« Une dernière chance » ft. Zatanna Zatara

_____Depuis deux ans, je ne m’étais jamais senti aussi entouré face au problème qui me hantait depuis que je suis revenu d’entres les morts. Je n’avais pas réellement beaucoup de souvenir de ce moment-là. Il paraît que ces normales, que ce genre de rituel n’est jamais sans conséquence et qu’il faut parfois des années pour s’en remettre. Certains ne récupère pas et finisse par devenir de simple zombie. Mes pouvoirs régénératives m’avaient probablement aidé et je pouvais m’estimer heureux. Malheureusement, un petit imprévu m’empêchait d’être réellement reconnaissant de ma situation.
C’est un peu l’arroseur arrosé, le télépathe qui perd progressivement le contrôle de son corps, bouffé par un parasite mystique qui a la force physique de dix hommes et qui semble être à l’étroit dans un corps restreint et fragile. Il paraît que c’était un des démons qui peuplaient les enfers, une créature qui avait été banni de son propre royaume lorsque le pouvoir des enfers a été renversé par Trigon. J’ignore ce qui l’avait poussé jusqu’à moi mais il m’était très difficile de me débarrasser de lui. Nos âmes étaient soudées ensemble par la magie noire et tenté de réparer les dégâts ne pouvaient qu’engendrer quelque chose de grave, comme ma mort. En plus de lutter contre mes propres démons intérieur, il fallait gérer un autre parasite beaucoup moins manipulable.

Chaque période de ma vie est différente en fonction des méthodes que j’avais pu trouver pour essayer de calmer l’influence d’Amy. Le plus efficace avait été de prendre un cocktail de médicaments, un mélange de neuroleptique qui empêchaient mon parasite de prendre le contrôle de mon corps et d’utiliser mes pouvoirs. Ce genre de traitement avaient quelques effets secondaires, en plus de faire disparaître mes pouvoirs psychiques. Ce ne sont pas les seules techniques que j’avais expérimenté mais c’était la plus efficace, avec des médicaments faciles à récupérer.
Toutefois, je n’avais pas perdu l’espoir de trouver une solution définitive pour me débarrasser de lui. Je pouvais difficilement concevoir une vie avec mon parasite. Je ne cherchais pas à collaborer avec lui, à nous trouver des terrains d’entente car j’avais, au fond, je savais que sa seule volonté était de me nuire et de voler mes pouvoirs. Je n’étais qu’un obstacle imprévu dans son plan et je ne devais pas l’oublier.

Je suis passé par de nombreux experts mystique, de l’apprentie magicien à l’occultiste arrogant en passant par un homme partageant sa vie avec un autre être démoniaque. Malheureusement, je n’étais pas parvenu à trouver une solution pour mon mal, ou je n’étais pas convaincu par cette dernière. J’avais la sensation qu’on essaye de m’apprendre à vivre avec ce parasite, comme si cela me permettait de vivre une vie normale mais ce n’était pas le cas. Ils ne savaient pas ce que ça faisait réellement de partager son âme avec une créature démoniaque. Parfois, j’avais l’impression qu’il me prenait un morceau de moi et me bouffait de l’intérieur jusqu’à obtenir ce qu’il veut.
C’est dans les moments où je me sentais au plus bas, que je décidais de reprendre mes recherches. Maintenant que j’avais tourné le dos au seul occulte qui pouvait maîtriser mon parasite, je devais trouver un autre plan. Les nombreuses personnes qui gravitaient autour de moi n’avait pas la prétention de vouloir m’aider à me débarrasser d’Amy.

En vidant mes cartons de déménagement, j’avais retrouvé quelques affaires de la Justice Academy. Des livres occultes empruntés à la bibliothèque mais surtout une carte de visite que m’avait laissé Jason Blood. Les évènements s’étaient enchainés beaucoup trop vite pour que j’y porte une attention spécifique. Il s’agissait de la carte de la grande Zatanna Zatara. J’avais déjà entendu parler d’elle et de ses talents mystiques. Il m’avait conseillé de lui parler de mon cas, mais je n’avais jamais osé franchir le pas jusqu’à aujourd’hui.

Mon traitement médical limitait les actions de mon parasite. J’avais déjà senti sa frustration depuis plusieurs jours mais je ne m’attendais pas à ce qu’il soit capable de s’en prendre à moi. J’avais l’habitude de me réveiller le matin avec la sensation de mettre battu la veille, mais cette fois, c’est différent. J’avais besoin d’être rassurer et d’avoir un autre son de cloche sur cette histoire. Je voulais être certain que Jason ne s’était pas trompé sur sa réputation.

