d'autre lié à la Terre. Parce que cela concernait son peuple, et aussi... parce qu'il y a l'autre menace. L'autre danger. Les Omega Titans. Ces quatre créatures gigantesques venues des origines même de l'Univers et qui entendent y mettre fin. Il ne voulait pas prendre le risque de voir des héros mourir sur Mars... Alors que des mondes entier pourraient avoir besoin d'eux.

-Il n'y a pas de Crise, la situation est encore gérable. Il y a... Encore des personnes pour gérer. Pour contrer les menaces qui planent. L'Univers n'a pas besoin de toi.

Pas encore, songe-t-il. Et jamais l'espère-t-il, car cet être semblait terriblement dangereux et sans pitié. Prêt à anéantir ce qu'il faut pour arriver à ses fins. Malgré son envie de voir ce Jakirb s'en aller, il prit une voix douce et posée.

-Des héros sont là, seront là pour protéger les mondes des menaces qui rôdent encore. Il n'y a pas besoin de massacres ou de davantage de souffrance.

Même si toutes les formes de Mister Miracle existants dans ce monde semblaient avoir unanimement décidé de lui donner du fil à retordre.

-Rendors-toi. Calme-toi, Scott.

Mister Miracle fixe Martian Manhunter durant toutes ses réponses ; son argumentaire.
Son discours.

Il reste silencieux, calme. Figé. Immobile, comme une statue.

Son visage, jusque-là animé de colère, reste bloqué.
Aucune émotion n’y passe. Aucun sentiment n’y coule ; rien. Il ne montre rien.

Il reste de marbre.

Alors que J’Onn J’Onzz fait tout, pour l’empêcher de parler ; pour l’empêcher d’agir.
Pour le faire partir.

Le Martien est bon, d’ailleurs.
Ses arguments sont fins. Son ton est bien choisi. Son argumentaire est légitime.
Il pourrait fonctionner. Il pourrait convaincre.

Oui.

… mais avec un autre que Jakirb.

« Allez. »

Un sourire mauvais glisse sur son masque sensible, alors qu’une voix sèche et brutale s’échappe de ses lèvres.

« C’en est assez. »

Il bande ses muscles. Il se concentre. Il agit.
Il réagit.


Et fait littéralement exploser ses chaînes – pour se libérer, d’un coup.
D’un seul.

« Je prends note, bien sûr, de ce que tu dis. J’entends.
Mais je refuse d’écouter. »

Les ombres réagissent, derrière J’Onn.
Elles s’amassent, puis se lancent directement vers leur cible ; vers Mister Miracle.
C’est une erreur.

Ce dernier réagit, encore.


Il fait apparaitre une Epée de Néo-Dieux – et les anéantit, tous.
Avec un coup direct, brutal ; mortel.
Sans hésiter. Sans remords. Sans regret.

Sans pitié.

« Bon. »

Il fait disparaître la lame, et se tourne vers J’Onn. Il sourit.
Ce n’est pas une bonne chose.

« Ce n’est pas une Crise, dis-tu ? Les héros seront là ? Ah bon ?
En es-tu sûr ?
Quelques secondes de conscience me font comprendre que je ne suis pas dans mon corps. Quelques instants me font détecter la présence des Omega Titans, dans l’Univers.
Je suis dans le Limbo. J’y suis piégé.
Une menace cosmique rôde. Et tu oses dire que vous n’avez pas besoin de moi ?
Ha ! Pauvre fou. Pauvre ignorant. »

Jakirb glousse, sans joie ; puis se concentre.

« Cet Univers a besoin d’ordre. Cet Univers… a besoin de contrôle ; de puissance.
Il a besoin de moi.
Non plus des couleurs chatoyantes de Thaddeus – mais d’une vision stricte et directe ; binaire.
Il y a le Bien. Il y a le Mal.
Et il y a moi… qui sépare l’un de l’autre. »

Son allure change, en disant ces mots terribles. Son corps se module.
Se transforme.


Pour adopter pleinement ce point de vue – cette approche ; si terrible.
Si brutale.

