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Rosebud (libre)

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Rosebud (libre) Lun 1 Sep 2014 - 22:39

Un verre, offert évidemment. A nouveau. Les hommes ne changeaient pas, Weeds le constatait. Toujours prêts à concéder une avance confrontés à un potentiel de fertilité. La plupart du temps, ils espéraient recevoir les grâces de l'objet de leurs attentions. Certains le faisaient sans rien attendre en retour, mais ceux-là étaient généralement trop propres, tant qu'ils n'avaient aucun pouvoir à offrir. A peine davantage qu'un saut de puce à l'échelle de la chaîne alimentaire. La jeune femme, portant les habits d'un jeune couple qui s'était dévêtu un peu trop près du marais où elle avait pris chair, ne révélait guère de surface de sa peau. C'était le peu qui l'empêchait de céder à la folie, ne pas voir ce corps qui la répugnait, celui qui lui rappelait qu'elle avait autrefois appartenu au Red, le règne animal. Elle était une plante, c'était son identité. Elle faisait partie du Green, elle l'avait embrassé des décennies auparavant en devenant l'avatar de la terre nourricière.

Elle sirota le contenu de son verre, tandis que la barmaid, indécente de chair découverte avec son mini-short et un bandeau à pois sur la poitrine, lui indiquait le destinateur du cocktail en mastiquant bruyamment de la gomme à la chlorophylle. Le parfum exhalé, le mouvement machinal et implacable de la jeune fille, rappelait à la Lady combien l'humanité avait écrasé, négligé, distillé le monde sauvage de la végétation pour n'en garder que ce qu'ils estimaient comme la fine fleur, ne laissant la mauvaise herbe comme elle et toute vie inutile ou gênante pour eux de côté pour mourir dans un brasier. Un jour, comme Alec Holland, Alex Olsen et tous les autres avatars du Green avant et après elle, ils finiraient dans un gigantesque charnier. Ils appartiendraient au règne des plantes, le Green.

Tout en professant mentalement sa foi contre l'humanité et tout ce qui pouvait relever de la zoologie, martelant la vengeance et la colère, c'était le goût froid et amer de fruits qui venait lui mouiller les papilles. Elle pouvait les nommer facilement, ses frères et sœurs du Green qui avaient été utilisée par l'Homme pour créer cette boisson fantaisie, ni indispensable ni même utile, les produits de la végétations qui avaient perdu leur âme dans une industrialisation, une production en masse qui niait tout droit à prospérer librement dans la verdure du monde. Gentiane, Pommier, Vigne, Canne sucrière. Pour un cocktail qui ironiquement, rappelait le Jardin, la vision imaginée par les religions majeures des honnis humains, le Jardin de l'Eden rappelé par ce cocktail, l'Adam y Eva. Deux êtres, mâle et femelle, qui ont utilisé plus qu'ils n'avaient besoin, à qui on avait déjà laissé accès à plus qu'ils n'en méritaient.

Elle se retourna pour regarder celui qui lui avait fait commander ce breuvage. Il était répugnant, tout en poils et en muscles et en choses qui étaient propres à la nature de l'animalité. Elle reconnut sur lui quelque chose cependant qui lui était familier. De l'encre qu'il s'était fait dessiner dans la peau. Elle ne reconnaissait pas la symbolique de son tatouage, mais l'attention qu'elle lui avait porté lui donna l'impulsion pour se lever et entamer sa dégoûtante parade de séduction. Elle reconnut autour de son cou, des dents d'animal, carnassiers, probablement des reptiles du bayou. Sa veste, de l'authentique fourrure prise sur la bête, maladroitement confectionnée si bien qu'elle ne put en distinguer cette dernière. Un chasseur, dans ce monde qui n'en nécessitait plus aucun. Et elle était devenue la proie. Cela lui était d'un intérêt moindre, la dynamique des plantes étant bien différente de celle propre aux bestioles et aux bestiaux. Néanmoins, elle savait qu'elle pourrait utiliser le pouvoir d'attraction qu'elle exerçait, passivement, sur l'homme.

S'approchant de lui, Lady Weeds fit mine de s'abandonner à l'homme, qui la conduirait rapidement à sa cabane ou son véhicule. Elle n'avait toujours pas appris à conduire ces voitures qu'aucun animal ne tirait. Elle devrait donc le suivre, continuer d'éclore dans ce nouveau siècle. Se laisser amener jusqu'à la possible retraite de chasse qu'il occupait de sa crasse et de son odeur désagréablement charnelle. Elle ferma les yeux, paupières semblables à des pétales qui se rétractaient tels la gueule de la plante carnivore. Lorsqu'elle se réveilla, elle réalisa qu'elle avait été droguée, puis déplacée. Ses perceptions étaient faussées et la chaleur du vomi occupait son palais. Peut-être était-ce la régurgitation qui avait diminué l'action de la drogue, ou alors elle revenait trop tard à elle, et le mal était fait. Damn, que c'était dur d'être dans une faible enveloppe humaine. Surtout, elle n'avait pas senti l'influence corruptrice du piège pharmaceutique. Le Green ne pouvait rien pour elle, ici, dans le monde matériel qu'occupait sa forme humaine. Elle était là dans un monde de douleur, et pour l'instant, semblait plutôt du côté de ceux qui la reçoivent.


Dernière édition par Lady Weeds le Mer 3 Sep 2014 - 1:59, édité 1 fois
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Re: Rosebud (libre) Mar 2 Sep 2014 - 0:51


HRP:

Les USA... Pour beaucoup ce pays représentait l'avenir, pour les autres, ceux qui savaient réellement ce qui s'y passait, il n'était rien d'autre qu'un cloaque insalubre nourris par des desseins aussi noirs que les ténèbres... Qui plus est depuis l'arrivée au pouvoir de Lex Luthor. En ce qui concernait Daniel, il n'en était rien des deux. Certes, ce pays imposait un certain respect dut à sa taille et à la richesse de son monde, toutefois, il n'en restait pas moins une terre d'où ses ancêtres furent chassés par des colons désireux de trouver une vie meilleure. Faisant fi de toute la colère de ses ancêtres qui se seraient précipités à travers lui, et se seraient fait un malin plaisir à éventrer ces voleurs de terres, Daniel était enfin arrivé à St-Roch. Plusieurs sources lui avaient confirmées que Donna s'y trouvait depuis quelques temps. L'un et l'autre ne s'étaient pas revu depuis quelques années déjà, et passé les troubles qui lui harcelait la psyché, il restait tout de même attaché à cette femme si particulière.

Comme seule adresse, son indicateur lui avait parlé d'un bar un peu particulier, tout autant que ceux qui y venait apparemment. Le Lure. Arrivé à destination, Daniel coupa le moteur de sa moto et retira son casque. Effectivement, ce bar n'était pas aussi huppé qu'on aurait put s'en douter. De plus, son indicateur lui avait parlé d'un bar... Mais cet endroit de débauche et où semblait couler des rivières d'alcool tenait plus de la boite de nuit qu'autre chose. Arborant comme toujours sa veste de la police montée, les regards des autres motards se tournèrent inlassablement vers lui. Personne n'osa l'approcher, même s'il se trouvait loin de son domaine de juridiction, il n'en restait pas moins craint et tous se doutaient qu'il n'était pas désarmé. Offrant un semblant de sourire à une femme au corps quasi nu qui se déhanchait vulgairement aux côtés d'un motard barbu, le Dark Crow poussa la porte de la boite qui en tarda pas à lui arracher ses sens de l'ouïe et de l'odorat en même temps.

Mélange de bruits émanant de caisses de résonance, et d'odeurs âcres d'alcools de bas de gamme, la boite fit froncer les sourcils au Canadien. Les américains manquaient réellement de savoir-vivre. Comment pouvaient-ils apprécier ce genre de choses ? Effectivement le Canada possédait aussi bon nombre de boites dans le genre... Mais aucune n'arrivait à une telle offrande de décadence. C'en était presque insultant que les hommes soient capables de prendre un quelconque plaisir à s'y retrouver. Les plaisirs charnels des êtres humains dépassaient souvent le bien-fondé que leur avaient inculqués leurs ancêtres. S'avançant entre les tables sur lesquelles quelques danseuses se trémoussaient contre une barre de fer, Daniel s'approcha du bar. La barmaid, une aguicheuse de la pire espèce prit sa commande.

