[Golden Month] Time Commander by Gaslight [Libre]

Tapotant légèrement du doigt son fume-cigarette juste au-dessus du cendrier en porcelaine, Virginia Scott se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir faire cet après-midi. Elle se regardait dans la psyché de son petit boudoir, emmitouflée dans un peignoir de soie, décidant de tuer le temps en s'encrassant les poumons de ses petites cigarettes d'opium qui lui donnaient de l'esprit et lui permettaient d'oublier ce malaise obsédant qui la prenait aux tripes !

Car, Virginia - en se regardant dans le miroir, en observant les traits de son visage, la coloration toute particulière et unique de sa peau - sentait qu'elle avait en face d'elle l'ennemie dans la glace : Qui était donc cette inconnue qui faisait tout comme elle, qui était comme elle mais qui... dégageait une odeur, une sensation d'être déplacée, de ne pas être de cette époque, de ce temps, de ce lieu...

"C'est ridicule" se disait Virginia tout en écrasant la cigarette à moitié consumée dans le cendrier et en rangeant son fume-cigarette dans le petit étui nacré posé sur la console de marbre. Elle avait toujours été ce qu'elle prétendait être. Du moins, d'aussi loin qu'elle pouvait s'en souvenir. Le monde était tel qu'il était. Un monde rayonnant, bravement tourné vers le futur ! Une mécanique bien huilée faite de machines à vapeur, d'incroyables machines à vapeur qui s'élançaient dans les airs ou fendaient les flots ! L'Alpha et l'Omega de l'évolution, un âge d'or, un zénith, véritablement, pour les siècles des siècles...

Et pourtant, elle ne pouvait se départir de cette boule au ventre qu'elle avait, de ce vague à l'âme qu'elle ressentait et qui l'empêchait de jouir pleinement de tout ce qu'elle avait.

Elle était Virginia Scott. Une femme d'esprit. Une scandaleuse. Dont on recherchait la compagnie autant que l'on voulait fuir ses réparties cinglantes. Qui vivait et tenait salon dans ce petit appartement du Haut-Gotham, coulant des jours oisifs à la faveur d'une confortable rente provenant de son père, un magnat de la presse quotidienne, M. Alan Scott. Elle n'était pas mariée, au plus grand désespoir de son géniteur et ne le serai probablement jamais. Elle préférait vivre de l'air du temps, du temps présent, s'étourdir de danses dans les clubs exotiques, fréquenter le Gotha de Gotham et vivre les expériences les plus interdites et les plus excitantes qu'il soit !

Elle était une femme à une ère où la place des femmes était encore à faire. Et par sa vie, elle entendait ouvrir la brèche à toutes celles qui viendraient après elle.

Car elle avait de l'argent, une chambre à elle et... une vision.

Et elle sourit car l'après-midi allait bientôt passer et à l'après-midi succéderait...



... Virginia s'activa. Elle abandonna la robe de chambre en soie pour un caban vert. Elle adopta, ainsi, une tenue moins adaptée à son sexe et plus confortable. Une tenue dans laquelle, en cas de difficulté, l'on pouvait se mouvoir et se battre.

Virginia allait se grimer, comme chaque soir, et sortir pour combattre le crime sous toutes les plus odieuses de ses formes. Elle allait utiliser son pistolet, qu'elle vérifia et constata avec satisfaction qu'il n'était chargé, une fois de plus, avant de le ranger dans la poche de son caban.

Car elle n'avait pas besoin de balles car les balles étaient des projectiles de lâches.

Car au bout de ses doigts de l'énergie verte s'amassait. Et elle focalisait cette énergie dans le pistolet pour la canaliser et la décharger en un point unique. Le Zen dans l'art de la mort. Elle était aussi fatale qu'implacable.

On ne pouvait l'éviter, on ne pouvait lui échapper...

... et Virginia mit une jambe, puis l'autre dans le costume vert... Elle l'enfila et le sangla. Enfin, elle mit son casque intégral sur la tête et devint...


... le Scaphandrier !


Elle était sortie par les égouts (l'avantage de vivre au rez-de-chaussée) et était remontée à la surface. Les docks étaient toujours une zone idéale pour patrouiller. De la criminalité abjecte y avait lieu. Proxénétisme. Agressions sexuelles. Extorsions. On y faisait du mal aux enfants, au vieillards, aux femmes et aux faibles. Elle allait équilibrer les comptes.