« Soit.
Allons reconquérir mon corps, châtier l’envahisseur… et redonner de l’ordre ! »

Il s’évapore, alors. Il s’échappe.
Non pas pour le plaisir, non pas pour le goût de l’évasion – mais comme tactique. Comme stratégie.
Comme attaque.

Mister Miracle attaque, frontalement.
Que l’Univers se prépare…

Comme à son habitude, J'Onn fait au mieux, il essaie de repousser son adversaire... De le contraindre au calme, de le convaincre d'abandonner. Et dans ce cas précis, de laisser revenir Scott Free. Le véritable. Celui que tous connaissaient le mieux. Et qui était préférable à l'autre. A l'arme vivante qui se dressait face à lui et repoussait en bloc tous ses arguments. Il n'avait même pas été touché. Le Docteur Impossible lui-même avait faiblit mais Jakirb... N'avait cure de ce qu'on lui disait. Il se libère et attaque purement et simplement les ombres qui tentent sottement de s'en prendre à lui.

Et Jakirb prend évidemment conscience de tout ce qu'il se passe réellement, de toutes les menaces qui planent, qui rôdent. Notamment les Omega Titans, bien évidemment. Bien entendu. Et il comprends à quel point la situation était grave, réellement grave. Et le Limier Martien entend son projet complètement fou. Celui de dominer l'Univers en imposant sa propre manière de voir les choses.

-Cette vision binaire n'amènera à rien !

Elle était même dangereuse, terriblement dangereuse. Car elle mettait de côté toutes les nuances de gris, de personnalités et de vécu qui faisaient que les êtres vivants étaient si différents les uns des autres. Ce que Jakirb se proposait d'instaurer ressemblait ni plus ni moins qu'à un régime totalitaire. Il y a les bons, les méchants et lui qui rendrait la justice. Le Limier compris aussi qu'il ne servirait à rien de vouloir raisonner ce fou. Il était allé jusqu'à trahir la Justice League et anéantir son propre peuple pour accomplir ses plans. Si cela prouvait l'abnégation de Scott, cela montrait aussi à quel point son autre personnalité était déterminée et têtue. Alors il ne perdit pas de temps, et agit.

Jakirb file à travers le Limbo. Il est parvenu à échapper à la vue du Martien, mais ce dernier met à profit tous ses autres sens et sa télépathie pour le localiser, le retrouver. La Boite-Mère qui aurait pu l'aider ne pouvait rien pour lui, et J'Onn repéra Jakirb et lança toute sa force mentale sur lui. Pour le plaquer brutalement au sol.

-Ta volonté de protéger l'Univers est louable. Réellement.

La voix du Dernier Fils de Mars résonne autour du Neo-Dieu. Le Martien le domine, le plaque contre le sol et l'oblige à y rester. Des liens psychiques s'étaient noués autour de Jakirb et l'empêchaient de faire le moindre mouvement. Et l'alien renforçait à chaque seconde la solidité de ces liens psychiques.

-Mais ta manière de faire n'est pas celle qu'il lui faut. Je ne peux te laisser continuer.

J'Onn n'aime pas ça... Il n'aime pas être obligé de malmener ce qui était tout compte fait rien d'autre qu'une autre personnalité de Scott. Une personnalité cachée, secrète à cause de sa trop grande brutalité et violence. Mais puisque son ami se révélait incapable de la contrôler, de revenir pour la bloquer alors il devait le faire. Au moins pour empêcher que d'autres crimes ne viennent s'inscrire dans la conscience de son ami.

Mister Miracle file vers les vieux ; vers la sortie du Limbo.
La liberté.

Enfin.

Jakirb se précipite en dehors du Limbo – sur ses Aéro-Disques, dans son nouveau costume. Dans son allure surprenante et troublante.
Il file ; agressivement.


Il ne vole pas comme d’habitude.
Il fend les airs.
Il brise littéralement les cieux, attaquant littéralement tout ce qui l’entoure – il se précipite, brutalement.

… mais il l’entend, alors. Il entend J’Onn J’Onzz.

« Pff. »

Il continue de voler, mais se tourne vers le Martien. Et exprime clairement ses sentiments, ses émotions dans son regard.
Sa rage.


