Avoir la tête dans la lune, ça peut avoir du bon... [PV Power Girl]

" Je ne suis sûre pas sûr que cela entre dans ce qu'Oracle a l'habitude de faire avec Batman, Kara. "

Nicholas Cho, expert en informatique, hacker émérite, ancien scientifique de Starrware Industries, a finalement réussi à se faire remarquer en confrontant sa patronne sur son identité réelle. Un sacré tour de force, en considérant le fait qu'il était à l'époque sous antidépresseurs et armé d'un seul aspirateur à main.

" C'est parce que Batman n'a pas l'habitude de se balader sur la Lune, Nicco ! Je suis sûre qu'elle ... "

" Je parlais d'utiliser son alter-ego pour installer sur la Lune du matériel appartenant à la société de son identité secrète. C'est de la concurrence déloyale ... "

" Oh, ça. " la Kryptonienne eût un petit rire, " Parce que tu aimerais nous voir fabriquer des smartphones dans des usines du Tiers-Monde pour financer des décollages de fusées polluantes ? Allons, Nicco ... Sans compter que je suis pas ici en Power Girl. Je suis une ingénieur comme une autre ! "

Devant ses écrans, l'"Oracle" de Power Girl put entendre un petit clic, résultante des vibrations créées par le mouvement de sa patronne, et grâce aux petits appareils qu'il avait conçu, en formes de boucle d'oreilles, il pouvait précisément voir ce qu'elle voyait.

" Tu n'as ... carrément pas fait ce ... que j'ai cru voir, Kara, si ? "

Il put entendre le bruit typique de l'équipement spatial qu'elle remettait sur elle.

" Faire un selfie sur la Lune ? " l'héroïne porta son téléphone à ses yeux, permettant de voir un cliché de Power Girl, accoudée au drapeau américain posé par Neil Armstrong, les yeux mi-clos, amusés, un grand sourire sur le visage et un "V" très photogénique sur sa main libre, " Si, Nicco. J'ai caaaaaaaarrément fait ça. Tiens, je le tweet avec ton réseau, là. "

Un soupir désespéré accueillit l'information au bout de la ligne, tandis que Kara était hilare, et qu'elle se mit à diffuser de la musique dans sa combinaison, en se remettant au travail.

" Oh non. C'est quand même pas ... "

La seule réponse qu'il obtint de la part de l'héroïne fut un petit "mh-mh" acquiesçant ce que les quelques notes qui parvenaient à ses oreilles avait pu sans mal identifier.

" ♪ He was a boy, she was a girl. Can I make it anymore obvious ?.. ♪ "

Et elle continua de pousser la chansonnette, sous son scaphandre d'exploration spatiale, installant quelques capteurs, récoltant des échantillons...

" Attends que j'édite ton statut. Power Girl qui écoute Avril Lavigne sur la Lune. Je prévois une chute drastique du cours du Fan ... "

" Nicco, tu penses vraiment qu'ils viennent pour savoir ce que j'écoute ? "

" J'avais un peu d'espoir ... "

" Et puis tu devrais revoir ta copie sur Avril. C'est une très bonne copine... "

Une quinte de toux au bout de la ligne. Manifestement, Nicholas avait avalé sa gorgée de café de travers.

" Ah, parce tu la connais ? "

" Oui, je te la présenterais, un de ces jours ! C'est une ... Attends. "

La voix guillerette s'était faite profondément plus sérieuse, d'un coup. La musique s'étouffait dans le vide spatial alors qu'elle avait levé la visière pour observer au loin l'espèce de festival lumineux qui éclairait la face obscure du satellite terrestre. Il se tramait quelque chose, au loin. Elle voyait un vaisseau, qui n'avait certainement rien d'humain, et un éclairage digne d'une rave party stellaire, bien qu'elle n'ait pas véritablement encore eu d'expérience avec les phares de vaisseaux spatiaux, peut-être n'était là simplement que la réglementation du code de la route de l'espace, ou quelque chose du genre...
Ou ce pouvait être un avant-poste, un éventuel début d'invasion. Ce ne ressemblait étonnamment pas à quelque chose tout droit sorti d'Apokolips, ce qui lui avait évité une preste destruction, mais Dieu seul savait ce que l'Univers pouvait receler de menaces, ainsi valait-il mieux prendre les devants, et estimer ce qu'il y avait à craindre de ces curieux touristes de l'espace. Elle rebaissa sa visière, pour pouvoir parler à son contact terrestre.

" Nicco, tu vois ce que je vois ? "

" Pas aussi bien que toi, mais je vois bien les lumières. " confirma-t-il, " J'ai déjà consulté les relevés du NORAD, de la NASA, de l'ESA et de la JAXA : il n'y a aucune mission dans ce secteur en ce moment, et ils n'ont rien détecté d'anormal. Quoique ce soit, ce n'est pas humain, et c'est suffisamment avancé pour rester discret. "

" Bien, je laisse les relevés et la combinaison ici. Je vais voir de quoi il est question. Prépares-toi à envoyer une alerte à la Ligue, on a peut-être un début d'invasion spatiale sur les bras. "

Et comme si les étrangers d'outre-monde l'avait entendu, les lumières s'éteignirent d'un coup, replongeant l'appareil dans le noir complet de cette face peu éclairée. Power Girl se défit de son costume d'exploration spatiale pressurisé - une simple tenue de cosmonaute, en soit - et le posa sur la caisse qui contenait tout les relevés qu'elle avait fait à destination de ses laboratoires. Cette opération fut plus longue que le trajet vers l'appareil en lui-même, puisqu'il ne lui fallut pas même une seconde pour se présenter à ce qu'elle identifiait comme une "porte" : cela en avait toutes les caractéristiques, puisqu'il semblait qu'elle pouvait s'ouvrir, ou au moins coulisser, et faire passer quelque individu à taille au moins humaine à son travers.

