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[New -York] Cigarette Burns

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[New -York] Cigarette Burns Sam 5 Mar 2016 - 10:30

Jen, dans son imperméable blanc, attendait en bas de l'hôtel de luxe que John arrive. Les cieux étaient menaçants et les New-Yorkais attendaient la pluie comme ils auraient attendu l'Apocalypse.

Jade frissonna, en repensant, à la conversation rapide qu'elle avait eu avec Harlan, l'écrivain timbré à qui elle avait été présentée, il y a de ça de nombreuses années, par le Star-Spangled Kid. Comment avait-il fait pour avoir son numéro ? Ce n'était même pas ça le plus inquiétant...

... c'était le ton qu'il employait. Naviguant entre l'enfant capricieux et le multi-millionnaire autoritaire. Il avait su quelles ficelles fonctionnaient avec Jade. Et elle avait dit oui, tout naturellement...

Sauf que là, elle commençait à douter : et si le paiement était de taille (les studios de cinéma qui avaient abrité pendant des années le QG d'Infinity Inc., et que le Kid avait cédé pour une bouchée de pain à Harlan après la dissolution de l'équipe), elle, elle n'était pas taillée pour la tâche demandée en échange. Elle n'était pas détective. Et de plus quelque chose puait dans cette affaire...

... on ne proposait pas de filer les clés d'un bâtiment - certes désaffecté mais réhabilitable tout de même ! - en échange d'un simple film, aussi rare et aussi introuvable soit-il. Il y avait quelque chose de louche derrière.

Aussi, elle avait composé le numéro de John Constantine, pour l'avoir obtenu lors de leur précédente rencontre new-yorkaise. Elle lui avait seulement dit qu'elle avait besoin de lui pour une enquête. Que tout lui serait expliqué en temps utile. Qu'elle même n'en savait pas grand chose : juste qu'Harlan Ellison, l'écrivain de science-fiction barré et blindé de fric l'attendait dans la suite de son hôtel new-yorkais, le lendemain à 10h00, pour lui demander de retrouver la seule copie d'un film prétendument introuvable et diffusé une seule et unique fois au cinéma... Et qu'il avait trouvé les moyens pour qu'elle accepte immédiatement de s'en occuper, avant même d'en savoir plus...

Elle avait minaudé, supplié, geint et... John avait accepté.

Et là, elle était là à l'attendre devant l'hôtel de luxe, le palace, où était descendu M. Ellison en prenant la suite numéro 666...
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Re: [New -York] Cigarette Burns Dim 6 Mar 2016 - 19:36


New-York, New-York chantait Sinatra hein… J'ai jamais été fan de variété de toutes façons. Pas plus que de cette ville plein de tarés et de connards en collants. Ma seule faiblesse c'est les femmes, et bien sûr, Jen savait comment s'y prendre avec moi. Quelques gémissements, une plainte ou deux, et mon compte se trouvait débité du fric pour un billet d'avion pour NYC. Jamais encore je n'avais accepté de donner un coup de main de cette manière. Habituellement, ça me tombait dessus comme un brique, voir même comme un mur de brique. Elle faisait chier la toute verte. VRAIMENT chier. Mais sans même que je sache pourquoi, je ne pouvais pas lui refuser quoique ce soit. Ce petit côté Téfé… Ca devait être ça. Ouais, ça ne pouvait qu'être ça en fait. Rien d'autre hein. Non.

Ma descente de l'avion me permit de pouvoir ENFIN fumer. Mes chéries vous m'avez manquées vous savez ! C'est ce que je leur aurais dit si elles pouvaient entendre. Bon, il fallait que je trouve un taxi maintenant. Des cercueils jaunes montés sur roues. Voilà ce qu'ils étaient. Trop dangereux pour monter dedans, et bien trop utiles pour ne pas le faire. Ma main en arrêta un. Sale temps va. D'un point de vu extérieur, j'aurais pu partir dans les grands sentiments, me souvenant de mon Oxford natale, et tout le reste, des quartiers de Londres, et tout le reste. Mais ce n'était pas comme si j'avais l'habitude de le faire.


- Déposez-moi à cette adresse.

La réflexion, "vous êtes Anglais vous", arrivait à chaque fois. Ouais et alors ? Nous au moins on avait la classe, rien à voir avec vous… Et sa majesté n'avait pas non plus besoin d'équipes de slip volant pour se protéger de tout et de rien. Quoi répondre à pareille réflexion ? J'avais trouvé ce qu'il fallait dire. Et puis merde, j'ai une réputation à tenir n'est-ce pas.

- Vous savez que la jalousie est un très vilain défaut ?

Tout sourire, je fixais son regard dans le rétroviseur du taxi. Une clope entre les doigts, mon briquet dans l'autre, je regardais ces building passer de part et d'autre de la route. Tout se ressemblait, et le monde semblait n'être qu'un immense amas de gravas qui serait tôt ou tard détruit par une andouille qui serait capable de dire "c'était pour le bien-être de tous". Bien tiens. Putains de faux-culs… Et alors que la fumée de ma clope commençait à monter jusqu'à mes narines, le taxi s'arrêta. Je m'approchais du chauffeur et lui demandait ce qu'il se passait. Un camion s'était renversé ou un truc dans le genre. D'après ses explications, j'avais que quelques miles à faire à pied avant d'arriver à destination. Il prenait les billets et garda la monnaie.

