Un gros morceau pour ma première review sur Batman ! Et un morceau que normalement tout le monde a du (ou devrait) lire.
Personnellement, ce comics daté de 1986 (tout comme Watchmen, sacrée cru que cette année 86 chez DC !) est quasi mon premier contact avec un Batman plus adulte (j'avais lu, avant ça, des aventures de Batman, datant des années 60, étant plus petite) que celui du Silver Age (dans ce genre là j'avais déjà lu "Le fils du démon" de Barr & Bingham et surtout "Year One" de Miller et Mazzucchelli) mais aussi avec les bds de Miller (j'avais lu à l'époque les Daredevil dans leur version mutilée de Strange & "Year One").
Alors, de quoi ça parle, Batman : The Dark Knight Returns ? C'est un
Elseworld avant l'heure (où des héros bien connus se retrouvent dans des univers en dehors de la continuité habituelle de chez DC), qui met en scène ce qui devait être, à l'époque (parce qu'il y a eu 2 suites et une troisième en préparation), la dernière aventure de Batman (après avoir scénarisé la "première" avec "Year One", Miller voulait - visiblement - être l'Alpha & l'Omega de Bat's ^^).
Bruce Wayne a 55 ans. Ça fait 10 ans qu'il a raccroché le costume de chauve-souris, à la suite de la mort de Jason Todd (on comprendra en cours de lecture qu'il y aurait eu aussi une brouille avec les autorités officielles, broutille qui a fait qu'Oliver Queen a pris le maquis, que d'autres super-héros dont Batman ont raccroché les gants et que seul Superman [comme Doc Manhattan & le Comédien dans Watchmen] a le droit de faire son job de super-héros) et ça fait 10 ans qu'il essaye d'en finir avec la vie en faisant ses loisirs de milliardaire qui s'ennuie (le comics s'ouvre par une course de formule 1 très dangereuse, où Wayne court pour l'écurie de Carol Ferris, la copine d'Hal Jordan ^^).
En parallèle, Gotham est toujours autant une ville pourrie et gangrenée par la criminalité : un gang ultra-violent (les Mutants) commet crime sur crime, n'hésitant pas à assassiner tout un paquet d'innocents...
Bruce, lui, est sur la touche : il voit visiblement encore Selina Kyle pour avoir un peu de compagnie (sacré Bruce ^^), il picole avec Gordon qui est toujours commissaire à 70 piges, Alfred trouve qu'il se néglige un peu et passe son temps à vider la cave du Domaine Wayne, bref...
Il paye aussi les factures du traitement psy de Double-Face qui va, visiblement, mieux : Arkham envisage de le libérer.
C'est en tombant par hasard à la téloche sur Zorro, avec Tyrone Power, le film qu'il avait et adoré étant gosse, qu'il se rappelle que 40 ans auparavant ses parents étaient morts - sous ses yeux - juste après avoir vu ce film...
Et Batman repart comme en l'an 40 ! Il se rase la moustache (!!!), remet son collant, et recommence à dérouiller du criminel !
Je ne vous raconte pas tout, pour ceux qui l'aurait pas encore lu, mais c'est un véritable chef d'oeuvre : on ne s'ennuie pas une seule seconde dans les 200 pages et quelques qui constituent cette merveille graphique. Batman va affronter Double-Face, recruter une nouvelle Robin (Carrie Kelley ^^ Peut-être ma Robin préférée, toute époques confondues), dérouiller les Mutants, inspirer un nouveau gang (les Fils de Batman ^^), se castagner pour la dernière fois avec un Joker absolument flippant (qui va travestir Catwoman en Wonder Woman et l'attacher avec son fouet ! Avant de tuer tout un tas de gens), faire équipe avec un Green Arrow manchot et visiblement cintré et affronter Superman en duel, le tout sur fond de conflit mondial avec les Russes...
Bref c'est épique ! Du (très) grand Miller !
Alors Miller, je sais qu'il y a du pour, et du contre. Son graphisme, en l'espèce est hallucinant (il deviendra encore meilleur, à mon sens, sur les deux premiers arcs de Sin City, avant de décliner quelque peu depuis lors), le tout renforcé par l'encrage de Janson (son encreur sur Daredevil) et les couleurs de Lynn Varley.
Côté scénario, il y a du souffle, du rythme, de l'émotion, de la grandiloquence (je parle même pas du combat final contre Superman c'est monumental, où des pages illustrant la panique des habitants de Gotham face aux conséquences de l'attaque nucléaire des russes).
On est aussi content de pouvoir suivre Gordon et sa remplaçante, le Capitaine Yindel (qui a un côté un peu Maggie Sawyer, je trouve ^^) qui met des bâtons dans les roues de Bats (comme les flics le faisaient aussi dans "Year One" : en fait on dirait que Dark Knight est construit comme un "Year One" à l'envers... jusqu'à la sortie finale de Bat's).
Alors peut-être que Miller est toujours dans son trip en énonçant que la justice est impuissante à protéger l'homme et que les gens ont le droit de se protéger et de recourir à la violence... Peut-être... Après tout, Bruce Wayne finit par ne plus croire à la réinsertion (quand Double-Face, en dépit des efforts financiers de Wayne, finit par récidiver), finit même par utiliser contre le Joker une arme à feu... mais il n'ira pas jusqu'à tuer ce dernier (qui préférera se suicider). Bref Batman n'est pas Daredevil mais c'est pas encore le Punisher ^^
... et Bruce finit le comics en tant que gentille figure tutélaire, désireux d'apprendre aux nouvelles générations (les Fils de Batman, les survivants des Mutants, et of course Robin) à porter le feu sacré.
Je pourrais encore en parler des heures tellement cette oeuvre est fondatrice à mes yeux. D'ailleurs, à chaque nouvelle lecture, j'y trouve quelque chose de nouveau. Mais je ne peux que vous encourager à dévorer cette série : vous ne le regretterez pas !
...et pour les fans de Miller, outre "Year One", je vous conseille son travail sur Daredevil & Elektra (récemment réédité en trois grosses intégrales chez Panini) mais aussi Ronin (réédité chez Urban ce mois-ci je crois), la série des Martha Washington (dont je parlerai bientôt) et of course les Sin City !
Pour la petite histoire la couverture mythique du
#1 a été parodiée au moins à trois reprises (du moins à ma connaissance) :
- dans la série Harbinger (la couverture est de David Lapham et est un hommage), pour un numéro hommage à l'univers des comics
- dans la série The Boys (là clairement c'est de la parodie ^^), pour un numéro où les P'tits Gars défoncent des Superslips (en gros un épisode de The Boys, quoi ^^)
- dans la série canadienne Cerebus (Dave Sim / Gerhard)
D'ailleurs dans cet épisode, le Roach gravit, avec son sidekick dans les bras (Elrod l'albino, dans un costume ridicule), une tour et marmonne les mêmes trucs - grosso modo - que Batman quand il manque de laisser tomber Robin / Carrie Kelley dans le vide, ou quand il réfléchit à tous les dommages physiques qu'il a subi ^^
Coming soon ma review de la premier suite (DK Strikes Again) et la deuxième suite, en cours de publication chez Urban depuis ce mois-ci (DK Master Race) !