Une curiosité pour la chronique du jour, une vraie de vraie... "Batman : Justice Digitale" !
Les 100 pages de ce one-shot consacré à Batman sont signées (pour le scénario et le dessin) du très talentueux Pepe Moreno qui les a, d'ailleurs, entièrement réalisées par informatique. Bon ce qui était un argument de vente à l'époque n'en est plus réellement un de nos jours... Alors pourquoi lire "Justice Digitale" ?
Ce one-shot, hors continuité, nous projette dans un futur, quelque part dans les années 2070, où Métropolis et Gotham ont fusionné en une gigantesque mégalopole essentiellement gérée par des programmes informatiques. Le héros, le Sergent James Gordon, petit-fils de notre Jim Gordon à nous, est flic (tiens, tiens...) et essaye de lutter, tant bien que mal, contre les trafics de drogue et de réguler les guerres des gangs...
... jusqu'au jour où des robots policiers se mettent à déconner et à réduire littéralement en charpie (avec des mitrailleuses gatlings ou en utilisant des micro-ondes) des suspects et des capitaines d'industrie informatique ! Gordon, qui est un flic honnête, se met à enquêter mais s'aperçoit rapidement qu'on lui met des bâtons dans les roues. On tue sa partenaire. On le licencie de la police. On essaye même de le tuer dans un ascenseur déréglé : un programme à la peau blanche, à la tignasse verte et au sourire éclatant semble lui en vouloir...
... du coup, devenu chômeur, Gordon décide de fouiller dans les archives de Grand-Papa et tombe sur le costume de Batman que Bruce Wayne lui avait légué lors de son départ à la retraite ! Et c'est donc un nouveau Bat's qui prend la relève !
C'est dans un monde cyberpunk entre Judge Dredd, Neuromancien et RanXerox que vont évoluer le nouveau Batman, mais aussi un nouveau Robin et une nouvelle Catwoman. On aura un robot Alfred et un Batman digitalisé. Bref, une enquête sombre, violente et urbaine dans un monde câblé...
... ça se laisse lire assez plaisamment. On aimerait que l'enquête soit un peu moins conventionnelle et un peu plus aboutie. On aimerait un scénario un peu plus développé mais... tout cela reste très sympathique.
Ça sent quand même un peu le mélange entre Wild Palms, Max Headroom et le Dark Knight Returns de Miller. Bref, niveau scénario, "Batman : Justice Digitale" n'a pas révolutionné quoi que ce soit...
L'intérêt majeur de cette bédé, en fait c'est le graphisme de Moreno qui - et nonobstant le fait qu'il ait été réalisé par informatique (ce qui a posteriori n'est pas réellement un point fort) - rappelle furieusement ce génie de la bédé italienne qu'est Tanino Liberatore (RanXeroX) ! En gros, pour les fans de cyberpunk et des bouquins de William Gibson !
Une édition française existe, sortie en 1990 chez Comics USA, le label comics de chez Glénat.