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[New York] Tenir les cadences [Terminé]

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[New York] Tenir les cadences [Terminé] Sam 26 Aoû 2017 - 9:02

George Patterson, dit le "Jeune", se tenait sur une coursive qui surplombait ses chaînes de montage. Le large entrepôt transformé en usine se sectorisait en plusieurs chaînes qui chacune avait son utilité. Séparée les unes des autres par de grande cloisons amovibles qui se dressaient jusqu'à la moitié de la hauteur des lieux on aurait dit autant de cages. De sa position, le gris du sol bétonné se découpait au gré des parois et des peintures de sécurité jaunes et noire. De temps à autres des marques rouge indiquaient l'équipement en cas d'incendie, mais c'était la seule couleur remarquable des lieux. Tout était carré, droit, anguleux. Les chaînes et leurs tapis se déroulaient sur de longues lignes, autour d'elles les silhouettes voûtées des ouvriers qui observaient silencieux, un casque anti-bruit sur le crâne. Au commencement Julian, l'aîné des deux, avait trouvé la mesure utile même s'il regrettait qu'ainsi ses employés ne puissent plus discuter entre deux cycles de travail, mais Georges avait ajouté que c'était précisément le but. Les maux de crânes et les bourdonnements statiques provoqués par le brouhaha permanent des vérins, des presses et des tapis roulants lui importaient peu, seules les cadences devaient être respectées.

Les lieux étaient un désert d'imagination, une ode à l'efficacité. Les salles cafés avaient été éloignées volontairement des lieux de travail pour que les pauses soient réduites et bientôt supprimées par les employés eux-mêmes qui ne voulaient pas perdre de temps et se faire réprimander par les conducteurs de chaînes; les sections avaient été cloisonnées au possible pour éviter que les différentes équipes puissent discuter ou échanger; on avait même séparé leurs casiers dans les vestiaires, la cohésion était un frein, avait affirmé Wiliam Sweet, leur nouveau manageur. Sweet remportait l'adhésion de Georges mais la méfiance de Julian. C'était un jeune cadre formée dans une école qui n'avait jamais dirigé de vraie entreprise et qui osait leur dire comment faire, autant dire que l'aîné des deux frères ne l'écoutait que fort distraitement, le cadet, lui, était tout ouïe et concevait enfin son affaire comme une affaire d'avenir qui s'intégrait parfaitement dans le microcosme économique de New York. Il n'était pas un rêveur, il était un entrepreneur, il se voyait en nouvel homme fort de l'industrie, il avait de l'ambition!

William Sweet, homme moderne par excellence, bien coiffé, habillé convenablement mais toujours avec une touche de décontraction, une oreillette en permanence sur son oreille droite, un portable dans la poche poitrine de son costume, il parlait "approche matricielle", "bien-être partagé", "dividendes", "innovation" ou même "pragmatisme de l'efficacité", un véritable dictionnaire des méthodes modernes mais pire que tout et en permanence, il utilisait, usait, vomissait le mot "projet", il en fallait sans discontinuer et chaque employé devait avoir son projet, sa "trajectoire", son "objectif", il personnalisait les approches de l'encadrement pour donner l'illusion de la proximité alors qu'en vérité il désolidarisait la masse, il les prenait un par un, dans la solitude de leur souffrance et dans son rapport asymétrique avec ces hommes et ces femmes démunis il leur faisait croire qu'il était un ami compréhensif alors qu'en réalité il faisait glisser un combat collectif dans les marges psychanalytiques de ces individus trop accaparés par leurs soucis de subsistances pour se battre.

Tout avait bien fonctionné dans les premiers temps mais la résistance des premiers ouvriers les avait rendu difficile à contenter alors on les avait remplacé. New York et les États-Unis avaient connu une crise, les sans-abris étaient légion et leur demande de travail était insatiable, alors on les faisait entrer par la grande porte, on leur fournissait un self-service et un endroit où dormir aménagé dans les locaux. Les rotations en souffrirent un temps, mais tout se rétablit rapidement, William Sweet avait de la ressource. Georges se frottait les mains en observant tous les matins les graphiques de production et de vente, Julian, lui, se terrait dans son bureau.

Les ouvriers n'avaient plus besoin de sortir et n'en éprouvaient d'ailleurs nul besoin, ils se levaient, mangeaient silencieusement dans le réfectoire selon leur emploi du temps et se mettaient à leur poste, le regard vide, le casque sur les oreilles, les gestes mécaniques mais précis et ensuite s'en allaient dormir. Ils étaient épuisés en permanence, ne discutaient pas. Fantômes qui erraient jusqu'à l'épuisement. Lorsque l'un d'entre eux tombaient de fatigue ou ne se levait pas, William prenait les devants, sortait une fiche de démission et embauchait un nouveau clochard. Les morts quittaient la demeure sous le sceau du secret, emportés par d'autres de leur collègues qui allaient le jeter dans les égouts où les autorités le trouvaient et classaient le sans-abris dans les morts inconnus.

De temps à autre, un inspecteur du travail passait relativement à une plainte d'un ancien employé ou des concurrents qui se demandaient comment l'entreprise tenait de telles cadences, mais les rapports étaient unanimes, un rendez-vous avec William Sweet et tout rentrait dans l'autre, identique pour les quelques policiers qui se déplaçaient là à cause d'une plainte du voisinage. Non, la Patterson's Co était une entreprise respectable et qui avançait sur la route du progrès, "rien à signaler" ici. Les rotations étaient décrétées légales et l'atelier pouvait tourner de jour comme de nuit.

Ainsi les dépôts s'entassaient de nombreuses caisses pleines d'armes. Lorsque Georges demandait quand elles seraient livrées, le manageur annonçait une date et effectivement, les caisses partaient le jour dit, les graphiques montaient mais s'il avait été vigilant, le cadet de la fratrie aurait observé que de temps à autre, leur compte en banque n'était pas crédité...

Georges tapota la barre de sécurité de sa passerelle d'observation de son royaume d'un air satisfait. William, à ses côtés, tapotait sur une tablette, comme d'habitude.

- Alors? Comment vont les cadences?
demanda finalement le directeur en criant pour surpasser le bruit ambiant.

- Good, lança Sweet. Y'a une bonne dynamique, je crois qu'ils ont bien compris comment faire. Les efforts paient. Les prochaines livraisons se feront à l'heure. C'est positif, faut être pro-actif sur la question.

Georges gloussa de satisfaction en se dirigeant vers son bureau. Devant la porte, un enfant. Il eut une moue de dégoût en voyant l'allure de ce garnement, le même depuis des mois avec toujours sa stupide question en bouche.

- M'sieur, commença-t-il. Vous avez pas vu mon p'pa?

C'était James Peacock, enfant de Hubert Peacock, l'ancien responsable syndical des lieux. Hubert était un homme bon et attentionné, le genre de type auquel les autres font instinctivement confiance, mais Georges ne l'avait pas aimé et l'avait licencié, le fait qu'il ait disparut à sa sortie de l'usine lui "en touchait une sans faire bouger l'autre", de sa propre expression. Ce fut William qui prit les devants.

- Eh, mais c'est le petit James! Comment tu vas bonhomme?


- Laissez-le, ça va faire deux semaines qu'il vient ici avec sa maudite question, va-t-en, je ne sais pas où est ton père, il ne fait plus partie de l'usine maintenant. Dégage!