Une pulsion de pure colère glisse dans ses yeux, alors qu’il se crispe en répondant à Martian Manhunter.

« C’est bon ? Tu as terminé ? Oui ?
Bien.
Tu admets au moins que je veux sauver l’Univers – tu n’es pas aveugle comme d’autres, c’est bien. Mais tu t’égares.
Mes méthodes ne sont pas bonnes ? Ah bon ? Et les vôtres, alors ?!
Vous ne faites que retarder l’inévitable. Vous multipliez les solutions à court-terme. Vous vous perdez dans des débats stériles.
Je vous admire, J’Onn. Je vous estime. Je vous aime.
Mais… vous vous perdez.
Les menaces sont trop fortes, pour vous. Et vous semblez ne rien voir.
Je ne peux continuer cet aveuglement. »

Ils sont dans le Limbo. Ils sont dans un territoire sombre, méconnu ; dangereux.
Changeant, surtout.

Tout change toujours, dans le Limbo. Tout peut toujours changer.
Et Jakirb en profite.


En faisant apparaître… une arme. Une arme à feu.
Un acte fort et rare, pour lui.

Mister Miracle s’arme. Beaucoup en seraient choqués – beaucoup devraient l’être.

« Laisse-moi faire, J’Onn ; ou tu seras forcé à le faire.
L’Univers vacille ; je ne peux le laisser faire.
Je ne peux rester sans rien faire.
L’Univers a besoin de moi – et votre inaction, et ma naissance, m’obligent à assumer ce rôle. Même si je ne l’ai jamais voulu !!! »

L’esprit de Jakirb repousse violemment les pensées, la psyché de J’Onn.
Le pire se poursuit.

… parce qu’il tire sur J’Onn.

Il tire sur J’Onn, oui ; son ami.
Non pas pour le tuer – mais uniquement pour le blesser. Le fait demeure, cependant.
Il tire sur J’Onn.

Et ne regarde même pas comment il va. Et ne s’intéresse même pas à sa survie.
Il tire ; puis file.

Il file vers les cieux. Il file vers la fin du Limbo.
Il file vers la Terre.


Il détruit ainsi la barrière entre le Limbo et le reste du Multivers, par sa seule volonté – par sa seule puissance.
Elle est terrible. Elle est sauvage. Elle n’est plus contrôlée.
Et elle va faire mal…

Jakirb était trop puissant, trop incontrôlable même pour Martian Manhunter, et il n'avait définitivement plus grand chose de Scott Free. Seul un lien lointain semblait unir les deux êtres. Et bien que le Limier Martien ai été intangible et invisible, il fut quand même trouvé par le génocidaire qui... L'attaqua. Frontalement, après lui avoir sorti un petit discours qui fit réfléchir le Limier. Il y avait du vrai dans ce que disait Jakirb, aucune de leur solution ne fonctionnait définitivement. Il y avait toujours des changements, des évolutions qui obligeaient les justiciers à agir, encore. C'était peut-être vrai... Sans doute. Mais cela ne changeait rien au fait que la méthode de Jakirb n'était pas une solution.
Qui sait où s'arrêterait la folie d'un être capable de commettre des actes violents même contre ses alliés.

-Non !

Jakirb tire vers J'Onn, et s'il peut éviter le choc physique grâce à sa physiologie martienne, le choc psychologique lui l'atteignit violemment. Même si ce n'était pas réellement Scott, c'était une part de son ami qui venait de l'agresser. Le Martien se reprit rapidement envoya une nouvelle fois son esprit à la recherche de celui de Jakirb. Mais il ne trouva rien. Le Neo-Dieu s'était tout simplement échappé du Limbo. J'Onn perd encore du temps à vérifier que les dégâts que le fou venait d'infliger aux barrières du Limbo n'avaient pas provoqué d’événement qui empireraient la situation. Heureusement non.
Heureusement, le Multivers n'aurait pas à souffrir de quoique se soit.

