Est-ce que c'était mieux avant ? ~ Ft Joey Wilson

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Ils aiment tous prononcer cette phrase, avec des airs supérieurs. Ah ! C'était mieux avant ! Maintenant, tout fout le camp. Et si nous définissions ce avant ? Est-il vaste, ou est-il précis ? Date-t-il d'il y a cinquante ans ? Trente ans ? Dix ? Peut-être deux, voire, une année ? Alors, entendons-nous bien. Il y a un an, Epoch a tenté de dominer le Temps, à travers la manipulation d'un tragique paradoxe. Il y a deux années, Lex Luthor apparaissait en public, inspirant le monde à une réforme mondiale – non, universelle ! - pour déterminer une nouvelle place à l'humanité, à travers ce qu'il nommait Year of Evil. Encore avant, les étoiles et les mondes ont vibré ensemble face à la tyrannie et la puissance de Darkseid et de ses séides. En remontant le fil du Temps – nombreux sont ceux qui ont eu la chance – ou malchance – de le faire – il est possible de voir que … Non. Ce n'était pas mieux avant. C'était différent. Le regard était différent. Les possibilités, encore insoupçonnées. Mais maintenant ? Maintenant ? !

Bon sang. Que cela l'énerve, lorsqu'il entend cette phrase. C'est en partie pour cela qu'il s'est aussi tourné vers cela, vers cet avenir de plus en plus possible. Jaime Reyes n'aime pas que l'on parle sans savoir. Il n'apprécie pas que l'on oublie ce qui est possible. Que l'on ne veut pas le voir – pour des raisons parfois honteuses. On pourrait lui dire, bien entendu, qu'avant il n'avait pas cette bestiole accrochée à son dos. Et peut-être qu'il y a plusieurs mois, il aurait dit oui. Maintenant … maintenant … il pourrait argumenter. Qu'il est peut-être préférable que ce soit lui et pas un autre. Que s'il existe beaucoup de choses incroyables, Khaji Da en est sûrement une – parce que c'est une clé, à ses yeux, d'une meilleure compréhension de l'avenir.

Ce n'est pas que les choses étaient mieux avant ou non. L'important c'est le regard du moment parlé. C'est ce qui rend ce tout si différent. Et c'est ce qui aujourd'hui permet à Jaime Reyes de mieux se sentir : ne plus regretter ce moment d'avant. Et pouvoir réussir à faire mieux. Mais parfois, parfois la nostalgie de certains moments résonne. Comme ces instants qui se sont déroulés avant la montée au pouvoir de Per Degaton et les atrocités nées de son régime. Maintenant, le monde a les yeux tournés vers ceux qui ont participé à cela. Et là, peut-être là que oui … On peut dire c'était mieux avant. Quand Joseph Wilson – bien que enfermé dans cette tragédie qu'est la possession – n'était pas poussé devant la Justice. Pour des crimes commis par son corps – mais pas son esprit.
Comment expliquer cela ? Comment défendre cela ? Même avec les démonstrations de forces intenses des dernières années – qu'elles soient technologiques, magiques, ou simplement physiologiques – la Justice semble avoir des difficultés à appréhender ces réalités.

Certes, il y a des crimes où le corps d'une personne n'est que « l'arme » d'une autre. On utilise la manipulation, le chantage. La torture. La peur. Ce sont des faits. Mais le plus souvent, il y a des preuves. Là où des actions aussi invisibles sont, finalement … du domaine du spirituel. Et si à une époque il n'aurait pas été rare de voir un représentant des forces religieuses dans un tribunal – voire, le dirigeant –, cette idée maintenant est ridicule. Enfin, pour une fois – sans doute n'est-ce pas la première – la Bible sera touchée par quelque chose qui peut avoir quelques nuances démoniaques – par la possession, du moins. Dans le drame de cette réalité, une petite pointe d'ironie froide …

Et que vas-tu lui dire ? Il est de plus en plus rare que le Scarabée parle. Il semble préférer maintenant une forme d'introspection et réagir que quand cela semble nécessaire. Haussant légèrement les épaules, Jaime n'a pas vraiment réfléchi à la question. Après l'attaque de la Suicide Squad, il semblait nécessaire et essentiel de le voir. De reprendre bien contact avec lui. Il a bien quelque chose dans sa poche intérieure. Pour remonter un peu le moral. Pour essayer de le détendre un peu. Pour profiter un peu d'un moment. Mais, franchement, non, il n'a pas réfléchi à ce qu'il allait dire. Il sait juste où il est planqué et c'est là où il va.
Le Scarabée, d'ailleurs, l'a très bien compris et reste silencieux, semblant se concentrer sur d'autres calculs et activités. Il ne partage pas le même intérêt que son symbiote humain pour cette personne – ni pour le fait d'aller le voir. Mais ils arrivent à s'entendre sur le fait que chacun possède sa façon de voir les choses. Oui. Il ne comprendra jamais Jaime Reyes, du moins, cette humanité. Mais il doit faire avec cette inconnue dans ses calculs. Pas toujours le plus simple.

Finissant par arriver là où il sait que le fils Wilson se cache par moment, les mains cachées au fond de ses poches, le jeune homme observe la silhouette – sans doute fatiguée et préoccupée, ou peut-être pas ? - de son ami. Sans un mot, il approche, se pose à côté. Regarde le ciel frais. Les mains toujours dans ses poches.

