Alerte Ver!

Central City était une ville dynamique qui vivait, si l'on en croyait les manchettes de la presse locale, de heures heureuses de douce croissance économique. Impossible pour le ver vénusien de ne pas rouler des yeux en lisant les colonnes dithyrambiques qui vantaient les exploits technologiques et industriel de la ville des "flash". Des bipèdes incapables de concevoir l'immensité de l'univers sans tomber dans un abîme méta-physique qui s'auto-congratulaient des réussites de leur propre création monétaire abstraite, autant féliciter un enfant qui parvient à colorier sans dépasser un carré qu'il a lui-même dessiné, c'était grotesque. Enfin, cette ville avait le mérite de ne pas être taillée dans la même guimauve que Fawcett city où l'on pouvait carrément s'attendre à voir galoper des licornes qui pacotinaient des arc-en-ciel.

Le ver tendit la main de son hôte temporaire vers sa consommation et dirigea la paille vers son oreille. Le vénusien s'extirpa juste assez de l'oreille pour boire une gorgée et rentra dans le conduit auditif où il reprit les commandes. Les serveuses observaient avec curiosité l'individu dont les yeux miraient le lointain sans fixer de point fixe dès qu'il manipulait sa boisson. L'homme en question était un parfait inconnu qui avait le mérite de prendre des boissons avec un peu de menthe. Il avait été le compagnon de Mister Mind malgré lui, le ver l'avait trouvé à l'aéroport en pleine discussion houleuse à son portable, juste à côté d'une valise étiquetée pour Central City, la destination que le super-criminel s'était choisi. Il avait eut l'occasion de l'hypnotiser à ce moment et s'était accordé une bonne dizaine de minutes afin de se mouvoir correctement.

Il tourna les pages du journal en quête de quelque information utile, en vain. Ces humains... ils écrivaient une colonne sur l'état de l'autoroute, une page sur un homme politique obscure à la coiffure improbable et rien sur les sciences ou l'actualité véritablement importante. Heureusement, avant de quitter Fawcett city il avait prit ses renseignements auprès des contacts de l'ancienne Monster Society of Evil. Ce qu'il cherchait se trouvait confortablement blottit dans les entrailles de verre et de métal des laboratoires de Lex Luthor. Il porta de nouveau le verre à son oreille.

Une serveuse, cachant mal un sourire en coin, s'approcha et lui demanda s'il désirait une serviette ou un coton-tige. Gourgandine. L'hôte lui répondit par un regard fixe privé de tout battement de cils, une expression grave et pénétrante gravait ses traits. Elle battit en retraite. Bon, il était temps pour le ver de mener à bien la première étape de son nouveau plan. Il se leva et quitta le bar en laissant derrière lui les bagages de son transport temporaire. Une serveuse le retint en lui tendant un morceau de papier.

- Ton addition, expliqua-t-elle.

Mister Mind tira le porte-feuille, de sa veste, l'ouvrit, vit les billets et jeta l'objet au visage de la serveuse avant de s'en aller paisiblement, faisant fi des jurons que vomissait la jeune femme.

Son contact lui avait fourni l'adresse d'un gardien de nuit qui travaillait pour STAR Labs, une couverture parfaite pour pénétrer les lieux, même s'il eut préféré un ingénieur ou un chercheur émérite. L'homme en question, Bill Montburry, avait une trentaine d'années et vivait une existence anonyme comme les 99 pourcent de cette population de vermines à deux pattes. Il était fiancé à une jeune femme, Emily Pittburg qui était avocate, comme la plupart des américains et vivait dans la crainte du remboursement de son prêt étudiant, comme la plupart des ex-étudiants. Bref, ils formaient un ignoble petit couple de créature moyenne dont Mister Mind n'avait pas grand chose à faire, mais on lui avait donné les détails et il les avait retenus, comme de coutume.

Arrivé à l'immeuble, son hôte grimpa par l'échelle anti-incendie pour rejoindre le septième étage. Il ouvrit d'un solide coup d'épaule qui fêla un omoplate à son hôte la porte qui donnait sur le couloir. Supprimer les messages de douleur était un pré-requis indispensable à toute manipulation corporelle sinon l'on était voué à subir les mêmes décharges insupportables que sa victime; mais cela avait a contrario la fâcheuse tendance à être gênant lorsque l'on restait stoïque tandis que la réaction naturelle aurait été de hurler à la mort. Il parcourut le couloir jusqu'à atteindre le numéro 10. Il frappa deux fois.

Il entendit le bruit du verrou et la porte s'entrebâilla, une chaîne barrait le visage féminin et empêchait la porte de s'ouvrir entièrement.

- Oui ? demanda-t-elle sur ses gardes.

- Mademoiselle Pittburg? fit l'homme avec une voix solennelle.

- Oui, c'est à quel sujet?

Discrètement Mister Mind glissa un pied dans la petite ouverture laissée à sa portée et quitta les contrôles de son hôte. L'homme s'écroula. La jeune femme paniqua visiblement, tenta de fermer la porte pour aller quérir des secours, mais la pied l'en empêchait. Le ver galopa sur la jambe de son véhicule simiesque pour remonter vers l'ouverture. Emily tentait de dégager sa porte tout en s'apprêtant à appeler de l'aide depuis l'intérieur de l'appartement. Avec une précision diabolique, le vénusien lui lança un jet de filin de soie qui lui entrava la bouche en la projetant contre le mur opposé.

Enfin dans l'appartement, il fut agressé par une musique à haut volume tandis que la jeune femme se débattait avec les filins qui la tenaient accrochée, ils ne tiendraient pas longtemps. Il aurait pu prendre l'enveloppe d'Emily et ensuite contrôler son compagnon, mais Mister Mind était économe de ses mérites et préférait éviter de longues minutes à maîtriser une créature pour à peine dix minutes d'utilisation effective. Il préféra grimper sur un mur et le parcourir pour découvrir les lieux et, potentiellement, sa victime.

Ladite créature était dans ce qui s'apparentait à un étouffoir et que ses semblables appelaient une cuisine. Il était dos à une large ouverture dans le mur qui le séparait du salon. La jeune femme se débattait toujours et entre les crépitements de sa cuisine et la musique, son compagnon semblait ne rien entendre. Mister Mind fut impressionné, l'air était chargé de tellement de graisse que l'individu pouvait se vanter d'offrir une véritable texture au parfum de sa cuisine, texture qui rendait les murs glissants à l'approche des lieux d'expérimentations gastronomiques. Il en fallait cependant bien plus pour arrêter le terrible vénusien.