Non loin de lui, une femme émanait des effluves aux fragrances étranges. Loin de celles hormonales habituelles, cette dernière semblait jouer avec l'esprit des hommes. A moins bien entendu que ce ne soit que son charme... Mais pour le Canadien, une seule femme pouvait compter pour lui, et c'était bel et bien pour cette raison qu'il était ici aujourd'hui même. Son verre de scotch fut servit sur glace, tel qu'il l'avait commandé. Au moins, elle connaissait – semble t'il – son métier.Fixant le miroir dans lequel se reflétaient les bouteilles d'alcool, Daniel remarqua que la femme qu'il avait aperçu acceptait de nombreux verres provenant de divers hommes. Hm... Encore et toujours cette manie de faire boire une femme dans l'espoir de l'allonger dans son lit le soir même... Aucune classe, vraiment... Le savoir-vivre américain ? Inexistant pour beaucoup apparemment. Soudain, alors que la serveuse allait servir le verre à l'étrange inconnue, l'homme – qui semblait-il au vu de sa tenue – était chasseur glissa discrètement une pastille dans le verre. Une réaction chimique se produisit et il ne fallut pas plus d'une poignée de secondes avant que ce petit disque blanchâtre ne disparaisse dans le liquide multicolore.

Deux choses pouvaient mettre Daniel dans une colère noire. La première était la violence gratuite, la seconde... Celle que le chasseur venait de faire. Espérer manquer de respect à une femme n'était déjà pas très glorieux ; mais le faire de ainsi... Là par contre, ça tenait vraiment de l'insulte pure et simple. Sirotant son verre en silence, le Dark Crow observa tout de même le petit manège qui allait se dérouler sous ses yeux d'ici peu de temps... A peine avait-il fini son verre que la femme se retrouvait attirée – très certainement sous un début de l'emprise de la drogue inculquée – vers l'extérieur de la boite de nuit. Un billet fut glissée à la barmaid qui s'empressa de le récupérer, et laissa ressortir le Canadien sans rien ajouter.

Déployant les ailes d'ombres du Corbeau qui le représentait, Daniel se glissa derrière l'homme qui s'empressa de jeter le corps inerte de la femme à l'arrière d'une camionnette délabrée. Cette dernière, immatriculée dans l'Oklahoma arborait de part et d'autre les affiches d'un club de chasse spécialisé dans celle de l'élan et du caribou. Daniel connaissait que trop bien le genre d'homme que c'était. Désabusé, avide d'argent, et surtout sans état d'âmes, il tuait et vendait la viande et tout ce qu'il pouvait tirer de l'animal à autant de receleur qu'il le pouvait. Alors cette fois-ci il avait osé taper plus fort ? S'approchant en silence de la camionnette, le Canadien en fit le tour et trouva ce qu'il cherchait. La trappe d'essence...

Sortant un couteau pliant de la poche intérieure de sa veste, il entreprit de l'ouvrit, et, avec l'aide plus ou moins volontaire de quelques motards entreprit de vider le réservoir. Ce couard de chasseur avait prit le temps de retourner à l'intérieur de la boite de nuit, mais tout en laissant son chien dans la cabine. Un stratagème assez amusant, et qui pourtant avait déjà fait ses preuves avec les curieux pas vraiment courageux... Au moment où le propriétaire de la camionnette revint, Daniel se trouvait dans un angle sombre. Ben entendu, le véhicule avait été garé à l'arrière du bâtiment, loin du regard des badauds. L'aller-retour de l'homme n'avait pas duré plus de quelques minutes, et si Daniel voulait le prendre sur le fait, il devait attendre son retour. Comme prévu, le véhicule ne démarra pas. Poussant moult insultes et manquant de frapper directement son chien, le chasseur descendit de la camionnette, rouge de fureur. C'est à ce moment que Daniel apparu.

Le visage sombre et à demi-éclairé, il prononça quelques mots en direction de l'homme.


- Il serait bon de se contenter de la chasse à l'élan... Les femmes ne se vendent pas très bien au marché noir...
- Que me veux-tu le Canadien ? Ton accent pue autant que tes fringues !


Sans rien ajouter de plus, Daniel lui projeta son poing dans le ventre, l'homme se tordit de douleur et finit par se plier sous le choc. Sortant sa main gauche de sa poche, le Dark Crow fit le tour du véhicule et regarda la serrure qui fermait la porte arrière du véhicule. Même après un tel coup, le chasseur ne tarderait pas à se relever. Il devait donc faire vite. Malheureusement pour lui, la porte était fermée par un cadenas bien trop épais pour être forcé avec un couteau... Aux grands mots, les grands remèdes... Sortant son arme de son holster d'épaule, Daniel prit une balle dans une des nombreuses poches de sa veste et chargea son arme. Cette dernière était perpétuellement à portée de main, mais rarement chargée. Elle lui servait plus comme moyen de dissuasion que réellement pour blesser son adversaire.

- Si vous m'entendez, reculez...

Le coup partit et la déflagration tout autant que le bruit du tir fit résonner ses échos dans une bonne partie de la ruelle sombre qui s'étendait sur toute la longueur de la boite de nuit. Ceci fait, d'un coup de botte, Daniel fit éclater les restes du cadenas. Après avoir rangé son arme, le Canadien poussa la porte du plat de la main, son regard sombre plongea dans les ténèbres.

- Ça va ? Pas trop de mal ?
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Re: Rosebud (libre) Mar 2 Sep 2014 - 22:08

La violence d'un coup de feu vint secouer Lady Weeds, et tout son monde avec elle sembla trembler. Comptant brutalement sur ses sens humains pour analyser la situation ou les contrecoups, elle dut presque les énumérer tant elle avait oublié ce qu'était être humaine. L'ouïe était barrée par un sifflement aigu, comme une véritable saturation de ses nerfs sensoriels ; la vue était inutilisable ; l'odorat, un sens moins essentiel pour l'humanité, lui indiquait des odeurs animales mélangées, des relents qui faillirent lui provoquer un renvoi ; le goût était encore plein de pâteux retours de son précédent cocktail et de bile visqueuse ; au toucher, elle reconnaissait qu'elle était dans un lieu bâti de la main de l'homme, par trop droit et tout en lignes brisées. Soudain, son appel à l'intuition sensorielle fut absolument submergé par les informations. Voix, lumière, essence, alcool, et au toucher, la chaleur d'une main humaine qu'elle vint agripper par un réflexe hostile convulsif. Le souvenir d'un charnier, de boutures qui pouvaient être les siennes, suffisamment hors d'atteinte pour devoir faire volte-face et fuir. Instinctivement, elle refusait de fuir, comme une revanche offerte. Une mémoire musculaire qu'elle pouvait, voulait rectifier, sans avoir eu ou pris le temps d'y penser. Mais les plantes pensaient rarement, et jamais elles ne pouvaient acquérir de mémoire musculaire. L'impossible était pourtant possible. Lady Weeds n'avait aucun souvenir d'avoir été Alicia Collins, mais elle se débattait becs et ongles pour ne pas devoir subir à nouveau le même sort que cette ancienne vie, qui était morte et enterrée dans le Green par sa réincarnation.

Griffes, ou plutôt ongles, bec qui était une morsure puissante de sa simple mâchoire humaine. Le bras de l'étranger était assiégé d'attaques aussi primales que nerveuses. Retrouvant dans l'adrénaline sa mobilité, son énergie même, en tout cas elle en aurait l'impression, elle engagea ses membres inférieurs dans la bataille, l'un qui la retenait au sol avec l'énergie du désespoir et l'autre qui repoussait le reste du corps de l'intrus loin du combat qui faisait rage au niveau de son bras, le pied appuyant de toute sa rage contre l'emplacement de son estomac. Les créatures de la chair ne voulaient que la détruire, la consumer, la briser, mais elle ne casserait pas sans lutter, elle s'y refusait. Féroce comme un renoncule vénéneux, elle ne lâcherait pas le bout de viande. Aveuglée, acculée, en proie à ses démons, elle n'avait sans doute pas voulu entendre le ton de bienveillance de l'être qui s'était présenté, pour ainsi répondre avec toute son animosité. Elle avait probablement besoin de revenir avec une vengeance, de sentir qu'elle n'était pas la faible créature que l'on pouvait emporter. Elle avait besoin viscéralement de victoire, de violence, d'action et surtout de verser ce sang répugnant que contenaient les êtres du Red.

"Gniiiiii... Rrrraaaaa !!"

Le manque d'armes naturelles, pas de poison, pas de lianes enroulantes, pas de pointes acérées, sinon les extrémités digitales et les crocs émoussés de son corps d'humaine, aurait été déconcertant si elle n'avait pas été si insistante dans sa rage de vivre, sa rage de s'en prendre à autrui, à une créature. Créature qui apprendrait bien vite comme toutes celles qui croisaient la route de la Lady Weeds qu'aucun bon acte ne demeure impuni. Une action mérite une réaction, l'inertie ne conduit pas dans la nature à la stagnation, mais à un nouveau mouvement d'abord égal et opposé, puis avec de l'acharnement, et une terre bonne pour la pousse, une conquête pure et simple. Il aurait sans doute suffi de moins, mais on avait donné à la Lady l'occasion de sortir de sa torpeur, de s'exprimer dans la violence dans un retour des choses, aussi injuste puisse sembler celui-ci. Elle apprendrait cependant par la suite à ne pas laisser ses sens humain devenir trop forts pour être contrôlés. Le contrôle, voilà ce qu'elle devrait réapprendre. Pour l'instant, elle peinait simplement à la maîtrise de son bon samaritain, qui s'avérait répondre à sa pugnacité avec une incroyable coriacité.
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Re: Rosebud (libre) Ven 5 Sep 2014 - 21:21


Contre toute attente, ce ne fut pas des remerciements qui assaillirent Daniel. Mais bel et bien une folie furieuse, dont la puissance de la rage ne semblait posséder aucunes limites. Le dents de la femme étaient acérées, et plus ses attaques se faisaient frénétiques, plus la douleur remontait dans le bras du Dark Crow. Somme toute qu'il aurait pu la repousser en utilisant ses pouvoirs, mais il ne savait pas à qui il avait à faire. Toute en tentant de comprendre cette réaction, Daniel tentait inlassablement de la repousser en minimisant les attaque frontales. De sa seule main libre, le Canadien essaya de la repousser en appuyant sur son front à l'aide de la paume de cette dite main. Mais plus la pression se faisait forte, plus la mâchoire se resserrait.