William eut un instant d'inquiétude.

- Deux semaines? Pourquoi ne pas m'en avoir parlé plus tôt.

Georges haussa les épaules.

- C'est sans intérêt.

- Allez, fit William au jeune homme en lui tendant la main, viens avec moi, on va appeler la police.

- Vous perdez votre temps, ajouta Georges en entrant dans son bureau.

William accompagna le garçon jusqu'au sien et dans la cacophonie de la chaîne de production en contre-bas, personne n'entendit le cri du jeune garçon qui venait de retrouver son père. Le soir, William Sweet pleura.


Dernière édition par Mister Mind le Ven 8 Sep 2017 - 11:08, édité 1 fois
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Sam 26 Aoû 2017 - 22:32

New York.
Une jungle de béton où les rêves se construisent, où rien n'est impossible. Les rues nouvelles qui t'accueillent comme l'un des leurs, ces lumières qui t'aveuglent avant de te réchauffer. Cette ville de bruit et de fureur.
New York. New York. New York !

Mégalopole extraordinaire, qui attire depuis toujours les attentions et les rêves, pour en permettre certains et en briser beaucoup. Si, dans ce monde, les cités de Metropolis, Gotham City ou même Star City sont connues et puissantes, rien jamais ne peut affaiblir la puissance et l'intérêt de New York... elle demeure la première, la plus grande, la plus mythique.
C'est New York - l'incarnation du Rêve américain. Et de ses dangers.


"C'est donc là ?"

"Ou-oui."

Un jeune homme descend lentement les quelques marches qui séparent l'entrée d'un immeuble classique et la rue. Il remet en place sa veste d'aviateur et s'empare au passage de ses cigarettes...
[New York] Tenir les cadences [Terminé] 1258015-justice_society_of_america_v2_001_43
... une mauvaise habitude, il le sait. Mais Tom Bronson n'a pas encore réussi à s'en débarrasser.

"C'est l'usine où il a disparu ?"

"C'est ça."

Une femme usée par la vie et rongée par l'inquiétude lui tend, tremblante, un plan avec l'adresse de l'usine entourée. Tom acquiesce lentement, puis s'en empare avant de souffler la fumée toxique de sa cigarette sur le côté.

"OK. J'm'en occupe."

"Mer-merci. Je peux pa..."

"Nan. C'est pour moi."

Et, sans prévenir, le jeune homme se détourne d'elle et s'enfonce dans les profondeurs nocturnes de Brooklyn - puis de New York.
Il n'aime pas ça. Il ne veut pas faire ça, il préférerait être tranquille et se remettre chez lui plutôt que de courir à l'aventure et au danger. Mais il n'a pas le choix... ses tripes ne peuvent pas lui permettre de laisser une femme terrorisée pour son mari qui a disparu, alors qu'il pourrait faire quelque chose.
Il est récemment revenu d'un terrible voyage dans le Temps, où il a affronté un taré cosmique qui a voulu vieillir et tuer les membres de la J.S.A. - enfin, de finir le travail qu'il avait commencé jadis. Il avait tué les premiers Atom, Hourman et Docteur Mid-Nite, et revenait pour s'acharner sur la nouvelle génération ; Tom s'est opposé à lui, et tous deux ont plongé dans un vortex temporel. Il en est revenu, quelques secondes passées ici - quelques mois pour lui.

Tom a survécu l'impossible, mais a été vieilli par Extant. Il a un corps de 25 ans... mais toujours l'esprit de 19 ans, l'âge qu'il a encore légalement. Cela pose des soucis.
Comme l'évolution de ce pays, désormais aux mains d'une folle dérangée et militarisée... mais officiellement légitime à occuper ce poste.
La J.S.A., bloquée, a dû la soutenir - mais c'est dur. Trop pour qu'il suive.

Tom s'est donc mis en retrait du groupe... et est, au fond, un Rebelle ; mais sans rôle actif. Il s'est mis de côté des activités Héroïques, pour se reprendre et se reconstruire - mais le Destin est farceur. Sa double-vie n'est pas mise en avant, mais pas cachée non plus ; les gens savent désormais qu'il est le fils du Héros Wildcat, Ted Grant, et certains savent même qu'il est lié à l'équipe elle-même.
Il a donc été sollicité - et n'a pas su dire non. Comme son père. Comme son coeur le lui a dicté.

Tom s'enfonce dans la nuit new-yorkaise, donc. En direction d'une étrange usine, et de phénomènes inexpliqués, accumulant les cigarettes et maugréant contre lui-même.
On ne se refait pas... et on ne refait pas sa propre nature.


**
*
**

Tom fait face à l'usine.
Il est seul, dans une ruelle sombre ; il veille à ne pas se faire voir. Il est déjà là depuis dix minutes, et plusieurs mégots trônent par terre. Il réfléchit et laisse son regard glisser autour de lui, pour tenter de trouver un indice... quelque chose. Mais rien.
L'usine semble normale, basique. Anonyme. Mais il sait qu'il n'en est rien.
Il y a quelque chose, ici. Quelque chose de mystérieux. Quelque chose de dangereux. Quelque chose qu'il doit découvrir.

Le jeune homme pousse un profond soupir - avant d'enclencher ses pouvoirs.
Et l'impossible se produit alors.
Tom, 1m61, fluet et malingre, se transforme. Sa coiffure pousse soudain, sa peau s'assombrit, une épaisse fourrure ne tarde pas à apparaître. Ses os craquent. Ses vêtements se déchirent. Sa peau se transforme. Son visage est ravagé par l'événement. Ses ongles s'étirent.
La douleur est terrible - mais rapide, comme la mue elle-même. Il devient plus grand, plus de 2m ; plus fort ; plus puissant ; différent. Moins humain...

[New York] Tenir les cadences [Terminé] 800971-tommy_3
... plus animal. Au-revoir Tom, bonjour Wildcat.

"Grrr... à nous, le mystère."

Ainsi transformé, le jeune surhumain bondit dans les ténèbres - et se précipite vers l'usine.
Le plan est simple : utiliser sa souplesse et ses sens félins pour pénétrer à l'intérieur via les hauteurs, et commencer l'enquête discrètement. Au moins au début... le temps des coups viendra, il en est sûr. Il est, après tout, le digne fils de son père...


(HJ/ J'espère que ce choix d'introduction ne gêne pas tes plans ! /HJ)
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Dim 27 Aoû 2017 - 12:50

[HRP]Absolument aucun problème bien au contraire![/HRP]

Les ténèbres enveloppaient l'usine et sa tranquille apparence. Pourtant, en son coeur, l'équipe de nuit faisait son changement. Les ouvriers des chaînes de production enlevèrent leurs casques anti-bruit, les déposèrent sur les râtelier prévus à leur effet, puis se rendaient, deux par deux, en files parfaites jusqu'au vestiaire, là ils se déplaçaient en mode automatique jusqu'à leur casier qu'ils ouvraient, enlevaient leurs bleus de travail, leurs chaussures de sécurité et se rendaient au réfectoire. Là ils prenaient un unique verre d'eau et allaient se coucher dans la vapeur des narcotiques qu'ils ingurgitaient à leur insu.

L'équipe qui prenait la relève était levée depuis trente minutes, s'était habillée, avait mangé de quoi tenir le temps de leur roulement. Tous s'étaient saisis de leurs casques anti-bruit et s'étaient installés presque immédiatement après le départ de leurs collègues à leur poste. Et l'usine continuait de gronder dans la nuit, repue de ses fournées permanentes de matières premières et de ressources humaines.