Au moment ou mes pieds touchèrent le sol, la pluie se mit à tomber. J'arriverais la gueule trempée et de travers, la clope humide et sans aucune envie d'être là. Jen était déjà devant l'hôtel. Même si pour moi je ne considère pas ça comme tel, mais plus comme un truc puant la mort jusqu'à Londres. Personne d'autre ne pouvait le voir, mais je n'étais pas les autres. Une putain d'aura démoniaque flottait là-dessus. Encore un connard qui avait vendu son âme pour du fric. Ils n'avaient que ça à faire les trois déchus ou quoi ?

Ma clope ne voulait pas s'allumer, et vu la détrempée que je me prenais sur le coin de la gueule, il me faudrait un thé et une bonne bouteille pour me réchauffer. Surtout le thé pour le coup. Si on additionnait Jen à l'alcool, ça ne faisait pas bon ménage.


- Je te manquais à ce point Jen ?

Dire bonjour, c'était pas non plus dans mes cordes. Et puis, bon, j'en avais rien à foutre, j'avais de beaux poumons tout neuf, une brunette complètement dégénérée dans mes contacts. La vie était belle… Enfin, c'est ce qu'on nous faisait croire.
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Re: [New -York] Cigarette Burns Lun 7 Mar 2016 - 19:59

La pluie avait fini par tomber, comme si c'était écrit qu'un truc devait céder, des écluses péter, un Rubicon être traversé... Jen avait un mauvais pressentiment à propos de tout cela. Harlan était un barjot. Et le fait qu'il veuille payer aussi cher un truc, aussi...

Jade n'eut pas le temps de finir de dévider le fil de ses pensées que déjà John Constantine venait de débouler dans son champ de vision, tentant d'allumer l'une de ses éternelles clopes. Elle eut pour lui un sourire gêné et lança tout de go :

"Oui et non. J'ai mis du temps à me remettre de notre rencontre. Mais..."

Elle baissa les yeux.

"Merci d'être venu. Tu vas voir, ça en vaut le coup..."

Premier gros bobard : elle l'avait fait venir, surtout parce qu'elle voulait pas être seule sur ce coup-là. Parce que c'était plus dans ses cordes à lui, qu'à elle. Et...

"Enfin, j'espère pour toi. Tu vas voir, Harlan, à mon souvenir, est un type intéressant. T'as du peut-être lire un ou deux de ses bouquins de SF, c'est assez puissant. Mais..."

Elle se mordit les lèvres et ajouta en guise de conclusions :

"Je ne sais pas RÉELLEMENT pourquoi il est prêt à payer autant de fric pour qu'on lui retrouve une simple pellicule de cinéma... D'expérience, je sais que quand il veut quelque chose, il l'obtient. Comme il a obtenu du Star-Spangled Kid les clés de notre ex-QG, comme il veut se servir de ces mêmes clés pour obtenir mon concours, comme..."

Le regard de Jade croisa la montre qui était fixée à son poignet.

"Mince ! On est à la bourre !"

Et elle fila, John à sa suite, dans le hall de l'hôtel de luxe...

*
**

Les deux acolytes furent accueillis dans la 66ème chambre du 6ème étage du Palace par un serviteur noir habillé en burnous. Il ne pipa mot et leur fit signe de venir s'installer dans le salon.

La suite était luxueuse. Très luxueuse. Et l'immense baie vitrée donnait une vue assez impressionnante sur les environs. Il pleuvait toujours autant et New-York n'avait certainement jamais été aussi triste qu'en ce jour.

Jade faisait floc-floc dans ses chaussures détrempées. Des mèches de cheveux lui collaient sur sa peau verte. Elle avait l'air préoccupée.

Et le salon... Le salon lui-même était un immense capharnaüm, composé de revues en tout genre (des bandes-dessinées, essentiellement, de pirates, d'astronautes, de chevaliers, d'horreur...), de DVD posés en équilibre sur des K7-vidéos ou des disques vinyles, des piles de livres d'un éclectisme rare. On aurait dit l'antre d'un collectionneur fou et multimillionnaire.

Jade parcourut du regard le matériel qui s'offrait à elle. Des titres et des noms lui sautèrent aux yeux. Les Fungi de Yuggoth, Le Livre de la Loi d'Aleister Crowley, William Blake, Le Roi en Jaune, Inferno, le Manuscrit de Voynich, les livres de Borges, le Dieu Pan de Machen, le fameux Nécronomicon (dans une édition reliée en simili-peau humaine), les illustrations de Giger, l'Enfer de Doré et de Blake, les films de Dario Argento, ceux de Pier Paolo Pasolini, les cauchemars déréglés de Tsukamoto, les sons étranges d'Ornette Coleman et de John Cage, des essais sur les OVNIS, la parapsychologie, la vie après la vie...

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Une porte s'ouvrit et un homme arriva, d'un pas lent, tout occupé à dévorer une glace. Jade s'écria, comme soulagée d'être coupée dans sa contemplation de la collection de l'écrivain excentrique :

"M. Ellison !"

"Appelez-moi, Harlan, tout simplement..." répliqua-t-il, en finissant son cornet. "Si vous me permettez de vous appelez par votre petit nom, ma troublante déesse d'émeraude..."

Le type avait un ton charmeur et un sourire dévastateur. Il avait l'habitude des jeux de la séduction. Jade était totalement hermétique et ne répondit pas. Harlan ne s'en formalisa pas et considéra John :

"Et vous devez être le fameux John Constantine ?"