Malgré une douleur qui allait en s'intensifiant, Daniel arriva finalement à contrer la majorité des attaques de la jeune femme. Son air hagard ne laissait rien au hasard, cette drogue avait dut endommager une partie de son cerveau, et donc, très certainement la rétrograder à un stade inférieur de l'évolution humaine... Celle des hommes des cavernes, ou voir même pire... Au niveau des grands singes... Quoiqu'il en soit, elle ne restait pas en reste quand à des morsures puissantes et chargées d'une haine sans nom.

Prônant un style de combat dirigé vers la défense, Daniel ne pouvait se résigner à la frapper directement, lorsqu'elle projeta son pied au niveau de son ventre, il le bloqua à deux mains et profita de cet assaut pour s'approcher d'elle. Tout en contournant la femme dont le regard n'était rien de plus qu'un mélange de crainte et de rage, il passa derrière elle tout en lui attrapant le bras. D'un force tempérée, le Canadien lui bloqua le membres supérieur dans le dos. Dans cette position, elle ne pouvait plus l'attaquer, ni de face, ni de dos... Elle était pour ainsi dire pliée à sa volonté.

Lui appuyant sur les reins avec son genoux, il s’agenouilla et e mit à sa hauteur. Quelques mots s'échappèrent de la bouche de Daniel. Des paroles pleine de bonté et se voulant rassurante pour la femme qui semblait avoir perdu le bien-fondé de ses sens. Alors qu'il allait la relâcher, la camionnette dans laquelle le combat venait de se dérouler se mit à bouger. Les sensations en éveil, le Dark Crow sentit le sol s'échapper de sous leurs pieds. Quelqu'un ou quelque chose élevait le véhicule. Lâchant la femme, Daniel garda son poignet en main et la tira en dehors du véhicule.

Tandis que la porte dévoilait un bitume loin d'eux, ils sautèrent et se fut avec un minimum de casse que le Canadien arriva sur le sol. Se retournant d'un coup, il entr'aperçu le chasseur soulevant la camionnette au dessus de sa tête. Il n'avait plus rien d'humain, derrière des traits abstraits et gras, la peau graveleuse et flasque à la fois, les regardaient d'un œil mauvais. Repoussant la femme qui avait été droguée, Daniel dut appeler le Corbeau d'Ombre afin de retenir le lancé du monstre-chasseur qui leur faisait face.

Jamais encore Dan' n'avait eu à affronter ce genre d'ennemis, des hors-la-loi, quelques connaisseurs de magie noire certes... Mais jamais encore d'êtres dotés d'une force surhumaine. De sa possession mentale par Eclipso, Daniel n'en avait gardé aucun souvenirs concrets, sauf quelques flash qui lui harcelaient encore et toujours sa mémoire. Devant la réaction du Canadien, le monstre-chasseur fut surpris d'avoir une telle manière d'être contré. Poussant un hurlement sinistre, il fonça, les poings serrés sur Daniel. Son arme vide, il n'avait guère le temps de réagir... Tournant un regard fugace vers la femme qu'il venait de sauver, le Dark Crow espérait qu'elle lui serait d'une aide utile... Les motards avaient fuis, et désormais, ils n'étaient plus que trois sur ce parking à peine éclairé. Au moins, il n'y aurait pas de dégâts collatéraux...
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Re: Rosebud (libre) Sam 6 Sep 2014 - 15:28

En dépit de sa rage et de toute la colère qu'elle déployait pour blesser et conquérir celui qui l'avait surprise dans sa captivité, le corps qu'habitait Lady Weeds, forcément copie conforme de celui d'une certaine Alicia Collins dont elle avait hérité l'âme et les schémas mentaux il y a plus d'un siècle, fut rapidement soumis par celui qui portait l'Unifolié. Badge, drapeau, signe de ralliement elle aurait eu bien du mal à déterminer ce que c'était. Après tout, dans le Green elle n'avait pas approfondi l'évolution de l'Histoire et de la Géographie des nations ayant acquis leur indépendance de l'Empire Britannique. Ce qu'elle reconnut en revanche, c'est l'attitude d'un agent de la loi ou de l'ordre. Pas d'agressivité, du moins relativement contrôlée, dans le but de maîtriser son adversaire. Elle ne savait pas encore si elle en pensait du bien ou du mal, mais il paraissait moins bestial que ses compères d'humanité, moins primaire dans ses fonctionnements. Ce qu'il portait sur cet insigne qu'elle ne reconnaissait pas, ressemblait fortement à la représentation figurative d'une feuille d'arbre, probablement un érable. En tout cas tel que les humains pouvaient la percevoir avec leurs globes oculaires. Peut-être un garde forestier ou un boy-scout d'âge adulte. Il fit en sorte de la neutraliser, de la contenir, et cela, elle ne l'apprécia pas. Mais le minimum de douleur ou de plaies c'était appréciable. Elle choisit la seule provocation symbolique, pour le moment.

"Ptui !"

Elle lui avait simplement craché à la gueule, pour seule réponse à des propos qu'elle n'avait pas écoutés, mielleux ou moralisants elle l'ignorait. Soudainement le sol sembla s'agiter sous leurs pieds, et la Lady réalisa qu'ils étaient toujours dans la drôle de cage qu'on lui avait fait occuper quand elle était dans les choux. L'homme à la feuille d'érable relâcha son emprise physique, mais la tint précipitamment, non sans fermeté, par le poignet tandis qu'ils bondissaient hors de la grosse boîte. Dans le brouhaha des grincements métalliques du châssis et des portières arrières, Weeds reconnut qu'il s'agissait d'une machine, avant d'avoir une vision plus large du véhicule. Ils n'étaient pas plus loin que sur le parking du débit de boissons, là où elle avait compté suivre son étrange séducteur pour lui faire la peau. Manifestement, elle avait présumé de ses compétences et ce devait être lui qui l'avait fait enfermer, non pas l'homme à la feuille rouge. Ce devait aussi être lui qui soulevait l'entièreté de son véhicule dans l'instant présent. Elle entendit des cris d'animaux, peut-être des aboiements. Après tout, les chiens avaient toujours été dans la vie de l'homme et même si elle n'en avait pas dépecé beaucoup dans le Green, ils lui étaient forcément familiers. Le maître, ou en tout cas celui qu'elle crut reconnaître comme son don juan de tout à l'heure, déplaçait le gros véhicule comme si la tôle n'était que du carton.

Avec les toxines et les poisons qu'elle avait dans le corps, la Dame ne pouvait rien percevoir, même avec ses sens humains tout simplement, qui puisse lui donner un indice sur sa véritable nature. Était-il même bien la personne qu'elle avait laissé l'approcher près du bar un peu plus tôt ? Combien de temps avait passé depuis ? Tout cela aussi elle l'ignorait mais cela passait largement derrière l'évaluation totalement paniquée de la menace violente qui se manifestait contre elle et son intrus à l'arme à feu. Parlons-en, de l'arme. Peut-être pourrait-elle s'en emparer et profiter de la confusion pour s'enfuir et s'en servir à un moment plus opportun. Elle aurait pu aussi envisager qu'il en soit fait usage ici et maintenant, mais rien n'indiquait qu'amener un pistolet dans un combat de super-force ne fasse vraiment basculer l'issue avec certitude. Surtout que la nuit semblait avoir bien commencé de s'installer, avec l'obscurité et la désertion humaine qui va avec. Quant aux bêtes, elle espérait qu'elles ne viendraient pas se mêler à l'affrontement qui se dessinait. Mais, contre toute attente, une bête volante, noire comme le cœur des hommes, vint se jeter sur le colosse américain.