Alors que la poussière ne faisait que commencer à se lever sur ce qui avait été son passage, elle entreprit de tenter ce qui était indéniablement l'approche humaine standard. L'approche humaine standard non-militaire. Il n'était pas question de rentrer en cassant tout, non, il fallait établir avant tout le dialogue, si dialogue il pouvait y avoir d'établi. Alors, fringante dans son costume d'albâtre à la cape carmine et aux extrémités d'un bleu pimpant, elle frappa à la porte, ne voyant trop d'équivalent à une sonnette. Elle en profita d'ailleurs pour se remettre les cheveux en place, eux qui semblaient se défaire à leur guise sur l'astre lunaire, et se fendit même d'un salut vulcain à l'adresse de ce qu'elle imaginait être une caméra filmant l'extérieur. Elle ne savait trop comment cela allait être interprété, mais il fallait dire que Power Girl n'avait pas réellement acquis ses plus grands hauts-faits par des victoires diplomatiques.
A part en obtenant le départ de Vartox, mais cela était une autre histoire, et une histoire dont elle aimerait ne pas avoir à se remémorer.
Non, à ce moment précis, elle préférait s'en remettre aux talents d'ouverture de négociation de ce geste universellement reconnu, au moins sur Terre ... Au moins dans le monde anglo-saxon ...

Pourquoi tout le monde ramenait tout à Superman ? C'était à croire que c'était absolument le seul héros sérieux dans ce coin de l'Univers. Power Girl aussi avait des arguments à faire valoir ! Elle aussi, avait des faits d'armes impressionnants, elle avait tout de même empêché le vaisseau d'Ultra-Humanite de s'écraser en plein milieu de l'Atlantique et de créer un gigantesque tsunami ! On ne rendait pas facilement Power Girl jalouse, mais quand elle voyait que Superman avait une réputation interstellaire, et pas elle, elle était un peu jalouse. Ce n'était pas juste, elle avait plus de fans, et elle faisait très attention à être présente sur les réseaux sociaux, elle, alors comment Superman faisait, lui qui peinait même à utiliser internet pour autre chose que des mails ... Des mails, pensez-vous !

" Superman ? " souffla-t-elle, " Ce ringard ? Jamais entendu parler. C'est mon cousin. "

Tout cela était sorti tout seul, coup sur coup. On avait atteint son égo, et déjà, à son oreille, on se moquait d'elle.

" On dirait que quelqu'un est jalouse ... "

" Sssh Nicco, " siffla-t-elle tout bas, " Je ne suis pas jalouse, je suis ... dé ... in ... en ... "

" Envieuse ? " compléta son aide informatique, volant à la rescousse de son vocabulaire.

" Tu vois ? C'est parce que tu te comportes comme ça que tu n'as pas de copine ! "

Elle avait détourné la tête de la caméra, semblant évidemment, pour l'extérieur, chuchoter toute seule.

" ... C'est petit, Kara. "

" C.T.B, Nicco. "

" Ce n'est pas ce que disait Terra ... "

" Que ... Quoi ? Tu ... Avec ... Si ... Je ... Ah ! On règle ça quand je rentre ! "

Derrière son écran, le génie informatique asiatique formait un "L" avec ses doigts, sur son front, en regardant sur ses écrans et en sifflotant une espèce de tonalité d'ascenseur, visiblement très satisfait d'avoir gagné un duel rhétorique avec Power Girl, qui criait à voix basse toute seule dans un sas de décompression, sur la Lune, dans un vaisseau inconnu.

L'héroïne, elle, se recoiffait à nouveau, et se parait de son plus beau sourire pour s'adresser à la caméra. Il avait rebouché un trou dans un mur avec Superman ? Sur quel espèce de timbré de l'espace était-elle tombée ? Cela dit, entre un capitaine à la logorrhée prolifique et une Kryptonienne qui affrontait sa liaison terrestre dans des duels de cour de récréation, il fallait dire que le patronyme Starr semblait accompagner des personnalités hautes en couleurs.

" Je suis enchantée. " reprit-elle, d'un ton qui se voulait conciliant, " Power Girl, simple héroïne, j'ai fait quelques coups avec Superman, aussi. Rien qui ne s'approche du domaine de la maçonnerie, cela dit. "

Kara se demandait à vrai dire les raisons qui pouvaient bien pousser le capitaine Rik Starr à vouloir discuter comme ça. Était-il intimidé par ses pouvoirs ? Était-ce la tenue ? Était-il réellement amical ? Est-ce qu'il tentait une quelconque manœuvre de séduction en évoquant ses propres hauts-faits de "Sauveur de l'Univers" ? Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier, d'ailleurs ? Il fallait dire qu'il y avait souvent bien peu de raisons qui justifiait son contact plus aisé avec la gente masculine. Autant profiter de la lancée pour mettre les pieds dans le plat :

" Dites, loin de moi l'idée d'être une rabat-joie, mais j'aimerais savoir : est-ce que vous comptez faire quelque chose d'ordre négatif vis-à-vis de la Terre, des Terriens ou de quelque chose s'y rapportant, de près ou de loin ? "

Sa voix était très neutre, c'était un ton de conversation normal. Elle voulait savoir. Cela lui ferait économiser du temps.

