Panser les blessures... Avant la guerre [PV Maggie] [Post SVM]

Je tombais. D'un autre côté, c'était logique. Je venais d'envoyer un building dans le vaisseau-mère de Brainiac... alors que sa technologie interférait avec ma capacité à absorber les émotions pour avoir de l'énergie. Résultat... Maintenant j'étais à sec. Même ma personnalité démoniaque ne pouvait continuer et j'avais fini par reprendre le contrôle... Par défaut. En clair, une zone anti-magie me permettrait de mieux me contrôler... Je notais l'idée.
Mais pour l'instant, il valait mieux se concentrer sur comment éviter de se transformer en flaque sur l'asphalte. Alors pour cela... Il me fallait de la magie. Donc autant sortir la réserve de secours... Le cristal de Maggie apparut dans ma main, et je m'excusais d'avance de devoir dévorer une part de sa bonne humeur, malgré les épreuves que l'on avait vécu...
Alors première étape... Ralentir la chute. Les portails conservaient la vitesse et une chute à plusieurs km/h dans ma maison ne serait pas... Bon.
Donc, ralentir la chute. Sentir le vent couper mon visage comme des lames alors que je voyais Métropolis... En ruine. La cité de Demain, dans un état tel que sa reconstruction serait difficile. Pratiquement impossible... Dammit.
J'avais échoué. Tout simplement... Echoué. J'avais pu sauver une poignée de personnes, et quelques âmes... Pratiquement au prix de la mienne...
MAIS. Ce n'était pas le moment de s'apitoyer... Alors...
Ma chute se ralentit... avant de s'arrêter à même le sol. Mes pieds touchèrent délicatement le trottoir en ruine d'une rue dévastée. Les machines étaient détruites. Je me sentais de nouveau capable de scanner les émotions... Rien. Rien qui m'aurait donné le jus nécessaire pour participer à la bataille finale, je le savais...
Alors plutôt que d'être un boulet... J'ouvris le coeur amer un portail vers chez moi. Du sang coagulé était sur moi. Du mien, du à l'abus de mes pouvoirs dans ces conditions extrêmes... Et celui des innocents que je n'avais pu sauver. Quelques blessures... Physiques et mentales.
Je traversais le portail... Avant de m'écrouler sur le canapé de ma demeure. L'adrénaline quittait mon corps et j'étais enfin à sec. Plus de magie. Plus de force physique. Juste une fatigue et des remords digne d'une super héroïne qui avait échoué...
Et même pas la force d'allumer la télévision pour avoir plus d'informations sur Métropolis.

Maggie, Maggie, où étais-tu pendant que Metropolis brûlait? Oh vous savez, dans une dimension pas trop loin à tenter d’empêcher une invasion. Vous savez, un illuminé décide qu’il veut envahir ce qui se trouve de l’autre côté du portail et cet autre côté, c’est la Terre? Voilà. Ce genre de scénario. Après les événements qui avaient vu le côté démoniaque de Raven se servir de moi comme un vulgaire pion, il avait fallu que je remonte la pente en faisant quelque chose de constructif. Quelque chose de mes dix doigts. Sauver le monde, voilà qui se qualifie merveilleusement bien vous ne pensez pas? Moi si, en tout cas. Donc je m’étais rendu sur place et j’avais dû mener de longues négociations, fais quelques petits tours avec mes pouvoirs pour faire valoir mon point et ultimement… Finalement, envahir la Terre, c’était un peu con quand même.

Ce n’est pas toujours aussi facile, bien sûr. Des fois, les illuminés sont beaucoup plus difficiles à convaincre. Dans ces cas-là, je me sers de mon talent naturel pour les mauvais coups pour régler la situation. Ça ne fonctionne pas toujours à 100% mais au moins l’effort y est. Pendant, donc, que les choses allaient pour le pire à Metropolis, de mon côté, tout allait pour le mieux. Je pourrais même rentrer plus tôt et passer du temps avec Raven. En temps normal, j’aurais dû rendre visite à mes parents, rendre compte de ce que j’avais fait et tout mais quand on finit plus vite, on peut partir plus vite. Et une chance d’ailleurs! Mon père allait se lancer dans un énième récit impliquant Superman. À force, ça devient lassant. Direction la maison, notre maison où j’espérais arriver avec un peu d’avance pour préparer quelque chose à manger pour Raven. Cuisiner pour l’être aimé.

Sauf que rien ne s’est passé comme prévu, en fait. Comme dit plus tôt, je ne savais pas ce qui s’était produit à Metropolis et ma téléportation à la maison, à St-Roch, s’étant déroulée sans encombre, je ne suspectais en rien qu’il ait pu se passer quelque chose. Ceci dit, passant par le salon pour rejoindre la cuisine, la forme presque immobile et ensanglantée de Raven, mon cœur manqua de s’arrêter dans ma poitrine. Qu’est-ce qui s’était passé? Comment c’était arrivé ça? Je me précipitai à ses côtés, cherchant un pouls, une respiration. Elle était vivante! Quel soulagement! La simple pensée que j’aurais pu l’avoir perdu sans même un au revoir… J’en aurais presque eu des frissons. Il allait falloir que je m’occupe d’elle, à commencer par la nettoyer puis la soigner. Je pris la ténébreuse sorcière dans mes bras, délicatement, avant de me diriger vers la salle de bain.

Mais que s’était-il passé? L’eau du bain commença à couler, un bon bain chaud et j’utilisai mes pouvoirs pour faire disparaitre les vêtements de Raven (excepté les sous-vêtements, donc culotte et soutien-gorge) avant de la déposer dans l’eau. Du savon, une débarbouillette et j’allais pouvoir la débarrasser de ce sang. Si inquiète que j’étais, je me rendis compte que je n’avais pas encore dit un traitre mot, moi qui en général est toujours bavarde! Ressaisis-toi Maggie, Raven a besoin de toi alerte, présente, avec une tête sur les épaules. Du nerf ma grande. Ta voix ne dois pas trembler et tu dois avoir un ton de voix assuré. Autrement tu risques de l’inquiéter et donc de la faire stresser et je ne veux pas ça. Je ne veux pas empirer les choses, ce serait bien le comble. Le contrôle de ses émotions. Le contrôle de ses émotions. Contrôle… Tu peux le faire Maggie.

« Eh ma belle… Je suis rentrée. Je vois que je ne suis pas la seule à avoir eu toute une journée… Non. Ne dis rien. Reprends des forces, je vais m’occuper de toi. Je vais te nettoyer, après je t’amène dans la chambre, dans ton grand lit, je te fais une bonne soupe poulet et nouilles, je t’amène du chocolat et je reste à ton chevet. Ça va aller maintenant, je suis là. Tiens, prends ma main si tu veux, ça va te faire du bien. »

Toujours dans les vapes... Je me retrouvais devant mon père. S'il n'avait pas le pouvoir d'agir, rien ne l'empêchait d'observer... Sauf certains lieux extrêmement bien protégés ou les endroits sacrés. Métropolis avait pas mal de qualités, mais, elle ne faisait pas partie de ces deux derniers cas. Oh que non. Il ne dit pas un mot alors que je m'asseyais pour observer depuis ses portails d'observations... La dévastation. 90% de Métrolopolis était en ruine. Le nombre des victimes devait probablement atteindre le million. Possiblement plus... Alors oui, les explosions sur le vaisseau me faisait du bien, un peu de baume à l'âme... Ca et l'immeuble que j'avais lancé avec mes dernières forces démoniaques...
Mais j'avais été impuissante.
Pour le coup, même mon père ne dit rien. Oui j'étais sa fille et je serais plus que probablement son héritière. Mais ce jour n'était pas encore arrivé. Attention, ce n'est pas pour autant qu'il me consola ou me laissa pleurer près de lui. Il claqua des doigts pour me bannir... Ne voulant pas entendre les pleurs d'une perdante. Une absence de reproche et de commentaire était déjà beaucoup de sa part...

Je me réveilla... Chez moi. Logique, seul mon esprit avait quitté momentanément ce lieu. Pas mon corps... Par contre, je me souvenais de m'être effondré sur mon canapé en tenue de civil... Tenue qui avait dû se mettre en lambeau après le passage en mode Reine noire... Merde...

"Eh ma belle… Je suis rentrée. Je vois que je ne suis pas la seule à avoir eu toute une journée… Non. Ne dis rien. Reprends des forces, je vais m’occuper de toi. Je vais te nettoyer, après je t’amène dans la chambre, dans ton grand lit, je te fais une bonne soupe poulet et nouilles, je t’amène du chocolat et je reste à ton chevet. Ça va aller maintenant, je suis là. Tiens, prends ma main si tu veux, ça va te faire du bien."

