Malvenue chez Moi (Pv : Justice league)

(HJ/ Je me permets d'ouvrir le bal, et de contextualiser un peu le début du sujet. Merci de m'indiquer si je suis dans l'erreur, ou si je vais trop loin. /HJ)

Un vent puissant s'infiltre entre les bâtiments de Central City. La mâtinée est bien avancée, le déjeuner approche, et les nombreux employés travaillant à l'intérieur de la ville laissent leurs pensées filer vers le même objectif : manger quelque chose d'agréable, passer un bon moment avant de continuer leur après-midi de travail.

Les nuages sont bas, l'ambiance générale de la journée est morose. Aucune crise, aucune attaque aujourd'hui, juste un jour classique dans une ville moyenne des Etats-Unis d'Amérique. Même aux Laboratoires S.T.A.R., fleuron technologique implanté à l'intérieur de Central City, et qui a mené d'énormes avancées grâce à ces locaux.

Mais la réalité n'est pas aussi simple que les apparences.
Car les Laboratoires S.T.A.R. ne sont pas calmes. Ils sont en pleine crise.

A l'intérieur, les agents et employés sont prisonniers et menacés par ce qui fait leur quotidien : la technologie.
Depuis quelques heures, les ordinateurs, systèmes et logiciels des Laboratoires S.T.A.R. ont fait l'objet d'une véritable attaque informatique, si exceptionnelle et brutale que même leurs pare-feux, leurs défenses n'ont pas pu tenir le coup.

Le Thinker, un être humain ayant fait le choix de se transformer en programme informatique, a pris d'assaut les Laboratoires S.T.A.R., et a emporté une victoire aisée et importante. Depuis lors, il s'acharne à torturer, heurter et jouer avec les agents et employés en son pouvoir, ayant bien sûr coupé toute sortie et tout moyen de communication - mais il n'a pas été assez rapide.

Si les hommes et les femmes prisonniers à l'intérieur ne peuvent plus prendre contact avec l'extérieur, certains ont réussi à activer deux alarmes à deux endroits différents, lançant un véritable appel à l'aide sur certaines fréquences bien précises. Et cet appel a été entendu.

"J'espérais vous revoir dans d'autres circonstances."

Il vient de prononcer ces quelques mots sans se retourner, simplement en sentant la présence de ses deux collègues. Debout sur le trottoir en face du bâtiment des Laboratoires S.T.A.R., vêtu d'un grand imperméable sombre, d'un chapeau, son visage est caché, afin d'éviter d'attirer l'attention sur lui et en espérant tromper les caméras extérieures du centre scientifique.

Avant d'attaquer, il a besoin de mettre un plan en place et de préparer une stratégie. Avant d'attaquer, il veut attendre les avis de Flash et de Batman, les deux camarades qui viennent de le rejoindre.
Lentement, il se tourne vers eux et leur offre un sourire sincère - sans aucune barbe pour le cacher. Superman s'est rasé, depuis leur dernière rencontre.

"Nous devrions organiser des rencontres plus calmes, pour varier."

Leur dernier échange a eu lieu lors d'une tentative d'invasion d'Apokolips, durant laquelle une friction s'est révélée entre Bruce et Barry. Clark espère que la crise du jour leur permettra de dépasser cette difficulté, et de retrouver le respect et l'amitié qui les liaient jusque-là.

"En attendant, nous devrions surtout découvrir comment pénétrer là-dedans. Flash, c'est ta ville : comment veux-tu opérer ?"

Les mains dans les poches de son imperméable, le journaliste utilise ses super-pouvoirs pour scanner le bâtiment, même si ce dernier est doublé en plomb pour empêcher que des Kryptoniens mal intentionnés y pénètrent. Le dispositif de secours prévu par lui se retourne contre lui, mais ils s'en sortiront. Ils ont déjà vu pire, ils entendent bien sûr relever ce nouveau défi brillamment.

Quel joie de te revoir ici Flash. Tu viens te jeter dans la gueule du loup. J'imagine que tu as compris que tu n'étais pas de taille face à mon génie.

Clark acquiesça à la petite présentation numérique de Barney Cuwe. C'était sûrement un rêve d'enfant pour Batman, ou alors le pire cauchemar de sa vie ; l'homme contre la machine. L'homme d'acier regarda Flash s'envoler le long de la paroi du bâtiment jusqu'à aller pénétrer par une entrée cachée un peu plus en hauteur. Lorsque les ordres de mission furent lancés, il se contenta d'entrer par la grande porte, non sans avoir pris son élan en vol supra-luminique.