Mais... Mais Jakirb avait bel et bien fuit. Était parvenu à s'échapper. Le cœur lourd, craignant ce qui allait arriver, le Limier Martien file vers Métropolis. Vers l'endroit où Clark avait dû tenter de retenir le Docteur Impossible occupant le corps de Mister Miracle. A moins que Jakirb ne soit parvenu à reprendre possession du corps de Scott Free. Quoiqu'il se soit passé, J'Onn arrivera sans doute trop tard lorsqu’il se matérialisera au-dessus des toits de Métropolis. Trop tard pour éviter la violence se déchaîner.

J’Onn J’Onzz s’échappe également du Limbo, après Jakirb.
… bien après lui, en fait.

Le Martien rouvre les yeux, et découvre la situation à Metropolis – l’ampleur de la situation ; de la crise.
Des dégâts. Enormes.


La ville est sinistrée ; littéralement.
Comme si une tornade était tombée dessus – plusieurs tornades, même. Comme si…

Comme si Martian Manhunter avait été absent pendant plusieurs heures, en fait.

« J… J’Onn… »

Une voix faible résonne soudain aux oreilles du super-héros émeraude.
Une forme émerge, des décombres.

Une forme tremblante. Une forme blessée. Une forme affaiblie.


Superman.
Qui se redresse difficilement, et se tient le corps ; ensanglanté.

« Je… je me doutais que… ton trajet retour serait… plus long. Nous… nous avons tenté de gérer, en t’attendant, mais… »

Il grimace, et hausse douloureusement les épaules.

« … mais nous n’avons pas réussi.
Ce… cela a duré… six heures, J’Onn. Six. Heures. A le combattre.
Six… heures. »

Superman souffle, et secoue la tête.
Au loin, des sirènes d’urgence se font entendre ; beaucoup. Beaucoup, beaucoup.

« D’autres… sont venus aider. D’autres… ont combattu.
Cela a fonctionné… un peu. »

Il grimace, et enchaîne lentement.

« Nous… nous l’avons séparé, J’Onn. Nous l’avons… nous avons réussi à… à sortir le Docteur Impossible, du corps de Scott.
Mais… pas que.
Nous avons pu… sortir le Docteur Impossible de Scott – mais Jakirb, aussi. »

Superman plonge un regard triste, dans les yeux de J’Onn.

« Scott… a été libéré. Du… Docteur Impossible – et de Jakirb.
Mais… mais il a dû… pour cela.
Il a dû… »

Clark Kent baisse les yeux – puis lève légèrement sa main, pour désigner une zone, sur le côté.
Un pan des gravats. Un endroit.

Un endroit… où se trouve Mister Miracle ; le vrai.
Scott Free.

L’artiste de l’évasion ; pas le massacreur. L’aventurier ; pas le destructeur.
Le héros par accident ; pas l’élu.
Leur ami.
Pas leur ennemi.

Scott Free, oui. Qui a passé six heures à combattre le Docteur Impossible et Jakirb – qui a tout donné pour cela.
Qui a tout… sacrifié.


Il est immobile ; figé.
Inconscient.
Aux portes de la Mort. Hélas.

« Il… vivra. Il vivra, J’Onn – mais différent. Pour toujours.
Son âme vient d’être… touchée, modulée, brisée, écornée, endommagée. Par le Docteur Impossible et Jakirb.
Il vivra… mais changé. A jamais. »

Superman soupire, et s’approche de J’Onn.

« La crise… ne fait que commencer.
Nous avons… deux versions négatives et agressives de Mister Miracle, dans ce monde ; et Scott… ne sera plus jamais ce qu’il a été.
Des… temps sombres approchent. Ils sont… déjà là. »

Clark Kent souffle, et acquiesce lentement.
La crise n’approche plus ; elle est déjà là. Et tout le monde y sera emporté.


Plus tard. Plus loin.
Sur Terre, encore ; dans un vaisseau spatial secret, et récupéré.


Un vaisseau de Krypton.
Arrivé du fond de l’Espace, sur demande conjointe de deux esprits terribles – qui se détestent, mais acceptent de collaborer ensemble.
Pour un objectif commun.

Pour une destruction commune ; celle de Mister Miracle. Et de ses proches. Et de ses mondes.
Et de sa Réalité.