Je tournais mon regard vers celle qui venait de parler ainsi. Maggie. L'une des rares personnes que je n'avais pas peur de blesser par inadvertance. Une des rares personnes dont je n'arrivais à lire que les sentiments.
Les larmes me montèrent aux yeux. Elle était là. Elle que j'avais eu peur de ne pas revoir durant tout Métropolis. Car honnêtement, on parlait de Brainiac et Satanus. L'un et l'autre auraient pu retenir mon âme indéfiniment. Mon père n'aurait eu aucun moyen d'agir étant donné que j'étais sa clé et que j'aurais été hors d'état de l'invoquer. Mes frères étant dépourvus de pouvoir, il n'aurait pu les envoyer m'aider.
J'étais passé à deux doigts d'un sort pire que la mort et j'étais tout simplement chanceuse d'avoir un côté démoniaque qui m'avait permis de m'en sortir. Mais j'avais eu peur durant toute l'attaque. Je n'avais réussi à sauver qu'une fraction infime de civil... Quoique mon duo avec Jinx avait sans doute eu le mérite de concentrer Satanus sur nous. Moins de pertes civiles ? C'était une bonne question...
Mais je n'en étais pas certaines. Mes actions n'avaient eu qu'un effet minime. J'étais l'Orgueil de Trigon... et j'avais été impuissante à protéger ceux que j'avais juré de protéger. Un gamin était mort en me sauvant.
Je laissais tout couler, pleurant toutes les larmes de mon corps... Rien n'émanait. Même cette crise de nerf n'était pas alimentée par ma magie. Je n'avais plus rien en moi pour le moment, et c'était pour le mieux... Car là, j'étais dans un sale état.

"Métropolis... Ca a été un massacre ! Des morts partout ! Partout ! J'ai rien pu faire Maggie !"

Pleurais-je dans ses bras, alors que j'étais mouillée... Bain chaud ? ... elle était trop attentionnée... Mais là, je m'effondrais.

Je n'avais servi à rien.

« Oui parce que j’ai eu tellement fière allure à Détroit, j’ai pu tout faire et sauver tout le monde. Tu vois Raven, c’est pour ça que j’emmerde les super héros. Ils mettent la barre tellement haute que tout le monde croit que seul le succès total est acceptable. Concentres toi sur ma voix ma belle. Tu as sauvé des gens, oui ou non? Et ne me parles pas de chiffres. Ça se répond par un mot de trois lettres. »

Raven ne va pas bien. C’est évident. Elle vient tout juste de survivre aux événements de Metropolis dont j’ignore toujours tout. Correction. Dont j’ignorais tout. Une petite manipulation de la réalité et me voilà nanti du résumé global. Bordel, c’est pas joli joli tout ça. Je comprends qu’elle soit si ébranlée. Pauvre Raven… Effectivement ça doit être dur à encaisser mais on va passer au travers. À nous deux, ça devrait le faire. C’est ma petite amie et c’est mon devoir que de veiller sur elle. Une chance que j’ai réussi mes négociations de mon côté, Metropolis plus une invasion dimensionnelle… Autant dire que ça aurait été le pire des bordels. Alors comme ça Metropolis a morflé un max? Eh ben. En même temps, devrais-je être surprise? C’est la ville du Superman donc… Ça en fait une cible de choix pour n’importe quel super vilain ambitieux.

Un super vilain disposant de ressources suffisantes pour neutraliser Raven. Il y a de quoi avoir froid dans le dos oui. Mais je ne dois rien en laisser paraitre. Ma peur, mon inquiétude, je dois tout garder pour moi, ne laisser filtrer que le positif pour aider Raven à guérir. Ce ne sera pas facile, évidemment. La pauvre doit avoir subi un sévère traumatisme. Ça ne m’empêchera pas d’essayer par contre. Sur ce coup-là, vous pouvez être sûre que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour l’aider. Toutes mes énergies positives l’entourent comme un cocon protecteur. Autant l’aider à se régénérer un peu. Pas besoin d’être un génie pour se douter qu’elle est complètement vidée. On ne survit pas à l’apocalypse sans séquelles. Pauvre Raven… Je ne te laisserai pas tomber, tu peux en être sûre. Je suis là et je resterai là. Un bon bain chaud, du support moral…

« Je sais que tu as fait de ton mieux. Je te connais. Tu n’aurais jamais laissé ces gens sans réagir. Et avant de me dire que tu aurais pu faire plus, expliques moi pourquoi alors un paquet de héros manquaient à l’appel. En fait non. Ne m’expliques rien. Je ne veux pas que tu parles, je veux que tu te reposes. Que tu reprennes des forces. Nourris toi de mes émotions et quand tu iras mieux… On parlera. »

Zen Maggie. Zen. Si tu t’emportes, tu ne vas rien arranger. Tu vas même empirer les choses. Pour le moment tu dois être une boule d’amour et d’affection. Tu dois absolument être… Comment dire… Parfaite dans le rôle de la copine aimante et attentionnée. Je le suis, attention! Mais je suis aussi quelqu’un qui peut avoir le sang chaud quand ceux qu’elle aime et apprécie sont en danger ou ne vont pas bien. Que je sache, je ne suis pas un monstre au cœur de pierre alors oui, je suis prête à me lever pour défendre mes amis et mes proches. Peut-être moins mon père mais ça c’est une autre histoire entièrement. Et puis Raven peut pleurer tant qu’elle veut, je n’en dirai rien à personne. Je sais très bien garder les secrets, après tout. Tout va bien aller Raven, je suis là…

"Maggie... Y a un môme qui est mort car j'ai pas été capable de réagir quand j'ai vu que ma magie avait disparue ! J'ai mis 10 secondes avant de réagir ! Il a fallu que mon PERE me fasse réaliser que je doive bouger pour ne pas mourir ! Mon père m'a engueulé et là, il avait raison, et pasq qu'avec sa morale bizarre !"

"Je t'ai entendu !"

Fit-il dans ma tête, alors que je pleurais encore contre Maggie. Mes cheveux étaient mouillés et l'eau dans la baignoire n'était plus transparente. Elle était rouge du sang des gens que j'avais échoué à protéger...

"..."

Je sanglotais dans ses bras. J'avais... J'avais besoin que l'on prenne soin de moi, au moins quelques minutes...
Puis, les yeux rouges d'avoir pleurer, je la regardais.

"Maggie ? Je peux avoir des vêtements s'il te plaît ? J'ai... J'ai besoin de regarder les informations. Je veux savoir comment cela s'est finie. Ce qu'il s'est passé."

J'en avais besoin. J'avais fui le champ de bataille... J'avais fui les morts. J'avais fui par impuissance. C'était au moins de mon devoir de regarder ce qui s'ensuivait... Malgré le chaos qui régnait dans mon esprit et dans mon coeur... Heureusement que j'étais à sec actuellement, sinon, la maison n'aurait pas aimé les dégâts que j'aurais causé....

Ok… Rien dans le manuel de la parfaite petite amie ne vous prépare à ce genre de déclaration… Le gamin mort devant ses yeux, ce n’est pas ce qui me dérange. Des gens meurent, tous les jours et quel que soit l’âge, je n’ai jamais compris la distinction que font les humains à cet égard. Il existe des êtres parmi les dimensions qui ont une espérance de vie de vingt-quatre heures, d’autres de millions d’années. Pleurons-nous ceux qui ont à peine une journée à vivre pour profiter de leur existence, arrachés trop tôt à un avenir potentiellement prospère? Non. Non en fait ce qui me choque c’est le fait qu’il ait fallu que son père intervienne. Vu le niveau de puissance de nos parents respectifs… Et ce que nous, en tant que progéniture, sommes capables de faire… Il a fallu que ce soit quelque chose de vraiment, vraiment costaud.

Mes pouvoirs me permettent de savoir ce qui s’est passé et ce qui se passe en ce moment est de peu d’importance. Mais Raven veut savoir et je doute que ce soit une bonne idée. Mes grands yeux, si expressifs, le démontrent clairement. Non. Elle a besoin de se reposer, elle a besoin de panser ses blessures et de se changer les idées. Lui faire voir ce qui se passe à la télé pourrait, bien au contraire, aggraver son état. Je remarque l’état de l’eau du bain, retiens un juron particulièrement vicieux et altère la réalité pour que ce soit de l’eau claire, chaude et légèrement parfumée. Des fois, Maggie… Tu ne vas pas la laisser tremper dans cette eau dégueulasse! Et tu ne vas pas lui laisser regarder les nouvelles. C’est hors de question. Bon, mesure de sécurité élémentaire : faire disparaitre toutes les sources potentielles de médias de la maison. C’est tricher mais bon.