Sitôt sur la surface en simili-bois qui formait une espèce de comptoir, l'extraterrestre vermiforme sauta sur l'arrière de la chemise (de mauvais goût) de sa victime en puissance. L'énervant énergumène semblait danser en total contradiction avec le reste des bruits ambiants dans un étrange balancement arythmique, ce qui rendait l'escalade complexe. Mais bientôt la vue du col du vêtement relança l'espoir du criminel qui grognait intérieurement. A cet instant, un grand geste du bras, visiblement une sorte de fouetté violent, faillit lui faire lâcher prise. Celui-là allait souffrir lorsqu'il en prendrait le contrôle! De sa myriade de pattes, le ver galopa de plus belle, esquivant les plis et les replis du vêtements, évitant les secousses anarchiques du bipède, pour enfin atteindre son épaule. De là, il découvrit une paire d'écouteurs qui alimentaient son esprit étriqué en pop-musique détestable. N'ayant pas fait tout cela pour rien, Mister Mind tira sur le fil blanc recouvert de graisse, décrocha l'oreillette droite de sa victime et plongea...

Emily parvint à arracher les filins qui l'avaient un temps bâillonnés, crachota histoire de se débarrasser des derniers filaments pour finalement se jeter sur son téléphone. Elle composa les urgences et se dirigea vers son fiancé, paniquée. Le téléphone à une oreille, elle déboula dans la cuisine et posa une main sur son épaule.

- Y'a un type à la...

Mister Mind enclencha sa solution des "discussions qui ne doivent pas commencer". Billy saisit une poêle sans plier le bras et, d'une tension à la fois puissante et implacable assomma sa fiancée avec. La sauce brûlante aurait dû la réveiller mais le choc fut violent, le téléphone se brisa, sa joue se colora de rouge carmin et sa tête vint se cogner contre un mur. Elle s'affaissa. Et dire que ça veut maîtriser l'atome...

Billy alla se changer, laissant son repas sur le feu. Sans une once de délicatesse le ver lui fit renverser sa garde-robe jusqu'à trouver sa tenue de travail puis il ouvrit tous les tiroirs de sa chambre jusqu'à trouver son badge de sécurité. Il se saisit des clefs de leur véhicule, réfléchit quelques instants et considéra qu'un taxi ferait bien l'affaire. Sur le palier, l'homme de l'aéroport se tenait la tête et la cheville en se demandant ce qu'il faisait là. Il tenta de s'adresser à Mister Mind qui lui répondit d'un très aimable coup de lampe-torche qui le renvoya saluer Morphée. En voilà qui y réfléchira deux fois avant de revenir à Central City.

Alors qu'il atteignait le trottoir où il hélait un taxi, un début d'incendie se déclencha dans l'appartement 10...



STAR Labs, où la démesure d'un homme qui aurait tout pour plaire au ver vénusien. Hélas, Sivana avait été relativement clair sur l'individu, Lex Luthor ne partage pas ou pas gratuitement et même si Mister Mind aurait aimé explorer les tréfonds de cet esprit criminel il était encore dans une situation trop précaire pour tenter un tel coup de poker.

Billy paya le taxi en lui laissant une belle liasse de billets et claqua la porte avant de gravir l'escalier latéral du bâtiment. Fouiller les souvenirs était une opération difficile, heureusement, ceux que cherchait le génial criminel étaient des souvenirs récents et habituels, les exhumer ne demandaient pas tant d'efforts que cela. Il montra son badge, une voix techniquement familière lui lança un:

"Déjà là? Tu fais des heures sup'?"

Ce à quoi le ver répondit calmement.

- Ouaip.

Un bourdonnement indiquait que le verrou magnétique de la porte était ouvert. Billy entra comme d'habitude, il salua, comme d'habitude ses collègues présents et se dirigea vers le poste de garde où attendait le vieux Fredy, l'ancêtre de l'équipe si les souvenirs étaient exacts.

- ça va pas? demanda-t-il en voyant Billy grimacer sous le coup de la douleur infligé par la prospection mnémonique de Mister Mind.

- Si, si, une petite migraine, rien de grave.

- T'es en avance tu sais, lui reprocha Fredy.

- Oui, je sais mais j'avais un truc à faire, fit-il en se tournant vers la porte qu'il ferma.

- Ah bon?

Billy lui donna un coup de poing qui l'étala sur sa console de sécurité. Il enchaîna avec un coup de lampe. Lorsque le vieux fut à terre, Mister Mind tira soigneusement son arme de service et frappa le crâne de l'individu à plusieurs reprise pour être certain qu'il ne se relève pas dans cette vie. Billy souffrit quelques minutes le temps que son nouveau compagnon cérébral trouve ce qui l'intéressait dans son cortex cérébral primitif. Il pianota ensuite sur la large console et trouva les caméras qui l'intéressaient.

A cet instant, la porte s'ouvrit. Une femme, Eléonor regarda la scène plusieurs fois et sortit son arme pour pointer son collègue.

- Ne bouge pas! cria-t-elle. Elle pénétra dans la pièce, à bonne distance et chercha à rejoindre le bouton d'alarme le plus proche.

Billy fit un geste, sa collègue lui tira dans la jambe et il s'effondra. Mister Mind n'allait pas garder une enveloppe incapable de se mouvoir. Le coup de feu avait alerté d'autres gardes qui convergeaient arme au poing vers la pièce. La jeune femme s'approcha de son collègue et distingua une petite forme à côté de son crâne.

- Mais qu'est-ce...

La forme en question, un ver vénusien, se tourna vers elle et lui jeta un regard hautain malgré ses cinq centimètres.

- Félicitations humaine, vous avez réussi à m'énerver, lança-t-il de sa voix artificielle alors que ses yeux s'illuminaient.

La jeune femme hurla.

Quelques minutes plus tard, les gardes trouvèrent les cadavres de Billy et Fredy seuls dans la salle de surveillance et lancèrent l'alarme générale dans le laboratoire STAR...