« Mieux que le bâtiment de la Young Justice pour se cacher. »

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« Est-ce que c'était mieux avant ? »

ft. Jaimes Reyes

_____Je venais probablement d’échapper à ce qui pouvait m’arriver de pire. Je savais que tôt ou tard, ils retrouveraient ma place, j’avais même commencé à me demander si c’était une bonne idée de rester dans les environs. Il y avait beaucoup d’élèves, et certains n’appréciaient pas vraiment d’avoir un collaborateur de Degaton à leur côté. Je ne pouvais pas leur en vouloir, cette situation commençait à me ronger de l’intérieur. Tout a empiré lorsque la Suicide Squad a débarqué. Je ne m’attendais pas à ça, mais j’avais déjà en tête les intentions malsaines de Waller à mon égard. Qui ne rêve pas d’avoir un psychique sous la main pour manipuler son monde. Une bête de foire, j’étais devenu une putain de bête de foire.
Pourtant, sans l’élan de solidarité qui avait permis de ralentir la petite équipe de Waller, je ne serais pas là. Tout ces gens autour de moi., ils ne m’ont pas laissé tomber. Je leur étais éternellement reconnaissant. Les mots n’étaient pas suffisants pour exprimer ma gratitude. Maintenant, je devais passer à l’étape suivante et prouver mon innocence. Mes mais m’ont défendu, mais c’est la justice qui a réussit à convaincre Waller de rebrousser chemin. Je ne pense pas que cette femme est douée de raison et d’humanité, elle a surement été menacer de quelconque manière pour me laisser tranquille.

À la vue de l’état de ma santé mentale, Ray avait réussi à convaincre les autorités de me laisser à l’Académie en attente de mon jugement. J’avais un champ d’action assez restreint, mais c’était toujours plus agréable qu’une cellule de prison. J’avais le droit de me promener dans la cour lorsque l’endroit était pratiquement vide. Je ne pouvais pas participer aux cours, mais je pouvais rester tranquille dans ma chambre.
Aujourd’hui, j’y étais resté bien trop longtemps pour en supporter les quatre murs. Il fallait que je sorte, que je m’aère un peu l’esprit. Je me savais surveiller, mais Ray avait suffisamment confiance en moi pour se montrer un peu laxiste sur mes déplacements, tant que je ne quittais pas l’académie. Je me suis rendu à l’une de mes cachettes préférées. Elle se trouvait derrière l’un des plus grands bâtiments de l’académie, non loin de ma chambre. Je me suis installé sur les premières marches de l’escalier de secours.

Je suis resté calme pendant plusieurs minutes, l’épaule collé contre le mur du bâtiment, la musique de mon téléphone qui raisonnait dans mes oreilles. Dans ces moments de calme, j’en profitais souvent pour entrer en méditation, des séances que John m’avait conseillées pour me rendre plus fort et apprendre à gérer mes pouvoirs. Parfois, j’en profitais aussi pour entrer en contact avec Amy. La discussion n’était pas forcément des plus agréables, mais il commençait à se montrer de moins en moins agressif à son égard. Peut-être avait-il enfin compris qu’il ne pourrait rien faire pour reprendre sa vie d’avant et qu’il devait m’écouter ? Ou est-ce mes émotions humaines qui sont en train de le corrompre et le troubler. C’était une des théories de Jason Blood concernant mon cas, il avait peut-être raison. Pour autant, je ne devais pas baisser ma garde, Amy restait un démon.

Une présence se rapprochait dangereusement de moi, mes sens étaient encore en éveil. Mes paupières se sont redressées d’un bon, et mes pupilles radioactives se sont redressés vers lui. Cette voix, cette silhouette, elles m’étaient étrangement familière. J’ai honte, j’ai mis plusieurs secondes avant de réaliser que c’était lui.
Jaime Reyes était parti depuis un long moment déjà, juste avant que je rencontre les mauvaises personnes. Mécaniquement, un sourire illumina mon visage, j’en ai rapidement oublié mon téléphone et la musique qui défilait dans mes écouteurs. Je me suis redressé pour venir le prendre dans mes bras. C’était un reflex, je ne pouvais pas exprimer ma joie de le revoir par des paroles, alors je m’exprimais avec des gestes qui avaient autant de sens que des mots. Lorsque j’ai terminé mon étreinte, mn regard a croisé le sien et j’ai pu entamer un lien télépathique, une nouvelle technique que je n'avais pas eu le temps d’expérimenter avec lui.

C’est bien toi, Jaime ? Je veux dire… ouah, si je m’attendais à te voir. Ça fait si longtemps… J’espère que tu as trouvé ce que tu cherchais. Un sourire accompagnait ses paroles télépathiques. Je me permettais de signer en même temps pour ne pas trop le déstabiliser.

A ce moment-là, j’en avais complétement oublié son scarabée. Je me souvenais qu’il n’était pas très commode, tout comme Amy qui s’était abstenue de tout commentaire jusqu’à maintenant. L’intrusion télépathique allait surement le déranger, mais sous l’émotion et l’excitation, j’en avais complètement oublié ce détail. Lorsque j’ai repensé à son commentaire pour attirer mon attention, je me suis permis de jeter un œil en direction des escaliers de secours sur lequel je m’étais installé.

Il y a autant de caméra de surveillance ici qu’à la Tour, crois-moi. Mais Ray se montre tolérant avec moi. répliquais-je avec un léger ton d’humour. J’avais tellement pris l’habitude d’être surveillé que je n’en voyais pas le mal, ou presque. Si je m'attendais à te voir... ouah c'est génial ! Comment vas-tu depuis le temps ?