« Ma belle… Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Tu as subi un traumatisme, tu as besoin de guérir. Au moins de te donner une pause. Je… Je ne peux pas te laisser faire. Je ne veux pas que tu souffres davantage. Tu es encore en état de choc. Tu ne peux pas me demander, en bonne conscience de… Faire ça. »

Je ne veux pas qu’elle souffre. N’importe quelle personne sensée ne voudrait pas que l’être aimé souffre. En tant que puissante sorcière, même à sec, elle sait que j’ai utilisé mes pouvoirs. Elle ne sait pas pourquoi, elle pourrait s’en douter car je suis un livre ouvert devant elle et si elle ne s’en doute pas, elle finira par s’en douter. Elle sait comment je pense. Une serviette, des vêtements, ça je peux lui donner. Mais la télé, je refuse. Quoi qu’elle dise, quitte à ce que ça dégénère en dispute, je refuse. Elle va se faire du mal et je ne veux pas ça. Je sais que Raven est quelque de fort. De solide. Mais là, elle a été fragilisée par les événements et je ne veux pas qu’elle s’effondre. Si elle se pousse trop à bout, rien de positif ne peut en résulter. Je t’en prie Raven. Sur ce coup, ne t’opposes pas à moi. Je n’ai pas envie de me disputer par-dessus le marché. »

« Si tu veux t’habiller… Ok. Je suis plus d’avis que tu as besoin de sommeil et de réconfort mais je te fais confiance. Et il faut que tu manges quelque chose, tu as une mine affreuse. S’il te plait Raven. Donne-toi une chance. Tu sais que je ne dirais pas ce que je te dis si je n’avais pas ton bien à cœur. Tu es précieuse à mes yeux. Je ne peux pas parler pour ton père mais moi, je m’inquiète pour toi. Sincèrement. »

"..."

Je regardais Maggie. Oui j'étais à sec et je ne pouvais même pas pratiquer de télékynésie mineure. En revanche, sentir ma moitié user de sa magie pour littéralement m'empêcher de voir les informations en faisant disparaître toute forme d'électronique ?
... Inquiétude. Elle s'inquiétait pour moi... Car elle se souvenait de Détroit. La plus grosse crise de notre relation, même si on avait aplani les choses. Elle avait peur de ma réaction si je voyais un second échec de ma part. Que je m'effondre... Objectivement...
Je devais m'efforcer de réfléchir objectivement. C'était comme cela que je faisais en temps normal. Ne pas me laisser emporter par mes émotions. Utiliser ma raison.
Je soufflais un coup dans le bain qui venait de reprendre une bonne température et une couleur claire... C'est bien que Maggie commence à utiliser ses capacités ainsi. Ne pas m'avoir simplement nettoyé en altérant la réalité, mais en aidant simplement la réalité. C'était beaucoup plus simple et doux pour celle-ci.
Alors objectivement ? Je suis une pelote de nerf. J'aurais eu de la magie que la maison aurait explosée plusieurs fois maintenant.
Je soufflais... Il allait falloir que j'attende le lendemain pour savoir. Essayer de me faire câliner. Manger un coup mais il y avait un problème...

"... On a plus grand chose à manger. J'étais... Partie profiter des promotions à Métropolis."

Et j'avais laissé le sac dans la boutique. Boutique que j'avais ensuite convertie en arme contre des robots tueurs...

"Bon... Je regarderais demain les infos. Mais je te préviens, je veux récupérer notre électronique... Si tu veux que je me repose, je vais avoir besoin de ne pas réfléchir et d'avoir beaucoup, mais alors beaucoup de câlins."

Me voilà soulagée et pas qu’un peu. Raven a décidé de se ranger de mon côté de la logique. Mon stress vient de chuter comme une tonne de briques. Là certains d’entre vous vont dire : mais arrêtez ce pseudo romantisme et faites quelque chose d’héroïque! Et empêcher St-Roch de finir en Pompéi, ce n’est pas assez héroïque pour vous ça? Je n’ai pas oublié Détroit. Je n’oublierai jamais Détroit. C’est et ce sera mon tourment pour l’éternité. Je refuse d’être témoin une deuxième fois de la destruction dont Raven est capable, pire encore celle dont JE suis capable. Et pour lui montrer que je lui fais pleinement confiance, tout ce que j’ai fait disparaitre réapparait. Branché et tout mais fermé et je m’assure qu’aucun signal entrant ne va venir nous déranger. Je dois l’aider à reprendre du poil de la bête. À redevenir une super héroïne fonctionnelle. Et plus personnellement, à redevenir MA Raven. Quel merdier. Mais quel merdier.

Pas le fait que Raven soit amochée, à tous les niveaux, non. Ça je peux gérer. C’est une partie bien présente et bien réelle de nos existences. Elle en tant que super héroïne, moi en tant qu’électron libre. Je ne le dirai jamais assez. Je ne suis PAS une super héroïne. J’ai des pouvoirs, oui. Et je fais ce que je veux avec. Le bien, la plupart du temps, et des blagues. Et en plus, dans notre vie de couple, c’est de savoir jongler avec cette variable supplémentaire. Non le merdier dont je parle est tout autre. Je parle de Metropolis. Je parle de ce que ma petite manipulation de la réalité, pour savoir ce qui s’est passé, me dit. Vous pensez vraiment qu’une telle attaque sera sans répercussions? Je sens venir les emmerdes comme un train lancé à toute vitesse et sur le point de dérailler. Non. Raven doit se reposer. Reprendre des forces. Et ensuite… Bah ensuite on verra.

« Merci Raven. Du fond du cœur. Tu ne sais pas à quel point je suis soulagée. Je te fais confiance après tout. Je vais m’occuper de toi jusqu’à ce que tu ailles mieux. Et si demain, tu te sens assez forte… Je te laisserai regarder les nouvelles. Et ne t’en fais pas. Je veillerai sur toi. Personne ne viendra te déranger. Pas même ton père s’il sait ce qui est bon pour lui. Ce n’est pas le moment de me mettre en rogne. »

Je l’aide à sortir du bain, je la sèche, je la traite comme une princesse. Non. Une reine. Et pour la bouffe, j’ai toujours mes provisions secrètes, je ne suis pas inquiète. Une petite poche dimensionnelle transformée en réserve pour planquer de la bouffe, ce n’est pas un usage responsable de ses pouvoirs, d’accord mais quand est-ce que j’ai été la plus sage et la plus mature? Vous avez la réponse à votre question. Je vais donc préparer un de ces repas à Raven, tout en couleurs et en saveurs pour essayer de lui faire oublier ce qui s’est passé. On prétend que le plaisir des sens peut occulter bien des choses. On va tester cette théorie. J’ai câline Raven, je l’ai presque noyée sous les émotions positives… Je vois mal ce que je pourrais faire de plus dans l’instant, pour tout dire. Plein d’amour et de compassion, on peut rarement faire plus positif.

« Tu vas rigoler mais… Ma mère fait dire bonjour. Oui. Madame banquise en personne. Je crois qu’elle t’aime bien en fait. Elle a même demandé quand tu viendrais dîner à la maison. Pour tout te dire, j’ai failli m’étouffer. Je serais presque jalouse : on dirait qu’elle s’intéresse plus à toi qu’à moi. Mais c’est bien en fait parce que ça veut dire qu’elle t’accepte dans la famille! Allez, dis-moi ce que tu veux manger, je me charge du reste. Parles moi Raven. Tu m’inquiètes. »

"... C'est une manière de voir la chose. Je crois simplement que ta mère est très mauvaise pour exprimer ses émotions... Quand tu étais pas bien... Elle a plus ou moins menacé de me rayer de l'existence vu que je t'avais fait souffrir."

Dis-je en buvant un peu du soda qu'avait préparé Maggie... Avec un soupçon de culpabilité. Je ne savais toujours rien sur l'état de Métropolis et moi j'en profitais en me faisant câliner...
Bon... Je devais déstresser... Maggie bloquerait toute tentative de me renseigner, je le savais. Donc inutile d'essayer. Quand elle le voulait, elle était très perspicace... Et là, elle me surveillerait pour me chouchouter. Donc, mission impossible.

Alors, autant profiter du repas, même si cela était difficile. Manger, boire... Se régénérer un peu de magie en absorbant la bonne humeur et l'amour de Maggie... Un goût sucrée dans les lèvres me traversa... Comme une guimauve extrêmement douce et sucrée. Rose. C'était délicieux. Tout autant que de voir Maggie s'agiter pour moi...

#Test, test... Raven ? Raaven ?"

Mais bien évidemment, cela ne pouvait pas durer. Voilà que mon père venait de me contacter et il ...

#Je t'entend tu sais ? Bref. Dis à ta petite amie d'allumer la télévision. Très sérieusement. Si je te disais ce qui se passe, tu croirais à un plan foireux de ma part.#

...
Je restais interdite un moment. Père... Père ne parlait pas comme ça, sauf cas exceptionnel... Il fallait sérieusement que cela soit important pour qu'il agisse ainsi... Surtout que si mon père pouvait agir fourbement, on ne pouvait lui retirer la qualité suivante : il détestait le mensonge. S'il disait que ce n'était pas un mensonge... Il y avait 3 chances sur 4 pour qu'il dise la vérité (il restait un démon malgré tout).