William Sweet dormait sur place également, même si le terme dormir était un peu surfait. Régulièrement il fermait les yeux et s'assoupissait pendant une à deux heures, décalant lentement ses cycles pour pouvoir embrasser toute l'activité de l'usine. Il arpentait les coursives et les couloirs de son pas légers, souriant toujours à la vue des yeux vides des employés qui s'alignaient devant leurs machines, éblouissant parfois par accident l'un d'eux d'un reflet de son oreillette métallique, sans jamais avoir une plainte de leur part. Ce soir là, il fit un rapide tour de l'atelier, observant les armes à feu qui s'assemblaient avec célérité. Il regarda quelques caisses que des silhouettes déshumanisées ouvraient et déversaient dans d'immenses bacs métalliques.

Les mains derrière le dos, il quitta les lieux pour se rendre dans le dépôt où s'entassaient bon nombre de caisses estampillées du logo de la compagnie. Deux hommes l'attendaient, les livreurs qu'il avait spécialement recruté. L'un d'eux portait une veste à fermeture éclair sur une chemise de seconde main avec un pantalon de sport et une paire de chaussures indéfinissables, un béret vissé sur le crâne. Il avait une mâchoire à manger du marbre et des yeux chafouins. L'autre était plus avenant, veste de costume sur un T-shirt, jean et chaussure de ville, une sorte de cadre décontractée qui aurait pu fréquenter l'école de Sweet. Mais il n'en était rien, les deux appartenaient au gang des Requins, une sorte d'association de malfaiteurs gérée par un type au surnom de "Blanco". Sweet avait dû faire appel à eux sous l'impulsion de son supérieur et n'était jamais tout à fait rassuré en négociant avec eux.

- J'espère qu'il y a une bonne raison pour que vous soyez ici
, lança William en s'approchant d'eux.

- Ouais
, grogna le type patibulaire.

- On aime pas trop la suite de votre plan
, ajouta le plus détendu des deux.

- Je n'avais pas conscience qu'il vous faille "aimer" le plan, nous vous payons pour suivre les ordres.

- On vous rend service, nuance,
reprit la veste de costume, vous nous aidez, on vous aide, point barre, y'a pas de "on vous paie" d'accord?

- Je crois que vous êtes gagnant monsieur... Milligan c'est ça?

- Ouaip.

- Je vous rappelle au cas où vous l'avez oublié que vous avez quinze pourcent de la marchandise que l'on vous fait transiter et que l'on vous aide à blanchir votre argent, je crois pouvoir donc affirmer que l'on vous paie bien en retour de vos services.

- Faut pas oublier qu'on vous file de la came aussi
, rétorqua le dénommé Milligan.

Il claqua des doigts et son pit-bull endimanché ouvrit une mallette dans laquelle étaient rangés des sachets de poudre blanche.

- C'est peu de chose, trancha William Sweet, nos accords étaient clairs et à l'époque vous n'aviez pas l'air gêné par ceux-ci.

- P'têtre, mais comme je vous l'ai dit, on aime pas trop la suite.

- Je ne vois vraiment pas en quoi
, se récrimina le manager. C'est pourtant extrêmement simple.

- Vous nous avez filé des adresses qui...


- Nos accords épargnent tous les quartiers où vous avez des affaires en cours, rappela Sweet. C'était ça l'accord et je ne crois pas...

- Minute joli coeur, on me coupe pas la parole okay? "Blanco" aime pas qu'on manque de respect à ses hommes! Et si je te dis qu'on aime pas ça, c'est qu'on aime pas ça. Va falloir renégocier pour qu'on livre tes caisses.

William eut un mouvement de recul. Il avait toujours su que cet accord était dangereux et que l'instabilité des gangsters portait préjudice à leur projet.

- Je n'ai pas les moyens de négocier, mon sup...

- Justement, on en a un peu marre de parler à un sous-fifre qui peut même pas négocier, moi je peux alors tu te débrouilles, tu réveilles ton chef ou ce que tu veux et tu me le files en direct c'est clair?


Un mouvement de crispation prit William qui porta une main à son oreillette, se plia et leur tourna le dos. Les deux bandits se regardèrent, surpris.

- Monsieur? Oui.... je sais que vous avez entendu... mais... oui... vous êtes trop faible et....

William eut alors un cri de douleur et manqua de s'évanouir.

- Oui monsieur... très bien...

Il se retourna vers ses interlocuteurs.

- Qu'est-ce que vous voulez? demanda-t-il piteusement.

- Tu peux pas négocier gars, emmène-nous voir ton chef.


Les épaules basses et la mine vaincue, William soupira.

- Bien, veuillez me suivre.

Les hommes quittèrent alors l'entrepôt et traversèrent la cour de chargement. Là un autre homme attendait, une bobine de film plastique noire en main. C'était un autre membre de l'organisation des Requins. Mine blafarde, costume très soigné, il appartenait à une section que Milligan et son acolyte ne s'attendaient pas à voir ici. Ils ne posèrent cependant aucune question, si un type comme ça était ici, la moindre interrogation pouvait vous faire finir dans les égouts de la ville en pièces détachées. William l'invita à les suivre.

Le groupe monta par l'escalier incendie situé à l'arrière du bâtiment et rejoignirent le couloir des bureaux, noyé dans les échos assourdissants des ateliers. Le bulldog de service voulut prendre un casque anti-bruit qui traînait sur un râtelier, le déposa sur ses oreilles et eut un cri de surprise. Le casque réduisait certes le bruit mais un fin bourdonnement qui disait "Travail Dur et Tais toi." tournait en boucle. Sweet lui arracha l'équipement.

- Ne touchez à rien! cria-t-il, le visage crispé.

- Mais...

- Ça ne vous regarde pas! Entrez là
, ordonna-t-il en ouvrant la porte avec l'inscription "W. Sweet, manager".

Le croque-mort silencieux ouvrit la bouche pour la première fois lorsque la porte fut refermée.

- Qui?

- Dans l'armoire, lui indiqua William en détournant la tête du meuble en question.

Le type, silencieusement, ouvrit les portes de l'armoire forte. Un mouvement d'incompréhension l'anima lorsqu'il vit des bocaux où flottaient des organes humains dans un liquide indéfinissable. À ses pieds il découvrit le corps sans vie d'un enfant. Les deux autres criminels se tinrent cois à la vue de ce spectacle et s'échangèrent un regard dans lequel commençait à poindre le doute. Leur collègue enveloppa le corps dans son film noir et le prit sur son épaule.

Un silence glacé accompagna cette sinistre scène. William fermait les yeux et cherchait à se concentrer sur autre chose que le bruit du plastique qui se dévidait et enveloppait le corps. De la sueur commençait à perler de son front.

L'homme sortit enfin, poussant doucement la porte, sans une parole, il savait ce qu'il devait faire. L'individu allait quitter le bâtiment par le chemin qu'il avait précédemment emprunté pour aller se débarrasser du corps.

- Bien, déclara Sweet en se retournant vers ses deux invités encombrants. Revenons à notre affaire. Avant que vous ne voyiez mon supérieur, vous avez la drogue? La même que d'habitude j'espère?

- Ouais
, grogna de nouveau le chien de garde.

- On en a de la meilleure vous savez, expliqua Milligan. De la bien meilleure.