Il poussa négligemment une pile de comics des années 40 pour se libérer un fauteuil, jusqu'à présent enterré sous les papiers, et s'assit.

"Faites de même, mes amis. L'affaire dont nous avons à traiter est d'une bien plus grande importance que quelques vieilles bande-dessinées. Mais d'abord..."

Harlan plongea sous la table basse qui était devant lui et en sortit une bouteille de whisky et trois verres.

"... vous me ferez honneur, j'imagine, de ce vieux whisky que j'ai acquis pour la bagatelle de 10.000 dollars. Et puis, M. Constantine, vous pouvez fumer si vous le souhaitez..."

Une fois qu'Harlan eut rempli le verre de John et le lui ait eu tendu (Jade ayant préféré refuser), il demanda à la cantonade :

"Vous l'avez peut-être deviné mais mon imagination déréglée a besoin de nourriture. Et cette nourriture, je la trouve dans du matériel... peu commun"

Le ton se fit moins enjoué, plus sombre, plus grave.

"Je crois posséder l'une des plus grandes collections du pays en matière d'horreur, de fantastique et d'ésotérisme. Que ce soit en livres ou en films. Ce que vous voyez..."

Il sourit.

"Ce que vous voyez n'est que la partie visible de l'iceberg. Pourtant..."

Harlan avala sa salive avant de reprendre :

"Pourtant, il me manque une pièce majeure. Une pièce pour laquelle je serai prêt à tuer pour pouvoir la voir, ne serait-ce qu'une seule fois... Une pièce qui s'appelle "Cigarette Burns", diffusée une seule et unique fois en 1978 à Paris... je veux ce film et je le veux à n'importe quel prix"

L'écrivain posa son verre. Il avait l'air soudainement vieux et fatigué.

"M. Constantine, je ne pense pas que Miss Jade puisse réussir à trouver le film par elle-même"

Jade sursauta à ces paroles et fit une drôle de moue. Ellison n'en tint pas compte et poursuivit :

"Du moins, c'est une coupe à laquelle je ne voudrais pas qu'elle boive seule. Je pense que votre présence est indispensable pour la suite des opérations et ce pour des raisons que je vous exposerai dans un instant mais... Quel est votre prix, M. Constantine ? Quel est votre prix pour me procurer cette copie, au péril de votre vie ?"

Harlan leva les yeux et les posa sur ceux de John. Le regard était pénétrant, à la limite du fanatisme.
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Re: [New -York] Cigarette Burns Ven 11 Mar 2016 - 15:49


Je sentais la pluie qui continuais de perler sur mon trenchcoat, la froideur et l'humidité ambiante ajoutait à l'opacité de l'ombre qui s'étendait sur nous. Jen était particulièrement belle, et depuis ce petit "interlude" vers l'autre machin qui m'avait permis de récupérer un tant soit peu de vie, mon esprit se permettait de vagabonder une nouvelle fois. Téfé, Ellis, Xanadu, et les autres… Maintenant Jen. Bordel, les femmes sont toutes les mêmes. Un joli minois qui me fait un sourire et merde, je craque ! Tant pis pour moi. Mes muscles se raidissaient sous la froideur qui se glissait subrepticement dans ma nuque sous le joug de la pluie. J'avouerais sans mal que l'avancée qui protégeait la porte de l'immeuble offrait une protection non négligeable. Pourtant, le vent, cette saloperie insidieuse n'en avait rien à foutre. Et la pluie passait sous ce pseudo-toit, me frappant de plus en plus fort. Je gardais les mains dans les poches de ma veste, préférant éviter de les sortir immédiatement. C'était le plus souvent de cette manière qu'on percevait la dégénérescence chez quelqu'un, à la manière dont il présentait ses mains. Enfin, c'est ce que me répétait encore et toujours Epiphany… Sacrée elle…

Le visage de Jen changea de couleur, ironiquement, j'aurais pu croire qu'elle aurait rougit, mais avec une peau verte telle que la sienne, ça n'aurait pas été très propre. J'imagine assez mal la couleur que ça aurait donné. Mais passons, sa phrase me fit tout de même plaisir, avec Harley dans le bar, jamais je n'aurais cru réussir à me sauver aussi simplement. L'autre cinglée n'était pas des plus conciliantes lorsqu'il s'agissait de refuser ses avances. Au moins, j'espérais que pour le coup, Jen éviterait d'avaler tout et n'importe quoi en faisant confiance à tout et n'importe qui ! Mon regard se portait ça et là alors qu'elle m'expliquait les principaux tenants et aboutissants de notre client. C'était nettement plus le sien que le mien, et je me demandais encore ce que je foutais ici moi. Sous la pluie New-Yorkaise, devant un hôtel hors de mes tarifs… Avec elle. La réponse se trouvait dans la question. Faisant mine de ne pas comprendre les réelles raisons qui l'avait poussée à m'appeler je regardais les clients de l'hôtel aller et venir. Taxis jaunes, le vent qui faisait battre la pluie de plus en plus fort contre les vitres. Londres me manquais.

