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[Smallville, Kansas] Sunday Sunday

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[Smallville, Kansas] Sunday Sunday Sam 17 Déc 2016 - 9:06

Sunday Sunday (Blur)

Elle était encore dans le Kansas, se dit Courtney en se réveillant dans le champ de maïs dans lequel, épuisée, elle avait du s'endormir la veille après la gigantesque Rave Party qui avait eu lieu non loin de la petite ville de Smallville.

Courtney avait encore la tête pleine de musique. Elle avait dansé toute la nuit. Elle avait sympathisé avec des gens là bas. Un des types avait été un peu entreprenant, un brin même lourd avec elle mais sympa. Un mec du cru, qui allait au bahut de Smallville. Il lui avait proposé de dormir chez lui, avec ses potes. Il roulait pas mal des mécaniques mais...

... Anima s'était méfiée, tout de même. Sans compter le fait qu'elle pouvait voler (mais ça le mec l'ignorait). Mais bon...

... puis la soirée était devenue quelque peu confuse. La langue de Courtney était devenue pâteuse. Sa tête tournait et elle avait du mal à tenir sur ses jambes. Un truc pourri qu'elle avait bouffé ? Quoi qu'il en fut, les souvenirs de cette partie de la soirée lui faisait en bonne partie défaut...

Elle se rappela qu'il y avait eu des sirènes de police (normal, le festival n'avait eu aucune autorisation pour avoir lieu et les flics avaient mis le temps mais avait décidé de parlementer avec les jeunes pour qu'ils dégagent au plus vite, suite aux plaintes exaspérées des voisins !). Elle se rappelait que Dee, son pote relou, avait voulu la retenir par le bras (et son rire... il se marrait comme un dératé, d'un rire... sinistre et grinçant) quand elle avait fait mine de se barrer et...

... elle s'était réveillée ce dimanche matin, couverte de boue et d'ecchymoses, dans ce champ de maïs. Il faisait beau mais elle avait mal partout, comme si elle s'était faite rouler dessus par un camion. Et...

"Bordel !" lâcha-t-elle, un brin paniquée.

Elle ne se souvenait de pas grand chose et ça c'était pas normal. D'autant plus qu'elle ne touchait que très modérément à l'alcool, ne se souvenant que trop cruellement des ravages que cela avait pu faire chez son propre père ! Elle commença à paniquer.

Se redressant sur ses pieds (et elle avait encore des problèmes d'équilibre), Courtney se rendit compte qu'elle ne devait être qu'à quelques centaines de mètres du lieu de la rave. On voyait encore au loin les stigmates du passage d'un millier de jeunes dans un champ. Le maïs n'y repousserait pas avant belle lurette et elle eut subitement honte : honte d'avoir contribué à dévaster le champ d'un fermier.

Celui où elle se tenait était intact, tout comme la question qui lui brûlait les lèvres : comment avait-elle atterri ici ?

Elle décida dès lors de marcher en direction de la maison la plus proche... en l'espèce une ferme...

*
*  *

Martha et Jonathan Kent étaient en train de prendre le café après la sacrée nuit qu'ils avaient passé ! En effet, derrière leur ferme se trouvaient des champs de maïs à perte de vue et une bande de jeunes sauvages avaient décidé de faire la nouba dans l'un d'eux avec leur musique bruyante et leurs danses déconstruites !

Et le bruit avait réveillé le vieux couple. Et ce bruit avait été amplifié, tard dans la nuit, par les sirènes des véhicules de police. Visiblement, il y avait eu pas mal de grabuge. Des cris. Des hurlements. Des bruits de course-poursuite entre les jeunes et les forces de l'ordre. Quelques arrestations...

Bref, Jonathan Kent n'avait pas fermé l’œil de la nuit. Martha Kent n'avait pas fermé l’œil de la nuit. Et c'était épuisés par leur veille forcée qu'ils entendirent toquer à la porte. Une jeune fille avec des vêtements sales et déchirés était sur le palier de leur porte, visiblement en grande confusion... Une droguée ?
Conner Kent
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[Smallville, Kansas] Sunday Sunday 386562Rien
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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Lun 19 Déc 2016 - 18:03


Bien qu'il n'ait pas de point humain de comparaison, Superboy était prêt à parier que ce qu'il éprouvait en ce moment pouvait être qualifié de super-migraine. Smallville n'était pas souvent le théâtre de ce genre d'attraction, concert ou autre ; depuis les deux années qu'il vivait ici, Conner n'avait en tout cas rien vu d'autre que la foire agricole. Mais force était d'admettre que quand ils s'y mettaient, ils n'y allaient pas avec le dos de la cuillère - au grand dam de ses sens surdéveloppés.

Contrairement à Clark, il n'avait pas eu trente années par s'habituer à ses pouvoirs. Malgré les conseils avisés de celui-ci, il restait quelques petites choses à régler, de celles que seuls le temps et l'expérience lui permettraient de raffiner. Filtrer les ondes sonores pour n'entendre que ce qu'on veut bien entendre en faisait partie. Ce n'était pas faute d'avoir essayé.
La musique lui avait crevé les tympans - ou en tout cas lui avait fait cet effet - et s'était poursuivie jusqu'à tard dans la nuit, seulement pour être remplacée par des sirènes de police. Il avait alors failli s'en mêler, mais les détails parvenant à ses oreilles meurtries l'informèrent que ce ne serait pas nécessaire. Dommage, il aurait bien eu besoin de passer ses nerfs.

Ainsi, si la pollution sonore l'avait empêché de dormir, la douleur en prit le relais. Or, aussi invulnérable qu'il soit (enfin presque), ça ne marche que contre la douleur physique ; cela le rendait d'autant plus vulnérable à un mal contre lequel il ne peut se défendre. Sa souffrance fut si virulente qu'il crut pendant un instant à une attaque mentale, avant de rationaliser.
Ce n'était pas la première fois qu'il souffrait de maux de tête - le plus souvent à la suite d'un choc un peu trop violent même pour lui ; ça n'arrive déjà pas tous les jours - mais celui-là était d'une intensité inédite. Et comme toute personne devant apprendre à faire avec une affliction lancinante, Conner n'était pas de très bonne humeur.

Sachant qu'il n'arriverait pas à dormir, plutôt que de rester dans son lit, il décida donc d'aller prendre l'air. Pour le peu de protection que les murs de sa chambre représentaient face aux nuisances extérieures, il n'était plus à ça près. Se jurant de remédier plus tard au trou que ses phalanges y avaient fait par agacement quand le vacarme avait commencé à lui vriller la cervelle, il s'échappa par la fenêtre, non sans avoir préalablement enfilé une quelconque paire de baskets.
Il préféra compter sur son agilité que sur ses capacités de vol encore vacillantes ; à ça au moins, il avait été entraîné, et s'estimait de surcroît relativement capable. À chaque fois qu'il essayait de décoller, il craignait que ce don ne lui file entre les doigts comme il l'avait fait auparavant. Sa capacité à développer de nouveaux pouvoirs demeurait théorique. Et même si c'était le cas, il n'avait aucune garantie qu'ils fonctionneraient comme ils devraient.
Comme ceux de Superman le devraient.

Non, il n'avait aucune certitude qu'il n'irait pas rencontrer le sol sitôt après s'être envolé. Même s'il avait peu de chances de se faire mal, une chute depuis les hauteurs n'était jamais agréable. Et en l'occurrence, une frustration de plus était la dernière chose qu'il lui fallait. À se demander comment Clark avait appris à dominer ses émotions ; avec autant de puissance à sa portée, le moindre caprice pouvait transformer le décor en chantier de démolition. D'autant qu'à sa différence, le dernier enfant de Krypton avait dû transiger avec depuis l'enfance, même si ses pouvoirs n'avaient fait que s'accroître avec le temps. La puissance d'aplanir un pays à la portée d'un enfant de quatre ans. Était-il à ce point incapable de résister à la tentation ?

Jetant un oeil derrière lui, il fut soulagé de voir que Krypto ne semblait pas l'avoir entendu. Même s'il appréciait la compagnie du super-chien autant que Clark l'avait fait avant lui, il arrivait qu'il ressente un besoin de solitude tel que même lui était de trop, si coupable que le fasse se sentir cette idée. Qu'il partage bon nombre de « leurs » facultés - en un sens, il était plus kryptonien que lui - ne changeait rien à sa crainte de le blesser.
Peu au fait de son véritable intellect, il ignorait à quel point le compagnon à quatre pattes pouvait comprendre cela. Remontant la fermeture-éclair de sa veste - le froid ne lui faisait rien, mais c'était l'un des innombrables gestes que Kal lui avait enseigné pour paraître humain -, il s'engagea sur le sentier de terre battue, ses pensées pour seule compagnie. Ce n'est que quand il sentit l'afflux d'énergie circuler dans son corps qu'il releva la tête ; le soleil avait repris sa place, et l'étau enserrant son crâne l'avait quitté.

Il reprit alors lentement la direction de la ferme.

* * *

Martha et Jonathan Kent n'étaient pas inquiets : ce n'était pas la première fois que Conner n'était pas  dans son lit au moment du lever. Ses errances nocturnes n'était pas un secret, et il revenait toujours à l'heure du petit-déjeuner. L'appel du ventre, ou alors peut-être par simple respect pour l'importance qu'ils accordaient à la notion de repas de famille. Et puis, il fallait bien dépenser toute cette énergie maintenant qu'il ne la passait plus à combattre des menaces extraplanaires ; les travaux agraires, si rudes soient-ils, n'y auraient pas suffi.
Quand il leur avait fait part de cette décision, de sa volonté de rester de façon plus permanente, ils l'avaient accueilli à bras ouvert. Pourtant, encore aujourd'hui, ils sentaient qu'il n'était pas tout à fait à l'aise sous leur toit, bien qu'il leur ait assuré plusieurs fois que cela n'avait rien à voir avec eux. La vérité, c'était qu'il avait l'impression de vivre la vie d'un autre ; bien qu'assez peu au clair sur sa condition - ils respectaient son intimité -, ils n'étaient pas idiots.

Martha et Jonathan Kent, pour avoir abrité pendant longtemps un surhomme et à présent un second, avaient eu au fil des ans leur part de manifestations surnaturelles. Aussi fallait-il plus qu'une adolescente débraillée se présentant sur le pas de leur porte de bon matin pour leur faire perdre contenance. En revanche, il n'en fallait guère plus pour attiser leur curiosité.
De son côté, Conner avait eu le temps de revenir aux abords de leurs terres, juste à temps pour entendre « Ma » se fendre d'un « Que puis-je faire pour vous ? » au ton le plus aimable - celui qui avait même poussé Conner à accepter leur charité lors des premières nuits passées en cet endroit. Instantanément, en apercevant la silhouette, tout son être se mit en état d'alerte, se fustigeant de n'avoir pas été plus attentif ; il aurait dû la voir venir de loin. Mu par un préjugé qu'il regretterait plus tard, il estima qu'au vu de son allure, sa présence n'augurait rien de bon ; il se prépara à bondir...