- Nous n'avons pas besoin d'une bonne drogue, nous avons besoin de CETTE drogue, est-ce clair?

- Comme vous voulez. Franchement c'est de la came de troisième main, je comprends pas...

- Il vaut mieux...

- Bon, où est votre boss?


- Il y a une bonne raison pour que votre chef, "Blanco" travaille avec nous, c'était l'occasion pour lui d'avoir de l'armement facilement et maintenant il aurait envie de tout abandonner? Je ne crois pas qu'il désire voir un tel privilège disparaître parce que soudainement un point ne lui "plaît" plus.

- Livrer des armes gratuitement à des quartiers de la ville c'est pas ce qu'il veut.

- Les livraisons ne seront pas si gratuites puisque nous vous payons pour ça.

- Ouais, avec de l'argent qu'on vous a filé.

- Et vous pouvez blanchir une telle quantité que vous vous y retrouvez je crois. Alors franchement je ne vois pas le problème.

- Vous voulez filer des armes gratos mec? Aux pires quartiers de la ville, même des écoles primaires ?!

William ferma les yeux et serra les poings. Il semblait lutter contre lui-même. il commença à enlever son oreillette.

- Comme vous voulez... soupira-t-il.

[HRP]S'il y a le moindre problème, n'hésites pas à me le dire.[/HRP]


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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Lun 28 Aoû 2017 - 10:40

Wildcat a réussi à s’introduire à l’intérieur de l’usine – la souplesse et l’agilité d’un Chat-Garou a son intérêt, définitivement.
Cependant, il ne peut cacher son étonnement en découvrant le fonctionnement interne de ce qui apparaît comme une véritable fourmilière, mais sous une forme… surprenante. Et dangereuse.

Les employés avancent et travaillent, donc, mais un coup d’œil rapide suffit à comprendre qu’il y a une difficulté ; ils n’agissent pas comme des agents normaux, ne discutent pas, ne traînent pas, ne regardent pas leurs téléphones. Au contraire, ils se précipitent dans leurs tâches, jetant des coups d’œil autour d’eux, par la crainte d’une surveillance et d’une sanction qu’il devine terribles.

Quelque chose cloche, ici.
Quelque chose ne tourne pas rond, même s’il est clair que les résultats sont évidents, vu la productivité affiche ; clairement, ça bosse et ça bosse dur. Mais ça bosse comme des esclaves, et le sens de la Justice de Tom Bronson, autant issu de ses tripes qu’hérité de son paternel, ne goûte guère une telle vision.


« Grrr… »

Si le jeune homme maîtrise sa forme de chat, il ne peut réprimer pleinement l’instinct animal qui domine en lui lorsqu’il arbore cette autre version de lui-même. Ce grognement, feulement même, s’échappe par instinct, et ses griffes s’ouvrent un peu plus en réaction ; la colère grandit, en lui. Mais il doit la contrôler.
Il ne peut pas agir – pas encore. Il doit d’abord mieux connaître le fonctionnement de cette fourmilière, avant de donner un grand coup dedans…

Wildcat attend, donc, et s’avance un peu plus sur les poutres de l’usine. Il s’y est caché depuis son entrée par les toits, et est parvenu à passer entre les limitations physiques grâce à ses super-pouvoirs.
Depuis, il fixe l’intérieur de l’usine et observe ; et écoute, surtout.

Ainsi, il a pu user de son ouïe amplifiée pour suivre les premiers échanges entre William Sweet et deux malabars malfamés. Il ne peut les identifier, bien sûr, mais sa vue améliorée lui permet de relever quelques détails, et d’établir clairement qui est qui.
Quelque chose se trame, évidemment, et sa curiosité est piquée ; hélas, le déplacement géographique de la conversation l’empêche d’en savoir plus, l’architecture de l’usine le bloquant définitivement dans son approche à mesure qu’ils s’avancent vers les bureaux.

Tom est coincé, donc.
Et son petit manège aérien vire à sa fin.

Il comprend, en effet, que cette observation assidue ne peut continuer ainsi, et qu’il va devoir adopter une autre méthode – plus directe. Plus terre-à-terre.
Discrètement, le jeune homme se place dans les recoins sombres de l’usine et se dirige directement vers les rangées réservées aux employés. Il fait quelques placards, ultra-individualisés, et parvient à mettre la main sur un uniforme. Il modifie à nouveau son apparence, rétractant en lui cette douce fourrure, ces griffes acérées, et retrouvant cette allure malingre et minuscule… pour redevenir Tom Bronson, tout simplement.
Nu comme un ver (!), il s’habille rapidement et glisse une casquette trop grande sur son crâne – puis plonge directement dans l’usine.

Le jeune homme avise et récupère directement un chariot, et avance en baissant les yeux… mais en essayant de tout voir, de tout observer, de tout enregistrer.
L’analyse plus directe de l’usine et du mystère commence, donc ; et le danger s’amplifie !


(HJ/ Aucun souci, ça me va et me plaît ! Smile /HJ)
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Lun 28 Aoû 2017 - 17:32

L'activité battait son plein. Les chariots grinçaient, la chaîne de fraisage des canons vibrait, l'assemblage de la crosse rythmait l'ensemble des soupirs vaporeux réguliers de ses vérins. Les ressorts et les pièces délicates étaient gérées par trois machines installées stratégiquement qui les assemblaient avec rapidité et précision sous le regard désabusé de trois hommes qui vérifiaient les stocks et les indicateurs. Une tablette à la main, un casque anti-bruit sur les oreilles, un conducteur de ligne notait quelques chiffres et observait ses employés, mais sans les regarder, comme s'il faisait semblant de les analyser, cherchant sans doute à leur donner une consistance dans l'étrange monde où il évoluait.

Un technicien de surface entra, poussant un chariot où s'entassaient divers produits. Il plongea son balais dans le sceau d'eau noirâtre et commença à étaler la crasse plutôt qu'à la nettoyer. Il fixait le sol, poussait et tirait son balais sans conviction et sans grande force. Lorsqu'il approchait d'un ouvrier, celui-ci se levait et se décalait, sans un mot, sans un regard puis il repartait plus loin. Il passait son instrument avec une précision mécanique le long des marquages au sol, comme s'il risquait une terrible malédiction d'avoir seulement outrepassé les consignes de sécurité.

Les caisses que remplissaient les machines du bout de chaîne étaient estampillées manuellement par deux employés, l'usine n'avait pas encore pu s'offrir une étiqueteuse mécanisée. L'un d'eux collait un pochoir et un autre aspergeait le tout avec un aérographe, sans masque de protection. Ils collaient ensuite une pochette plastique dans laquelle un troisième homme glissait une adresse imprimée en grande lettre. Il apposa ainsi l'adresse d'un centre d'aide social, un immeuble quelconque et l'adresse du collège Martin Luther King qui siégeait un peu plus loin.

Un ouvrier se sentit mal à sa machine et vacilla dans l'indifférence de toute la chaîne de production. Il s'effondra, le visage blême, de l'écume blanche coulant de ses lèvres. Le conducteur de la ligne soupira, secoua la tête et éloigna l'homme en dehors des marquages de sécurité. Il l'assit sur une chaise et le laissa là, agonisant dans cet environnement aseptisé d'émotion. Autour de lui, l'activité commençait à baisser, les hommes se faisaient plus lents et les gestes moins précis. Un homme du réfectoire, l'air fatigué, arriva avec un chariot et déposa une tasse de café devant chaque employé qui resta de marbre.

