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Mieux vaut entendre parler du roi que de le voir

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Mieux vaut entendre parler du roi que de le voir Mer 20 Nov 2013 - 19:53

Central City

Les heures passaient interminablement, maintes et maintes fois le soleil se coucha et revint éclairer le pitoyable hangar de Central City. Quelle honte cela était pour un Roi tel que Grodd d'être coincé dans ce miteux bâtiment de ferraille pendant que les traîtres de son peuple festoyaient dans sa ville. Le trône de Gorilla City était sûrement l'un des plus fabuleux au monde... Contrairement à celui de Grodd où l'on voyait encore un pot d'échappement en sortir. Trône précaire pour un Roi vacillant, l'heure n'était plus à la passivité. L'avenir de son peuple était en jeu.

Son énorme doigt massait lentement sa tempe gauche, pour faire passer les maux de tête dont il était victime depuis deux jours. Malgré les conseils de ses conseillers les plus loyaux, Grodd refusait de fermer l'œil avant d'avoir trouvé une solution, d'avoir trouvé le Graal Sacré qui allait lui permettre de réclamer ce qui lui revenait de droit : le pouvoir, la renommée, la puissance absolue... Les idées s'enchaînaient les unes après les autres. Il devenait difficile pour le Roi lui-même d'évaluer l'efficacité de ses propres plans. De trop nombreuses défaites avaient eu lieu, trop de fois ces maudits justiciers lui avaient mis des bâtons dans les roues.

Grodd voyait cependant clair à présent, sa rage envers l'équipe de Flash l'aveuglait totalement. Il existait d'autres villes, d'autres endroits clés pour instaurer la peur dans le cœur des humains. Certaines villes étaient protégées par des héros beaucoup moins arrogants que Flash. Certains n'arrivaient même pas à sa cheville en fait, ils n'étaient que des sous-fifres de ceux qui dirigeaient le système. Il y avait des opportunités à saisir et une chose était sûre dorénavant : Grodd allait tout faire pour faire de ces opportunités des réussites totales.

Après donc une semaine à grommeler et à réfléchir sur son trône, le Roi se leva. Plusieurs gorilles disséminés dans la pièce le remarquèrent immédiatement, créant un sentiment de joie dans leur cœur. Ils avaient une confiance aveugle envers Grodd, ils se seraient tués pour leur souverain. Le voir ainsi se lever après autant de temps passé dans le silence était le symbole d'un nouvel espoir, une nouvelle mission de la part de leur leader adoré.

"Puis-je faire quelque chose pour vous Monseigneur ?" fit Lork, le conseiller direct du Roi - ou du moins le nouveau conseiller après le renvoi de l'autre suite à la défaite face aux justiciers.

"Les humains, ils adorent l'art. N'est-ce pas ?" fit Grodd d'une voix calme et assurée, tout en fixant droit devant lui l'une de ses nouvelles armes qu'il avait créée.

"Il est certes certain que les êtres humains ont toujours eu un goût prononcé pour les productions artistiques de leur espèce mais je ne vois pas en quoi cela vous aidera à prouver qui vous êtes. Et tout cela avec tout le respect que je vous dois, Mon Roi."

"Je n'en ai que faire de vos conseils. Il faut frapper là où cela se fera remarquer. Si ces pitoyables fourmis adorent regarder des tableaux inutiles ou promouvoir des vulgaires peintres comme héros nationaux, nous nous emparerons de cette faiblesse pour en faire notre avantage ! Préparez les bannières à mon effigie et convoquer dix de nos meilleurs soldats pour m'accompagner. C'est un ordre."

"Mais où allez-vous donc aller, Mon Roi ?"

"À Gateway City, l'Avenue des Arts nous tend les bras."

Gateway City, Avenue des Arts

Une allée déserte d'un quartier miteux, voilà quel était le lieu où Grodd et ses soldats arrivèrent. Ce n'était certes pas le lieu de ralliement le plus majestueux du monde mais il fallait du temps avant de pouvoir lancer l'opération "Gloire Au Roi". Quelques clochards environnant remarquèrent rapidement la dizaine de primates armés marchant dans la rue mais ils finissaient tous par décamper tôt ou tard dans la peur la plus totale.

"Vos équipement sont-ils fonctionnels ?" demanda Grodd d'une voix ferme à ses hommes.