...Jusqu'à réussir à la reconnaître.

Sortant alors des épis de maïs derrière lesquels il s'était dissimulé, il ne fit rien pour cacher sa venue - au contraire, il cherchait à se faire remarquer. Savoir qui elle était n'expliquait en rien les raisons de sa présence ; Conner demeurait à ce titre dubitatif. Clark mis à part pour des motifs évidents, la visite de ses anciens collègues était rare ; c'était très bien ainsi. Bien que l'endroit soit connu de la plupart - Superman ne l'avait pas entendu pour en parler à ceux qu'il pensait pouvoir croire -, peu savaient qu'il y avait trouvé refuge.
Si même les Titans bien qu'à présents dissous ne s'étaient pas donné la peine de venir le voir, quel sens donner à l'irruption dans sa vie d'Anima ? À en juger par l'état de sa tenue - curieuse pour un costume, mais il n'était pas une référence en la matière - elle devait en tout cas avoir croisé un fameux problème en chemin. Toujours tendu, mais bien moins que s'il avait dû traiter avec une menace immédiate, il arriva à sa hauteur.

Je m'en occupe, adressa-t-il à ses parents, qui savaient fort bien ce qu'impliquaient ces paroles - là encore, Clark était passé avant lui.

Ceux-ci rentrèrent à l'intérieur, non sans que « Pa » l'invite à se joindre à eux quand il en aurait terminé - seul ou accompagné, cela dépendrait de lui. Il reporta son regard sur l'intruse, et sa résolution fléchit en un instant, comme démolie brique par brique par un soudain syndrome du chevalier blanc. Ils s'étaient connus il y a des années pour la première fois, bien avant qu'il n'entame quoi que ce soit de sérieux avec Miss Martian ; il se souvenait avoir ressenti à l'époque une attirance à son égard, qu'il n'était alors pas en mesure d'exprimer - non qu'il en soit beaucoup plus à même aujourd'hui. Sa timidité de jadis s'était depuis mue en misanthropie ; il put presque la sentir faire le chemin inverse.

Ça faisait longtemps, lança-t-il maladroitement, les mains encore dans les poches de son blouson. Son flegme lui permettait de maintenir un semblant d'assurance. Je peux savoir ce que tu viens faire ici ? S'il ne tenta pas de masquer sa circonspection, du moins s'efforça-t-il de ne pas paraître hostile - le pourrait-il seulement ? Tu es blessée ?



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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Lun 26 Déc 2016 - 0:09

Quand le gentil couple de vieux avait ouvert la porte, elle n'avait su que dire. Comme si sa gorge ne pouvait plus physiquement émettre le moindre son. Elle n'était pas dans son état naturel, c'était une évidence. Mais...

Conner.

Conner Kent.

Elle ne dit pourtant rien. Préférant attendre d'en savoir un peu plus avant de prendre la parole. Elle tremblait. C'était étrange. Elle tremblait et ne se souvenait plus de ce qu'elle avait pu faire la veille.

Courtney se laissa conduire à l'intérieur par Conner. Là, à l'abri - du moins le pensait-elle - des oreilles indiscrètes du couple de vieux, elle se laissa tomber dans un fauteuil et se permit un petit rire misérable.

"Je... Merci mais c'est un hasard si je suis ici..."

La situation était absurde. Quelle était la probabilité pour que - tombée littéralement du ciel - elle ait choisi de toquer à la porte - justement - de la maison où créchait un autre méta-humain qu'elle avait connu il y a de ça un sacré bail ?

"Je... J'étais là pour la musique"

Elle regarda ses mains. Elles continuaient à trembler bizarrement... Elle avala sa salive rapidement et précisa à Conner :

"Je... J'ai fait la fête avec des jeunes du coin... Un mec appelé Dee et ses potes..."

Dee, ça disait vaguement quelque chose à Conner. Un type surnommé comme ça allait au bahut à Smallville.

"Et quand j'ai voulu me rentrer... pour filer à Gotham où je crèche, j'ai pas réussi à maintenir mon vol et... j'ai du perdre conscience"

Plus de jus. Elle n'avait plus de jus. Ce qui était PARTICULIÈREMENT inquiétant pour une héroïne aussi puissante qu'Anima. Quelqu'un ou quelque chose avait réussi à la couper de sa réserve d'énergie et à vider cette dernière d'un seul coup... et le pire était que...

"Je me souviens de plus grand chose. Et mes mains tremblent, regarde !"

Elle tendit ses mains qui n'arrêtaient pas de gigoter en direction de Conner.

Anima était inquiète. Son métabolisme mi-humain, mi-alien, continuait certainement à faire des siennes. Quoiqu'il en fut, après s'être rapidement palpée, elle put conclure qu'elle n'avait que des ecchymoses et des dermabrasions superficielles. C'était au moins ça.

Se rassérénant quelque peu, elle demanda timidement à Conner :

"Et toi, tu fiches quoi dans le coin ? J'veux dire... T'étais pas un Titan ou un truc du genre ?"


Dernière édition par Anima / Courtney Mason le Dim 8 Jan 2017 - 8:59, édité 1 fois
Conner Kent
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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Mar 27 Déc 2016 - 12:36


Les deux jeunes gens avaient au moins quelque chose en commun : ils n'avaient aucune idée de comment elle en était arrivée là. Après un instant à peser le pour et le contre, il l'invita à entrer à l'intérieur. Il ne savait si Kal aurait approuvé - après tout, c'était sa maison avant d'être la sienne -, mais il pouvait être sûr d'une chose : Superman n'aurait jamais fermé sa porte à une personne dans le besoin, un ami encore moins.
Un trait hérité des deux personnes attablées à quelques mètres en ce moment-même autour du petit-déjeuner. Et si Conner n'avait pas assez côtoyé Anima pour la voir comme une amie, assurément, elle était une alliée. Une alliée qui semblait désespérément dans le besoin.

Il n'avait aucune conviction d'avoir les moyens de l'aider ; après tout, cela faisait deux années qu'il s'était retiré - qu'il n'était plus sûr de pouvoir faire ce qu'il faisait. Mais comment aurait-il pu prétendre avoir quoi que ce soit en commun avec le Dernier Fils de Krypton s'il avait refusé de lui tendre la main ?

Tu, euh... Veux boire quelque chose ? lui demanda-t-il alors qu'il l'incitait à monter les escaliers.

Un café - ou un chocolat chaud, selon sa préférence - l'aiderait peut-être à se remettre les idées en place. Sa chambre serait un lieu plus adapté que la cuisine pour démêler la situation ; en outre, c'était l'endroit le plus privé qu'il ait à sa disposition. Il se plaça derrière elle pour s'assurer qu'elle ne dévale pas l'escalier en sens inverse ; qu'elle soit ou non responsable de son état, cela ne changeait rien au fait qu'il valait mieux ne pas l'empirer, et son équilibre avait connu des jours meilleurs. Ainsi, au terme d'une ascension laborieuse, la fit-il entrer dans la pièce qui lui était allouée, s'estimant heureux que ses parents ne soient pas prompts à sauter aux conclusions.
Ce pourquoi il pouvait très certainement remercier Clark, n'imaginant que trop bien qu'il avait dû lui préparer le terrain durant ses jeunes années ; il n'y a pas que des inconvénients à ne pas passer le premier. Une fois entrée, elle trouva naturellement le chemin du canapé qu'il avait installé dans un coin - encore qu'il aurait été plus correct de dire que le mode « pilote automatique » de son corps avait trouvé le premier endroit sur lequel s'effondrer. S'il n'était pas personnellement familier de cet éminent état de fatigue - l'un des nombreux bienfaits de son métabolisme -, il avait eu amplement l'occasion de l'observer.

Il se renfrogna machinalement quand elle évoqua la musique ; ce n'était pas contre elle, mais elle restait une pilule amère qu'il n'avait pas encore fini de digérer. Cela ne le rendit pas pour autant moins attentif à la suite du discours qui, tout décousu qu'il soit, révélait certaines parcelles d'informations. Conner naviguait en terre inconnue, n'étant aucunement familier de ce type de soirée et ne pouvant à ce titre s'appuyer que sur ses connaissances générales - celles-là même qu'on lui avait implanté. Merci papa.
Bien que Luthor n'ait (curieusement) pas jugé utile d'en faire une encyclopédie de ce genre de festivals, il en gardait certaines notions - assez pour ne pas décrocher totalement. Le nom de Dee en effet l'interpella ; il l'avait déjà entendu quelque part, il en était persuadé. Il se massa la tempe du bout de l'index pour stimuler sa mémoire : probablement au lycée.
Il en savait assez pour élaborer que ces manifestations se dédiaient essentiellement à un public jeune ; certains comme Anima avaient fait le trajet, mais si alléchante qu'ait pu être l'affiche, tout le monde n'a pas envie de passer ses vacances à Smallville, Kansas. D'autant que ce n'est pas comme si la ville débordait d'endroits où loger.

Ça me dit quelque chose, dit-il sans pouvoir encore se prononcer. On va sans doute devoir aller lui poser quelques questions. Tu as bu ou... Mangé quelque chose en particulier ?

Ce n'était peut-être vraiment rien : même avec tous leurs pouvoirs, ils étaient adolescents et commettaient des erreurs. Ils n'étaient pas aussi aguerris que leurs aînés, il en avait plus souvent qu'à son tour fait les frais. Un verre de trop est vite arrivé, là où nul n'a jamais entendu parler de quelqu'un ayant retrouvé Batman écroulé dans un bar. Encore que Batman se serait probablement assuré que cela ne s'ébruite jamais.
Néanmoins, ce dont il avait également l'expérience était que les ennuis hors du commun tendent à trouver les personnes hors du commun. Et en tant que clone hybride de Superman et Lex Luthor, et bien, n'entrait-il pas dans cette catégorie ? Encore que la première moitié (lui) aurait amplement suffi. De là venait peut-être que sa méfiance naturelle soit rapidement retombée après avoir vu une Anima tomber dans son jardin. Les questions sur sa situation actuelle le tirèrent toutefois de sa réflexion.

J'étais. rétorqua-t-il, l'expression soudain plus amère. Tout délibéré qu'ait été son départ, il avait encore l'impression de retourner le couteau dans la plaie. Sachant ce qu'il savait, quel autre choix lui restait-il ? Les choses ont changé. J'habite ici maintenant. Et toi ? Qu'est-ce que tu fais à Gotham ?

