Justice League of America #1-... [Review]

Bonsoir,

Je me propose de donner un avis sur la nouvelle série sur la Ligue de Justice, réalisée par Bryan Hitch  (Ultimates, The Authority, JLA jadis également) au scénario et au dessin.
Ce sera essentiellement un avis, un petit résumé et quelques observations. Cette série étant "hors-continuité" (en gros, on ne tient pas compte des événements des autres comics du moment, on reste sur le statu-quo classique de l'équipe des grands membres légendaires), ce sera plus simple à suivre que les titres trop impliqués dans les grands événements.

Spoiler:

Auteurs : Bryan Hitch, Wade Von Grawbadger.
Mois de sortie : juin 2015.
Pitch officiel : Dans cet épisode extra-large, la Ligue doit faire face à une armada d'aliens filant vers la Terre qui annoncent être une tribu religieuse pacifique. Mais quelque chose de bien plus sinistre apparaît... quelque chose liée à l'ancienne Krypton !

Les images de preview : http://www.comicbookresources.com/comic-previews/justice-league-of-america-1-dc-comics-2015

Mon avis : Bryan Hitch est un dessinateur connu pour ses séries "hollywoodiennes", dans le sens où sa mise en page, ses choix de narration et ses scènes d'action correspondent beaucoup aux grands films d'action. Sa façon de faire a fait des merveilles, et a participé à son succès, sur des titres comme Ultimates chez Marvel, JLA chez DC (pour un passage court) et sur The Authority, qui a ma préférence.
Après plusieurs passages chez Marvel, où ses prestations ont lentement décru à mon avis, il s'est lancé chez les indépendants (America Got Powers, version super-pouvoirs des émissions Incroyable Talent) avant de signer désormais chez DC.

Hitch, après quelques couvertures, se lance ici dans le grand bain, en jouant avec l'équipe phare de l'éditeur dans un récit hors continuité, dans le sens où il ne se préoccupe pas des (choquantes) évolutions des séries Batman, Superman, Green Lantern ou autres. On est ici dans un récit de JLA où le lecteur n'a pas besoin de connaître l'état actuel de l'univers DC : les principes sont simples, la JLA est une équipe de héros surpuissants chargés de défendre la Terre, la composition étant elle aussi classique (ce sera celle du futur film, c'est celle de New 52, c'est globalement la version classique avec Cyborg à la place de Martian Manhunter).

A titre personnel, j'étais très sceptique avant de lire ce numéro, tout simplement parce que j'ai souvent du mal avec les dessinateurs devenant scénaristes et chopant les deux casquettes (Tony Daniel, David Finch et Francis Manapul ne m'ont pas convaincu en tant que scénariste/dessinateur, par exemple).

Cependant, je dois avouer être très agréablement surpris par ce premier numéro, qui renoue avec la simplicité, la puissance, l'épique et l'aura que la JLA ou JL ne devrait jamais abandonner !

Ici, pas de liens avec d'autres séries, pas d'histoires liées avec les grands événements, juste une intrigue sur les membres de l'équipe... enfin, plutôt sur Superman, en fait ! Le numéro se concentre essentiellement sur l'Ange de Metropolis, et c'est agréable de retrouver une partie de l'esprit du personnage d'avant le New 52.
Jusque-là, l'intrigue avance peu, Hitch se contentant de (bien) traiter Superman, de teaser des implications supérieures, d'offrir un final étonnant sur l'identité de (l'apparente) grande menace et surtout de jouer avec ces personnages dans des hautes scènes d'action !

Hitch se révèle en effet un scénariste malin, caractérisant bien ses personnages (qui sonnent "vrais"), mais qui est surtout bien conscient de ses forces et faiblesses et sait bien les utiliser. Ainsi, l'épisode extra-large est grandement tourné vers l'action, et la puissance des combats nous en donne pour notre argent !
C'est beau (Hitch revient à un trait élégant, beau, fluide, ce qui n'était plus le cas ces dernières années), dynamique, ça "tape" beaucoup, c'est fun, c'est bien fait. C'est très agréable à suivre, parce que les personnages ont la "voix" que tout le monde leur connaît, et le scénario alterne bien entre l'action, l'avancée des intrigues et le cliffhanger.

En conclusion, JLA #1 est très bon, parce qu'il s'agit finalement d'un blockbuster en comics, un gigantesque récit d'action qui fonctionne bien.
C'est frais, direct. Ca n'a pas l'ambition d'être une histoire poussée, c'est l'équivalent d'un pif-paf-pouf bien fait et bien raconté. Et ça, c'est déjà pas mal !