Tous les gorilles se mirent à activer leurs réacteurs dorsaux. Toutes les machines finirent par s'activer correctement, permettant ainsi à l'armée primate de décoller pour effectuer leur prochaine mission. Les appareils n'étaient cependant pas de la meilleure qualité, ils avaient été faits avec du matériels de récupération de basse qualité, des bouts de métaux et de carrosseries ainsi que du carburant récupérés à droite et à gauche sur des épaves. L'important était que tout marchait correctement, permettant ainsi de passer à la phase suivant du plan.

"Vous prendrez les bannières que je vous ai tous donnés, votre missions sera de recouvrir les murs des immeubles. Mon symbole doit être affiché partout dans la rue que ces humains ont vouée à l'art, ils doivent apprendre que le seul art qui se doit d'exister est l'art d'obéir ! Je n'accepterai aucun échec de votre part, cette mission est cruciale pour notre peuple. Sur ce, je vous ordonne d'accomplir votre objectif et d'instaurer la peur dans le cœur des hommes !"

Les primates commencèrent à s'envoler un par un, tous se dirigeant vers un bâtiment différent pour commencer à afficher les longues bannières marquées du poing de Grodd ainsi que d'une couronne en or. Pendant que ses larbins effectuaient leur tâche, le Roi se dirigea en plein milieu de l'avenue et commença sa marche triomphale vers la gloire. Il était armé d'un magnifique fusil à électricité fabriqué à lui aussi avec les matériaux de récupération à disposition.

Chaque voiture dans son chemin était poussée brutalement pour créer le plus de grabuge possible. La plupart des œuvres exposées dans la rue étaient saccagées brutalement et les rares échoppes étaient démolies à l'aide de plaques d'égouts ou de lampadaires. Le souverain gorille voulait marquer l'occasion, personne n'était dorénavant en mesure de l'arrêter. Sa marche ne se terminerait que par son couronnement en tant que Roi de la Terre, cela ne faisait plus aucun doute.

"JE SUIS GORILLA GRODD, ET À PARTIR D'AUJOURD'HUI JUSQU'À LA FIN DES TEMPS, VOUS SEREZ MES SUJETS ! VOUS METTREZ GENOUX À TERRE OU VOUS SEREZ ANÉANTIS !" cria l'animal avec puissance.

Mieux vaut entendre parler du roi que de le voir Gorill10
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Re: Mieux vaut entendre parler du roi que de le voir Lun 25 Nov 2013 - 21:04

Congorilla aimait bien le contient américain, c'était un kaléidoscope de paysages, de flores et de faunes tantôt l'on admirait le tableau flamboyant des Everglades; tantôt l'on traversait les étendues poussiéreuses des déserts, l'on gelait d'admiration pour les neiges des Rocheuses ou les glaces des Grands Lacs. L'on pouvait respirer l'air de l'arctique, du pacifique ou de l'atlantique, les pierres rouges succédaient aux rocs grisâtres et puissants et le ciel se teintait selon les paysage d'une couleur bucolique; c'était un continent qui vous entourait, comme son Afrique natale, comme l'Asie et ses vaste étendues forestières. Il y avait quelque chose cependant que d'autres continents n'avaient pas, comme si le territoire cherchait à rester sauvage malgré l'urbanisation massive qui le gangrénait et ces villes qui se répandaient tels des cellules cancéreuses.  

Congo Bill avait arpenté des kilomètres, nagé autant et pourtant il ne se lassait pas, le temps était un Artiste qui peignait d'un geste patient mais continu le monde qui entourait les hommes et les femmes. Un clignement de paupière et déjà le tableau s'était modifié, un nuage avait modifié son inclinaison et s'étalait langoureusement, un coup de vent avait modifié la position d'un arbre, bref, le monde avait bougé. De sa longévité, le justicier avait longtemps cru qu'il n'aurait qu'une longue malédiction qui lui refuserait le repos, mais comme toute blessure cruelle, il lui avait suffit de vivre et d'essayer pour parvenir à y voir le meilleur. L'optimisme était une force certes, mais qui n'était pas innée, elle se gagnait par la force et la détermination. Courant dans un paysage de plus à mettre dans sa mémoire le temps qu'un autre le remplace, le singe doré souriait de plaisir. Le vent, la température, le ciel qui pourtant se chargeait de nuages et d'humidité... Dans quelques mètres il le voyait déjà, cette masse lourde et menaçante serait derrière lui, le vent la conduisait à l'opposé de sa direction. En tant que guerrier qui avait déjà quelques faits d'armes sur ce continent, il avait la possibilité de rencontrer des foules sans provoquer un déferlement de peur. Dans les Everglades où il avait passé un bon moment de détente, le justicier avait ainsi conversé avec de nombreuses touristes et posé avec nombres d'enfants.