Tandis que le grand monstre humain se débattait du gros oiseau couleur d'obscurité, Lady Weeds n'y vit qu'un signal concernant sa survie. Combattre ou s'envoler, c'était les deux choix de dernière minute lorsqu'il s'agissait de survivre face à une menace potentiellement mortelle. Elle n'avait ni territoire, ni fierté à défendre en tout cas pas assez pour y risquer une défaite. Elle commençait à avoir les idées claires, ou en tout cas elle réalisait qu'elle avait des options. La trouille sans doute, la motivait à voir qu'elle n'était plus en cage, et qu'elle devait s'enfuir pour se venger un autre jour. Puisque le type au badge de feuille rouge l'avait lâchée, elle décida qu'il était temps de le laisser se débrouiller avec le corbeau et le costaud. S'il avait une once de bon sens, il les laisserait se débrouiller entre eux et de se rabattre le temps de planifier une éventuelle contre-offensive. Mais ça, c'était son problème et lorsqu'il se retourna, pris d'assaut par l'homme-fort furibard qu'il n'avait pas eu la présence d'esprit de fuir à temps, il n'eut droit à aucune marque de gratitude ou signe de connivence. Il n'avait qu'à s'arranger pour survivre, elle en ferait de même. Le fait qu'il l'avait aidé prouvait qu'il était probablement un idiot, que rien ne motivait ses actes sinon un faux sens de l'honneur, et par conséquent elle n'aurait aucune manière de négocier avec lui. Il ne voudrait rien, et quand on a vécu dans la quête de pouvoir comme Lady Weeds, on n'est pas sans savoir que l'on n'a jamais rien sans rien.

HJ: je suis encore dans le sujet, pas de panique. Même si pour le moment mon perso s'éloigne de l'action et ne t'apporte aucune espèce d'aide.
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Re: Rosebud (libre) Dim 7 Sep 2014 - 21:45


En face de lui, une masse uniforme de rage et de force, à ses côtés, plus personne... Daniel avait eu la bonté de sauver cette femme alors que rien ne l'y obligeait, sauf peut-être ses propres principes moraux. Toutefois, elle n'avait pas perdu son temps pour se sauver et le laisser en proie à ce monstre, qui n'était plus vraiment rien d'autre qu'une montagne de muscles saillants et dégoulinants de sueur. Le Dark Crow se retrouvait bel et bien seul. Son arme était déchargée et il ne pouvait pas perdre de temps avec ça. Son seul espoir de survie tenait dans ses propres capacités à encaisser les coups... Mais face à une telle force de la nature ; comment faire ? Il ne semblait posséder aucuns points vitaux assez proéminent pour être attaqué directement.

Tout ce que Daniel vit alors que le monstre courrait à sa rencontre, fut ses énormes poings qui, reliés tel une masse d'arme, allaient s'écraser sur lui. Sautant sur le côté, et sentant le coup le frôler, le Canadien sut sauver sa vie in extremis. Sans ses réflexes aiguisés par des années de travail, sans nul doutes qu'il aurait fini écrasé dans ce semblant de cratère qui décorait désormais le parking de la discothèque. En parlant de cette dernière d'ailleurs, un groupe de curieux s'était rapproché. Attirés très certainement par le coup de feu et par les motards qui les accompagnaient, ils s'étaient rapidement amassés le long des murs de la boite, et les regardaient combattre en poussant moult injures et constatations dont Daniel se serait bien passé.

Alors qu'il tentait sans succès de les faire partir, un choc lui parvint sur son flanc droit. Ayant oublié son adversaire une fraction de seconde, celui-ci en avait profité pour lui asséner un puissant coup qui envoya valser Daniel contre un amas de poubelles. A demi-assommé, et crachant du sang sur sa veste, le Dark Crow n'eut pas le temps de réaliser ce qui lui arrivait. A peine avait-il levé les yeux, que l'ombre gigantesque du monstre se dessinait sur lui. Les ombres ! Voilà une idée qui pourrait le sauver une nouvelle fois... Faisant appel eu Red tout autant qu'à ses propres pouvoirs, Daniel fit apparaître une nuée de corbeaux qui frappèrent le géant de toutes part.

Profitant de cette occupation qui ne durerait pas, le Canadien attrapa son arme et la chargea. Alors qu'il le visait, une main immense se referma sur sa tête. Les doigts se refermaient de plus en plus sur son crâne alors que la douleur commençait à lui faire perdre conscience. Les mains de Daniel se crispèrent une seconde, puis se fut le chaos... Le revolver tomba sur le sol, rapidement suivit par le corps inerte du Dark Crow...

Plus rien ne serait comme avant... Le dernier membre de la tribu des Crows venait de pousser son dernier souffle. Le chant des corbeaux d'ombres s'arrêta d'un coup, plongeant la scène dans un silence macabre... Il restait peut-être une solution, mais cette dernière semblait en avoir décidé autrement...
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Re: Rosebud (libre) Mar 9 Sep 2014 - 18:27

Dans sa fuite stratégique, Lady Weeds fut surprise par un choc physique, mou et désagréable. Le corps de femmes et d'hommes, des gens du coin qu'elle venait de percuter. Elle n'avait pas les idées claires. Elle eut un mouvement de recul, puis constata qu'ils semblaient faire la queue pour une sorte de club nocturne où il était question de s'intoxiquer d'alcools en mouvant son corps dans des tactiques de séduction, le tout dans un vrombissement sourd rythmé comme un cœur battant à tout rompre. Evidemment il n'avait pas été question de la laisser déduire ces réalités en paix ; les individus, qui paraissaient déjà atteints par une sorte de fièvre abrutissante de la nuit, sans doute du fait de psychotropes ou de ces horreurs tièdes que les américains osent appeler de la bière. Prise dans une cohue de défis et de protestations, la Lady n'eut de cesse de s'en défaire, n'usant ni de crocs ni de griffes car il lui était impossible d'intimider ou de surpasser en force une telle foule. Cette ménagerie ne connut de halte que lorsqu'un bruit sourd vint résonner, agitant le sol sous les pieds des acteurs de cette pantomime. Seule, Lady Weeds bien qu'encore mal arrivée dans cet environnement et gavée de toxines, parut comprendre ce que cela signifiait. S'éloignant d'un trait de ces groupements humains trop humains, elle observa quelques temps comment l'homme s'en sortait face au colosse de muscles qui refaisait le terrassement de ses poings formidables.

Elle buvait chaque développement comme si c'était la sève même d'Yggdrasil, vraisemblablement fascinée par l'impudence de l'homme en rouge et la surpuissance de son adversaire. Répugnée par les rites nocturnes d'accouplement et d'indécence de la faune humaine de la fête, elle était comme entre deux maux, et finalement le moindre serait sans doute la révélation d'un champion, vainqueur d'un match acharné, inutile de dire qu'elle était surprise par son goût soudain pour la boxe, même improvisée. Néanmoins malgré sa finesse et son agilité, l'homme qui l'avait sortie de sa captivité avait manifestement du souci à se faire. Un coup, une prise suffisait pour que sa défaite soit littéralement écrasante... et mortelle. Mais avec le recul qu'elle avait acquis, et même si son désir premier était la retraite calculée, elle remarqua que le bon samaritain n'était pas sans atouts bien à lui. Il paraissait être responsable de l'apparition de la créature à plumes d'ombre un peu plus tôt.

Quelque chose, quelque chose de profondément âcre et révulsant. Ce n'étaient pas les fêtards et leurs hormones d'adolescents compulsifs. Ce n'était probablement même pas les violents pics de testostérone qu'affichait sans aucun doute le géant à la masse musculaire si terriblement dense. C'était lui, l'homme à la feuille d'érable. Il dégageait une aura, à certains moments. Quelque chose qui aurait pu faire tomber l'exilée du Parlement des Arbres dans les pommes, si elle n'avait pas déjà eu son quota de perte de connaissance. Sans doute, était-il même responsable de ses irritations précédentes, de ses vagues de perte de contrôle et de troubles liés au charnier humain qui l'entourait. Il puisait littéralement dans le champ morphogénétique, dans le Red, pour convoquer céans le corbeau... La nuée de corbeaux même, matérialisés par la force des ombres, qui essayaient tant bien que mal de divertir la montagne de muscles des esquives et parés du type en uniforme. Il était un usager du Red, et par conséquent, il incarnait l'ennemi absolu, le rival éternel, la créature aux gènes multiples qu'on avait déchaînée sur le jardin de par le monde pour le piétiner et le déraciner.

