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La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman]

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La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Lun 16 Fév 2015 - 18:05

Gotham City, la ville des gangs et des fous. Il y avait bien des choses à dire dessus. Elle était grande, peuplée, corrompue, ravagée par la drogue et le crime, lourdement industrialisée, extrêmement polluée.

Et elle puait. C'est un facteur très important, quand on a un bon odorat, et qu'on vient de loin. Des coins puant, Miss Carlyle en avait connu un sacré tas, mais aucun ne puait autant que Gotham City. Une puanteur si écrasante et suffocante que l'on pouvait la ressentir à des kilomètres à la ronde. Plus efficace qu'un panneau sur la Garden State Parkway, plus efficace qu'une carte routière, plus efficace même que le plus foutu et perfectionné des GPS : se diriger vers l'odeur caractéristique de Gotham City, la véritable Cité du Vice, plus sûrement que Las Vegas ne le serait jamais. Une odeur si prégnante, si poignante, et pourtant, si unique, comme si le nez le plus fin et le plus fou d'une parfumerie émérite s'était lancé dans la quête folle de créer la plus répugnante et pourtant, la plus riche, des flagrances imaginables. On pouvait sentir les déchets, évidemment, les immondices s'accumulant sur terre autant que dans les égouts ou dans la baie, mais là où cela devenait intéressant et fascinant, c'était que la pollution industrielle se mêlait à la crasse humaine, à l'odeur caractéristique des nécessiteux incapables d'entretenir une hygiène corporelle, et puis il y avait l'odeur de la drogue, l'odeur de la poudre, l'odeur de l'alcool ... L'odeur de la peur, l'odeur du désespoir et de la déchéance. L'odeur du brûlé et l'odeur du froid, et même, au sommet, quelque chose d'impossible à identifier. Quelque chose que l'on ne pouvait finalement que classifier comme de la folie.
Aucun être humain censé ne se dirigerait de son plein gré vers un tel endroit. Ce n'était pas logique, ça n'aurait fait aucun sens, tant Gotham semblait aspirer vers elle, comme le siphon vorace d'un évier, toutes les traces de bonheur et de joie de vivre alentours pour les neutraliser, et les recracher en un terrible bourbier inextricable.

C'était peut-être pour cela, après tout, que Superman avait choisi Metropolis plutôt que Gotham. Il semblait évident que même le plus vaillant et incorruptible des justiciers finirait par sombrer dans la folie, confronté à la déchéance de toute une société.

Marian Carlyle, elle ? Bah, Divine était au-dessus de tout cela, métaphoriquement bien plus que physiquement. Il fallait dire qu'avec son expérience assez faible de la société humaine, c'était avec l'œil fasciné et curieux de la jeunesse qu'elle avait conduit vers la cité du Chevalier Noir. Un vieux camping-car d'occasion conduit par une Kryptonienne sur le New Trigate Bridge, imaginez la scène. Prise dans les bouchons et se faisant force pour ne pas utiliser ses pouvoirs et se retrouver avec tout ce que l'Etat avait à offrir sur le dos, la pauvre Marian en venait à réagir comme un humain des plus lambdas, à ronger son frein, un cigare au bec, en klaxonnant et en invectivant copieusement son prochain, allant au besoin jusqu'à accompagner le Mötley Crüe qui s'échappait de sa fenêtre ouverte avec divers gestes explicites et allégations remettant souvent en cause les orientations sexuelles de la parentèle de ses condisciples routiers. A ce stade, la folie de la ville s'emparait déjà d'elle de manière assez évidente, et les reflets de yeux virant à l'incandescent derrière ses Ray-Bans d'aviateur lui rappelèrent à plus d'une reprise qu'elle n'était véritablement qu'à quelques millimètres de provoquer un accident. A ce moment précis, toute puissante qu'elle était, elle n'en était pas moins une humaine des plus typiques. Rien de moins, mais certainement rien de plus, et elle détestait cela.

Non, véritablement, dans quel sombre bourbier s'était-elle fourré ? Pourquoi est-ce que sa curiosité l'emportait toujours sur son jugement ?
Aller visiter Gotham. Cette blague. Elle aurait dû se contenter de faire comme tout le monde : voler très vite dessus, prendre des photos, voler très vite très loin. Retourner dans un endroit sympathique.
Ah, non, c'est vrai, elle avait peur que les autorités ne repèrent un objet volant non-identifié. Elle.

Toujours était-il que maintenant que la nuit était tombé et qu'elle - certes uniquement virtuellement - épuisée par le trafic gothamite, Divine avait trouvé un obscur parking de l'East End pour garer son bahut, et se lamenter sur son sort. Une étape impliquant une profonde déprime, un paquet de cigarette, et son chat sur les genoux, qui se serait bien contenté de roupiller tranquillement sur le lit, son principal passe-temps, avec celui de tenter d'aller visiter le Grand Extérieur, et voler dans les bras de sa maitresse qui le réprimandait sur la folie d'un tel acte.
La marche des évènements changea du tout au tout quand une bande de fripons se mit à tenter de laisser son camping-car sur des parpaings.

Aspirée par le fait de servir la pâté du soir du tube digestif sur pattes qui lui servait d'animal de compagnie, avec un casque audio projetant de la "musique de sauvage" à plein volume pour couvrir l'horrible cacophonie de la cité et un joint particulièrement chargé en herbes aromatiques pour couvrir l'horrible senteur de Gotham la Nocturne, on ne pouvait réellement reprocher à ces gaillards de ne pas avoir remarqué que l'officine était inoccupée : la locataire avait la souveraine flemme de marcher, et ne ressentait pas plus que cela l'utilité d'allumer la lumière.

Ca n'empêcha pas son sang de ne faire qu'un tour lorsqu'elle put voir à travers la fine paroi de tôle une bande de malandrins s'activant à dévisser les roues de sa maison, et de faire ce que n'importe quel humain doué de sens aurait fait en pareille circonstance : ouvrir calmement la porte - c'est-à-dire en préférant passer ses nerfs en serrant les dents et en broyant la poignée plutôt que de l'envoyer voler d'un coup de pied rageur - et confronter les malfaiteurs avec une arme automatique - Dans ce cas précis, une AK-12 flambant neuve subtilisée à des mafieux russes qui avaient voulu se trouver durs en affaire. -

Elle tira une rafale pour les disperser, avec le caractère consciencieux d'un policier anti-émeute de république bananière, et ne reçut pour réponse que ce à quoi on ne pouvait s'attendre qu'à deux endroits du monde : Ladite République Bananière, et Gotham City.

Une barrage de cartouches. Dirigée en plein dans le buffet. Sur son manteau en cuir préféré - le seul. Celui qui était couvert de pin's variés représentant des personnages de dessins animés, des logos de séries, et des groupes de metal. -. Pire, ils emportaient une roue, et avaient lourdement endommagée un T-shirt "I want to believe" avec une tête d'extraterrestre récupéré dans une boutique de souvenir de Rachel, dans le Nevada. Un T-shirt deux tailles en dessous, particulièrement distingué pour les rendez-vous galants.

Autant dire qu'ils partaient en courant avec un bout de sa maison, et en laissant avec les lambeaux de ce qui lui servait de tenue de soirée sur le dos, révélant son soutien-gorge noir. Son autre objet fétiche, son porte-bonheur. Sa première tenue de "Super", si l'on pouvait dire. Un pantalon en cuir, un blouson en cuir, des sous-vêtements en cuir et une arme high-tech entre les bras. Tout cela ressemblaient aux principaux ingrédients d'un mauvais film d'exploitation des années 80, mais on ne pouvait en être plus loin.

" Ok. " susurra-t-elle entre ses dents, " Je veux bien être sympa, la jouer soft, compréhensive ... "

Non, cette fois, c'était la guerre, et elle balança une rafale dans leur direction générale pour le leur signifier ouvertement.

" Vous voulez la jouer hard ? Ok, on va la jouer hard. "

Elle se rua dans le bahut, bourra ses poches avec les chargeurs qui lui tombaient sous la main, et entreprit dans la foulée de se jeter à la poursuite des bonhommes. Son ouïe ne tarda pas à lui signifier qu'ils avaient trouvé refuge dans un entrepôt, à peine quelques rues plus loin, une planque servant à bricoler des véhicules volés pour les revendre, d'après les sons distinctifs de scie circulaire et de soudeuse. Un bâtiment qui abritait même un second sous-sol servant sûrement à cacher de la dope et des armes, car c'était bien ce que la grosse protection armée du bâtiment sous-entendait. Un bon effectif d'une quarantaine d'hommes de main impeccablement habillés, et lourdement enfouraillés. Elle entendit même les voleurs rentrer sur la remarque amusée du portier : "Qu'elle se pointe, votre furie ! Personne fait chier les entreprises de Black Mask, c'est pas pour rien qu'il est encore en liberté, hé !"

Oui, c'était peut-être vrai. Personne ne faisait chier ce "Black Mask", mais il était une autre règle de survie élémentaire, et qui ne se limitait pas à Gotham ou au milieu des affaires : Tu ne touches pas à Divine. Tu ne touches pas à son camping-car, tu ne touches pas à ses fringues, tu ne la touches pas tout court. Même pas dans tes rêves. C'était une règle primordiale, et une règle qui pourrait presque lui faire passer la ligne rouge. Comme dans "Yeux rouges méchants".

" Bonsoir, " fit-elle le plus poliment du monde, avant d'enchaîner par un, " Non, les yeux sont ici. Voilà. ", qui faisait référence au fait que, par sa grande taille, la pauvre Marian mal accoutrée n'était pas vraiment à hauteur d'yeux de son interlocuteur.

" Alors je vous explique, j'ai un problème avec deux espèce de #£@&<# d'€#$@%?§ de mouches qui ont cru malin de... "

La riposte fut cinglante et sans équivoques.

" Rien à foutre, retournes tapiner. " lâcha le portier en refermant la meurtrière.

" Que ... Quoi ? "

Du calme. Il fallait respirer. Ne pas laisser ce regard parfaitement décontenancé et cette démarche vexée se muer en rage mal placée ...

" Mais je vais me le faire, lui ... " soupira la kryptonienne en se passant une main sur le visage, avant de hurler, comme une promesse, en brandissant sa kalashnikov de dernière génération, " J'ai un flingue, espèce de trou du #£¤ ! Je sais que t'es là ! Si tu m'ouvres pas tout de suite, je te jure que je vais te l'enfoncer si profondément dans le fondement que les archéologues du prochain millénaire seront persuadés que tu te seras fait démolir par Vlad l'Empaleur ! "

Voilà, une démarche saine. Une démarche humaine. Avant tout, éviter d'exploser la porte et de créer un malheureux incident diplomatique à même de ramener les autorités compétentes ...
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Re: La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Lun 16 Fév 2015 - 23:35

La nuit, tous les chats sont gris, dit-on. C'est un dicton à peu près vérifiable partout, sauf à Gotham. Là-bas, dans les profondeurs les plus crasseuses de l'Amérique moderne, entre les poubelles renversées, les mares de sang et les seringues usagées, tous les chats étaient aussi noirs que la suie, parfois même tachetés de carmin et de vermeil. Ils fréquentaient la prostitution, la mort, la folie de ce caniveau à ciel ouvert. Il était d'ailleurs très étonnant de voir que la vie s'accrochait encore à ce bout de terre dévasté, calciné par les hommes et les dieux. Gotham City était une grosse bête noire et agonisante, un ours à qui il manquait un œil et une patte, que les tiques s'empressaient déjà de dévorer presque vivant.
Mais il ne fallait pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, pour continuer avec les proverbes classiques. En effet, depuis des années et des années, des gens masqués se portaient garants de la cité, la protégeant d'elle même et de l'extérieur. Ils consacraient leurs vies à combattre le mal sous toutes ses formes, de toutes les manières possibles. Beaucoup disaient du mal de Gotham, beaucoup pensaient du mal de Gotham, mais il était en parallèle autant un lieu incontournable du crime que de l'héroïsme. Action entraîne réaction, et de grandes figures se sont levées. Sentinel, Batman, ses disciples... Des formes de justice alternative s'étaient peu à peu hissées en boucliers de la cité du vice. La population restait très mitigée sur les actions de ces "héros", certes, bien que jamais, ces dernières années, elle ne se soit réellement dressée contre eux.