Il avait encore le souvenir de la puissance de certains flash. Et dire qu'il y avait de là cent ans les appareils photos n'appartenaient qu'aux journalistes (et encore, ceux qui appartenaient à de grandes rédactions qui pouvaient se permettre de les développer et d'en faire des copies pour leurs journaux). Lorsqu'il tenait un journal il se languissait de ne plus y trouver un comic-strip ou même une illustration faites à la main par un artiste chargé par exemple de suivre un procès. Les photographies faisaient trop vraies songeait-il, elles empêchaient le lecteur de prendre du recul. Alors qu'une illustration nous interpèle et nous dit "fais gaffe, c'est l'imagination du type qui se calque sur la réalité!", la photographie nous donne envie de pensée "ça c'est la réalité vraie!" et pourtant il suffisait de voir deux clichés pris à 3 secondes d'écarts pour changer de point de vue, un menton qui s'abaisse et l'individu parait plus humble, une contre-plongée trop prononcée et vous aviez l'impression de voir un Hitler en puissance. Zut, il venait de s'offrir un point Godwin contre lui-même.

Alors qu'il voyait les quelques gratte-ciel apparaitre au loin, il repensa à ce groupe de touriste qui venaient tout droit de cette ville. Ils lui avaient parlé de long en large et en travers d'une allée spécifiquement dédiée à l'Art, sculpture, peintre, tout genre confondu. Congo n'avait jamais été, même du temps où il n'était pas encore aussi velu et aussi doré, un Amateur d'Ârt comme disaient à l'époque les gens de la Haute Société (celle qui ne peut s'épeler sans ses majuscules). Il ne rechignait pas à regarder un tableau ni à s'arrêter pour regarder une statue, mais il en restait au stade contemplatif, les couleurs et les formes l'intéressaient, savoir qu'il y avait derrière le choix des couleurs une critique du déconstructivisme d'un artiste qui lui même critiquait le constructivisme d'un autre artiste qui préférait le bleu au rouge parce que au fond il aimait ça. Au bout d'un moment, comme pour la science, il est difficile d'établir la limite entre génie et charlatanerie, le mieux était de laisser les experts dans leur monde et les gens normaux dans le leur, ça évitait les affrontements sanglants.

Congo ralentit en arrivant aux abords de la cité, il valait mieux qu'il fasse le tour et ne rentre qu'au moment où il serait le plus proche de cette fameuse allée, en minimisant son trajet dans la ville, il éviterait une panique non voulue (et esquiverait les flash photos). Il gambada un peu dans les larges avenues, les américains aimaient ça, les larges rues tracées comme les romains. Il n'échappa à un groupe d'écoliers qui sortaient d'un Music-Hall et qui lui demandèrent une photographie de groupe et quelques dédicaces, comment refuser à des gosses. Pour les adultes par contre il s'octroyait quelques défilades à grand renfort d'excuses bidons. Il était là pour essayer de retrouver un peu de goût à l'Art.

Lorsqu'il arriva dans la fameuse rue, il fut littéralement noyée dans le vide. La rue était aussi silencieuse qu'un musée pendant une visite avec un guide particulièrement acariâtre. Le grand singe Doré aurait aimé voir ici de la vie, une foule avec des peintres sur les trottoirs, des œuvres exposées, mais rien, justes des vitrines qui s'étendaient avec derrière elle, prisonnière, les fameuses détentrices de la créativité. Congo Bill fit une moue déçu, il s'attendait à de la vie, de l'émulation, mais rien c'était comme de rêver d'une forêt et de trouver un bosquet, même bien taillé, il restait à la cheville d'un espoir vain. Alors qu'il regardait par la fenêtre, il se souvint d'une foire qu'il avait fait jadis en France, un véritable rassemblement d'Artiste et de galerie qui espéraient vendre à de riches clients quelques croûtes qui faisaient vomir le philistin de base".