Elle jubilait presque, lorsque l'autre être le tint, dans une poigne meurtrière, avec une possibilité inratable de lui broyer le crâne entre ses doigts de brute. Mais alors, et même si elle était trop faible pour en découdre de la situation, Lady Weeds risquait de manquer une occasion immanquable de comprendre ce qui motivait le monstre de testostérone à vouloir écraser le vil ami des bêtes. Après tout, le costaud était sans doute impossible à raisonner, il communiquait avec ses poings et comme tel, ne pouvait sans doute imaginer une menace ultérieure, un moyen duquel vouloir se protéger en concluant une alliance ; pire, esclave qu'il semblait être de ses hormones, non seulement elle ne pourrait défendre son honneur souillé, mais elle courrait tous les risques que celui-ci tente à nouveau ses approches de domination. Aussi, dans l'instant même, le fragment de temps précis où l'arme échappa de ses doigts désormais dénués de force, la Lady s'étendit sur le sol après un vol plané, une impulsion de ces horribles muscles qui remplaçaient l'écorce tant voulue du Green. Allongée à terre, à même le macadam et aussi vulnérable que possible, elle se saisit de l'objet de mort. Un revolver, pas si différent de ceux qu'elle se révélait connaître - mais comment ? Quel étrange vécu étranger son instinct de survie venait-il révéler ? - dont elle sentit le poids et le pouvoir entre ses faibles doigts. Elle pointa, n'importe lequel des deux atroces êtres qui agressaient sa liberté de vivre, du moment que le coup séparait la paire d'humains plus proches du monde sauvage des fauves et bestioles que tout autres. Elle voulait des réponses. Il en aurait été plus simple si elle avait eu les questions.

"Crève !"

Impossible de dire auquel elle s'adressait, elle détestait les deux mais aurait haï de voir l'un deux accéder à la victoire. La seule chose certaine, qu'elle n'avait supporté l'imminence de la domination du musclé. L'autre, elle avait décelé sa vraie nature mais la concernant il ne soupçonnait peut-être rien. Après le coup de feu, elle se détendit telle une tige en course vers le soleil, cogna l'abdomen du baraqué pour rebondir au sol et prendre un nouvel appui. Elle se força de tout son être pour offrir à l'homme en habit le plus proche concevable d'un regard complice.

"La forêt."

La puissance était un état de fait tel, qu'on avait du mal à en atterrir. Telle était la réaction, la seule possibilité instinctive de faire face, de gérer, en étant confronté à un impondérable qui venait briser la certitude d'une victoire gratifiante. Ils auraient donc quelques secondes, entre trois et cinq dans le meilleur des cas, pour garder assez de contenance afin d'arriver jusques à la végétation qui bordait le parc de stationnement. Dans le vieux Sud, homme et nature, civilisation et sauvagerie, se faisaient bien souvent de l'ombre et du voisinage, sans qu'on puisse réellement voir l'un des deux prendre réellement le pas et changer le statu quo. On en avait eu la preuve avec cet affrontement moins que courtois et le surgissement de la violence dans un contexte codifié, légiféré par l'homme et ses juridictions quant à la consommation et aux manières qu'il est de bon ton de trouver acceptables. Mais c'était aussi cette proximité de boisement luxuriant qui donnait à la société dans une atmosphère souvent nauséabonde, l'oxygène nécessaire à ses interminables soupirs d'aise et de malaise. Un second souffle, voilà ce qu'elle allait trouver en se réfugiant dans un environnement familier de racines et de branches. Elle proposait un tel répit aussi à son interlocuteur, qu'elle venait de sauver d'une mort certaine malgré son appartenance au Red. Sa fourberie aurait tout loisir de s'exercer à un autre moment, elle faisait tout pour s'en persuader. Et si la masse de muscles suivait, elle aurait une meilleure gestion du terrain pour le voir commettre la première faute exploitable.

"Si le chasseur ne vient pas au bois..."

Profitant de leur légère avance, à moins que l'autre ne renonce un peu trop vite, elle ramassa dans la litière rampante de feuilles et de mousses, un énorme bâton, branche morte de cyprès chauve (taxodium distichum). Le propriétaire d'origine, un ombrageux géant de bois trois fois centenaire, paraissait légèrement asséché par rapport à son idéal d'origine, proche des marais et des cours d'eau. Sans doute la main de l'homme. Mais tenir un de ses membres déchus comme arme contondante avait quelque chose de grisant, si bien que sûre de son fait, la Lady attendait de pied ferme l'arrivée du menaçant individu qui l'avait séquestrée, prête à s'allier au ranger pour mieux le désavouer au moment le plus opportun. Quand elle en aurait tiré quelque chose, de préférence le plus substantiel possible.
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Re: Rosebud (libre) Dim 14 Sep 2014 - 15:40


Des yeux sans vie bougeaient frénétiquement derrière des paupières clauses. Un instant. Juste un instant de plus pour voir le monde tourner autour de soi. Autour du monde lui-même. La vie semblait n'être finalement que le rêve inconscient de notre propre mort. Tout du moins, voilà la vie telle que Daniel la connaissait depuis le jour où il avait rencontré ses ancêtres. Eux, tous ceux qui avaient vécus avant lui, ceux-là même qui donnèrent naissance à son peuple. Dispersés par delà le monde, ils n'étaient plus. Non, lui-même était passé de vie à trépas. Son enveloppe charnelle s'affaissait sur un sol sec et froid, seule son âme dépassée par les ombres du Corbeau semblait encore planer au dessus du sol. Plus rien ne bougeait. Méandres et lucidité se mélangeaient en une peinture aussi rustre que belle. Ses muscles se raidirent, son esprit s'éleva jusqu'au monde qui l'attendait. Là, en cette plaine sacrée où des mustangs aux pelages d'ébène courraient dans les prairies, l'invitaient à se démener dans cette danse macabre. Daniel les suivit, se sentant enfin être à sa place.

Courant comme un cheval fougueux, il s'arrêta soudainement. Son corps devenait noir. Sa pigmentation passait de celle habituelle, à un nuage d'ombres. Tout sembla fuir ses sens. Il s'écroula. Réveillé dans un temps qui ne paraissait plus être le même, et tout aussi paradoxal que sa vie elle-même, être encore en un plein état de végétation vivace. La femme qui avait fuit se tenait droite face au géant de muscles et de colère. Elle tira à travers son corps. Mais nulle douleur ne l'envahit. Qu'était-il devenu ? Le Dark Crow venait-il de mourir ou seuls les rêves qu'ils faisaient nourrissaient encore son monde ? Il en ignorait encore les aboutissants... Tout ce qu'il savait, tout ce qu'il pouvait voir, n'était autre que son propre corps traîné sur le sol. Rapproché du monde du Green, il appréciait la sensation des arbres, leur prestance, l'univers qui s'étendait par-delà leurs branches immenses.

Sensations fugaces qui finirent par le quitter tout aussi vite que sa vue. Les ombres prenaient une fois de plus la place qui lui était offerte par Mère Nature. Au sein de son clan, aux côtés de son aïeux, Daniel avait apprit à observer les choses d'une manière différente. Et aujourd'hui encore ces apprentissages faisaient de lui une âme en peine, troublée par son propre désir de vivre. Le visage cruel d'Eclipso s'offrit à lui. Dans un éclat de lumière blafarde, son sourire sadique et carnassier découvrit des dents aussi tranchantes que les lames d'un rasoir. Douloureux souvenirs que ceux qui parvinrent dans l'esprit de l'âme torturée. Tout aussi emporté par cette vague de vie qui le quittait, Daniel ne pouvait, ne voulait pas disparaître ainsi.

Ses bras se tendirent sous sa volonté, frappant sans même s'en rendre compte, son désir allant au-delà de sa volonté, le visage émacié d'Eclipso ; Daniel se souvint de la promesse faite à ses pairs. Il protégerait son pays quoi qu'il en coûte. Ses prédécesseurs n'avaient jamais baissés les bras, et cet acte ne lui incombait aucunement. Bien au contraire, il devrait apprendre à vivre encore plus intensément. Il n'était pas qu'un simple Canadien, il était un Crow, le Dark Crow ! L'impulsion de sa volonté poussa son esprit à rejoindre son corps. Une nouvelle fois les ombres qui s'étendaient sur ses yeux tentèrent de reprendre le pas sur lui. Sans succès. La volonté était un être vivant dans les tréfonds de son esprit. Par delà son âme elle-même subsistait quelque chose d’innommable, certes, mais bien plus profondément, caché aux yeux de tous, son cœur battait à tout rompre. Pour sa propre vie, pour eux.

Tandis que cette femme si étrange était venue à son secours, Daniel se retrouvait avec une dette envers elle. Chose qu'il n'appréciait que moyennement, toutefois, l'un et l'autre verraient comment, ce dernier devrait la lui rembourser dès que le géant serait hors d'état de nuire. Pour cela, il leur fallait un plan... La femme s'était emparée d'un bâton de fortune, une étrange branche de bois que Daniel n'aurait pu nommer autrement. Ses connaissances en botaniques se limitaient assez sommairement, quelques plantes d'ornement, une ou deux dites grasses... Mais rien de plus. Néanmoins une idée lui parvint. Tout aussi fort qu'il était, son pouvoir devait le fatiguer énormément. Ainsi, ils devraient tout faire pour le fatiguer encore plus. De multiples attaques coordonnées permettraient de le mettre à mal. Pour cela, ils devraient l'un et l'autre connaître leurs capacités. A moins bien sûr que cette femme ne cache autre chose dans son chapeau de magicien...