Seule exception: lors des récentes émeutes ayant secoué la ville, durant les trop nombreux attentats des semaines précédentes. Batman avait réglé le problème, avec l'inestimable aide de Wonder Woman et de Sentinel, mais le mal avait été fait. Le Chevalier noir était déjà en perte d'affection depuis Brother Eye; le temps qu'il mit à résoudre cette affaire urgente le fit descendre au plus bas de l'opinion publique.
Cela, en soi, ne le dérangeait pas. Il ne craignait pas la haine, le rejet, le regard de l'autre. Presque égoïstement, il ne travaillait que pour défendre Gotham et ses habitants, sans se soucier de ce qu'ils pensaient de lui. C'est bien pour cela qu'il continuait ses rondes nocturnes, seul ou avec son acolyte Robin.

Ce soir là, contrairement aux habitudes, un vent doux, frais s'amusait à caresser les toits et les châteaux d'eau. Et Batman était de sortie. Profitant du temps clément et de la lune resplendissante, il avait décidé d'aller patrouiller dans l'East End. On lui avait rapporté il y a peu un commerce de plus en plus important de Venin, la substance qu'utilisait Bane et ses plus proches alliés pour se booster. Cette drogue, pire que toute autre, procurait une addiction presque immédiate, si la mort ne saisissait pas l'utilisateur dès les premières transformations physiques.
Posé sur un toit, à décrypter tout ce qui passait dans la zone, il ferma les yeux, se concentrant sur la longue nuit qui l'attendait encore. Il était habitué à ces longs temps sans sommeil. Depuis près de douze ans qu'il faisait ça, il ne s'était jamais endormi une seule fois. Mais aujourd'hui, c'était davantage une fatigue intellectuelle qui le prenait et jouait avec lui.
Malgré sa réputation de héros torturé, le Batman essayait de ne pas trop se poser de questions inutiles. Il avait contracté une promesse qu'il ne contait pas rompre, et plus que tout, il ne pouvait plus s'en passer. Soyons clairs, Wayne n'aimait pas voir tout ce qu'il voyait. Il avait tellement plongé dans les méandres de l'esprit de monstres tels que le Joker, Harvey Dent ou Ra's Al Ghul qu'il en était désormais souillé.

"Celui qui doit combattre des monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes dans un abîme, l'abîme regarde aussi en toi."

Le Chevalier noir n'aimait que peu Friedrich Nietzsche, dont il pensait les réflexions trop extrêmes, trop violentes pour leur application réelle, mais il ne pouvait que s'accorder avec le philosophe sur ce point là. A trop s'infiltrer dans les catacombes du mal, le mal s'infiltre en soi aussi. Il le vivait constamment, sentant ses résistances s'étirer sous les assauts monstrueux. Mais jamais il n'avait cédé, et jamais il ne lâcherait la moindre parcelle de sa morale. Pas d'armes à feu, pas de meurtres.
Mais malgré tout, il lui arrivait encore de se demander si tout ce qu'il faisait avait un but, une finalité, un achèvement à un moment ou un autre. Question parfaitement humaine: arriverait-il à marquer de son empreinte le monde en mettant fin au crime dans Gotham ?

Batman rouvrit les yeux. Quelques secondes étaient passées, et toujours rien à l'horizon. Ni Venin, ni trafiquants, ni potentiel interrogatoire. Juste un calme étrange, contrastant avec la grouillante et intemporelle activité, comme on ne pouvait en trouver qu'à Gotham. Et, bien évidemment, East End oblige, le silence ne dura que peu. Des bruits de balles se firent très vite entendre à l'ouest de la position du justicier, et c'est sans attendre qu'il se dirigea vers l'origine des tirs. Quelques pâtés de maison plus loin, toujours posté sur les toits, il observa ce qui se passait.

Sortie d'une caravane en partie démontée, furibonde, une jeune femme aux cheveux noirs poursuivait des petits criminels qui allèrent bien vite se réfugier dans les pattes de poissons plus gros: des hommes de Black Mask. La raison de cette poursuite: le vol des morceaux de la caravane mentionnée plus haut, sans aucun doute. Toujours discrètement, le Batman suivit d'en haut la jeune femme qui avançait peu à peu vers là où s'étaient posé les bandits. Elle arriva devant l'homme qui gardait l'entrée, et commença à lui parler.

- Bonsoir, non, les yeux sont ici. Voilà. Alors je vous explique, j'ai un problème avec deux espèce de #£@&<# d'€#$@%?§ de mouches qui ont cru malin de...

Typique des hommes de l'ombre, la réponse se trouva être simple, nette, sans équivoques. Bien évidemment, même si les femmes ainsi vêtues étaient généralement associées à celles de petite vertu, celle là ne ressemblait pas à une prostituée. Sa réaction confirma les pensées du Chevalier Noir. Elle explosa presque, partant en insultes et grossièretés. Étonnamment, Batman ressentit chez elle une force inexploitée, incroyable, d'autant plus qu'elle lui disait quelque chose.
Mais ce ne devait être qu'une impression.

Voyant les choses s'envenimer, le justicier bondit, déploya ses ailes et plana rapidement jusqu'au duel qui s'annonçait. Il savait que ce entrepôt recelait divers dépôts et recels illégaux, et bien qu'il ait prévu de le démanteler, ce n'était pas sa priorité ce soir là. Fonçant droit vers le garde du bâtiment, le Dark Knight se retourna au dernier moment et lui imprima l'empreinte de ses bottes sur le visage. Un craquement retentit, que le Détective identifia comme étant une fracture de la pommette droite. Il ne se relèverait pas avant un bon moment.
Une fois au sol, debout dans la nuit, drapé de sa grande cape sombre, il se retourna ensuite vers la brune, et d'un ton froid, sans concession, lui dit:

- Je vais récupérer votre matériel, puis vous me remettrez votre arme.
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Re: La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Mar 17 Fév 2015 - 1:56

Jeez. Batman. Rien de moins que le seul et unique putain de Chevalier Noir. Il y avait deux choses que craignait officiellement Divine, à Gotham City : le trafic, et Batman. Certes, soyons honnêtes, le trafic était objectivement plus dangereux que Batman, et sacrément plus énervant, mais, laissez au cerveau d'une Kryptonienne l'analyse de tout ce qui pouvait arriver en rencontrant Batman. Allez, un fragment de ce qui lui passait dans la tête, les plus évidentes :

Elle refuse, il la frappe, il se pète le bras. Grillée.
Elle refuse, il la taze, elle lâche un "Outch" de circonstance. Grillée.
Elle refuse, elle se barre, elle est forcément grillée en disparaissant "subtilement" par les airs. Oui, grillée.
Elle refuse, elle le canarde, ça ne fait rien. Il riposte, ça ne fait rien. Elle propose un "match nul". Grillée, tout de même.
Elle refuse, elle le frappe, il explose. Grillée.
Elle refuse, elle le congèle, il est vénère, et elle se retrouve avec Batman ET Superman sur le dos. Grillée.
Elle refuse, elle essaye de le désintégrer, il esquive, il sort de la kryptonite. Grillée.

" C'est malin, il va beaucoup moins bien marcher, maintenant " lâcha-t-elle, blasée, quasiment en pilote automatique, alors qu'elle pouvait bel et bien voir toutes les terribles séquelles que le plus grand détective du monde venait d'infliger à ce qui devait être le plus malchanceux homme de main du moment. " D'ailleurs, j'suis pas une experte, mais je me demande quand même si avec les dents qu'il a perdu en percutant le bitume, il pourrait pas s'étouffer, là ...  "

Ah ... Divine et sa grande gueule. Capable d'analyser les issues de tout ce qu'elle pouvait sortir comme réponse à la proposition de Batman en une fraction de secondes tout en évaluant l'état de santé d'une victime et en se rendant compte de tout ce que la combinaison high-tech du héros pouvait transporter de molécules de plomb, et puis d'entendre et de traiter les informations sur les rats effrayés au bout du chemin et le gamin qui braillait en réveillant ses parents au troisième étage de l'immeuble de gauche au bout de l'autre côté de la rue, mais pas de se fermer à ce que sa langue pouvait balancer, inconsciemment. C'était plus fort qu'elle. Ca devait être génétique. Elle se demandait si l'originale l'ouvrait autant. De ce qu'elle en avait vu, elle n'en était pas loin.

" Enfin, je suis pas dentiste hein. C'est juste que ... par rapport aux films, tout ça. "

Oui, qu'elle y compte. Qu'elle arrive à berner le plus grand détective du Monde après un truc comme ça. Il y avait pire, cela dit : Elle aurait pu faire référence au lymphome naissant du gaillard. Non ! Silence ! Motus et bouche cousue. Zip. Divine n'est pas ici. Ici, il n'y a que Marian Carlyle, une jeune fille parfaitement normale de vingt-et-un ans. Juste une humaine, avec les vêtements déchirés et un fusil entre les mains, qui avait tout sauf le visage d'une prostituée ravagée par la drogue. Qui avait tout sauf le corps d'une vigilante ou d'une héroïne quelconque. Oui, on aurait dit d'elle qu'elle s'était évadé d'un asile. Oh, diantre : Arkham était précisément dans cette ville. Vite, changer de sujet, trouver une diversion.

" C'est pas un problème, hein, sinon, pour les pièces ... " bredouilla-t-elle en lâchant maintenant un léger rire gêné, que l'on aurait pu identifier à celui du criminel qui se retrouvait à essayer de monnayer sa vie avec la fureur sourde du Chevalier Noir, " Faut pas vous déranger ... Je veux dire, je peux m'en occuper toute seule ! Je paye pas de mine comme ça, mais je suis grande, majeure, vaccinée ... enfin, avec un système immunitaire en béton, héhé ... "

Elle brandit son fusil en souriant nerveusement, se rendant compte de l'absurdité relative de ce qu'elle disait, mais ne pouvant s'empêcher d'essayer de trouver quelque chose ... Le fait est que tout ce qu'elle avait pu imaginé s'était révélé non concluant. A vrai dire, elle n'était pas au niveau d'une confrontation avec Batman.

" ... C'est elle, mon système immunitaire. Ahem. Elle est très gentille, et puis très jolie. J'aimerais bien la garder ... Si possible ... "

Vulgairement parlant, si, elle était au niveau. Elle était même plutôt hors concours. Le problème était précisément là : lâcher une Kryptonienne essayant tant bien que mal de cacher son identité à Gotham face à Batman, l'un des enquêteurs les plus futés du Monde, c'était comme lâcher Mike Tyson face à Garry Kasparov dans un concours de rhétorique.

" S'il vous plaît ? " marmonna-t-elle en se mettant à serrer son arme timidement comme une espèce de dernière réelle possession. Elle n'avait jamais pensé qu'elle pourrait s'attacher à ce point à un objet si indubitablement inutile à sa condition intrinsèque. Quelque chose qui n'était apparu à ses yeux que comme un vulgaire jouet ... On en trouvait beaucoup, des armes, mais la pauvre Marian Carlyle, toute humaine qu'elle était, ne voulait pas abandonner ce qui apparaissait comme son seul moyen de subsistance.

Est-ce que la folie de Gotham s'emparait de la pauvre enfant, si vite ?
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Re: La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Mar 17 Fév 2015 - 23:22

Debout sous la lune d'argent et son écrin d'ébène, un malfrat ensanglanté à ses pieds, le Batman revêtu de sa grande cape sombre observait la jeune femme qui lui faisait face. Grande, large d'épaules, elle paraissait plutôt impressionnante, quoique pas si extraordinaire au premier abord. Des personnes physiquement développées, on en trouvait un peu partout, dans toutes les grandes villes du globe. De même, ce style vestimentaire était plutôt chose courante à Gotham, où de nombreux citoyens prônaient et réclamaient leur anarchisme, de la modération à l'extrémisme. Ce qui questionna réellement le Chevalier Noir, cependant, n'était autre que les marques de balles imprimées dans son manteau et son t-shirt. Selon toute logique, celui qui se retrouvait avec des vêtements perforés de la sorte voyait généralement son ventre lui aussi percé. Or, rien. Elle se tenait parfaitement droite, ne souffrait pas et ne laissait aucune trainée de sang derrière elle. Selon la vision infra-rouge de son masque, pas même une augmentation de température ne se laissait observer.

