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C'est grave, Docteur? | |
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Re: C'est grave, Docteur? Mer 20 Sep 2017 - 22:53 | |
| You can do that ! |
| | Re: C'est grave, Docteur? Jeu 21 Sep 2017 - 18:34 | |
| Perso je préfère quand tout n'est pas tout blanc ou tout noir, je ne suis pas trop partisan du fait de cataloguer les persos soit dans méchant, soit dans gentil, je préfère quand c'est plus nuancé. Je pense que dans la vie, il n'y a pas vraiment de "gentils" ni de "méchants", c'est plus complexe que ça, alors j'aime bien quand il est difficile d'étiqueter des personnages. Un exemple : Ozymandias dans Watchmen. Typiquement le genre de personnages que j'adore, parce qu'il est difficile à classer dans "gentil" ou "méchant" et ça dépend surtout de l'avis du lecteur. |
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Re: C'est grave, Docteur? Jeu 21 Sep 2017 - 18:44 | |
| Ça reste un tueur. Pour une cause qu'il considère bonne - mais un tueur malgré tout. |
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Re: C'est grave, Docteur? Jeu 21 Sep 2017 - 18:53 | |
| Quel débat palpitant ^^
Personnellement, j'aime mes personnages faibles, complexes et un peu losers sur les bords. Les héros qui doutent, qui se sentent nazes (Jessica Cruz est une excellente surprise en ce sens). Ceux qui finissent par s'interroger sur la moralité de leurs actes : en ce sens, la dernière "scène" de Watchmen quand Ozymandias médite sur ses actes et demande son avis à Manhattan, pour savoir si en fin de compte il a bien agi montre, à mon sens, qu'Ozzy se prend à un moment pour un Dieu mais qu'il est rattrapé par sa condition d'humain (d'ailleurs Watchmen c'est presque que ça : la démonstration que sous le masque - même des tarés comme Rorschach, même des êtres réellement divin comme Manhattan - il n'y a qu'un homme ou une femme avec ses doutes et ses interrogations) ...
Aussi pour ça que j'adore Watchmen mais également Squadron Supreme ou Kingdom Come... quand même les gentils sont en difficulté.
Bref, pour moi, le méchant est toujours intéressant : soit il doute et ça le renvoie à sa propre condition d'humain, soit il y a une jubilation dans le crime qui est intéressante je trouve à incarner. Un peu comme Richard III est un personnage intéressant chez Shakespeare : le mal pour le mal. La folie dans l'horreur.
Finalement, le méchant est soit trop humain dans sa petitesse (par faiblesse il fait le mal) ou dans son extase idéaliste (celui qui juge que les fins comptent plus que les moyens), soit au-delà de l'humain dans la réalisation d'un mal absolu...
Je n'incarne en vilain que Tara dont j'ai toujours aimé la folie nihiliste. Et c'est ce côté de volonté de soumettre le monde pour le simple plaisir de le faire qui me plait chez elle. Le mal pour le mal. |
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Re: C'est grave, Docteur? Jeu 21 Sep 2017 - 21:53 | |
| Bien sûre que dans la vie il n'y a pas que des ''méchants'' et des ''gentils''.
Mais ce que je veux, moi, (en partie) retrouver dans la lecture héroïques, c'est justement pas la vie. Du virtuel et non du réel. Des personnages haut en couleurs qui représentent des valeurs et des vices et qui s'affrontent. La lutte du bien contre le mal. Et qu'on se retrouve tous sur la même longueur d'onde à apprécier la victoire de Superman contre Lex Luthor et non l'inverse (je me souviens qu'un tel récit existe dans l'Anthologie Superman de Urban Comics et ça m'avait choqué).
Si le récit héroïque veut se rapprocher au plus près de la vie réelle... floutée les habituelles frontières ''méchants'' et ''gentils''... c'est intéressant, je suis tout à fait d'accord mais selon moi ça ne dois pas être la tendance moderne du gris qui prend le pas sur les anciens standards de noirs et blancs.