Flash se demandait même pourquoi il s'était déplacé. Comme d'habitude le grand patron n'était pas venu. Ce n'était pas la première fois que Garrison Slate propriétaire et directeur de Star Labs, lui faisait le coup. Il le convoquait et ne se présentait jamais au rendez-vous. Évidemment, il avait toujours une bonne raison et pour cela Flash ne pouvait lui en vouloir, mais c'était tout de même énervant. À chaque fois, Barry se posait la question d'y aller ou pas, mais Garrison Slate était une légende vivante qui à l'avis du scientifique de la police méritait autant sinon plus d'admiration que les héros en général. Slate était un homme d'affaires avisé qui définissait le futur. Il avait toute une section recherche et développement uniquement basée sur les héros. Le profit n'était absolument pas au rendez-vous quant à cette section de Star Labs, mais le directeur continuait à la financer. Très certainement cela amènerait à des profits, mais comme certain chercheur l'avait déjà fait remarquer à Flash, c'était rarement de gaieté de coeur que les Métahumains se laissaient examiné, se qui laissait malheureusement beaucoup de trous quant il s'agissait de passer de la théorie à l'application.

Je suis désolé Mr. Flash

Ça va, je m'en doutais c'est pas la première fois qu'il me pose un lapin.

Mr. Slate est désolé de vous avoir faussé compagnie encore une fois, mais il a du se rendre d'urgence en Ukraine pour régler un problème avec notre compagnie sœur Star Labs EU.

Je ne doute pas de l'urgence mademoiselle et croyez moi je suis bien placé pour comprendre que parfois le devoir nous prive de nos obligations.

Oui bien entendu, Mr. Slate voudrais prendre un autre rendez-vous avec vous si cela s'avère possible.

Oui bien sûr qu'elles sont ses disponibilités?

L'adjointe administrative visiblement mal à l'aise ouvrit une page sur son ordinateur qui portait sobrement le nom d'agenda du directeur. Flash jeta un rapide coup d'oeil et vie que l'homme avait un horaire ultra chargé. Ce n'était pas surprenant, mais cela laissait peu de place au loisir et pourtant lorsque Garrisson Slate faisait les manchettes c'était soit pour une découverte, soit pour les magasine people ou il avait par exemple loué toute la baie d'Ungava au Canada pour faire un match de hockey sur glace extérieur avec les Combines de Keystone City. Bref, il vivait de la démesure et pourtant il semblait tout à fait conscient de la vie moyenne des habitants du pays, car de nombreuses places dans son agenda étaient reliées à des œuvres caritatives de soutien. Star Labs avait fait de grandes choses positives, mais aussi de nombreuses choses secrètes et sombres... Comme conclusion Barry ne put dire qu'une chose: Garrison Slate était un homme complexe.

J'aurais le ... attendez

C'est à ce moment que l'alarme s'enclencha. Barry leva les yeux et regarda l'adjointe qui sembla paniquez. Elle indiqua le niveau de déclenchement et Flash se rendit sur les lieux immédiatement courant dans les escaliers. Il arriva à la salle de surveillance. Une équipe était déjà en place et deux cadavres jonchaient le sol.

Que se passe t'il ici?

La salle de garde était en pleine effervescence. Deux hommes recouvraient les cadavres tandis que deux autres pianotaient sur l'ordinateur pour trouver les enregistrements des caméras de sécurité, le tout sous la direction de leur chef. Tout ce qu'elles révélaient était l'entrée de Billy dans la pièce et... la sortie d'éléonor. Les deux hommes allaient s'interroger à voix haute lorsqu'un coup de vent porta Flash jusqu'à eux.

Au bout de quelques années de service, l'on ne s'étonnait plus de voir arriver le héros local avec des questions et hélas, peu de réponse.

- Heureux de vous voir, fit le plus gradé de l'équipe, un dénommé Carl. Pour faire court, deux de nos hommes sont morts et l'une de nos collègues, qui apparemment était sur les lieux, ne répond plus à nos appels radio.

Derrière lui, ses collègues continuaient de balayer les caméra de sécurité à la recherche de leur collègue.

- Chef, lança l'un de ceux qui recouvraient les cadavres. Venez voir ça!

Il pointa du doigt l'oreille droite de Billy qui avait abondamment saigné.

- Bordel, mais qu'est-ce qui s'est passé ici? grogna Carl. J'ai toujours dit qu'il fallait une caméra dans cette pièce, mais on ne m'écoute jamais. Maintenant on a deux cadavres sur les bras et...

- Chef, le coupa l'un de ses hommes en désignant un écran de surveillance. Regardez, éléonor est dans le couloir 4-B de l'aile Ouest, elle est dans la salle de transit des laboratoires.

- Mais qu'est-ce qu'elle fout là-bas? s'énerva derechef leur supérieur. C'est pas du tout sa ronde!


Eleonor avait effectivement quitté la pièce avant l'arrivée de ses collègues, les yeux dans le vague, uniquement mue par les impulsions que lui transmettait Mister Mind depuis le confort de son cortex cérébral. Les créatures humaines étaient dotées de formidables capacités, le ver ne le réfutait pas, mais utilisées avec si peu de méthode et de savoir-faire qu'elles pouvaient être considérées comme inexistantes, lui savait précisément comment débloquer au maximum le processeur organique fabuleux que représentait toute cette masse spongieuse. Si seulement ils pouvaient se débarrasser de leurs réflexes ataviques de reproduction et de besoins primaires et ils domineraient l'univers, mais ils en étaient incapables, ils devaient par conséquent disparaître.

Il observait via les relais neuronaux qui le connectaient aux orbes gélatineuses des yeux, son environnement. Chaque être avait sa propre perception et considérait de différente manière ce qui l'entourait, ce n'était pas qu'une histoire d'optique, c'était une histoire de prétraitement de l'information. Mister Mind ne pouvait voir comme l'on observerait depuis une fenêtre le monde, non il voyait ce que l'esprit de sa victime ne filtrait pas au travers de sa propre expérience. Les chasseurs voyaient plus plus de nuances de vert par exemple. Cette jeune femme, elle, malgré ses lentilles de contact, filtrait les informations des murs et des couloirs. Elle ne percevait pas les indications écrites. Elle avait l'habitude et son cerveau analysait directement ces éléments pour les transformer en choses qui ont du sens pour elle, comme "c'est ici que travaille Jenn' " et le ver devait sans cesse lui faire tourner la tête pour lire chaque information utile.