Bien qu'il n'ait jamais été à Gotham, il s'en faisait l'idée d'une ville sinistre - il n'y avait qu'à voir l'allure de son Chevalier Noir. Lui-même n'était pas vraiment un joyeux luron, bien loin du symbole d'espoir que Superman était censé représenter. il n'était pas aussi bon avec les gens, peut-être parce que contrairement à lui, il n'avait pas encore eu le temps de les côtoyer - et avait plus de raisons de s'en méfier. Ce ne serait pas la première fois qu'un agent de LexCorp bondit de derrière un chariot à hot-dogs pour tenter de le sédater ; leur directeur général avait une idée bien à lui de la manière dont l'inviter à un moment père-fils.
Toujours est-il que pour le peu qu'il savait d'Anima - ils n'avaient pas vraiment eu le temps d'apprendre à se connaître -, il la voyait mal évoluer dans un cadre aussi sordide. Apprendre que ses pouvoirs l'avaient supposément lâchée en plein vol avait suscité chez lui une vague d'empathie ; quelle n'était pas sa peur de voir les siens propres faillir de la sorte du jour au lendemain ? De découvrir qu'il ne serait jamais ce qu'il aspirait à être ? La nouvelle le troublait suffisamment pour qu'il ne repère pas ses mains tremblantes avant qu'elle le lui fasse remarquer.

Laisse-moi voir, fit-il quand ses mains se mirent à trembler.

Ses doigts se refermèrent sur son poignet avec une fermeté contrôlée. Réalisant la brusquerie de son propre geste, il se félicita d'avoir pris la peine d'apprendre à se maîtriser - et surtout, de voir que ça marchait encore à ce jour. Et effectivement, si sa poigne était l'attelle la plus ferme qu'elle puisse espérer, il n'en restait pas moins qu'elle tremblait - presque autant que Kid Flash quand il essayait de passer à travers la matière. L'air grave, il releva les yeux vers elle avec intensité et s'abîma dans sa concentration.
Bientôt, il put entendre les battements de son cœur, le bruit de chaque rouage dans la grande machinerie du corps humain. Cette machine était déréglée. Quelque chose - ou quelqu'un - s'était amusé à venir fausser les engrenages ; même encore maintenant, son métabolisme peinait à se remettre en marche. Ce n'était pas normal, même selon la définition de « normal » que peuvent avoir deux gosses frayant quotidiennement avec ce que le monde a de plus singulier à offrir.
Réalisant qu'il était toujours cramponné à elle, il relâcha sa prise.
Comment lui dire... ?

Tu devrais prendre une douche, tu te sentiras mieux après. La salle de bain est au fond du couloir, lança-t-il tout à trac, reprenant ses distances. Je vais te prêter des vêtements.


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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Dim 8 Jan 2017 - 9:23

Fichu boy-scout ! C'était bien le fils / frère / cousin / mec à Superman que ce Conner Kent ! Anima ne le connaissait pas non plus, plus que ça... mais on ne pouvait lui enlever qu'il était serviable et attentionné. Deux qualités qui lui convenaient très bien, présentement.

Affalée dans le canapé, elle accepta un café et - à mesure qu'elle répondait de manière monosyllabique à certaines des questions de Kent - elle cogitait dans sa petite caboche sur ce qui avait bien pu se passer hier...

Le café lui fit du bien. Elle se redressa quelque peu et lâcha :

"Mangé non... enfin, rien de spécial... J'ai bu... J'ai bu un verre avec Dee, ouais... et ses potes. Ils..."

Elle marqua une pause, pour tenter de se rappeler. Ils l'avaient fait boire. Ils s'étaient même montrés très insistants. Bon... alors que Courtney n'était pas ennemie d'un petit verre ! Mais...

"C'est à peu près à ce moment là que j'ai un peu perdu les pédales... Je dois pas tenir l'alcool ou..."

... ou l'autre hypothèse était sordide. Elle l'écarta pour le moment et changea de sujet :

"Tu fais quoi ici ? Tu vas au bahut ?"

La question était sincère, provenant d'une fille qui - elle - n'allait plus nulle part...

"Gotham c'est temporaire. Je squatte avec des potes. Je mendies. Je vais à la soupe populaire, des fois. Et je protège mes copains avec mes pouvoirs en essayant de pas trop attirer l'attention" lança-t-elle un brin sèchement. Puis elle se ravisa et ajouta d'une voix plus douce :

"Merci... C'est gentil de te préoccuper de mon sort... J'apprécie. Vraiment"

Elle rougit légèrement quand Conner lui saisit les mains, délicatement, avec les siennes, à lui, qui pouvait broyer l'acier et percer le béton.

Mais elle ne pouvait s'arrêter de trembler. C'était plus fort qu'elle.

Finalement la douche tomba à point nommé... Elle accepta, comme elle accepta les vêtements de rechange proposés par Conner.

L'eau chaude lui remit les idées en place et permit à Courtney d'envisager plus sérieusement l'autre hypothèse, celle qu'elle avait voulu ranger dans un petit coin de sa tête et oublier.

Elle avait été droguée, à des fins qui lui paraissaient évidentes. Son métabolisme ultra-terrestre et méta-humain avait du donner à la drogue un effet-retard qui lui avait permis d'échapper aux griffes de Dee et des autres... mais elle s'était prise de plein fouet la drogue quelques minutes plus tard, alors qu'elle était en plein vol !

Courtney trembla de l'intérieur en pensant à ce qui aurait pu se passer si elle n'avait pas été une héroïne et quel réveil encore plus brutal elle vivrait présentement ! Elle en frissonna... Quel salaud ! Et dire qu'elle l'avait trouvé sympa !

Puis, alors qu'elle se séchait et avisait les vêtements de Kent qu'elle avait laissé au sol en les emmenant dans la salle de bains, Anima se dit que très certainement il y avait - ce matin - quelque part dans la ville une autre fille qui, elle, n'avait pas eu la chance d'avoir ses pouvoirs.

Et que si ce matin, il n'y en avait aucune, la semaine prochaine il y en aurait une, ou celle d'après, le tout recommençant encore et encore dans un cercle sans fin...

Et elle ne pouvait fermer les yeux sur ça.

Courtney enfila un T-Shirt à Conner (qui pourrait aisément lui servir pour dormir !) ainsi qu'une chemise à carreaux à l'inspiration très paysanne ou grunge... Pour le reste, elle flottait dans le pantalon (elle garda le sien à elle) et elle sortit de la salle de bains avec ses rangers, les siennes, à la main.

Elle raconta ses soupçons sur le fait qu'elle avait du certainement être droguée par Dee ou ses potes.

"T'es plus un Titan mais tu peux peut être m'aider, Conner. Tu connais un peu les jeunes du coin ?" demanda-t-elle, bien résolue à prendre sa revanche.
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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Ven 13 Jan 2017 - 11:06

Ainsi qu'il s'en souvenait, Anima était loin d'être idiote, comme le prouvaient ses théories allant dans le même sens que les siennes. S'il avait pu le déduire simplement en l'observant - même avec des moyens plus précis que la plupart -, ses sensations devaient être plus qu'il n'en fallait pour la pousser dans la bonne direction. Qui plus est, elle semblait autrement plus instruite que lui en matière de connaissance de la rue ; Smallville n'était pas une assez grande ville pour qu'un univers underground ait pu s'y développer.  
C'était une pensée sinistre, mais avait déjà dû assister aux effets de ce genre de produits, et ce aux premières loges ; l'ex-Superboy était loin de pouvoir en dire autant. Non qu'il y tienne : sa connaissance théorique sur ce point lui suffisait amplement. C'était le genre de recoin obscur où il n'était pas encore préparé à fouiller. À fortiori s'il devait s'abstenir de réagir quand il y serait confronté - de manière explosive, à n'en pas douter.

Parfois, répondit-il quand elle lui demanda ce qu'il faisait de ses journées, se massant la nuque. Je sais déjà la plupart de ce qu'il y a à savoir, mais ce serait bizarre si je n'y allais pas. Il jeta un oeil par la fenêtre. Dans un endroit comme ça, la rumeur circule vite, et je ne tiens pas à attirer l'attention. Et puis ça m'occupe maintenant que je...

Le silence s'éternisa sans qu'il ne parvienne à compléter sa phrase. Ses yeux scrutèrent le plancher avec une telle intensité qu'il aurait pu se féliciter de n'avoir pas de vision-laser s'il n'avait été si profondément enfoncé dans son marasme. Il avait quitté les Titans de sa propre initiative ; ça ne voulait pas dire qu'il n'avait aucun regret.
Anima avait-elle jamais fait partie d'une équipe ? Savait-elle ce que c'était que de la laisser derrière soi ? Conner avait l'impression d'avoir pris le large, coupé les ponts avec une partie de sa famille. Fort heureusement, il avait encore celle-ci : il ne remercierait jamais assez Clark pour lui avoir donné.
Au point qu'il se sentait presque coupable qu'Anima n'ait pas eu autant de chance ; même si elle semblait tenir à cette bande dont elle parlait, était-ce vraiment la même chose que d'avoir un foyer ? Que la chaleur qu'il représentait, au propre comme au figuré ? Il ne lui était jamais venu à l'esprit qu'il puisse y avoir des héros menant une vie aussi précaire, mais il est vrai que sauver le monde ne nourrit pas son homme.
Ou sa femme.

Je suis désolé, lâcha-t-il faute de mieux, sincèrement affecté par son malheur - mais en était-ce vraiment un ? Ou pouvait-on vraiment se satisfaire d'une telle condition ? Il devait s'avouer sans réponse. Je ne savais pas que... Nouveau silence. Qu'était-il censé faire ? Pris au dépourvu, il improvisa, tentant de cacher sa gêne : Mange ce que tu veux pendant que tu es ici. Je paierai. Et si tu as besoin d'autre chose...

Sauver un bus scolaire en feu, il savait faire ; résoudre la famine et la pauvreté, c'était une autre affaire. Il n'y avait jamais vraiment songé auparavant, et ressentait une certaine honte à n'y avoir pas songé avant que quelqu'un « proche » de lui - un autre héros ; qu'elle ait à peu près son âge empirait peut-être encore la chose - ne soit touché. Il n'était pas assez naïf pour croire qu'il était dans ses cordes d'y changer quelque chose à l'échelle globale, mais combien de ses pairs étaient tourmentés par cette idée ? L'irritation finit par être plus forte que le malaise, les deux s'annulant pour le ramener à son état normal.

Tu n'as pas à me remercier. Je ne suis peut-être plus un héros, mais ce n'est pas pour autant que je vais laisser tomber quelqu'un.

Ni maintenant, ni jamais. Il ne descendait pas de Superman pour rien.

Profitant qu'elle soit sous la douche, Conner était descendu mettre les parents au courant, sans entrer dans les détails. Conscients des sphères dans lesquelles évoluaient leurs enfants adoptifs, les Kent ne posaient presque jamais de questions, mais il estimait malgré tout leur devoir quelques explications - d'autant plus quand c'était directement sous leur toit que les choses se passaient. Bien qu'il leur eut assuré qu'elle ne serait que de passage, ils lui firent savoir qu'Anima pourrait rester aussi longtemps que nécessaire - bien que cela veuille dire qu'il doive dormir sur le canapé.
Outre cet inconfort - il avait connu pire ; ça ne valait pas de dormir à la verticale dans une capsule pendant des années -, lui-même ne savait comment il se sentait à l'idée qu'elle reste ici durablement. Oh certes, il y avait le fait qu'il ne la connaisse pas tant que ça - mais pour avoir été lui-même la cible de problème de confiance, ce n'était pas là sa préoccupation première. C'était plutôt qu'en l'accueillant, il avait l'impression que le monde qu'il voulait laisser derrière lui le rattrapait... Et que malgré tous ses pouvoirs, il ne pouvait rien faire pour lui échapper.