De sombres cloches tintèrent au loin, le cris de stupeur remontaient les uns après les autres, démontrant que le monstre de muscle s'approchait de l'endroit où ils étaient. En une poignée de secondes qui semblaient être encore des heures pour Daniel, il expliqua à la jeune femme ce qu'il pensait faire. Ses pouvoirs liés au Red lui permettraient d'invoquer une nouvelle nuée de corbeaux d'ombre. Même s'il était encore bien mal en point, les douleurs lancinantes qui lui parcouraient le cerveau l'obligeant à rester appuyé contre l'arbre immense sous lequel il était.

Ce fut terminé. Le géant arrivait. Daniel tourna son regard d'ébène vers la femme dont il ignorait encore le nom, et se détacha de l'arbre. Son côté chevaleresque prenait une nouvelle fois le pas sur sa lucidité, si l'un des deux devait y laisser réellement la vie, alors ce serait lui. Le monde des esprits l'avait rejeté une fois... Alors pourquoi ne pas y retourner afin de voir s'il désirait réellement le laisser de côté ? Utilisant ses pouvoirs du Red complétés par ceux que les ombres lui offraient, le Canadien invoqua une nouvelle fois les oiseaux de ténèbres...

Elle devait survivre, ne serait-ce que pour son propre bien-être. Cette femme possédait quelque chose que le Dark Crow ne connaissait pas... Mais ce dernier savait pertinemment qu'elle serait la clef de ce combat...
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Re: Rosebud (libre) Dim 14 Sep 2014 - 23:55

Elle avait conservé l'arme de l'invocateur. Un revolver déchargé, cinq misérables sens humains, et un morceau de bois en forme de canne. Elle était belle, la Lady, belle et pleine d'avenir dans ce moment de vie ou de mort. Elle oubliait même, dans ce frisson des instants décisifs, que ceci n'était qu'une enveloppe dont elle devrait muer pour rejoindre son siège dans le monde des esprits. Mais, tout membre du Parlement des Arbres qu'elle était, elle n'était qu'une âme consciente avec toutes les limitations que cela implique. Et ici, les limitations du corps venaient s'ajouter à celles du spirituel. Son cerveau répondait à l'influx de sang, donc d'oxygène. Un processus qu'elle connaissait aussi à travers le monde végétal. D'ailleurs, bien qu'elle n'aie pas l'heur d'un fin stratège, dans son sort misérable elle formulait déjà une sortie de ce piège de chair en action. Elle avait permis au type en uniforme de la suivre, après tout elle n'avait rien résolu avec celui-ci, surtout qu'il employait l'énergie du Red pour déployer des créatures d'ombre. Un pouvoir intéressant, dont les applications dépassaient totalement la veuve végétale ; mais elle savait que quelque chose était à comprendre, à apprendre, à utiliser ici et après concernant cet homme à la peau tannée des natifs.

N'ayant pas bougé de sa station, elle fut rapidement coursée cependant par le monstre de muscles. Le braconnier à la force musculaire improbable, et à la pilosité tout autant glorieuse, faisait honneur à la race honnie du Red. Il n'était que mécanique du corps, et l'inertie le conduisit à commettre sa première et seule erreur nécessaire. Les pieds butant et trébuchant dans la multitude de pneumatophores (les poumons ou genoux de racines du cyprès chauve), il glissant et roula jusqu'à se rétamer contre l'écorce d'un géant bien plus solide que lui. Utilisant le crâne chevelu du chasseur jusque-là déchaîné pour y cogner son bout de bois, elle brisa celui-ci en deux, obtenant une cassure tranchante et pointue. Puisqu'il était de chair et de sang, puisque son cerveau allait manquer d'oxygène pour qu'un tel flux alimente et vienne irriguer chacun de ses muscles, elle savait qu'il peinerait à garder connaissance. Elle se doutait que ses vaisseaux sanguins seraient gros et voyants. Pulsant comme un poisson hors de l'eau, la veine du cou était là, comme si elle attendait que la Lady la tranche d'un coup bien placé. Ce qu'elle fit sans attendre de se faire prier, laissant le jaillissement spectaculaire illustrer la sanglante coupure qu'elle venait de lui infliger.

Dans l'énergie d'une fin de règne néanmoins, le colosse aux hormones, yeux injectés de sang et face pâlie, initia une tentative de se relever. Weeds n'avait pas prévu jusque là, mais puisqu'il était effectivement là avec elle, ce serait au tour de l'homme à l'Unifolié de mettre fin à toute résistance inutile. Il avait en effet déployé tout un vol de corbeaux alimentés par son étrange pouvoir d'ombre et modelés dans la matrice nourricière du Red, et ceux-ci paraissaient bien à même de picorer les dernières lueurs de lucidité chez le grand balèze au manque certain de discernement. Choisir ses batailles, voilà une leçon que Lady Weeds elle-même jugeait bon de tirer dès maintenant. Néanmoins, dans son orgueil ou par une absurde courtoisie, elle jugea bon de répondre à l'interrogation du type en rouge à propos de ses pouvoirs. Et nul ne savait, peut-être la curiosité le pousserait à reprendre contact, à révéler lui-même des secrets du Red et de cette sombre humanité qu'il représentait, celle des blasons et des uniformes qui en étaient frappés.

"Ma spécialité est simple. Je suis de la mauvaise herbe, rien de plus, rien de spécial. Quant à mes pouvoirs, je ne les exerce sur cette terre que lorsque mon esprit est ailleurs. Dans la terre elle-même."

Tout en parlant, elle fouillait le corps du gros costaud. Il allait de soi qu'elle devait prélever un trophée, un butin, une conquête. C'était peut-être le genre d'état d'esprit qu'elle détestait chez le chasseur, mais dans le fond, c'était qui elle était. Et on ne peut s'empêcher d'être fidèle à son essence. Elle trouva un gros couteau, d'ailleurs elle se demanda pourquoi il ne l'avait pas utilisé. Pas pensé, ou bien il anticipait qu'un des adversaires aurait pu le retourner contre lui ? Peut-être même connaissait-il se faiblesse face aux coupures. Un instant, la Lady s'abandonna à la théorie de la conspiration. Et si, et si... Et puis non. D'une manière très simple, elle le saurait. Mais pour ça elle devrait affronter le cerbère de la cabine. Elle échangea encore quelques mots et regards sans grand poids avec son sauveur en livrée rouge. L'ennemi. Elle ne devait pas oublier qu'il répondait au Red et à son parlement cent fois maudit. Quelques verbes, plus simples, des injonctions ponctuées de rejet, furent adressés à l'amérindien par la Dame.

"Aide-moi à ramener ce balourd dans sa camionnette, pour le reste je vais m'en arranger."

Impossible de dire si c'était parce qu'il avait connaissance du sort de son maître, mais le clébard aboyait et hurlait depuis l'habitacle du véhicule en question. On pouvait l'attendre depuis le petit bois, mais la vie continuait et il semblait que la faune nocturne de fêtards était déjà passée dans le caveau à la suite de leurs libations impies. Tout ici paraissait désert, si l'on exceptait la végétation voisine, les engins de circulation et le jappement étouffé mais audible de la bête de traque.
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Re: Rosebud (libre) Ven 19 Sep 2014 - 19:05


Avec une folie teintée d'une fougue sans précédent dans la mémoire du Canadien, la jeune femme sauta à sa suite et, le bâton taillé en biseau, trancha net la jugulaire du monstre gigantesque. Un sang écarlate s'échappa, déversant ainsi le symbole de la vie, offrant son salut à la Terre nourricière. Comme tout ceux avant lui et ceux qui le suivraient, Daniel possédait un respect sans limites pour celle qui leur avait donné naissance. Gaïa, la Terre, Tiamat... Peu lui importait comment les hommes et femmes la nommait, pour lui, elle était la Grande Mère, celle qui offrait toute vie à chaque chose qu'elle portait en son sein. Et c'était sans en douter que le Dark Crow se sentait si bien aux côtés de cette femme aussi étrange que belle. Son charisme arborait les mêmes stigmates que celle qui leur avait offert la chance d'être ici. Une femme du Green ? Plume-de-Serpent et les membres de la Justice League lui en avaient bel et bien parlé... Mais jamais encore Daniel avait eu la chance de rencontrer quelqu'un émergeant de ce monde.

Tout en offrant à l'homme le visage même des oiseaux qui l'emporteraient dans le monde des esprits, Daniel lui souhaita un bon voyage dans l'autre monde. Sur son dernier soupir, le géant maugréa quelques mots et un rictus ressemblant vaguement à un sourire satisfait se dessina sur son visage. Offrir d'une telle manière son corps à cette souffrance... Mourir par la main même d'une enfant de la Terre nourricière semblait être une offrande dont le goût amer ravissait l'homme. Ses muscles tressaillirent un instant ; puis ce fut le silence intense qui précédait l'envol de son âme. Portant une main à son Dreamcatcher, Daniel le salua tout en lui fermant les yeux.