C'était bruyant, vivant même et la foule était réellement un ressac de voix et de mouvements. Il aurait pu se noyer dans ce qui était l'exact opposé de cette rue/ Certes, être un singe de quelques 2 mètre et tout doré aidait à ce que l'on respecte une certaines distance sociale, mais la plupart des gens ne s'en apercevaient qu'après voir buté contre la masse poilue. Alors seulement ils levaient les yeux, souriaient poliment et s'écartaient. Lorsqu'il avançait, il entendait ensuite dans son dos "Chérie, tu as vu? C'est un singe!! - Non, un Gorille mon amour". Les enfants pointaient du doigt dans sa direction et les artistes avaient un blanc quant ils voyaient qu'un gorille regardait leur œuvre. Certains tentèrent de l'approcher. L'un d'eux fut d'ailleurs malhabile. Il lui tendit tout d'abord une banane en tremblant.

- Allez le grand sin-singe, on reste calme! déclara-t-il. On s'énerve pas hein! Mon assistant appel le zoo ils vont rapidement te retrouver et tu auras tout plein d'autres bana...

- Inutile d'appeler le zoo, commença Congo Bill, créant une sorte de panique intérieure chez son interlocuteur. Je n'habite pas là bas. Mais c'est très aimable.

Congorilla ne voulait pas paraitre rude aussi saisit-il la banane avec précaution. Il n'était pas un fervent défenseur de ce genre de cliché, mais c'était donné de bon cœur.

- C'est vous qui avez peint ça? demanda-t-il en pointant du bout du fruit une toile. C'est très joli, ça me rappelle l'Afrique, la savane surtout. Vous y avez déjà été?

La question fit un aller simple dans l'esprit de l'artiste qui s'effondra sous e coup de l'émotion. Il n'était pas préparé à un dialogue avec ce qu'il prenait encore pour un échappé du zoo.

Il soupira alors que le souvenir disparaissait. Il n'allait pas avoir grand chose à voir ici. Le gorille Doré e détourna alors et prit une petite ruelle avant qu'un bruit de tous les diables le fit sursauter. C'était comme d'entendre des réacteurs d'avions souffler les vitre de la rue. Le justicier se retourna, prudent malgré l'incroyable vacarme, quelques chevalets et des voitures défoncées volèrent devant lui. Puis une voix puissante fit vibrer les vitres encore intacte de la rue et hérissèrent les poils du dos de Congo Bill. Il ne savait pas ce qu'il trouverait de l'autre côté de cette voix mais il n'avait pas l'intention de laisser un aspirant despote faire du grabuge dans son périmètre. Il allait sans doute pouvoir impressionner son adversaire, un singe doré, ça faisait toujours un bon effet de surprise.

Il gonfla son torse pour prendre un maximum d'air, un saut, un hurlement et l'affaire serait à 50 pourcent emballée. Le justicier commença à courir et se projeta hors de sa ruelle. Sitôt ses appuis sur le bitume recouvert de morceaux d'œuvres d'art, il hurla de toute ses forces, un cri guttural de mâle dominant sur son territoire, rien de mieux pour faire classe. Lorsqu'il rouvrit ses yeux, Congo Bill fut sans doute le plus surpris, une bande de singes volants et un énorme mâle alpha au regard chargé d'un feu qui le consumait intérieurement. Okay, ils seraient sans doute surpris en face mais pas autant que lui.

Congorilla tenta de ne pas être trop déstabilisé et pointa une phalange épaisse vers l'individu qui semblait être le chef.

- Essaie un peu de m'anéantir alors! hurla-t-il comme un défi.