Deux options s'offraient donc au justicier: les trous dataient d'avant cette soirée, ce qui semblait peu logique, ou les balles n'avaient alors eu aucun effet. Vu la recrudescence de méta-humains et autres surhommes ces temps-ci, cela pouvait coller avec les faits. Néanmoins, un tel pouvoir se voyait être très utile, particulièrement s'il était manié avec de mauvaises intentions.

Le Chevalier Noir décela une autre incohérence dans la scène.
Gotham, une des plus dangereuses et terribles villes des États-Unis, souillée au point que Ra's Al Ghul lui même trouvait en elle l'avatar de tout ce qu'il combattait, comme théâtre de la lutte d'une jeune femme, armée d'un simple fusil d'assaut. Aucune personne saine d'esprit ne se serait aventurée dans ces rues de l'East End, seule, la nuit, ni n'aurait proféré des menaces et des insultes envers des hommes de Black Mask, parfaitement reconnaissables avec leur tenue.
Les réactions de l'inconnue étaient étranges. Très étranges.

Enfin, dernier fait intriguant: le manque de réaction face à l'arrivée impromptue du Batman. Certes, ce n'était pas là que se trouvait le plus incongru, mais cela participait à rendre inédite cette rencontre. Peu de gens pouvaient se vanter de rester stoïque quand le héros à la chauve-souris faisait son entrée. Cette jeune femme le pouvait, a priori.
La suite des événements ne put que confirmer les pensées du Chevalier Noir.

Entamant d'abord une conversation qui aurait pu être tenue dans un bar, autour d'un verre entre amis, elle commenta l'état du criminel qui pouvait voir naître sur sa joue des écorchures dues au goudron de mauvaise qualité et les marques de bottes du justicier. Puis, sous le silence toujours absolu de son interlocuteur, elle enchaîna sur des propos bégayants, nerveux, peu assurés, qui ne transpiraient pas la peur, loin de là, mais bien une forme d'inquiétude.

Cette inquiétude que l'on aurait d'abord pu penser dirigée à son encontre, ne concernait pas la jeune femme elle-même, mais son fusil. Intéressant... elle ne voulait pas que Batman s'empare de l'arme à feu; elle s'y accrochait comme une mère tenait son bébé contre elle. Elle en était presque venue à quémander qu'il la lui laisse.
Voulant continuer à observer l'inconnue qui lui rappelait pourtant quelque chose, le Croisé à la cape planta ses yeux blancs dans ceux de son interlocutrice et lui répondit toujours aussi placidement:

- Nous verrons cela. Venez avec moi, nous allons chercher les pièces de votre caravane.

Puis, il récupéra les clefs sur le corps meurtri du garde, ouvrit la porte de l'entrepôt, et passa devant. Posant les doigts sur son oreille, il lança une communication avec Barbara Gordon, son informatrice et soutien de l'ombre le plus important:

- Oracle, je voudrais le plan topographique du lieu. Le nombre de sous-sols, de salles. Le reste, j'en fais mon affaire.

- Bien reçu Batman.

Après quelques secondes de recherches ponctuées par des cliquètements de clavier, l'ancienne Batgirl termina l'appel par ces mots teintés d'amusement, sans doute devant la simplicité de ce qui était voulu:

- Voilà patron, tout ce que vous avez demandé. Oracle terminé.

Abaissant sa main, il se tourna vers celle connue comme Marian Carlyle, et lui présenta son avant-bras. D'un des points du brassards jaillirent les plans de l'entrepôt sous forme holographique avec un petit signe affiché à l'entrée.

- Voici où nous sommes, dit-il en présentant le symbole. Nous avons deux étages à descendre au maximum. Couvrez mes arrières, mais ne tuez pas.

A vrai dire, le Chevalier Noir n'avait pas vraiment besoin d'aide. Il avait connu pire et se débarrasser de quelques criminels, il savait faire. S'il faisait venir la jeune femme toute de noir vêtue, c'était pour la garder près de lui et vérifier ses hypothèses. S'il se trompait, elle récupèrerait ses affaires et partirait. S'il avait raison, il essayerait d'avoir une discussion avec elle afin d'évaluer la potentielle menace qu'elle pouvait représenter.
Dans tous les cas, il fallait se concentrer sur l'affaire présente: la confrontation prochaine avec des individus armés, dangereux, meurtriers et à la solde de Black Mask. Une véritable partie de plaisir.
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Re: La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Mer 18 Fév 2015 - 13:11

Dire que Marian Carlyle était relativement mal à l'aise était passablement en-dessous de la vérité. Son sourire était devenu parfaitement ridicule. Honnête, mais ridicule. Elle était quasiment au point de rupture de ses zygomatiques. Un sourire impeccable, superbe, du calibre de ceux que l'on trouvait sur les publicités, et pas dans les contres-allées de Gotham, et rien n'y faisait, c'était plus fort qu'elle. Il fallait qu'elle se précipite la tête la première dans la Vallée Dérangeante. Un Février de New Jersey, et elle se baladait à manches courtes avec un T-shirt troué, par des températures avoisinant le négatif et rien, pas même la chair de poule. Cela ne l'empêcha pas de soutenir le regard insistant de son interlocuteur masqué, avec son propre regard de gamine aussi innocente qu'irrévérencieuse. Ses yeux d'un impeccable azur étaient rieurs. Ce qui l'amusait résidant dans la tenue même du Chevalier Noir : les lentilles de son masque étaient, avec sa mâchoire, les seuls endroits de sa combinaison où elle pouvait voir l'intérieur du Batman. C'était comme regarder un cerveau flotter dans un bocal, c'était fort amusant, et si son sourire n'était pas si affreusement crispé, la kryptonienne se serait peut-être même laissée à un petit rire amusé.

Oui, mais voilà, l'heure n'était pas aux petits rires amusés. Elle était à maintenir le secret sur son identité, ou au mieux, le statu quo, et diantre, que c'était dur. C'était dur, mais elle se força très dur, se concentra du mieux qu'elle put, et elle se retint de balancer un "Salut Oracle !". Non pas qu'elle sache qui était Oracle, ni même si c'était un ordinateur ou une personne physique, mais elle aimait bien pimenter les conversations. S'infiltrer là où elle n'était pas censé se trouver. Oui, mais voilà, ici, ça serait dommageable.

Alors elle tomba le sourire et se concentra sur le gantelet de Batman, qui se mit à luire de fort belle manière. D'après ce que le Croisé de la Nuit prétendait, c'était un plan du bâtiment, et du reste, Marian était tenue de le croire sur parole : elle, elle ne voyait qu'un pâté de couleurs difformes et mal-fagotées saturées d'ondes radios, comme si son vis-à-vis avait trouvé intelligent de s'encastrer une bat-boule disco couplée d'une antenne relais dans le bras. C'était sûrement comme cela qu'il pouvait manipuler l'hologramme au vol et le toucher, mais dans l'absolu, entre se concentrer pour limiter son champ de vision de manière à rendre "confortable" cette reproduction, et se mettre sur la pointe des pieds pour regarder par-dessus le plomb de l'armure du justicier et regarder directement l'original, en échelle un-unième, avec en plus la totalité des malfrats, leur équipement, leurs positions, et même le battement de cœur affolé de celui qui était convaincu qu'il avait gagner la main de poker avec un brelan alors que celui qui lui faisait face s'apprêtait à sortir un quinte flush parce qu'il planquait des cartes dans ses manches ...

Non, attendez. Elle ne venait pas de se désintéresser complètement de ce que lui disait Batman pour regarder fixement le mur par-dessus son épaule, quand même ? Oh, merde. Oh, la conne.

C'était sa faute aussi ! Superman devrait lui dire que ses gadgets servaient plus à crever les yeux de Kryptoniens qu'à les aider ! Il y en avait marre, de devoir s'adapter aux autres !

" C'est un ... camping-car. Ahem. " hasarda-t-elle pour détendre l'atmosphère, en se concentrant sur le gantelet avec un air très intéressé. " Pas une quint- ... pas une caravane ! C't'un R590, même, modèle El Dorado ! "

Double faux-pas. L'hologramme avait disparu, et il s'était bien écoulé une minute depuis qu'il avait proposé d'aller récupérer les pièces de son véhicule ... C'était la roue, qui était importante, parce que le réservoir des toilettes ... Et bien, disons que Divine savait se retenir.

" Ah, et ne pas tuer ... Ahem. Certes. "

Il s'était déjà retourné, et elle posa son regard sur sa kalashnikov. Elle était très jolie, elle était couverte des derniers raffinements en matière de technologie capable de mettre à mort son prochain, y compris d'une lunette qui donnait l'impression à Marian de voir à travers les yeux d'une épave défoncée au LSD - c'était sûrement des infrarouge mise en mode user-friendly pour celui qui ne pouvait les percevoir ... -, mais ne pas tuer ? Il en avait de bonnes, le Batman : Les balles de ces trucs-là rentraient comme si de rien n'était dans un bonhomme normal ! Après la démonstration qu'il avait faite et sa carrière derrière lui, il devrait être au courant, pourtant : la physiologie humaine, c'est du flan ! Tu souffles dessus, et zou, ils s'envolent ! Elle savait bien qu'elle avait un espèce de pseudo-mode incapacitant sur ses yeux, pour chauffer suffisamment pour neutraliser en la persuadant qu'elle était brûlée au vingt-huitième degré alors que ce n'était que de l'excitation des nerfs au-delà du raisonnable, mais le problème était que ça, c'était ses yeux. Elle était normale, là. Ca voulait dire qu'il fallait se taire, et faire comme disait Papa. Pas de gros trou dans le sol, pas de piou-piou, pas de congélation, non. Rien. On marche, on ne flotte même pas.

C'est bien ça, on se traîne l'arrière-train. Un pied devant l'autre. Len-te-meeeeeent.

Non, vint un moment où c'en était trop, alors, arrivé au premier embranchement, elle mit la main sur l'épaule de Batman, fit un "Shhh !" très subtil, et passa devant. Après tout, elle était un peu la nouvelle Batgirl ! Un peu.

" G.C.P.D. ! Freeze ! Tout le monde à terre ! " beugla-t-elle en direction de trois bonshommes occupés à décharger d'un monte-charge des caisses métalliques contenant des fioles d'un curieux liquide verdâtre. Ils s'arrêtèrent, tournèrent la tête vers elle, ils la regardèrent. Elle les regarda. Bref, braquage de regard à la mexicaine...

Et ils dégainèrent en lâchant les caisses. Et ils tirèrent. Dans la tête de la fille parfaitement normale, les cas de figure fusèrent à nouveau, et alors que la première balle arrivait à sa hauteur, elle en était encore à se demander comment réagir ... Ca ne payait pas de mine comme ça, mais il fallait dire que quand on avait un temps de réaction de Kryptonien, c'était fabuleusement long. Pendant ce temps-là, elle aurait pu déjà leur foncer dessus, les boxer, exploser les balles au vol, les rattraper, les geler, faire le tour de la pièce en courant et peut-être même résoudre un sudoku pas trop compliqué. Elle aurait pu riposter aussi. Faire sa Clint Eastwood et tirer précisément vers chacun d'entre eux ... Non, même cela, c'était trop lent : elle aurait gagné du temps à lancer directement les balles.

Oui, mais voilà, Marian Carlyle était humaine. Elle n'était pas censée savoir cela. Là, elle était censé paniquer, haleter, avoir des sueurs froides. Elle était censé risquer sa vie, savoir qu'elle n'aurait pas le temps de réagir ! Au moins une petite chair de poule ?
Non. Par définition, un corps de Kryptonien trahissait tout de même un peu sa nature. Même après un coup de bazooka à bout portant, elle aurait tout juste l'air d'une fille qui se serait coiffé avec un pétard. C'était cool quand on était Superman et que l'on était censé être le pilier immuable de la Justice, mais là, c'était Marian Carlyle, qui était tout au plus un pilier de bar.

Alors elle fit la chose la plus normale qu'elle aurait pu faire, et plutôt que de riposter et de les aligner avec la facilité d'un pistolero du Grand Ouest, elle se jeta sur le côté, derrière le couvert le plus proche, avec d'infinies précautions pour ne pas avoir l'air trop suspecte.