" Ça inclut moi, aussi. Si vous compter me tirer dans le dos avec un pistolet laser, ce genre de trucs. C'est pour gagner du temps. Parce que je suis censée être sauveuse de la Terre, moi. C'est moins glorieux mais ... Vous êtes dans ma juridiction, à vrai dire. "

Boissons déconseillées ? Il fallait dire que l'esprit de Kara avait soudain fait "clic". On aurait pu dire que la Kryptonienne aimait vivre dangereusement, mais il aurait déjà fallu qu'elle ait une réelle notion de danger, pour commencer. Elle qui, même confronté à ses plus terribles adversaires, ou même simplement à de la kryptonite, semblait ne rien prendre de ce qui devrait la menacer avec le sérieux indéniablement requis.

" Je vais prendre ce qu'il y a de plus gros. " déclara-t-elle, en regardant la réserve, " Je préfère quand c'est violent. "

Elle entendit un gloussement au bout de la ligne. L'ignorait-elle ou n'en comprenait-elle pas les raisons ? Il n'y a pas à douter que l'interprétation d'une telle phrase pouvait mener à de nombreuses digressions, mais la jeune femme n'en avait que faire. C'en était même à se demander si ce n'était pas un réflexe, si elle ne faisait pas exprès.

Pourtant, la situation avait commencé de manière bien plus "calme", si l'on pouvait dire. Elle s'était même permis un trait d'humour, quand il avait la porte, pour tenter de rattraper cette curieuse mélancolie qu'elle pensait avoir relevé dans ses derniers mots. Si il avait placé Lex Luthor et Amanda Waller si près de la notion de bannissement terrien, il n'y avait pas à douter qu'ils ne devaient pas être étrangers à l'affaire. Du regard qu'elle lui jeta, de son analyse rapide de son métabolisme, du regard un peu troublant qu'elle lui jeta de ses yeux que l'on aurait pu croire encore plus clairs que d'habitude, elle n'avait rien trouvé qui ne justifiait une telle exclusion. Qu'avait-il fait ? Être un simple humanoïde avec deux ou trois bouts en plus ? A ce tarif-là, cela faisait longtemps qu'elle aurait dû être exclu de la Terre, elle aussi !
Et puis elle sourit intérieurement. Ce n'était pas possible, évidemment. Qu'ils essayent, les Luthor et comparses, tiens ... Toujours à s'en prendre à plus faible qu'eux.

" Rien contre Lex Luthor ou Amanda Waller ? " lui servit-elle avec un sourire malicieux, posant négligemment les mains sur ses hanches, faisant virer ses yeux au rouge carmin fumant, " J'aurais gagné du temps en frappant plus fort à la porte. "

Se rendant compte du caractère peut-être agressif de son humour, elle s'éteignit cependant rapidement, balayant innocemment une mèche de cheveux derrière ses oreilles d'un air un désolé.

" Je rigole. Hein. C'est juste que ... Luthor n'est pas un type que j'apprécie outre mesure, non plus. "

Oui, elle parlait du Président, comme cela. Elle se fichait bien de parler crûment. Cet homme était dangereux, typiquement dangereux, et une forme de danger de la pire espèce : de celle qui est aveugle, de celle qui ne se rend même pas compte du péril qu'elle cause, qui se prétend mener vers le bien. Amanda Waller ? On ne savais trop sur quel pied danser, avec celle-là, alors Kara se gardait de s'exprimer sur son sujet. Non, c'était surtout la mention de Lex Luthor, qui la travaillait. Avec ce qu'il avait fait à Kal ... à Clark ... Ah, les noms. Une vraie gageure. Plus d'une décennie, maintenant, et elle ne savait encore jamais si il fallait adopter les noms Kryptoniens ou les noms terriens, que ce soit avec son cousin actuel, ou avec l'ancien. C'était le même souci, avec elle.

" Oh, au fait, vous n'avez pas à m'appeler "Power Girl", hein. C'est ... Bizarre.  Surtout dans ce contexte. Mon vrai nom, c'est Kara Zor-El, ou Karen Starr, mais appelez-moi Kara ... ou Karen ... ou Peegee, à la limite, si vous voulez à tout pris garder le "Power Girl" quelque part. "

Elle se serait bien allé à faire allusion au patronyme que partageait cet extraterrestre avec son identité secrète, ou bien sur son hygiène et son odeur - qui était proprement infecte, surtout pour l'odorat par trop raffiné de l'héroïne, bien que plus respirable qu'à l'extérieur ... - quand ses yeux entrèrent en combat avec l'animal de bord. Un gros canidé qui semblait tout vexé, ou intimidé, mais aux poils d'apparence incroyablement doux et soyeux.
Et ce fut l'activation immédiate d'une faiblesse plus virulente encore que la Kryptonite.