Le Docteur Impossible entend venger le Cinquième Monde, et briser toutes les facettes de l’existence de Scott Free.
Quoi qu’il en coûte.
Quoi qu’il doive faire, pour y parvenir.

Il n’est pas seul à être décidé à aller au bout de tout.


Jakirb vit, aussi ; par lui-même.
La Boîte-Mère et la puissance des Néo-Dieux ont créé des corps spécifiques aux deux créatures – et ils entendent agir par eux-mêmes.
Pour leurs propres objectifs.

Le premier veut anéantir Scott Free, et conquérir sa place dans l’Univers.
Le second veut remettre l’ordre dans ce dernier – et y imposer sa marque, quelle que soit l’opposition.

Les voilà vivants. Les voilà entiers.
Les voilà alliés.

Que la Réalité tremble… que la Réalité tremble.

Trop tard, J'Onn J'Onzz était arrivé bien trop tard pour empêcher le drame. Pour empêcher le pire. Le temps qu'il revienne du Limbo, trop de temps s'était écoulé. 6 heures c'était réellement trop surtout dans la situation dans laquelle ils étaient. Une bonne partie de Métropolis avait été dévastée et ce malgré la protection de Superman. Le héros de Demain était d'ailleurs au sol, peinant à se relever. Le Limier Martien avait mis 6 trop longues heures à revenir.

-Oh Superman, je suis désolé... Je ne voulais pas...

Il avait cru être revenu au plus vite, en comptant la petite interruption pour vérifier l'état des frontières entre le Limbo et le Multivers... Mais il n'avait pas réussi. Il avait été trop lent. Il écoute le résumé de Superman, un résumé terrible, affreux. Des héros avaient lutté aux côtés de Clark pour bloquer les deux terribles itérations de Mister Miracle, mais rien n'avait pu être fait. Le Docteur Impossible et Jakirb étaient tous les deux libres et prêts à abattre leur volonté sur l'Univers. La crise était là.
La Crise en fait.

-Ce Jakirb... Est celui qui est parvenu à réunir tous les Neo-Dieux à un endroit et à les anéantir en un coup. Et... A présent, il entend décidé lui-même du Bien et du Mal sur cette Terre. Il veut être une sorte de dieu. Et a les moyens pour le devenir.

J'Onn soupira, et secoua la tête, fatigué... Déçu aussi de voir qu'il n'avait réussi à sauver son ami, comme il le lui avait promit. Ses doubles étaient libres de faire ce qu'ils désiraient à présent. Et Scott gisaient dans un coin, vaincu et brisé. Après avoir dû lutter pendant des heures contre eux. Et le Limier Martien doutait de pouvoir avoir raison d'eux. Seul surtout.

-Métropolis à survécu... En partie. Mais elle va avoir besoin de son héros pour l'aider à se reconstruire et à garder espoir. Il y a sans doute des choses que tu peux faire pour aider ces gens Superman, alors va-y. Montre leur que les temps ne sont pas aussi obscurs que l'on pourrait le penser.

Ces humains ne pouvaient rien faire de toute façon... Surtout face aux deux êtres terribles qu'étaient le Docteur Impossible et Jakirb. Il se tourna vers Scott, toujours au sol et vaincu. Son esprit avait été salement blessé et mettrait du temps à guérir... En fait, il ne guérirait jamais complètement.

-Je vais tenter de l'aider à se reconstruire au mieux.

Et J'Onn se projette une dernière fois dans l'esprit de Mister Miracle, pour voir les dégâts qu'il n'avait pas sût empêcher. Et pour tenter d'y remédier. Il fit au mieux... Mais bien sûr ce n'est pas parfait. Et bientôt, le Limier Martien laissa son ami seul pour qu'il puisse se reposer. Tandis que lui allait aider Superman à panser les plaies de la Ville de Demain.
Car le temps était aux soins... mais bientôt devrait venir celui du conflit. Et J'Onn espérait trouver une solution avant que ce dernier n'arrive.
Nul ne savait ce que pourrait donner deux Mister Miracle en furie et déterminer d'imposer leur loi et leur domination sur le monde.