J'ai besoin de héros valeureux et de méchants monstrueux. |
| | Re: C'est grave, Docteur? Ven 22 Sep 2017 - 17:45 | |
| Débat intéressant sur les représentations dans nos écrits qui se lance ^^. Cela fait penser au débat qui un temps a secoué le monde artistique lorsqu'est arrivé la très éphémère période Hyperréaliste en art où les artistes réalisaient peintures, sculptures, et autres représentations du monde de la manière la plus réaliste possible. (C'est un débat qui anime aussi un peu le jeu vidéo depuis la hausse des capacités des consoles d'ailleurs). Le mouvement s'est essouflé rapidement, faute d'intérêt dans l'observation/contemplation de ces œuvres et le peu de sens qu'elles offraient. Dans notre cas, faudrait-il donc plus de réalisme avec une représentation plus « fidèle » des caractères humains, avec son nuancier moral, révélant des individus dans des situations avec des questionnements, offrant une immersion et des interrogations personnelles ou faut-il que l'écrit se porte aù-delà de la simple figuration et soit porteur d'un sens différent ? Pour donner des exemples et épépiner mes propos, faut-il que les personnages soient réalistes dans des situations incroyables (surhumains, extraterrestres, pouvoirs magiques...) et offrir une réflexion sur la position humaine dans ce monde (y'a-t-il encore une Humanité alors que celle-ci vit dans la peur de l'oblitération et ne survit que grâce à des métahumains et des extraterrestres ? ) ou même sur la réaction d'un individu normalement constitué face à ces situations terribles ? (J'ai ma réponse pour le sujet avec Faora d'ailleurs qui joue un peu dessus, je la publie ce soir [Fin du Teasing ]). Pour relier le point avec le sujet, doit-on voir les criminels dans leur dimension philosophique : sont-ils les produits de la société, des individus qui ont choisi leur voie, des fous, des aliénés, des idéalistes dogmatiques ? De l'autre côté, doit-on plutôt agir sur le côté mythologique des comics ? Superman comme une adaptation messianique, Arthur Curry comme une adaptation des mythes arthuriens (merci Mister Miracle ) et prendre les personnages sur une dimension pas seulement humaine et faite de doute mais comme des symboles vivants et puissants face à des vilain qui sont leur contraire exact, leur némésis, ceux qui sont faits pour exploiter leurs faiblesses et les « torturer ». Dans les comics, les histoires jouent tantôt sur un tableau tantôt sur l'autre, dans le RP, il est difficile en tant que vilain de ne jouer que sur le second tableau. La raison est simple, notre criminel est voué à rencontrer plusieurs justiciers et certains (exemple Black Manta ou l'Architecte) sont conçus pour un justicier (ou un contexte) en particulier. Cela implique de devoir faire « évoluer » le criminel dans sa dimension psychologique et donc « humaine » ou en rapport avec un élément « humain » (pour les extraterrestres) afin de lui permettre d'être pertinent, même face à d'autres justiciers. Les criminels doivent-ils donc tous devenir gris ? Non, je ne le pense pas, mais il faut savoir saupoudrer son personnage d'un peu de dimension supplémentaire pour le plier au besoin de nos Rps. Nos histoires ne sont pas conçus de bout en bout et nos personnages ne sont pas taillés sur-mesure pour toutes nos confrontations, il faut donc l'adapter et la « grisaille » est un moyen qu'il ne faut pas laisser de côté. Cependant cet outil « rp-dramaturgique » n'est qu'un outil et je me rangerai du côté de M'gann, un vilains doit être au final un individu détestable. Même Croc, malgré la souffrance qu'il a subi reste un méchant détestable, il a souffert oui, mais des justiciers aussi, la différence est qu'il a fait des choix qui en font un méchant. On peut éprouver de la pitié pour son passé, on ne peut en éprouver pour ses actes barbares. (Si vous aimez Descartes, il a fait ses choix de façon raisonnable, si vous préférez Spinoza il a de ses désirs suivis les pires, mais dans les deux cas il reste coupable, il reste un mauvais individu). Et maintenant la phase consensuelle : Vous l'aurez compris, la vision que l'on a des œuvres et de leurs protagonistes, ce que nous