Puis il saisit un véhicule et le lança sur l'un de ses sujets pour l'impressionner un peu et accessoirement montrer qu'il ne plaisantait pas. Dans un recoin de l'esprit simiesque du gorille doré, une petite voix lui annonçait qu'il allait probablement bien déguster. C'est pas aujourd'hui qu'il allait se réconcilier avec l'Art.
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Re: Mieux vaut entendre parler du roi que de le voir Lun 23 Déc 2013 - 14:06

Les cris retentissaient dans l'avenue entière, des cris de peur, de terreur. Une douce mélodie qui venait bercer les oreilles de Grodd. Ces pitoyables humains ne méritaient rien hormis son mépris ! Leur art n'était qu'une pitoyable manière d'exprimer leurs sentiments profonds et même le plus talentueux des artistes ne pouvait que faire ressentir le dégoût au plus grand des Rois. Cette race inférieure était incapable de se défendre elle-même ! À quoi bon s'amuser avec des pinceaux si un peuple n'était même pas capable d'assurer sa propre sécurité ? Ils se croyaient tous si supérieurs mais tous étaient aussi primitifs que le dernier des bovins. Il était temps pour Grodd de prendre le contrôle définitif de ce peuple, de le guider vers sa vraie destination : l'asservissement pur et simple.

D'habitude, ces pitoyables crétins se seraient réfugiés dans les jupons de leurs "justiciers" mais cette fois-ci ils étaient vulnérables. Personne ne viendrait les sauver, personne ne viendrait même les aider face à la fureur du vrai Roi ! Déjà les bannières à son effigie commençaient à recouvrir la rue, elles étaient majestueuses, grandioses ! Enfin une vraie forme d'art à admirer ! Grodd se sentait grand, invincible pour ainsi dire. Plus rien ne pouvait l'arrêter, il était devenu le futur de la race humaine à ce moment précis ! Il voyait déjà à l'intérieur de lui la mort de Flash et de tous ses pitoyables compagnons ! Il voyait la cape de Superman déchirée accrochée au bout d'une pique, le masque de Batman jeté dans une benne comme une vieille ordure ! Tous ces prétendus justiciers allaient mordre la poussière, ils allaient ressentir des années de haine et de souffrance ! Des années d'exil forcé, de rejet de son propre peuple ! Grodd était le seul à voir la vraie justice, il était un avatar de justice ! Les peuples de la Terre allaient s'agenouiller devant lui les uns après les autres et au lieu de sculpter des horreurs, ils sculpteraient des statues à son effigie, des statues aussi grandes qu’un immeuble ! Le mot d'ordre serait la suivant : "Les faibles n'ont pas le droit à la vie.". Une ère de terreur pour inculquer à toute l'espèce humaine ce que signifiait la supériorité, c'était là un destin immuable.

Il jubilait intérieurement, se voyant déjà couronné souverain suprême de la Terre. Et sa marche triomphale dans l'avenue désertée ne faisait que l'encourager dans son action. Il sentait les ondes cérébrales s'affoler tout autour de lui, il voyait les citoyens se retrancher dans leur magasin comme si cela allait les sauver... Pitoyable ! Grodd ne pouvait s'empêcher de ricaner intérieurement, ce peuple si chétif ne cessait de se montrer faible. Leur système de défense ne se baisait que sur l'arrivée de personnages aux pouvoirs incroyables. Honteux ! C'était honteux de se baser sur cet unique fait pour se croire à l'abri de tout ! Les Gorilles avaient appris à se défendre des êtres humains quelques mois à peine après leur évolution ! Chaque Gorille pouvait se défendre avec brio, c'était pour cela qu'ils étaient supérieurs ! Ils ne dépendaient pas du bon vouloir d'un prétendu héros pour apprendre à vivre et à se protéger ! Le peuple simien s'était bâti sur l'indépendance de chacun... ou peut-être l'obéissance au Roi suprême ?

Tout aurait dû se passer sans accroc mais encore une fois, il fallait que quelqu'un prenne la défense de cette immonde race. Grodd n'était pas idiot, il s'attendait en quelque sorte à voir un imbécile surgir d'un coin pour lui faire face, une espèce de Flash de banlieue incapable de rivaliser avec lui. Il s'attendait à l'archétype du justicier en collant prêt à tout pour l'arrêter ! La seule chose à laquelle il ne s'attendait pas, c'était un de ses frères pour lui faire face. Un énorme primate, presque aussi énorme que le Roi Grodd en personne ! Un pelage doré, inhabituel pour un gorille. Un long silence se fit après que l'animal eut jeté une voiture sur l'un des sbires. Le primate volant eut quelques difficultés à éviter le projectile, si bien qu'après une admirable manœuvre d'esquive, il réussit à s'écarter du véhicule pour finalement aller s'écraser sur un toit proche. Un nuage de poussière se dégagea du haut du bâtiment, ainsi qu'un bruit de moteur en mauvais état. Grodd regarda la scène sans pour autant s'enrager, c'était une perte acceptable.