" Mauvais plan ! " paniqua-t-elle toute seule, plus en ayant réalisé à quelle point elle était dépourvu de solution face aux adversaires les plus basiques que parce qu'elle avait réellement peur, " Mauvais plan ! Mauvais plan ! "
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Re: La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Jeu 19 Fév 2015 - 2:07

Batman était censé savoir tout sur tout. Sa banque de données était connectée à toutes celles du monde entier, et lui permettait d'accéder à presque toutes les informations qu'il désirait. C'était un fait aussi immuable que la vie, la mort et toutes ces choses dont le monde entier parlait tout le temps. Ici, le Chevalier Noir se trouvait dans une position délicate. Son tout était menacé car il ne connaissait pas la personne devant lui. Ce n'était pas uniquement de sa mémoire dont il était question, mais bien de l'existence même de la jeune femme avec qui il se trouvait en ce moment. Aucune reconnaissance faciale ne fonctionnait, aucune correspondance n'apparaissaient. Cela lui rappela étrangement, et sinistrement, les premières recherches qu'il avait effectué sur le Joker. Après que ce dernier eut commis ses premiers meurtres, le Croisé à la cape avait lancé des recherches internationales pour déterminer les origines de ce criminel si singulier, qui allait se révéler si pugnace, si monstrueux. Une simple toile blanche pour accueillir les premières giclées du sang des Gothamites.
Les faits se répétaient, et bien que rien n'ait encore été reproché à son impromptue compagnonne, le Batman sentit au fond de lui que celle qu'il avait à ses côtés pouvait se montrer plus que dangereuse. A surveiller, donc.

Et encore, s'il n'y avait que cette affaire d'identité manquante... Le comportement de la grande brune était aussi des plus bizarres, comme si elle, pauvre lunatique, ne savait jamais sur quel pied danser. Son air se faisait sérieux et l'instant d'après un grand sourire venait se graver sur son visage, faisant pétiller ses yeux azuréens. Non, ce n'était pas un grain de folie qui rongeait l'esprit de la jeune femme. Pour avoir fréquenté l'asile d'Arkham de trop longues nuits, le Chevalier Noir savait ce qu'était un fou, quelque soit la psychose qui l'atteignait.
Ici, l'inconnue paraissait juste... mal à l'aise, voilà. C'était la meilleure des descriptions. Mal à l'aise, comme si un élément du tableau qui l'entourait la dérangeait au plus haut point. En soi, n'importe qui se serait senti étrangement en compagnie de Batman, dans un entrepôt rempli de criminels. C'était, à défaut d'être naturel, logique.

Mais rien ne collait avec cette femme. Elle était un patchwork discordant d'émotions, de réactions et de paroles humaines. Chaque note était juste, mais la mélodie créée par l'assemblage non. Elle vrillait les oreilles, gênait de la manière la plus désagréable.
Et même là, au moment où il pointait leur présence sur l'hologramme, elle semblait ailleurs. Son esprit devait être parti vagabondé quelque part, loin de la préoccupation du moment. Sans la quitter des yeux, il laissa un silence s'installer, jusqu'à ce que son interlocutrice un peu perdue s'en rende compte. Sa seule réponse concerna son camping-car. Elle venait de reprendre le Chevalier Noir pour lui préciser qu'elle ne vivait pas dans une caravane, mais bien un camping-car. Il est vrai que la différence était flagrante: alors que la première nécessitait un véhicule pour être tractée, le second comprenait directement quatre roues et un moteur pour se mouvoir seul.
La femme lui précisa même le modèle. Dans certaines circonstances, ce fait pouvait se montrer intéressant, comme la traque d'un individu en fuite ou un marchandage, mais dans le cas présent, rien ne justifiait ces paroles. Ce n'était pas grand chose, mais cela détonnait avec l'ambiance qui régnait jusqu'alors.

Pas après pas, il avança ensuite vers le bout du premier couloir et, à l'angle, observa ce qui l'attendait. Trois ennemis, en train de déménager des caisses et des bocaux remplis d'un liquide verdâtre et fluorescent. Du Venin... voilà d'où venait le trafic d'East End: de cet entrepôt. Bonne nouvelle, cela permettrait de faire d'une pierre trois coups. Un, récupérer la roue de la carav... du camping-car. Deux, ralentir Black Mask dans ses affaires. Trois, stopper la circulation de la drogue de Bane dans le quartier.
Mais alors qu'il s'apprêtait à user de ses gadgets pour affronter ces trois malfrats, la jeune femme le surprit en posant sa main sur son épaule et en passant devant pour beugler:

- G.C.P.D. ! Freeze ! Tout le monde à terre !

Pardon ? Venait-elle bien de faire ce que voyait le Dark Knight ? Ce dernier, effaré, réagit extrêmement vite. Alors que les balles commençaient à fuser dans leur direction et que Marian se réfugiait derrière des parpaings en béton, le Batman lança des bombes fumigènes aux pieds des criminels armés avant de s'élancer. Le couloir restait suffisamment large pour que le héros évite les rafales de ses ennemis sans cesser d'avancer. Fendant le nuage opaque avec force, il se jeta sur le premier bandit, le plaquant au sol et l'assommant d'un coup de tête. Puis, évitant d'une roulade les balles de pistolet du second, il lui faucha les jambes et bondit sur le dernier.
Le Croisé à la cape repoussa le fusil d'assaut d'un revers de la main, l'arracha des bras de son possesseur, et l'abattit sur le crâne de ce dernier, l'envoyant rejoindre ses deux camarades au sol.

Le tout avait duré moins de quarante-cinq secondes, montre en main.

Toujours conscient de sa mission, le Dark Knight suivit et saisit à la gorge le sbire de Black Mask qu'il n'avait fait que chuter au sol et qui tentait pathétiquement de ramper hors du danger. Puis, il le leva dans les airs, au dessus de lui. Un coup au ventre, et le Batman commença à gronder sourdement:

- Y a-t-il d'autres fioles de Venin ailleurs qu'ici ? Parle.

Voyant son interrogé trop effrayé pour parler, le Protecteur de Gotham le jeta contre le mur et vint lui démettre la rotule d'un coup de pied.

- Je ne me répèterais pas.

- D'accord d'accord, mais ne me frappez plus !!!

Le criminel au sol, dos au mur, voyait son visage se couvrir de larmes.

- Je t'écoute.

- On a le dernier stock ici, les autres ont été pris par le Pingouin et Double-Face !!! C'est la vérité, je le jure !!!

- Tu ne me sers donc plus à rien.

Batman se pencha pour saisir la mâchoire de l'homme de main et lui repousser violemment la tête contre la paroi derrière lui. Le coup sonna le bandit, qui ne se releva pas.
Une fois son œuvre achevée, le justicier à la chauve-souris fit demi-tour et s'approcha à pas vifs de Marian Carlyle. Il ne savait rien d'elle, hormis une chose: elle les mettait en danger. Techniquement, s'il connaissait le peuple dont elle faisait partie, il se corrigerait pour dire qu'elle LE mettait en danger, mais là...
Toujours aussi froidement, les yeux plus plissés que d'habitude, il dit à celle qui l'accompagnait.

- Je ne sais pas d'où vous venez ni qui vous êtes, mais faire ce que vous faites à Gotham amène généralement à une mort rapide. Donc cessez immédiatement.

Malgré l'impassibilité que maintenait le Chevalier Noir, il était possible de sentir une sourde colère au fond de lui. Les actions de la jeune femme, en plus de le déranger, lui déplaisaient profondément. Une tête brûlée. Elle lui rappelait Jason sous certains aspects... mais jamais son ancien apprenti, désormais dans le camp des criminels, n'aurait eu l'audace de se cacher.
De mauvais souvenirs... il fallait arrêter ça, et conclure cette histoire au plus vite.
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Re: La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Jeu 19 Fév 2015 - 14:57

" Jeez, " souffla-t-elle avec un agacement certain, directement dans les deux trous du bat-masque, " dites-moi quelque chose que je ne sache pas, pour changer ... "

Elle souffla négligemment sur la mèche emplâtrée qui lui couvrait les yeux, pour la dégager, et se releva en s'époussetant prestement le derrière. Elle le sentait un peu différent de tout à l'heure. Un peu plus énervé. Un peu plus teigneux. Un peu plus énervé. C'était bien pour cela qu'elle se permettait quelques libertés : ça voulait bien dire que sa couverture marchait encore.
Non, sérieusement. Personne n'était suffisamment dingue pour avoir l'air énervé face à Divine. Est-ce que Batman s'énervait face à Superman ? A Wonder Woman ?..

En fait, Divine n'en savait rien, mais elle était suffisamment remontée pour la seule raison d'être passée pour une ignoble pleutre. " Mauvais plan ! ", en couinant ? Elle avait couiné en se jetant à couvert ? Ah, c'était rageant ! Oui, elle commençait à perdre sa zenitude. Elle commençait à perdre son "humanité" ... Qu'il continue à se la jouer, le Batman, et elle allait lui montrer comment on apportait une mort rapide, tiens. Elle allait leur repeindre tout le bâtiment, ça allait être propre ! Elle les exploserait un à un, eux, leurs jouets, leurs costumes sur-mesures hors de prix, leurs masques d'opérettes, et leur sirop de menthe à nom exotique !

Et puis après, elle irait trouver l'immeuble de ce Black Mask, et puis elle allait en faire le premier satellite artificiel habité de la Lune !

Sur le visage de Marian, l'air bougon s'effaça instantanément, alors qu'elle s'était levé pour aller observer le contenu des caisses : Est-ce qu'elle s'entendait penser, des fois ? Exploser des gens ? Avec ses mains ? Comme ça ? C'était des ordures, mais ils avaient une vie, aussi, et puis, tous n'étaient pas nécessairement des ... Ah, il y avait des comme elles, peut-être. Des qui en avaient peut-être marre, de leur vie, mais qui étaient obligés de s'y conformer ... Des comme elles ... Et elle s'imaginait en train de rigoler en tapant des filles, comme elle.
Comment elle en était arrivé là, déjà ?

Penchée sur la caisse de Venin, elle eût un haut-le-cœur incontrôlé. Son esprit lui jouait des tours, il s'amusait à imaginer dans leurs plus sordides détails une myriade de scènes peu ragoûtantes. Un brusque rappel à la réalité. L'idée de la romantique qui cherchait à imaginer le meurtre avant de le commettre, pour se tenir elle-même de trop abuser de ses "facilités". Une sorte d'éthique.

La Kryptonienne déglutit, son regard allant à se porter du liquide verdâtre aux victimes de Batman. Une vraie boucherie. Un carnage. Un véritable massacre qui avait pris un temps affreusement long. C'était un expert dans ce qu'il faisait. Un combattant confirmé, probablement l'un des meilleurs du monde, mais à le voir ... à l'avoir vu, entendu, à avoir observé les dégâts qu'ils faisaient, son ton catégorique ... On aurait dit qu'il voyait cela comme un amusement.
On aurait dit qu'il avait encastré la tête de quelqu'un dans le mur après un interrogatoire, comme ça, pour le fun. Il ne tuait pas, non. Il laissait à deux doigts de la mort ... Et comment pouvait-il être si sûr de ce qu'il faisait ? C'était un humain, sans capacités extraordinaires : pour Divine, elle constatait avec effroi qu'elle avait face à elle ce qui, dans son dictionnaire, venait directement illustrer la définition de "grand malade". Il semblait qu'il jouait avec le feu, avec tout ces joyeux gadgets et ces mouvements. D'ailleurs, ce n'était pas trop un sourire qu'elle faisait en voyant le pauvre bonhomme qui, pour avoir aidé le Chevalier Noir, avait écopé d'une fracture du crâne et d'une destruction de la jambe. Elle ne souriait plus, elle était médusée, horrifiée. C'était ce boucher qui lui interdisait de tuer ? C'était pour ça qu'elle avait pris la peine de se cacher ? C'était elle, la foutue criminelle ?

" Tout ça pour de la dope ? " couina-t-elle d'un voix suraigüe, en arrêtant son pied à quelques centimètres du sol, en serrant le poing à s'en blanchir les jointures, consciente qu'elle était en train de s'énerver au niveau "On va continuer cette conversation à l'étage du dessous.", " Si ils veulent se défoncer, vous devriez les laisser ! C'est leur problème ! "

On pourrait la taxer d'hyperémotivité, d'être une fieffé lunatique, et d'être incapable de comprendre la logique la plus élémentaire, mais le fait était plutôt que Marian ne maîtrisait pas son cerveau aussi bien qu'elle maîtrisait ses capacités physiques. A l'intérieur, elle passait de la peur, à la rage, à l'incompréhension, au désir de vengeance, à la joie et à l'ennui, par tranches de quelques secondes à peine, quand elle n'était pas le patchwork de tout cela à la fois. Ce n'était pas tant son esprit qui connaissait une pathologie exotique que la réalité qui était bien trop lente pour elle. C'est bien simple, du haut de ses quelques années d'existence réelle, elle était une jeune femme précoce. Elle n'avait rien eu de ce que le temps avait offert à n'importe qui d'autre pour se construire, elle devait se faire comme cela, au jour le jour. Faire le deuil d'une enfance qu'elle n'avait pas eu, et réagir avec cette même curiosité et ce même entrain puéril que l'on trouvait dans le désir d'expérimentation des enfants qui voulaient bien faire.