Aussi parfaite soit-elle aux yeux de la Grande Mère, la femme se s'était aucunement présentée à Daniel. Toutefois, sans chercher à dissimuler sa lassitude et le fait même que lui donner réponse la dérangeait, l'enfante du Green répondit à une de ses précédentes questions... Le Dark Crow avait donc vu juste. Elle lui décrivit les principales lignes qui incombaient à sa vie. Elle ne semblait pas trouver sa place ici, pourtant, elle paraissait désireuse d'en apprendre plus... Ou tout du moins, c'était la manière dont Daniel le ressentait, le percevait dans son regard profond.

Le temps qu'elle lui parle Daniel s'était relevé et la dépassait désormais de plusieurs centimètres. Sans qu'il ne comprenne pourquoi, la femme se mit à fouiller presque frénétiquement les habits du géant. Finalement, sous la forme d'un couteau de chasse, elle trouva l'objet de son désir. Un trophée symbolisant sa victoire ? Etrange coutume que celle-ci... Mais Daniel la laissa faire alors qu'elle commença à soulever le monstre de muscles.

Passant un bras par dessus ses épaules, le Dark Crow soutint la majorité du poids de son côté. Bien plus carré et musclé qu'elle, il n'aurait que très peu de mal à déplacer le corps... Remontant jusqu'au parking, l'homme se rendit compte que plus personne ne faisait attention à eux. Sauf le chien du chasseur qui s'était mit à aboyer comme un perdu au moment même où son maître avait poussé son dernier souffle. Après avoir posé le cadavre contre l'arrière de la camionnette démolie, Daniel remonta vers l'habitacle. Le chien qui s'était retrouvé enfermé durant le combat avait toutefois réussi à se cacher sous les fauteuils. Alors que le Canadien tenta d'ouvrir la porte, le canidé montra les crocs en grognant.

Le seul lien que les deux êtres vivants possédaient venait du Red, la source de vie des animaux. Faisant appel au Corbeau d'ombre, Daniel fit comprendre au chien qu'il ne lui voulait aucun mal. Essayant d'ouvrir une nouvelle fois la portière sans succès, il brisa la vitre à l'aide de son coude et fit sortir le chien. Ce dernier, bien trop heureux de sortir de sa prison de verre et d'acier, lui sauta presque immédiatement dans les bras. Apparemment, le canidé l'avait adopté... Mais qu'est-ce que Daniel pouvait bien faire d'un chien ? Lui qui ne restait jamais très longtemps au même endroit...

Revenant à l'arrière de la camionnette, il s'adressa à la jeune femme du Green, se présentant à elle comme il l'aurait fait avec n'importe quelle femme rencontrée dans un bar.


- Mon nom est Daniel Crow... Et comment dois-je vous appeler Miss ?
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Re: Rosebud (libre) Ven 19 Sep 2014 - 21:06

Surprise, Lady Weeds sentit en elle plusieurs indicateurs corporels répondre en écho au jaillissement subit dans son esprit. Le regard de la magnifique créature avait détaillé l'homme tandis qu'il l'avait rejointe pour transporter la dépouille du vaincu. Son allié de fortune exhibait une force spectaculaire, qu'elle n'avait pas eu l'occasion de déceler jusqu'à présent, encore moins de mesurer. Il est vrai qu'à y regarder de près, il avait quantité de muscles et d'ossature charpentée qui saillait et se mouvait sous son vêtement coloré. Cela aurait pu être spectaculaire, attirant même pour n'importe qui, mais la Weeds n'était pas une personne du commun. Elle trouvait à chaque nouvel indicateur un ennemi naturel incarnant le Red, puissance rivale et tant honnie de Weeds et du cher Green qui avait été sa seule famille. Bien que la conscience végétale soit une forme de démocratie, la dame était du genre à être considérée plus royaliste que le roi. Autrement dit il n'aurait pas pu trouver public moins à même de succomber à son charme rustique. Mobilisant ses forces et sa grande maîtrise physique, il avait fait tout son possible pour actionner, puis forcer l'ouverture, de la portière du véhicule utilitaire. Signe supplémentaire de mauvais augure, le canidé bondit sur le gardien de l'ordre, non pas hostile mais plus affectueux qu'un jeune tournesol avec l'astre du jour. L'humain, affublé de son pitoyable acolyte canin, s'approcha à nouveau de notre mauvaise graine, et finit par révéler son identité. Sobrement, incisivement révélatrice. Il devait la nommer, l'appeler, l'apostropher, par un nom, celui par lequel elle se présenterait à son tour.
"Vous ne devez rien en ce qui me concerne, mais ceux qui savent me donnent un nom communément admis, celui de Lady Weeds, la dame de mauvaise herbe. Je ne m'en connais aucun autre, et ce n'est en aucun cas un signe de mes origines ou un nom significatif. Juste un sobriquet donné pour quelque chose qu'ils ont eu besoin de verbaliser. Mon sens de l'identité ne va pas jusque-là, vous pouvez m'appeler Hey, ou Toi là-bas, ça m'indiffère franchement."

Elle en avait sans doute trop dit, trop honnêtement ça c'est sûr. Mais, à l'instar des plantes carnivores, il faut savoir appâter son ennemi, lui donner quelque chose pour qu'il se rapproche et là en avoir assez vu. Et puis, la Lady n'était pas connue pour se cacher de qui elle était. Pour ceux à qui ce n'était pas évident, elle comptait d'ailleurs faire ce qui lui paraissait le plus naturel, faire paraître ses véritables couleurs jusque dans la pigmentation de son épiderme. Elle aurait le temps de le faire par la suite, mais les tatoueurs avaient beau aimer les jolies filles, leur mode de paiement alternatif favori n'était pas réellement au goût de notre herbacée solitaire. Et en même temps, il était toujours juste de révéler sa rugosité, d'avoir averti qu'on ne voit pas le monde de la même manière, sans pour autant dévoiler l'entièreté de ses épines. Comme toute bonne fleur d'aubépine, elle se félicitait d'ignorer elle-même à quel moment et de quelle manière elle transpercerait celui qui l'approcherait de trop près. D'ailleurs, lui, elle commençait à en voir une bonne partie des contours, mais il fallait encore mettre de la chair sur sa personnalité et sa nature profonde, plus encore sur les mécanismes qui faisaient fonctionner ses étranges talents.
"Je suppose que Crow n'est pas un nom porté par hasard, en revanche. Vous avez grandi dans une culture spéciale sans doute ?"

A part de très vagues intuitions, glanées en observant à travers la rumeur du vent dans les feuilles le peu de compréhension des civilisations humaines et d'aussi loin qu'elle le pouvait avec les autres membres du Parlement à travers le prisme des yeux des avatars successifs du Green, la Lady arrivait sur ce sol et dans ce temps avec quasiment aucune notion sur les peuples de la Terre. Sa vie d'avant effacée comme une mue automnale, si d'aventure la sécheresse de son écorce recouvrait un restant de cœur humain qui pusse avoir palpité et ressenti dans le brouhaha de leur monde. Ses visions déformées, jamais clarifiées de par son irrévérence de la vie carnée et un rejet en bloc de toute voie à l'empathie envers les sacs de sang. Mais voilà que, pour les besoins de sa quête encore indéterminée, elle s'intéressait, elle prenait des renseignements. Peu caractéristique de sa personne, d'ordinaire elle préférait rassembler faveurs, sacrifice et certitudes. Un monde plus nuancé semblait s'offrir à elle, mais son intuition lui susurrait qu'il était, comme de bien entendu, construit sur le sang et les ossements, la douleur et la trahison. Pourtant tout semblait si lisse, si reluisant, mais elle ne s'y trompait pas. Ce face à quoi elle était parfaitement ignare en revanche, était la camionnette, elle n'en avait jamais conduit, après tout elle venait d'un monde où le moteur ou même la roue, ne possédant pas d'âme ni la moindre goutte de sève, n'étaient ni les bienvenus, ni même pris en considération, et tout bonnement négligés de l'existence. Elle ne put qu'avouer à l'homme son inexpérience, tout en formulant l'ébauche d'une suite.
"Je n'ai jamais dirigé une roulotte de ce style, mais si vous allez en ville aussi, on pourrait faire l'économie de la location en prenant celle-ci. Après tout, son propriétaire ne reviendra plus la réclamer maintenant."