" Ooouh ! " fondit-elle, avec une voix terriblement mielleuse, en se penchant les mains sur les genoux, " Elle est trop mignonne ! "

Les animaux, et les bébés. Il y avait des moments où Power Girl était un cliché ambiant, et là, en cet instant, alors qu'elle avait littéralement fondu par terre pour poser son fessier à même le sol de ce vaisseau à la propreté approximative, elle en était définitivement un : elle s'était mise à caresser l'animal de bord, le sourire jusqu'aux oreilles, et les yeux clos, de plaisir, presque comme un personnage de manga pris dans une situation équivalente. Pensez-vous, Kara adore les animaux, elle est allé jusqu'à recueillir un chat trouvé dans une poubelle !

Ce qui nous en ramène à la situation actuelle, où l'héroïne, carrément inconsciente des sous-entendus que ses paroles pouvaient cacher, avait demandé ce qu'il y avait de plus violent à bord, les mains perdues dans le pelage d'un canidé de l'espace, prêtant apparemment plus d'importance à l'animal qu'à l'être pensant présent avec elle. Il fallait dire qu'on rencontrait plus facilement des aliens que des chiennes aliens !
Car oui, même la narration peut entrer en roue libre, alors qu'il semblait que la menace d'invasion extraterrestre était déjà loin ...

" Oh, j'adorerais avoir un chien ! Mais j'ai déjà un minou ... " avoua-t-elle, toujours transie, " Comment elle s'appelle ? "

" Vous êtes sûrs que ... "

La Kryptonienne, qui était maintenant assise à même le sol, les genoux sur le côté et la fameuse Wolfy à son côté - à moins que ce ne fut elle qui soit au côté de la chienne-louve, selon le point de vue. - avait relevé la tête, l'air concerné. Elle avait entendu le bruit distinct de l'éclatement de la vaisselle contre le plancher, et doutait ainsi quelque peu, en le voyant à l'œuvre à travers la cloison, de la véracité de ce qu'il avançait.

" Je vois ça ... " ne put-elle s'empêcher de lui répondre, amusée, avec cette espèce de petit ton taquin à la limite du sensuel, avant même qu'il ne sorte. C'était plus fort qu'elle, ou bien totalement involontaire, allez savoir.

La scène, de manière curieuse, était passé de la tentative parfaitement improvisée d'ambassade en espèce de pastiche de rencard. Elle se sentait presque, assise comme elle était en caressant l'animal de la demeure et en se faisant servir un coup, d'être la dernière tentative de conquête d'un tombeur des étoiles. Il semblait presque pour elle qu'elle avait mis le pied dans une garçonnière cosmique, ce pour quoi le physique pas des déplaisants de son hôte devait indéniablement joué. Ce devait être le sourire, principalement. Un sourire malicieux, et des yeux qui n'appartenaient certainement pas au plus fieffé des benêts. Avec sa verve, son sens de l'humour et sa maladresse, il en était attendrissant. Un peu petit, mais attendrissant. Le nombre d'atomes crochus semblait suffisant, pensa-t-elle, mais non, pas pendant le boulot. Non, elle savait qu'il y en avait qui n'attendaient que ça pour ajouter cela à sa liste de fille facile. C'était faux, Power Girl n'était pas facile. Elle était ... Et bien. Non, elle n'était pas une fille facile. Elle avait une image à conserver. Non, assurément, tout cela n'étaient que des racontars de filles jalouses !
Et puis, de toutes évidence, c'était un personnage civilisé. Peut-être pas un véritable gentleman, mais il avait le mérite d'être civilisé, puisqu'il réclama quelques minutes pour se retirer, après qu'il eût sali ses verres.

" Tu vois ce que je vois ? " lui souffla Nicco dans l'oreillette.

" Quoi ? " susurra-t-elle, se mettant alors à libérer ses sens, persuadée d'avoir manqué quelque chose, avant de comprendre, par les infrarouges, ce à quoi il faisait référence. Ce qui venait éclairer ce "J'ai quelque chose à faire". C'était la température pelvienne. Elle baissa le regard, gênée de s'immiscer ainsi dans l'intimité d'un autre être " Nicco. Pitié. Pourquoi regardes-tu ça ? "

Elle s'enfila le verre de liquide gazeux cul-sec, sans même cligner des yeux. La boisson avait un goût curieux, mais pas désagréable. Elle sentit son gosier lui signifier, au travers de la saveur sucré et du curieux arôme rappelant l'orange, que la boisson était vraisemblablement bel et bien extrêmement forte.

" Je parlais de la composition de ce que tu viens d'ingérer, Kara. " lui rétorqua son aide après un soupir caractéristique du fait qu'il avait parfaitement compris la méprise de sa "patronne", " c'est quasiment du propergol pour fusée. A vrai dire, c'est plus efficace que ce qu'on utilise dans les fusées. "

" Pourquoi regardes-tu ça ? " répéta-t-elle, comme pour se rattraper aux branches, " C'est très bon. On dirait du Fanta. "

" A quatre-vingt-dix-huit pour cents ? C'est du Fanta au piment ? "

Un silence entendu accueilli sa remarque, alors que la justicière terrienne entreprenait de se resservir un coup, pour confirmer ce qu'elle voulait bien penser. Oui, la boisson avait bel et bien un goût de Fanta, ou tout du moins, de soda à l'orange. Un soda à l'orange bleuté. Cependant, malgré le fait qu'elle en appréciait fortement le goût, et qu'elle était seule, la courtoisie voulut qu'elle ne se resserve pas un troisième verre. Ou plutôt, si, mais elle n'y toucha pas, elle voulait bien faire croire qu'elle l'avait attendu, alors, entendant le bruit de la douche, et pour meubler le temps autrement qu'avec une observation que l'on aurait ouvertement pu, et à raison, qualifier de perverse, Kara entreprit de trouver une autre occupation, laissant reposer le pelage de Wolfy.