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La réaction est surprenante. Agréable. Mais surprenante. Il ne s'attendait pas directement à sentir le corps de Joey Wilson venir entre ses bras. Quelques souvenirs particuliers viennent en mémoire, alors que ses bras se serrent contre cette présence. « Hey. Si j'avais su que ça te ferait autant plaisir. » Il souhaite continuer sa phrase, offrant un sourire au blond quand leurs yeux se croisent. Puis en un instant, il entend cette voix. Pas une voix électronique, modifiée, par un appareil. Mais bien dans son esprit. Qui résonne. Et cela le surprend, bien plus. Mais cela n'a guère le temps de faire plus. Car cette unique intrusion n'est pas du goût de tous. Oui.
Elle n'est pas de son goût à lui, le Scarabée. Dont les programmes résonnent sous l'écho de cette voix douce. Par ce lien télépathique, le jeune Wilson pourrait entendre quelques lointains murmures aux intonations inexplicables. Mais bien vite, il entendra autre chose. Une voix, avec ce même écho psychique. Stop ! Je l'autorise. Alors, simplement. Les murmures s'estompent simplement. Comme s'ils n'avaient jamais exister – du moins dans cette partie de l'esprit. Simple contact télépathique.

Bien entendu, Jaime n'a pas oublié le démon – et le fait de l'avoir combattu. Le Scarabée non plus – et il serait stupide pour le jeune Reyes de croire que celui-ci ne surveille pas. Bien entendu, il surveille. Mais à sa façon. Tout n'est qu'un ensemble de données, après tout – ce lien télépathique ne déroge pas à la règle. Si les données venaient à être corrompues … alors il agira. Seulement à ce moment-là. Et encore.

Une main se pose alors sur l'épaule de Joey. Une main qui se veut rassurante, qui cherche à retirer toute potentielle culpabilité que le fils de Slade Wilson aurait pu ressentir. Puis, passant une main dans ses cheveux, il observe un instant son ami derrière ses lunettes – une lueur mordorée présente dans ses iris. Sa voix résonne, un instant. « Il est toujours un peu agacé par certaines intrusions. Mais ne t'inquiète pas. Il ne va rien tenter. » Tout en échangeant, il était possible de voir, pendant un instant, cette couleur mordorée qui disparaissait des yeux du latino, ceux-ci retrouvant la couleur sombre habituelle. Son sourire est toujours là – en fait, il ne semble même pas ressentir de quelconques douleurs de cet échange non désiré entre son symbiote et lui. S'étirant un instant, il regarde Joey, souriant un peu plus doucement. « Eh ouais, c'est bien moi. Je pense avoir trouvé, oui. Et je suis en train de le mettre en forme. » Un léger rire, alors qu'il se baisse pour récupérer le téléphone de Joey, tombé au moment de l'agréable sursaut de joie de son ami. Un regard, vers l'un des angles de caméra, au deuxième commentaire de Joey.

Cette fois, il signe. Comme pour garder pour eux cette petite information. « J'ai déjà calculé leurs différents angles. Le Scarabée est très utile pour trouver un endroit où se cacher. » Un nouveau rire, complice, suivi d'un clin d’œil. Des choses ne changent pas. Puis, la question. Redonnant le téléphone à son ami, Jaime s'installe à côté, tranquillement, les mains dans le dos. « Eh bien … J'ai repris des études. Et je les poursuis ici. Comme je te l'ai expliqué avant, j'ai un peu décidé de faire disparaître le Scarabée des radars. On avait besoin d'un peu de temps lui et moi. Mais ça va, maintenant. Enfin, du mieux qu'on peut quand on est un jeune homme avec une Intelligence Artificielle dans son crâne. » Il pointe celui-ci tout en souriant un peu. « On s'est habitué l'un à l'autre. Donc ça ne peut qu'aller sur ce point. » Un léger haussement d'épaules.

D'un côté, ils partaient l'un comme l'autre de loin en terme de relation. N'est-ce pas ?

« Et toi … ? J'ai gardé un peu un œil sur ce qui a pu se passer … Comment tu vis ça ? »

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« Est-ce que c'était mieux avant ? »

ft. Jaimes Reyes

_____retrouver un vieille ami, c’est toujours aussi agréable. Rien à changer, ou presque. La situation était un peu plus catastrophique, de mon côté. L’excitation avait été si importante que j’en avais presque oublié ce qui le tourmentait. Jaime et moi, on a un point commun, un parasite qui nous hante. Sans réellement avoir conscience des conséquences de mes actes. J’avais tellement envie de lui montrer mes nouvelles compétences, tellement envie qu’il entende ma voix. J’en avais oublié Khaji Da, ce cloporte n’avait pas réellement apprécié mon intrusion surprise dans l’esprit de Jaime. Au fond de mon crâne, j’avais ressenti des vibrations désagréables. Lorsque je me suis rendu compte de mon erreur, il était déjà trop tard.
Heureusement pour moi, je n’étais pas le seul à avoir progresser pendant tout ce temps. Jaime était parvenu, en une fraction de secondes, à calmer son scarabée. Bon sang, je vais devoir me montrer un peu plus vigilant la prochaine fois. Contrôler mes émotions était la tâche la plus difficile à remplir, pour moi.

Ouah? Heum… Désolé, je l’avais complètement oublié celui-là. J’étais un peu gêné, mais il fallait que je retombe sur mes pattes, rattraper ma maladresse. Hey, si ça peut le rassurer, la télépathie ne me permet pas de rentrer dans l’esprit des gens. Je ne fais… qu’effleurer la frontière entre mon esprit et le tiens. C’est… inoffensif, tu ne crains rien. Je n’entre pas dans la tête des gens comme ça.

J’ai laissé échapper un nouveau sourire avant de le laisser me raconter tout ce qu’il lui était arrivé depuis ces derniers mois. En plus d’avoir trouver ce qu’il cherchait, il avait perfectionné ses connaissances en langage des signes, une attention que j’appréciais particulièrement. Les caméras de surveillance ne sont pas un problème pour moi, si ça pouvait apaiser les autorités qui gardaient un œil sur mes moindres agissements. J’utiliserais n’importe quoi pour prouver au mode entier que je ne suis pas la personne qu’on vend dans les avis de recherche.