"Maggie ? Je suis désolé, mais je viens d'avoir... Mon père. Ce qui est moins rigolo que ta mère j'en conviens... Bref. Il dit que c'est urgent de regarder la télévision..."

... J'aurais largement préféré continuer le câlin avec Maggie, avec des sashimis tout en discutant d sa mère, mais apparemment l'univers avait décidé de m'emmerder. Autant l'accepter et savoir à quelle sauce je devais m'attendre cette fois-ci.

Bon, les choses semblent en bonne voie de s’améliorer. Lentement mais sûrement. Ne rien brusquer, Maggie. Ne rien brusquer. On pourrait s’attendre à ce que les immortels aient la patience des glaciers mais je suis encore jeune moi! Alors… Comme n’importe quelle personne qui grandit encore et qui mûrit, je suis impétueuse. Éventuellement, peut-être, je deviendrai plus comme Raven. Réfléchie. Patiente. Prudente même. Mais en attendant, je voudrais que la fille de Trigon aille mieux tout de suite. Pas par égoïsme, parce que cela affecte ma vie de couple. Non. Par altruisme car je n’aime pas voir Raven souffrir. Je vais m’occuper d’elle, l’assister à chaque étape de sa guérison. Je serai là pour elle et ferai ce qui est en mon pouvoir pour l’aider. Je sais être mature et responsable quand il le faut, je ne tiens pas que de mon père.

Nous mangeons. Raven me parle. Tout semble aller un peu mieux. Je sais, je le redis mais pour moi, c’est encourageant. La belle sorcière est encore fragile, après tout. Je ne compte pas prendre de risques inconsidérés. Un pas à la fois. Lentement, oui, mais sûrement. Ce n’est pas mon genre, je le sais. Mais je le fais quand même. Je dois le faire. Précipiter les choses ne peut mener qu’à la catastrophe. Qui veut ce genre de chose, je vous le demande! Je continue de lui envoyer… Enfin. De la bombarder d’émotions positives, histoire de l’aider à reprendre du poil de la bête. Moi, ça ne me coûte rien et elle, ça lui fait du bien. C’est une situation gagnante pour nous deux et… Pourquoi elle fait une drôle de tête tout d’un coup? Qu’est-ce qui se passe? Je me demande… QUOI!? Mais dites moi que je rêve! Je vais en faire du démon effiloché moi, vous allez voir!

Non mais il est idiot ou vraiment idiot, le père de Raven? Il n’a aucun respect! Aucun jugement! J’essaie de permettre à Raven de remonter la pente et lui il veut que j’ouvre la télévision? Pauvre abruti, si j’ouvre ce truc, c’est un plan à ce que Raven se tape la culpabilité du survivant! Je refuse! C’est absolument hors de question! Il faudra me passer sur le corps avant que j’accepte une telle idée! Me passer sur le corps vous entendez! Et je suppose que ma réaction, violente bien malgré moi, est un excellent indicateur de mes pensées meurtrières vis-à-vis du géniteur de Raven. Maggie merde ressaisis toi et vite, tu dois envoyer du positif à Raven, et à la pelle qui plus est! On se concentre! Zen Maggie! Calme Maggie! Mais il ne paie rien pour attendre ce Trigon et ce même si je dois y laisser des plumes car je vais… Papa!? Mais tu fais quoi là?

Figurez-vous que mon père a décidé de faire comme celui de Raven. Communication télépathique. Comment il a fait son coup, je ne sais pas. Mais je peux vous dire que je l’ai rarement vu si sérieux ou si lucide. Et c’est ce qui me fiche une trouille pas possible. Parce que ce qu’il me dit est vrai. Je veux protéger Raven. Mais à vouloir trop la protéger, c’est revenir à dire que je ne lui fais pas confiance, que je ne la crois pas suffisamment forte pour affronter… Tout ça. Ce qui est vrai sans être vrai. J’ai peur que l’autre revienne. La méchante Raven qui a failli tout détruire dans notre couple. Qui m’a fait faire… Ce qui me hante la nuit. Du coup je me demande : qui est-ce que je cherche à protéger de quoi? Elle ou moi? Ma main tremble quand je m’empare de la télécommande et je suis presque convaincue que je vais regretter ce que je vais faire.

« Raven, écoutes moi bien. Nous avions une entente. Un accord. Là, tu me demandes de briser cet accord sur un caprice de ton père. Je te le dis ici et maintenant. Si c’est un coup fourré ou quoi que ce soit de nocif, il va expérimenter quelque chose de vraiment désagréable et il va se demander pour les dix prochains siècles comment j’ai réussi mon coup. Je me fous de sa puissance ou qui il est. Si sa petite combien te fait du mal, il va le payer au centuple. Compris? Maintenant, j’ouvre la télé… »

"Maggie. Dans le cas où c'est vraiment important car cela risque de nous retomber dessus, on va dans ta bulle pour passer notre soirée dans un endroit où le premier de nos parents qui viendraient nous embêter pour une raison x ou y, se prendrait suffisamment de casserole pour ouvrir un magasin de quincaillerie."

Dis-je avec mon flegme habituel. A vrai dire, ce n'est pas comme si j'étais maintenant abonnée aux embrouilles cosmiques. J'en avais une chaque matin maintenant, alors une de plus, une de moins...
En tout cas, c'est ce que je pensais en allumant la télé... Pour voir une allocution d'Amanda Waller. Avec le petit bandeau d'information "Nouvelle Présidente des Etats-Unis"
Je regardais le truc en mode clairement sonné... Car je l'étais. Ce n'était pas Slade le président aux dernières nouvelles ?! Depuis quand, cette grosse saleté d'Amanda Waller était-elle à sa place ?! Et oui, je me permettais ce langage, car j'avais senti son âme. Sa surface.
Ce que j'en avais perçu m'avait glacé le sang. Je préférais encore et de très loin Deathstroke. Mais genre de très très loin.

"Puta*n. Mon père avait raison."

La suite de l'allocution lui donna effectivement raison. Amanda Waller voulait passer l'intégralité des héros sous son contrôle effectif. Tout le monde devait être recensé et à ses ordres.
Rapidement mes méninges se mirent en marche. Quid de ceux qui ne voulaient pas ? Genre Batman probablement ? Non, car deux points de repères efficaces pour savoir si tu étais du bon côté de la ligne, c'était de voir où était Batman et Superman.
Or, Batman, demander l'autorisation du gouvernement pour combattre le crime...
Je bus mon chocolat chaud.
No comment. Ne parlons même pas des gens comme Constantine d'ailleurs. Et Green Lantern ? Cela risquait pas de causer un incident diplomatique avec les forces de l'ordre galactique ?!
Je me frottais les yeux...
Avant de me rendre compte que cela pouvait affecter une autre catégorie de personnes.
Ceux qui avaient des pouvoirs d'un autre monde. Ceux qui représentait une menace potentielle, mais qui ne souhaitait pas en être une. Je ne sais pas pourquoi, mais une femme comme Waller... Je doute qu'elle leur donne un chocolat chaud et un sourire pour leur dire de continuer le travail.
Une balle dans la tête et le corps réduit en cendres sans le moindre registre ou trace que cela soit arrivé...
Déjà plus.
Hors de question que Maggie subisse cela...

"... Maggie ? Bulle. Et va falloir éviter la maison quelques temps, car j'ai pas réellement envie de rencontrer les équipes de recrutements de Waller... Car je ne crois pas qu'une personne semblable à un humain avec des pouvoirs pouvant contester son autorité soit autorisé dans son petit monde à elle..."

Je n’écoute pas ce qui se dit à la télé car je suis furieuse. Oui, évidemment, Raven et son pragmatisme ont raison mais c’est une question de principe. Quand on s’entend sur quelque chose, on honore ce qui a été dit, point final. Je me fiche éperdument des tenants et des aboutissants. La confiance c’est tout dans un couple et là, Raven flirte dangereusement avec le bris de confiance en faisant ce qu’elle fait. Et tout ça à cause de son horrible père. Lui je ne vais pas le rater si jamais on se rencontre. Dans ma famille on est soit blasé de la vie ou capricieux. Je ne dis pas que c’est une excuse valable, je dis juste qu’on est comme ça. Personne n’est parfait et ne comptez pas sur moi pour prétendre à la chose. Stupide démon surpuissant qui pense se mêler des affaires de tout le monde parce qu’il peut le faire. Tu vas la sentir passer cette gifle dimensionnelle!