Ainsi, non contente de sa démarche mécanique, la jeune Éléonore tournait ostensiblement la tête à intervalle régulier, sans jamais battre des paupières. Le ver vénusien espérait que l'on n'observerait pas de trop près la jeune femme dont l'oreille saignait. Il aurait aimé faire les choses plus proprement mais il avait clairement manqué de temps et maintenant que l'alarme résonnait dans toute la structure, il ne regrettait pas d'être entré en force après une trop courte hypnose. Elle avait tenté de se débattre, mais toutes ses victimes finissaient par perdre.

Les lumières rougeoyantes des plafonniers rendaient la distinctions des formes plus hasardeuses tout en distordant les distances et le ver tourna une fois trop tôt et se prit une fois un mur. Une expérience assez désagréable. Il atteignit enfin le couloir 4-B de l'aile ouest.

Là, il avait fait ouvrir une large porte blindée à la jeune femme à l'aide de son badge. La porte métallisée se déverrouilla lentement. Les multiples verrous, électromagnétiques et mécaniques s'ouvrirent les unes après les autres. La porte en question menait, s'il en croyait les souvenirs qu'il arrachait violemment à la jeune femme qui commençait à pleurer sous le coup de la douleur à une antichambre particulière. En tant que simple surveillante, Éléonore n'avait pas d'accès supérieur pour rejoindre les laboratoires qui s'étendaient au-delà de la salle d'attente, mais il y avait assez de conduits d'aération dans cette dernière pour que le ver vénusien puisse s'infiltrer.

Alors que la lourde porte s'ouvrait, celui-ci songeait à ce qui l'attendait. Le laboratoire 5 était un laboratoire de recherche et de développement d'équipement de haute technologie de bienfaisance. Dans une entreprise sous contrôle de Lex Luthor, la mention prêtait à sourire. Mais entre deux composés visant à améliorer le rendement de fermes aéroponiques, les chercheurs du multi-milliardaire tentaient de révolutionner le clonage. Et si l'entreprise s'était révélée incapable de cloner efficacement des êtres humains ou des mammifères, elle avait réussi avec des insectes...

Éléonore fit deux pas dans l'antichambre lorsque la porte fut entièrement ouverte et leva la tête vers le plafond où des grilles aérations étaient installées. Elle sourit quelques minutes avant que les caméras ne retransmettent son image aux gardes. Sa radio grésilla et lui demanda ce qu'elle faisait là. Ces misérables bipèdes l'avait finalement retrouvé et bien tant pis, ils avaient un train de retard cette fois-ci! La salle de transit était une pièce large dont les murs se résumaient à des vitres blindées qui donnaient sur des laboratoires tout équipés.

L'insecte se désincarcéra du crâne de sa victime sans ménagement. Elle cria et manqua de s'évanouir lorsque l'insecte quitta son conduit auditif. Il était temps de se promener dans les conduits de ventilation, il fallait qu'il aille au plus efficace.

Maintenant...

maintenant....

Tu vas me jeter sur cette grille....

là haut...

là haut...

TU...

vas...

me...

là-haut...

je-ter...

sur la grille..

sur la grille...

MAINTENANT!

Mécaniquement, la jeune femme prit le ver dans sa main et le jeta sur la grille où il s'agrippa. Il se glissa ensuite entre les barres métalliques avec une facilité déconcertante. Mister Mind se mit alors à courir dans les galeries inhospitalière et glacée. Les odeurs habituelles des laboratoire ravirent le vénusien qui se sentait revivre, l'âpreté du désinfectant, l'odeur tenace de la soude, le piquant des acides corrosifs. Il était né pour baigner dans cette odeur de science. Il bifurqua à la première sortie et glissa hors des conduits. Il ne savait pas exactement où il était mais il pourrait mieux se diriger dans les laboratoires plutôt que dans le dédale de l'aération. Il tomba sur un plan de travail directement en vue de la large baie vitrée de la salle de transit. Il n'y avait plus qu'à espérer que personne ne le verrait de là où il était.

Barry prit le temps d'évaluer la scène de crime. En tant que scientifique de la police, il avait des années d'entrainement derrière lui qui lui servait en ce moment très bien. Évidemment tout ceci fut fait rapidement sous le regard des gardiens de sécurités qui ne virent qu'un flou rouge et légèrement jaune. Il détestait faire ce genre de chose rapidement, car il avait l'impression de ne pas porter respect à la scène de crime et ses mouvements pouvaient en effet altéré des preuves, pourtant il n'avait pas le choix dans le cas présent. Il remarqua le saignement dans l'oreille qui était étrange. Il le nota dans sa tête.

Oh mon dieu.

Barry regarda le moniteur de la caméra et vie Eleonor s'effondrer. Il alla rapidement rejoindre le corps de la jeune dame. Il passa à travers les différentes portes en vibrant. C'était certes pas très légal, mais la situation exigeait une arrivée rapidement. Il échangea donc la possibilité de passé avec des accréditations par la vibration cellulaire, ce qui au bout du compte était extrêmement rentable. Il fit un rapide examen à Eleonore, mais malheureusement elle était déjà décédée. Elle avait également ce saignement au niveau de l'oreille et comme il était encore plus frais Barry remarqua des traces de... "bave". Ce n’était pas vraiment de la bave, mais une solution larvaire qu'utilisaient certains insectes pour faciliter les déplacements. Cela soulevait des questionnements, mais permettait à Barry d’échafauder une théorie.

OU ES TU INSECTE?

Il n'avait aucune idée si la larve en soi pouvait parler, ce qu'il espérait c'était essentiellement d'attirer l'attention du vilain. Se faire remarquer, être la cible, pour démasquer l'adversaire. Ce n’était certes pas le meilleur plan de la décennie, mais cela devrait suffire dans l'urgence.

Mister Mind eut à peine le temps de faire un détail de la pièce qu'il allait devoir traverser qu'une voix légèrement assourdie par le verre blindé d'observation lui parvint. Elle demandait très exactement où il se trouvait, si tant est que l'individu en question ne cherchait pas un autre insecte, ce qui, étant donné la situation, paraissait peu réaliste.