Oulah ! Elle parlais de trop de choses qui me déplaisais grandement là. Le soucis de la SF c'était que les principaux bouquins étaient basés sur des putains de faits réels ! Ils ne s'en doutaient peut-être pas de ça, mais ces histoires de crop-circle et autres conneries du genre… Ce n'était pas des coups des "petits hommes verts" façon X-Files ! Mais d'abrutis de démons tentant d'invoquer tel ou tel créature pouvant détruire le monde. Mon cœur failli s'arrêter – une nouvelle fois – au moment où le terme que je craignais sortit du contexte. Après le vinyle sur lequel était enregistré la voix du premier déchu, on me ressortait un truc du même genre ? J'étais maudit… Sans ironie. Etre en retard, comme si le temps n'était pas parfaitement relatif pour moi. C'est en la suivant, les pieds gaugés d'eu de pluie, et après s'être limite fait rembarrés par le groom de service au pas de la porte qu'on monta jusqu'au 6ème étage. Chambre 66. La prochaine étape c'était quoi ? Devoir égorger un poulet avant d'entrer ? Ah non… On ne rentre pas chez Midnite. Même si on n'était pas loin de chez lui, il valait mieux qu'on s'évite tous les deux. Le vaudou, c'est pas ce qu'il existe de mieux pour changer la donne. C'était qui ce type ? Le frère cadet d'un boxeur poids lourd ou une parodie d'un fan de Lord of the Ringards ? Il n'avait même pas la politesse de dire bonjour. Je lui souris à pleines dents alors qu'il nous faisait entrer dans le salon.

J'ai dit salon ? Plutôt un bordel méthodique. Dommage que les prostitués furent remplacées par un tas de trucs parfaitement inutiles. Quoiqu'il devait bien s'y trouver quelques magazines pornos et d'autres trucs bien moins subtils. Le seul avantage de se retrouver ici, c'était d'avoir une vue presque dégagée par beau temps. Mes pieds frappèrent dans quelque chose, pas assez dur pour que je me fasse mal, mais bien plus que je ne l'aurais cru. Un bouquin. Hell's Heaven ! J'éclatais de rire. "Dracula" de Bram Stocker. Mes doigts grattèrent mon front et je le retournais pour lire la synopsis. Comme si le Roi des Vampires n'était autre qu'un "simple" guerrier des anciens temps. Il était bien plus vieux, et nettement moins classe que moi. La porte s'ouvrit alors dans mon dos. Lorsque je me retournais, Jen poussa un cri d'étonnement autant que de stupeur. Ouais c'était lui et alors ? Un peu gay-friendly le mec quand même… Je pensais qu'arriver dans une pièce en léchant une glace ce n'était réservé qu'aux stars du porno… Mon bouquin se retrouva sur une pile juste à côté de moi. Vu son état, rien n'aurait pu le rendre plus miteux encore. Merde ! Ce type se prenait vraiment pour un tombeur malgré sa tête de vieux pervers libidineux. Je lui répondis laconiquement.


- Lui-même.

On avait le droit de faire de la place ? J'avisais alors ce qui ressemblait à l'accoudoir d'un fauteuil, et après avoir, "gracieusement", viré tout ce qui se trouvait dessus, m'y affalait. Il sentait la naphtaline, néanmoins c'était confortable ! Un bon point. Avant même qu'il n'eu le temps de me le proposer, j'allumais une clope. Fais chier ! Elles étaient encore trempées… J'en avais bien au moins une de sèche non ? Voilà ! Le craquement de mon allumette et la lueur de la flamme éclaira mon visage d'un halo de lumière rougeâtre et dansante. Ce "Harlan" ne me plaisait pas du tout. Il sentait la magie noire et le démon à 200 miles à la ronde… Bordel Jen, où m'as-tu entraîné ? Ma main attrapa le verre, l'odeur à la fois âcre et délicate monta jusqu'à mon nez. Mes poumons étaient neufs, mais mon foie bien flingué déjà. Tant pis. Je le surprendrait avec un verre d'eau demain. Alors que je buvais un scotch étrangement fruité pour un âge pareil, il expliqua ce qu'il voulait. Il croyait posséder des livres d'ésotérisme ? Vraiment ? Amusant. Pourtant, il ne fallait pas que j'explose de rire. Certains des bouquins sur lesquels j'étais tombé, auraient eu leur place dans une cheminée plutôt qu'ici. Laisser des pavés dans lesquels n'importe quel abruti pouvait invoquer un démon du 3ème cercle, tenait de la connerie pure souche ! Ou du suicide collectif en fait.

Là part contre on rentrait dans le vif du sujet. Putain de taré ! Même si j'ignorais jusqu'à l'existence de ce film jusqu'à présent, que ce Harlan le désire ne voulait dire qu'une chose. J'avais encore une fois raison. Il cumulait les conneries. Ce qu'il voulait en faire, je l'ignorais encore par contre, et vu la tête que fit Jen au moment où il lui balança dans les dents comme quoi elle était incapable de le trouver toute seule, elle aussi. Soufflant la fumée de ma clope en l'air, je laissais quelques secondes de battement avant de lui répondre. Mon cerveau, tout autant que ma réputation faisaient de moi ce que j'étais, un connard de première, mais pas un fou. Il voulait connaître mon prix. Il allait déchanter.


- Mon prix ? Une réponse. Vous devrez répondre à une question. Lorsqu'on vous aura ramené ce film, vous devrez répondre à une seule et unique question. Le voilà mon prix.