Sauf que là, on était en présence d'une enfant Kryptonienne qui voulait bien faire, et qui voulait surtout éviter que ce fou qu'un monde encore plus fou qualifiait de justicier ne fasse ce que elle, dans son joyeux monde fait de chats mignons, de jolis garçons manipulables et de soirées DVD passées à ingurgiter des tonnes métriques de délicieuses sucreries chimiques, qualifiait de mal.
Et sa notion du Mal était toute Kryptonienne. Superman était un gentil boy-scout candide, Divine était une gentille fillette très vaguement cinéphile qui puisait, faute de mieux, sa morale dans le cinéma, et là, allez savoir, elle se sentait comme Rambo. Dans le premier Rambo. Elle se sentait complètement incomprise, ou bien elle ne comprenait pas ... Non, Batman était le Shérif, et le Shérif semblait franchement méchant, dans le film. Il voulait briser des vies ? Super, qu'il se lâche ! Mais qu'il ne l'entraîne pas là-dedans !

Ouais, c'est ça, elle était Rambo. C'était pas sa ville. C'était pas sa guerre ... Mais maintenant qu'elle était prise dedans... Putain, ça allait chier. Batman avait versé le premier sang, mais là, il jouait avec des forces qui le dépassait. Peut-être qu'il ne savait pas faire autrement, peut-être qu'il n'était doué que pour inventer des méthodes de quasi-meurtres exotiques, mais là, il avait embarqué une Batgirl suppléante qui avait des vues divergentes. Des vues divergentes, et qui avait déjà su s'adapter à son environnement. Elle avait observé les dégâts, et avait percuté : pourquoi n'avait pas visé les jambes et les bras ? Évidemment ! Le seul endroit où elle tirait, avec ses armes, c'était quand elle jouait à la Xbox dans sa caravane ... Quelle idiote ! Pas étonnant qu'elle ait des problèmes à croire que la physiologie humaine faisait office de cible en carton pour son fusil, quand son seul entraînement était une bouillie de pixels !

Bon, il était temps de se ressaisir. De réparer les dégâts. La jouer propre l'amenait à se faire réprimander ? Bien. Batman voulait du Batman. Marian Carlyle voulait du Divine ... Mais elle devait rester humaine ... rester crédible ...
Rester crédible, mais sauver des vies d'un psychopathe patenté. Allez, courage ... Qu'est-ce qu'auraient fait Stallone et Schwarzenegger à sa place ?

" Vous savez quoi ? " fit la Kryptonienne en arrachant ses lambeaux de T-shirt, pour s'en confectionner un bandana qu'elle se passa dans les cheveux, " Il vaut peut-être mieux que vous ne sachiez rien de moi. "

Elle se dirigea vers les hommes à terre, pour récupérer leurs armes. De ce qu'elle pouvait constater, il ne restait pas beaucoup de munitions. Un mouvement vif de la tête vers la suite - soit le mur, et ce qu'il y avait derrière. -. Analyse rapide. Retour vers les armes. Il lui manquerait trois balles, si elle y allait uniquement avec les armes des hommes aux masques ridicules.
Bah. Elle aviserait. C'était trop dangereux pour son bébé, de toutes façons. Elle était bien trop joli pour se risquer à prendre une balle perdue ... Il faudrait qu'elle lui trouve un nom, maintenant qu'elles partageait de si curieuses aventures. C'était un peu comme son Excalibur, ou son Mjöllnir ... Non, mauvais exemples. Ces armes n'étaient pas de joyeux compagnons chouchoutés. Elles servaient à combattre, à massacrer. Non, l'AK-12 de Divine, c'était son totem. Son porte-bonheur. C'était comme un chaton qui ne faisait pas exprès de se soulager partout dans le camping-car et qui ne se plaignait pas quand il n'avait pas sa pâté.

Et c'est bien parce que c'était l'une de ses meilleures amies qu'elle se libéra de la sangle avec d'infinies précautions, pour la passer sur Batman.

" Si vous veniez d'où je viens. Vous seriez £#§%@& de mort ! "

Ce n'était pas une blague. Elle le pensait vraiment. Son bulletin de naissance était un foutu coup de poing de Power Girl qui l'avait fait volé sur plusieurs centaines de mètres. Elle avait dû se battre avec ce qui aurait pu lui servir de plus proche parente en sous-vêtements, dans la neige, par -70 degrés Celsius avec des rafales qui devaient bien taper dans le 120 kilomètres à l'heure, et cela, moins d'une demi-heure après être sortie de sa cuve. Elle s'était faite baptisé aux rayons rouges ... Oui, de ce point de vue là, elle s'estimait provenir d'un quartier difficile. Gotham, c'était Disneyland, à côté !

" Vous voulez que je cesse ? Vous avez pas vu la boucherie que vous faites ? " pesta-t-elle, en lui tapotant le plastron d'un index rageur, s'arrêtant pour poser un silence lourd de sens avec une expression bougonne puérile, surtout en considérant son bandana, " Gardez-moi ma copine, et laissez-moi soixante secondes. Vous voulez faire la guerre au crime ? Vous allez l'avoir, votre %<@#&} de guerre ! Mais tant que je suis là, elle va respecter la convention de Genève ! "

Et joignant le geste à la parole, elle retira son lambeau de manteau. Un bandana, un soutien-gorge et le pantalon en cuir. Un fusil en main, un deuxième sur le dos et un pistolet à la ceinture. Ce n'était pas un resucée  de Rambo, c'était plus un pastiche, car toute physiquement imposante que Marian Carlyle pouvait être par rapport à l'avenante jeune fille lambda, elle restait dépourvu des cicatrices du vétéran d'une quelconque guerre.
Qu'importe, puisqu'avec sa tête de guerrière, elle se dirigea vers la porte menant vers le couloir qui débouchait sur un hall adjacent, et elle ferma derrière elle. Avec un coup de crosse dans la poignée. Plus de poignée.

Bon, il ne restait plus qu'à nettoyer tout ça, en soixante secondes. Ca ne devrait pas être compliqué. Avec Batman bloqué derrière la porte, elle aurait au moins quelques dixièmes de...

Ah, merde, elle avait oublié. Maintenant qu'elle les voyait, c'était un peu plus évident. Il y avait déjà plusieurs bonshommes qui étaient en train d'accourir pour voir ce qu'il s'était passé, avec tout ces cris et ces coups de feu. Bon, c'était grillé pour l'infiltration.

" Écoutez, les gars. Vous êtes pas obligés. C'est ... "

Inutile. Oui, mais personne ne semblait recevoir le mémo. Bon. Pas le temps de jouer aux cowboys pour ceux-là, elle aurait déjà l'air suffisamment troublante en ayant réussi à traiter avec les balles dans un corridor à peine assez large pour passer à deux de front. Allez. Elle fonça sur eux en "glissant" sous la douche de plomb - Bon, certes, en volant le plus bas possible sans laisser de marques au sol... -, et en attrapa un par le cou pour le plaquer contre un second, contre le mur. Elle dégaina le couteau de chasse qu'arborait sa victime et l'utilisa pour faire une brochette de mains contre le mur. Elle se retourna à temps pour attraper au vol le poing du troisième larron qui avait lâché son pistolet pour tenter la sournoiserie. Elle évita son regard paniqué pour se concentrer sur le genou, et dégaina l'arme qu'elle avait à la ceinture pour lui coller prestement un pruneau dans la jambe. Incapacitante. Incapacitante, avant tout !

Ah, merde, elle était tellement concentrée sur le genou qu'elle s'était oublié sur la main. Elle l'avait senti forcer, et par réflexe, elle avait serré plus fort. Elle avait senti quelque chose craquer ...
Bon, ce n'était pas grave. Personne n'avait rien vu. Il fallait juste éviter d'en toucher d'autres. Laisser celui-là l'injurier copieusement ... Au moins, il n'était plus une menace...

C'était vrai que Batman donnait l'impression qu'il forçait, mais maintenant qu'elle y était confronté, la pauvre Divine avait beaucoup de difficultés à rester Marian.

Allez, pas de temps à perdre. Voilà, elle court vers le disjoncteur. Ok, deux hommes de mains. Réflexe, elle se retourne. Une balle par genou. Facile. Le courant, maintenant. Un coup de crosse dedans. Trop facile.
Non, attendez, la lumière doit s'éteindre. Ce n'est pas le pilier qui est censé s'effondrer, ni l'arme qui doit se briser ... Bon. Le coup de crosse ne solutionne pas tout. Allez, personne n'a rien vu. Un petit coup de vision dedans. Ca solutionne tout, ça.

Oui, mais voilà, la pauvre Divine avait oublié de prendre en compte un homme de main de plus. Il y en avait des tas, dans le périmètre. Cet homme de main là était gros, teigneux, particulièrement musculeux, et particulièrement entreprenant. En fait, il était même plutôt rapide, puisqu'à peine la jeune femme s'était retournée pour lui aligner une dragée dans les jambes comme à ses comparses, qu'il était déjà sur elle. Au demeurant, il ne semblait même pas affecter la balle qu'il avait dans la jambe. Elle y était, pourtant. Ca, Marian la voyait. Cette fois, c'était à elle d'être surprise.

Réellement, authentiquement surprise, et dans le mauvais sens du terme.

L'autre était amusé. Il rigolait fort, et grassement, et il attrapa le pistolet de la main de la Kryptonienne, profitant de cela - et de l'infinie minutie qu'elle mettait à ne pas serrer justement trop fort l'arme. -, tandis qu'il l'arrachait de terre de sa main libre par le coup. Il fit une petite démonstration de ce qui devait sûrement être un sacré numéro d'Hercule de cirque en broyant le pistolet devant les yeux de sa prisonnière, ce qui eût pour effet de lézarder la manche de son costume sous la pression d'un biceps colossal, et injecté de veines verdâtres.

" C'est que de la gonflette. " souffla l'aspirante Bat-justicière, n'arrivant véritablement pas à se départir de sa répartie de cour de récréation.

" Et marrante, en plus ! " rétorqua le drogué en rigolant, " Dommage, chérie, on aurait pu follement s'amuser, ensemble ! "

Et là, il se mit à serrer.

Et la situation devint très vite fort embarrassante, sinon suspecte...
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Re: La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Ven 20 Fév 2015 - 23:27

Cette jeune ingénue semblait horrifiée de ce que venait d'accomplir le Chevalier Noir. L'élimination non-létale des menaces lui avait déplu. Se défendre et combattre le crime à Gotham la rendait émotive. Elle n'était pas une justicière, certes, mais quiconque vivait ou envisageait de découvrir la ville du vice se devait d'en appréhender toutes les facettes, toutes les subtilités. Instiller la peur par la violence, le spectacle, la douleur, voilà un point essentiel de la lutte contre les monstres gothamites. Metropolis n'avait pas besoin de tels agissements de la part de ses héros. Le mal n'y était pas enraciné. Gotham, elle, semblait attirer les pires malfrats de la planète, et les rendre pire encore.

Et c'est dans tout cela qu'était plongée Marian Carlyle, et ses étranges idéaux. Elle ne semblait pas comprendre que tout ce qu'accomplissait le Batman n'était autre que la résultante d'années de pratique, d'une expérience faramineuse. Si l'on disait souvent que le Croisé Masqué avait lancé l'héroïsme dans ce coin sombre des États-Unis, ce n'était pas pour rien. Il avait formé tous les combattants sans pouvoirs, leur offrant la possibilité de devenir les porte-étendards de la liberté et de la justice dans un lieu rongé par l'injustice et la décadence.