Lorsque l'employé eut finit, William Sweet entra, le visage cendreux, suivi par deux individus visiblement ravis et heureux. Le conducteur de ligne qui s'était occupé de l'incident vint le voir et murmura à son oreille libre.

- Monsieur je... commença-t-il.

Une sonnerie retentit. Le manager regarda sa montre connectée dernier cri et hocha de la tête. Tous les ouvriers s'arrêtèrent dans leurs tâches, saisirent la tasse de café et la burent. Le conducteur de ligne fit de même, oubliant temporairement ce qu'il disait à son supérieur.

- Un soucis? lui rappela Sweet en lui lançant un sourire affable qui redonnait quelques gaieté à son visage décoloré.

- Oui, l'employé 56 vient de s'interrompre.

- Temps de débrayage? demanda le manager d'une voix toujours chaleureuse.

- Définitif, trancha le conducteur.

- Bien, retournez donc travailler, répondit-il en lui donnant une généreuse tape sur l'épaule. Je m'en occupe.

L'homme tourna les talons, l'oeil désormais dilaté. Toute l'usine reprit de plus belle son activité, la moindre tasse de café, à l'exception de celle de l'employé "interrompu", était parfaitement vide. William vint voir l'ouvrier affalé sur sa chaise, observa ses yeux en tirant sur les paupières. Relâchant sa prise, il se massa les tempes et respira un grand coup. Il sembla secoué de légers spasmes. Il tourna ensuite la tête vers ses deux acolytes.

- Vous allez pouvoir être utiles, simiesques, déclara-t-il avec froideur. Ramassez-moi ça.

Il attendit que les deux hommes saisissent l'ouvrier mort avant de leur intimer l'ordre de le suivre. William Sweet marchait étrangement. Il faisait des pas mais avec un mouvement du bassin très singulier, traînant des pieds à chaque pas. Sa tête balayait chaque employé et le coin de son nez se relevait, comme s'il était dégoûté par ce spectacle affligeant. Il se glissa ainsi dans la zone de recyclage où se trouvait le concasseur. C'était une machine qui se composait d'un immense bac de réception dans lequel on versait habituellement les restes de limaille de fer issue des processus de fabrication. La machine broyait à l'aide de lourds rouleaux la matière et la recomposait ensuite en bloc métallique très dense, blocs que l'usine envoyait ensuite au recyclage.

D'un geste de la tête étrangement fouetté, il ordonna à ses souriants accompagnateurs de jeter le corps dans le bac principal, ce qu'ils firent, comme si ce n'avait été qu'un simple sac de viande. D'une main maladroite Sweet activa la machine qui broya le corps. Tous les ouvriers pouvaient voir cet affreux spectacle mais aucun ne réagit. Dans le dos du conducteur qui faisait son tour, certains eurent une larme inexplicable à l'oeil, d'autres tremblèrent d'effroi en fermant les yeux, les derniers se répétaient tout bas un sinistre mantra: "Travail dur et tais-toi" mais aucun ne réagit d'avantage. Bientôt ils oublièrent tous.

- Maintenant...

Sweet eut un mouvement, comme s'il allait vomir et toussa violemment.

- Maintenant, reprit-il en affichant un sourire satisfait, c'est le renouveau d'une fructueuse collaboration n'est-ce pas? Normalement de nouvelles caisses doivent être disponibles, trois si je ne me trompe sur les cadences estimées. La quatrième sera pour vous, en guise de paiement, en attendant, je vais vous offrir un café!

- Volontiers, fit Milligan sans intonation. C'est un plaisir de travailler avec vous, nous sommes très heureux et satisfaits.

- Ouais, heureux et satisfaits, articula le pit-bull à sa suite.

- Formidable.

Ils traversèrent l'atelier pour aller se servir un café, Sweet n'en prit pas et observa ses deux accompagnateurs les boire avec entrain. Ils allèrent ensuite voir les caisses où l'encre séchait encore.

- Bien, trouvons-nous un employé avec un chariot, déclara William, il nous les transportera jusqu'à l'air de chargement, vous commencerez la distribution dès que possible c'est clair? Nous verrons pour la quatrième un peu plus tard, elle n'est pas urgente.

- Oh oui, c'est très clair. Votre chef a été très clair. Dès que possible. Nous commencerons dès que nous aurons récupéré les dernières caisses. Nous sommes heureux et satisfaits de vous servir.

- Ouais, heureux et satisfaits.

- Voilà qui m'enchante, c'est important d'avoir la volonté d'avancer!
scanda William. Ce qui est positif pour vous est positif pour nous, ne l'oubliez pas!

Il regarda autour de lui pour trouver du regard un employé qui lui conviendrait et en découvrit un qui ne portait pas de casque anti-bruit. L'image du concasseur lui vint soudainement avec des pensées qui n'auraient jamais pu être les siennes.

- Allez me chercher celui-là, ordonna-t-il à Milligan. Je suis sûr qu'il sera heureux et satisfait de nous aider également...
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Mar 29 Aoû 2017 - 10:42

Tom Bronson, dans sa peau de Tom Bronson, se fait passer pour un employé lambda de cette usine étrange, vêtu d’une combinaison de travail mais sans casque de sécurité. Il n’a pu en trouver un, et a troqué ce dernier contre une casquette trop large, qui protège son identité et tente de le faire passer comme anonyme au milieu de la masse des travailleurs.
Poussant un chariot au contenu inconnu, il s’enfonce à l’intérieur des salles principales du bâtiment, découvrant avec des yeux curieux voir perdus les machines et les actes routiniers effectués par ses camarades d’infortune ; il n’y comprend rien, mais relève néanmoins foule de détails importants et intéressants.

Les employés sont des esclaves, en fait.
Apeurés. Terrorisés. Automatisés. Voir même lobotomisés.

Ils réalisent leurs tâches sans âme, sans sentiment ; ils sont eux-mêmes des machines, extensions des boulons et autres manettes nécessaires à leur propre activité.
En ce sens, même des actes anodins tels que la dégustation d’un café apparaissent terrifiants – car cet acte est réalisé au même moment par tous, dans un mouvement similaire et définitivement robotique.
Tom, surpris, se reprend rapidement et mime le même geste ; heureusement, sa localisation discrète lors de cet événement lui permet de ne pas être détecté, et de cacher le trouble qui l’habite.

Des robots… ce sont des robots. Esclaves.
La femme inquiète avait raison de le solliciter : il y a définitivement quelque chose qui cloche, ici, et le jeune homme se rend compte que l’enquête qu’il vient d’engager est plus complexe et plus dangereuse qu’il ne le pensait.
Son expérience de Héros est encore faible, mais il s’y connaît suffisamment pour savoir reconnaître les signes d’une possession de masse… ou d’une crainte généralisée. Ou les deux.
Au fond, il ne sait pas ce qui est le pire – mais il sent qu’il va bientôt le découvrir.

Alors qu’il continue d’avancer et de pousser son chariot anonyme, essayant de prendre sur lui pour ne pas se laisser happer par la propre terreur qui naît en lui ; il a peur.
Il pensait venir ici et régler aisément une situation à base de pif, de paf, de pouf et de grr… mais il se rend compte que cela sera bien plus complexe et dangereux. Tom ne dispose d’aucune défense envers les attaques télépathiques ou magiques, et si ses ennemis potentiels n’en usent pas, au moins ont-ils des moyens de pression pour imposer leur joug à une telle masse de travailleurs.