Virginia appréciait cette vie d'aventurière costumée. Elle appréciait de dissimuler son vert visage sous ce masque qui la rendait incognito. Elle ne savait pas ce qui l'avait poussée à agir de la sorte. Une intuition ?

Ses amis de la Loge de l'Aube Dorée lui avaient parlé de vies antérieures... Lors d'une expérience sous opiacées, elle s'était sentie projetée il y a de ça des milliers d'années, dans la peau d'une Grande Prêtresse d'un Ordre Ésotérique Égyptien mais... ça n'avait duré que le temps que la boulette d'opium fumée cesse de faire son effet...

Là, c'était comme si elle avait vécu toute son existence une vie parallèle qui hurlait aux confins de son esprit pour parvenir à s'exprimer !

Et c'est ainsi que Virginia, costumée comme pour aller à un bal masqué, défiait la mort sous son visage le plus horrible, en délivrant une justice expéditive et en rendant la monnaie de leur pièce aux malfrats de tout poil !

Et elle se disait qu'elle n'était pas la seule... Qu'il y avait cet homme volant, et ces étranges guerriers à la lanterne qui lui étaient pourtant si familiers... et tant d'autres encore ! Elle se sentait membre de cette mystérieuse et encore inconnue fraternité des gens vraiment extraordinaires. Elle devait les rencontrer. Car peut-être ainsi toutes les pièces pourraient s'imbriquer les unes dans les autres...

Jade, alors qu'elle patrouillait, sentit une présence dans sa tête, un truc qui ravivait une connexion ancienne... quelque chose qu'elle n'avait pas ressenti depuis...

... depuis toujours, à vrai dire. Elle n'arrivait pas à se souvenir d'une telle expérience. Pourtant l'impression de déjà vu était importante. Une vie antérieure ? Mais... elle n'avait pas fumé tant d'opium que ça, ce soir... Alors ? Elle n'en savait fichtrement rien et nota mentalement d'en parler au plus vite avec son Maître de Yoga Tantrique lors de leur prochaine séance particulière...

... elle se retourna et ne vit personne. Elle dégaina son arme et se concentra pour faire affluer l'énergie en elle.

Une voix se fit entendre dans les airs... Une voix qui l'appelait "sœurette" !

Levant les yeux au ciel et pointant son arme dans la même direction, Virginia fut stupéfaite de voir la créature d'ombre fondre sur elle... Elle aurait voulu tirer mais...

... quelque chose l'en empêcha et ce n'était pas seulement la peur. Elle ferma les yeux et...

... lâcha son arme. Il lui était impossible de faire feu sur cette chose, il lui était impossible de tirer sur cette chose qu'elle avait également dans sa tête, il...

... elle tomba à genoux, en larmes... Elle pleurait de manière nerveuse et incontrôlée. Quelle était cette chose ? Elle semblait être pour elle quelque chose qu'elle avait perdu, voilà de nombreuses années... quelque chose... quand son frère... Todd était parti en pension en Angleterre alors qu'il n'était qu'un enfant... et qu'elle ne l'avait plus jamais revu...

Elle enleva le casque de son costume révélant son visage en pleurs. Elle leva les yeux sur l'apparition et murmura :

"Todd... C'est toi ?"

Puis le naturel revenant au galop, elle ramassa son casque et fila vers une ruelle sombre, pour se dissimuler. Il y avait nécessairement des criminels qui auraient aimé connaître l'identité réelle du Scaphandrier. Ou des journalistes qui se seraient gaussés à l'idée que la nouvelle terreur des bandits puisse n'être... qu'une faible femme.

Depuis la ruelle, elle ajouta à l'attention de Todd :

"Que t'est-il arrivé ? Que..."

Elle marqua une pause et ajouta d'une voix plus maîtrisée et plus dure :

"Je te suggère que nous allions dans mon boudoir, nous y serons plus tranquille pour parler. Qu'en dis-tu ?"