Cela, Marian Carlyle ne semblait pas le comprendre. Elle pensait naïvement que s'ils voulaient se droguer, il fallait les laisser. Or, deux choses coinçaient. La première était la loi. Si les lois existaient, ce n'était pas pour rien. Elles garantissaient un ordre public offrant aux citoyens et aux non-citoyens la possibilité de vivre leur vie avec un minimum de risque. Et si la loi disait que la drogue était interdite, ce n'était pas pour rien: elle faisait s'extirper de la réalité le consommateur. En soi, ça pouvait ne pas avoir l'air bien dangereux, mais les réactions observées sous utilisation étaient erratiques, sans logique et pouvaient représenter une menace pour les gens alentours.
La deuxième chose était que cette drogue s'appelait Venin. Et le Venin servait majoritairement à Bane et à ses hommes pour augmenter leur masse musculaire, au détriment de leur vie parfois. L'utilisation de ce produit n'était pas anodine, et avait majoritairement comme but d'assoir sa domination, de braquer des banques ou d'imposer son bon vouloir à ceux qui refusaient.

Cela, Batman et les forces de l'ordre ne pouvaient le permettre.
Alors qu'il s'apprêtait à expliquer toutes ces choses à la clone de Power Girl, qui ne semblait décidément comprendre rien à rien, elle lui répondit avec violence tout en passant dans ses cheveux un bandeau que n'aurait pas renié le chef d'une escouade commando de film de série z. Valait-il mieux qu'il ne sache rien d'elle ? Le Chevalier Noir n'était pas d'accord. Comment contrer quelqu'un si on ne savait ni qui il était, ni ses origines, ni rien du tout ? Or, à Gotham, savoir comment fonctionnait les gens était essentiel. Ne pas savoir, comme avec le Joker, provoquait généralement les pires catastrophes, et c'était à travers la connaissance et la parfaite maîtrise des sujets que le Batman vainquait.

Dans le même temps, l'inconnue mit son fusil dans les mains gantées de noir du Dark Knight, qui le posa presque aussitôt sur une pile de cartons. La jeune femme s'était déjà mise en quête d'armes et munitions. Avec suspicion, le justicier plissa les yeux et s'approcha de celle qui l'accompagnait. Geignarde le temps d'un moment, déterminée l'instant d'après, elle restait un mystère pour lui. Son imprévisibilité forçait cependant le Croisé à la cape à se méfier. Il ne fallait surtout pas la laisser faire n'importe quoi, comme son cri quelques minutes auparavant, qui avait alerté les trois sbires.

La laissant d'abord faire, Batman déchanta quand il la vit s'armer et se vêtir comme une guerrière alors que, de prime abord, elle n'en avait aucun des aspects. Cependant, la voyant ainsi, en soutien-gorge, il fut pris d'un doute. Et si... non, ce n'était pas possible... Peut-être bien. Il avait souvenir et traces de quelqu'un qui avait trembler les kryptoniens il y a quelques années. Il n'avait cependant pas de nom à mettre sur cette figure.
Cette hypothèse tendait à expliquer les trous dans la tenue, l'absence de peur, les réactions étranges... elle jouait un rôle. Au fur et à mesure, les pièces s'assemblaient.
La jeune femme vint ensuite lui tapoter le torse de son index, furieuse.

- Vous voulez que je cesse ? Vous avez pas vu la boucherie que vous faites ? Gardez-moi ma copine, et laissez-moi soixante secondes. Vous voulez faire la guerre au crime ? Vous allez l'avoir, votre %<@#&} de guerre ! Mais tant que je suis là, elle va respecter la convention de Genève !

Et avant que le héros ne puisse faire quoique ce soit, elle était partie dans la pièce suivante pour se débarrasser des hommes de main de Black Mask à vitesse grand V. Soixante secondes, vu le nombre qu'ils étaient, c'était trop peu, même armé, même pour le Chevalier Noir. Cela aiguillonna encore davantage l'esprit du Détective vers la possibilité kryptonienne. Il tenta de franchir la porte à sa suite, mais malgré tous les efforts du Batman, elle ne voulut rien entendre. Un coup d'épaule, deux coups d'épaule, un de pied... Rien de rien.
Il porta la main à sa ceinture et en sortit une espèce de petit pistolet, beaucoup plus court que les ares utilisées par les hommes normaux. Il passa l'embout sur la porte puis se recula pour se cacher dans un angle.

Un bouton plus tard, la porte explosait, laissant le passage libre au Dark Knight. Il fit face à une Marian Carlyle dans une position assez étrange, dans les bras d'un gros sbire, plus gros que la moyenne. Le tissu de ses vêtements était tendu, ce qui poussa Batman à activer sa vision de détective. Effectivement, une petite quantité de Venin circulait dans ses veines. Pas assez pour provoquer une transformation totale, mais assez pour causer divers soucis.

Sans attendre un instant, il envoya un petit projectile se ficher dans le torse du boursouflé, qui éclata de rire, avant qu'un fort courant électrique ne vienne le parcourir de part en part et ne le fasse reculer. Un nuage de fumée sentant le brûlé s'éleva, particulièrement désagréable.
Si la jeune femme était bel et bien ce qu'il pensait, elle ne subirait pas de véritable dégâts.
Puis, il franchit l'espace le séparant de sa cible, et lui lacéra l'arcade sourcilière avec ses griffes, faisant couler le premier sang. La blessure n'était pas bien profonde, mais allait gêner la vision du monstre.
Ce dernier lâcha immédiatement la jeune femme, qui retomba au sol.

- Aidez-moi au lieu de jouer à la demoiselle sans défenses.

Batman avait presque aboyé ça, cherchant à énerver la probable kryptonienne. Il espérait la motiver suffisamment pour la pousser à se dévoiler et à mettre complètement KO le grand drogué.
Dans le même temps, il recouvrit ses gants du gel explosif qui avait servi pour la porte, et se prépara à affronter au corps à corps l'homme de main boosté au Venin.
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Re: La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Sam 21 Fév 2015 - 11:06

L'avantage de l'invulnérabilité, c'est de ne rien sentir. Être résistant à un point tel que le sens du toucher en est pratiquement neutralisé, et qui était peut-être là le seul sens que les humains pouvaient se vanter d'avoir supérieur aux Kryptoniens, si tant est qu'il soit le même. A vrai dire, si elle n'y faisait pas expressément attention, Marian ne sentait rien. Pas le froid, pas l'humidité, pas même le contact de la main son agresseur, qui serrait pourtant à s'en faire péter les jointures. C'était sûrement cela, aussi, qui causaient tout ces problèmes d'oubli de sa propre force, et cela qui lui fait percuter quelques secondes après l'action ce qu'il s'était réellement passé.
Elle était censé s'être pris 50.000 Volts. Sûrement plus, en considérant que son agresseur avait tout bonnement la peau cloquée par endroits, et lui non plus n'avait pas cillé. Il n'avait pas cillé, mais il avait morflé, et il morfla encore, alors que Batman se jeta à la rescousse de son acolyte du moment. Ah, merci, Batman !..

Bien que ce ne soit que pour l'engueuler. L'engueuler, véritablement. Il y avait des baffes qui se perdaient.

" Ah ouais ? " rétorqua la jeune femme sur le même ton furibond, le cuir fumant, le bandana finissant de se consumer en tombant par lambeaux et les cheveux hérissés, mais la peau d'une couleur parfaitement laiteuse suspicieusement intacte, " Et comment je suis censée fair-... "

Elle n'eût pas le temps de finir sa phrase. Elle avait baissé sa garde, de rage, et en avait subi les conséquences : elle venait de se prendre un coup de poing particulièrement violent qui lui avait fait quitté le plancher des vaches. Elle voltigea comme un fétu de paille, sa tête percutant un pilier de briques pour en arracher un bout et finissant sa course une vingtaine de mètres plus loin, en rebondissant violemment contre le mur comme une espèce de balle à taille humaine. Voilà, officiellement, pour être crédible, Marian Carlyle devrait être morte, là. Pour être crédible, elle devrait avoir la totalité des os brisés, et du sang partout sur elle. Elle devrait réfléchir à ... Non, trop tard. Elle s'était relevée, dans la poussière, face à quatre autres bonshommes qui toussaient furieusement. D'ordinaire, dans une telle purée de poix, ils n'auraient rien du voir. Marian non plus, d'ailleurs.
Mais une fois encore, Marian n'aurait pas dû survivre à ça, et de toutes façons, Marian n'était qu'une identité humaine à la con. Lente, fragile, faible, et surtout, beaucoup trop réfléchie. En ce moment, elle était celle qu'elle avait toujours été, depuis le début. Divine. Celle qui avait perdu le si joli bleu d'azur de ses yeux pour s'y encastrer deux rubis si incandescents qu'ils fendaient la fumée, et si énervés qu'ils fumaient, et faisaient littéralement fondre le plâtre, le ciment et les débris de poussière qui couvraient les alentours des yeux de celle qui ne se cachait plus trop.

Ils hésitent. Un robot ? Ils ne l'ont pas vu se planter dans le mur, ils voient juste des yeux, et c'est peut-être pour ça qu'ils tirent. Par réflexe.

Sauf que là, Divine en a marre. Elle a eu une journée de merde, elle s'est faite rackettée et engueulée par Batman. Elle s'est faite tazée et a été jetée contre un mur comme une poupée de chiffon.

Il y en avait marre de jouer selon les règles de Gotham. Il voulait qu'elle arrête de faire la demoiselle en détresse ? Ok. Ok. Ca allait chier. Pour de vrai. Gotham est la ville des malades mentaux ? Bien, parce qu'une Kryptonienne avec des problèmes à gérer sa colère devait certainement rentrer dans cette catégorie. Une arme de destruction massive laissée dans la nature avec de légers problèmes d'émotivité, qui devinrent clairement évident quand le bâtiment se mit à trembler sur ses fondations, alors que la forme obscure avançait, se moquant éperdument des balles volant dans sa direction. Au bout de trois pas désespérément lent, il sembla que le sol préféra arrêter de lutter, et c'est tout le pan sur lequel les deux lampes rouges mystérieuses reposaient qui était allé se perdre en-dessous, dans les égouts, à en croire les bruits d'éclaboussure. Cela n'arrangea rien au nuage tenace qui brouillait la vision de cette partie de l'entrepôt, bien au contraire, et alors que les criminels avaient perdus l'équilibre et luttaient pour se remettre debout et récupérer leurs armes, ils pouvaient observer les deux joyaux, et quelque chose d'atrocement bizarre : ils n'étaient pas tombés. Ils restaient en place, et ils continuaient d'avancer, et on n'entendait pas de bruit de réacteur, on ne sentait pas les distorsions d'un quelconque générateur anti-gravité ... Rien, et là, ils commencèrent à paniquer, vraiment. Un sentiment qui ne fut qu'exacerbé quand ce ne fut pas un quelconque robot tueur qui sortit des gravats, mais une femme, qui, même à pied, aurait largement été à leur taille, sinon même plus grande que certains d'entre eux. Maintenant, elle lévitait à plusieurs dizaines de centimètres du sol, un genou levé et la jambe arrière tendue, fumant d'yeux qui étaient trop lumineux pour qu'on puisse se risquer à les regarder directement. Le plomb simplement encastré sur elle, glissant calmement pour retomber comme des grains de riz sur le bitume de l'entrepôt.

" C-C'est quoi ce b-b-bordel ? " hasarda l'un d'eux, " Nom de Dieu ! C-c-c'est ... "

" Pas Dieu. Non. " rectifia-t-elle, " Juste une Déesse. Une Déesse qui a vous donné une chance, et une Déesse qui en a gros sur la patate. Je suis Divine. "

Son oreille entendit le glissement du métal sur le métal, et tournant les yeux, elle vit l'un des hommes tirer la goupille d'une grenade. Il n'était pas blessé, tout juste le cul par terre, et pourtant, le mouvement était désespérément lent, comme si il agonisait. En fait, elle se rendait plutôt compte que cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'avait pas libéré ses pouvoirs. Elle avait été Marian Carlyle pendant trop longtemps. Elle s'était limité, avait tenté de vivre en égal, de ne pas faire de vagues ... Mais il y avait des moments où elle n'en pouvait plus. Où la pression de l'inhumanité la démangeait, et où elle se rendait compte du point auquel non, elle n'avait rien à voir avec ces êtres patauds. Elle regarda la goupille se retirer et la cuillère voler dans ce qui ressemblait pour elle à un film affreusement ralentie, et attendit cela pour voler sur lui et lui geler la main portant encore la grenade. La mèche était arrêtée, mais elle se doutait bien que le mafieux n'avait pas la moindre idée d'une fonctionnement de son feu d'artifice, et elle se délectait de l'entendre hurler de panique à l'idée de voir son bras exploser en étant parfaitement impuissant à l'empêcher.