« Tu te débrouilles pas trop mal , dis-donc ! Je suis impressionné. Tu n’as vraiment pas perdu ton temps » signais-je à mon tour, sans ralentir mon rythme habituel.

Je lui ai finalement fait signe de venir s’installer sur les marches de l’escalier pour pouvoir bavarder un peu plus tranquillement. Il y avait un angle mort qui nous permettait d’être à l’abris des regards. La conversation finit rapidement par s’orienter vers moi et les nombreuses emmerdes qui me collait à la peau. J’ai détourné un instant le regard et mon sourire s’est évaporer rapidement pour laisser échapper une grimace. J’ai laissé le lien télépathique se couper quelques secondes pour réfléchir quelques instants. Le silence était plutôt lourd mais il résumait parfaitement la situation ou presque.

« Quand je pense sortir la tête de l’eau, il y a toujours quelqu’un qui viendra nuire ma réputation, ou me nuire tout court. »

J’ai fini arrêter de signer pour détourner mon visage vers Jaime. Nos yeux se sont croisés et le lien télépathique s’est rétablit automatiquement. Cette fois, j’étais certains que Khaji Da ne chercherait pas à me griller les neurones pour cet affront. Tu as sans doute entendu parler de tout ce qui s’est passé. J’ai été le jouet et la marionnette d’Acarne. Il a fait de moi ce que bon lui semblait. J’ai fait du mal à beaucoup de personne, des mystiques surtout. J’ai haussé les épaules. Si j’ai encore ma santé mentale aujourd’hui, c’est grâce à une… amnésie magique. Ça serait… très long à expliquer. Il s’est passé… tellement de chose entre l’Europe, ma fuite jusqu’ici. Il reste encore beaucoup à faire. Il y avait beaucoup trop d’éléments à prendre en compte : les tortures d’Arcane, ma rencontre avec John, les ennemis d’Amy, ses souvenirs enfouies par Black Alice que mon démon avait volé pour me manipuler, et maintenant la Suicide Squad. Mon calvaire était loin d’être terminé. Avec ce qu’il s’est passé… mon état de santé mentale a permis de convaincre les autorités de me laisser là. Je ne peux pas vraiment me déplacer librement. Je suis confiné dans mes quartiers jusqu’à l’heure de mon jugement. Alors… Ouais, j’ai connu mieux mais… c’est toujours mieux que de finir avec une bombe plantée dans la nuque, nan ?

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« Ne t'inquiète pas. C'est beaucoup moins difficile maintenant. On a … discuté, lui et moi. » Un sourire qui se veut rassurant, une main sur l'épaule qui veut émettre le même sentiment. Chasser toute culpabilité de cette potentielle intrusion. Et aussi, espérer que cela ne l'a pas trop fait souffrir lui. Les défenses de Khaji Da ne sont peut-être pas à son maximum, mais l'esprit est une chose particulière – quelque chose qui existe à vif. Le plus difficile restait de ne pas répondre au Scarabée, qui se sentait presque outré d'avoir été ainsi oublié. Mais plutôt que de partir dans cet échange – qui aurait été purement à sens unique, tant l'affront reste grave. Osé être oublié ! Moi ! Une arme capable de briser tous vos petits réseaux sociaux sans intérêts où vous y emmagasiner vos vices et vos vies en espérant que d'autres vous regardent et vous félicitent d'avoir réussi à faire quelque chose de votre dernière heure ! Tout ça, il l'aurait dit – peut-être qu'il n'aurait d'ailleurs pas tout à fait tort. Mais là n'est pas la question.

S'installant aux côtés du jeune homme, Jaime reste silencieux, suivant des yeux les signes. Un léger sourire de fierté aux lèvres, il y répond, par de nouveaux signes. « Nous pourrons ainsi garder nos petits secrets ! » Un léger rire après ces quelques signes. Oui. Ils pourraient avoir quelques secrets à garder. Et parfois des choses plus personnelles à échanger.
Comme cette perte de sourire. Ce regard détourné. Cette difficulté. À accepter. À être regardé. Comme un pariât. Comme un monstre. Comme coupable de ça. De tout ça. Le jeune latino reste silencieux – respecte ce silence. Il ferme les yeux, un instant. Un léger soupir intérieur, qu'il garde pour lui. Un léger soupir que le Scarabée accepte pleinement et semble déconnecter de nombreuses fonctions. Toujours là. Mais lointain. Comme simplement lié par un fil de soie – résistant. Incapable d'enregistrer. Incapable d'entendre. Une certaine intimité qu'il accepte d'offrir, par moment.

Son regard se dévoile alors à nouveau derrière ses paupières, lisant les signes. Doucement, il hoche la tête. C'est par la voix qu'il répond. « Attrape alors une main. Car on sera là. Pour être ceux qui te verront comme tu es. » Quelques mots sincères. Qui n'ont aucune raison d'être un mensonge. Que voit-il, quand il regarde Joey Wilson ? Bien entendu, il voit un jeune homme, fils de Slade Wilson. Bien entendu, il voit un jeune homme, possédé par quelque chose. Mais ces deux choses sont-elles les seuls éléments qui définissent un humain. Va-t-on définir un malade par son cancer ? Va-t-on définir un héros par son pouvoir ? Non. Bien sûr que non. On défini les gens par une assemblée de choses.

Un regard. À nouveau, cette sensation. Cette voix. C'est aussi ça, Joey Wilson. Une voix agréable, à écouter d'une autre façon, certes. Mais agréable.

