Je ne suis pas une fanatique des crossovers : vous savez ces histoires en principe complètement nazes où il faut acheter une cinquantaine de magasines pour comprendre et suivre une histoire capillotractée et sans intérêt où au final, comme dirait l'Ecclésiaste, il n'y a rien de nouveau sous le soleil ?
... d'ailleurs pour une parodie de ce genre d'exercices souvent foirés, il y a la mini-série, tirée de The Boys et signée Garth Ennis, Herogasm qui, si elle ne fait pas dans la finesse, fournit une explication qui en vaut une autre sur les activités
crossoveresques de nos héros en collants...
Il n'empêche que DC avait au moins le mérite, dans les années 90, de réserver ses méga-crossovers aux Annuals, autre exercice en principe stérile et inintéressant où sous un concept alléchant (un comics de 64 pages contre les 24 habituelles) on meuble et on fourgue les scénarios de fonds de tiroir... Au moins, comme ça, le crossover annuel ne venait pas polluer la série régulière !
Bref, double handicap pour cet annual de la série Robin (Timothy Drake) [triple si l'on compte le fait que les Robin ne me passionnent guère... à l'exception de Nightwing et de Carrie Kelley dans Dark Knight Returns] qui, comme les 22 autres annuals de chez DC publiés cette année là, est consacré au crossover Bloodlines.
Bloodlines (qui doit faire l'objet d'un remake sous peu) met en scène des créatures extraterrestres, d'affreux Aliens tout vilains (qui ont été accidentellement libérés du vaisseau spatial dont ils étaient prisonniers) qui débarquent sur Terre et qui ont un gros appétit. Pour se mouvoir librement, ils peuvent prendre une apparence humaine. Et pour se nourrir... Ils se servent des liquides céphalo-rachidien des êtres humains !
Bien sur, la plupart de leurs victimes ne survivent pas mais pour les autres, et à l'instar de certaines personnes croquées par les vampires, une infection est contractée, infection qui révèle toutes sortes de pouvoirs !
C'est ainsi que sont apparus les nouveaux héros infectés par les Aliens : les New Bloods !
Bref, le concept c'est : 1 Annual = 1 nouveau héros
Et la plupart, d'ailleurs, seront assez vite oubliés à l'issue du crossover.
Dans le lot, quelques uns se distingueront : Je pense notamment à Hitman (Demon Annual
#2) qui aura sa propre série, signée Garth Ennis, qui durera une soixantaine d'épisodes et à Anima (New Titans Annual
#9) que j'affectionne tout particulièrement et dont l'extraordinaire série sera (malheureusement) vite annulée...
Joe Public est également tiré de Bloodlines (mais lui, il n'y aura pas droit, à sa série !).
Tout comme Razorsharp, ce qui m'a amenée à m'intéresser à l'annual objet de cette review.
Signé Chuck Dixon (qui a fait énormément de Batman et de Robin dans les années 90, mais aussi Evangeline pour First Comics) et Kieron Dwyer au dessin (l'ex beau-fils de John Byrne ! Avec qui il a collaboré sur Torch of Liberty), cet annual est plutôt sympa et constitue la première apparition de Razorsharp.
Bien que connaissant l'histoire pour en avoir lu des résumés lors de la création de ma fiche, j'ai été assez agréablement surprise par la lecture de ce comics.
Tim Drake, dedans, en a marre du nouveau Batman (Jean-Paul Valley, alias Azrael, qui a pris la suite de Bruce Wayne après les "problèmes" que ce dernier a rencontré avec Bane). Du coup après s'être entraîné à avoir l'air d'un dur (en imitant Robert de Niro dans Taxi Driver), il va faire une patrouille de routine et croiser le chemin d'une bande de jeunes qui sont en train d'escalader la Tour Wayne !
Croyant à la base qu'il s'agit d'amateurs de sensations fortes, Robin (qui n'arrivera pas à les choper) comprend rapidement qu'il a eu affaire à des pirates informatiques qui ont tenté de pirater un satellite de télécommunications appartenant à Waynetech.
Du côté de nos hackers (les Psyba-Rats), nous retrouvons Razorsharp, Hackrat, Channelman et un dernier dont le nom m'échappe mais qui, de toutes manières, va rapidement se faire refroidir...
... parce qu'ils agissaient sur les instructions d'un chef mafieux, le Collecteur, chef qui ne tolère que difficilement l'échec.
Alors que Razor essaye d'expliquer qu'ils ont eu maille à partir avec un superslip, le Collecteur donne l'ordre de les abattre. C'est ainsi que le 4ème hackeur disparaît définitivement de l'univers DC après avoir prononcé ses premières et dernières paroles (
"Laisse tomber Rae... Argh !") et que nos pirates se retrouvent en fuite, poursuivis par des tueurs, courant comme des dératés au beau milieu d'un chantier désaffecté...
... là, Razorsharp et Channelman croiseront le chemin d'une alien qui les croquera, à la manière de la série de films Aliens (mais comme DC n'a pas la licence, il s'agit de contrefaire, grosso modo...).
Hackrat, le petit gros de la bande, lui, a réussi à échapper aux tueurs et aux aliens. Il récupère ses deux copains que la bestiole a laissé pour morts et les ramène à leur planque.
Et suite à une poussée de fièvre, Razorsharp obtiendra ses pouvoirs : transformer ses bras en lames d'un métal organique, un peu à la manière du T1000 dans Terminator 2. Quant à Channelman, il pourra projeter son esprit dans un téléviseur ou un ordinateur, devenant une véritable conscience désincarnée.
Bon, je ne raconte pas tout mais, bien évidemment, Razor et ses potes vont vouloir se venger du Collecteur, tandis qu'en parallèle Robin enquête sur le Psyba-Rats pour comprendre pourquoi ils voulaient pirater le satellite de Bruce... S'ensuivra une baston finale avec le chef mafieux et une happy end.
Très honnêtement, vu le concept absolument foireux du personnage de Razorsharp, je m'attendais vraiment à un truc pourri, tellement naze qu'il pourrait en devenir involontairement drôle...
Eh ben non. C'est plutôt une bonne lecture, car :
- On voit assez peu Robin
- Les personnages du Psyba-Rats (Razor mais aussi Channelman et Hackrat) sont plutôt bien fichus et agréables à suivre
- Chuck Dixon n'écrit pas avec ses pieds : c'est bien construit, l'histoire est solide et il y a même un peu d'humour (d'ailleurs sa mini-série consacrée à Razorsharp sera également d'une très bonne facture !)
- Kieron Dwyer ne dessine pas avec ses pieds
Bref, une lecture qui n'a pas qu'un intérêt documentaire quand on incarne Razorsharp sur un forum ! Pas un must-read clairement, mais un bon petit comics sans prétention (d'ailleurs nul besoin de lire quoi que ce soit d'autres de Bloodlines pour comprendre et apprécier cet annual) !
Pas d'édition française bien sur, mais un épisode en VO qui peut s'acheter à vil prix.