Afin de mieux tromper les détecteurs thermiques et de mouvements, Kal souffla une de ses fameuses et puissantes bourrasques gelées. Le souffle-glacial était un de ses pouvoirs qu'il utilisait rarement, pourtant c'était une façon très efficace d'immobiliser un criminel lors des arrestations citoyennes de l'homme d'acier ; congelés, les voyous pouvaient alors paisiblement attendre d'être sortis de la glace pour mieux être mis au frais par les autorités. Cette fois cependant c'était une utilisation plus subtile, qu'il avait travaillé pour des missions d'infiltration qui demandaient des méthodes millimétrées et moins spectaculaires qu'à l'habitude. Une maîtrise impeccable de la puissance et de la répartition du souffle givré compensant l'air déplacé par son corps et la température générée par ses cellules kryptoniennes permettrait de faire illusion aux capteurs, tandis qu'une vitesse supérieure à celle de la lumière le protégeait d'être repéré par n'importe quelle lentille, même les plus précises. Lorsqu'il parvint en plein coeur de STAR Labs, il profita d'un placard à balais pour cesser sa course folle et s'y réfugier.

Clark, réchauffant son chapeau de feutre et ses habits avec une légère ondulation de l'air par son regard calorifique, s'épousseta les manches et regarda ce qui se trouvait autour de lui dans le placard. Flash l'avait assigné à la protection des civils, tout en évitant évidemment d'être démasqué. C'était idiot, mais conserver l'apparence de Clark Kent lui faisait naturellement redoubler de vigilance pour ne pas se faire pincer, tandis que Superman était tout à propos de voir et être vu. D'ailleurs étant donné les multiples senseurs possibles installés avant l'arrivée du Thinker par les laborantins, ou carrément par lui-même lors d'une de ses améliorations éclair, il devrait demeurer économe avec l'usage de sa vision à rayons-X, puisque chacun sait que ceux-ci dégagent... des radiations, mesurables évidemment. Dans le placard avec lui se trouvait toutes sortes de matériels, évidemment les femmes et les hommes de ménage n'étaient pas concernés par le modernisme flirant franchement avec la science-fiction qui régnait en maître dans les installations de STAR Labs. Des balais, une boîte à outils, quelques pots de peinture et autres mastics, des produits détergents et un montagne de chiffons assortis d'une machine à laver à hublot qui leur était probablement destinée, et enfin, un briquet et un paquet de cigarettes cachés derrière un pilier, sur l'étagère. Pas de quoi fabriquer une arme ou une bouton d'arrêt contre l'invasion des lieux par le penseur fou.

Protéger les civils, il avait une petite idée pour parvenir à cet objectif, ou du moins les protéger le temps que Barry puisse l'occuper et Batman, déjouer les méanres de sa technologie. L'idée était osée, mais Clark n'en avait pas de meilleure sans attirer immédiatement l'ire du penseur informatisé sur Superman et sur les civils, ceux-là même qu'il doit permettre d'évacuer intacts. Rapidement, le journaliste en civil vida dans ses poches une grande partie du contenu de la boîte à outils, il prit aussi le briquet à gaz et se fit un baluchon en chiffons dans lequel il fourra plusieurs bouteilles de produits chimiques de nettoyage, ainsi qu'un autre qui était en poudre qu'il glissa dans la doublure de sa veste. Puis, étalant le restant de produit en poudre qui ne tenait pas dans son habit sur le sol, il fit écrouler l'étagère, répandant plusieurs litres de peinture autour de la poussière abrasive inflammable. Il se saisit d'un manche de balai, qu'il brisa sur son genou avant de franchir la porte. D'un dernier regard rouge comme de la braise, il fit prendre feu au petit placard à balais, dont il barra ensuite la porte avec le manche brisé.

"Qui que ce soit aux commandes de STAR Labs, je suis Clark Kent, le journaliste. J'ai présenté le journal télévisé, tu as forcément mon visage en mémoire. Je suis un homme désespéré, et malheureusement tu es en travers de mes derniers instants. Ma femme m'a quitté avec mon enfant, pour quelqu'un qui travaille chez STAR Labs. J'ai décidé d'en finir, et tant pis si ça ridiculise tout ton plan en asphyxiant les otages. Je me suis enfermé dans un placard en attendant mon moment, mais vu les événements je sens que c'est maintenant ou jamais, tu ne me prendras pas ma fin dramatique. Je suis un homme désespéré, et tes projets ne m'intéressent pas. Je veux seulement... en finir."

Il arracha sa chemise avec emphase, heureusement le bouclier-S se rendait invisible d'une seule pensée grâce à l'armure de cérémonie à laquelle il était rattaché. Il s'agenouilla au sol, sous le regard horrifié de plusieurs collaborateurs de STAR Labs qui étaient assis contre les murs en espérant que ça passe et survivre à cette horrible situation. Clark leur fit un clin d'oeil, peut-être que certains d'entre eux savaient qu'il était un reporter capable de toutes les manigances pour s'infiltrer sur un terrain hostile. Cette fois, le terrain était au cœur de la ville la plus occupée et pourtant la plus provinciale de l'Amérique. Le cœur du pays, diraient certains, traversé de l'artère liquide du fleuve Missouri.