Héhé ! L'ambiance allait se faire pesante, j'en était persuadé. Je lui souriais agréablement. Apparemment, il m'avait prit pour un parfait abruti. Un peu comme Harley avant lui, et tel que le feraient beaucoup d'autres par la suite. Mon regard se posa sur Jen. Mon prix avait quelque chose de désuet comparé à ce qu'elle avait du demandé au préalable. Mais je m'en tamponnais l'oreille avec une tong comme disait parfois le barman du "Corbeau" de l'avenue d'Oxford. Il répondrait à cette question, et en conséquence, il aurait ce film. Ou pas.
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Re: [New -York] Cigarette Burns Dim 13 Mar 2016 - 9:16

A l'énoncé du "prix" demandé par John, Jade sursauta à nouveau et entreprit d'entrer en contemplation de ses chaussures (était-elle honteuse d'être si vénale et John si désintéressée ? Ou flairait-elle le rat derrière cette demande étrange, à l'instar d'un Shylock et de sa livre de chair ?) tandis qu'Harlan se mit à glousser comme une fillette.

"Voyons, bien sur M. Constantine, je répondrai à votre question" répliqua-t-il visiblement amusé. Il insista d'ailleurs sur ce point en lançant à Jade :

"Vous auriez pu me dire que M. Constantine était aussi amusant, j'aurai pris ma journée pour parler avec lui..."

"La prochaine fois, je vous organiserai un rendez-vous en amoureux" lâcha-t-elle, un peu narquoise.

Ellison reprit son sérieux, une fois de plus, et énonça ses conditions à lui :

"Très bien, M. Constantine, si vous le souhaitez tel, sera votre prix. Je prends également en charge votre transport pour notre entrevue de ce jour et pour le reste..."

Il sortit son chéquier de sa poche, attrapa un stylo et entreprit de griffonner rapidement.

"Pour le reste, voyez-ça comme l'expression spontanée de ma gratitude à venir..."

Il tendit le chèque libellé à l'ordre de John : 30.000 dollars.

"La petite sœur de ce petit papier vous sera remise à la livraison du film. Vous utiliserez l'une de mes cartes de retrait pour vos dépenses et besoins en liquide lors de vos pérégrinations, dans la limite du raisonnable..."

Tout ces détails semblaient l'embêter au plus haut point. Ces considérations bassement matérielles le faisaient même bailler, ce qu'il fit bruyamment tout en s'étirant.

Il enchaîna, néanmoins :

"Ce film est spécial. Je ne l'ai jamais vu. Et je n'ai eu vent que de deux personnes à l'avoir vu lors de la projection de 1978. Vous comprendrez pourquoi assez rapidement. Pour le reste, j'ignore de quoi parle ce film, je ne sais pas où il a été tourné, je ne connais même pas sa fiche technique, il n'est référencé dans aucune base de données à laquelle j'ai pu avoir accès et - bizarrement - les spécialistes du cinéma, quand vous leur posez la question, font mine de ne pas en avoir entendu parler, puis cessent totalement et définitivement de vous adresser la parole à l'avenir... Une fois, un critique - quelques jours avant son suicide - m'avait dit que ce film est LE film d'horreur, pas un film d'horreur comme les autres... Il n'a plus jamais prononcé le moindre mot et il a fini par s'ouvrir la gorge devant sa femme et ses gosses"

Harlan alla farfouiller à nouveau sous la table et en ressortit une épaisse enveloppe en papier kraft qui contenait de vieux documents. Il la tendit à John.

"Voilà l'ensemble des éléments du dossier. Vous pourrez le lire dans l'avion. Mon serviteur Tcho-Tcho vous remettra ma carte bancaire, ainsi que son code, et vos billets. J'ai pris en effet la liberté de réserver des vols à destination des deux endroits qui me semblent être un bon départ... Paris ou Londres"

Il avala sa salive, avec satisfaction, constatant que Jade lui faisait les gros yeux :

"A Paris, je vous suggère de vous rendre à la Cinémathèque Henri Langlois, la Cinémathèque Française... Si des traces d'archives papiers existent c'est bien là que vous les trouverez... Vous pourrez peut-être en savoir plus sur la projection du film, sur son casting, ... Je ne peux que vous conseillez la plus grande précaution dans les questions que vous poserez : ignorez cet avertissement et vous risquez que les portes se referment sur votre nez !"

Un point de départ plan-plan dans ce que Jade considérait comme la ville mondiale des amoureux : elle eut un regain d'intérêt à l'annonce de Paris, nom aux vertus évocatrices pour la jeune américaine qu'elle était.

Harlan poursuivit :

"L'autre piste intéressante commence à Londres. Il existe, un ex-critique de cinéma, un peu perché, qui m'avait un jour prétendu - à l'occasion de la Convention Américaine de la Science-Fiction et de l'Horreur -  avoir vu "Cigarette Burns" lors de la projection de 1978. Nous étions passablement ivres et j'ai eu la bêtise de préférer assister à la finale du concours de Plug Suit Mouillées, plutôt que de harceler mon interlocuteur sur le champ... Je pensais, benoîtement, pouvoir soutirer d'autres détails à ce type plus tard... Sans succès"

Visiblement l'évocation de cet ex-critique le mettait en joie.

"Neil King est un ami. Mais disons qu'il ne veut pas parler du film par téléphone ou par tout autre mode de communication à distance. Il a peur... que nous soyons piratés par des parasites éthériques... C'est sa théorie du moins ! Il est un peu fêlé"

Harlan éclata de rire : visiblement, il n'y croyait pas. Reprenant plus sérieusement :

"Il veut bien me parler mais de visu. J'ai eu du mal à le décider mais il est enfin prêt. J'ignore pourquoi, après tant d'années mais bon... Le problème est qu'il ne quitte jamais Londres et que je souffre d'aérodromophobie..."