Elle attrapa le verre de Rik entre son pouce et son index, et le fixa d'un air attentif, le regard confronta les traces noires. Le verre se mit à luire, tandis que les traces se désintégraient en une légère fumée. Très vite, cependant, le liquide contenu dans le réceptacle manifesta son indignation face à ce brusque et fort peu naturel changement de température, et s'embrasa avec une vigueur proprement stupéfiante, à tel point que la Kryptonienne manqua à son tour de laisser tomber de la vaisselle, par surprise plutôt que par réflexe, car il était assez évident que les flammes et la chaleur elle-même ne lui causait pas un terrible et insurmontable inconfort.

" M#&§¤ ! " laissa-t-elle échapper à voix basse.

Non, par réflexe, elle ingéra la boisson enflammée, avec une face gênée qui aurait presque pu être comique. Voilà qu'elle en était à trois verres, et la conversation n'avait pas même commencé... Et elle ne s'arrêta pas là, non, elle finit à nouveau son verre et le nettoya de la même manière que celui de son hôte, mais sans devoir être confronté à un troublant problème d'alcool embrasé. Finalement, quand Rik se présenta à nouveau, bien plus élégamment vêtu et présentable que le rustre hère mal dégrossi qui était rentré dans cette salle d'eau stellaire, il fut accueilli par un innocent sourire radieux. Un sourire relativement niais que l'on aurait pu imputer à l'alcool, si tant est qu'il ait eu un quelconque effet sur l'organisme de la Kryptonienne, mais que le sérieux voulait plus sûrement qu'il était plus sûrement issu de la volonté de cacher toute anormalité de la situation. Non, il ne s'était rien passé, les verres étaient intacts, bien propres, et arboraient même une fine pellicule de glace issus du souffle de l'invitée.

Propre comme un sou neuf, oui. Elle hocha légèrement la tête pour marquer son approbation, avant d'adresser sa question.

" Oh, ben, pour le boulot, à vrai dire. " lâcha-t-elle, complètement inconsciente du risque que cela pouvait représenter pour son identité secrète. A dire vrai, le seul à protester était bien Nicco, dans l'oreillette, tandis que Kara - ou Karen, au vu de la situation - n'en avait bien que faire. Ce n'était pas non plus comme si le premier ouaille perché sur la Lune en plein blues allait tout raconter à la commission des finances. Qu'aurait-il dit, d'ailleurs ... "Bonjour, je suis un alien et je viens dénoncer les abus de pouvoirs de Karen Starr, c'est la cousine de Superman !".

" J'installais des antennes, je prenais des relevés ... Je travaille dans la haute technologie, la recherche, ce genre de choses. C'était principalement pour aider les grosses têtes dans leurs projets : c'est plus rapide et moins coûteux d'aller moi-même chercher directement sur place que d'envoyer des fusées ... Enfin bon, je vous vois venir ... C'est mon identité secrète qui veut ça. Je ne me présente pas au bureau avec cette tenue - Je doute que Lex Luthor s'en remette, si je faisait ça ... Héhé. Il est déjà suffisamment jaloux de la concurrence comme ça. -. Non, c'est par souci de rendre service. Pensez-vous, ils pensent tous que je suis en déplacement à Kuala Lumpur pour signer des contrats d'équipementiers et négocier les matières premières ... Enfin, je parle, je parle, mais bon, j'imagine que mon travail doit vous sembler désespérément nul ... Je veux dire ... Je ne suis qu'une petite patronne de multinationale ... Vous devez faire des trucs bien plus intéressants, pour fricoter avec K-Superman, sauver l'Univers, vous payer un vaisseau rien qu'à vous, et avoir une chienne toute choupie ... Non ? "

Elle parlait, elle parlait ... Elle se sentait un peu bête, mais elle tentait surtout de noyer le poisson, à vrai dire. Elle devenait sûrement passer pour une espèce d'alcoolique invétérée, vu la facilité avec laquelle sa langue s'était déliée ... Espérons qu'il ne remarque pas que le niveau de la bouteille avait carrément baissé ...
Kara rigola un peu, d'un air entendu et aimable, et vida d'un trait son verre, à nouveau, toujours en souriant, avant de se rendre compte, un peu tard, que ça ne devait qu'aggraver la situation...