Pendant ce temps, la fournaise du placard à balai émanait une fumée toxique par toutes les conduites d'aération. Il faisait un pari risqué, mais si Devoe prenait vifs les plus grands esprits de Central dans la structure gagnée à son contrôle, il devait avoir terriblement besoin d'eux, lui qui ne doutait en aucun cas de la supériorité de son génie. Dans ce cas, il montrerait sa main et Clark en découvrirait davantage sur ses intentions ; un autre scénario possible était celui d'un Thinker cruel prêt à voir le journaliste suicidaire aux prises avec les autres captifs et donc, distrait de ses deux autres opposants.

Contrairement à ce qu'il aurait pu imaginer, la conscience qui envahissait STAR Labs ne s'était pas manifestée directement à lui, se contentant de lancer des systèmes de sauvegardes contre les situations dangereuses. Il admit qu'il devrait en faire plus s'il devait accaparer l'attention du criminel, mais demeurait conscient que le simple fait de lui voler son moment et de menacer même faiblement ses intérêts, devait le mettre dans tous ses états, tout intellectuel qu'il fût.

Clark était entraîné à se battre avec ses pouvoirs, mais il avait aussi, avec l'appui des Drs Hamilton et Veritas, de Cyborg, des Green Lanterns et au cours de ses propres aventures notamment gladatoriales sous le joug de Mongul, appris à se battre sans aucune de ses propriétés surhumaines. Le plus difficile n'était pas de se débrouiller sans, mais de les empêcher de se manifester. C'était un exercice auquel il était roué lors de la vie cahoteuse mais sans contre-mesures technologiques de Clark Kent ; une chose qu'il faisait chaque jour pour ne pas être assailli par les sensations, pour ne pas détruire le monde à chaque pas comme s'il se déplaçait sur des œufs ; une restreinte qu'il devait appliquer le plus souvent lors de ses combats surhumains, car hormis Doomsday et Despero, très peu pouvaient encaisser une de ses attaques de pure puissance sans que l'on doive appeler ça un meurtre.

"Madame, votre vie s'est arrêtée avec la mienne lorsque j'ai franchi cette porte."

Il s'était avancé vers l'une des scientifiques gardées en otage et la menaça lui-même, en fait il n'eut guère de difficulté à la maîtriser, bien qu'il se doutât que les employés et notamment de haut-rang fussent entraînés à la lutte défensive, pour protéger les intérêts conservés dans le bâtiment et dans leurs esprits de génies. Une main enfoncée dans le cou de sa victime, le journaliste désespéré était prêt à serrer trachée et veine jugulaire dans un poing serré au moindre geste suspect.

Il voyait les réactions des autres captifs, nerveux, apeurés, à la limite de la rupture émotionnelle. L'un d'eux bougeait imperceptiblement pour essayer d'atteindre quelque chose, que Clark ne reconnut pas immédiatement du coin de l'oeil. Son esprit kryptonien était en train de dégager à la vue et à l'odeur les différents composants des mousses anti-incendies et la nature des mesures de sécurité.

Kal entendit l'arrivée d'une personne, un souffle féminin, une cage thoracique impressionnante, plus haut, au niveau du toit. La puissance laissait peu de candidates, la voix lui permit de réduire à une seule personne. Barda. Néo-déesse et mentor de facto de la Justice League.

Clark, au milieu d'une situation qu'il avait contribué à créer afin de troubler l'esprit dérangé du criminel désincarné, se rendait compte à quel point il avait fait fausse route. La situation n'avait fait qu'empirer, il avait très mal évalué les possibilités de l'adversaire et ses deux camarades paraissaient aussi perdus que lui. Les tactiques de la Justice League étaient mais alors totalement à revoir. D'un seul coup, en dépit de son apparente prise d'otage, le soi-disant journaliste désespéré disparut aux yeux des captifs. Il espérait qu'ils mettraient cela sur le compte d'un jeu sadique de la part de leur tortionnaire. Avec sa super-vitesse, il fit le tour des bâtiments et effaça à l'aide de sa vision chaude toute trace de la présence de Clark Kent sur les lieux, sur tous les disques des caméras et micros de la sécurité. Il avait camouflé à tous les sens la présence de Superman, mais s'était donné en spectacle en tant que Kent. C'était un risque qu'il avait pris. Il agissait toujours comme s'il était invulnérable à tout, non pas parce qu'il l'était, mais parce qu'il fallait bien quelqu'un pour prendre les initiatives. Son prochain avait toujours besoin d'aide, et risquer Clark Kent ou Superman était un risque qu'il était toujours prêt à prendre. Peut-être était-ce une erreur, mais ses tripes le conduisaient toujours à cela. Il faudrait qu'il trouve quelqu'un à qui en parler, cela finirait sûrement par une conversation avec son âme soeur Lois Lane.

Il rejoignit ensuite Barda et Flash sur le toit, penaud.

"Bon, tout est réglé à ce que je vois. Merci, Barda. Nous ferons un bilan de cette débâcle et les protocoles pour se charger de Thinker la prochaine fois. Je serai à l'écoute de votre appel."

Ses mots étaient durs, mais son attitude, peu fière. Le vilain s'était échappé, ils avaient trop risqué. Et Batman, il espérait que Batman aurait trouvé quelque chose.