aimons voir change notre perception de ce que doit être un personnage méchant ou gentil, certains réfutent même jusqu'à cette dichotomie. Il n'y a pas de recette miracle pour dessiner un archétype à suivre absolument (et heureusement) mais n'oublions pas que nous faisons du RP dans un univers particulier, cela implique des codes. Et les codes du comics, même s'ils ajoutent de la grisaille conservent cette dichotomie (souvent pour des intérêts commerciaux comme l'impossible rédemption de Harvey Dent, les résurrections des héros bons qui ne peuvent chuter, etc.), un méchant sera toujours méchant, un justicier toujours gentil, pour la simple raison que les personnages sont porteurs de symboles et de mythes qui n'acceptent pas de brouiller les repères au risque de perdre eux-mêmes leur sens. Mais d'un autre côté, le RP reste une affaire de joueur qui fait vivre un personnage et donc, le personnage peut faire, dans les limites de son background et de ses capacités, virtuellement tout. Ses réflexions sont à l'appréciation du joueur, son comportement ses réactions sienne et uniquement sienne. Quoi, c'est tout ? Tout ça pour finalement dire « à vous de voir ». Beeeen oui, c'est à vous de voir, ça ne veut pas dire que les réflexions précédentes n'ont pas de sens et ne sont pas là que pour me faire étaler ma science et mes références de tartineur de concepts comme dirait Gump (encore une tient !), mais vous faire partager une analyse et peut-être vous permettre de voir comment en utiliser certains éléments, voir ce qu'il est possible de faire et éviter des travers que je pense avoir identifié pour vous permettre de faire le méchant que vous avez envie de lire/écrire (les deux étant généralement liés) ! PS : Pour Ozymandias, il est intéressant de voir que l'individu souffre de sa réussite et semble se sacrifier à subir les conséquences de ses actes, un assassin prêt à accepter son crime en bref. Cela le rend-il moins coupable ? Chacun se positionne mais il reste un génocidaire par les faits. |
| | Re: C'est grave, Docteur? Ven 22 Sep 2017 - 18:47 | |
| En effet, pour Croc et quasiment tous les autres criminels, je suis d'accord sur le fait que leur souffrance ne permet pas de justifier leurs actes odieux. Toutefois, cela ouvre la voie à un autre débat : on dit que ces criminels ont pris des mauvaises décisions, mais les ont-ils vraiment prises ? Ont-ils eu le choix ? Certains d'entre eux peuvent être jugés irresponsables de leurs actes car ils sont déclarés "fous", le tout est de savoir quelle est leur part de volonté dans leurs actes. (et plus généralement, mais là on va loin, étant donné que tout n'est que suite de causes et de conséquences suivant des lois physiques, avons-nous vraiment un pouvoir de décision ? Faisons-nous réellement des choix ou sont-ils déjà tous définis par les lois qui régissent le monde et qui font que les signaux électriques empruntent un certain chemin dans notre réseau de neurones plutôt qu'un autre, nous donnant ainsi l'illusion du choix ?)
Concernant Ozymandias, son action me rappelle un peu un dilemme, je ne me souviens plus de l'exemple exact, mais en gros : on est dans une situation dangereuse, et on a que deux possibilités : - agir en sacrifiant un petit groupe de personnes pour sauver la majorité - ne pas agir, et laisser tout le monde mourir (y compris nous-même)
Dans le cas de Watchmen, Ozymandias a choisi d'agir. La question à se poser c'est : peut-on s'octroyer le droit de sacrifier une partie d'un groupe pour en sauver le reste ? La réponse pragmatique est oui. Si, à la fin, on a le choix entre avoir 0 survivant, ou en avoir plusieurs, mieux vaut qu'il y en ait plusieurs. Cela pose de gros problèmes éthiques/moraux : pourquoi certaines personnes devraient avoir le droit de vivre et pas d'autres ? Comment les choisir ? etc...
Ozy a fait un choix terrible et très lourd de conséquences, mais cela lui a permis de sauver le monde (en tout cas, selon lui). Si l'on part du principe qu'il n'y avait que ces deux solutions (tuer des millions pour sauver des milliards, ou laisser des milliards mourir), je pense qu'il est difficile de savoir s'il a bien agi ou non.