Nous n’avions pas pu terminer notre conversation téléphonique. Elle m’avait donné rendez-vous chez elle ou plutôt ce qui semblait être l’un de ses repères. J’avais dû attendre la fin de soirée pour me rendre au point de rendez-vous. Il fallait que je supporte les séances de psy de la semaine avant de vaquer à mes occupations. Je ne sais pas vraiment s’ils sont là pour m’aider, je leur raconte ma vie, comme si cela allait m’apporter des solutions à mes problèmes, mais rien ne tombe.
Devant moi, un manoir assez imposant qui me donnait un souvenir amer. Est-ce que tous les mages étaient obligés de vivre dans un manoir ? Est-ce que j’étais condamné à reproduire le même schéma ? Une partie de moi, craignant la répétition des actes, avait envie de faire demi-tour, mais une partie, me suppliait de frapper à cette porte. Je retenais la douleur à chaque pas. Sous la colère, Amy m’avait fracturé une côte, sans compter l’hématome qui s’était formé autour.

« Hey. Zatanna ? » Mon téléphone parvenait à retranscrire mes pensées. « Vous êtes là ? Hm. J’espère que je ne me suis pas trompé d’adresse. » Amy n’aimait pas cette maison, il sentait que ça n’allait pas arranger ces affaires et il me le faisait comprendre. C’est comme s’il était en train de me tordre les os ou les muscles qui se trouvaient à proximité de ma blessure. « Quand je vous disais que je n’ai plus la force de le contrôler cette puissance, c’est parce qu’il est littéralement en train d’exprimer sa frustration en me broyant les os. » J’ai soupiré. « Je suis juste fatigué, j’ai besoin d’une solution… Vous êtes un peu ma dernière carte chance »

_____Personne. Serais-je arrivé trop en avance ? Nous n’avions pas réellement fixé d’horaire. Je suis rentré d’un pas timide à l’intérieur de la maison. J’ai senti mon parasite s’agiter au fond de mon crâne, persuader que je n’avais rien à faire dans cet endroit mystique. Il était nerveux, je pouvais le sentir. Il y avait aussi beaucoup de colère en lui, comme à son habitude mais elle avait l’air beaucoup plus prononcé. Je n’aurais pas dû me trouver là. Il connaît cette femme, il sait jusqu’où cela peut mener, il sait surement ce qu’il va se passer et l’idée le contrariait.
J’ai continué à plonger un peu plus profondément dans la maison. Chaque pas me donnait la sensation d’être un peu plus lourd, comme si je trainais la dépouille de quelqu’un derrière moi. Amy est coriace, c’est un être mystique capable de beaucoup de chose pour me pourrir l’existence. Même le traitement médical que je prenais quotidiennement n’était pas toujours aussi efficace lorsqu’il était déterminé à me nuire.

Une voix est venue casser ce lourd silence, celle de la propriétaire des lieux. Sur le moment, je n’ai pas osé dire un mot et mon communicateur est resté muet. Je craignais qu’une simple parole suffise à énerver davantage mon parasite. J’étais déjà dans une situation délicate, je ne voulais pas que les choses empires. J’avais l’intime sensation que le point de non-retour était plus proche que je ne voulais le penser. Son regard a croisé le mien et j’ai eu la sensation qu’il me traversait de part en part pour s’adresser directement à la créature mystique qui se promener dans ma boite crânienne.
Je me suis laissée guidé par ces mains jusqu’à me retrouver juste devant un fauteuil. Je me suis laissé guider, comme si je me retrouvais sous son contrôle, sous hypnose. Mille et une questions avaient commencé à défiler dans mon esprit. Est-ce que j’avais bien fait de frapper à sa porte ? Est-ce qu’elle allait être comme tous les autres ? Confronter à l’impossible, ils préfèrent tourner les talons. Je ne leur en veux pas, mais un sentiment d’amertume avait commencé à se faire sentir. Même en étant installé confortablement sur le fauteuil, je me sentais toujours aussi nerveux, comme si je n’avais pas ma place en ces lieux. Je suis resté enfermé dans mon mutisme pendant que les émotions fortes d’Amy se mêler aux miens. Les premiers effets secondaires ont fait leurs apparitions à commencer par des mains tremblantes.

J’ai penché légèrement ma tête sur le côté lorsque Zatanna que la sensation allait être bizarre. Je n’ai pas réellement compris où elle voulait en venir. Mon visage a été défiguré par la confusion, mes sourcils se sont froncés avant que l’impensable ne se produise. J’ai observé impuissant mon corps changer du tout au tout. Mes yeux se sont écarquillés de peur et de stupéfaction lorsque je me suis transformé. Ma peau a changé de couleur, de texture pour devenir molle et incroyablement pâle. J’ai eu un mouvement de recul, m’enfonçant davantage dans le dossier de mon fauteuil. Mes doigts tremblèrent davantage. Je ne comprenais pas ce qui était en train de m’arriver et je n’étais pas réellement familier à ce genre de magie. C’était effrayant.