Il termina beaucoup plus sérieusement :

"Alors Londres ou Paris, pour commencer ?"
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Re: [New -York] Cigarette Burns Mer 16 Mar 2016 - 15:33


Interdiction de lui montrer à quel point je grinçais des dents lorsqu'il fit mine de s'intéresser à moi. Sale pervers notoire. Et puis bon, la tête de Jen lorsque je lui expliquais mon tarif valait bien tout l'or du monde. Ou presque. J'étais certain qu'en la regardant de plus près, elle avait pâlie, passant de son beau vert forêt, à un vert plus translucide. Paradoxe que celui qui venait de se passer. Mon esprit continuait à étudier les moindres recoins de la pièce, il y avait quelque chose qui me dépassait. Mais dire quoi, là par contre ça tenait de l'exploit de trouver ! Au moins, quand il parla de prendre en charge le déplacement, je réagis un peu plus. Chas' serait content d'avoir un peu de pognon sur lui. Vu ce qu'il avait déboursé pour m'amener jusqu'à l'aéroport. Sans compter sur le prix du billet en lui-même.

Restant sur le qui-vive, je m'enfonçais un peu plus dans le fauteuil, mon mollet sur le genou opposé, les bras ballants de part et d'autre des accoudoirs. So British, what else ? Le bout de papier qu'il me tendit aurait pu me tuer si je pouvais fondamentalement mourir d'une crise cardiaque. Et ben… Autant pour un film, j'avais eu raison de prendre des mesures drastiques avant de lui donner mon prix. Ce mec n'était vraiment pas clair. Et je n'arrivais toujours pas à trouver ce qui me posais problème ici. Quelque chose planait dans l'air. Un truc salement malsain. Ca sentait la mort à des lieux à la ronde, pourtant, c'était pas ça. Mes doigts prirent le chèque et sans même le regarder, je le pliais et le rangeait dans ma veste. S'il avait autant de fric à dépenser, autant en profiter. La carte se dirigea vers Jen. A mois le chèque, à elle la carte bancaire. Avec ma chance mémorable, j'aurais bien été capable de me faire tirer dessus et voir la dite carte bancaire, explosée par la balle.

Comédien hors-pair, me dis-je intérieurement. Il exprimait le moindre de ses gestes avec un abus qui se boulait parfaitement synchronisé avec ses paroles. Blasé ou complètement cinglé, la différence est délicate à trouver entre les deux termes. Tiens, tiens… On commençait enfin à entrer dans le vif du sujet. Un film d'horreur ? Mais sérieusement, qu'est-ce qu'ils avaient tous avec ce genre de trucs ? S'ils voulaient voir des horreurs, ils n'avaient qu'à demander. Une invocation démoniaque et terminé ! Je sais que je devrais éviter de plaisanter avec ça, mais c'est plus fort que moi. Pathétique milliardaire. A chaque fois c'est pareil, ils ont l'argent, la notoriété, les femmes, mais pas le meilleur de tous : la vie éternelle ! Bla bla bla ! Si ça s'achetait aussi facilement qu'un scone, j'y serais déjà retourné plusieurs fois moi. Un film poussant les gens au suicide ? Mouaif… Déjà vu avec pas mal de trucs. Par contre, la suite me plus d'une manière nettement supérieure au reste.

Cette enveloppe faillit me brûler les doigts. Magie ? Impossible. Autre chose s'y trouvait. Et puis merde quoi ! Londres ! Il voulait REELLEMENT qu'on ailles là-bas. Ce n'était pas que je n'aimais pas cette ville ; le fait est que je n'y était plus le bienvenue depuis longtemps déjà. Mon regard se posa sur un Jen qui semblait boire les paroles du "gay-friendly" avec un respect frôlant le fanatisme. Qu'avait-elle bien pu lui demander pour être aussi attentive ? Ca devait valoir pas mal de billets son truc. A mon tour d'être blasé, des conseils, comme si on avait besoin de ça. Une nana verte et un fumeur, n'importe qui nous aurait ouvert les portes voyons. Ironie quand tu nous tiens. Maintenant il nous racontait sa vie. Quand en aurait-il fini avec ses histoires de jeunesse. Si tant est qu'il fut jeune un jour. Il blaguais là ? Il était "ami" avec l'autre allumé de Neil King ? L'espèce d'ermite qui refuse catégoriquement toutes les interviews ? Ce type est si cinglé que même le Joker passe pour un scientifique bon pour le prix Nobel à côté. Mes oreilles furent attirées par un bruit provenant de l'extérieur. La pluie tombait de plus en plus, et une bourrasque de vent fit s'éclater une multitude de gouttelettes contre la vitre. Un symbole se dessina une fraction de seconde avant de disparaître de nouveau. Je posais mon verre, désormais vide, sur la table basse – plutôt devrais-je dire sur l'amas de bouquins et autres trucs qui sert vaguement de table basse – et me levais en m'appuyant des deux mains sur les accoudoirs du fauteuil. Me dirigeant vers la porte, et sans dire autre chose, je lui répondis le plus calmement du monde. Même si, intérieurement, je jubilais.


- Paris.

