Cette sublime mini-série au graphisme si raffiné (signé Brent Anderson, dessinateur que l'on connait surtout pour son magnifique One-Shot X-Men "God Loves, Man Kills") est remarquable à plusieurs titres.
Au-delà des qualités graphiques indéniables, le scénario est construit comme un film policier et même les cases sont agencées selon une mise en scène toute cinématographique !
D'ailleurs, le script de ce comics (qui n'a finalement jamais fait l'objet d'une adaptation cinématographique) a permis aux deux scénaristes - Bruce Jones et son épouse, April Campbell - de rejoindre la guilde des scénaristes (ce qui leur a permis de travailler pour la télé).
Et puis, autre point amusant, l'héroïne "Somerset Holmes" partage les mêmes traits... qu'April Campbell !
(rappelons qu'il y avait eu un précédent... la véritable "Lois Lane", la femme qui a donné ses traits au personnage de bédé, a finalement épousé... Jerry Siegel, le papa de Superman !)
Sinon Somerset Holmes est une série policière qui commence sur une route déserte, la nuit. Une femme marche au bord de la route. Des phares se rapprochent au loin. La femme se retourne : elle a peur. Elle se met à courir : trop tard, pas assez vite... elle est percutée et finit dans le fossé !
Cette femme, c'est notre héroïne et quand elle se réveille elle n'a plus son sac mais surtout... elle ne se rappelle même pas qui elle est ! Le choc l'a rendu amnésique. Marchant au hasard, elle tombe assez rapidement sur la maison d'un docteur en médecine. Il lui ouvre et la laisse attendre dans son cabinet pendant qu'il lui propose de lui faire du café... un temps anormalement long se passe et notre héroïne n'arrive toujours pas à savoir comment elle s'appelle !
Sortant de la pièce, elle voit le médecin, mortellement poignardé... Et avant de s'effondrer mort, il prononce le mot "Nickels". Notre héroïne a une fois de plus peur, d'autant plus qu'elle voit les pieds bottés de l'assassin dépasser de derrière un rideau.
Elle court à nouveau pour sa vie et se retrouve dans un bar. Là un biker veut l'agresser. Elle le met hors d'état de combattre avec une telle maîtrise qu'il est évident que ce n'est pas la première fois qu'elle se bat. Elle doit à nouveau fuir et se retrouve à faire du stop...
... et quand un automobiliste lui demande comment elle s'appelle, elle invente en répondant ce qu'elle vient de lire sur un panneau : Somerset Holmes (en fait le panneau disait Somerset Homes et c'était une pub pour des résidences huppées).
Voilà notre héroïne baptisée et un premier épisode fort en rebondissements !
D'ailleurs, quand je l'avais lu pour la première fois, il y a de ça un bail, j'avais été carrément enthousiasmée, ma tête encombrée par un tas de questions ! (Qui est notre héroïne ? Comment ça se fait que les gens passent leur temps à mourir autour d'elle ? Qu'a voulu dire le Docteur ?)
Mais manque de bol, c'était le seul numéro que j'avais réussi à choper !
(et il n'y a pas, of course, d'édition française)
Après avoir fait l'acquisition du TPB (pas trop compliqué à trouver) [qui de plus est signé par Brent Anderson... J'ai le chic pour tomber sur des comics dédicacés sans qu'on me majore le prix] ...
(j'ai à ce titre un TPB des Freak Brothers signé, un TPB de Cerebus, plusieurs épisodes de Greymatter, plusieurs épisodes de Kings & Thieves [avec en plus un dessin de l'auteur] et un dessin original de True Swamp [par Jon Lewis], glissé dans le comics que j'avais commandé)
... bref, après lecture du TPB, le mystère s'est enfin éclairci !
Donc, dans SH #2, Somerset tue encore quelqu'un (le type qui l'avait prise en auto-stop), décide de prendre la place - à bord d'un train - d'une jeune femme blindée d'argent et insupportable, croise dans le train le fiancé de cette même femme (qui n'est pas mécontent d'être débarrassé de l'autre ! Oo !), se bat quand même avec lui (elle lui fout la pâtée) et finit par l'embrasser !
Dans SH #3, le train arrive à New York et la Police attend Somerset. "Skip" (le fiancé) l'aide à s'échapper et l'amène chez un ami hypnotiseur pour l'aider à recouvrer la mémoire. Seule l'image d'un jouet d'enfant revient à l'esprit de Somerset, en l'espèce un ours en peluche... Mais rapidement, Somerset surprend une conversation entre "Skip" et l'hypnotiseur et comprend qu'ils sont louches... Elle fuit à nouveau et saute par la fenêtre (avec brio ! Encore un talent hérité de sa vie mystérieuse) et atterrit sur la banquette arrière d'une voiture conduite par un proxénète...
... Somerset se fait discrète dans SH #4 et arrive à descendre de la voiture sans se faire repérer du maquereau, grâce à l'assistance de Barbie, une prostituée au grand cœur. Cette dernière décide de mettre les voiles et de larguer son proxo. Somerset va la suivre. Elles vont être prises en chasse par des agents de la sécurité intérieure, elles vont remonter une piste pour savoir qui est réellement Somerset et... Barbie va avoir un destin tragique !
Dans SH #5, notre héroïne contre-attaque et retourne voir "Skip" chez l'hypnotiseur. Elle va en apprendre plus sur son passé et ce que le gouvernement attend d'elle...
... et tout s'expliquera dans SH #6 !
Bien qu'ayant été légèrement déçue (mais très légèrement) par l'explication donnée dans le dernier épisode, cette série est plutôt bien fichue : beaucoup d'action, beaucoup de rebondissements, une ambiance parfaite, des dessins somptueux, des personnages attachants (Barbie, "Skip")...
... alors, oui, la fin n'est pas à la hauteur du reste de la série. OK. Comme à vrai dire bon nombre d’œuvres à suspense dont le dénouement est parfois un peu en deçà du reste. C'est le problème des œuvres qui promettent énormément : c'est difficile d'avoir une fin à la hauteur.
Mais rien que pour le dessin et parce que des comics comme ça je n'en ai pas franchement lu des masses, ça vaut plus que le coup d’œil !
Comme déjà dit pas d'édition française mais un TPB en VO peu onéreux et à peu près trouvable. Les épisodes à l'unité ne sont pas très chers non plus.
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