Les mots ne cherchent pas à masquer la vérité. Manipulation. Utilisation. Faire du mal, à des cibles précises. Un moyen, aussi. De le protéger. Une amnésie magique, explique-t-il. Une santé mentale fragile – mais toujours évaluée par d'autres. Qui n'aiment pas ça. Qui ne comprennent pas. N'apprécient pas. Un jugement. Un jugement par les autres. Pour quelque chose qui n'est pas capable de comprendre tous les éléments. De les imaginer. Que faudrait-il pour juger cette situation ? Des psychologues et psychiatres experts dans les syndromes liés aux kidnapping, aux manipulations. Des mystiques, capables d'expliquer, de comprendre, les fondements des possessions. Mais le puritanisme américain pourrait là devenir un grand ennemi. Si le Diable l'a possédé, ne serait-ce pas pour une raison précise ?
Ils s'enfermeront dans un débat. Ou alors le trancheront, pour ou contre. Comme si une pièce décidait de l'avenir de Joey Wilson.

Alors qu'il écoute cela. Un nouveau soupir. Puis, Jaime prend Joey entre ses bras. Sans une quelconque hésitation. Un murmure traverse alors ses lèvres. « Ils ne comprennent pas. Je comprends. Souvent, je me suis dis que quelqu'un a crée Khaji Da. Et qu'un jour, il voudra de Blue Beetle – parce que c'est sa possession. Khaji Da est une arme. J'en deviendrai une. Tu en as été une. Pendant un temps. L'arme de ces connards. Mais, mec. » Il se redresse légèrement. « Là, à l'heure actuelle, tu ne l'es pas. On va faire en sorte que tu ne prenne pas pour ceux qui t'ont manipulé, t'ont utilisé, comme on utilise un putain de flingue. Parce que t'en es pas un. T'as ça. » Il porte la main vers le front de Joey, pour y foutre une petite pichenette.

« Ta pensée. Ta conscience. Ta mémoire, peut-être bridée. Ouais. Mais t'as vu dans quel monde on vit ? Je suis sûr que quelqu'un peut trouver des preuves, là dedans. Sans que ça te broie. Sans que ça te brise. Oublie pas qu'on est un genre de spécimen très rare de gens. On partage un corps avec d'autres. Mais ça veut pas dire que tu y as pas des droits, dessus. Moi. Quand Khaji Da a pris possession de moi … j'étais quelque part. Si on trouve le quelque part où tu étais, là-dedans. » Il appuie légèrement sur le front. « On peut faire entendre le Joey qui à ce moment-là, voulait pas. Pouvait pas. »

Regarde ce putain de monde !
On est capable de combattre à travers les étoiles et de voyager entre les univers !
On est capable de quoi ? De tout, quasiment. « Ce monde a un putain de potentiel. On va faire en sorte que ce potentiel t'aide. »

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« Est-ce que c'était mieux avant ? »

ft. Jaimes Reyes

_____Je ne me confiait pas à n’importe qui et Jaime Reyes n’était pas simplement un élève. On ne s’était connu que quelques mois, à l’époque où je me trouvais à la tour de la Young justice pour calmer des crises incontrôlées. On avait commencé à discuter le jour du réveillon, j’avais un peu pimenté la soirée en jouant les fugueurs, enfin c’est Amy qui a tout fait. On a discuté toute la soirée, ou presque, il m’avait laissé prendre un peu de son herbe le temps de quelques bouffées. On avait beaucoup de point commun et même le temps n’avait pas pu dispersés ça. Notre situation était quasi similaire avec la présence d’un parasite dans nos corps respectifs. C’était un peu plus simple pour moi de me confier à lui en sachant tout ça.

« Oh je rêverais d’entendre ses sombres petits secrets que tu essayes de cacher. Je pourrais très bien fouiller au fond de ta cervelle pour les trouver. » signais-je en laissant échapper un sourire moqueur. Bien sûr que je n’allais rien faire, je ne suis pas un monstre.

Les paroles de Jaime se voulait encourageant et elles me touchaient. Il était plutôt doué pour trouver les bons mots et son expérience avec son scarabée m’aidait à me sentir un peu mieux dans cet enfer. Lorsqu’il se redressa légèrement pour me donner une petite pichenette sur le front, j’eus un mouvement de recul. Le geste avait beau l’air amicale, j’ai eu un violent mouvement de recul. Mes poings se sont serrés, je me suis retenu de montrer toute forme d’agressivité à son égard. Il ne savait pas, je ne pouvais pas lui en vouloir.

« Arrête, stop, s’il te plait. Ne fait pas ça. » demandais-je en serrant les dents et en paraissant le plus calme possible.

Difficile de gérer ce stress. Fate m’avait expliqué que même si j’étais amnésique, mon corps et mon subconscient avait été marqué par les traumatismes d’Europe. C’était quelque chose que je devais apprendre à maîtriser. Mon rythme cardiaque s’affole, les délires les plus paranos et une peur incohérente prennent le dessus sur ma raison. Ce n’est rien, il n’est pas au courant, j’ai repris mes esprits assez rapidement, laisser échapper un léger sourire pour le rassurer, lui montrer qu’il n’avait rien fait de mal. Le sujet est encore délicat et j’ai préféré changer soudainement de conversation pour revenir à l’essentiel.