Mais les deux principaux problèmes de son plan, selon moi, sont que : - il n'y avait aucune certitude que ça fonctionne (même à court terme), et on est quasiment sûr qu'à moyen et long terme ça ne marchera pas (notamment à cause du journal de rorsharch mais dans tous les cas, avec le temps, les humains se seraient entretués). - il y avait possiblement d'autres solutions non explorées, qui ne nécessitaient pas un tel sacrifice. Par conséquent, dans Watchmen, on est pas vraiment dans la même situation que celle du dilemme précédemment décrit, donc le sacrifice est encore moins justifiable. Et donc en partant de ces deux derniers constats, il est clair qu'il a mal agi.
Dernière édition par K.F.C. le Ven 22 Sep 2017 - 19:34, édité 1 fois |
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Re: C'est grave, Docteur? Ven 22 Sep 2017 - 19:19 | |
| C'est un plaisir de vous lire
Pour l'histoire de la responsabilité. Malgré le conditionnement et la pression énorme que peut avoir son environnement, celle de l'éducation en particulier, j'adopte quand même majoritairement la réflexion du ''la personne est 100% responsable de ce qu'elle pense et choisit de faire'' car on trouvera toujours telle personne et telle personne qui dans des situations identiques, ne feront pas la même chose. Dans le cas d'accomplir un meurtre par exemple, pour revenir au cas du vilain.
Sans vous ennuyer avec ma vie ^^ J'aime dire que c'est une réflexion que je trouve apaisante dans un travail social, comme le mien en tant qu'animateur. Si je considère mon public 100% responsable de ce qu'ils veulent bien apprendre de ce que je leur propose, je ne souffre pas ensuite en me disant que j'ai échoué et que c'est de ma faute, quand il s'en fiche de ce que je leur dit finalement (en matière de sensibilisation à la nature principalement). Après, évidemment, cette non responsabilisation ne me rend pas faignant. Je tente continuellement de trouver des moyens d'accroches, de motivation, etc. adapté à la diversité des goûts uniques de chacun. |
| | Re: C'est grave, Docteur? Lun 25 Sep 2017 - 10:14 | |
| Réponse terrible aux questionnements de Croc: ça dépend du joueur. Fin, au revoir... Non, je plaisante, je vais encore dégoiser (niark, niark, niark, j'aime surintellectualiser). Je ne vais pas répondre à la question "sommes-nous libre de nos choix?", des philosophes auront sans doute de meilleurs arguments que moi sur la question et la Vérité qui pourrait en émerger n'est pas le sujet ici. A la place, posons-nous dans le cadre du RP, qui nous intéresse, et qui m'évitera de me jeter corps et âme dans un débat philosophique. Une question intéressante qui vient de la réponse de Croc et qui est lié à notre sujet ici : Quel lien y'a-t-il entre le joueur et le personnage ? Un questionnement qui se trouve en filigrane de nombreuses réponses, lorsqu'il est question de l'investissement du joueur dans son personnage) Commençons par prendre le problème depuis le début: Pourquoi jouer un personnage sur un forum RPG? Le RP, c'est faire vivre un personnage (joueur) et même lui faire vivre des aventures (joueur + MJ) dans un univers de jeu (MJ). L'univers de jeu est formé d'un contexte, d'une cohérence interne et d'un système de règles qui permet aux joueurs de l'influencer et au maître du jeu de quantifier ou insérer une dose d'incertitude dans les actions des joueurs (pour créer de la tension dramatique). Le forum est un médium, c'est-à-dire un moyen de transport d'une communication. Là où le jeu de rôle papier utilise la voix et les gestes, là où le GN va encore plus loin dans la théâtralisation, là où le jeu vidéo utilise le clavier/souris, le forum RP utilise l'écrit (avec images/sons au besoin). Cela implique que jouer sur un forum c'est vouloir faire du RP (interprétation d'un personnage) via des échanges écrits. Cela implique une autre temporalité que le RP papier (ou jeu vidéo), mais aussi d'autres règles et un cadre particulier. Mais malgré ces différences, certaines mécaniques restent les même entre toutes ces pratiques : pour faire "vivre" un personnage et s'attacher à lui, il faut se sentir concerné par lui (qu'il soit méchant ou non). Dans le jeu de rôle papier, une excellente manière de créer un lien puissant entre le joueur et son personnage est de lui