Il venait tout juste de remonter à l'étage quand elle sortit de la douche. Même s'il lui avait lui-même tendu les vêtements, il ne put s'empêcher d'être perturbé en la voyant ; après tout, la dernière - la seule - jeune femme qu'il avait vu porter ses vêtements n'était autre que... Enfin, passons. Il ne sut s'il devait en rire ou en pleurer quand il constata qu'il lui avait donné machinalement l'un de ses tee-shirts frappé du « S » bien connu.
Ceux-ci constituant la majeure partie de sa garde-robe, en choisissant au hasard, il aurait dû s'y attendre... Il s'efforça de ne pas laisser son trouble transparaître, avec plus ou moins de succès.

J'espère que ça t'a fait du bien, dit-il pour éviter de trop y penser.

Il n'était pas doué pour faire la conversation, mais ça ne pouvait pas être pire que de la comparer mentalement à sa petite amie martienne. Ex. À sa question rhétorique, elle répliqua par ce qui lui était venu en tête sous l'eau chaude, démontrant avoir bel et bien suivi le même raisonnement - ce qui était une réponse en soi. Conner n'aurait jamais pensé qu'une telle marchandise réussirait à trouver son chemin jusqu'à Smallville, mais il fallait croire qu'on vivait une époque où même les villes perdues au fin fond du Kansas n'étaient pas épargnée. S'il n'était pas naturellement d'humeur maussade, il ne fait aucun doute qu'il l'aurait été en arrivant à cette conclusion. La détermination dans le regard, il chaussa les gants de combat qui traînaient sur son bureau.

Pas vraiment. Mais eux vont apprendre à me connaître.

S'il n'avait jamais été personnellement confronté aux dangers de la drogue, les nombreuses substances utilisées pour le garder « sous contrôle » à Cadmus en étaient trop proches pour qu'il puisse l'ignorer. De même qu'il ne se voyait pas lui tourner le dos après qu'elle ait échoué devant sa porte, quand bien même ce n'était qu'un coup du hasard. Il n'était de toute façon pas sûr de la façon dont ses pouvoirs allaient réagir tant que ce qu'elle avait absorbé n'aurait pas entièrement quitté son organisme ; que les effets ne soient plus aussi virulents ne voulait hélas pas dire qu'elle en était débarrassée.
La laisser y aller seul, s'il en était seulement capable - certainement pas - risquait de faire plus de mal que de bien. Même s'il ne portait plus de costume - si tant est qu'il en ait jamais eu un : cela restait sujet à controverse au sein des Titans -, la nature du problème était telle qu'intervenir pour le régler par tous les moyens relevait du devoir citoyen. Qu'y pouvait-il s'il était un immigré kryptonien ?

Je ne traîne pas avec eux habituellement... Mais je sais où les trouver.

Il enjamba la fenêtre.

* * *

Smallville était une petite ville - il aurait pu dire « miniature » s'il n'avait pas trouvé ça de mauvais goût, pour connaître Brainiac -, et qu'elle soit essentiellement portée sur l'agriculture en disait déjà long sur la moyenne d'âge de ses habitants. Néanmoins, elle n'était pas non plus isolée au point de n'avoir aucun endroit où ses jeunes résidents pouvaient se retrouver après les cours. L'un d'entre eux était un bar relativement mal famé - ce mot perdait grandement de son sens au cœur d'une telle communauté ; c'était essentiellement dû au fait qu'un gang de motards des environs y fasse escale une fois par mois.

Pour autant qu'il sache, ils n'avaient jamais fait de mal. Mais cela suffisait à donner à l'endroit une aura de danger en faisant le lieu à la mode pour tout adolescent désireux de paraître plus cool qu'il ne l'était en vérité. Les quelques bières qu'il avait partagé avec Kal lui avaient appris qu'il était presque insensible à l'alcool, aussi n'avait-il jamais vu d'intérêt à ce genre d'endroit - mais ce n'était pas le cas de la plupart des jeunes du lycée. En particulier ceux répondant au profil concerné. Rares étaient les véritables délinquants, mais beaucoup aimaient s'en donner les airs. Et afin de se faire passer pour plus mauvais qu'ils ne sont, ceux-là recherchaient la compagnie des véritables crapules.

Arrivés sur place et croyant reconnaître quelques véhicules, Conner avait décidé de les attendre sur le parking. Du grabuge en public ne leur apporterait rien de bon. C'est en tout cas la raison qu'il servit à Anima. Car il y avait le fait que tant qu'il ne maîtriserait pas son ouïe, entrer de plein pied dans un endroit aussi bruyant risquait de lui crever les tympans.
Fort heureusement, il n'aurait pas à aller les chercher : la porte de sortie s'ouvrit après quelques instants, cédant le passage à des élèves qui - selon sa mémoire ; ce n'était pas comme s'il leur avait réellement prêté attention - avaient un an de moins que lui. Quant à se rappeler leurs noms...

Eh, leur lança-t-il, quittant le pick-up auquel il s'était adossé. Le leur, croyait-il se rappeler. On aurait quelques questions à vous poser.


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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Mer 25 Jan 2017 - 0:51

Conner était l'incarnation du mec quasi-idéal : affreusement musclé, terriblement serviable et gentil et suffisamment modeste pour oublier qu'il pouvait démembrer quiconque lui déplaît en suant moins qu'en mangeant une pizza...

Elle trouvait qu'il pourrait quelque peu se décoincer de temps à autre et arrêter de jouer au boy-scout. Puis, elle rougit à l'idée de cette pensée : car après tout s'il était humain en apparence, sa physiologie ultra-terrestre impliquait chez lui des devoirs inimaginables... Qu'arriverait-il à Smallville s'il se relâchait ? Au Kansas ? Au monde ?

Et Courtney médita ces pensées et rumina son propre sort : en tant que portail donnant sur le monde des archétypes et pouvant laisser libre court à Animus, elle était aussi responsable de ce qui pourrait advenir si cette créature qu'elle abritait en son sein jugeait bon de dévaster l'humanité...

Animus n'était pas malfaisant. Elle en était quasi-certaine (mais pas complètement). Mais que ferait Animus s'il s'entait qu'elle était en danger ? Ou si elle était sous l'empire de produits altérant ou abolissant son discernement ?

Elle ne put que trembler à l'idée d'un Animus exerçant l'étendue de sa force sur la planète. Elle même, en tant que vampire psychique, pourrait potentiellement commettre des ravages importants et il y avait peu de méta-humains capables de l'arrêter (Conner était de ceux-là). Qu'en était-il d'Animus ? Il pourrait être un véritable fléau de Dieu.

*
* *

Sur le parking, la jeune femme laissa juge Conner de la conduite à adopter. Attendre. Ne pas bouger une oreille. Ne pas aller provoquer ces jeunes mâles sexistes et arriérés dans leur élément ou devant leurs potes.

Et finalement quand ils quittèrent le bar - ces lycéens trop jeunes pour normalement boire une bière - titubant et ricanant comme font les petites teignes, Anima ne les reconnut pas. Ses souvenirs étaient confus. Dee. Dee. Le nom tournait dans sa tête mais elle ne pourrait le reconnaître. C'était ça la magie de la drogue du viol. Comment abuser d'une victime sans qu'elle puisse vous identifier. Le crime sans l'aléa.

Le visage de Courtney se ferma. Les instants d'avant elle avait été prolixe et bavarde avec Conner. Elle se sentait en sécurité. Puis, elle avait été silencieuse et nerveuse. Pensant aux conséquences, pensant à ce qui aurait pu lui arriver à elle.

Mais là, ses poings se crispèrent et elle trembla de manière incontrôlée. Elle sentait que parmi eux, il y en avait qui savait. Peut être même que Dee était du nombre. Elle n'en savait rien mais elle se sentait vulnérable. Cette grimace que l'un des gamins fit... était-elle à sa destination ? Se moquait-on d'elle ? Se rappelait-on de la soirée de la veille ou... ?

Sa lèvre saignait. Elle se l'était mordue jusqu'au sang.

L'un des gosses, à l'aise avec sa bande de potes, lança avec une pointe de défi dans la voix :

"Qu'est ce qu'il y a mon pote ?"

Il frimait. Il se la racontait. Mais il n'y avait aucune culpabilité dans son attitude. Ni remords, ni regrets. Etait-il étranger à cette sombre histoire ou était-il un sociopathe ? A moins que le visage de sa victime ne lui dise rien ?

Mais l'un de ses copains, voyant Anima, changea d'expression et s'écarta rapidement. Trop rapidement du groupe. Prétextant une envie ou un besoin pressant.
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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Mer 1 Fév 2017 - 5:44


Anima n'avait pas l'air de vouloir parler.
Ce qui voulait donc dire que c'était lui qui allait devoir poser les questions.

Il jura intérieurement.

S'il comprenait parfaitement les raisons faisant qu'elle ne s'en sentait pas capable, ça ne lui donnait pas plus envie d'ouvrir le dialogue. La fibre sociale était certainement ce qui avait le plus souffert dans sa conception - les conditions d'enfermement n'aidant pas ; certains jours, il lui arrivait de se demander si Clark avait un super-pouvoir pour cela - pour faire la conversation. Il n'en avait pas envie, mais il le ferait néanmoins, parce qu'il fallait le faire. Et que serait un héros sans sacrifice ?
Il n'avait pas été aussi loin avec elle pour se défiler maintenant ; il ne la connaissait peut-être pas tant que ça, mais c'était une question de principes - de la même manière qu'il aidait de parfaits étrangers quand il portait encore son symbole, il lui devait d'aller au bout de cette affaire. Puisqu'il était sorti de sa retraite pour ça, autant ne pas le faire qu'à moitié ; qu'importe l'ampleur de la corvée. Mais il le ferait à sa manière.

Même avec une vie trépidante comme la leur, on n'était que rarement confronté à des histoires aussi sordides - lui en tout cas n'avait une expérience limitée en la matière, même si les tribulations de Roy Harper n'étaient un secret pour personne dans leur entourage.
C'était la première fois qu'il avait à le gérer seul - comprendre sans la Ligue ou les Titans ; Anima était là pour l'épauler, mais n'avait pas vraiment été formée, ou du moins n'en donnait pas l'impression. Probablement n'aurait-elle pas eu ce style de vie s'il y avait eu quelqu'un pour la prendre en main. Privé de filet de sécurité éthique, c'était à lui de se débrouiller ; est-ce que ce qu'on lui avait enseigné suffirait à garder son compas moral bien réglé ?