Raven regarde la télé et moi je fulmine. Raven et moi sommes une équipe. Nous veillons l’une sur l’autre. En ce moment, Raven devrait être en maillot de bain sur une plage à récupérer de ce qui s’est passé à Metropolis, à siroter un « drink » coloré et sucré en pensant à tout sauf à ce qui s’est passé. Lui permettre de se vider la tête, prendre soin d’elle… Elle ne devrait pas être en train de regarder je ne sais quoi. Stupide Brainiac et sa stupide invasion de cette ville stupide qu’est Metropolis avec ses stupides défenseurs incompétents et… Pause Maggie. Tu es injuste dans ce que tu penses parce que tu es furieuse car tu t’inquiètes pour Raven. Et j’ai raison de m’inquiéter pour elle. Ce qu’elle a vécu est horrible. Comment se définit en général un héros? Par sa capacité de sauver les innocents. Maintenant, si vous échouez à faire votre « travail »… Qu’êtes-vous?

Mais cette question devra attendre car quand Raven s’adresse directement à moi, je redeviens immédiatement attentive et… Quoi? Bulle, qu’elle a dit. Elle aurait tout aussi pu bien dire « bulle, maintenant » et l’ordre n’en aurait pas été moins clair. Qu’est-ce qui se passe? J’ai dû manquer un épisode… Mais j’obéis, par contre. Une seconde nous sommes à la maison, la seconde dans une de mes bulles dimensionnelles avec toutes mes protections boostées au maximum. Qu’est-ce qui se passe? Je ne sais pas. Mais si Raven dit qu’il faut aller ici, c’est qu’il y a une raison de sécurité. Je suis soudainement super attentive et en alerte. Le reste de ce qu’elle a dit, je n’ai pas capté. Pas retenu. Peut-être même pas entendu. C’est l’urgence dans sa voix qui m’a fait agir presque par réflexe. Je la regarde, inquiète, ne comprenant pas trop ce qui se passe, pour tout dire.

« Raven? Qu’est-ce qui se passe? Tu as dit bulle, ce qui implique des ennuis mais quoi? Metropolis a été attaquée, d’accord. Ce n’est pas la première fois que le monde est attaqué, qu’il y a des pertes, des défaites, ce genre de chose. Qu’est-ce que CETTE fois a de si différent? Et puis en général, tu me demandes des choses, tu ne les ordonnes pas… Sauf quand tu es… Arrière, traitresse! Tu m’as manipulé une fois déjà!

Rends-moi ma Raven immédiatement! Usurpatrice! Tu me penses idiote et désorientée au point d’avoir oublié Détroit? Plus jamais tu m’entends? Plus jamais! Je me souviens vaguement que tu as dit une personne semblable à un humain avec des pouvoirs pouvant contester son autorité soit autorisé dans son petit monde à elle... Et ça c’est toi! Cette fois je ne vais pas te rater, gemme, ton ex petit copain débile ou je ne sais quel groupe de tarés comme les Titans! »

Je regardais Maggie un instant... Ne comprenant pas réellement ce qui venait de se passer... Avant de comprendre et de rire. Rire à pleine gorge. Oh mon dieu, Maggie tu me tuais. Sérieusement.

"Je parlais de toi Maggie !"

Fis-je entre deux rires alors que Maggie semblait prête à me sauter dessus pour m'immobiliser... Tandis que je rigolais à en perdre haleine !

"Non, parce que moi ? J’ai un peu l’habitude de fuir les gens qui veulent ma peau. A savoir, mes frangins, divers cultes, les tarés chrétiens… "

Je fis un calin à Maggie, par surprise… Pas question qu’elle pense que j’eusse replonger une nouvelle fois. Enfin, si, j’avais brièvement replonger à Métropolis, mais j’avais contenue la transformation en la plaçant dans une situation où elle ne pouvait qu’agir dans la direction où je l’eu voulu.

" Par contre toi chérie ? Je sais que tu penses être invulnérable… Mais nous autres humains, on est plein de surprise. Et je ne serais pas étonné que Waller connaisse des gens capable de t’immobiliser d’une manière ou d’une autre. Alors je veux pas prendre de risque, et je veux qu’on passe notre soirée repos tranquillement dans le seul endroit sûr que je connaisse. Ici avec toi."

Je la regardais dans les yeux, pour qu’elle sache que je disais la vérité. Sans compter que à cette distance, elle sentait mes pensées… Et sentait que j’étais sincère… Alors vivons heureuse un moment… Vivons cachées.

Oh. C’est de moi dont elle parle. Je… Je deviens rouge tomate, tant par le fait de me rendre compte que je me suis royalement trompé que par le fait que je compte vraiment à ses yeux. Je veux dire, nous formons un couple, oui mais ces derniers temps nous avons plus tenté de sauver le monde, remettre l’autre sur pied et travaillé à avoir un futur digne de ce nom que l’aspect vraiment romantique et amoureux du couple. Je compte encore pour elle, joie et bonheur! Et si elle veut rester cachée ici pendant un certain temps, je ne suis pas contre. De ce que je comprends, on va avoir des ennuis de la taille du mont Rushmore alors… Il va nous falloir un endroit en sécurité pour commencer à faire des plans. Moi je n’ai pas de problème à me préparer. Du tout. Ce serait même un réflexe naturel si nos vies sont en danger, je dis ça comme ça.

« Oh… Tu parlais de moi? Je… Excuses moi c’est…Ce que t’es belle quand tu ris… Je veux dire oui, oui on peut rester ici, en sécurité, le temps de trouver un plan. Parce que… Parce qu’il nous faut un plan, non? En résumé y a une folle qui a pris le contrôle du pays et qui veut tous nous tuer si on ne fait pas ce qu’elle veut, j’ai plus ou moins compris le truc, non? Ça va demander toute une soirée de repos. »

Bon, je pense que je recommence à prendre une couleur normale après avoir ressemblé à un homard plongé dans l’eau bouillante. Une soirée tranquille, on va en avoir besoin. Elle pour récupérer de Metropolis, moi parce que je risque de devoir me faire à l’idée que Maggie, chère Maggie, les principes c’est bien beau mais se battre, des fois, c’est inévitable. Je ne veux pas me battre. Ça je vous le dis sans une once d’hésitation. Sauf que des fois, juste jouer défense… Ça ne fonctionne pas. Et là, j’ai peur de ne pas pouvoir aider adéquatement Raven et ça, ça me terrifie. À quoi ça sert un pouvoir de fou si tu ne peux pas aider tes amis ou ceux que tu aimes avec? Et ne venez pas me sortir la connerie immonde de juste modifier la réalité pour retirer la folle du bureau ovale. Le risque de dommages cataclysmiques à la trame temporelle… Juste non.

Autour de nous le décor change. J’ai envie de quelque chose de plus… Futuriste aujourd’hui. Une grande tour de verre et de métal mais avec de la classe, beaucoup de délicatesse dans les formes et avec de la végétation, aussi. Des plantes pour donner de la vie dans les pièces et tout. Ce n’est pas le chalet dans la montagne, la maison traditionnelle japonaise, l’intérieur style château de Versailles mais que voulez-vous, j’aime un tas de trucs. Pourquoi se limiter à un seul style. Et en plus, la vue tout là-haut sera magnifique. Je prends la main de Raven dans la mienne et nous entrons et pendant le trajet en ascenseur, je ne peux m’empêcher de me poser la question avant de la lui poser à mon tour. Des fois qu’on ne serait pas sur la même longueur d’onde.

« Dis c’est con mais… Moi, je suis pour sauver le monde de temps en temps et tout. Je suis une farceuse avant tout donc le chaos c’est plus mon truc mais tu me comprends. Le problème c’est que pour faire le bien, on dirait qu’on va devoir se tenir debout contre la nouvelle présidente. Sauf que si on le fait, on devient des super vilaines et c’est en général ce qu’on affronte. C’est un peu paradoxal, non? »

Hey je n’ai jamais prétendu avoir réponse à tout et si je pose la question c’est que je reconnais la sagesse et la maturité de Raven. Si près l’une de l’autre, nous pouvons lire nos pensées respectives et je veux la rassurer en lui garantissant la sincérité de mes paroles. Je ne veux pas mal faire, ça non. Sauf que je ne me tiendrai pas contre Raven. Je marcherai avec elle. Elle dit noir, ce sera noir. Elle dit blanc, ce sera blanc. J’ai beaucoup appris de Détroit… J’ai failli la perdre à Metropolis… Et il faudra me passer sur le corps avant qu’on me la prenne. Ceci dit, pour ne pas inquiéter Raven sur des pensées négatives, je pense au premier truc coloré qui me passe par la tête et… NOOOOON! Pourquoi est-ce qu’il fallait que je pense au Epic Nyan Cat? Là ça ne me sortira plus de la tête avant des jours! Désolée Raven, je n’ai pas fait exprès!