Il avait en face de lui une énigme de la nature, un gorille défenseur des êtres humains. Drôle de paradoxe à vrai dire. Grodd ne put s'empêcher d'éprouver un sentiment fraternel envers cet animal. Qu'est-ce que les humains lui avaient donc fait pour qu'il en oublie qui était son véritable peuple, quels étaient ses véritables buts. Cependant il n'était pas trop tard pour sauver son honneur, Grodd sentait qu'il pouvait encore transformer un ennemi direct en allié honorable. Et au vu de sa force et de sa détermination, cet allié serait considérable dans sa guerre contre l'humanité. Le Roi primate s'arrêta donc dans sa marche et d'un geste simple, ordonna à tous ses sbires de se poser et d'arrêter l'opération pour quelques instants.

"Tu te tiens donc face à moi, mon frère." commença-t-il sur un ton calme et réfléchi. "Tu te tiens face à moi en cette heure sombre. Ta détermination est honorable, ta force l'est aussi. Tu me rappelles moi à mes débuts, tu dois sûrement chercher un but, une signification à ta vie. Tu as décidé de prendre la défense de ces insectes car cela est la première chose qui t'est venue à l'esprit. Mais regarde donc autour de toi mon frère ! Qui est donc ta vraie famille ? Ceux qui se battent pour la gloire de leur peuple ? Ou ceux qui ont voulu nous asservir et qui maintenant fuient comme des rats en espérant que toi périssent pour leurs idéaux corrompus ? Je sens une grande confusion en toi mais je suis un Roi bon, je peux t'apporter la paix intérieure que tu cherches mon frère !"

Grodd mesura chacun de ses pas, mais il se dirigea lentement vers son opposant. Il fallait faire forte impression, c'est donc pour cela qu'il gardait sa carrure impérieuse tout en se dirigeant vers lui. Il fallait qu'il comprenne que ces humains n'étaient pas ses amis, ils ne devaient pas protéger ceux qui allaient le vendre à la première occasion. À mi-chemin entre les deux animaux, Grodd détourna son regard sur une pauvre femme qui se cachait derrière un abribus. D'un puissant geste, il arracha complètement la structure et s'empara de l'humaine comme d'une vieille poupée qu'on se préparait à jeter aux ordures. Puis, une fois qu'il la tenait bien en main, il brandit la femme en l'air tel un trophée face à son frère doré.

"Est-ce là donc tout ce que tu comptes faire dans ta vie ? Protéger les races inférieures alors que tu pourrais les diriger d'une main de fer ?" cria Grodd. "Tu te places en fier défenseur des opprimés mais n'oublie pas qui enferme tes frères et sœurs dans des cages en fer pour le plaisir de leur marmaille ! N'oublie pas qui nous chasse au fusil dans la savane juste pour s'amuser ! Comptes-tu vraiment me faire croire que tu donnerais ta vie pour ces misérables humains ? Me ferais-tu croire que comme ces traîtres de Gorilla City, tu serais prêt à collaborer avec tes bourreaux ? Je ne peux y croire ! POUVEZ-VOUS Y CROIRE, MES FRÈRES ?"

"Non mon Roi! Nous ne pouvons y croire !" firent tous les primates à l'unisson.

"Je vais te donner une occasion de te racheter face à ton peuple. Tue cette femme, cette persécutrice des temps modernes. Montre-moi ta dévotion et là, tu seras digne d'être mon second. À mes côtés, nous prendrons d'assaut les institutions humaines et nous nous emparerons du pouvoir ! LES GORILLES SONT LES SEULS ÊTRES À POUVOIR DOMINER CETTE TERRE !"