faire faire un background et de lui laisser se fixer un but personnel. Cela donne du sens à son personnage, une raison d'avancer en parallèle du monde et des intrigues que le Maître du Jeu va lui proposer. Sur un forum RPG, en tout cas celui-ci, pas de MJ à proprement parlé, mais le principe est le même : on ne peut jouer durablement un personnage qui n'a pas de motivation sans finir par tourner en rond. Certains personnages sont excellents pour certains types de RP (faire peur ; jouer avec le temps ; faire rire ; etc.) mais ils finiront par être vides et fades si votre personnage ne change pas, ne se fixe pas une raison d'agir, à court comme à long terme, c'est vrai pour les justiciers comme les criminels, mais de deux façons différentes je pense. Le Justicier va vouloir évoluer, le criminel va vouloir s'adapter. Donc, le personnage que l'on a va avoir un but si l'on veut pouvoir le faire perdurer. Mais le joueur? Son but est-il forcément le même que celui de son personnage? Sur du jeu de rôle papier, généralement les deux se mélangent le temps du jeu puisqu'il y a une implication théâtrale et un besoin de spontanéité qui trouble un peu la frontière entre le personnage et le joueur et l'instantanéité rend impossible une dissociation des buts sur le court terme. En tant que joueur je veux faire gagner et progresser mon personnage dans le sens de son but véritable, il y a superposition, mon personnage n'est pas un outil extérieur, il est l'objet principal de mon aventure. Il est rare que l'on prenne un personnage que l'on trouve détestable à jouer. Si je joue un voleur, je ne deviens pas moi-même un voleur naturellement, mais j'épouse le temps du jeu ses réflexions, ses réactions, ses objectifs. Sur un forum RPG, il y a le medium qui fait office de frontière (spatiale et temporelle) et l'aspect littéraire du RP peut inviter à utiliser les RPs comme un moyen à part entière d'accomplir un objectif différent du personnage, c'est-à-dire profiter de la spécificité de l'écrit pour non pas seulement incarner un personnage mais savoir aussi l'utiliser comme un outil narratif. Cet aspect (utilisation du personnage comme un protagoniste d'une plus vaste aventure), revient à endosser en quelque sorte une partie du rôle du Maitre du Jeu. Il est lié à une autre spécificité du forum RP : nous pouvons choisir les aventures de notre personnage, on ouvre les sujets que l'on veut avec qui l'on veut. Ici, pas de narrateur omnipotent, mais des personnages interagissant, une sorte d'auto-organisation vivante très épanouie. En d'autres terme, le personnage que nous incarnons n'est pas une entité d'un petit groupe qui va vivre une aventure, il est une entité vivante qui va vivre SON aventure. Un forum RP c'est la somme de toutes ces aventures/buts/objectifs, qui se superposent, se rejoignent, s'éloignent, s'alimentent et s'inspirent. De ce fait, cette petite partie du rôle de MJ qui revient au joueur invite ce dernier à voir plus large, à penser des rouages qui lui sont en temps normal cachés, etc. Le personnage est un protagoniste d'une histoire qu'on lui créé, les autres influences étant celles d'autres personnage joueurs et non d'une entité toute puissante qui a un récit à gérer. Ce récit nous incombe. Cela signifie que nous gérons deux choses : Un récit et un personnage. Conteur-acteur, le joueur de forum RPG va donc pouvoir utiliser les deux facettes : en tant que conteur il doit avoir un récit, une épopée, une aventure à animer ; en tant qu'acteur il doit avoir un personnage qui rentre dans son récit (ou l'inverse, un récit qui s'adapte à son personnage). Ce double rôle met en avant deux buts : celui du conteur (joueur) et celui de l'acteur (personnage) qui peuvent ou non se rejoindre. Exemple: Drury Walker veut la gloire et le respect ; le joueur veut amuser ses lecteurs par de rocambolesques péripéties et en jouant un type normal dans un monde anormal, en le faisant rater d'ailleurs la plupart du temps. Mister Mind veut dominer une partie de l'Humanité ; le joueur veut jouer un personnage qui le change (nouvelle expérience de jeu) et montrer via un personnage abominable que la Société porte des germes dévastateurs pour elle-même. Croc est un homme qui subit la violence de l'intolérance et devient un monstre ; le joueur