[Désolé du retard, j'avais mes derniers écrits et j'avais pas vraiment le temps de RP...]

J'écoutais les craintes, légitimes de Maggie. Il est vrai que par définition, aller contre le gouvernement faisait de soi un criminel... Mais... Cela voulait il dire que cela était mal ? Je ne le pensais pas...

"D'après nos Pères Fondateurs, il est de notre obligation de s'élever face à un régime injuste. Ce qui est le cas ici. Je n'ai aucune confiance en Amanda Waller. Si jamais j'avais l'occasion de lire en elle... Je doute que j'y verrais du bon. Appelle cela un simple pressentiment. Mais vu son discours...

Ensuite, deuxième chose. Si les super-héros passent sous les ordres du gouvernement... qu'est ce qui les empêche de nous militariser ? De laisser le monde sombrer dans les flammes afin d'asseoir leur domination ? Les héros doivent rester libres pour cette raison. Ils sont trop puissants pour appartenir à une nation. Pour lui obéir."

Je pris mon temps pour respirer un instant, continuant ma réflexion...

"De plus, que devra-t-on faire si pour raison d'Etat, on nous demande de ne pas nous soucier des otages ? Car cela arrivera, avec un gouvernement qui applique le "si tu n'es pas avec nous, tu es contre nous"."

Le monde futuriste de Maggie était beau et cristallin... Me rappelant vaguement celui du Dr Manhattan de Watchmen quand ce dernier s'exile sur Mars. C'était beau. La logique n'y avait pas sa place, simplement la beauté. La beauté et la pureté de la chose... La lumière brillait, mais le plus beau joyau de l'endroit me tenait la main...
J'allais alors me remettre à parler... Quand je vis un Nyan cat passer dans le ciel. Probablement générer involontairement par Maggie, au vu de sa réaction... Ce qui me fit rire.

"Quant au plan... Je vais te laisser mon cristal. Oui, Waller en a aussi, mais ... Mais je suis moi. A nous deux, on devrait arriver à a peu près n'importe quoi. Je vais également te demander de ne jamais sous-estimer ceux qui vont être du coté de Waller. Si j'ai bien appris une chose de cet univers, c'est que les Terriens sont capable d'accomplir l'impossible assez quotidiennement. Cela m'étonnerait à moitié que Waller trouve des gens capable de te piéger. Et si elle te piège, elle aura un moyen de pression sur tes parents. Alors, je vais te demander de fuir si tu vois un danger. Si tu ne peux fuir tu m'appelles. Et je viendrais..."

Mes mots étaient simples et doux. Mon plan aussi. Le plus simple serait de rester ici à attendre la fin de la crise mais...
Mais je ne prenais jamais la solution simple, pas vrai ? Je devais continuer à agir comme la bonne sorcière... Car il était si facile d'être mauvais. Il suffisait d'ignorer et le mal gagnait. Hors de question.

C’est con à dire mais pour moi, la fuite est une solution parfaitement valable. Je n’aurais aucun problème à faire ce que Raven me disait, tant que ça n’impliquait pas de la laisser derrière. Et puis bon, c’était un avertissement un peu inutile. Je sais parfaitement que je ne suis ni invincible ni infaillible. Je n’ai clairement pas la prétention d’être plus que ce que je suis. J’ai beau être une farceuse et parfois j’agis de façon moins mature que quelqu’un disposant de pouvoirs prodigieux devraient mais en même temps… Je suis plus proche de l’Humain côté comportement qu’une espèce entièrement composée de sages et de savants. Et vous savez quoi? C’est grâce à cette imperfection que j’ai la chance de pouvoir vivre une vie riche et remplie. Pour profiter de l’existence, il faut accepter d’être imparfait. On grandit de ses erreurs.

« Je ne veux pas te perdre. Ça c’est mon objectif principal. Te protéger. Le reste… On avisera rendu là. Mais tu as raison sur un point. En tant que quelqu’un disposant d’un pouvoir dépassant l’entendement, aucune entité gouvernementale ou s’en rapprochant ne devrait disposer d’une telle puissance. Et si ça devient nécessaire… Bien j’ai toujours ma solution définitive au danger que je pourrais représenter. »

Bon c’est sûr, c’est un peu morbide que de sous-entendre sa propre mort mais je ne connais pas cette Amanda Waller et je suppose que si elle a réussi à prendre le siège du président, elle a plus de la vipère que du bon samaritain. Ce qui veut dire que c’est une méchante qui essaie de convaincre les autres que c’est une gentille. Chose certaine, si elle essaie de me contrôler, je suis parfaitement disposée à m’effacer de la réalité. Tout simplement. Quand je disais que Détroit m’avait vraiment fait réfléchir, je ne mentais pas. Et s’il faut dire les choses telles qu’elles sont, ma mère n’a pas apprécié cette idée. C’est la première fois que je la voyais si en colère et la gifle qu’elle m’a mise venait plus d’une mère terrorisée à l’idée de perdre sa fille que de vraie méchanceté. Il faut dire que je suis son unique enfant, je peux bien comprendre ses craintes...

« Elle aura bien du mal à contrôler ce qui n’a jamais existé, ta Amanda Waller. Si je deviens un danger, j’ai mis en place un plan de secours pour m’effacer de la réalité. J’ai beaucoup apprit de Détroit. Je préfère encore cesser d’être que de devenir une menace incontrôlable. Mais… Nous n’en arriverons pas là. S’il y a bien un truc de constant avec les méchants, c’est que leur règne est toujours éphémère. »

Évidemment, pour moi, dix ans ou dix siècles, c’est un peu la même chose. Même si Waller restait vingt ans au pouvoir… Ce serait quand même bien peu pour moi en termes de durée. En tout cas une chose est sûre : personne ne me convaincre de modifier la réalité pour la retirer du pouvoir. On pourrait se retrouver avec encore pire. La manipulation de la réalité à plus forte dose est terriblement dangereuse. Il y a une différence entre faire apparaitre un billet de cent dollars dans les mains d’un sans-abri et de soudainement faire de ce sans-abri le PDG d’une multinationale. C’est pour ça que je fais plus dans les blagues que dans la réalisation de vœux. Ça a l’air facile mais des fois je me réveille en sueur la nuit en ayant cauchemardé de conséquences apocalyptiques à un geste pourtant simple et inoffensif. Le génie d’Aladdin? De la fiction, oui!

« Moi je dis… Je ne suis pas dans les fichiers du gouvernement. Je doute donc que si elle me voyait, elle saurait même que j’existe. Sérieusement Raven, quand on s’y arrête, aux yeux du commun des mortels… Je suis juste une civile ordinaire. Jamais elle ne ferait attention à moi. Et sinon, je modifie mon apparence et puis voilà. Je suis bien plus inquiète pour toi. Tu as déjà été sous les projecteurs. »

L’ascenseur est arrivé à destination et nous arrivons au somment de la tour. Architecturalement parlant, c’est l’expression de ma bonne humeur naturelle. Des couleurs chaudes, accueillantes. Des reflets chatoyants se reflétant de structures cristallines ou en verre. Cela ne s’inspire d’aucun style terrien mais bien plutôt de ma vision d’une sorte de joie artificielle représentée par un environnement, un décor. C’est sûr, on est loin des pièces plus sombres et tamisées que semble apprécier Raven… Mais ici, on est chez moi. Et comme on dit, à Rome, on fait comme les Romains. Je me jette tête la première sur un immense lit rond et moelleux qui occuperait la place traditionnelle d’un fauteuil. Une île de confort quasiment décadent au milieu de mon petit bonheur. Viens partager ma bonne humeur Raven, quelque chose me dit qu’on va en avoir besoin.

« Moi je te le dis en tout cas. Tu voulais voir la télé, c’est fait. Là, c’est notre moment à nous et tu dois récupérer de Metropolis. Et comme tu n’as pas respecté notre entente, j’exige un massage, au moins des épaules. Je me suis tellement inquiétée pour toi que j’ai l’impression d’avoir échangé mes nerfs pour des câbles d’acier. Tu veux me donner des cheveux blancs avant le temps, avoue, vilaine sorcière! »

Maggie, Maggie, Maggie.

"Je te préviens. Si tu fais le coup de t'effacer de la réalité, je ne te le pardonnerais pas."

Dis-je simplement en la regardant droit dans les yeux. Hors de question que celle-ci parte alors que nous venions de nous trouver. Hors de question qu'elle s'efface et qu'elle n'ait jamais existé pour moi et les autres... Si jamais elle faisait ça... Dans quel état serais-je à la fin ? Le monde ? Détroit aussi ? Certes, elle disait qu'elle avait un plan... Mais j'avais peur de ce plan. De ce que cela impliquait...
J'espérais que l'on en arriverait jamais à cette solution... Et j'espérais honnêtement que cela voulait simplement dire retourner un temps dans son plan d'existence.
En revanche j'étais d'accord avec elle. Trop jouer avec la réalité, cela menait toujours à conséquence. C'est pour une bonne raison que les voyages temporels étaient généralement tabous, ainsi que la résurrection des morts ou ce genre de chose. Tu ne savais jamais comment cela allait se terminer, mais la réponse était invariablement ou presque : "Horriblement mal."