" Divine, mon cul ! " en hurla un deuxième, qui avait lâché son arme pour arracher un pendentif de son cou d'un vert radiant, et se l'enrouler autour du poing, " Bouffe de la Kryptonite, Supersalope ! "

Divine s'était retournée, elle s'était posée, et elle attendait. Juste pour rigoler. Celui qui l'attaquait, sous son masque, était un moustachu avec une véritable tête de psychopathe, ou de violeur. Ce ne semblait pas être qu'une impression, puisque rigoureusement de la même taille, il n'aurait pas eu de mal à la frapper au visage. Il préféra frapper au niveau de la poitrine. En théorie, sur une fille normale, ça aurait été efficace, très. C'était le coup de genou pour les filles, à peu de choses près, et il fallait avouer que vu ce qu'avait Divine, ce devait être sacrément tentant pour un combattant de rue.
Paf. Crack. Il recula en secouant la main et en beuglant de douleur, surpris.

Oh, ce n'était pas spécifiquement que les seins de Divine étaient un mur inamovible, c'était juste que cet abruti avait concentré toute sa force en utilisant un pendentif en minerai semi-précieux comme poing américain improvisé. De la serpentine, probablement. Ce n'était pas la première fois qu'elle était confronté au coup du "porte-bonheur en kryptonite" - ce qui restait étonnant, vu le prix de l'once de Kryptonite au marché noir, qu'un homme de main un peu sérieux n'aurait certainement pas pu s'offrir, même avec deux ou trois années de réserves ... -, mais c'était bien la première fois qu'on était suffisamment malade pour la frapper avec comme ça. Grosso modo, il venait de taper de toute sa force dans un sac de frappe avec un minerai friable sur le poing, et si il y devait y avoir un endroit dans lequel allait rentrer les débris, ce n'était certainement pas dans la peau de la Kryptonienne.

" Tous les mêmes... " soupira-t-elle sarcastiquement, avant de lui saisir le visage d'une main, pour le forcer à la regarder dans les yeux, " Mes yeux sont ici, mortel. "

Le "mortel" n'était certainement pas nécessaire, mais il fallait avouer que Divine appréciait de se lâcher un peu, et de témoigner le fond de sa pensée, de temps en temps. Il fallait dire que son nom d'origine ne la trahissait pas trop : elle disposait d'un complexe de divinité certain, mais contrairement à certains - Maxie Zeus en tête. -, elle avait de sérieuses raisons de se penser supérieure et intouchable.

" Regardes moi dans les yeux. C'est un ordre. "

Il aurait bien essayé, si il n'avait pas l'impression de regarder directement le soleil, ou une soudure à l'arc. Le problème, c'était que Divine passait de la Déesse à la Déesse courroucée, et la déesse courroucée punissait les mortels. Marian Carlyle aurait eu des scrupules à brûler les yeux d'un homme. Divine, si elle avait été calme, aussi, sûrement.

Divine, énervée, se prêtait à une expérimentation. Comme utiliser une loupe pour brûler des fourmis, sauf que la fourmi était un homme et que la loupe était ses yeux. Il fallait doser. Trop fort, et elle faisait un trou. Trop faible et ... et bien, elle pensait y avoir été suffisamment faiblement. Peut-être qu'il retrouverait la vue. Un jour.

Oui. Elle expérimentait ... Une enfant, elle jouait avec ses pouvoirs. Une gamine mal guidée avec les pouvoirs d'une déesse.

Quand elle revint vers Batman, elle avait causé un massacre relativement exotique. Elle n'avait tué personne. Non, elle avait "neutralisé", elle aussi. Il y en avait qui criaient à l'aide, immobilisés sur une poutrelle d'acier de plusieurs tonnes, il y en avait un qui avait fait la constatation douloureuse que Divine n'était pas Superman, qu'elle ne jouait pas sur le registre de la pitié et de la repentance. Non, à la question "T'es comme Superman, hein. Tu n'oserais pas frapper un homme, non ?", elle avait répondu par un sourire amusé, et une baffe. Si il avait volé dans le mur et n'avait plus de côtes, il n'avait qu'à s'en prendre qu'à lui-même. Non, globalement, entre celui qui courait partout avec une grenade gelée fixée à son bras, celui qui hurlait qu'il ne voyait plus, celui qui essayait de décrocher le métal de son masque porté au rouge et collé à son visage, celui qui demandait à ce qu'on le détache du plafond ou ceux qui faisait un tour de manège gratuit dans la bétonnière dont leur geôlière avait soudé le couvercle, elle n'avait pas fait de mort ...

Bon, ok, il y avait peut-être celui qui avait essayé d'ouvrir une caisse de Venin. Celui-là, elle lui avait offert une baignade gratuite dans la caisse transformée en piscine de drogues.

C'était une expérience, aussi, ça. Elle se demandait à quoi il allait ressembler quand il allait se faire repêcher, lui.

Et puis il y avait cette impression latente que cet entrepôt sortait plus sûrement de Bagdad que de Gotham, vu les dégâts faits au sol ou à certains murs. Comme si une division de Marines avait traversé le coin.

Non, quand Divine revint vers Batman, elle était calmé, même un peu guillerette, et elle avait récupéré un chapeau Fedora. C'aurait été dommage qu'il finisse dans une bétonnière, ce chapeau.

" Et voilà, la demoiselle sans défenses en est à dix-neuf. " claironna-t-elle, en se posant et en éteignant ses yeux, " Besoin d'ai-... "

Et là, Marian revenait à la réalité.

Oh putain. Oh putain. Oh putain. Oh. putain...

" Vous allez rien dire à la police ou à Superman, dites ? " paniqua-t-elle soudain, de manière assez inexplicable, en se protégeant des bras comme une enfant qui allait recevoir une paire de claques, " Je veux pas aller en prison ! S'il vous plait, s'il vous plait, s'il vous plait, sivouplait, sivouplait, siouplait, siouplait. J'suis trop jeune pour ramasser la savonnette ! Je f'rais tout ce qu'vous voulez ! "
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Re: La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Mar 24 Fév 2015 - 1:32

Comme escompté, l'énorme décharge électrique n'eut de véritable effet que sur le sbire dopé au Venin. Ce fut d'ailleurs assez spectaculaire, comme à son habitude. Des arcs étincelants émanèrent du point d'impact et se répandirent vers l'extérieur, suivant toutes les ramifications du système nerveux. Si l'on plissait les yeux, il était presque possible de confondre l'homme avec les éclairs et de ne voir que la silhouette que dessine généralement un enfant de cinq ans quand il cherche à représenter un homme: un bâton pour le torse, un pour chaque jambe et bras et un cercle pour la tête. Batman aurait pu esquisser un sourire devant la comparaison, mais la violence de la scène et le danger immédiat empêchaient le Chevalier Noir d'y penser. Il devait se débarrasser de cet adversaire un peu trop encombrant, toujours de manière non létale, comme promis à ses parents il y a déjà plusieurs décennies.

La jeune femme, quand à elle, semblait en excellent forme. Ses vêtements grésillaient, certes, son bandeau tombait en cendres, d'accord, mais c'était une kryptonienne, le Croisé Masqué en était désormais convaincu. Elle pouvait supporter bien pire que ça. Preuve: son ton toujours aussi furibond et violent. Elle devait avoir mal accepté les paroles de son célèbre coéquipier d'un soir. Elle n'eut cependant pas le temps d'achever sa phrase; le criminel qui la maintenait venait de l'envoyer valser dans un coin de la pièce. Le corps de celle qui se nommait Divine emporta de nombreux fragments de béton et de métal avec lui, jusque dans une pièce adjacente, laissant le Batman en solo contre le monstre encore sonné.

Plissant ses yeux blancs, il observa sa cible, et détermina vite grâce à ses différentes visions les points faibles de la créature difforme, augmentée, à un prix trop élevé pour la plupart des gens. Certains diront que la force d'âme, le caractère, le courage avaient permis de mener à bien la transformation, mais le Justicier n'y voyait que de l'inconscience et de la bestialité. Il allait régler ça rapidement, et mettre fin au trafic de Venin dans ce quartier. Il ne pouvait y avoir d'autre opportunité.
Laisser des gens se droguer avec ce produit, comme l'avait proposé Divine ? Hors de question. Trop de danger, pour soi comme pour les autres. Et tout malade qu'il était, Batman réglait ces affaires là. C'était son devoir, sa mission. Jamais ses convictions ne risqueraient d'être ébranlées par une gamine, kryptonienne ou non.

Maître dans de nombreuses disciplines martiales, asiatiques, européennes, américaines, le Chevalier Noir savait qu'il ne fallait jamais initier l'attaque face à un adversaire plus puissant physiquement que soi. Frapper en premier amenait inévitablement le danger de se faire contrer au mieux, de subir une riposte dans le pire des cas. Alors, même si le sbire était un gros lourdaud sûrement pas finaud, tenter le diable par arrogance, orgueil amenait à se rabaisser au niveau des vulgaires racailles qui parcouraient nuit et jour les rues de Gotham, et qui devaient fonctionner en bandes pour survivre.
Muni de ces conseils aujourd'hui si profondément imprimées dans son être, le Croisé à la cape se mit à sourire. Il ne souhaitait pas signifier le moindre amusement: sa concentration atteignait son paroxysme, et un calme froid, glacial l'envahissait peu à peu, le débarrassant des émotions superflues et des pensées parasites. Non, ce sourire n'était là que pour provoquer l'adversaire, le pousser à charger en premier, comme le taureau réagissait aux mouvements du toréador.
La ruse fonctionna, et l'homme de Black Mask mugit presque et se rua sur sa cible. Son pauvre cerveau ratatiné par l'afflux de testostérone, d'adrénaline et de Venin ne concevait qu'une seule et unique chose: écraser la chauve-souris !!!
Son cœur ne battait en cet instant que pour envoyer les nutriments nécessaires à l'actionnement des muscles régissant les membres, mis en mouvement afin de broyer le terrible justicier qui ne bougeait toujours pas, face à lui.

Enfin, après ce qui sembla être une éternité, le Batman se mouva. Il passa la main sous sa cape et en sortit son grappin, fidèle allié de toutes les batailles, aide inestimable dans sa lutte contre le crime qui rongeait Gotham. Il était presque devenu un prolongement du bras de son propriétaire, à force d'utilisation. Il fut brandi non pas vers la masse de muscle inarrêtable qui hurlait à la mort de son ennemi, mais plutôt verticalement, vers le plafond fragile de l'entrepôt. Avec un léger claquement, la corde partit et vint s'enrouler autour d'une des poutrelles en acier soutenant le toit de tôle. Dans un léger chuintement, le justicier s'éleva gracieusement dans les airs, tandis que son adversaire continuait sa course pour venir s'encastrer dans le mur. Par chance, ce dernier ne s'effondra, et le criminel rebondit dessus comme une auto-tamponneuse lorsqu'elle heurtait le bord de l'attraction.

A l'abri en hauteur, le protecteur de la ville du vice put prendre quelques instants pour observer la scène. Il était seul dans la pièce, face au titan, tandis que l'autre, la fille, se trouvait à côté, face à plusieurs hommes qu'elle maîtrisait avec plus de violence que nécessaire. Elle allait le regretter. Mais le temps n'était pas à la parlotte inutile, et bien vite le Chevalier Noir reprit le fil de l'action, et se réintégra dans le combat.
Le bandit ayant lancé l'assaut le premier, il ne servait à rien d'attendre plus longtemps. Usant de sa grande et fabuleuse cape, Batman bondit et plana quelques secondes dans les airs, avant de se laisser chuter. Son poing rencontra violemment la figure bouffie et déformée. Le choc fut terrible, malgré la résistance qu'offrait la face du sbire; le gel explosif fit cependant son effet, et libéra toute son énergie au moment voulu. Une explosion retentit, repoussant le combattant du crime. Son bras lui faisait mal, mais il savait que la douleur était au moins partagée par chaque camp.