Par chance, il se faisait assez discret au lycée pour qu'aucun d'eux ne semble l'avoir reconnu, si bien qu'il pourrait se permettre d'agir librement sans avoir à craindre les retombées. Parmi tous ceux qu'il connaissait, il était probablement le moins concerné par la notion d'identité secrète - il avait été conçu pour être Superman ; le reste n'était venu que bien après -, mais devait commencer à y penser maintenant qu'il habitait à temps plein chez les Kent s'il ne voulait pas leur poser de problèmes.
La vue d'Anima, quant à elle, suscita plus de réactions. L'un d'entre eux se mit à courir vers la voiture qui se tenait derrière lui - la peur fait parfois faire des choses idiotes. Il l'attrapa par le col avant qu'il n'ait pu s'en approcher (faisant tomber sur le parking les clés qu'il avait déjà à la main) et le traîna comme une poupée de chiffon vers ses deux camarades. Avec ses quelques kilos en trop, il devait avoir perdu l'habitude d'être trimbalé de la sorte, comme en témoignaient ses yeux ronds.

Superboy - car cesserait-il jamais vraiment de l'être ? - s'avança vers eux d'un pas décidé. Les mêmes questionnements qui devaient tourmenter Anima depuis qu'elle s'était rendue à l'évidence firent leur chemin dans son esprit. S'ils n'avaient pas eu le malheur de s'attaquer à une héroïne - comment auraient-ils pu le savoir ? -, si elle n'avait pas atterri littéralement devant sa porte, peut-être que personne n'en aurait jamais rien su. Ce n'était jamais facile de parler de ces choses-là, il savait au moins cela. Encore moins dans une petite ville comme Smallville où (presque) tout finit par se savoir. C'était plus qu'il n'en fallait pour faire grimper de quelques crans son animosité envers eux, et le besoin de l'exprimer.

Celui qu'il traînait derrière lui avait eu la réaction la plus manifeste, mais il avait entendu les battements de cœur de l'un d'entre eux s'emballer au même moment. Comme quoi laisser traîner sa super-ouïe malgré lui n'avait pas que du mauvais... Il était apparemment un peu meilleur à le cacher, mais chaque pas dans leur direction lui permettait d'affiner son audition - de savoir dans quelle direction. Contre toute attente, ce ne fut pas celui qui s'était avancé - le seul à leur avoir parlé - mais le dernier du lot qui produisait ce qui devait bientôt devenir un véritable vacarme à ses oreilles.
En le voyant s'approcher, celui-ci tenta de sortir un couteau - mais eut à peine le temps de mettre la lame au clair qu'il se retrouva avec le poignet tordu et quelques doigts broyés sous la prise de Conner (et inutile de dire que face à un kryptonien, ce terme n'est pas employé à la légère). Il le saisit ensuite à la gorge pour le plaquer contre le mur et en fit de même avec celui qu'il tenait déjà, les gardant à bout de bras - soit quelques centimètres au-dessus du sol -, laissant le troisième tomber sur son fondement, sous le choc. Aussi stupide qu'il soit, il n'avait rien à voir avec ça - et peut-être que cet épisode l'aiderait à comprendre que son arrogance n'était nullement fondée.

Dégage. commanda-t-il au dernier - le seul qui n'était pas concerné. Paralysé par la peur, celui-ci ne sembla pas réaliser ; il ajouta donc quelques octaves : MAINTENANT ! Sorti de sa torpeur, il s'en fut sans demander son reste, abandonnant ses « amis » à leur sort. Leur assaillant reporta sur eux son entière attention - et la colère qui allait avec.

Conner n'avait plus l'air gentil du tout. Son impassibilité habituelle - Anima ne l'avait pas vu décrocher un seul sourire ou quoi que ce soit d'approchant - s'était mu en masque de rage. Fort heureusement, il arrivait encore à se contrôler, mais la seule idée d'avoir à faire à des individus aussi méprisable - qu'ils essaient encore de se dérober - le mettait hors de lui. Leur lâcheté le répugnait. Comment Superman, avec les moyens qui étaient les siens, parvenus à se retenir contre des pourritures dans leur genre ?
Depuis le temps et dans une ville aussi grande que Metropolis, on ne lui ferait pas croire qu'il n'avait pas rencontré au moins une ou deux fois ce type de personnage... Comment se retenait-il de les calciner sur place ou de les changer en statue de glace ? Car s'il avait eu ce genre d'option sous la main, Conner n'était pas sûr qu'il aurait pu se garder de s'en servir ; le monde serait définitivement meilleur sans eux, même si ce n'était pas à eux d'émettre un tel jugement. Heureusement pour eux, il était assez lucide pour savoir qu'il avait encore beaucoup à apprendre.

Commencez à parler. fit-il en consolidant la prise de ses doigts sur leurs cols respectifs. Qu'ils refusent ; ils seraient les seuls à le regretter.

* * *

Conner reposa le combiné du vieux téléphone public qui avait miraculeusement survécu pendant toutes ces années à quelques mètres du parking, sous une enseigne annonçant la construction prochaine d'un Burger King. Pendant toute la durée de l'appel, il avait gardé un œil sur l'endroit où avait eu lieu la confrontation ; fort heureusement, personne n'avait eu l'idée d'y passer - et ce malgré le fait qu'on l'ait mis sur attente comme c'était trop souvent le cas de ce genre de service.

Il avait aussi demandé à Anima de les surveiller, espérant qu'elle se soit assez remise pour cela, mais doutait de toute façon qu'ils se réveillent de sitôt : il avait suffisamment ménagé sa force pour ne pas causer de lésions permanentes, mais pas assez pour qu'ils se réveillent avant plusieurs heures. Ils avaient confessé tout ce qu'ils savaient - soit pas grand chose en vérité, sinon l'endroit où ils avaient le plus de chance de trouver Dee (sans certitude que ce soit son seul repère) et
mille et une promesse qu'ils n'avaient - personnellement - touché à personne d'autre, se contentant « d'écouler la marchandise ».
Ce qui ne voulait pas dire qu'ils étaient les seuls participants à cette odieuse entreprise. Ils n'auraient la certitude qu'aucun mal n'avait été fait qu'en remontant le problème à la source, s'ils arrivaient à le faire parler - et Conner venait de prouver être très capable en la matière. Il revint sur l'ère de stationnement où Anima l'attendait.

J'ai appelé la police, ils ne devraient pas tarder. fit-il en lui tendant la canette de soda qu'il avait acheté pendant son appel en espérant que ça l'aiderait à se requinquer. Désolé que tu aies dû assister à... Ça.

Son regard dériva sur le véhicule avec embarras.
Après les avoir enfermé dans la voiture avec laquelle ils s'apprêtaient à prendre la fuite, il n'avait pu s'empêcher d'enfoncer la portière, les coups donnés pour les mettre hors d'état de nuire n'ayant pas suffi à le relaxer. S'il comptait à la base les piéger avec les clés, il était peu probable qu'ils en sortent sans l'aide d'un bon carrossier. Une fois que les forces de l'ordre les auraient sorti de cette prison d'acier, ils devraient pouvoir les incarcérer pour la drogue qu'ils avaient dans les poches - et potentiellement dans le sang, d'après son analyse sensorielle.

Maigre consolation quand on savait à quoi ils avaient participé, mais c'était le mieux qu'ils puissent espérer - ça, et que la justice fasse son travail. Mais il en avait encore pour quelques années avant de remettre en cause le système pénal de ce pays et ce qu'il advenait des criminels après qu'il leur ait livré. C'était là la préoccupation de plus grands que lui. Ce moment de gêne passé (si fréquentes que soient ses crises de colère, il les regrettait toujours après), il planta son regard dans le sien :

Tu es prête à y aller ? Ne voulant pas qu'elle se sente dans l'obligation de participer si elle ne se sentait pas dans son assiette, il ajouta : Je peux m'en charger tout seul.


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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Dim 12 Fév 2017 - 8:49

Courtney était demeurée muette pendant que Conner, son chevalier servant, délivrait une sorte de fureur retenue à l'encontre des deux complices de Dee. Elle était demeurée muette, non pas car elle désapprouvait son ami mais tout simplement car elle se sentait étrangère à la scène.

A personne d'autre. Ils n'avaient touché à personne d'autre.

Salut, moi c'est personne. On peut me toucher et ce n'est pas grave.

La lèvre inférieure de Courtney trembla. Elle aurait voulu pleurer mais ses yeux étaient secs. Elle ne fit pas attention au léger vent qui soufflait et lui ébouriffait les cheveux. Elle...

Elle n'était pas vraiment là. Et tout cela ne lui était pas arrivée. C'était arrivé à une autre. Qui s'appelait Courtney Mason et qui vivait à la rue. Il lui était arrivé de drôles de choses dans sa courte vie mais les énumérer c'était comme regarder un film. Anima, elle, était assise confortablement dans un siège et se demandait - tout en mâchonnant son pop-corn - comment cette pauvre fille à l'écran allait-elle bien pouvoir s'en sortir.

Car pour se protéger, Courtney tentait de mettre toute la distance qu'elle pouvait d'avec elle-même. Je est une autre. Et on n'était jamais sérieuse quand on avait 17 ans...

Mais la réalité était plus sinistre. Car même si elle aurait voulu s'envoler, en fermant les yeux, présentement, pour ce pays en apparence féerique qu'était l'Arkana, elle savait qu'en les rouvrant elle se retrouverait sur le même parking, à devoir marcher dans les mêmes chaussures pour mener la même morne vie...

... morne vie où - si ce n'avait été le hasard de l'imprévisibilité de son métabolisme - elle aurait été réduite à l'état de simple objet du désir d'une bande de jeunes sans foi ni loi...

*
*  *

"Non" lâcha-t-elle un brin brutalement à la question de Conner. Elle rougit et baissa les yeux. Courtney était à fleur de peau. Courtney rabrouait son chevalier servant et...

"Pardon... Je suis à cran mais je sais une chose : si je ne viens pas avec toi et si je ne reprends pas cette affaire, je m'en voudrais toute ma vie"

Et elle pressa sa main contre celle de Conner, pour lui témoigner - avec le peu de force qui lui restait - que, oui, ses efforts pour elle étaient appréciables. Et que, non, elle n'allait pas le laisser tomber comme sur le parking.

*
*  *

L'adresse où ils devaient trouver Dee était située dans un quartier résidentiel de Smallville. Des petites maisons toutes identiques, ou presque, se succédaient le long d'une longue route, séparées les unes des autres par de petits jardins bien entretenus...

... l'adresse qu'ils avaient obtenu était celles des parents de Dee. D'ailleurs, dans le jardin, une petite fille de 7, 8 ans faisait de la balançoire, sous le regard bienveillant d'un homme qui devait être son père (et donc celui de Dee) et qui était en train d'arroser la pelouse.

Du premier étage de la bâtisse, une fenêtre était ouverte et on entendait de la musique métal s'en échapper... ce devait être la chambre de Dee !