Si l'on pouvait retirer quelque chose, à ce stade de la conversation entre le Space Ranger et Power Girl, c'était bien que la Kryptonienne était passé par bien des étapes, que son visage reflétait sans se cacher. Elle était ouverte, sympathique, souriante et complice, mais c'était aussi révélée neutre, si ce n'était même un peu irrité : cela était visible au niveau de sa main, plus sûrement que de son visage - qui s'était fermé - lorsqu'était venu la question de cette fameuse "concurrence déloyale". Tout ceux qui étaient au courant des agissements de Kara pour sa société ne manquait pas de le souligner, et du moins de vue de l'héroïne, ça commençait à devenir usant. Elle ne savait pas pourquoi ils étaient tous obnubilés par cette notion creuse. Pour elle, il était question de donner les moyens de leurs ambitions à ses équipes de scientifiques. Il n'y avait pas de savants fous, chez elle, il n'y avait que des talents. Des talents qu'elle avait elle-même sélectionné pour leurs idées et leur éthique, autant que leur compétence. Elle voulait les aider, et elle voulait, par eux, aider l'Humanité au grand complet, car il était certains que les idées de ces génies pouvaient changer la donne. La concurrence déloyale, elle était à voir du côté de ses adversaires, qui ne pensaient qu'à l'argent, tiens !
C'est donc bien par irritation que, pendant un silence presque gênant, on entendit un bruit léger mais hautement discernable, alors que le visage de Power Girl n'exprimait pas la moindre chose, et que son impulsivité légendaire la retenait d'une claque malencontreuse : dans sa main, le verre rempli de Géante Bleue se fissurait à vue d'œil, sans toutefois tomber en morceaux. C'était ça, ou baffer Rik, et le faire payer pour toutes les remarques passées qu'il n'avait pas pu entendre, ou sûrement concevoir. C'aurait été injuste, et puis c'était son hôte. C'aurait été injuste et hautement discourtois.

Elle se rattrapa en riant elle aussi à gorge déployée, quand il déploya la deuxième partie de sa blague, visiblement pour détendre l'atmosphère. Pour un peu, on se serait cru dans un mauvais film d'espionnage, quand le héros rencontrait son antagoniste à une quelconque table d'hôtel ou de restaurant, et qu'ils ne pouvaient s'empêcher de glisser allusion sur allusion à leurs statuts respectifs, en riant jaune.

Kara avala un nouveau verre, et retrouva son sourire. Elle apparaissait comme un véritable puits sans fond, mais elle s'en fichait éperdument. C'était bien pour ça qu'elle buvait peu : dès qu'elle se mettait à boire, elle faisait passer Sue Ellen pour une modèle de vertu, et était en mesure descendre en une soirée la dotation mensuelle d'un régiment de militaires russes, si on ne l'arrêtait pas. Elle se resservit un verre, d'ailleurs. Au moins, chaque verre avait le mérite de "réinitialiser" son curseur, et elle pouvait repartir de zéro.

D'ailleurs, il exposa ses problèmes, ce qui prouvait bien qu'ils commençaient à se mettre l'un comme l'autre en confiance. Des problèmes, d'ailleurs, le Ranger de l'Espace semblait en avoir un sacré tas. A vrai dire, avec autant de problèmes, il n'aurait absolument pas été étonnant que n'importe quelle fille se serait gentiment décommandée, prétextant une indisposition subite, pour avoir d'avoir à terminer la soirée en une espèce de séance de psychologie. C'était peut-être pour ça qu'il vivait dans un vaisseau spatial, cela dit. Rares devaient être les filles à pouvoir prétexter de devoir rentrer chez elles, et de s'enfuir par le sas de décompression. Déjà parce que les espèces en mesure de pouvoir sortir dans l'espace sans combinaison devaient être rares, et ensuite, parce qu'il fallait être en mesure de rentrer chez soi depuis un quelconque point paumé de la galaxie. Non, en fait, après analyse, c'était peut-être simplement que dans l'espace, les techniques de drague étaient bien différentes, ou carrément plus laxistes.

Et puis il y avait Wolfy. Elle était particulièrement mignonne. Ca devait grandement aider.

Toujours est-il que Rik était en veine, puisque c'était une fille non seulement jolie, mais compréhensive et serviable, qui avait toqué à sa porte. Une jolie fille hautement débrouillarde, du reste, ou bien hautement nihiliste.

" Je peux aller leur faire sauter les dents, si ça peut aider. " formula l'héroïne, d'un air neutre, en posant son verre - vide - avant de se reporter sur le pelage de Wolfy, " Les chasseurs de prime, j'entends. Je n'irais pas à me risquer à m'attaquer à la "créature la plus dangereuse de l'Univers", même si j'ai l'impression qu'on la surestime grandement, mais les petites frappes, je peux m'en occuper. J'aime bien rendre service. "

Oui, on avait bel et bien affaire à une version terriblement décomplexée de Superman. Rendre service, voilà bien deux mots qui pouvaient la caractériser, et caractériser chacune des fibres de son être, d'un point de vue au moins métaphorique.

" Et, puis, si vous voulez vraiment faire un tour sur Terre, je dois bien pouvoir vous héberger. J'ai de la place chez moi et assez d'argent pour vous faire faire des papiers. "

Elle ne put s'empêcher de lui faire un clin d'œil complice, avec un sourire presque enfantin.

" Si il y a bien une chose que je suis en mesure de savoir, c'est qu'aucun scientifique ne sera assez fou pour venir essayer de disséquer le frère de Karen Starr. Il y aurait trop de ... concurrence déloyale. "

" Pourquoi est-ce que les hommes ont toujours besoin d'être compliqués ? "

La réplique avait proprement échappé à Power Girl. Il fallait dire que, de ce point de vue, les choses n'étaient pas des plus compliquées. Probablement les contrecoups de sa nature de Kryptonienne, et du fait qu'elle avait tendance à régler elle-même ses problèmes, quand une difficulté se présentait. Il y avait peu de choses qui tapaient plus fort qu'un Kryptonien, et quoiqu'on en dise, la force brute était bien pratique pour résoudre neuf problèmes sur dix. Bon, certes, allez, disons cinq. Pour le reste, c'était la solution de facilité. En un sens, cela établissait le fait que Power Girl était une fille facile, le jeu de mot étant voulu.