Je me réveilla comme chaque matin dans ma somptueuse chambre du manoir Wayne, un gout bizarre dans la bouche. Je ressens quelques chose d'étrange sans savoir quoi exactement. Je suis bien dans chambre mais quelque chose que je n'arrive pas à trouver, a changé. Je me lève avant de m'habiller. Pantalon noir bien simple, chemise blanche, bretelles noires et je revêt la nouvelle redingote noire également que père venait de m'acheter. Je descend à la cuisine ou le servant, Mr.Pennyworth prépare le petit déjeuner. Je le salue brièvement et m'attable ou le journal m'y attend.



-Père est t'il réveillé, Pennyworth ?

-Votre père est partie tôt monsieur. Il devait rejoindre Maitre Kent. Il ne m'a pas dit pourquoi.


Il me servit une bonne assiette d'oeufs et de saucisses et je me mis à manger avec appétit en lisant le journal. malgré ce sentiment bizarre qui m'accable depuis ce matin. Un flash back me passa brièvement en tête. C'étais bien la batcave mais quelque chose était bizarre. La ou il y a la bibliothèque, un immense écran lumineux y repose contre la paroi rocheuse. Un nom me vint également en tête. Starr. Ce nom me dit vaguement quelque chose mais je n'arrives pas à me rappeler d'ou je le connais. Je termines mon repas et va dans le salon. Je m'avance vers le buste en bronze de William Shakespeare et lui renverse la tête. Je cliquai sur le bouton qui activa le mécanisme de la Batcave. Un pan du mur de pierre s'ouvrit lentement, dévoilant un escalier sombre en pierre.


Au bas des marches, je tirai un gros vers le haut et les lumières s'allumèrent une après l'autre bruyamment. Je me dirigeai vers la bibliothèque ou père archivait la liste de tout les crimes qu'il a arrêter depuis le début de sa carrière de justicier. Il y avait aussi une liste de tout les malfrats arrêté par Batman ou ses alliés. Je trouvai la section des S et pendant près d'une heure, je cherchai le nom qui m'étais venu en tête. Tout à coup, un autre flashback me vint en tête. Une grosse machine à roues noire comme la nuit. Une version bizarre de la batmobile, on dirait. Je me demande ce que ces images veulent dire. Je me remis à mes recherches et Eureka ! John Starr aka Time Commander. Un homme qui prétendait changer le passé. Avait t'il réussi ? Une sonnerie retentit à l'autre bout de la caverne. Un télégramme. Je courus jusqu'à la machine pour prendre le message.


"Robin Stop Rejoins Tim sur la grande place stop Fait vite Stop Batman Stop"


Rapidement, je troquai mes vêtements chics pour mon costume de Robin. des bottes noires, des pantalons verts, des bandes molletières jaunes serrant les jambes en dessous des genoux, une chemise ample rouge arborant un R jaune sur fond noir ainsi qu'un manteau noir aux attaches jaunes. Je mis aussi des lunettes rondes semblable à ceux des forgerons aux verres de couleur vertes. Ma ceinture comportant tout mes gadgets et ma rapière installé, j'étais prêt à partir. Je sautai sur une moto poussé par la vapeur et partie dans un nuage de fumée.


Arrivé à la place publique, je vis mon demi frère et deux autres justiciers bloqué par un Green Lantern. Cet idiot s'est fait avoir et je vais encore devoir le sauver. Je pris un batarang à ma ceinture et sautai de ma moto en mouvement avant de le lancer vers le dos de l'homme en vert. Après un saut périlleux, J’atterris plus loin en criant.  


"Lâche les Jordan ! Ils disent la vérité. Je crois qu'un homme appelé Time Commander à changer notre réalité !"

Au fur et à mesure que Virginia marchait dans la ville aux côtés de son frère, ses pensées se faisaient plus confuses... ou plus claires, elle ne le savait pas !

Cela lui faisait la même impression que le jour où elle avait dormi dans la fumerie d'opium et avait senti l'ouverture de son troisième œil !

Et alors qu'elle marchait et qu'elle croisait les gens de sa ville et de son époque, le Roi des Mers, Miss-Bat et Lord Freeze, Virginia se sentait de moins en moins elle et de plus en plus autre...

... tout cela sonnait dorénavant faux. Comme si son esprit avait atteint un degré supérieur de conscience et était en train d'éclore au monde. Le véritable monde. Du moins celui qui se tenait tapi derrière ce mensonge habilement construit !