« C’est… » Ma voix, c’est ma voix. C’est encore plus terrifiant. « C’est… c’est tellement déstabilisant. »

J’ai levé mon bras pour l’observer sous toute ces coutures. Je pouvais le bouger comme bon me semble mais je n’étais pas encore certain d’être le commanditaire de ces actions. La douleur s’était soudainement estompée. Je ne ressentais plus rien ou presque. Pourtant je pouvais toujours ressentir ces émotions et sa colère qui ne faisait que se décupler. Je faisais de mon mieux pour les dissimuler au plus profond de mon être mais cela devenait de plus en plus difficile. Ces tours de passe-passe sont toujours aussi agaçant. Tu veux me provoquer ? Bien.

« Je ne suis pas sûr d’être très à l’aise avec cette forme… cette voix… »

Je n’osais pas répondre lorsque Zatanna me demandait ce que j’étais venu faire. Cela ne faisait qu’accroitre la colère d’Amy, accompagné par un sentiment de trahison. Il savait que je n’étais pas venu pour apprendre à faire apparaître un lapin dans mon chapeau mais il pensait que je m’étais résigner à l’idée de me débarrasser de lui. On m’avait déjà prouvé que le risque était beaucoup trop grand pour être prit. Je me suis contenté d’hocher timidement la tête, en essayant de faire le plus discrètement possible. Amy pouvait tout voir, il entendait tout et il se permettait de foudroyer la magicienne à travers mon esprit.
Malheureusement, mes émotions étaient trop présentes pour que je puisse être d’humeur pour les plaisanterie. J’ai essayé de laisser échapper un sourire, mais il se transforma en grimace un peu triste juste avant qu’un nom réveillât un sentiment de rancœur dans mon esprit.

Constantine, j’avais vécu plus d’un an avec lui et notre relation s’était dégradé il y a plusieurs semaines. J’ai découvert la vérité et ça m’a emporté dans une colère noire. Je ne regrettais pas réellement les paroles que j’avais eu à son égard, j’aurais simplement aimé que cela ne se finisse pas comme ça. Je venais probablement de tourner le dos à la seule personne qui aurait pu faire quelque chose pour moi, celui qui avait assez d’audace pour défier les lois de la réalité. Mon visage à peine humain à commencer à se décomposer.

« Ouais. Je le connais très bien. » J'ai finalement opté pour la télépathie. Ma forme me permettait encore d’utiliser mes pouvoirs. Ma voix me rendait mal à l’aise et Amy n’était pas toujours capable de lire mes pensées. « Malheureusement, la dernière fois que je l’ai croisé, je lui ai envoyé mon poing dans la gueule. C’est… compliqué. » La patience d’Amy était mise à rude épreuve. Il ne voulait pas être ici, il détestait cet endroit. Il ressentait toute la menace que signifiait cette femme, cet endroit et le nom qu’elle avait prononcé ne le mettait pas dans une situation plus confortable. En pleine télépathie, j’ai senti l’aura de mon parasite devenir de plus en plus imposant et menaçant. Elle ne peut rien faire pour toi. Elle est faible. Elle peut supprimer ta douleur un temps, mais je peux te prouver que je peux te faire bien plus de mal que tu peux le penser. Je n’ai pas besoin que tu aies des terminaisons nerveuses, loin de là. Si tu tiens à ce qu’il te reste de santé mentale, je te conseille de quitter cet endroit sur le champ.

Les menaces de mon parasite et le fait que je venais probablement de tourner le dos à la seule personne qui pouvait m’aider me rendait encore plus nerveux. J’ai commencé à faire ressortir ces émotions négative, à commencer par des tics, bougeant frénétiquement ma nuque, comme si je voulais l’étirer, des spasmes au niveau des mains, une jambe tremblante.

« J’ai vécu avec lui quelques temps. Il m’a appris à contenir ce démon qui me bouffe chaque jour mais… ça devient de plus en plus compliqué. Je, je n’ai pas peur de perdre le contrôle. Ces méthodes de méditation fonctionne m… »

Malgré les menaces, je ne voulais pas bouger. J’étais courageux, presque suicidaire. Je me sentais de plus en plus mal à l’aise dans mon fauteuil et je commençais à sentir une sensation étrange, celle d’Amy qui avait décidé de s’interposer dans cette conversation et de s’adresser directement avec Zatanna, télépathiquement.

Allons, tu penses pouvoir libérer cette pauvre âme sans engager une mission suicide ? Et en plus de ça, tu penses que Constantine voudra t’épauler. Qu’est-ce que tu comptes faire ? Te rajouter dans le lot pour former un magnifique plan à 3 ? Cela serait toujours plus efficace que vos théories mystiques fumeuses qui garantiront sa mort.

« Je… je n’aurais pas dû venir. »