" A part vous comporter décemment et éviter de faire des vagues, je ne vois pas vraiment ce que je pourrais vous demander de plus. "

Kara alla à se gratter l'arrière de l'occiput, dans un instant de silence, laissant échapper une autre pensée :

" C'est parce que je suis une jolie fille qu'on a systématiquement peur de mes propositions ? "

C'était bien l'impression qui ressortait, dans la tête de l'héroïne blonde. Elle ne put s'empêcher de se dire que si Kal avait fait une proposition pareil, on ne se serait absolument pas posé de questions. Superman était bon, il était gentil, infiniment gentil, il était l'amour et l'espoir. On pouvait se risquer à dire que Power Girl aussi, pouvait représenter l'amour et l'espoir, mais dans un tout autre registre. Un registre bien plus terre-à-terre. On entrait alors dans l'un de ces instants où Kara Zor-El comprenait ce qui pouvait exaspérer les féministes. C'était une femme, donc elle était automatiquement et indubitablement fielleuse et traitresse. Même si elle était une super-héroïne. Même si, de toutes évidences, si elle voulait faire le mal ici, elle avait juste besoin de planter son index dans le plancher, et d'attendre de voir la dépressurisation le tuer petit à petit. Il fallait arrêter, un peu. Power Girl se connaissait, et elle pensait être connue des autres : elle était très directe, et si jamais elle avait été mauvaise ... mauvaise d'un point de vue indubitable et irrécupérable, alors elle aurait été aussi directe que maintenant.
Pas de plans élaborés, non. Power Girl n'aurait pas été un génie du mal, non. Elle aurait tout réglé en tapant dessus : la salade de poings était sa spécialité.

" Si vous avez vraiment besoin de donner des contreparties, j'ai une solution. " le taquina-t-elle, avec un sourire, " Je peux parler de votre cas à Batman. Un grand type charmant qui s'habille en chauve-souris. Complètement paranoïaque, totalement dépourvu de sens de l'humour. Il s'est constitué une petite famille avec à peu près tout les déshérités du monde : il est accompagné par un gamin psychopathe haut comme trois pommes, la langue bien pendue, parfaitement insupportable. J'ai envie de le gifler à chaque fois que je le vois. Il a un autre disciple qui n'avait pas d'imagination, alors il a piqué le nom d'un super-héros kryptonien pour aller taper des gens avec des matraques électriques. Il a même une tueuse chinoise muette qui s'habille tout en cuir que j'ai retrouvé à trois heures du matin dans mon appart, suspendue la tête en bas à une poutre du salon, en train de s'enfiler un des pots de Ben & Jerry's Chocolat-Cookie Chocolat que je planque sous clé dans ma chambre. "

La "force de la nature" ne put retenir un frisson particulièrement désagréable.

" Elle me fixait dans les yeux avec un regard de chouette, ou de hibou, sans un mot, en mangeant lentement et machinalement, avec ses doigts - même pas de cuillère - et la tête en bas ... Elle en a foutu partout sur le tapis, et ... " Power Girl déglutit, aspirée dans son souvenir, " Je suis pas du genre froussarde, d'habitude, et puis je vois dans le noir, mais là ... Je vous jure que j'ai vu ses yeux briller ... genre ... " Elle se mit à utiliser sa vision pour faire virer ses yeux au rouge, " Comme moi ... mais en jaune ... vicieux ... fourbe ... sans expression ... A la regarder, j'avais l'impression que ... " Elle fit revenir ses yeux à leur pureté marmoréenne, avec de ramener ses mains à côté de son visage, en formes de griffes, ou de serres, pour imiter une bête sauvage, " J'étais ... une proie, une indésirable ou une espèce de clown pas drôle ... J'ai refusé de dormir toute seule pendant trois semaines ... Et il m'a fallu trois jours pour pouvoir fermer un œil sans sursauter. "

Elle reprit son souffle, et un peu de contenance, en reposant une main sur Wolfy.

" J'ai connu des trucs flippants, pourtant : un jour, je suis rentrée chez moi pour trouver The Question dans ma cuisine en train de taper dans ma réserve d'haricots en boîte. Elle divaguait à propos d'un film, et d'un type avec un masque et un nom qu'elle n'arrivait même pas à prononcer ... Elle disait qu'elle voulait essayer un truc. " Kara haussa les épaules, " Je pouvais pas la laisser manger ça comme ça, alors je l'ai invité dans un coréen, on a bien rigolé ... "

Nouveau frisson.