Est-il à la hauteur d’une telle tâche ?
Et ne va-t-il pas faire plus de mal que de bien en tentant de solutionner cette crise ?

Wildcat n’en sait rien – et il déteste cela.
Cependant, il se rend compte que cette inaction de sa part ne peut durer… autant parce que ses tripes l’enjoignent à faire quelque chose, que parce qu’il est sollicité directement par les deux sbires entrevus précemment.


« Gnhein ? »

On lui fait signe, par de rapides gestes automatisés et des paroles sans âme, de rejoindre les deux armoires à glace et l’homme qui leur parlait déjà avant. Il se rapproche, avec son chariot et, toujours caché sous sa casquette, se plante devant le responsable en évitant de croiser son regard.

« A… votre disposition. »

L’instant est tendu et difficile.
Il est sur ses gardes – prêt à fondre sur l’ennemi. Prêt à changer. Prêt à bouleverser entièrement l’équilibre de cette situation, si besoin…

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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Mar 29 Aoû 2017 - 15:30

William Sweet suait, il pencha la tête pour lire le nom inscrit sur la blouse du nouvel arrivant. Il était important d'appeler les employés par leur nom, c'était positif, c'était branché, c'était moderne, c'était dans le manuel; ça faisait croire à un minimum de cohésion. Et William voulait que cette cohésion apparaisse, il était jeune, ambitieux, prêt à tout, cette usine pouvait devenir le tremplin de sa carrière et elle le deviendrait quoi qu'il puisse lui en coûter.

- Alfred, déclara-t-il en souriant. Ravi de vous voir à votre poste!

L'une de ses mains se crispa, se ferma violemment et se rouvrit. Il se décida à donner une tape amicale sur l'épaule de son subordonné.

- C'est toujours un plaisir de voir un employé prêt à servir, mais je vais devoir vous réprimander Alfred...

Il soupira comme un père face à un enfant désobéissant et reprit comme s'il s'adressait à un être qui n'avait que six ans d'âge mental.

- La sécurité avant tout! Je vais devoir demander à ce qu'on vous applique un blâme pour ne pas porter de casque anti-bruit! Vous allez aider ces deux messieurs avec ces caisses d'accord?

Sweet tapota l'une d'elle.

- Inutile d'aller prendre une protection maintenant, l'entrepôt sera assez silencieux, mais si vous revenez ici, il faut un casque. N'oubliez pas: "La sécurité est notre Pri-o-ri-té". Allez, prenez ces caisses et...

Il s'arrêta net et posa une main rapide à son crâne, comme si une décharge électrique venait de le foudroyer.

- Un problème? demanda Milligan.

- Non, une migraine.... ophtalmique... ça... ça ira... gémit William alors qu'une larme courrait le long de sa joue. Les caisses... prenez ces caisses...

Il tourna les talons et se parla tandis qu'il remontait l'usine pour rejoindre son bureau, une main sur son oreillette qui brillait.

- C'était inutile... c'était alfred... c'est... non... oui... très bien nous verrons...

Un Milligan rayonnant de joie se tourna vers le dénommé Alfred.

- Allez, lança-t-il avec enthousiasme, on prend celle du collège en premier!

- Ouais, celle du collège, répéta l'autre.

Ils quittèrent ensuite la zone de manufacture pour circuler dans de larges couloirs où des chariots élévateurs pouvaient se croiser. Les lampes qui pendaient du plafond projetaient une lumière sépulcrale sur les lieux de béton et d'acier affreusement silencieux. En comparaison avec le brouhaha constant des ateliers, le silence des lieux était inquiétant et les climatiseurs rendaient l'atmosphère glaciale. Aux murs, des panneaux de sécurité indiquaient la marche à suivre en cas d'évacuation. Sur la plupart, les inscriptions "Travail Dur", "Tais-toi" ou des symboles étrranges étaient gravés. Près d'une double-porte blanche avec des inscriptions prévenant des risques chimiques et la mention "laboratoire", une odeur épouvantable régnait. Un homme en tenue NRBC, masque sous le bras observait devant lui sans dire un mot. Ses yeux rougis étaient cerclés par la fatigue et son visage livide. Sa montre sonna la fin de sa pause, il remit son casque et poussa la porte du laboratoire. L'odeur devint plus désagréable encore, mais les deux hommes de main de "Blanco" ne parurent pas un instant gênés. Du laboratoire, on pouvait voir de larges paillasses carrelées, servant normalement aux manipulations des produits explosifs, recouvertes de sang. Les hauts-parleurs de la pièce lançaient des bruits incohérents entrecoupés de paroles incompréhensibles. Les portes se refermèrent, offrant une dernière vue étrange depuis les deux hublots qui les perçaient à hauteur d'homme. A l'intérieur, les chercheurs se divisaient en deux équipes, l'une d'elle dosait les mélanges de poudres pour les balles des armes produites tandis que le second mettait à tremper dans de larges bocaux des organes humains, annotant divers éléments en une langue inconnue.

Ils arrivèrent enfin à destination. L'entrepôt était relativement petit en comparaison du reste de l'entreprise mais se révélait surtout extrêmement vide, répercutant des échos sinistres à l'infini

- Le camion est sur le quais C, indiqua Milligan, apportez-la là-bas, on va ouvrir le rideau.

Le deuxième homme entreprit ainsi de lever le rideau de fer qui séparait le quais C de l'arrière ouvert du camion. Dans ce dernier, quelques caisses étaient déjà entreposées et un troisième homme attendait dedans, l'air sérieux.

- Faut qu'on se grouille, s'écria Milligan en regardant sa montre, vérifie qu'on a les pinces pour ouvrir les casiers. Ça va être Noël avant l'heure pour les élèves du coin. Ha ha ha.

- Alors? demanda le troisième larron qui sortait du véhicule. Vous avez renégocié? Qu'est-ce que leur chef a dit?

- Oui, tout est arrangé.

- Cool.


Le téléphone de Milligan sonna. il décrocha rapidement, ne dit rien puis raccrocha.

- C'était qui?

- Le maître...


Il claqua des doigts à l'adresse de son premier collègue et montra du doigt Alfred. L'homme sortit immédiatement un revolver de sa veste et le pointa sur l'employé.

- C'est l'heure du blâme, commenta-t-il simplement. Tue-le.
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Mer 30 Aoû 2017 - 10:54

« Hem. »

Tom grimace légèrement, la tête toujours baissée ; il n’est pas à l’aise, évidemment, face à ce supérieur qu’il ne connaît pas et à l’attitude étrange.
Avec les armoires à glace autour de lui, la situation a tout du piège, et il se fait penser à un poisson entouré de requins… il serait mieux en Chat-Garou, bien sûr. Mais cette forme l’empêcherait d’enquêter, et il doit donc y renoncer – pour l’instant tout du moins.


« Je… suis désolé. »

Il maugréé ces excuses après l’annonce du blâme, et ne réagit pas quand William Sweet le touche à l’épaule ; le contact n’a rien d’agréable, même s’il se demande si son a-priori négatif n’est pas derrière ce rejet.
Le jeune homme acquiesce, l’instant d’après, à l’ordre donné par ce petit chef, et reprend son chariot pour se diriger vers les caisses à y charger.