Voyant Conner et Courtney (surtout quand cette dernière fixa de manière un peu trop appuyée l'habitation), le père de Dee posa le tuyau d'arrosage et demanda d'une voix affable :

"Bonjour... Je peux vous aider ? Vous êtes des amis de Dylan?"
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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Sam 18 Fév 2017 - 11:49


Nul besoin d'être fin psychologue pour savoir qu'Anima n'était pas au mieux de sa forme. Maintenant que sa fureur était passée, il le voyait parfaitement. Malheureusement, ce n'était pas comme s'il avait de solution-miracle à proposer. Le mieux qu'il puisse faire était de rendre justice et de distribuer des châtaignes à tout ce qui tenterait de l'en empêcher. C'était déjà beaucoup, mais ce n'était pas suffisant. Elle avait besoin de soutien moral, et force est de constater que de ce côté-là, elle avait frappé à (ou s'était écrasée devant) la mauvaise porte. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas lui remonter le moral - bien au contraire -, mais plutôt qu'il n'en avait pas les moyens.
Même en ayant fait des progrès considérables sur le plan émotionnel depuis son « réveil », il lui en restait au moins autant à faire pour atteindre l'épanouissement qu'est censé avoir un garçon de son âge. C'était déjà beaucoup considérant que son potentiel affectif de départ devait avoisiner celui d'un cactus, mais ce n'était pas encore assez. Aussi, en la voyant dans cet état, le mieux qu'il trouva à faire fut de poser la main sur son épaule en signe de soutien. Il l'aurait bien étreinte (même si M'gann était ou avait été la seule envers qui ce genre de geste lui paraisse à peu près naturel), mais il n'était pas sûr qu'un contact physique - surtout masculin - aussi notable soit ce qu'il lui fallait après ce qu'elle venait de vivre. Elle avait esquivé la balle ; ça ne voulait pas dire que ses oreilles n'étaient pas encore en train de siffler.

Allons-y, alors, déclara Conner, manifestant autant d'aplomb que possible pour la rassurer - lui montrer qu'elle pouvait compter sur lui. Il était peut-être un peu rouillé (en dehors des services occasionnels, ça faisait près de deux ans qu'il n'avait pas pratiqué), mais il n'en mettrait pas moins tous ses moyens pour mener cette affaire à son terme. Pour Anima, pour toutes celles qui auraient pu être dans son cas ; pour la sécurité de Smallville et de ses habitants. Je suis là pour t'aider, fit-il en serrant sa main un peu plus fort avant de la relâcher - avant que ça ne devienne inconfortable pour tous les deux. C'est toi qui décide quand ça commence et quand ça s'arrête.

Par certains aspects, son propre parcours lui permettait de comprendre ce qu'elle ressentait. La nature de l'abus, l'intention derrière n'étaient pas les mêmes, mais c'était tout aussi révoltant. Ce à quoi ses créateurs auraient répondu qu'ils avaient pleins droits sur lui pour l'avoir fabriqué ; qu'il n'était même pas humain. Est-ce que ça voulait pour autant dire qu'il devait endurer ces expériences sans broncher ? Que parce qu'il n'était pas né de manière conventionnelle, il n'avait pas les mêmes droits que n'importe quel être vivant ? Ce n'était pas exactement comparable, mais cela restait suffisamment proche pour comprendre sa détresse. Cela le laissait un peu moins démuni que d'ordinaire quand il était question d'empathie - l'une des nombreuses carences qui découlait justement de ses années de vie en captivité... Si on peut appeler ça une vie.
Quoi qu'il en soit, et aussi discutable que ce soit déjà dans le cas de Conner, Anima ne leur devait rien ; elle avait simplement été victime de leur manigance. Au mauvais endroit au mauvais moment. Une autre fille - une fille sans pouvoirs - aurait probablement eu moins de chance. Ça aurait pu être n'importe qui ; ils voulaient simplement quelqu'un avec qui passer du bon temps ; son identité n'avait pas d'importance. Si un tel méfait n'était en rien excusable sous quelque forme que ce soit, le caractère aléatoire de la chose ne faisait qu'alimenter sa colère.

Heureusement, il eut le temps du trajet pour se calmer, ne pouvant pas vraiment se permettre de voler - ils étaient encore en pleine journée, et Anima était probablement trop patraque pour supporter la vitesse qu'il devrait prendre pour ne pas être remarqué. Le voyage se fit donc en silence jusqu'à la propriété, Superboy s'efforçant d'endiguer la haine farouche qu'il commençait à éprouver par son petit camarade. S'il ne demandait pas mieux que de la laisser exploser - ce serait si facile -, il ne pouvait pas se permettre de se défouler sur un simple civil, aussi méprisable qu'il soit.
Il ne lui suffisait malheureusement pas de changer de tenue pour n'avoir plus à se soucier de ne pas salir son image de marque ; même sans écusson à la poitrine, il restait un kryptonien. Quel que soit le tee-shirt qu'il porte, ses poings étaient toujours capables de ravager des montagnes. Il était hors de question de commettre à leur aide une faute qu'on n'irait que trop aisément rattacher à Superman. Même s'il était majoritairement acclamé par l'opinion public, ce dernier avait aussi des ennemis qui se feraient un plaisir de s'emparer de l'affaire... Qui attendaient leur heure, prêts à le crucifier. Le clone ne pourrait en aucun cas supporter de leur en donner l'occasion. D'être celui qui presserait la gâchette.

Ils arrivèrent rapidement en vue de la propriété. Smallville n'était pas une grande ville ; même s'il ne sortait pas vraiment, Conner avait eu largement le temps d'en mémoriser tous les recoins en l'espace de deux ans, la vue aérienne aidant. S'ils n'échangèrent pas vraiment pendant la marche, chacun perdu dans ses propres pensées, il s'efforça de rester à portée sans pour autant enfreindre son espace vital. De lui faire savoir qu'il était là, sans se coller à elle. Il n'était de toute façon pas  friand des effusions - au grand désarroi de Miss Martian, qui avait tout fait pour l'y habituer - ; il ne risquait pas d'accroître son malaise, au moins par ce biais.
Pas plus qu'il ne se sentait obligé de faire la conversation si elle préférait se perdre dans ses pensées. Lui-même savait apprécier un moment de silence - ce que ses compagnons Titans, jamais en reste pour tenter de le faire parler, de s'ouvrir à eux, étaient pour la plupart incapables de comprendre. L'inconvénient d'une équipe en grande partie adolescente. C'était d'autant plus vrai depuis que son ouïe s'était développée ; il ne lui fallut d'ailleurs pas attendre d'être arrivés au niveau de la boite aux lettres pour que ses oreilles lui donnent l'impression de s'être mises à saigner. Si le concert les avait mises à mal, ce boucan infernal était la preuve qu'on pouvait y parvenir avec bien moins de moyens.

Passant outre la douleur, il tenta de faire comme Kal le lui avait appris en prévision du jour où il développerait cette faculté. Il s'était plaint alors de n'être même pas sûr que ce serait un jour le cas, et n'avait à ce titre - et paradoxalement - écouté qu'à moitié. Par bonheur, cette moitié fut suffisante pour soulager sa peine, reléguant la musique (si on peut appeler ça de la musique) au rang de bruit de fond comme elle était censée l'être. Il n'avait jamais eu l'oreille musicale, et ce n'étaient pas ces expériences accidentelles qui l'encourageraient à tenter d'y remédier. Gommant la grimace qui s'était installée sur ses traits, il s'approcha pour vérifier ne s'être pas trompé et fut interpellé avant d'avoir pu aller bien loin. Embrassant la scène du regard, il se fit violence pour ne pas s'attarder sur la petite fille... Mais savoir qu'elle vivait à proximité de substances telles que celle qu'Anima avait trouvé dans son verre ne fit que jeter de l'huile sur le feu de son indignation.

...En quelque sorte. Écoutez...
Oh, entrez donc ! Il y a de la limonade sur la table, prenez un verre si vous le voulez. Si vous pouviez lui dire de baisser d'un cran cette satanée musique...


Déconcerté, Kon-El n'y trouva rien à redire et se contenta de le remercier. À force de cogner sur des petites frappes à longueur de journées, il en avait presque oublié que les habitants de Smallville étaient aussi accueillants. Cela lui épargnait de se demander s'ils devaient en parler directement au père de famille, même s'il tendait déjà vers le négatif ; dès lors qu'elle l'avait sollicité, quemême après avoir rassemblé les preuves, ils étaient venus directement au lieu d'aller voir la police... C'était qu'Anima prétendait à une autre forme de justice : la leur. Celle qu'il avait servi fut un temps ; qu'aujourd'hui, pour elle, il servirait une fois encore.

« Dylan » était en train de se trémousser au rythme de la chanson - soit de manière très anarchique - sur sa chaise de bureau, s'essayant à un morceau d'air guitar tout aussi approximatif... Quand soudain, la musique s'arrêta brusquement. Et pour cause : un poing venait malencontreusement d'échouer en travers de sa chaîne stéréo dernier cri - bien au-delà de ce qu'aurait pu se payer un garçon de son âge avec un travail honnête, et la petite famille n'avait pas particulièrement l'air de rouler sur l'or.
Considérant avec quel argent il l'avait probablement achetée, l'ex-Titan estimait que l'en déposséder était la moindre des choses ; et même s'il se trompait, l'empêcher de propager ce fléau sonore était un service rendu à la société. Bien que peu familier de ce genre d'appareil, il avait d'ailleurs visé le lecteur CD pour faire bonne mesure. Sait-on jamais qu'il aurait autre chose pour le lire. Ôtant la main du matériel électronique dans un dernier grésillement, il toisa froidement celui qui avait motivé cette expédition. Ce dernier préféra quant à lui scruter le verrou habituellement toujours fermé qui gisait désormais au sol.

Dylan Matthews. appela-t-il froidement, formellement comme il arrivait à Clark de le faire, tâchant de ne pas paraître plus menaçant qu'il ne le devait - ce qui était déjà plutôt menaçant en soi. Comme à son habitude, il faisait peu de cas de cacher son identité ; par chance, le contre-jour provoqué par la lumière du couloir (la chambre étant, elle, plongée dans la pénombre) empêchait de le distinguer très clairement. Mon amie aimerait te parler. Inutile d'essayer de fuir ou de crier ; j'ai les moyens de t'en empêcher, et tu n'aimerais pas la manière dont je le ferais.


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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Jeu 9 Mar 2017 - 9:22

Courtney s'était retrouvée bête devant la maison de Dee. De Dylan. Des Matthews.

Ce père qui arrosait sa pelouse, elle aurait aimé que cela puisse être le sien. Du moins... Elle aurait aimé retrouver, présentement, son père qui devait - en cet instant précis - écumer les rues de la Nouvelle-Orléans à la recherche d'un bistrot ouvert.

Elle aimait cette pelouse et cette petite maison de banlieue. C'était là où elle avait grandi. Son paradis perdu qui ne serait plus jamais être retrouvé.

Et la petite fille... La petite fille, cela avait été elle. De la balançoire sur la pelouse. Une rue calme. Des voisins souriants. Une vie policée et agréable.

Et la musique qu'écoutait Dee, Courtney aurait pu jurer l'avoir déjà entendu dans la chambre de son frère, Jeremy.