" Mais avec l'autre, là ... Brrr ... Non, franchement, Batman et ses copains, c'est des grands malades ...  Enfin, je divague. Tout ça pour dire que si mon offre vous fait peur, je suis sûre que vous pourrez avoir une offre qui fait vraiment terre-à-terre, avec Batman. Il va, genre, vous demander de garder ses gosses, juste pour voir comment vous allez réagir ... Ou comment vous allez survivre ... "

Elle soupira,

" Remarque, je peux comprendre que je fasse peur aux hommes. Je suis une milliardaire célibataire qui vit dans un trois pièces avec une colocataire hyperactive qui ne vient même pas de la surface de la Terre. On doit sûrement avoir la réputation d'avoir fondé une secte de succubes satanistes. "

" Ça devrait pouvoir s'arranger ... "

" Non ! " beugla Nicco dans ses oreillettes. Pas assez vite pour sa patronne, apparemment.

" Je suis sûr que tu peux arranger ça, non ? Il y en a plein, des hangars, à La Guardia, non ? "

L'opérateur de Power Girl était furibond, et vraisemblablement à raison. Il était certains détails que l'on oubliait, quand l'on était au niveau d'existence d'un Kryptonien - et plus encore d'une Kryptonienne absurdement riche. -

" Des hangars destinés à des avions, Kara. " pesta-t-il, " Il y a des règles, des procédures. Si on vient les voir pour leur dire que l'on prend l'un de leurs hangars pour stocker un vaisseau spatial, ce contre quoi le gouvernement tente précisément de se prémunir puisqu'ils ont tendance à débarquer pour détruire le pays, ils ne vont pas vraiment bien le prendre ! "

Power Girl se gratta le menton pensivement. Il était bien vrai qu'elle n'avait pas véritablement pensé à cela. Elle n'avait pas véritablement pensé non plus, auparavant, à acheter un hangar. Les avions n'étaient pas véritablement des choses pour lesquelles elle trouvait une quelconque utilité.
Pensive, elle se resservit un coup de Géante Bleue. Il faudrait d'ailleurs qu'elle en récupère pour sa réserve. C'était rudement bon, pour du décapant industriel.

" Et si on achetait un hangar, et un jet privé ? " formula-t-elle, à voix haute, comme une solution au présent problème, " Comme ça, on a un grand hangar, on leur dit que l'on met un petit avion, parce que la patronne a la folie des grandeurs, ou un manque total de mesure et ... "

Nicco fit l'erreur de soupirer. A ce moment, Kara savait qu'elle avait gagné. Toute la bureaucratie du monde et toutes les procédures les plus compliquées n'avaient pas la moindre valeur face à ce numéro savamment préparé et savamment simulé de bimbo écervelée. Un numéro extrêmement convaincant. Si convaincant même que Nicco n'eût même pas besoin de voir l'expression d'intense réflexion ahurie de la super-héroïne pour savoir qu'il n'y avait rien ni personne qui l'empêcherait de mener à bout sa théorie.

" On ne s'en sortira pas, hein ? Bon, je vais voir ce que je peux faire ... Ne serait-ce que pour éviter à la direction de l'aéroport d'avoir à gérer un cataclysme blond ... "

" Tu es un amour, Nicco ! "

" N'essayes pas de me faire croire que tu ne m'as pas entendu sous-entendre que tu avais un cerveau atrophié par tes mélanocytes et tes implants mammaires. "

Évidemment, ce n'était pas le cas. Si Power Girl se formalisait à chaque fois que l'on utilisait son physique contre elle, cependant, il y aurait longtemps que le plus formidable ennemi Kryptonien de l'Homme d'Acier aurait été sa cousine, plutôt que le Général Zod...

" Tu sais très bien qu'ils sont parfaitement naturels ... " se renfrogna-t-elle, " Comment je pourrais me faire poser des implants mammaires ? Je te rappelle que je complexe déjà suffisamment d'être invulnérable aux aiguilles de tatoueurs. Tu es juste jaloux parce que j'ai fini la soirée avec ... "

Kara s'arrêta d'un coup, son regard se portant vers Rik. Elle s'était emportée ...

" Ahem. Désolée de vous infliger ça... " lui fit-elle avec un sourire désarmant, avant de remettre la main à son oreille, " Tu sais que tu es pire qu'une hépatite, Nicco ? "

C'était la vengeance de l'Homme sur la Déesse, en quelque sorte. L'hubris et l'ego de Power Girl était certainement ses deux pires ennemis, bien plus que la Kryptonite, les primates géants ou les dictateurs stellaires. Le bon Nicholas Cho émettait un petit rire satisfait, derrière son clavier. D'une pique, il avait réussi à propulser l'une des plus formidables défenseurs de la Terre au statut de lycéenne travaillée par ses hormones exposant les moindres recoins de son intimité.

" Arrêtes de rigoler. Tu sais très bien que je pourrais être dans ton dos en moins d'une seconde, et te briser le cou. "

" Nah ... Il n'y a qu'à Hollywood qu'on verrait ça. "

Kara coupa la liaison. Il était résolument impossible qu'elle gagne cette confrontation ... Elle n'en ressortirait que plus stupide aux yeux de ses spectateurs qu'elle ne l'était déjà. Elle préféra se tourner en souriant à nouveau vers Rik.

" Bon, j'ai bien assez de place pour Wolfy chez moi, et on va trouver un hangar dans un aéroport pour le vaisseau ... Il faudrait juste que ... Il peut se rendre invisible, votre vaisseau, au moins ? Les gens auraient tendance à être soupçonneux, si ils voyaient un appareil extraterrestre survoler leur ville ... Ca n'aiderait guère pour la discrétion, en fait ... "