Par contre, Maggie marquait un sérieux point. J'étais plus que probablement dans les fichiers de Waller, contrairement à ma changeuse de réalité préférée... Après, à quel degré serais-je dans les dossiers ? Peu de gens à par ma génération de Titans étaient au courant de mon origine démoniaque. Pour beaucoup, j'étais juste une magicienne très puissante avec un problème de contrôle de ma puissance. Dans mes ennemis... Hum... Mes frères, mais ils n'étaient pas suicidaires au point de le crier sur les toits... Deathstroke, mais là dessus, je lui faisais une relative confiance... Jericho. Là encore, le premier qui le touche aura intérêt à courir...
Batman. Nightwing a du le lui dire... Ou alors il l'aura deviné. Constantine. Dr Fate. Chacun de mes Péchés...
Merde, cela en faisait en réalité un paquet et Waller découvrirait la vérité tôt ou tard... Alors, on préparerait un plan de contingence...

Mais demain, car j'étais sûr que mon avenir proche était sans risque avec Maggie.
Alors son massage ? Je souris en la rejoignant... Avant de lui baiser le cou. Si cela ne la détendait pas... Je ne savais pas ce qui le ferait.

Et tant pis pour les cris des damnés que j'entendais en arrière plan. Eux qui ne connaîtrait pas le bonheur... Là, pour l'instant... Je ne voulais pas y penser.

"Evite de penser cela trop fort... Je ne voudrais pas que tu te transforrme en Nyan Cat. Quoique les cheveux blancs argentés pourraient t'aller..."

Merci, Raven, de m’avoir transformé en motte de beurre. Ce baiser dans le cou m’a transformée en gelée. Pas physiquement, métaphoriquement. Comment voulez-vous résister à ce genre d’attention. J’agite le drapeau blanc. Je suis conquise. C’est ce que j’aime de Raven. De MA Raven, cette tendance à toujours réussir à me surprendre. J’ai beau la connaitre de plus en plus, elle réussit toujours à faire quelque chose qui me fait craquer encore plus pour elle. Pouvoir de démone ou talent naturel, je l’ignore mais c’est bien réel. Un peu de douceur ne fait de mal à personne, bien au contraire. Je suis même très satisfaite de la chose pour tout vous dire. Il n’y en a pas deux comme elle et même si c’était le cas, exigez l’original! À bas les copies et les reboots, moi je dis! Un classique reste un classique et puis c’est tout. Voilà ce que je dis!

Et puis en même temps, je me dis : le bonheur, c’est contagieux. Si je suis heureuse, Raven le sera aussi. Et elle sait masser la Raven! Est-ce qu’elle a pris des cours ou ça fait partie de ses aptitudes héritées de son père pour, je ne sais pas moi, séduire et amener autrui à baisser sa garde? Parce qu’en ce moment, je suis complètement à sa merci. De la gelée je vous dis. Je suis un paquet de nerfs sur pattes qui aime faire des blagues. Vous pensez vraiment que je reçois souvent des massages? En fait, tout bien considéré, il se pourrait même que ce soit mon tout premier massage! Bon écoutez, voyager à travers le temps, l’espace et les dimensions, des fois, vous oubliez des trucs. Ça arrive même aux meilleurs d’entre nous. Je peux vous assurer que si j’en ai déjà eu un, il fait pâle figure à côté de celui de mon aimée. Les petits plaisirs de la vie, c’est tellement fun!

« Fais gaffe, je risque de devenir accro si tu continues comme ça. Tu sais que j’ai essayé une fois une journée spa, massage, trucs du genre et que cinq minutes après être arrivée, le gérant me suppliait d’accepter une compensation monétaire et de quitter les lieux? Ce n’est pas de ma faute si j’aime jouer dans mon bain! Bon c’était un bain de boue et ce n’était peut-être pas la meilleure des idées mais hey! »

Qui a dit que parce qu’on a des pouvoirs extraordinaires, on ne peut pas tenter de faire quelque chose de parfaitement ordinaire? Et c’est tellement surréaliste que ça devrait faire rire Raven. Et rire c’est bien, c’est bon pour la santé. Sauf quand c’est à cause des cochonneries du Joker mais ce n’est pas le cas ici donc c’est bon. J’aime voir Raven sourire. J’aime la voir heureuse. Et c’est volontaire si je n’ai pas répondu à ce qu’elle a dit. J’ai un plan de prévu si je deviens trop dangereuse. Ceci dit, ce n’est pas ce que j’ai retenu le plus de ses paroles. Elle a dit qu’elle serait curieuse de me voir avec des cheveux blancs argentés. Bah maintenant, c’est ce que j’ai sur la tête.. Mais Maggie, c’est mal d’utiliser tes pouvoirs à tort et à travers et nya nya nya… Oh la ferme! Je fais ce que je veux surtout si ça fait plaisir à ma petite amie. Et ce n’est pas négociable!

« Tadam! Alors… Ça me va bien ou juste meh? Oh j’ai une super idée! Tu décides ce que je dois changer pour mon apparence et moi je le fais et on essaie de trouver le style qui me donne l’air le plus badass possible! Plus grande, plus petite, plus grosse, plus mince, plus musclée, avec plus de… Courbes… Tant qu’à s’amuser, autant se montrer un minimum… Je ne sais pas moi… Aventureuses? Risquées? Moi tant que tu es heureuse, je suis heureuse! »

Je rigolais en l'entendant me complimenter. Ca encore, c'était un des avantages d'être avec Maggie. Certes, je pouvais rire un peu maintenant, même en dehors et sans perdre le contrôle... Mais je préférais rire à pleine gorge.
Comme ici.
J'étais toujours dans le dos de ma Maggie pour la masser et nous détendre toutes les deux autour d'une vue onirique. La lumière se reflétait sur les structures cristallines, qui étincelait ensuite comme une couverture de Deep Purple.
Les couleurs qui semblaient sortir d'un rêve continuaient ensuite leur chemin, se réfractant ensuite en leur forme originelle quand elles passaient dans un autre immeuble. Le résultat était donc une série d'arc en ciel se composant au fur et à mesure que ton regard se perdait dans le loin... Comme une rosace kaléidoscopique.
En clair, un paysage de rêve.
Sans une âme. C'était... étrange.

Mais rapidement, quelque chose vint remplacer ces pensées. A savoir une Maggie qui se déguisa pour moi... En Maggie avec les cheveux argentées, me prenant au pied de la lettre avec ma remarque.
Première, le gris platine lui allait à merveille, ce que je m'empressais de lui dire.
Ensuite... Une apparence " badass " ? C'était... Particulier et honnêtement, je ne voyais pas Maggie en tant que "Badass". Je veux dire... Elle était trop joyeuse pour cela. Bien trop joyeuse. Automatiquement, je pensais à quelqu'un qui avait vécu des situations particulièrement atroces et qui avait dû y survivre pour y résister.
Cela avait plus à voir avec l'histoire d'une personne que son apparence à mes yeux.
Je veux dire... Prenons Superman. Avec Batman et Wonderwoman, ils sont considérés comme Badass car ils ont affrontés des épreuves terribles. Pourtant, à leur opposé physique, on pouvait trouver... Jéricho, le fils de Slade. La joie de vivre incarnée, alors qu'il était muet, sans parents et famille et se faisant fréquemment attrapé. C'était une autre forme de badassitude... Pourtant dieu sait qu'il est frêle. Probablement une des rares personnes que j'arriverais à affronter physiquement, c'est dire.

"Au risque d'être cucul... Je t'aime juste souriante et avec moi. Le reste... Cela m'importe assez peu."

Finis-je par dire. C'était la vérité pure et je le pensais...