veut mettre en avant l'intolérance de l'Humanité. J'aimerai d'ailleurs savoir si vous avez cette même dissociation. avec vos personnages. Bref, l'écrit permet de jouer sur l'aspect littéraire pour permettre de faire passer des messages (quoi que l'on en dise, on ne lit pas un récit qui se révèle sans enjeu, sans propos, même mineur). Les exemples que j'expose sont un peu particuliers, mais "vouloir faire vivre un héros dans des aventures de son choix" ; "Mettre un héros dans un choix impossible", sont autant de but et d'objectifs qu'un joueur peut avoir et que le personnage, lui, n'aura jamais (Superman ne se met pas dans la panade tout seul, c'est son joueur qui va parfois lui imposer des adversaires, là vous sentez le rôle MJ/conteur du joueur). Élément de métajeu, le but du joueur/conteur est tout aussi important que celui du personnage/acteur. Et c'est dans cet élément que se trouve le sens de la réponse "ça dépend du joueur". Si tu veux que ton personnage soit une victime du système pour montrer ta vision de la société, alors il sera une victime, alors il sera le produit des forces qui s'imposent à lui. Si tu veux montrer que ton vilain a fait le choix d'être méchant (facilité, aliénation morale) alors tu écriras en fonction. Il n'y a pas de réponse absolue à ta question, il n'y a que des philosophies sur elle. A toi de voir celle qui te plaît, celle que tu partages, celle que tu veux faire partage, voire même celle que tu veux mettre en doute. A mon sens Croc est une victime qui a sombré dans le crime par un mélange choix/influence du monde. Une autre interprétation serait qu'il est une victime complète de la Société trop monstrueuse pour accepter un monstre en elle. Tout dépend de l'histoire que l'on veut raconter, du monde que l'on veut décrire dans ses RPs ou simplement du personnage que l'on veut faire vivre. C'est selon moi une force de cette activité sur forum. Tu peux faire vivre un héros et des super-vilains, tu peux leur faire une vie, tu peux bâtir autour d'eux une Société, un monde, une logique, une cohérence et les faire vivre dedans et à l'inverse du JdR papier, tu as l'occasion d'utiliser ton personnage pour transmettre quelque chose, même si c'est pour du divertissement pur, même si les gens s'en moquent complètement, tu as l'opportunité de faire vivre un point de vue. Et c'est une autre clef, selon moi, de comment jouer un super-vilain : ce super-vilain ne se substitue pas à vous, il est un outil, un moyen de parler, de transmettre, de communiquer, de changer d'observateur sur le monde qui l'entoure (et qui nous entoure d'une certaine manière). Cela invite aussi à la question : comment dès lors considérer son vilain? Réponse simple : comme vous le préférez. Victime, monstre, fou, c'est vous qui choisissez, mais soyez cohérent et n'hésitez pas à modifier votre façon d'écrire en fonction de votre choix (ce que j'ai du mal à faire d'ailleurs mais ça reste un bon conseil je pense)! M'gann > Tu ne nous ennuis pas avec ta vie, bien au contraire, il est parfois bon de prendre des exemples du monde réel. Concernant la liberté de faire ou de ne pas faire, c'est un vaste sujet, il faut considérer la volonté, la capacité technique, la capacité financière, l'environnement de vie, le conditionnement social, c'est très compliqué de faire la lumière sur la longueur de la chaîne que l'on appelle liberté, c'est en tout cas un point de vue intéressant sur la question. PS: Étant donné qu'Ozymandias reste un personnage de Comics (d'un récit, j'aime ce mot!), il a un but, une raison d'être qui se limite un comics, mais il laisse ouverte son analyse. Différents indices dans le comics révèlent son être, sa façon de penser, etc. Mais connaissant l'auteur (Ozymandias reste un milliardaire avec un complexe de supériorité) ; le fait que le personnage reste l'antagoniste principal de l'histoire (c'est lui qui est la cause toutes les péripéties de façon plus ou moins directe) ; on peut aisément conclure que c'est un méchant. Pour tes arguments Croc, je suis assez d'accord, d'autres pistes auraient pu être exploitées par le personnage. Mais ce débat est un autre histoire Sur ce, j'ai des partenaires de jeu qui attendent mes réponses |
| | Re: C'est grave, Docteur? Lun 25 Sep 2017 - 13:36 | |
| Wow sacrée réponse !