En dehors de la pièce, je porta la clope qui finissait de se consumer au niveau de mes yeux. Voilà donc une mission qui allait me plaire. Qui plus est avec Jen…
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[New -York] Cigarette Burns 386562Rien
Re: [New -York] Cigarette Burns Ven 18 Mar 2016 - 16:55

La destination étant déterminée, tout alla très vite. Harlan fit appeler via son serviteur, Tcho-Tcho, un taxi et tout le monde embarqua assez rapidement en direction de l'Aéroport JFK.

Dans le taxi, Harlan continua son verbiage incessant mais n'ajouta rien qui concerne l'affaire en cours... se contentant de parler à Jen et à John de sa vie (trépidante forcément, qui aurait pu donner lieu à une autobiographie intitulée "Confessions d'un érotomane sur le retour"), de son oeuvre (beaucoup de bouquins et de nouvelles de SF, quelques adaptations au cinéma, ...) et de sa mission dans le monde (à ce stade là, même Jen avait décroché...)

Alors que John et Jen descendaient du taxi pour pénétrer à l'intérieur de l'aéroport, Harlan passa la tête par la vitre du véhicule et lança :

"M. Constantine, Mademoiselle Hayden, bonne chance ! Mais, faites bien attention : ne vous fiez à personne !"

*
**

Les deux héros purent faire rapidement les boutiques de l'aéroport pour s'équiper - Jen, en l'espèce, acheta des vêtements de rechange, une paire de chaussures de marche, un guide de conversation pour se débrouiller sans peine en français, un magasine pour l'avion, un imperméable, un chapeau, des lunettes de soleil et une lampe torche - avant d'embarquer dans l'Airbus A380 à destination de Paris - Charles de Gaulle...

*
**

John eut tout le temps d'examiner les documents remis par Harlan à l'occasion du trajet en avion. Il n'y avait pas grand chose à se mettre sous la dent, à vrai dire. En dehors de notes personnelles et propres à Harlan lui-même (où l'on apprenait que - grosso modo - il cherchait ce film depuis le début des années 80 et qu'il avait déjà engagé, par le passé, d'autres détectives privés), l'attention de John fut attirée par trois documents.

Le premier était un courrier, daté du mois dernier, que Neil King avait expédié à Harlan. Sa teneur était la suivante :

"10, Fairfield Rd., Crouch End, London.

Très cher Harlan,

Je t'exhorte à abandonner ta quête maudite. Tu penses que la vie est un jeu mais il est certaines choses qui existent et qui font regretter à celui qui les a contemplé, même un seul court instant, d'être un jour né.

Je t'ai parlé avec légèreté, une fois, de cette abomination et tu as voulu en savoir plus. C'était déjà ton obsession et je n'ai appris que par la suite les choses épouvantables que tu as faites pour tenter d'atteindre ton objectif. Mais tout cela n'est rien comparé à cet artefact maudit dont on-ne-doit-pas-parler. Tu ne sais rien. Tu ne sais même pas que ce n'est pas que ta vie qui est en jeu mais des choses bien plus terribles : car "n'est pas mort celui qui à jamais dort"...

Je refuse d'en dire plus. Je refuse même d'en penser plus. Si tu veux me parler, viens chez moi : c'est tout ce que je peux te dire. Mais dit-toi bien que tu ne boiras pas, à mon contact, dans la coupe de la connaissance mais bien dans celle de la damnation éternelle.

N. King"


L'écriture était hésitante et maladroite. Comme celle d'un enfant ou d'un parkinsonien.

Le deuxième était un article du journal français Libération, tiré de l'édition du 2 mai 1978. Jade réussit à le déchiffrer en utilisant son guide de conversation et son téléphone. Grosso modo le tete était le suivant :

"NUIT D'HORREUR DANS UN CINÉMA DU 6EME ARRONDISSEMENT DE PARIS !

Dans la nuit de dimanche à lundi, un incendie d'origine encore inexpliqué s'est déclenché dans un cinéma de la rue du Dragon. Bien que les services de secours ont été très rapidement appelés sur place, le bilan est effroyable : 55 morts. Seules 4 personnes, dont le projectionniste ont pu être sauvées.

Contacté par téléphone, le propriétaire de l'établissement s'est dit "effondré" et ne pas comprendre l'étendue du bilan humain : son cinéma, "l'Aube Dorée", était - selon lui-même - parfaitement aux normes incendies. Il devrait être rapidement inculpé, à la demande du Parquet de Paris, pour homicide involontaire par méconnaissance d'une obligation particulière de sécurité, selon des sources proches de l'enquête.

Le cinéma, "L'Aube Dorée", réputé des amateurs de cinéma de genre, diffusait ce soir là un festival de films d'horreur pour célébrer la fameuse nuit de Walpurgis".


Le dernier document était un journal, tenu par un certain Professeur U. Raunes, intitulé "Le journal d'un film". En le feuilletant rapidement, John s'aperçut que ledit Professeur Raunes est un universitaire américain, spécialiste du cinéma pour enfants, fils lui même du Professeur Humphrey Raunes, disparu depuis l'an dernier...