Et un autre bon point pour Raven. Je pourrais devenir qui elle veut si elle me demandait et ce avec un minimum d’hésitation. Je l’aime, c’est ma petite amie et je serais prête à faire énormément de choses pour elle. Ceci dit, elle m’apprécie telle que je suis, avec mes qualités, mes défauts, mes forces et mes faiblesses. Et cette acceptation me permet de mieux trouver mon identité. Pensez-y : Cette forme qui se présente à ses yeux n’est pas celle que j’avais à la naissance. C’est celle que j’adopte pour évoluer au milieu des Humains. Quand je vais faire des farces, il m’arrive d’altérer mon physique pour mieux répondre à certains critères ou modèles me permettant de passer plus inaperçue. Au quotidien donc, je suis moins moi que… Moi. Je dois jouer au caméléon pour pouvoir vivre normalement, dirons-nous. Et encore… Normalement…

Alors Raven, sois cucul tant que tu veux. Tu as le droit car tu me considères comme importante à tes yeux et non pas juste comme une sorte de Barbie qu’on peut habiller à sa guise pour s’amuser. Remarquez que je me plierais volontiers au jeu mais en même temps, même si je suis sous les traits de ma forme humaine, tu ne demandes que ma bonne humeur et ça, je t’en donnerai autant que tu en veux. Juste le fait de pouvoir te permettre d’exprimer tes émotions librement et sans risques… C’est un cadeau que je te fais avec la meilleure volonté du monde. Tu le mérites. Je te veux heureuse et je te veux bien dans ta peau. Le futur s’annonce bordélique. Si cette Waller veut faire du mal à Raven, elle va se rendre compte que si par principe je ne blesse ni ne tue, je serai la pire des pestes. De quoi faire passer les sept plaies d’Égypte pour de la rigolade. Oh que oui!

Mais ce n’est pas du futur glauque et peu encourageant dont il est question. Juste de deux jeunes femmes amoureuses dans une relation que la chrétienté n’apprécierait pas et qui s’en moquent éperdument. Je dois être chargée, surchargée même, d’énergie positive pour Raven. Metropolis lui a fait terriblement mal et je dois tout faire pour aider son petit cœur à guérir. Il faut laisser le temps faire son œuvre, disent certains. Le temps, c’est bien quand on en a. Une folle furieuse pourrait déclencher la troisième guerre mondiale et personne ne semble s’en rendre compte. Du temps je n’en ai pas autant que j’en voudrais, par conséquent. Et puis le temps c’est relatif hein. Moi j’aime ma démone de petite amie souriante et confiante en ses moyens. Et le premier qui me dit que tout ceci est un prétexte pour faire dans le romantique se fout le doigt dans l’œil jusqu’au cul.

Aider autrui à se relever, à guérir, ça fait partie de ce que les héros font. Si on veut m’accuse de profiter honteusement d’un massage, faites. Si on veut m’accuser de profiter de la vie avec la femme que j’aime, faites. Si vous voulez m’accuser d’être égoïste, faites. Mais ultimement? Ce que vous pensez, je m’en fous. C’est ma vie. Mon histoire. Et c’est moi qui raconte. Rumeurs et racontars ne sont pas la vérité. Venez me le demander en face pour voir. Une sacrée tempête s’approche et rien ne nous dit qu’on va y survivre. Faire le plus de bien dans un temps théorique restant, c’est la chose logique à faire. Broyer du noir ou ne rien faire ne servira à rien. En aidant Raven, j’aide ceux qui se dresseront devant cette folle. Parce que Raven ne la laissera pas faire. Ma belle chevalière noire! Elle n’a pas l’armure et l’épée mais… Elle a des pouvoirs de badass!

« Si tu continues à faire dans le cucul, je vais devenir tellement rouge que je vais faire de la compétition aux étoiles les plus brillantes de cette galaxie. Souriante ce sera alors. Ça tombe bien, la bonne humeur, ça me connait. Remarques que j’adore te voir sourire aussi. Cet air sérieux est à craquer aussi, belle, mystérieuse, ténébreuse, tout ça mais… Une façade plus optimiste fait aussi plaisir à voir! »

Je souris. C'était le calme avant et après la tempête que j'expérimentais en ce moment même et cela me plaisait. Le calme et la beauté d'un moment qui me faisait dire... Qui me montrait... Enfin, voilà à quoi je servais. Je servais à protéger, ou du moins essayer de protéger le monde, afin que plus de personnes puissent expérimenter, avoir l'occasion de vivre cela.
Amanda Waller voulait avoir une Amérique à ses bottes... Personnellement, je ne pouvais pas laisser faire cela. C'était trop dangereux pour les hommes et le monde si des gens ne voyaient le peuple que comme des données, se mettaient à le diriger.

Alors Raven allait se battre. Elle allait protéger ceux qui lui sont cher... Et plus que tout, Raven la sorcière allait protéger ce qui était juste.
Je repensais un instant à Métropolis... Tant de mort. Ce garçon qui était mort en me sauvant. Autant de vie...
Je ne pouvais donc plus me permettre non plus d'hésiter. Frapper vite et fort. Frapper juste et précisément. Cela aussi j'allais devoir apprendre.

Plus jamais mes ennemis ne me prendraient par surprise. Plus jamais je serais paralysée par la terreur qui arrive. J'étais Raven, Rachel Roth. Fille de Trigon et héroïne.

Certain me haïront. Certains m'apprécieront. Mais je resterais celle que je suis, avec Maggie à mes côtés pour me soutenir. Rien ne m'arrêterait, sinon le bonheur. Et c'était suffisant.

Ca et le calin avec Maggie. C'était bien les calins, surtout durant une pause comme cela...

[Je te propose d'arrêter ici, car je vois mal comment on pourrait continuer sans être répétitif.]

Le monde des Humains est une jungle. Ils prétendent être civilisés, avoir amené l’ordre avec eux. Mais l’ordre n’existe pas. C’est une invention humaine pour leur donner une justification, pour expliquer les gestes qu’ils posent. « Pour s’opposer au chaos », car le chaos c’est mal. Se trouver des excuses est un talent naturel chez cette espèce à l’espérance de vie si courte. À peine un siècle et encore. Dommage que plutôt que d’utiliser leur temps à faire quelque chose de vraiment constructif, la plupart le passe à jalouser un individu XYZ et à se plaindre d’une soi-disant injustice dont ils sont victime. Si convaincus d’avoir raison, certains individus endosserons n’importe quelle action, tant qu’elle leur donne raison. C’est comme ça qu’Amanda Waller a usurpé le pouvoir dans un système autrement démocratique.

C’est parce que les Humains préfèrent se déresponsabiliser et mettre entre les mains de soi-disant super héros leur survie et leur prospérité que Metropolis les a frappé comme une tonne de brique. C’est parce que personne ne veut être responsable qu’on va parler dans les livres d’histoire de mois voire d’années de noirceur sous Amanda Waller. Aucune personne réellement saine d’esprit ne peut considérer ce qui est en train de se faire comme normal. Coast City a été détruite à l’époque et personne n’a hurlé à la mort. Des dizaines de villes ont souffert ou ont été dévastées et jamais quelqu’un comme Waller n’a réussi un tel coup d’état. Je serais bien curieuse de comprendre ce qui a changé. Si Raven dit que c’est une méchante, c’est une méchante. Je la crois. La confiance est la base même de l’amour et de l’amitié. C’est le ciment, si vous voulez.

Et moi dans tout ça? Je ne serai jamais une super héroïne. Jamais. Et je ne veux pas en devenir une. Vos problèmes ne sont pas mes problèmes. Je ne suis même pas originaire de cette dimension. Je vis ma vie comme je l’entends, répandant dans mon sillage un chaos sympa et des rires. Je suis une farceuse. Je suis quelqu’un qui aime sourire, mordre dans la vie à pleines dents. Mais en même temps? Les États-Unis, c’est un peu mon pays d’accueil. Et si quelqu’un veut m’empêcher de jouer? Je serai la pire adolescente rebelle que vous ayez rencontrée de votre vie. Et quelque chose me dit qu’avec Waller aux commandes, le monde va vite devenir, par jeu d’influence, vraiment… Pas cool. Alors quoi, au final? Et bien je vais me tenir debout, voilà ce que je vais faire. Parce que c’est ce qu’il faut faire. Ne jamais courber l’échine devant ceux qui veulent votre liberté.

Je suis Maggie Mxyzptlk, fille de Mr. Mxyzptlk et de Miss Gsptlsnz. Je suis aussi Maggie Marzena, farceuse extraordinaire et petite amie de Raven. Jamais je ne blesse ou ne tue mais ça ne m’empêche pas de me battre. Et si ma copine va se battre, j’irai aussi. Je serai derrière elle, comme une ombre te je la protégerai de toute la force de mes pouvoirs. Illusions, boucliers, télékinésie, je ferai le nécessaire pour te ramener saine et sauve à la maison. Je serais une bien mauvaise manipulatrice de la réalité sinon. J’ai fait mon choix et je ne le regrette pas du tout. Je ne servirai jamais volontairement un tyran. Jamais. Ma liberté est quelque chose à laquelle je tiens par-dessus tout. Te connaissant Raven, tu ne resteras pas les bras croisés à ne rien faire. Tu vas avoir besoin d’aide… Et tu peux compter sur moi. Pour la liberté, pour semer un chaos pas possible…

Et pourquoi pas pour quelques câlins de plus?

Fin.