J'ai tout lu, et c'était super intéressant ! Par contre, je ne sais pas quoi répondre car je n'ai rien à ajouter. x) |
| | Re: C'est grave, Docteur? Lun 25 Sep 2017 - 22:08 | |
| Navré de tuer le débat/questionnement, mais heureux que tu m'aies lu jusqu'au bout malgré mes répétitions et l'aspect un peu verbeux de la chose ^^. Ça ne t'a pas donné envie de reprendre un vilain de DC ? |
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Re: C'est grave, Docteur? Lun 25 Sep 2017 - 23:35 | |
| We want KFC !
Très beau décorticage de ce qu'est le JDR Forum, Mind ^^
Il me tarde de faire plus de jeux de rôles papier, je n'en fais qu'avec les enfants très rarement.
Et cet enfant de 7 ans qui ne voulait qu'avoir une aventurière archère comme personnage me donne envie de dévier sur un autre sujet.
Pas sur le questionnement de l'incarnation d'un personnage vilain, comme vous ne l'êtes pas. Mais du sexe opposé. Après, dans les deux cas, ça peut changer ^^
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Depuis que je fais du RP, je n'ai fait que 4 forums.
Dans le premier, dans l'univers de Batman, j'ai découvert le RPG et je n'ai incarné que des personnages masculins, ma préférence a été pour le vieux Gordon. Les personnages féminins ne m'attirait pas. D'ailleurs, je me vois moins à l'aise à incarner un personnage féminin en jeu de rôle papier aussi.
Mais avec DC Earth, mon second forum, j'ai tenté le personnage féminin avec Cheetah et depuis j'ai plongée dans ce pan de possibilité. C'est pas une obsession non plus, car j'ai incarné des vilains pas beau (Psycho, Merlyn, Manta) et un héros (Hawkman) avec plaisir. Mais quand je pense à un nouveau personnage à écrire, je pense premièrement à une femme.
Je préfère les personnages féminins de manière générale... Princesse Leila, Wonder Woman, Nausicaa, Margaery Tyrell... Et sur les forums de catchs où je suis, je n'incarne avec plaisir que des femmes aussi, des femmes qui me plaisent beaucoup.
Je suis tombé sous le charme de Miss Martian et j'ai donc envie d'écrire Miss Martian.
Est-ce une catharsis ?
Vous trouvez ça grave, docteur ? |
| | Re: C'est grave, Docteur? Mar 26 Sep 2017 - 13:41 | |
| Mais tu es un garçon ou une fille en vrai ? ^^
Dans tous les cas, non ce n'est pas grave. x) Je ne pense pas que ça ait vraiment une importance, l'essentiel est que tu prennes plaisir à incarner tes personnages !
J'ai été sur beaucoup de forums RP différents, beaucoup d'entre eux avaient très peu de joueurs, c'était un cercle quasi-privé, et quelques uns avec pas mal de monde. Je n'ai pas de préférence particulière par rapport au genre des personnages, disons qu'il m'indiffère et que ce n'est pas un critère de sélection pour moi. Malgré cela, j'ai joué beaucoup plus de persos masculins que de féminins, il m'est aussi arrivé de jouer quelques persos asexués (notamment un robot inspiré du T-1000 qui pouvait prendre l'apparence des deux genres). Il m'est arrivé de jouer quelques persos féminins mais je ne sais pas si je les joue correctement. Je crains aussi d'être influencé par notre société ultra sexiste et patriarcale, et bien que je m'efforce de ne pas faire des personnages féminins clichés et/ou trop sexualisés, je ne suis pas sûr d'y arriver convenablement, et je crains davantage le jugement des autres joueurs vis-à-vis de la façon dont je joue mon personnage, qu'avec des persos masculins.