Le vénusien se tourna pour, un comble, regarder la salle d'observation et fit ce qui se rapprochait le plus d'un bond de surprise. D'une mauvaise surprise même. Au lieu des gardes débonnaires et maladroits qu'il s'était attendu à trouver à ses trousses se trouvait un justicier, ou l'uniforme de policier le moins discret du monde. En le détaillant depuis sa position, le ver parvint à distinguer grossièrement les traits de son poursuivant: Flash. C'était bien sa veine, lui qui se dandinait difficilement allait devoir affronter un speedster (comme les scientifiques les appelaient). Il allait donc devoir temporiser la menace. S'il ne répondait pas, le justicier ferait un tour rapide des installations et aurait tôt fait de l'intercepter, Mister Mind ne pouvait se permettre d'être attrapé au gré du hasard des rencontres.

Il jeta un nouveau regard circulaire à la ronde et trouva un micro de communication qui devait assurément permettre de faire des commentaires à la salle d'observation ou le type qui avait collé l'étiquette "Observation Room" méritait une mort lente et douloureuse.

Le ver galopa le long de l'établit où il se trouvait, traversa une allée carrelée et grimpa avec aisance le long de la paillasse où se trouvait le micro en question. Il mit l'appareil en route et, tout en cherchant de quoi assurer ses arrières, il s'adressa à son adversaire.

"Salutations cher justicier.

Je dois m'incliner devant une telle célérité à la tâche et la vélocité avec laquelle vous avez fait le lien entre mon état larvaire et les quelques miettes qui étaient en votre possession, c'est à ne presque pas désespérer du genre humain."

A cet instant, le ver remarqua la chose la plus visible du monde: les robinets de gaz. En tant qu'insecte, vénusien de surcroît, il disposait d'un petit plus en cas de raréfaction de l'oxygène que les bipède si gourmand en la matière et, si ses bases de physique terrienne était toujours d'actualité, toute accélération entraînant nécessairement une augmentation non homogène ponctuelle mais conséquente de la température, alors le justicier risquait d'être son pire ennemi. Que les lois de l'univers pouvaient être délicieusement cruelles.

Il se dirigea tout doucement vers le robinet le plus proche en continuant de parler.

"Je devrais sans doute faire acte de contrition à vos yeux à cause des cadavres laissés derrière moi mais..."

Il actionna le robinet qui émit une petite détonation caractéristique.

"... mais hélas je n'en ressens ni l'envie ni le besoin. Ne m'accusez pas d'être un monstre ou je-ne-sais quoi en rapport avec vos lois ou vos règles, songez à ce que vous faites à votre planète et votre colère ou votre ressentiment se transformera rapidement en remords. N'oubliez pas que l'on est nécessairement le criminel d'un autre.

Sur ce, je m'excuse mais je vais devoir vous laisser un peu, ces merveilleux laboratoires soigneusement équipés et qui cherchent, au détriment de tous vos beaux sentiments à repousser les limites de la science ont un besoin vital de ma contribution. Je suis sûr que vous serez le premier à l'a-do-rer."

Malheureusement, Mister Mind aimait les défis digne de lui. Il se savait en infériorité contre un humain capable de telle pointe de vitesse, mais se sentait, autour de cette technologie affreusement familière, en large supériorité sur un individu qu'il ne connaissait pas mais que son orgueil décrivait comme doté d'un QI tout juste moyen. Le piéger serait tellement facile!

"Et pour que vous puissiez en juger vous-même, je vous invite à me rejoindre dans le laboratoire..."

Il leva les yeux vers une pancarte qui indiquait 4, il n'était même pas loin de sa cible, un comble.

"...4. Je vous y attends"

Puis il sauta de sa paillasse pour se glisser sous un meuble.

Sans plus attendre Barry qui avait porté attention aux paroles du ver se rendit au laboratoire 4, il passa toutes les portes facilement et atteignis l'endroit sans difficulté. Puis il s'arrêta. Il sentit l'odeur du gaz, ou plutôt l'odeur de l'additif mis dans le gaz afin de créer un avertissement. Barry trouva rapidement les manettes et ferma le gaz.

Flash remercie intérieurement son aura de speedforce. En effet, Barry atteignait des vitesses pouvant littéralement mener à une combustion spontanée, cependant comme la vitesse de Flash n'était pas de source normale, elle venait avec des avantages. La speedforce enveloppait tout son corps d'une aura invisible qui l'empêchait de créer l'effet pesant de la friction et de la gravité sur lui lorsqu'il courait. C'était assez complexe, mais il en avait partiellement le contrôle, en permanence sur lui il réussissait par exemple, à en faite tiré le bénéfice à Iris lorsqu'il court avec elle dans ses bras et ne pas le faire pour Grodd dans l'espoir de le blesser. Bref, il pouvait encore une fois utiliser la physique de la speedforce à son avantage. Dans le cas présent, sans même le savoir, il avait évité une explosion qui aurait pu lui coûter la vie.

Barry fit un retour rapide de la pièce et découvrit le ver... C'était une grosse limace verte avec d'énormes yeux jaunes. Il semblait occupé à faire quelques choses et ne portait que partiellement son attention sur Flash. Celui-ci avança vers la "chose" ne sachant pas réellement à qui il avait affaire et sachant pertinemment qu'il ne fallait jamais sous-estimer un adversaire et encore moins un qui avait déjà autant de morts au compteur.

Qui est-tu et que veux-tu... limace verte.

Mister Mind venait de découvrir non sans une petite pointe de déception que son adversaire, malgré sa vitesse n'était pas un briquet ambulant, c'était une occasion de franc amusement manquée. Se débarrasser du gêneur serait plus difficile que prévu. Qu'importe, pour l'heure, sous son abris, le criminel pouvait encore mettre son plan à exécution, il lui fallait juste un ordinateur, de quoi prélever de l'ADN et lancer un programme basique que n'importe quel primate de la sous-espèce humaine pouvait faire fonctionner.

Il s'écarta de la position du justicier en prenant grand soin de longer un maximum les murs et en restant le plus possible sous le couvert d'un meuble. Les étiquetages des différentes paillasse étaient très lisibles, là un symbole de toxicologie, là un signe de danger bactériologique, et, enfin, un brin d'ADN. Le justicier fouillait vitesse grand V la pièce, il fallait jouer quitte-ou-double.

Mister Mind grimpa sur ladite paillasse et déverrouilla l'ordinateur avec le mot de passe que le laborantin avait "astucieusement" écrit sur un post-it mitoyen. La solidité d'une chaîne se calculait avec la force de son maillon le plus faible, l'adage se confirmait.