Il se releva ensuite vivement pour poursuivre la confrontation, prêt à terminer ce qu'il avait commencé. En vue, nul titan debout attendant de rendre la pareille à son adversaire. Seulement un pauvre homme rongé par la drogue de Bane, à genou, qui attendait son jugement. Le héros s'avança vers lui, méfiant malgré tout, et d'un coup de genou d'un seul, le mit sur le dos. Puis, terminant là le combat, il abattit son poing ganté en plein visage de la brute, lui cassant par là même le nez, mais surtout l'envoyant rejoindre un pays des songes peuplé de sombres chauve-souris.
Le Croisé Masqué se redressa enfin, victorieux d'un combat rapide, mais difficile, aux nombreux périls. Sans l'expérience des années passées à lutter, il n'aurait sans doute jamais survécu à un tel affrontement.

C'est ce moment là que choisit la jeune femme, l'inconnue, pour revenir, un fedora enfoncé sur sa tête. Il appartenait sûrement à un des hommes de la pègre de Black Mask qui n'avait pas su faire le poids face à la puissance déchaînée de la kryptonienne. Cette dernière, justement, fanfaronnait sur sa victoire éclatante, sur le fait qu'elle n'était pas tant une demoiselle en détresse vu son impressionnant nombre de neutralisations. D'un coup d’œil, avec sa vision de détective, Batman put voir qu'elle n'avait effectivement pas chômé. Tous les criminels étaient hors d'état de nuire. Un point important subsistait: la manière. Un était désormais aveugle, un autre tournait encore dans la bétonneuse... ils vivaient mais avaient subi de lourds, de trop lourds sévices. Cette inconnue était allée trop loin.

Elle se rendit cependant vite compte qu'en laissant ainsi libre cours à sa véritable nature, elle s'était révélée. Or, si elle connaissait quelque peu les héros de la Terre, parmi tous, il y en avait un à qui il ne fallait pas se dévoiler. Et c'était Batman. Elle devait d'ailleurs le savoir, vu la manière qu'elle eut de supplier le sombre justicier, l'instant d'après. L'on aurait dit une jeune enfant qui comprenait qu'il avait fait une bêtise et qui demandait pardon à son père. Cependant, la sévérité d'un parent n'attendrait jamais la cheville de celle du Chevalier Noir. De la trinité, celle des fondateurs de la Ligue de Justice, il était le plus intransigeant... mais pas le moins réfléchi. De cette situation particulière, il pouvait tirer des avantages.
Conscient que la moindre frappe pouvait l'envoyer se briser la colonne vertébrale contre un mur, il se saisit discrètement mais rapidement de son anneau en kryptonite, qu'il portait toujours à l'abri das une poche plombée de sa ceinture. Affaiblir et terrifier avant d'exiger. Ainsi allait le monde à Gotham. Une fois le cercle de pierre vert au doigt, le sombre justicier se rapprocha, posa sa main sur l'épaule dénudée et vrilla ses yeux blancs dans ceux azuréens de la bombe à retardement qui lui faisait face.

- Cessez ces pitreries, kryptonienne. Déclinez votre identité, votre origine et vos desseins.

Le ton était clair, calme et froid, sans menace ni violence dans la voix. Il ne voulait pas se battre contre elle ou lui faire du mal. Il ne voulait d'ailleurs en faire à personne. Il n'était pas un psychopathe comme le pensait la jeune inconnue, ou un monstre de violence cherchant à assouvir sa soif de combat et de sang. Il n'était pas un monstre de pulsions inassouvies en quête de victimes à maltraiter et à dominer.
Il n'était que le Batman, le héros dont Gotham avait besoin. Celui qui était prêt à se salir les mains, à dédier une vie entière à la lutte contre le crime.
Maintenant que tout cela était posé, il sembla étonnant au Croisé à la cape de voir un tel être se déplacer en camping-car. La raison principale explosant aux yeux du héros se trouvait être la discrétion. Un vol à haute-vitesse était toujours observable par les radars, alors qu'une pauvre enfant arrivant par la route, il y en avait des milliers, si ce n'était des millions.

Un vent froid s'infiltra entre les plaques de métal tordues, les débris de béton et les corps encore chauds de la lutte. Il soufflait doucement en s'insinuant en chaque endroit, soulevant poussière et pensées, mots et râles douloureux. Il attendait avidement une réaction, une réponse. Il savait que son repas viendrait, qu'il pourrait l'enlever de la bouche même du prochain orateur pour s'en délecter, mais l'impatience le dévorait tant qu'il ne put s'empêcher de réclamer, de minauder.
Il faisait froid à Gotham, cet hiver.
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Re: La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman] Mar 24 Fév 2015 - 15:02

" Putain de saloperie de bordel de merde d'enculé de fils de chien de la chatte à sa mère ! "

De tout les supers-pouvoirs dans le répertoire de la kryptonienne, il y en avait deux que l'on ne soupçonnait pas au premier abord. Il y avait le physique, évidemment, qui était plutôt issu des manipulations génétiques, et puis il y avait cet espèce de curieux inhibiteur d'insultes et de jurons. Cette volonté indomptable de ne pas être trop grossière, la première étape de l'héroïne politiquement correcte. La première pierre à l'édifice d'un être comme Superman.
Sauf que Divine n'était pas encore du calibre de Superman, loin s'en fallut.

Alors elle perdait tout ses pouvoirs, absolument tous, au contact de la Kryptonite, y compris sa politesse et sa courtoisie.

A vrai dire, a peine la main avait trouvé son épaule, qu'elle s'était effondré comme une loque, plus sous la surprise que sous l'effet réel. La kryptonite avait un fonctionnement particulier qui n'était pas véritablement immédiat, mais la douleur qu'elle produisait, elle, était instantanée, violente, semblable à une lame chauffée à blanc répandant un horrible venin dans toutes les cellules de son être ... Même quand elle savait ce qui l'attendait, même quand elle s'infligeait elle-même cette souffrance ... Le pire restait la douleur initiale. Le rappel à la réalité.

Elle n'était plus qu'une boule de nerf primale, une boule de nerfs dont les pouvoirs ne répondaient plus assez facilement pour détruire l'impudent. Ils ne répondaient plus qu'à des nécessités, qu'à des injonctions de première nécessité, dont celle de survivre était la première.
Par réflexe, donc, Marian cria, un cri suraigu, un cri à s'en percer les tympans. Le corps de Marian, lui, plus sûrement qu'elle-même, vola pour aller s'encastrer piteusement dans un mur, près des autres criminels hors de combat. Ceux qu'elle avait neutralisé en rentrant. Son instinct fit le reste : ses yeux refusant de passer en mode "Oblitération totale du périmètre", sa main tâtonna donc pour aller trouver le pistolet le plus proche. Elle le ramena entre elle et ce petit salopard d'humain qui se pensait intelligent à lui rappeler ce qu'elle était, et elle pressa de toutes ses forces la gâchette en ne dirigeant son esprit que vers une injonction unique : tuer.

Trop vite, trop fort, l'arme n'eût même pas le temps de faire son office que la force et la vitesse parfaitement aléatoire de la Kryptonienne l'avait tout bonnement pulvérisé. On entendit une explosion étouffée dans la paume, et un cri de douleur. Celui de Marian, qui ouvrit la main pour laisser tomber une pièce de métal unique horriblement distordue, tandis que le canon, la balle qu'il hébergeait et la culasse glissèrent tout seul. La main de la Kryptonienne avait piètre allure : elle perlait de sang, alors que le plomb et la poudre des cartouches percutées dans le chargeur par le mouvement relativiste glissaient pour laisser apparaître de multiples égratignures, à peine plus grosses que des lésions dues à des coupures de papier. Ce n'avait pas l'air de grand chose, mais pour une fille qui se laissait se faire tirer dessus en ne sentant absolument rien, juste pour s'amuser ... Se rendre compte de sa mortalité et de sa vulnérabilité était une douleur bien plus terrible que la blessure en elle-même.

Il y a avait ça, et le froid. Elle grelottait, terriblement. Elle sentait tout, maintenant, et cela incluait surtout le froid, qui venait seulement maintenant lui caresser la peau, et lui rappeler à quel point il était inapproprié de s'habiller dans une tenue comme la sienne à cette période de l'année. Elle qui l'avait attendue pour se dédouaner, elle l'avait, maintenant, la chair de poule. Il n'était pas une seule portion de sa peau découverte qui n'était pas maintenant hérissée, et elle ne pouvait maintenant même plus contrôler les tremblements de sa mâchoire, qui grelottait de manière absurde.

" Sa- sa- sa- salaud ! " articulait-elle péniblement, en se recroquevillant en position fœtale. Heureusement, en un sens, que ce n'était qu'une sensation de froid, et que ses pouvoirs de résistance ne l'ait pas quitté ... Pourtant, cela restait terriblement douloureux, et dégradant. " P- p- p- pourquoi vous avez f- f- f- fait ça ? J'allais pas vous f- f- f- frapper ! "

En effet. Elle n'avais pas voulu le frapper, autant par un étonnant respect pour le Justicier que par une certaine appréhension des conséquences. Grossière erreur. Qu'on lui demande de refaire cette confrontation, et le premier qu'elle aurait tapé, ça aurait été Batman. Elle l'aurait atomisé, et elle aurait démoli les atomes dans la foulée. Elle l'aurait effacé de la trame de la réalité à l'échelle primordiale.
Est-ce qu'elle était en mesure de faire ça ?

Bah, elle était Kryptonienne, elle aurait trouvé un moyen.

" J- j- j- je sais pas c- c- c- comment je m'appelle ! M- m- m- Marian C- c- c- Carlyle, c'est un faux-nom ! P- p- p- putain, je le jure ! Tout ce que je me r- r- r- rappelle, c'est qu'un v- v- v- vieux nain chauve m'a appelé D- d- d- Divine. Il a dit que je d- d- d- devais occuper Power Girl ! Que ça ne devrais pas p- p- p- poser de problèmes, puisque j'étais p- p- p- parfaite ! Merde ! "

Cruel tour du destin, que de devoir raconter ses origines dans les circonstances exactes où elle avait émergé. Dans le froid mordant. Elle ne le sentait pas, ce salopard, à l'époque.

" Le premier truc que j'ai f- f- f- fait, c'est me foutre sur la gueule avec elle ! Ensuite, y'a un malade qui nous a tiré sur toutes les deux avec un r- r- r- rayon rouge ! Et puis ensuite, je me suis réveillé dans l'eau ! B- b- b- Bordel ! Je veux rien à p- p- p- personne ! J'ai pas demandé à être ce que je suis ! Je veux juste qu'on me laisse t- t- t- tranquille ! Putain ! "

Elle grelottait toujours, mais elle se sentait néanmoins revenir à elle. Les radiations de cette saleté de pierre verte avaient la fâcheuse tendance à provoquer des réactions autodestructrices dans les cellules kryptoniennes, en polluant l'énergie qu'elles stockaient. Cela faisait partir les pouvoirs en vrille, et un contact direct suffisant avait même tendance à les stopper net, en dirigeant toute la fabuleuse énergie de leur métabolisme à s'autodétruire ... Il ne fallait donc pas vraiment s'étonner que la réaction de Divine soit relativement hostile.

Le froid la mordait encore, mais elle essayait de se réchauffer tant bien que mal en allumant ses yeux, à leur intensité maximale. Le chevalier noir avait deux yeux blancs, probablement le fruit de quelque joyeuse et aimable technologie, Divine aussi maintenant, sauf que le blanc de ses yeux tenait au fait qu'ils brûlaient maintenant à des températures parfaitement infernales, et qu'ils brillaient avec une intensité que l'on ne trouvait qu'à peu d'endroits sur Terre, éclairant la salle comme en plein jour.

" M'ap- p- p- prochez pas ! Si vous me touchez encore ... Je vous jure ... je vous jure que j- j- j- je vous désintègre ! " La voix était encore apeurée, elle était encore incertaine. A vrai dire, elle ne savait même pas si elle pourrait être capable de simplement tirer contre un icône comme celle qui lui faisait face. " J- j- j- j'hésiterais pas ! Je vous préviens ! Je ... je ... si je tire à ce niveau, je détruit toute la p- p- p- planète ! Et les satellites ! et la l- l- l- Lune ! "

Bon. Il était évident que son sens de l'effet dramatique était au niveau de son âge réel, mais l'idée était là. Elle voulait intimider Batman. Après tout, il ne se risquerait pas à perdre la Lune, si ?
Oh, la conne, évidemment qu'il s'en contrefichait, de la Lune !
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La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette [Batman]
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