Je me souviens d’une sorcière qui a essayé de me protéger en… me donnant tout ce que je voulais. Une espèce de monde parfait dans mon esprit où je n’aurais aucune envie de me réveiller. Pendant ce temps-là, Amy obéissait à leurs ordres. Ils savaient que je préférais mourir que de faire du mal à des innocents. Lui, avait moins de scrupule. Je repensais à ce qu’il m’avait dit au sujet de Khaji Da et de sa relation avec lui. Je ne sais pas comment est ta relation avec ton scarabée mais… je me suis toujours demandé comment… qu’est-ce que je ferais si on arrivait pas à nous séparer ? Est-ce que je dois nous laisser une chance… est-ce que je fois… essayer de sympathiser avec lui ? Mon regard se baladait de gauche à droite, je finis par recroqueviller mes jambes contre le haut de mon corps. Jason Blood m’a dit que je devenais fort et que… peut-être… mes émotions humaines influençaient Amy. C’est peut-être pour ça, qu’il est devenu plus calme J’ai haussé les épaules. Je me suis demandé si c’était réellement une bonne idée, si c’était pas un peu trop optimiste de… croire qu’il y a possibilité de s’entendre avec un démon, après tout le mal qu’il m’a fait… Je veux dire, comment ça s’est passé avec ton insecte. Comment ça se passe ? Qu’est-ce que, qu’est-ce que t’en dis ? Je crois qu’il n’y a qu’à toi avec qui je peux poser ce genre de questions.

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« D'accord … Désolé. » Le jeune homme recule sa main, légèrement honteux d'avoir dérangé son ami par ce geste. Oui. Il ne sait pas – et sans doute est-ce à Joey lui-même de lui expliquer. Demander comment tout ceci s'est passé, être trop curieux sur de véritables traumatismes … Cela pourrait être le meilleur moyen de faire sombrer le jeune Wilson dans une autre crise de tristesse, de culpabilité. Alors, simplement, Jaime l'écoute – le comprends, un peu, aussi. Parce qu'il a vécu en partie ça. Pas sur autant de temps – mais quelques épisodes. Dérangeants. Oppressants. Peut-être est-il la meilleure oreille pour récupérer ces confessions.

Et en même temps la pire, s'il ne fait pas assez attention à son propre bien être. Car se souvenir de cette oppression. De cette incapacité à contrôler son corps. Soi. Sentir ses pensées se perdre dans un vide. Il n'y a rien d'humain là-dedans. Il n'y a véritablement rien d'humain à cela.
Jaime Reyes est sans doute le premier à dire que le Scarabée n'est pas un être doux. Qu'il peut être dangereux. Mais il est aussi le premier, maintenant, à accepter de l'avoir dans le dos. Bien au-delà de plutôt lui qu'un autre, c'est maintenant une véritable pensée travaillée. L'acceptation. Quelque chose de compliqué.

Est-ce que Joey Wilson doit passer par là ? Eh … Les avis peuvent diverger. Sans doute certains se diraient que le Démon est comme une tumeur – et qu'il est préférable de l'anéantir maintenant, avant qu'elle fasse naître d'autres cellules difformes. Mais, finalement, n'est-ce pas abandonner quelque chose ? N'est-ce pas abandonner la possibilité de se dire une chose …

Et si j'avais réussi ?

« Meilleure. Cela n'a pas toujours été le cas. Et ce n'est pas non plus la grande amitié. » Se réinstallant confortablement – du mieux qu'il est possible sur un escalier comme celui-ci, le jeune homme écoute les pensées, les questionnements de son ami. Son regard l'observe, un instant. Avant de regarder le ciel. Compliqué. Compliqué de donner un quelconque conseil. Est-ce que Khaji Da et Amy – c'est donc ainsi que le démon se nomme – sont des formes d'existences possédant le même schéma de pensée, de conscience ? Sans doute pas. Mais peut-être faut-il déjà expliquer ça. « Au début. Je refusais la logique de Khaji Da et je devenais son premier ennemi. Et donc le mien. C'était douloureux, tout le temps. Maintenant … J'ai accepté la logique de Khaji Da. Ou plutôt, j'ai accepté qu'il possède une logique quasiment dénuée d'émotions. » Quasiment. Le mot est essentiel. Il en a été témoin, de ça. De ces quelques émotions violentes. En était-ce réellement ? Difficile à savoir …

« Khaji Da est une Intelligence Artificielle. Il a fait ce qu'il sait faire de mieux : il a démontré son point de vue par des arguments. Et à partir de là nous avons travaillé de façon plus … liée. J'imagine que ce n'est pas aussi logique avec un démon. Il a des instincts. Des envies. Des pulsions. Communiquer avec lui ne doit pas être la chose la plus … simple. Je me trompe ? »

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« Est-ce que c'était mieux avant ? »

ft. Jaimes Reyes

_____Chaque geste pouvait réveiller en moi, un trauma enfouit. Je pouvais oublier toutes les choses qu’Arcane m’avait fait subir, mais mon subconscient en était incapable. Cette situation était particulièrement étrange pour moi, mon corps paniquait de manière aléatoire à des gestes anodins. Il fallait que je m’adapte à cette nouvelle situation bancale. J’ai laissé échapper un léger sourire pour que Jaime ne culpabilise pas, c’était loin d’être sa faute. J’ai attendu que mon cœur reprenne son calme avant de me concentrer de nouveau sur notre conversation.
Jaime et moi avions beaucoup de point commun avec nos problèmes de parasite. Il avait beaucoup plus d’expérience sur ce sujet. C’est difficile de croire qu’on peut s’entendre avec quelqu’un qui a pris une place dans votre esprit et prend parfois possession de votre corps pour commettre le pire. Mes doigts s’entre-mêlèrent nerveusement entres eux pendant que mon esprit se torturait à trouver une réponse à mes questions. Khaji Da n’avait pas la même origine qu’Amy, ni le même caractère. Pourtant, Jaime avait réussi à trouver un semblant d’entente avec lui, je voyais peut-être une lueur d’espoir pour ma condition. Mon visage regardait les marches en face de moi, mes ongles continuaient d’agresser nerveusement ma peau. J’ai attendu quelques secondes avant de redresser mon regard vers Jaime pour rétablir le contact télépathique.