Un cri bref et Grodd jeta la femme au sol jusqu'à la faire rouler aux pattes de son opposant. Il était temps pour ce gorille de faire son choix : rejoindre son vrai peuple, ses vrais frères ou alors mourir en protégeant ces crapules d'humain. Si il choisissait la seconde option, Grodd n'aurait aucune pitié envers ce traître, pas plus qu'envers ceux de Gorilla City...
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Re: Mieux vaut entendre parler du roi que de le voir Lun 6 Jan 2014 - 21:54

[HRP]Après tant de retard, la voici enfin![/HRP]

Avec quelques centaines d'années au compteur, une vie tissée au fil des rencontres et des croisements les plus improbables, Congo Bill aurait aimé trouver une expérience à laquelle se rapporter. Il aimait la nouveauté, que l'on ne s'y méprenne pas, mais face à un adversaire supérieur en nombre il valait mieux laisser le corps agir avec un temps d'avance sur m'esprit. En l'occurrence, un balais aérien de compatriotes qui accompagnaient un gorille qui parlait d'une voix docte et posée n'était pas dans son répertoire de situation déjà vécue. L'imposant gorille qui semblait leur chef était calme. C'est en tout cas ce que le début de son discours le fit penser. Il l'appelait "frère".

Congorilla n'était pas du genre à regretter ce genre de marque d'affection quoi qu'un peu condescendante dans la bouche de son interlocuteur. Il croyait dur comme fer à la rédemption et au pardon, sans doute ce qui le rendait particulièrement faible face à des ennemis aussi repentant que des volcans en irruption. L'individu se faisait appeler "Roi". Les bons vieux souvenir de la jungle l'assaillirent. Les Hommes aimaient considérer les animaux comme des sociétés monarchiques, un individu naissait plus fort et plus vaillant et par la force de sa volonté et de sa force il se hissait. C'était plus une sorte de méritocratie mais le congorilla avait souvent été perçu comme un Roi parmi les autres animaux. L'individu se rapprochait et Bill ne sentait pas directement de menace de sa part. Il n'était pas encore question de s'affronter comme deux dominants un soir de pleine lune. Les poils du dos de Congorilla se hérissèrent légèrement malgré tout. Il y avait de distances à respecter, même dans ce genre de cas - l'instinct ça ne trompait jamais.

Le justicier fut pris de court lorsque sans crier gare son ennemi arracha un abris de bus. Congo Bill aurait aimé crier pour l'empêcher de saisir cette femme aussi brutalement, mais mieux valait ne pas énerver cet individu - enfin, pas tout de suite. Il brandit la jeune femme sanglotante et criante comme si elle n'était qu'un vulgaire objet de chiffon. Le ton de la conversation avait changé. L'ambiance était devenue électrique suite à cette agression et le hurlement de la réplique de Grodd l'avait d'avantage alourdi.

Il disait juste, il fallait le reconnaître, les Hommes étaient égoïstes et bien souvent idiot, doté de cette idiotie qui naissait plus d'une absence de réflexion qu'une incapacité à le faire. Oui, ils admiraient des animaux derrière des cages après les avoir arraché à leur nature, oui ils pervertissaient souvent ce que leur planète leur donnait, mais leurs imperfections ne voulait pas dire que l'on devait devenir leur exact reflet.

Autour d'eux résonnèrent les cris exaltés des primates envers leur "Roi". Il fit mention d'une Gorilla City. Congo fut surpris d'entendre le nom d'une telle ville, il devrait se renseigner à son sujet. Tandis que sa curiosité inventoriait la mention, Congo Bill fut attentif au sinistre sort que son adversaire - puisque le terme devait finalement tomber un jour - réservait à sa jeune victime dont la voix braillante commençaient à montrer des signes de faiblesse. Congorilla n'était pas croyant, pour avoir vécu parmi les animaux pendant plus d'une centaine d'année il savait que vivre et survivre dépendait moins d'une entité supérieure que de soi-même, aussi ne fit-il pas grand cas de l'exhortation pourtant enflammé du "Roi". La jeune femme roula jusqu'à lui.

Délicatement, le gigantesque gorille doré la saisit de ses grandes mains et la redressa.

- Vous feriez mieux de rentrer chez vous à pied, fit-il à l'adresse de la jeune femme complètement déboussolée.

Congo Bill se redressa et regarda son adversaire. Il avait gardé le silence tout le long de sa litanie. Même en gorille il fallait avoir le sens des convenances et des bonnes manières.

- Salut à toi mon frère, commença-t-il, je suis Congorilla.

C'était idiot de reprendre la conversation ainsi mais ils ne s'étaient même pas présenter l'un à l'autre, fichue éducation britannique. Vous pouviez passer d'un corps d'homme à celui d'un gorille et pourtant vous ne pouviez vos empêcher de prendre une tasse de thé à cinq heures de l'après-midi, les Nanny pouvaient vous graver leur éducation jusque dans votre ADN.