Branché à l'ordinateur, une espèce de centrifugeuse avec un bac à échantillon attendait son heure. Le ver vénusien grimpa sur le réceptacle et cracha une bonne dose de soie, ses muqueuses recouvraient généralement le filin d'une légère sécrétion qui contenait assez de son patrimoine génétique. Restait à lancer l'opération. Il pianota hélas sans discrétion sur le clavier avec la vitesse qu'autorisait sa taille, se débattant avec la touche tabulation pour remplir les différents champs de l'interface homme-machine.

Sitôt qu'il validerait sa configuration, espérant n'avoir oublié aucun paramètre sur cette IHM dont l'ergonomie était une insulte au bon sens, les machines du laboratoire numéro 5 entameraient leur cycle de production. Des centaines de milliers de larves vénusiennes seraient créées avant d'être incubées pour un cycle de 10 secondes et sortir à maturité sitôt après! L'invasion commencerait et la planète sombrerait!

Alors qu'il allait vers la fameuse touche "entrée" du clavier, la voix du justicier retentit dasn son dos. Mister Mind, piqué au vif, se tourna vers lui alors qu'il était à un centimètre de son objectif.

- Une limace? MOI?! Apprenez que je suis Mister Mind, un ver, UN VER et je dirais même LE VER! Je suis l'être le plus génial de cet univers et je-ne-fais-pas-partie de l'ordre décérébré des gastéropodes! Tenez-le vous pour dit! Quant à ce que je veux, c'est très simple: l'univers.

Il s'étendit alors depuis sa position pour écraser la touche du clavier. L'étrange centrifugeuse se ferma et entama un étrange cycle; dans l'autre laboratoire, une dizaines de machines s'activèrent; les portes se verrouillèrent; les tubes transparents qui courraient le long de ses murs se remplirent de liquides colorés et les jauges de pression qui jalonnaient leur parcours s'affolèrent. Une nouvelle ère commençait!

- Il n'est pas encore trop tard pour vous soumettre, déclara pompeusement le ver en regardant le justicier, trop heureux de pouvoir se pavaner devant un tel adversaire.

Derrière lui, hors de son champ de vision, dans un cadre de l'IHM, un voyant rouge clignota avec la mention "INSTABLE -- Code Erreur: Ox455FFC".

[HRP]Navré pour le temps de réponse, semaine chargée ^^[/HRP]

Le nom de mister mind lui disait quelques choses. Certes ce n'était pas quelqu'un qui lui était normalement lié, mais cela semblait assez réel dans son esprit pour signifier qu'il était quelqu'un de connu. Probablement un ennemi de quelqu'un d'autre puisque cela lui sonnait une cloche. Enfin, il n'avait pas le temps pour ce genre de questionnement. Il devait surtout l'arrêter. Étrangement cela semblait extrêmement simple.

Il prit un bécher à grande ouverture et se qui semblait être un couvercle pour cedit bécher et chercha du regard le ver, et non la limace et elle irait y entrer. Il finit par relever sa piste due à la traîner de "morve" qu'elle laissait derrière elle. Puis il se dépêcha. Il utilisa de sa vitesse et sans toucher le ver il le mit dans le bécher avec le bouchon troué sur le dessus. Il fallait laisser respirer les solutions et il faudrait laisser respirer le ver... puis... une alarme sonna.

INSTABLE -- Code Erreur: Ox455FFC" a écrit:

ooo Ça c'est clairement pas bon... Qu'est-ce que t'as fait?

Flash avait demandé en soulevant le bécher contenant le ver à la hauteur de son visage. Il avait secoué légèrement le contenant pour signifier qu'il n'avait pas le temps de s'amuser. Le Vénusien avait activé quelques choses qui semblaient créer une réaction en chaîne dangereuse. Qu'avait-il fait et surtout était-il suffisamment stupide pour se sacrifier lui-même dans une explosion ou autre... non sûrement pas, il voulait le contrôle de l'univers et pas sa destruction, c'était au moins ça.

Réponds

Mister Mind n'était pas quelqu'un de brutal et répondait à la violence physique par une sournoiserie de bon aloi. En l'occurrence, il n'aimait pas non plus être transporté contre son gré et avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce fut, il se retrouva dans un bécher. C'était gênant, vexant même. Il jeta un regard noir au justicier lorsqu'il le porta à la hauteur de sa tête. Les humains étaient encore plus laids vus de près et déformés par la courbe du verre. Il manqua de l'insulter lorsqu'il osa, comble de l'humiliation, le secouer comme n'importe quel insecte. Le justicier semblait lui-même contrarié.

Mister Mind se tourna vers l'écran qui semblait causer tant d'émoi et découvrit l'étrange message. Décidément, s'il retrouvait le bipède qui était responsable de cette IHM, il le trouverait et le tuerait lentement. Le ver décida de jouer le tout pour le tout, un peu de bluff ne pouvait pas faire de mal dans sa situation.

- Je n'aime pas être brusqué, commença Mister Mind avec tant de mépris qu'il aurait pu tailler un diamant avec. Quant à ce que j'ai fait, c'est très simple. J'ai assuré mon avenir, sans assurer le vôtre je le crains.

Les premières machines du laboratoire numéro 5 achevèrent leur cycle et transférèrent leurs premiers embryons aux couveuses chimiques. Les jauges de pression commencèrent doucement à atteindre les graduations rouges surmontées des inscription "CRITIQUE", les tuyaux se remplirent par intermittence de liquides d'autre couleur et les voyants des générateurs génétiques s'affolèrent.

Du côté de Mister Mind, l'ordinateur continuait inlassablement d'afficher le code d'erreur et les quelques voyants de supervision de l'IHM devenaient orange. Il fallait qu'il voit sur place ce qui se passait... Difficile cependant depuis sa prison de liège et de verre.

- Cependant vous aurez une réponse plus complète si vous allez dans le laboratoire numéro 5, lança-t-il comme si de rien n'était. Vous y découvrirez peut-être de quoi rassasier votre curiosité mal placée. Haw hee hee.

Dans les bains chimiques des couveuses, les étranges larves blanche grossissaient à vue d'œil et se teintaient lentement de vert. L'une d'elle ouvrit un œil jaune curieux sur le monde... SON monde.

Ne lâchant pas le ver ni le verre. Il s'avança vers le laboratoire numéro 5. Il était curieux certes, mais surtout inquiet, il y avait tout de même une grosse part d'inconnue dans la relation qu'il entretiendrait avec ce ver. Mister Mind s’était montré des plus surprenant dans ses capacités malgré son apparence, il ne devait pas être sous-estimé. Toujours le bécher prison en main, Flash entra.

