Ceci est la chronique d'une belle déception, d'un jeu vidéo formidable et d'un comics un poil (voir complètement) raté.
Tout commence en 1988, année de sortie du jeu vidéo Rocket Ranger chez Cinemaware.
La jaquette de ce jeu ne pouvait que me fasciner quelques années plus tard : il y avait un héros, savant mélange entre le Rocketeer et Adam Strange, une demoiselle en détresse et un côté horriblement vintage... Bref, en tant que fan jusqu'au bout des ongles d'Indiana Jones et la Dernière Croisade (et ça, ça n'a pas changé avec les ans d'ailleurs ^^), c'est avec beaucoup d'émotion que j'ai pu jouer pour la première fois avec ce jeu sur une disquette piratée (ouais, bon, y a prescription depuis le temps ^^) sur mon vieil Atari ST.
Les jeux de chez Cinemaware étaient chouettes. Le concept c'était : des graphismes somptueux (et ils l'étaient, du moins pour l'époque), pas mal de scènes d'action (dans Defender of the Crown, par exemple, il y avait une séquence de combat à l'épée, une séquence de siège d'un château fort, une séquence de joute à cheval ^^) et un scénario assez fourni. Le but étant de donner l'impression au joueur qu'il se trouvait dans... un film !
J'ai donc pas mal joué (sans arriver jamais à le finir) à ce jeu dans lequel le héros, un scientifique américain, voit apparaître, un beau jour de 1940, de nulle part et devant lui un jetpack et un pistolet futuriste : des résistants du futur le lui ont envoyé car, sans cela, les nazis vont gagner la guerre et le Reich de 1000 ans risque de durer, effectivement, un millénaire.
N'écoutant que son courage Tom Cory décide de devenir un super-héros à réaction... Et le jeu va mêler stratégie (il va falloir gérer des espions pour découvrir où sont cachées, dans le monde, les bases nazies) et action (du combat aérien, une séquence de tir, de la boxe).
Bref c'était génial mais très très difficile ! (un bon souvenir, presque aussi bon que les Indiana Jones 3 & 4 [Fate of Atlantis])
D'ailleurs, pour celles et ceux que ça brancherait, ça se trouve assez facilement en Abandonware et ça peut tourner sur un PC via DosBox ou UtopiaBox.
Ah ! Souvenirs, souvenirs...
Du coup, quand je suis tombée par hasard sur les comics "Rocket Ranger" publiés par Adventure Comics (une division du défunt Malibu, éditeur qui a également publié du Dreadstar, Breed de Jim Starlin et surtout le très bon Power & Glory d'Howard Chaykin), dont j'ignorais totalement l'existence, je me suis laissée tentée...
De retour à mon domicile, je me suis installée confortablement sous ma couverture préférée, une tasse de bon café juste à mes côtés et un peu de bonne musique sur ma platine... Ben oui, Rocket Ranger ça se savoure !
Pour moi c'était comme trouver une relique d'un temps passé et jamais oublié : l'enfance...
Bref, je pensais que ça allait me faire l'effet d'une belle madeleine de Proust et que j'allais être assaillie de sensations, de souvenirs, d'odeurs et d'impressions...
... ben en fait non.
Déjà première déception : ça ne finit pas. Sur les 6 numéros annoncés, seuls 5 ont été publiés (on imagine que l'éditeur a du déposer le bilan à peu près à ce moment).
Puis, si le #1 est en couleurs, tel n'est pas le cas des suivants : faute de moyens visiblement, Malibu a rogné sur les coûts et s'est passé des services du coloriste...
Ça sent déjà le pâté à ce stade là.
Bon et le comics en tant que tel ? Les couvertures d'Hector (me demandez pas... je ne sais pas QUI est cet Hector ^^) sont plutôt sympas, les dessins de Khato (mais flûte ce ne sont que d'illustres inconnus ou quoi ???) pas extraordinaires mais pas désagréables et le scénario de Roland Mann... pas terrible, terrible.
En fait, ça sent trop l'adaptation au forceps.
Si on résume...