Le regard qu'elle jeta au jeune homme cette fois n'était pas analytique ou observateur. Il était expresif. Ce qu'elle força de toute son âme à communiquer c'était un sentiment de connivence et de mystère. Elle se voulait charmeuse et distante. Sans doute les phéromones, les retombées de la violence physique, les rendrait plus en phase qu'on aurait pu l'imaginer, et cela tournerait en sa faveur pour organiser la continuation des événements. Peut-être même qu'un besoin sincère de contact social se dissimulait sous la tactique de survie et de progression tissée par l'improvisation. La canidé la sentit, mais il ne paraissait pas la prendre pour une personne, d'ailleurs il fit lui uriner dessus, ce qui fut éviter par un pas de côté effectué prestement.
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Re: Rosebud (libre) Mer 24 Sep 2014 - 16:35


La femme-plante finit par se présenter de la même que Daniel. Incisive, elle se déclara sous le nom de « Lady Weeds ». Ainsi, après s'être présentée sous ce nom, elle lui expliqua que quelque soit la manière dont il l’interpellerait, ça ne lui ferait ni chaud ni froid. Devoir appeler quelqu'un par une quelconque onomatopée ne plaisait réellement pas à Daniel. Lui qui mettait un point d'honneur à garder le respect le plus basique à l'attention de tous ceux qu'il croisait, désormais il se faisait inviter à aller à l'encontre même de cette idée... Étrange femme que celle qui se tenait donc devant lui.

Le chien du chasseur qui l'avait suivit sembla ne pas faire plus attention à Lady Weeds que ça. Bien au contraire, il se mit à lui renifler les jambes, de la même manière dont il l'aurait fait au pied d'un arbre en pleine rue. Poussant un sifflement strident, Daniel rappela au chien qu'il n'était pas en place de faire ce qu'il s'apprêtait à réaliser. Le son parvint aux oreilles du canidé qui finit par le baisser en signe de respect et rejoignit son nouveau maître sans rien dire.

Daniel se pencha et commença à caresser l'animal, tout en lui grattant la tête de son autre main. Les chiens, comme tous les animaux étaient des créatures plaisantes, autant de par leur bonté naturelle que leur capacités à se lier avec autrui. Toutefois, certains étaient bel et bien des précurseurs en terme de refus d'obtempérer, et parfois, il s'avérait que ces dits animaux finissent pas posséder une image assez noire et négative d'eux-mêmes... Idée imposée par les humains ne cherchant jamais à comprendre leur manière de vivre... Les Corbeaux en étaient les dignes représentants, tout comme Daniel, ils n'avaient leur place nulle part, et pourtant, les uns comme les autres possédait une mission assez peu commune...

Mais son esprit se laissant vagabonder, il fut surpris que celui de Lady Weeds rejoigne le sien aussi rapidement. Elle lui demanda d'où il venait, et surtout, pourquoi il portait ce nom... Son teint quoique pâle à la différence de ses ancêtres, en comparaison principale de son aïeux, laissait par moment transparaître le fait qu'il avait bel et bien des racines qui s'enfonçait d'une manière paradoxale assez lointaine du pays où il vivait. Sans s'arrêter de caresser son nouveau compagnon de fortune, Daniel répondit à Lady Weeds laconiquement.


- Mon nom provient du peuple Indien qui vivait ici auparavant. Celui de mes ancêtres.

Il ne lui servirait à rien d'en savoir plus dans l'immédiat. Lui-même en ignorait encore beaucoup sur cette femme qui semblait être née directement du Grenn. Une enfante de la Terre-Mère. Le Dark Crow fut envahi par un immense respect pour cette femme qui réussissait à entrer en communion avec celle qui les avait tous vu naître. Somme toute qu'elle ne serait jamais rien de plus qu'une alliée  lors d'un combat aussi bref que dangereux, malgré tout, Daniel se sentait d'une certaine manière lié à cette femme. L'un et l'autre parlaient aux anciens, elle par sa vie dans le Grenn, lui, par le biais du monde des esprits... Ils étaient si différents et à la fois si proche que le Canadien cru avoir à faire à un être vivant né du même œuf que lui...

Chassant de son esprit torturé les images qu'elle faisait naître en lui, celles de voir un jour la création du Green et du Red rassemblé en un seul et même être, il écouta ce qu'elle disait. Parlant de la camionnette, Daniel dut y réfléchir quelques minutes. Au vu du choc et de la manière dont son ancien propriétaire s'en était servit, le véhicule ne démarrerait très certainement pas... Il leur fallait donc trouver autre chose. La moto de Daniel n'était pas loin, mais l'homme doutait encore du fait qu'elle accepte de monter avec lui.

Pour tout humain moyen, la moto rassemblait les bases même du risque sur la route : vitesse, manque apparent de protections, irrespect des règles imposés par la loi... Mais tout ça ne rentrait pas en ligne de compte du Canadien. Cela faisait bien des années qu'il roulait en moto, et donc, il connaissait son deux-roues mieux que quiconque. Se tournant vers elle, Daniel lui expliqua ses craintes, et mit même en avant sa proposition.


- La camionnette ne démarrera jamais... Je me demande d'ailleurs comment elle n'a pas fait pour exploser... (Un bruit sourd parvint à ses oreilles, et alors qu'il sauta sur Lady Weeds pour la plaquer sur le sol, le moteur explosa dans un bruit fracassant.) Voilà qui est fait...

Ainsi juché sur cette femme qui commençait de plus en plus à être attirante à ses yeux, le Dark Crow tourna poliment la tête et se releva. Lui tendant la main afin de l'aider à faire de même, il tourna la tête vers le canidé qui s'était protégé en fuyant vers l'entrée de la boite de nuit.

- Je possède une moto... Elle nous permettra de quitter St-Roch... Vous me suivez ?
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Re: Rosebud (libre) Ven 26 Sep 2014 - 19:14

La notion de culture, de terre d'origine ou d'adoption, de dissémination de la nouvelle génération, étaient familières à la dame du Green. Les peuples Indiens, les frontières des états et nations, beaucoup moins. Aussi se contenta-t-elle de noter mentalement la mention de ce groupe de peuples avant de cataloguer Daniel Crow comme un déraciné. Il vivait, dans une mesure différente, à des générations d'écart, ce qu'elle-même était en train de vivre, le passage d'une terre nourricière dans le monde des esprits dans son cas, à un monde de défis toujours pour elle, chez les hommes sur ce bon vieux globe en orbite, le monde des origines de la vie et des Avatars. Elle ne lui dit rien au sujet du chien, autre victime de sa petite diaspora, mais tout autant que Crow il était un représentant du Red, qui de surcroît la dégoûtait tout particulièrement avec sa fâcheuse manie de goutter ses liquides corporels quelle que soit l'extrémité utilisée, bavant et urinant de toute sa domesticité mal contenue. Le meilleur ami de l'homme, s'il n'était pas le pire ennemi de ses ennemis, n'était néanmoins guère apprécié par la parlementaire des esprits guides. Aussi, elle n'eut guère de pensée affective lorsque celui-ci finit par s'éloigner, incapable de monter sur le véhicule à deux-roues motorisé.

Oui car en effet Daniel avait proposé cette solution, apparemment la machine de la diligence de métal était trop endommagée pour produire autre chose qu'un grand craquement détonant. Quitter Saint Roch et ses dégénérés superstitieux adeptes de carnaval, de coucheries et de divers paramètres de débauche qui lui soulevaient ces organes honnis rien que d'y penser, elle la plante qui refusait la physiologie de la chair, pis encore dans ses phases d'hormones éclatantes, c'était une possibilité plutôt réjouissante. Que trouverait-elle, au-delà des pneumatophores et des marécages familiers, que la main de l'homme et ses engins avait pu inventer de multiples moyens pour profaner, c'était une question dont elle attendait la réponse avec une certaine appréhension. Elle était là pour connaître l'ennemi, le blesser si possible, se décharger de sa frustration surtout. Pour le moment, elle était surtout parvenue à un certain état de confusion et à se faire abuser par un horrible personnage. Sans parler de cette alliance maudite quoique pour l'instant bienveillante avec l'homme à la chemise écarlate. Son fut ferme et quelque peu hâtif, mais rien d'autoritaire.

"Pas de problème, Monsieur Crow. Quittons donc cet affreux bazar pour une région plus suave et subtile."

Acceptant la main tendue de l'homme, décidément serviable à un point proche de la stupidité suicidaire, la Lady se surprit à lui prêter des intentions moins que louables. Cela semblait peu probable, mais possible. Elle décida que l'aventure était la voie vers la découverte, et son tour de reconnaissance sur le territoire des hommes ne pouvait être efficace que si un effort de curiosité s'adjoignait à la vigilance afin de toujours la soutenir et ce, en mouvement. Elle ignorait vers quoi elle progressait, mais il va sans dire que c'était forcément moins pire que la constante frustration face aux caprices d'un Avatar peu à l'écoute de ses esprits guides, et du discours bien-pensant, immobiliste perceptible presque sans sous-texte de la majorité des vieux fossiles du Parlement des Arbres. Dans les lueurs de l'aurore, l'engin commença à vrombir sous son séant, et avant qu'elle ne réalise s'y être juchée, ils démarraient déjà, ses bras lovés contre le type à l'Unifolié, ses pieds fermement calés sur les marche-pieds.

"Où allons-nous ?"

Le lâcher-prise. Étonnant, autant que nécessaire. Et bientôt, les graines de la révolution.

HJ: pour moi, ce sujet est terminé. A toi de définir la destination et potentiellement, le prochain RP ensemble. Your move.
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