Je suis content que tu es pu trouver une sorte de paix intérieur avec lui. J’espère, très sincérement, que cela durera le plus longtemps possible. J’ai laissé échapper un nouveau sourire, j’étais vraiment heureux pour lui. Avec Amy, c’est un peu plus compliqué. On ne... on ne parle pas vraiment entres nous. Il, ou elle, je l’ignore, est très méfiant à mon égard. Tout ce que j’ai appris sur lui, c’est par le biais de recherche, par d’autres mages, rarement de lui. Nous avons passé une partie de ma nouvelle vie à nous battre. j’haussais légèrement mes épaules. J’étais un obstacle dans ces plans, mon esprit et mon âme était censé mourir pendant le processus. Je suis un obstacle dans sa quête, le dialogue est donc difficile entres nous deux, surtout après tout le mal qu’il vous a fait.

Secrètement, j’ai espéré qu’il se décide à intervenir, qu’il prenne part à cette conversation. Malheureusement, le traitement que j’avais pris avait rompu tout contact télépathique avec mon parasite. C’était des antipsychotiques relativement puissant, ma pharmacie en débordait et j’ignore si je respectais réellement les dosages. J’avais également d’autres type de traitement peu apprécié par l’entourage. Si je me planquais ici, c’était surtout pour consommer ses plantes qui me permettaient de me détendre un peu plus et de retrouver un esprit sain, l’espace de quelques heures. La drogue altérait complètement mes pouvoirs psychiques alors que les médicaments se contentait de les affaiblir. J’avais entendu dire que d’aurtres traitements étaient capable de stimuler mes pouvoirs, mais je n’ai pas cherché plus loin.

Lorsque nous avons eu un ennemi commun, c’était différent. Amy s’est vengé d’Arcane, il m’a aidé à échapper à Waller. S’il n’était pas intervenu, j’ignore ce qu’il me serait arrivé. C’est à ce moment-là que je me dis qu’il y a peut-être une chance pour qu’on arrive... à une espèce de compromit, une coopération entre nous. On serait tellement puissant si on arrivait à s’entendre.

Pendant que j’exprimais tout ce que j’avais sur le cœur, mes doigts étaient occupés à préparer la feuille et la plante magique qu’elle allait accueillir. Je n’étais pas un expert pour rouler des clopes, je laissais cela aux professionnelles. Tôt ou tard, il fallait bien que je m’y mette. C’était laborieux, cela prenait plus de temps et j’avais besoin d’un peu plus de concentration. Je suis resté concentrer quelques secondes de plus sur cette action avant de reprendre.

Il m’a fait énormément de mal, en volant mes souvenirs, en jouant avec mes traumas, en m’influençant. Après tout, c’est un démon. Je me dis que, si je n’arrive pas à m’en débarrasser, il y a peut-être une autre solution pour qu’on puisse se supporter sereinement, même si je ne peux pas lui offrir ce qu’il cherche, retourner chez lui. J’ai laissé échapper un petit sourire. C’est mon côté utopiste qui parle, là. Une fois le joins façonner plus ou moins habillement, je finis par le tendre à Jaime, la clope coincé entre mes deux, l’extrémité pointant le ciel. Comme au bon vieux temps ?

Inscription : 03/02/2020

« Instinct de survie. »

Jaime avait écouté le jeune homme avec une certaine douceur et attention. Les mots sont exprimés, eux, alors qu'il observe la marche sur laquelle ses pieds sont posés. Un instant, il reste silencieux. Ce n'est finalement pas si différent : pour trouver des compromis, il faut faire face à certaines réalités. De quoi ai-je besoin pour survivre ? Que puis-je faire pour empêcher cette présence d'être un parasite et transformer cette relation entre autre chose qu'une guerre de dominance ? Il est d'ailleurs préférable de s'épuiser à chercher ces réponses qu'à participer à cette guerre. Certes, cela reste s'épuiser.

Mais combattre une forme de vie capable de comprendre plus de chose que vous.
Et combattre une chose qui à un accès direct à certaines de vos faiblesses.
C'est une guerre perdue d'avance.

« J'imagine que ta situation ne lui était pas profitable. Sans doute est-ce un bon moyen de travailler avec lui sur une négociation de plus longue durée. » Sa voix est neutre. Alors que son regard vient chercher les doigts de son ami, qui s'activent avec une certaine concentration sur la feuille de tabac qu'il roule. Un léger sourire se pose sur le coin de ses lèvres. Avant d'écouter la suite. Écouter, et hocher doucement la tête. Sourire, légèrement, à la mention d'utopie. « Je peux comprendre. » Son regard, venir se poser sur les branches d'un arbre, les feuilles, gonflées par la brise légère qui souffle dans le parc de la Justice Academy. « Un jour tu y arriveras. J'imagine. Il n'y a pas vraiment de raisons que cela ne se reproduise pas, dans d'autres conditions. » Observer alors le joint roulé par son ami. Entendre, dans un coin sécurisé de son crâne, une légère protestation – mais pas plus importante que cela. Protestation qui lui arrache un rire.

« Comme au bon vieux temps, oui. » Il récupère doucement ce bâton toxique. Avant de glisser l'extrémité entre ses lèvres, laissant entendre quelques mots avant. « Fumer. Et se faire engueuler par une petite voix dans sa tête que si elle n'était pas là, cela baisserait mes performances globales de tant de pourcentages. » Léger rire. À nouveau. Alors qu'il sort un zippo. Une flamme. Allumée pour alimenter le mélange. Doucement, le latin récupère le poison, pour mieux observer les cendres incandescentes, alors que quelques vapeurs traversent ses lèvres.