Il remarqua immédiatement que c'était une sorte de chambre d'incubation, malheureusement cela n'avait rien à voir avec le genre humain. On était plus proche d'une chrysalide que d'un incubateur. Les grosses larves de ver semblaient sur le point de s'éveiller. Flash s'approcha il était à la fois émerveillé et dégoûter. Il fallait avouer que c'était quelques choses de voir la vie naître, peu importe sa nature. Puis un questionnement lui vint en tête quelques choses d'absolument primordiales, il leva le ver à sa hauteur.

C'est toi qui a tout mis sur pied ou Star Labs travaillait sur ce projet avant ton arrivée?

Cette question n'avait absolument rien d'anodin. Star Labs était connu pour être souvent à la limite de l'acceptable. C'était certes une compagnie qui aidait les héros, mais il y avait un autre penchant plus sombre à la compagnie. À quelques reprises, ils s'étaient retrouvés du côté des vilains, une tendance à vouloir jouer à Dieu et à exploiter les intérêts héroïques pour en faire des armes pour soi-disant protéger la population. Cependant, si on donnait des pouvoirs à tout le monde, il y aurait un problème. Oui, il n'était pas celui qui devait décider qui pouvait avoir des pouvoirs ou non, mais il ne fallait pas se voiler la face, c'était une boîte de pandore que la justice league se refusait à ouvrir.

Alors? C'est toi le génie ou c'est Starlabs?

Mister Mind fut ravi de découvrir le laboratoire numéro 5. Il était tel qu'on le lui avait décrit: de vastes et ingénieuses machines de reproduction génétique et leurs vrombissements si savoureux. Il aimait la technologie, d'où qu'elle puisse venir, qu'elle que fut sa forme. Il ne pouvait que rester impressionné par ces inventions. Il se rapprocha instinctivement de la paroi de son bécher pour admirer le vaste incubateur où flottaient des formes qu'il ne connaissait que trop bien. Mieux que ses semblables, ces larves qui lentement ouvraient les yeux sur ce monde nouveau étaient identiques à lui.

Le justicier daigna s'adresser à lui. Le ver vénusien prit son temps pour répondre, surtout après la bravade qu'il osa lui asséner. Les justiciers s'y connaissaient pour blesser les orgueils, sans doute par expérience personnelle. Comme s'il fallait être un génie pour concevoir pareille ingénierie! C'était certes une belle mécanique, mais avec une centaine d'ingénieurs, on pouvait aisément en concevoir une. Comment osait-il prétendre que c'était là où se situait la limite entre génie et bêtise crasse?

Le ver plissa les yeux et lui cracha plus qu'il ne répondit.

- Star Labs ne manque pas de ressource, je vous l'accorde et elle est à l'origine de tout ceci, mais ils ont été bien incapables d'en faire une véritable réussite. Ils ont beau avoir essayé avec quelques papillons et des abeilles leur gentil petit procédé, ils se sont arrêté au beau milieu du chemin. Voilà ce qui sépare le génie du scientifique mon cher, nous allons jusqu'au bout, nous ne nous arrêtons pas lorsqu'un financier ou un incompétent notoire nous demande de nous arrêter.

Dans les cuves, la vie s'agitait de plus en plus violemment. Les clones avaient assimilé pour la plupart comment se mouvoir et observaient leur environnement. Bientôt, la cuve se colora étrangement. Mister Mind tâcha de contenir une fois de plus son angoisse lorsque les larves s'agitèrent frénétiquement, comme si elles souffraient.

- Maintenant justicier il va vous falloir choisir, lança-t-il vivement avec un air de défi. La valve rouge permet l'évacuation des échantillons hors de la cuve, la valve grise quant à elle fait cesser le processus et tous les échantillons décèderont dans une cuve de rétention. Il va vous falloir agir.

Il n'aimait pas laisser le choix à son adversaire mais il n'en avait hélas pas le choix vu la situation dans laquelle il se trouvait. D'un côté comme dans l'autre, il pouvait récupérer ses clones, mais s'il ne faisait rien, les cuves risquaient d'être contaminées et ce qui aurait pu être le commencement deviendrait une fin.

Mister Mind pouvait cracher de la soie pour faire sauter le bouchon de sa prison, mais cela ne lui apporterait rien de bon, il se ferait arrêter aussi sec. Il observa le visage de son ennemi, ce faciès si caractéristiquement lisse des héros dans son genre. Le ver était une intelligence parasitaire qui pouvait par conséquent se targuer de connaître ce que recelait les esprits inférieurs de ces bipèdes. Maintes fois il avait connu l'espoir de ces êtres sans jamais réellement y goûter, souvent il s'était demandé ce qui pouvait pousser ces masses amorphes à vivre dans l'inertie d'un monde qui se déréglait.

Ces justiciers étaient l'esprit combattifs que leurs semblables n'avaient pas, ils étaient les garants de leurs bonnes consciences. L'humain de base est trop cynique pour vouloir combattre, mettant en scène son impuissance alors qu'elle est hypocrite. Mister Mind lui-même était de ce point de vue, un justicier, il avait voulu sauver son peuple, l'élever au rang de super-puissance galactique, mais le fatalisme de ses semblables avait rendu l'opération caduque. Ce Flash lui-même et ses camarades en collants finiraient par tomber. Seuls contre le passivité d'un monde ils ne seraient plus rien. Ils tomberaient.

Cette simple pensée lui arracha un sourire narquois.

- Je me demande... lança-t-il à son adversaire. Vous faites cela par vocation ou par pur orgueil?

((Extrêmement désolé pour la lenteur, mais je reviens à peine de mon absence de plus d’un mois, absence signalée dans le sujet approprié, j’en suis fort désolé.))

Barry se posa les questions puis en vint à une conclusion. Ces "choses" étaient contre nature et particulièrement dangereuses. De plus, ils n'étaient pas encore "en vie" c'était l'équivalent d'un avortement et pour Barry c'était tout à fait acceptable. Faire avorter le projet de Star Labs qui avait été contaminé était le seul choix à faire.

Désolé Mr. Mind. Je suis pro-choix..