Elle demeura interdite et ce fut, une fois de plus, Conner qui prit les devants et fut accueilli par le très affable M. Matthews.

A la manière d'un zombie, Anima emboîta le pas à Conner, se demandant bien comment elle allait réagir, une fois confrontée à son agresseur...

*
*  *

La chambre de Dylan. Une chambre d'un ado qui était branché contre-culture et musique alternative. Une chambre qui aurait pu être celle de Jeremy ou bien la sienne. Elle frissonna...

... le type qui avait tout fait pour tenter de la violer avait des goûts très proches des siens. Ils n'étaient pas entrés dans la pièce secrète d'un donjon et n'étaient pas confrontés à un terrible dragon cracheur de feu.

Juste à un gamin qui - maintenant - levait des yeux emplis de terreur en direction de Conner et de Courtney. Sa platine CD avait fait les frais de la fureur du kryptonien. Et Dee ne pouvait qu'imaginer que si le poing de Conner avait broyé le plastique, il pourrait tout aussi bien le faire avec de l'os et de la chair.

Il déglutit étrangement.

Il ouvrit la bouche et à la manière d'un poisson sorti de l'eau tenta d'articuler quelque chose d'intelligible mais... rien ne sortit.

Des larmes de terreur perlaient au coin de ses yeux.

Courtney le regarda et regarda ce visage terrorisé. Elle le regarda d'un regard mauvais. Elle fronça les sourcils pour se donner l'air plus méchante qu'elle ne l'était et s'aperçut...

... qu'elle aurait soufflé sur Dee que celui-ci se serait envolé au loin.

Et là... elle se mit à pleurer.

Un peu. Beaucoup. Puis de manière incontrôlée et incontrôlable.

Les vannes étaient ouvertes.

Dans ce dialogue silencieux, elle avait vu l'inanité de son projet. Elle avait voulu quoi ? Le tuer ? Déchaîner l'Animus sur lui et le donner à manger à un archétype de cauchemar pour le restant de l'éternité ?

La vérité est qu'il était terrorisé. Qu'il était à sa merci. Et que dans ce visage - celui de Dee - qui grimaçait, souffrait et suppliait, il y avait l'exact reflet de la condition humaine.

Quels qu'aient pu être ses crimes, aujourd'hui, présentement, Dee était une victime.

Victime des menaces méta-humaines qui se tenaient devant lui.

Et la rage sourde qui agitait le cœur d'Anima fit comprendre à cette dernière qu'elle avait un choix : soit déchaîner sa fureur et servir une vengeance méritée. Soit servir la justice...

Le vert des yeux d'Anima disparut. Elle se rendit compte qu'elle avait involontairement activé ses pouvoirs, tendue comme elle était. Elle avala sa salive et prit, péniblement, la parole :

"Je... Tu sais ce que tu as tenté de me faire et..."

Ça ne voulait pas sortir. Les larmes allaient reprendre. Elle voulut être forte et se ressaisir. Elle n'était pas venue là pour pleurer.

"Ça ne doit pas recommencer. Et c'est pour cela que j'étais venue au départ. Pour te broyer le crâne ou te faire mal mais... ce n'est pas juste, non plus. Je..."

Elle regarda les divers objets que Dee avait du se payer en dealant des cachets. Comment avait-il commencé à faire ça ? Quelle était l'origine de cette spirale démoniaque ? Ce fils qui avait du faire la fierté de son père et de sa mère, quand avait-il commencé à se métamorphoser en crapaud ?

"Je... Nous allons partir et tu vas parler à tes parents. De la dope. Tu vas te rendre à la police et... tu paieras ton ardoise en maison de redressement. Tu... Tu trouveras des gens pour t'aider et..."

Elle s'interrompit. Elle ne pouvait plus ajouter un mot. Elle n'y arriverait pas. Les visages de ses propres parents et du père de Dee la hantaient. La vie aurait été tellement plus simple si rien ne s'était passée. Si elle n'avait pas été droguée en vue d'être abusée.

Mais la vie n'était pas simple, ni juste, et il fallait vivre avec.

Elle espérait juste que Dee le comprenne, tout comme Conner.


Dernière édition par Anima / Courtney Mason le Sam 1 Avr 2017 - 22:58, édité 1 fois
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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Sam 18 Mar 2017 - 12:23

Conner ne sut comment réagir quand Anima se mit à pleurer. S'il n'était déjà pas doué pour ça en temps normal, et bien qu'il n'en montra rien pour ne pas briser son aura d'intimidation, les circonstances le laissaient plus mal à l'aise encore. Néanmoins, en voyant qu'elle restait maîtresse d'elle-même malgré ce moment de faiblesse, il choisit de rester en retrait. C'était sa vengeance, après tout - mais devrait-il la cautionner, quelle que soit la manière dont elle l'exécuterait ? Si horrible que soit ce qu'il lui était arrivé - ce qui aurait pu advenir ?
Anima n'appartenait, à sa connaissance, à aucune équipe de héros ; n'avait pas de mentor non plus... L'avait-on seulement éduquée selon les grands principes qui devaient régir la vie d'un des leurs ? Si la question s'était déjà posée plus tôt, il n'avait eu aucune raison de la creuser : ce n'était que maintenant que cela pouvait avoir un réel impact - que cela pourrait faire toute la différence - qu'il se dit qu'il aurait dû y penser plus tôt. Bien sûr, il pensait être en mesure de l'arrêter, mais... Venir jusqu'ici avec elle, était-ce vraiment une bonne idée ?

Soudain, il lui vint à l'esprit que c'était ainsi que devaient le considérer ses camarades au début. Craindre ses débordements - redouter qu'il fasse plus de mal que ceux-là même qu'ils étaient venus arrêter... Et il ne pouvait pas vraiment leur donner tort. Mais si grande que soit sa colère, jamais au grand jamais n'avait-il brisé le code. Il devait avoir foi en elle. Il devait croire que malgré tout ce qu'elle pouvait bien ressentir - il doutait pouvoir l'imaginer -, elle saurait faire ce qu'il fallait... Elle avait l'âme d'une justicière ; bien plus que lui, par certains aspects. Ne faisait-il pas que copier l'Homme d'Acier en définitive ? Qu'en aurait-il été si ce mimétisme avait été absent de sa conception ? Aurait-il été capable d'être bon ?

Anima lui donna raison, à son grand soulagement. Il ne connaissait pas l'exacte portée de ses pouvoirs, mais les savait vastes ; s'il avait dû l'arrêter, cette chambre - cette maison - aurait sans doute eu besoin de sérieuses rénovations... Décroisant les bras, il approuva son discours d'un signe de tête, ne trouvant pas mieux à faire pour le moment.
S'avançant à son tour, il prit la relève en empoignant le délinquant par le col, le soulevant comme s'il ne pesait rien - et même moins que rien ; un titre qui lui convenait à la perfection. Sentir sa tête frôler le plafond lui arracha un glapissement d'effroi. Le regard de Superboy se fit plus dur ; bien qu'il s'efforce de retenir sa colère - un exploit -, il importait de s'assurer qu'il ne fasse plus jamais quelque chose de semblable. Qu'il redoute ce qui pourrait se passer alors. Il avait déjà trop fait sans se soucier des conséquences ; il était temps que ça change.

Juste pour que nous soyons bien d'accord... Je peux entendre tout ce qui se passe d'ici à la ville voisine. Si tu ne te dénonces pas, si tu ne vas pas voir la police, je le saurai. Ce n'était pas tout à fait vrai, mais tant qu'il y croyait... Ce qu'impliquait cette phrase se passait de commentaires. Sa prise se consolida, faisant craquer le tissu d'un tee-shirt faussement abimé qui devait lui aussi valoir quelques billets. Tu as intérêt à faire ce qu'elle te dit, ou je reviendrai pour toi. C'est clair ?

Bien qu'il fasse dos à ce qui avait été un appareil stéréo hors de prix, il s'arrangea pour lui en laisser voir la carcasse. Voir ce dont il était capable. Et se rappeler qu'il pourrait le faire tout aussi facilement avec un corps humain. S'en convaincre, du moins ; il n'aurait jamais fait ça. Mais ça, ce type n'avait pas besoin de le savoir. Desserrant son étreinte, il le laissa retomber mollement sur sa chaise et se détourna après un dernier regard assassin. Superboy déplora simplement de n'être pas encore en mesure de produire des lasers par les yeux ; c'eut été encore plus convaincant. Néanmoins, on l'avait porté à croire que le bleu de glacier naturel de ses yeux en terrorisait déjà plus d'un. Il devrait s'en contenter. Tétanisé par la peur, leur hôte mettrait sans doute un certain temps avant de se remettre à parler : il ne servait à rien de s'attarder. Il se retourna vers sa partenaire.

On y va ?

N'attendant qu'une approbation de sa part, Conner se permit de lui prendre la main aussi doucement que possible pour ne pas la brusquer  - sans que ça n'ait de sens particulier : il la pensait juste trop désorientée pour se passer de son soutien - et l'emmena dans le couloir.
Il estima rapidement qu'elle préférerait éviter de repasser devant le père, risquant ainsi une nouvelle crise de larmes ; aussi avisa-t-il les fenêtres donnant sur l'autre côté - et ne la gratifia-t-il que d'un « accroche-toi. » hâtif à cet effet, la supposant tout aussi pressée que lui de quitter cet endroit.

Devoir encore utiliser la télékinésie tactile pour pouvoir se déplacer dans les airs alors qu'il avait un vrai pouvoir de vol était frustrant - surtout en face de quelqu'un, même si elle n'y voyait probablement que du feu -, mais cela leur éviterait de s'écraser sur un mauvais calcul de sa part. Oui ; autant qu'il n'aime pas ce pouvoir, ce qu'il représentait, au moins il savait le maîtriser... Ils atterrirent sans mal sur une route isolée à quelques dizaines de mètres de là, où elle pourrait se permettre de laisser aller ses émotions si le besoin devait encore s'en faire sentir.

Ça va ? demanda-t-il après l'avoir déposée. Il regretta immédiatement la stupidité de sa question : non, évidemment que ça n'allait pas. Et il n'y avait personne d'autre que lui sur des kilomètres à la ronde pour la réconforter - être une ville isolée était ce que Smallville faisait de mieux. Il se retrouvait dans la position délicate de devoir trouver les mots - un combat plus difficile que tous ceux qu'il avait eu à mener. ...Tu as fait ce qu'il fallait. Ce n'est pas toujours simple d'être juste. Crois-moi, je sais ce que ça fait de vouloir écraser son poing - ou n'importe quoi d'autre - dans le visage de quelqu'un. D'user de nos pouvoirs pour régler les choses comme on l'entend plutôt que comme on devrait... Pensif, la mine grave, il observa son poing fermé, se remémorant ses propres déboires. Il releva les yeux vers elle : ...Mais tu avais toutes les raisons de le faire, et tu ne l'as pas fait. Tu as fait le bon choix. Tu as su te comporter en héros - en héroïne -, et je sais que ça n'a pas dû être facile. Il posa la main sur son épaule en signe de soutien, de reconnaissance, l'espérant assez remise pour ne pas y réagir violemment. Tu as de quoi être fière de toi. Je sais que c'est un maigre réconfort... Moi aussi, j'y ai eu droit. Plus d'une fois. Ça vaut ce que ça vaut venant de moi... Mais je le pense sincèrement.