Alors qu’il effectue ce travail difficile pour le gabarit qu’il arbore en forme humaine, il laisse son regard et ses oreilles traîner ; et s’il n’a rien d’un enquêteur, il peut néanmoins relever quelques détails intéressants, qui viennent nourrir ces observations sur cette mystérieuse usine.
Une migraine, donc. Qui créé une véritable faiblesse. Puis une communication avec un interlocuteur inconnu, apparemment désireux d’une sanction plus directe et plus immédiate envers lui.
Intéressant – Tom ne sait pas quoi en faire, mais ces éléments sont intéressants.

Tom s’avance, sans rien dire, au milieu des allées en poussant son chariot, joyeusement accompagné par ses gardes-du-corps menaçants.
Ils débouchent rapidement au-delà de la salle principale, en passant dans des couleurs blêmes et déprimants. Un silence agressif succède à la furie de l’atelier, accentué par des panneaux que n’auraient pas reniés quelques Nazis avides de productivité…
Le jeune homme grimace discrètement, définitivement mal à l’aise. Il finit par arriver dans le Laboratoire, où une odeur fortement désagréable irrite son odorat, tandis que son ouïe est polluée par un bruit incompréhensible ; pourtant, étonnamment, aucune des personnes présentes ou ses accompagnateurs n’en sont gênés.

Il persévère, néanmoins, et prend sur lui, pour quitter ce laboratoire surprenant et même inquiétant, de nombreux éléments attirant son attention et s’inscrivant dans son inconscient, pour éventuellement les réutiliser après.
Lui et ses gardes-chiourmes finissent par déboucher dans un entrepôt, où les attendent un camion et un gardien ; le malaise de Tom s’intensifie alors que leur conversation débute, et que lui s’avance pour charger sa cargaison.

Son sixième sens, peut-être lui lié à l’intervention inconsciente de ses capacités de Chat-Garou dans sa forme humaine, le fait se retourner au moment où ils évoquent leur conversation téléphonique avec ce maître… et il découvre donc, directement, l’arme pointée sur lui.
Une personne normale n’a qu’une fraction de secondes pour tenter quelque chose face à une arme. Une personne normale, qui s’est retournée avant, peut espérer deux à trois secondes de plus.
Mais… même en forme humaine, Tom Bronson n’est pas une personne normale. Il est membre de la Justice Society of America. Il est le fils de Wildcat.
Il n’a rien de normal.

Sans prévenir, et avant que le coup ne soit tiré, il se retourne et se précipite dans les profondeurs obscures de l’entrepôt.
Il ne court pas longtemps, néanmoins, et se réfugie derrière d’autres caisses. Il a conscience que les criminels ne tarderont pas à le rejoindre – mais il leur prépare une surprise de son cru.
Alors qu’ils s’avancent et se rapprochent de sa zone de sûreté, obscure et remplie d’ombres, ils ne tardent pas à découvrir… quelque chose.

Une forme, dans l’obscurité. Une forme massive et menaçante. Une forme qui grogne…

[New York] Tenir les cadences [Terminé] 1036468-tommy12
… une forme qui feule.
Et qui ne va pas tarder à frapper !


(HJ/ Dis-moi si les actions dictées aux PNJ te gênent sur la fin ! /HJ)
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Mer 30 Aoû 2017 - 14:55

[HRP]Leurs réactions me conviennent parfaitement.[/HRP]

Le type bougeait vite et le tireur n'eut pas le temps de réagir. Il lança un juron tandis que Milligan s'énervait et leur ordonnait, de retrouver leur cible. Il se prit finalement la tête dans les mains et tomba au sol à genoux.

- Il faut le retrouver, criait-il au bord de l'hystérie. Il faut le retrouver!!!

Les deux autres, s'élancèrent à la suite de l'ouvrier qui osait leur échapper. L'entrepôt était plongé dans d'insondables ténèbres, n'offrant comme seuls îlots de lumière les cônes cadavériques des tubes incandescents. Les pas résonnaient, les cris de Milligan également, revenant de toute part en une myriade de voix déformées. Le plus large des deux acolytes, son arme toujours au poing arriva le premier aux abords des caisses où il avait vu s'enfuir son ennemi et se tétanisa en voyant deux yeux de prédateurs jaunes au milieu d'un visage satiné de noir dont on peinait à déceler les contours. Il parut littéralement hypnotisé par ces deux fentes mordorées et les feulements menaçants qui les accompagnaient. Il fit un pas en arrière, incapable de parler et laissa son arme descendre légèrement.

- Heureux et satisfait, articula-t-il finalement en soulevant de nouveau son arme, un sourire benoît au visage.

Le troisième, couteau à la main, déboula. Il eut un vif mouvement de recul et lança un puissant juron lorsqu'il découvrit la panthère en position agressive qui lui faisait face. Il n'avait jamais été question de ce genre de rencontre, surtout dans une usine en plein New York. Il avait grandit dans les environs et c'était bien la première fois qu'il voyait un félin de cette taille devant lui. Il serra son couteau dans le cas où la bête serait agressive à son égard, incapable de décider rapidement s'il devait s'enfuir, s'uriner dessus, crier, bondir ou faire des gestes incohérents pour l'effrayer. Il se décida juste à lancer un second juron, prêt à intercepter la bête, mais sans grande chance de succès.

----

Dans les toilettes qui avoisinaient son bureau, William Sweet pleurait en se passant de l'eau sur le visage. Son teint était livide et ses mains tremblaient.

- C'est la chance de ma vie, se répétait-il sans cesse. C'est la chance de ma vie...

- C'est effectivement la chance de ta vie.

- Alfred a juste oublié son casque, balbutia-t-il. Ce n'était...

- Ne fais pas comme si tu connaissais ce simiesque, tu as juste lu son nom, ça ne fait pas de lui un de tes amis.


- Mais...

- La faiblesse d'une organisation...

- ...se trouve dans son élément le plus faible
, compléta Sweet. Je sais... je sais... Il devait mourir.

- Exact. Maintenant calme-toi, j'ai besoin de repos.

Calme...


Il déglutit comme pour essayer de ravaler ses sanglots.

Besoin de calme...


Il se regarda dans le miroir et découvrit son air tiré, ses yeux rougis et les deux cernes qui commençaient à le marquer. Il se sentait si fatigué et si las. Ses pensées se dissipaient.


...Calme-toi...


Il quitta les toilettes en rajustant son oreillette, reniflant encore un peu, la mine basse et les pas lents.

Lorsqu'il ouvrit la porte de son bureau, il découvrit un nouveau bocal abominable sur la table de réunion. Il eut un haut-le-cœur en découvrant un foie flottant nonchalamment dedans. Cela le répugnait, surtout qu'il savait d'où venait cet organe et ce à quoi il servirait. Dans un coin du bureau, assit paisiblement, un scientifique attendait, probablement celui qui avait transporté le sordide récipient jusqu'ici.

- Rangez-le avec les autres, lança-t-il d'une voix peu assurée.

L'homme se leva, saisit le bocal, ouvrit l'armoire forte et le déposa soigneusement à l'intérieur. Malgré lui, William vint à ses côtés et observa les différents organes qui reposaient là. Il eut un mouvement de régurgitation mais se contrôla, une fois encore à son cœur défendant, et l'une de ses mains se leva pour se poser dessus. Son regard devint déterminé. Il observait l'amas cellulaire qui reposait là.