Il alla vers la valve grise et la ferma rapidement laissant ainsi les immondices mourir avant même d'avoir vu le jour. Il ne se sentait pas vraiment mal à l'aise dans sa décision malgré la fascination qu'il avait pour la vie en général, c'était ce qu'il devait faire et c'est ce qu'il avait fait. Tenant toujours Mister Mind dans son bécher bouchonné.

Je fais cela, parce que des gens... ou des choses comme toi existe.

La vie de superhéros était difficile, surtout pour le côté social de la vie. Pour Iris, pour ses enfants perdus dans le futur, pour le travail et pour la vie en général. C'était un côté auquel les jeunes qui rêvent de devenir un super ne pensent pas. Un côté plus, ennuyant et surtout plus triste de la vie de superhéros qui pâtissait toujours face aux obligations de mettre le costume. Barry se demandait combien de métahumains non révélés existaient, mais préférait la vie traditionnelle à la vie héroïque. Il ne pouvait pas leur en vouloir, car c'était le choix le plus sensé, il n'y avait que les fous qui choisissait de mettre leur vie en péril tous les jours, mais c'était une nécessité et comme Flash venait de l'exprimé, tant qu'il y aurait des supervilains, il faudrait des superhéros.

[HRP]Aucun souci ^^ J'espère que ma réponse te conviendra.[/HRP]

Et l'on se demandait pourquoi le ver n'avait aucun remord à faire disparaître la race humaine de la surface de ce globe. Le justicier fit ce qu'il savait faire de mieux, autant dire n'importe quoi! Il ferma cette fichue valve grise! Comment osait-il! Vive les parangons de vertus! Vive les justiciers qui tuent sans remord et se pavanent comme des héros. L'incompréhension grandissait entre lui et ces êtres. Tantôt ils se paraient de mille vertus, tantôt ils se révélaient plus monstrueux encore que les membres de Monster Society of Evil!

Eh bien tant pis, il allait falloir se montrer plus malin. Le "pro-choix" allait le regretter. Mister Mind voyait déjà le liquide de la cuve diminuer et les larves mourir en agonisant lentement. Désormais le ver savait à quoi s'en tenir avec de tels adversaires, c'était un peu comme se battre contre une mauvaise foi personnifié.

- C'est amusant, lança-t-il avec amertume. Nous, nous agissons ainsi car des types dans votre genre existent et mettent notre existence en péril. Joli génocide au fait, vous voulez que l'on vous fasse une carte de supervilain?

Puis il se tut. Il était inutile de discuter avec ce genre d'individu, pour en avoir déjà infecté quelques uns, il ne vivaient pas réellement, ils étaient des enveloppes charnelles uniquement mues par des idées fixes. Intérieurement, Mister Mind était dévasté à la vue de ces larves qui mourraient lentement, mais il n'en ferait pas don au justicier, il lui paierait cher cet affront. Mister Mind était redoutable dans les jeux de patience. Le justicier songeait avoir acquis une petite victoire mais c'était un premier pas vers une violente défaite.

Bien... Ne lui restait plus qu'à s'enfuir... A moins que... oui... et s'il restait dans sa prison et attendait d'être face aux autorités? Le justicier était une créature très occupée et il n'aurait aucun mal à s'enfuir loin de ce... non c'était trop risqué et puis, quelques échantillons pouvaient avoir survécu et attendaient dans la cuve de rétention, il devait en avoir le cœur net.

Mister Mind était doté d'un organisme capable de résister à d'importantes contraintes, que ce soit physique ou mentale. Aussi entreprit-il de remplir son bocal de filins de soie, sachant pertinemment que son corps pouvait résister à une bien plus grande pression que le bouchon ou, à défaut, le verre de cette prison. Autour de lui bientôt il n'y eut plus qu'un monde cotonneux qui s'épaississait à mesure qu'il sécrétait son fil. Il sentit la pression augmenter et son corps métamérisé se contraindre aux conditions extérieures. Ce n'était pas particulièrement agréable mais la liberté avait toujours un prix.

Le couvercle sauta alors. Le ver entendit le bruit étouffé. Le surplus de soie glissa hors du bocal mais le vénusien n'arrêta néanmoins pas de cracher et cracher sa soie, conscient qu'en étant dans un cocon de soie il pourrait plus facilement échapper aux prises de son ennemi. Il s'accrocha aux filins qui l'entouraient et continua de vomir, sentant que son corps se soulevait à mesure que le flot blanchâtre fuyait de sa prison.

Si le justicier peinait à le rattraper il aurait l'occasion, sans doute la dernière, de rejoindre un abris sûr et de s'enfuir ensuite vers les cuves de rétention situées à l'étage inférieur.

Flash se fit surprendre. Il ne s'attendait pas à un tel déploiement de force de la part du ver vénusien. Il était si inoffensif en apparence c'était des plus inhabituels pour lui de combattre ce genre de vermine. Le bocal ne put contenir l’assaut de Mister Mind. Flash voulu réagir, mais il se retrouva rapidement coller et gommer par un fil de soie étrange. C'était probablement encore plus résistant que du fil d'araignée. Plus il essayait de bouger plus il semblait s'empêtrer dans le cracha immonde du mille-pattes extraterrestre.

Quand il réussit à ce libéré, il était trop tard, le ver avait disparu. Barry se sentait tout collant et gommant et se disait qu'il aurait droit à une bonne douche très bientôt. Il n'avait cependant pas fini à Star Labs, il était en colère. Comment avaient-ils encore une fois de plus risqué la vie de tout le monde. Star Labs avait un problème avec l'éthique parfois. Certes, ce n'était pas Lexcorps, mais des fois la différence était à s'y méprendre. Le cas présent était un bel exemple de personnes qui jouaient avec une force qu'il ne comprenait pas et qui s’est retournée contre eux même. Barry s'en voulait qu'il y a eu autant de morts, alors qu'il était sous le même toi que ce monstre vert.

Il fit un tour rapide des installations à la recherche de Mister Mind, mais ne trouva rien. Le ver semblait s'être volatilisé, il fallait dire que sur ce point, Barry avait le désavantage de la taille. Mister Mind pouvait être n'importe où. Il avertit alors les gardes de porter des oreillettes pour éviter à nouveau un problème, du moins le temps que l'état de panique serait encore présent. Il les invita à fouiller le bâtiment de fond en comble. Pour lui, il ne restait plus qu'un arrêt... une douche bien méritée.

((merci pour ce RP et encore une fois DSL de l'attente))