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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Sam 1 Avr 2017 - 23:30

S'envoler avec Conner. Lui prendre la main et s'élancer, comme chaussée de bottes de 7 lieues, par la fenêtre. Retomber loin des lieux où tout cela s'était produit.

Elle ferma les yeux. Et se focalisa sur sa main dans la sienne. Ses yeux étaient secs. Et elle se sentait comme un ange. Elle n'avait qu'à claquer des talons pour se retrouver en un autre endroit. Voilà tout. C'était aussi simple que ça. Le kryptonien était sa porte de sortie. Sa façon de réenchanter un monde froid et cruel.

Et elle avait du mal à respirer. Et elle avait mal à la poitrine. Absorbant l'air comme le ferait un poisson sorti de force de l'eau, Courtney était au bord de l'évanouissement.

Car elle aurait pu s'allonger au milieu de la route, inconsciente, comme éblouie par une clarté trop intense.

Courtney, pour une fois n'avait pas l'impression d'être à côté de ses pompes. Non. Ni déphasée, ni décalquée.

Elle avait vécu l'équivalent de son duel au soleil. Elle avait affronté, confronté le malfrat de la ville. Et dans un échange de regards - terribles - elle avait triomphé sans dégainer son revolver. Sans invoquer ni l'armure d'ombres, ni l'Animus.

Courtney vacilla sur ses jambes. L'excitation reprenait le dessus. Une excitation dans laquelle, elle avait décidé de ne plus se réduire à la somme de ses (mauvaises) expériences. Mais de vivre pleinement (et entièrement) le moment présent. Aspirant goulûment l'air du temps.

"Merci" lança-t-elle, sans lâcher la main de Conner. "Merci" ajouta-t-elle en baissant les yeux, ne sachant trop que dire.

"Je..." reprit-elle. "Je ne savais pas que je tomberais sur quelqu'un comme ça..."

Elle commença à bafouiller. Et à s'embrouiller. C'était tellement plus compliqué de verbaliser quand on pouvait simplement... ressentir.

Elle aurait voulu abolir les barrières existant entre les jardins secrets des hommes. Montrer par l'exemple à Conner comme le sien resplendissait depuis quelques minutes déjà. Montrer que la haine, comme la colère, comme le ressentiment, venaient d'être chassés de ce paradis nouvellement retrouvés. En vain, bien sur.

"Je..."

Elle sourit bêtement. Un poids venait d'être enlevé de sa personne. Il ne lui était rien arrivé et il n'arriverait rien, non plus, à qui que ce soit d'autre. Dee ira se faire aider dans un établissement éducatif et il en ressortira meilleur. Il ne finira jamais dans le quartier des condamnés à mort, le visage balafré par les serres de ses victimes. Non. Et il n'y aura pas d'autres victimes. Car le cercle sans fin venait d'être brisé. Brisé car elle avait décidé de dire non... sans (ab)user de ses poings. Et pour cela...

"Je te remercie"

Le sourire se fit plus éclatant et elle appuya sa main dans celle de Conner. Sur cette route déserte, elle se sentait invincible et immortelle. Et elle aurait pu s'envoler pour voyager vers le soleil. Elle était vivante et heureuse.
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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Mer 19 Avr 2017 - 12:25

Anima aurait pu voler par elle-même - mais dans l'état où elle était, il avait préféré se charger de tout. S'il ne savait pas exactement comment marchaient ses pouvoirs (il ne savait pas grand chose d'elle tout court), il était presque sûr que ce ne soit pas une bonne idée de la laisser s'en servir avant qu'elle soit remise de ses émotions. Presque.
Bien qu'il faille d'ordinaire bien plus que cela pour le fatiguer, il se sentait vidé de ses forces - par empathie, sans doute. S'il ne prétendait pas savoir ce que ça faisait d'être à sa place (même s'il en connaissait un rayon en matière de relations abusives), ça ne l'empêchait pas de compatir. N'être pas doué avec ça ne lui donnait pas le droit de détourner les yeux - ni lui ni personne.

L'adrénaline commençait à retomber, et avec elle tout l'aplomb dont Anima avait réussi à se charger. Restant à sa portée, il se tint prêt si nécessaire à l'empêcher de tomber, mais n'initierait pas de rapprochement qu'elle n'ait d'abord souhaité - et n'eut heureusement pas à le faire. Pour n'être lui-même que très peu tactile, il savait quel genre de réaction pouvait susciter un contact indésirable - et avec des pouvoirs comme les leurs, c'était rarement joli à voir. Pouvoir l'encaisser ne voulait pas dire qu'il souhaitait avoir à le faire... Et le moment semblait mal choisi pour se faire repérer : elle avait grand besoin de souffler.

Tu n'as pas à me remercier, dit-il. N'importe qui l'aurait fait.

Du moins c'est ce dont il aurait aimé se convaincre... Mais cinquante pourcents de Luthor était plus qu'il n'en faut pour ne pouvoir y croire. Hélas, ce type d'agression très moderne était de ceux face auxquels même les héros étaient peu préparés... Bien qu'il sache qu'eux au moins auraient fait ce qu'il fallait, avec plus ou moins de subtilités. Il était persuadé que Batman avait un traitement spécial pour ce style de délinquants - de ceux qui, comme souvent avec Batman, en font passer l'envie à jamais. Quant à Clark... Il saurait se montrer inventif.

Elle ne semblait pas vouloir lâcher sa main. Bien qu'il en éprouvât rapidement de la gêne - il n'avait plus été aussi proche d'une fille aussi longtemps depuis Miss Martian -, il ne fit rien pour la lui retirer. Si c'était ce qu'il lui fallait, il pouvait bien lui laisser ça ; il ne savait pas quoi faire d'autre pour l'apaiser. Beaucoup l'auraient sans doute prise dans leur bras, mais c'était tellement contre sa nature qu'il aurait sans doute fait pire que bien. Ainsi, ses doigts se resserrèrent autour des siens, rien de plus et rien de moins : elle était la mieux placée pour connaître ses besoins.

Je ne pense pas qu'on puisse jamais vraiment s'y préparer, ajouta-t-il, un rien morose à cette idée.

Elle semblait si fragile, tout à coup... À les voir littéralement soulever des montagnes, on en venait à oublier qu'ils étaient des humains (pire, des adolescents) avant tout. Non que cela ait à avoir avec ce qu'il lui était arrivé. Conner n'avait au final pas fait grand chose - si ce n'est l'inciter à ne pas rester dans le silence. Lui donner le moyen moral de prendre sa revanche - elle n'avait pas tant besoin de lui physiquement, si ce n'est pour le savoir à côté d'elle.
Oh, certes, il avait joué son rôle en terme d'intimidation - mais elle s'en serait très bien sortie sans lui. Simplement, si elle n'avait su se trouver à ses côtés, sous son regard... Cela aurait pu plus mal finir. Superboy ne regrettait pas de l'avoir aidée, non : bien qu'ils ne se connaissent pas vraiment, c'était le moins qu'il puisse faire pour une amie. Peut-être pouvait-il faire plus encore ?

Au fait... Si tu n'as pas d'endroit où loger, tu peux venir chez moi. Il n'y a pas de chambre supplémentaire, mais je peux dormir dans le grenier ou dans la grange avec Krypto.

Ce n'était pas une offre qu'il ferait à n'importe qui - mais elle avait suffisamment gagné sa confiance pour qu'il estime pouvoir se le permettre. De toute façon, elle savait où il vivait : il n'y avait pas plus de risque supplémentaire à l'inviter à dormir.
Après ces mésaventures, elle ne serait sans doute pas en état de rentrer - et avoir un toit au-dessus de sa tête, le confort d'un foyer, contribuerait à la rassurer : elle devait en avoir grand besoin. Bien qu'il n'ait pas pensé à demander la permission, il doutait que ses « parents » y trouvent à redire.

Qu'est-ce que tu en penses ? se permit-il d'insister, lui-même guère sûr quant à la manière dont elle allait le prendre.

S'ils avaient recueilli un bébé alien, ils pouvaient bien accueillir une fille errante, pas vrai ?


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Re: [Smallville, Kansas] Sunday Sunday Jeu 27 Avr 2017 - 18:02

La proposition de Conner l'avait prise au dépourvu. Elle sursauta comme si on lui avait marché dessus. Elle lui lâcha la main comme si elle venait d'ouvrir les yeux sur un excès de familiarité gênant...

Elle était synonyme de troubles et de problèmes. Son nom était danger et il valait mieux ne pas trop traîner à ses côtés si l'on souhaitait faire de vieux os sur cette Terre.

Ses pouvoirs : elle ignorait à peu près tout de leur fonctionnement ; l'Animus : qui était-il réellement, ce monstre orange qui était au-delà de la morale humaine ? ; son armure, sa dague : simplement de l'équipement mystique ou une véritable symbiose maléfique ?

Elle était dangereuse et elle agissait à la manière d'un vampire psychique. Son contact pouvait faire vieillir, pourrir et tuer.

Et dans sa tête... Ça hurlait et ça pleurait et ça cognait et, par moments, elle était folle et furieuse et...

Une larme se forma sur son visage. Et sa lèvre inférieure trembla. Ses jambes aussi. Et sa main devenait coton.

Elle avait vécu à la rue. Loin des siens. Sa famille était un champ de ruines. Sa mère folle. Son père à la rue, comme elle. Jer' était Dieu-seul-sait-où ! Alors, elle avait beau rouler des mécaniques et jurer sur tous les Saints calendaires qu'elle était forte et qu'elle pouvait s'en sortir - seule - et...

... elle avait déjà fait l'erreur de ne pas laisser Tim Drake l'aider.

Et hier elle avait manqué d'être violée et elle aurait pu se dire que - oui - c'étaient des choses qui arrivaient (qui lui arrivaient)... Elle se serait certainement dit cela - pour se consoler - si elle avait traîné plus longtemps ses savates dans la rue et qu'elle avait baissé un peu plus les bras et qu'elle était tombée un peu plus bas...

Courtney avait peur. Peur d'avoir entraperçu un bout de son avenir. Peur de la violence. La subir ou la faire subir. Peur d'être laissée sur le bord de la route et de ne plus jamais pouvoir reprendre le cours d'une vie normale.

Alors, elle se laissa aller... et ses genoux cessèrent de trembler et sa gorge se fit moins contractée et son cœur se ralentit car, oui, elle avait une fenêtre qui venait de s'ouvrir et que, oui, elle allait saisir sa chance alors, simplement, d'une petite voix, elle dit :

"Merci..."

Et ce fut tout pour aujourd'hui.

[Merci Conner pour ce RP ^^ Tu as gagné une squatteuse chez toi ^^]
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