- J'étais un homme avant d'être sous la forme que tu vois aujourd'hui. Mon respect pour les animaux et la vie ont fait de moi un esprit protecteur. Des années durant j'ai affronter les braconniers et les criminels qui troquaient des vies contre de l'argent et de l'or. Sans doute espéraient-ils une vie meilleure en la payant avec du sang et des larmes. Je ne le saurais jamais car je ne puis m'empêcher d'éprouver de la pitié pour ce genre d'individus. Et pourtant, malgré leurs zoos et leur ignorance, il m'est difficile d'agir envers eux comme ils ont agit envers nous. Et comprend qu'il n'y a plus grand lien entre eux et moi, si ce n'est qu'ils sont, comme tu l'as dit "Roi" Sans Nom, fragiles et sans défense.

" Ils ont certes des armées, mais regarde-les, continua-t-il en pointant une main sur la silhouette frêle de la jeune femme encore incapable de courir loin d'eux. Comment pourrais-tu te prétendre leur ennemi en agissant comme eux : en frappant les faibles avec des moyens qui les dépassent et les contraindre alors que tu pourrais les persuader? J'avoue que mon introduction était un peu brusque et que j'ai manqué de diplomatie, mais il faut se rendre à l'évidence, les assouvir ne te rendra pas leur respect et par conséquent ne les empêcheront pas de prendre les armes pour se révolter. Ils ont ça dans le sang, comme la plupart des nôtres, la soif d'être libre quoi qui leur en coûte.

Congorilla regardait cet individu qui lui faisait face. Il n'éprouvait pas de haine pour lui. sa pelisse et son instinct lui disaient qu'il était dangereux et pourtant il y avait quelque chose, une fierté forte et puissante, une détermination sans pareille et un potentiel gâché par la haine. Oui, le justicier ressentait un lien fraternel avec lui. Il y avait quelque chose en ce gorille qui lui disait que si sa vie avait été différente, Congo Bill serait sans doute à ses côtés pour faire valoir par la force ce qu'il peinait encore aujourd'hui à atteindre par le respect et la dignité. Mais pas question pour lui de tourner les dos à des années de combats, le sévice du fort sur le faible était par définition un crime qu'il se refusait à commettre.

- Ce n'est pas une insulte que je te fais, reprit Congo Bill sans cesser de regarder le "Roi", mais je ne peux sacrifier une vie comme celle-ci. J'ai mis hors d'état de nuire des nuées de brigands, j'ai même massacré lorsqu'il le fallait des contrebandiers et des braconniers, je ne dis pas que mes mains sont propres, mais elles ne se tâcheront pas du sang d'innocent et, je l'espère, pas du sang de mes semblables...

Congo prit une grande inspiration. Il savait que ça dégénérerait, le plan de son adversaire avait été pensé et réfléchi, on n'arrivait pas une telle équipe sans savoir ce que l'on allait faire. Le justicier savait qu'il avait sorti un discours bien poli de sa poche, mais son adversaire avait des idées assez arrêtées pour qu'elles ne reprennent pas leur chemin avec juste une pichenette de paroles. Il n'aurait pas dû, lui dirait plus tard sa conscience, il n'aurait pas dû courir vers son adversaire en hurlant. La diplomatie avait échoué au moment même où il avait relevé la jeune femme et lui avait parlé d'égal à égal, le regard de son adversaire en avait dit long.

Congorilla s'arrêta à à peine trois mètres de son adversaire et hurla plus fort encore avant de battre son torse de ses poings puissants. Quelque part au fond de lui, le gorille doré état heureux de pouvoir redonner cour à une partie de sa nature même. Un défi comme les gorilles le faisaient. Mais un animal aussi civilisé que se pensait le "Roi" était-il encore capable de donner foi à ce genre de comportement "bestial"? Mieux valait s'en assurer. Congo frappa le sol et fractura l'asphalte qui recouvrait la chaussée. Un lampadaire voisin trembla et sa lampe se brisa au sol.

- Si tu acceptes, à toi l'honneur de frapper le premier, siffla le justicier.

Fichue éducation britannique....
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Mieux vaut entendre parler du roi que de le voir
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