La première entrée digne d'intérêt est datée de l'an dernier :

"3 janvier : Père a disparu. C'est un fait. Nous n'avons jamais été proches vu que sa satanée obsession pour ce film a coûté la vie à Maman. Brave Maman ! Qui n'a jamais osé dire au terrible Professeur Attila qu'elle était malade... Je hais mon père. Je le hais ! Je le hais ! Cette cochonnerie de film n'a pas fini de nous éloigner : et dire qu'il ne l'a jamais vu ! Il ne m'a non plus jamais compris. Je me rappelle que je devais apprendre par cœur toutes les répliques des films de Wes Craven, là où j'avais seulement envie de me revoir la famille Pierrafeu avec le très drôle John Goodman ou les dessins animés de Mon Petit Poney... Je hais ma vie"

La deuxième, quelques jours après :

"10 janvier : Au moment de sa disparition, Père m'a envoyé son journal. Celui qu'il tient depuis 1978 ! A en croire le tampon figurant sur l'enveloppe, il a été expédié depuis Paris 12ème. Quoi qu'il en soit, ces notes constituent LE TRAVAIL DE TOUTE SA VIE : je ne comprend pas. Pourquoi me l'envoyer à moi ? Je n'ai pas osé en parlé à Marco. Je n'ai pas osé en parler à qui que ce soit. Qu'attend-il de moi ? Que je poursuive sa quête ABSURDE ?"

Les suivantes, dans les mois qui suivirent :

"5 mai : J'ai été contacté par M. H. Ellison qui nourrit les mêmes rêves stupides que mon père. Il m'a proposé beaucoup d'argent pour aller lui chercher le film. Je lui ait dit que je n'avais pas le temps avec ces sottises, que j'avais une monographie sur "Arthur et les Minimoys" à terminer d'écrire et qu'il ne s'adressait pas au bon Raunes. C'est là que la bombe est tombée : il avait déjà contacté mon père, qui a donc disparu alors qu'il travaillait à son service. J'ai du m'asseoir et j'ai accepté de mettre un peu de whisky dans ma grenadine. J'ai même pris une cigarette qui m'a fait tousser. J'ai une vie horrible"

"12 mai : J'ai accepté la proposition d'Ellison. Je reprends l'enquête là où mon père s'est arrêté. J'ai lu, enfin, le contenu du Journal de mon Père. Il pense que C.B. (bizarre, Père n'écrit jamais le nom du film en intégral... prétendant que ce film a un nom-qui-ne-doit-pas-être-prononcé, comme il le disait dans le jargon pratiqué par son club de Lovecraftiens) se trouve à l'endroit même où il a été tourné. Sauf que Père ne dit pas où il a été tourné. Il pense, néanmoins, que l'on peut en savoir plus en interrogeant les survivants (mais il ne donne pas leur identité ! Juste qu'il s'agit du projectionniste, d'un touriste anglais et de deux critiques de cinéma). Il pensait qu'une piste était la Médiathèque Française. Il pensait... Je me prends à regretter soudainement que Père ne soit plus là pour me gronder. Ou de ne pas avoir écouteé plus attentivement quand il me parlait. Je me sens seul et triste.

16 mai : Après en avoir parlé avec Marco (revenu d'une orgie sataniste pendant laquelle il aurait tenté d'invoquer, sans grand succès, une maigre-bête-de-la-lune, quoi que cela puisse être...), nous décidons de partir pour Paris. Ellison est gentil et séduisant mais sa dernière mise en garde avant d'embarquer dans l'avion n'a pas été pour me rassurer. Marco dit que je suis un trouillard et que je devrais avoir plus souvent des relations sexuelles avec des prétendues succubes. Moi, j'aimerai juste pouvoir repartir à ma grande publication à venir sur "l'impact culturel des Pokémon dans les civilisations premières".


Les deux dernières entrées étaient beaucoup plus récentes : L'avant-dernière datant d'il y a un peu plus d'un mois et la dernière de moins de 3 semaines.

"Je deviens fou. Nous sommes à Paris depuis plusieurs mois déjà et nous n'avançons pas. Je passe beaucoup de temps avec Werner, l'archiviste de la Cinémathèque et... il est gentil. Mais je n'apprends rien que Père ne savait déjà. A force de fouiller dans la paperasse de l'époque et de ne rien trouver je deviens DINGUE ! En plus, Marco n'est guère présent, occupé qu'il est avec ses réunions secrètes des adorateurs du Roi en Jaune. Et Père... Père qui était si précis, devient carrément flou quand il évoque dans son journal ses recherches à la Cinémathèque ! Il dit qu'il faut chercher les chiffres romains (Mais où ???), que Julie parle en dormant (mais que dit-elle ???), que Werner en sait plus qu'il ne le prétend et qu'il faut se méfier des noirs, raison pour laquelle il m'envoie ce journal...

... je ne comprend pas : je croyais que Père avait surmonté ce préjugé atavique qui court dans la famille le jour où nous sommes partis du Texas. A moins qu'il faille entendre autre chose à ses écrits ?

Son journal d'ailleurs se termine sur une formule mystérieuse : "Porte-moi jusqu'au Palais sur les Eaux, au Temple, là où a été versé la Coupe contenant le Sang de celui qui ne peut mourir. Là, celui qui regarde le spectacle que je lui donnerai recevra en lui une flamme qui jaillira pour l'éternité". Qu'en penser ? Que faire ?"


La dernière entrée était on ne peut plus brève :

"Je comprends. C'était évident. Je ne regardais pas au bon endroit. Maintenant je sais où aller mais j'ai peur... Père avait raison. Je ne devrais pas garder ce journal... Je..."

Le journal s'arrêtait là. La page suivante avait été déchirée et les autres étaient vierges.

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[New -York] Cigarette Burns
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