Généralement, je joue des personnages que je trouve classes ou intéressants au niveau de la personnalité, le sexe du personnage n'est donc pas un critère que je considère mais il est vrai que je suis plus souvent intéressé pour jouer un personnage masculin qu'un personnage féminin. C'est peut-être justement dû au fait que les personnages féminins sont très souvent sexualisés ou porteurs de clichés sexistes, et que je ne veux pas véhiculer ces idées sexistes ou misogynes à travers mes personnages (ce que je pourrais faire, inconsciemment, du fait de l'influence de la société), qu'il m'est difficile de trouver un personnage féminin qui me convienne bien. En fait, je ne suis pas sûr d'avoir le recul nécessaire ni même le talent pour pouvoir jouer un personnage féminin et lui faire honneur, sans tomber dans les clichés hollywoodiens de la femme sexy qui ne sert qu'à montrer ses fesses ou son décolleté, ou de la femme faible (émotionnellement et physiquement) qui a besoin de se réconforter dans les gros bras musclés d'un mâle alpha (ce ne sont que des exemples mais il y en a plein d'autres). x)
Sinon pour Killer Fucking Croc ou même un autre méchant de DC, ce n'est toujours pas au programme. ^^ Pas trop motivé à RP ces temps-ci, j'ai même du mal à répondre sur un autre forum RP. |
| | Inscription : 23/03/2014
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Re: C'est grave, Docteur? Mar 26 Sep 2017 - 15:29 | |
| Je suis un homme, oui ^^
Après, cette identification par l'un des deux genres est culturelle et j'ai été intrigué par la découverte de 5 genres chez les amérindien, par exemple. Mais là on dévie.
Le propos initial est plutôt, êtes vous à l'aise ou non avec l'autre genre en RP et pourquoi. |
| | Re: C'est grave, Docteur? Mar 26 Sep 2017 - 17:15 | |
| Merci M'gann ^^ Dur question que tu nous poses à présent. Je rejoins KFC sur le fait de ne pas être à l'aise avec un personnage de sexe opposé... et que ce n'est pas grave d'en interpréter un ! Maintenant pourquoi? Un peu pareil que croquinou, la crainte d'en faire un personnage indigne. Et comme nous parlons sexe féminin/sexe masculin, ça va être dur de développer sans risquer la polémique, gardez donc à l'esprit qu'il ne s'agit que de mon opinion sur le sujet. En tant que représentant d'une classe dominante (sexe masculin), nous intégrons parfois et malgré nous des clichés, des facilités d'opinion qui ne nous permettent pas de concevoir la vie, les problématiques et les aspirations de la classe dominée (sexe féminin). Observez d'ailleurs que nous nous posons, en tant que "mâle" une question et des réserves que nous n'aurions pas avec un personnage masculin, jamais nous ne nous interrogeons sur le masculinisme, l'ultra-virilisme et la représentation dominatrice des héros ou vilains masculins, mais comme par hasard, la question de la victimisation se pose pour les personnages féminins, comme quoi notre gêne à leur égard paraît bien ancré. Cela ne signifie pas qu'un personnage féminin doive devenir un héraut du féminisme pour être digne à mes yeux, ou être correctement incarné, C'est essentiellement cette gêne, cette peur de dériver sur des représentations "clichés" (dans le mauvais sens du terme) ou à l'inverse de mettre beaucoup trop de pincette dans l'interprétation pour en faire un personnage intéressant en soi. Et puis, l'autre versant de la question est : y'a-t-il un personnage féminin de l'univers DC qui m'inspire assez pour vouloir l'incarner ? Pour être honnête, dans mon cas, pas tellement, ce qui n'aide pas. Peu de gimmick de super-vilaines m'intéressent et par conséquent, encore moins envie de me risquer sur ce terrain, mais l'exercice de style que cela impose pourrait m'inspirer. ----- Le jeu de rôle papier est un excellent loisir, je t'encourage à persévérer avec ! ----- PS: On aura au moins essayé de t'alpaguer |
| | Re: C'est grave, Docteur? | |
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