RR #1 : L'épisode commence tout de go par l'apparition (par téléportation) du jetpack dans le bureau de Tom Cory (qu'on ne daigne même pas présenter). On apprend que ça vient du futur (comme dans le jeu vidéo) et que les nazis ont des bombes à Lunarium, substance lunaire qui a pour effet de faire baisser drastiquement l'intelligence des mâles mis au contact de ces mêmes bombes... Du coup, il n'y a plus d'hommes pour résister aux nazis (c'est aussi dans le jeu-vidéo, mais je dois admettre qu'à l'époque ma connaissance de la langue de Shakespeare était insuffisante pour comprendre cette subtilité ^^) ! Rien que ça, c'est énorme... Du coup, pour respecter le jeu-vidéo et sans transition aucune, Tom Cory s'envole tout de suite dans les airs avec son jet-pack (passant en un instant de sa condition de scientifique à celle de super-héros volant) pour aller secourir le Professeur Barnstoff (un spécialiste américain de l'extraction de minéraux) et sa fille Jane, tous deux enlevés dans un Zeppelin nazi ! L'attaque du Zeppelin est AUSSI dans le jeu vidéo !
Bon ça marche pas et Tom s'écrase en pleine mer...
Rapatrié aux USA, Tom sera mis en contact avec des agents secrets américains qui le renseigne sur l'existence de bases nazies (comme dans le jeu).
Et puis, on découvre le gros méchant qui veut torturer Jane pour obtenir l'assistance de Barnstoff (qui est un spécialiste de l'extraction de minerai : les nazis en ont besoin pour extraire le Lunarium de manière plus efficace... depuis leur base lunaire ^^). Ce méchant c'est le Colonel Leermeister (qui ressemble au Colonel Klink dans Papa Schultz ^^).
L'épisode se laisse lire, franchement, mais... c'est quand même pas génial... Sans compter que c'est super mal scénarisé (ben oui, comme souvent les adaptations...).
RR #2-3 : Dans ces épisodes, Tom trouvera un bout de fusée dans une base nazie sud-africaine (car dans le jeu, il faut retrouver plusieurs bouts de fusée pour en construire une complète pour aller sur la Lune). Puis, il ira délivrer Jane en Allemagne.
RR #4 : Notre Tom voyageur va découvrir une autre base nazie en Amérique du Sud où il pourra chourer une fusée complète. Sauf que Jane (dont il est amoureux, normal) et son père ont été à nouveau capturés par les nazis et emmenés sur... la Lune !
RR #5 : Tom préfère aller faire dodo plutôt que d'aller tout de suite au secours de sa belle... (ça, c'est plutôt marrant, je trouve) Du coup, il fait un vilain cauchemar dans lequel les nazis ont profité de son sommeil pour finir de conquérir le monde ^^
Enfin, il finit par se lever et prend le volant de sa fusée pour aller sur la Lune... Alors la Lune : on peut y respirer facilement parce qu'il y a une atmosphère. Et il y a plein de nazis. Et des femmes prisonnières qui extraient le Lunarium... Sauf que le Lunarium rend les mecs débiles... Et que Tom est un mec, un vrai ! Du coup, il devient totalement stupide... Et la dernière scène de l'épisode nous montre Leermeister (qui, lui, a un casque sur la tête pour éviter de respirer les vapeurs de Lunarium) menaçant Jane et son père, face à un Tom complètement idiot et...
... that's all folks !
On peut imaginer que dans RR #6, Tom oubliera comment marche son pistolet et se fera pipi dessus, pendant que les nazis finissent de gagner la guerre. Ou alors, pour le savoir, on peut jouer au jeu vidéo.
Mais, la publication d'un numéro #6 à cette mini-série semble très illusoire, tout comme une traduction en langue française ^^
D'ailleurs, ce comics est tombé dans les tinettes de l'histoire de la bédé américaine : ce qui explique à la fois le fait qu'on peut l'acheter pour une bouchée de pain mais aussi qu'il n'y a quasiment pas d'images disponibles sur le net.
Est-ce utile de dire que je n'en conseille pas vraiment la lecture ?
A réserver aux gens qui aiment des histoires mal ficelées et qui ne finissent pas (après tout, ça fait travailler l'imagination ^^).
Essayez plutôt le jeu-vidéo !
GRRRRRR !