Points forts :
- très beaux dessins,
- grand dynamisme,
- personnages respectés et agréables à lire,
- bon équilibre dans le scénario,
- de l'action à fond, et bien faite,
- un cliffhanger étonnant.

Points faibles :
- pas assez d'informations sur la menace alien, évoquée dans le pitch officiel mais trop absente de l'histoire,
- les dialogues parfois un peu secs entre Superman et Vincent, Hitch doit encore se perfectionner sur les échanges longs.

Numéro 2

Spoiler:

Auteurs : Bryan Hitch, Wade Von Grawbadger.
Mois de sortie : juillet 2015.
Pitch officiel : La JLA en apprend plus sur l'armada de prêcheurs religieux qui sont arrivés sur Terre - et leurs étranges liens avec Krypton !

Les images de preview : http://www.dcplanet.fr/153929-preview-vo-justice-league-of-america-2-2

Mon avis : Le premier numéro m'avait laissé sur un avis très positif, grâce à des pages d'action extrêmement dynamiques, une caractérisation cohérente et agréable, et une impression générale très agréable. Le deuxième épisode ne réussit pas à être aussi bon, plombé qu'il est par une erreur réelle sur un personnage et un récit un peu déséquilibré, mais parvient quand même à conserver quelques très bonnes notes.

La difficulté que Bryan Hitch s'est imposée à lui-même est d'enchaîner, après un premier numéro très dynamique et orienté vers l'action, par un épisode sans action, beaucoup plus calme et explicatif. Et, outre le changement de rythme brutal, l'auteur montre ici qu'il n'est pas encore un scénariste très aguerri. En effet, son scénario fonctionnait très bien quand il servait ses planches dynamiques, pleines de combat et de rythme, mais sa plume n'est pas encore assez précise, douée et expérimentée pour écrire deux à trois dizaines de pages sur des dialogues et des explications.

Si j'excuse aisément cette inexpérience, et plusieurs maladresses dans l'écriture mais surtout le rythme (le rythme est, selon moi, le plus important dans l'écriture : il programme et coordonne tout, il est le lien entre les scènes, entre les cases, il est l'élément moteur de la lecture, il est l'aspect fondamental d'une lecture), j'ai plus de mal à accepter une trop grosse facilité scénaristique.

Sans spoiler, car cela se lit quasiment dans les pages de preview, le comportement de Superman me gêne grandement. Si je louais l'écriture de Bryan Hitch sur le personnage dans le premier épisode, je tique grandement sur l'attitude de Kal-El dans ce numéro. Son acceptation totale et trop facile de Rao, sa promotion de l'action de ce "dieu", tout cela me gêne véritablement.
C'est trop facile, trop rapide et trop incohérent : Superman, même dans l'univers New-52, n'est pas aussi naïf et bête, au point d'accepter pour argent comptant la présence de Rao et ses explications bien simples sur Krypton. C'est naze, et ça gâche la lecture, car Bryan Hitch s'enlève volontairement une épine du pied, sans la justifier. Il a besoin que Superman soit l'agent sur le terrain de Rao, son promoteur, pour que le monde le suive.

La suite est, du coup, prévisible : je suis prêt à parier que ce n'est pas Rao, ou bien qu'en vérité Rao ne soit pas bénéfique, et un final sur une baston brutale et une trahison.
Mouais. Je suis déçu, car tout semble finalement bien facile, et la sous-intrigue sur l'entreprise ne relève pas grand-chose pour l'instant. Dommage, car cette double facilité (l'intrigue, le comportement de Superman) gâche la lecture. J'espère me tromper au moins sur le premier aspect.

Par contre, à côté, Hitch continue de produire des très jolies pages, et sa caractérisation de Batman, et sa relation avec Cyborg, est bonne. Le tout se lit bien, c'est agréable, et malgré quelques problèmes de rythme dans les dialogues ou l'avancée de l'action (se débarrasser aisément de 3/4 du casting est un peu facile), c'est bien fichu et c'est digne de la majorité de la production actuelle.

Je continue avec plaisir, mais l'extrême enthousiasme est douché.

Points forts :
- très beaux dessins,
- dynamisme dans les planches,
- la relation Batman/Cyborg,
- un cliffhanger efficace, à défaut d'être étonnant.

Points faibles :
- la caractérisation de Superman, gros point noir,
- problèmes de rythme,
- l'absence facile d'une trop grande partie du casting,
- l'aspect prévisible, pour l'instant, de l'intrigue.