Et ses pensées entraient en résonance avec celles de Todd qui ne paraissait pas avoir vécu en Angleterre mais avoir mené une vie riche en émotion en Amérique ! Ce lien télépathique qu'elle avait avec lui lui montrait, à elle, ce qu'il y avait derrière le miroir...

Un monde où Todd avait tâté des coups de ceintures de son père adoptif, un alcoolique auquel il avait essayé d'échapper pendant toute son adolescence ; un monde où Todd avait eu de sérieux problèmes psychiatriques ; un monde où...

... Virginia ferma les yeux et cria intérieurement. Le mensonge valait mieux que la réalité. Car les horreurs du monde réel dépassaient incontestablement les dangers de ce monde. Pourtant...

"Une fois les yeux ouverts, ils ne peuvent plus être fermés" lança "Virginia" à elle-même, alors que Todd et elle venaient de tomber sur l'arrestation en direct de Robin, Super-Prince et Miss-Wonder, les trois plus fameux hors-la-loi au grand cœur de leur monde en papier-mâché !

L'auteur de cette interpellation n'était autre que le Super-Flic, Jordan... Une Lanterne verte.

Et les paroles de la Lanterne furent étonnantes : il parlait d'un Maître et de la transformation du Monde. Il était le laquais, et il l'admettait, d'un ordre fantôme !

Et là tout s'emballa avec l'arrivée d'un autre Robin, au guidon de sa fabuleuse motocyclette à vapeur !

Et Jade braqua Jordan de son pistolet en criant :

"Ni Dieu, Ni Maître ! Plutôt mourir libre que de vivre enchaînée !"

Et elle fit feu avec son arme gorgée d'énergie verte sur Jordan... On verrait bien qui allait être le plus fort, entre le sponsor de l'ordre établi et l'héroïne anarchiste...

Elle avait sous-estimé les forces de la Lanterne, de ce chien de garde du Maître absolu de cet univers inconsistant. Elle avait sous-estimé la force et le pouvoir des mensonges.

Et sa lumière allait en pâtir car Jordan bloquait les arrivées d'air de son costume. Elle tomba à genoux, paniquée à l'idée de suffoquer et de mourir asphyxiée et empoisonnée par le jeu de sa propre respiration.

Virginia était à terre et pleurait de rage à l'idée de mourir, comme prosternée aux pieds d'un maître qu'elle ne reconnaissait pas.

Autour d'elle, la rébellion était frappée de plein fouet. Jordan s'était chargé de son sort à elle mais aussi de ceux de Todd et du Robin chevauchant sa drôle de motocyclette.

Et tout empira encore quand Superman vint mettre KO leurs trois potentiels alliés, ceux-là mêmes qu'ils avaient voulu secourir des griffes du Lanterne Jordan.

Virginia retint sa respiration. On bouchait les arrivées d'air de son costume ? Soit ! Elle était une lanterne, elle aussi, un phare dans l'espace propageant sa lumière verte pour éclairer le juste et dévoiler les crimes de l'injuste !

Utilisant son pouvoir contre son propre costume, elle en fit sauter les attaches et s'en extirpa, plus furieuse que jamais.

Superman et Hal Jordan. Les deux plus grands héros... de ce monde ou d'un autre ?

Superman et Hal Jordan, deux laquais à la solde d'un Maître dont elle ignorait tout.

Comment cela pouvait-il être vrai ? Comment pouvait-on être à la fois un héros et un laquais ? Comment ?

Elle défia du regard Jordan et lança les premiers mots qui lui vinrent à l'esprit...

"En plein jour ou dans la nuit noire... Nul mal n'échappe à mon regard..."

Virginia ne comprit pas pourquoi elle avait dit cela mais elle ajouta à l'attention de Jordan :

"L'anneau. Ecoute l'anneau. Ecoute l'énergie..."

Et c'était ça... Elle le sentait elle-même... La Starheart la protégeait (mais qu'était-ce ?) et lui murmurait à l'oreille que tout cela n'était qu'un mensonge...

Ignorant Jordan, elle déchaîna son pouvoir sur Superman. Des liens tentèrent d'entraver le puissant héros au niveau des pieds et des poings. Sous le coup d'une intuition, elle lança au plus grand héros de cette ville :

"Ce sont des menottes en kryptonite... Reprends tes esprits ! Vite !"