« Je ne sais pas. Est-ce que tu n'as pas un moyen, grâce aux mages, de discuter avec lui sur un pied d'égalité ? » Une nouvelle taffe de tirer. Avant qu'il ne fasse profiter du joint à son partenaire. Tout en faisant cela, il réfléchi à sa propre question. Pour peut-être la rendre un peu plus précise. « Je ne sais pas … Tu vois un miroir ? Tu crois que ce serait possible de faire en sorte qu'à la place du reflet, eh bien … ce soit Amy ? Je pense sincèrement que pour développer ces étranges relations que nous avons … nous devons parfois avoir recours à ce genre de méthodes. Ouais, je sais, c'est stupide. » À nouveau, regarder le sol. Observer celui-ci. Qu'en pense-t-il, lui, au fond de son crâne ? Ah. Sans doute que chacun de ses programmes sont en alerte maximum. L'idée même de magie. Quelque chose de dangereux. De complexe. Mais il y a une chose qu'accepte Khaji-Da.

La Magie possède une logique. Et c'est important de la connaître.

« Trouver la logique derrière votre lien … » Ses yeux se tournent vers lui. « J'imagine … qu'ils peuvent t'aider. Raven. Constantine. Et tout les autres comme eux. » Il se redresse, enfonçant ses mains dans ses poches. Il descend de quelques marches. Mais ne quitte pas les lieux. Plutôt, il avance, légèrement. Tape dans un caillou.

Inscription : 22/11/2019

« Est-ce que c'était mieux avant ? »

ft. Jaimes Reyes

_____J’ignore si le mélange d’anti-douleur, neuroleptique et herbe magique était réellement un bon mélange. Sur ce coup-là, j’ai laissé ma régénération faire ces preuves. Après l’avoir soigneusement préparé, j’ai fini par le confier à Jaime pour qu’il est l’honneur de tirer la première latte. Oui, je suis d’humeur partageur aujourd’hui. Ce n’est pas tous les jours qu’on retrouve un vieil ami après plusieurs mois d’absence. C’est à lui d’ouvrir la dance. Avec Jaime, je me sentais un peu moins seul. Même si John avait quelques compétences dans le domaine et m’aidait à gérer mon parasite, il ne vivait pas ma situation si particulière. Jaime lui, savait plus ou moins ce que ça pouvait faire de partager son corps avec quelque chose d’autre, un être inhumain.

Je ne sais pas. Depuis notre retour en Europe, j’ai eu la sensation qu’il s’est calmé, un peu. J’ai l’intime conviction que ce n’est pas un changement sincère, qu’il attend juste qu’on baisse tous notre garde pour, plus facilement, nous planter un couteau dans le dos. Je ne dois pas baisser ma garde. J’ai haussé doucement les épaules. Il n’a juste plus d’armes pour se défendre ou me contrôler. J’ai récupéré mes souvenirs, je reprends le contrôle de mon corps et de mon esprit. Il ne peut plus faire grand-chose contre moi, hormis me persuader avec des mots que le monde est contre moi.

Et ça, je n’y ai pas cru, pas après avoir eu autant d’âme bienveillante autour de moi. Ray, Ted, Rose, Derek, peut-être même ce crétin de John, ils ne m’ont pas abandonné. Il ne pouvait plus me berner avec ses belles paroles. Pendant mes quelques secondes de réflexion, j’ai laissé le temps à Jaime de s’empoisonner le cerveau et se détendre un peu avant de prendre le relai.

J’ai pris beaucoup trop de médicaments pour pouvoir l’entendre protester sur mes actions. rétorquais-je avec un sourire, comme si j’étais fier de devoir dépendre de médicaments pris à dose de cheval. Entre deux actions, il essayait de trouver quelques astuces pour me permettre d’entrer en contact avec Amy, directement. Au fond de ma tête, il peut se montrer capricieux. J’avais déjà essayé d’établir un contact lors d’une méditation, mais il se pointait comme bon lui semblait. Voir sa gueule à travers la glace de ma salle de bain tous les matins ne me réjouissaient pas réellement. Je ne savais même pas si c’était dans les capacités de John de faire un truc pareil.

J’ai fini par passer le join au bord de mes lèvres et en aspirer le contenu. Je me suis contenté que d’une bouffée d’air pour ce round. Je n’ai pas attendu pour rendre le join à Jaime, le laissant profité de mon traitement médical pour cette fois. C’est… je ne sais pas. Je doute de sa sincérité. Je ne sais pas si c’est dans les cordes de John. Je crois qu’il cherche plus à m’aider à prendre complètement le contrôle qu’autre chose. Les autres… n’ont pas réussi à couper entièrement notre lien. Il est… bien trop étroit. Je ne sais pas comment l’expliquer mais notre cas est… si improbable. Tu sais, j’aurais dû mourir si je n’avais pas hérité de la régénération de Papa.

Mon regard s’est perdu quelques instants aux alentours. Je savais que même en me planquant derrière les bâtiments de l’académie, il y avait toujours des yeux pour me surveiller. Je pouvais déjà m’estimer reconnaissant qu’on ne rajoute pas « consommation de stupéfiants » dans ma liste interminable d’accusation. Soudain, j’ai repensé à cette éventualité dangereuse, ce plan de secours qui pourrait probablement me tirer de cette affaire, mais à quel prix ? Il y a peut-être une solution… Il y a quelques mois, j’ai fait la rencontre d’un démon, à cause d’Amy. C’était, le diable lui-même, Lucifer. Il m’a proposé de nous séparer, il dit qu’il en était capable de nous séparer, en échange d’un service. Je ne sais pas si c’est une bonne idée mais plus j’y pense, plus je me pose la question. Est-ce que c’est un risque à prendre ?