- L'avenir, souffla-t-il.

Et un rire dément éclata directement dans ses pensées.

Haw Haw Hee Hee Haw!


[HRP]Je te laisse t'occuper des types qui sont avec toi dans le hangar. Tu peux en faire ce que tu veux ![/HRP]
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Jeu 31 Aoû 2017 - 10:45

(HJ/ Merci, je m’en fais un plaisir ! Smile /HJ)

Le feulement continue.
Perdu, caché dans les ombres de caisses dans cet entrepôt obscur, le Chat-Garou n’a eu qu’à attendre l’arrivée de ses adversaires, de ses cibles ; comme un prédateur guettant sa proie, dans un piège idéal. Et sa patience n’a guère été sollicitée, car les deux hommes qui souhaitaient mettre fin à son existence se sont rapprochés, avides de sang et d’efficacité – mais sont désormais tétanisés.


« Grrr… »

Le premier à débarquer dispose d’une arme à feu, que sa crainte initiale lui fait descendre… avant de la relever, maugréant des paroles inappropriées avec un sourire inhumain. Le second les rejoint avec une lame, nourrissant l’espoir fou de bloquer l’ennemi avec ce couteau et sa volonté.
Erreurs – lourdes erreurs.
Ils ne font plus ici face à un gringalet de petite taille, mais à un métahumain de plus de deux mètres, véritable fauve humain qui, s’il n’a pas de grande expérience du combat et ne dispose pas de connaissances poussées dans l’art de l’affrontement, a pour lui des capacités extraordinaires… qu’il maîtrise de plus en plus.


« Pas de ssssatissssfaction pour toi aujourd’hui ! »

Wildcat bondit littéralement sur le premier agresseur, évitant le tir-réflexe de sa cible en modifiant sa position de saut avec sa souplesse améliorée.
Il s’écrase directement sur sa cible, et abat brutalement son poing sur le visage de cette dernière ; puis l’autre ; puis le premier, encore. Des dents volent, se brisent, du sang coulent, des os sont brisés – et une conscience s’évapore, vaincue.
Le métahumaine récupère l’arme à feu et la projette au fond de l’entrepôt… avant de se tourner vers le second agresseur.


« Tu vas te couper. »

Si l’homme n’a rien pu faire pour protéger son camarade, il tente de se reprendre pour défendre sa propre existence et lève sa lame – mais, oui, il tente de se reprendre. Cela ne fonctionne pas vraiment, car Tom se précipite vers lui en sautant avec sa grâce féline, et projette ses deux jambes vers son visage.
L’impact est terrible, et l’effet immédiat : la cible s’écroule, rejoignant son allié au royaume de Morphée.


« Grrr… »

Le feulement reprend, alors qu’il se débarrasse du couteau qui va rejoindre l’arme à feu – et que son attention se fixe sur le dernier homme.
Il sait que l’effet de surprise est maintenant évaporé, et que l’adversaire l’attend ; mais il ne sait pas ce qu’il attend, et Wildcat dispose donc encore d’un atout dans sa manche.

L’ultime ennemi est connu, il l’a accompagné dans les couloirs et l’a même écouté au préalable.
Il le connaît, donc, et une partie de son esprit sait qu’il peut avoir besoin de lui : besoin de ses informations, de ses connaissances, des révélations qu’il pourrait faire ; après avoir immobilisé ses camarades, il paraît crédible que ce sale type en dise beaucoup, après un interrogatoire un peu musclé.
Oui, une partie du fauve humain le sait – la partie Tom Bronson. Quel dommage que ce soit le Chat-Garou qui domine à cet instant, ses réflexes intensifiés par la peur et la colère…

Wildcat bondit, alors.
S’échappant des ombres et des caisses, filant vers sa cible, écrasant ses poings dessus, en feulant comme un animal.
A nouveau, l’efficacité est totale : l’ennemi est vaincu. Mais, alors que la tension s’apaise, que le rythme cardiaque baisse, le jeune homme comprend son erreur – et l’occasion manquée.

Il s’est, certes, débarrassé de ceux qui voulaient le tuer… mais il a perdu de précieuses sources d’information.
Et se retrouve, seul, dans un environnement dangereux et hostile.


« Grrr… bien joué, gamin. Bien joué. »

La voix paternaliste de Ted Grant résonne dans son esprit.
Il n’aime pas ça – mais il va quand même devoir faire quelque chose.
C’est sa mission. Sa responsabilité. Son job.


**
*
**

Alors que le scientifique inconnu referme l’armoire forte du bureau de William Sweet en compagnie de ce dernier, tous deux ont la surprise d’entendre la porte de la pièce s’ouvrir et se refermer.
En se tournant, tous deux peuvent découvrir… Tom, ou peut-être Alfred, en tenue d’Alfred, qu’il avait pris soin d’enlever avant sa transformation précédente.


« Rebonjour. »

Il croise les bras, d’un air calme et serein.

« Je viens contester mon blâme. »

Dans l’entrepôt, le jeune homme n’a pas vu d’autre solution que… la confrontation directe.
Plus d’enquête. Plus d’observation. Plus de stratégie.
Direct au cœur. Direct au front. Direct au visage. La méthode Wildcat.

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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Ven 1 Sep 2017 - 11:00

William Sweet, étudiant sans avenir, sans carrière, avait suivit jusqu'ici les conseils de ses parents, difficile de faire autrement lorsque ces derniers payaient votre école, assurait vos dépenses et pouvaient vous payer l'appartement dans lequel vous vivriez une bonne partie de votre vie. Se faire un réseau, des amis (pas trop proches) et étudier, un peu. Il avait surtout suivit le dernier. Médiocre au possible, incapable de comprendre le monde qui l'entourait tout à fait ou de faire preuve de la même absence d'empathie que ses collègues, il s'était rapidement retrouvé seul sur un marché de l'emploi qui voulait des happiness manager et des hommes capables de dire en souriant à leur congénère désespéré que "finalement, c'est fini, on s'est bien marré mais t'es viré". Dépression, burn-out, voilà ce qu'avaient été les trois premières années professionnelles de Sweet.

Mais tout était fini, désormais il pouvait devenir le fils de ses parents, il avait parfois des remords, mais jamais longtemps. Désormais il pouvait faire son travail, le plus formidable job du monde comme il se le répétait dans le miroir: rentabilité, optimisation, projets innovants, pragmatisme, réalisme, il connaissait les termes, maintenant il savait les mettre en application. Cette usine serait l'illustration de son savoir-faire, il avait amélioré les cadences, soumis les employés aux volontés de l'encadrement de Georges Patterson, tout allait pour le mieux! C'était la victoire de la modernité sur le vieux monde paternaliste et coincé dans des considérations morales. Il était un pionnier, à l'avant-garde, bientôt il ferait des interviews et dédicacerait des livres de management. Sa carrière connaissait la plus belle des réussite. Il allait devenir quelqu'un...

Lorsque la porte claqua, toutes ses pensées s'évanouirent et il pivota dans la direction de.... Alfred?! William bégaya quelques mots, le scientifique resta de marbre face à cette irruption, penchant la tête comme s'il cherchait à mettre un concept sur l'individu qui venait d'entrer.

- Que... quel blâme? demanda William en reculant vers son bureau. Vous... vous avez... enfin... les caisses? Bon... euh... le... le mieux est que vous rencontriez le responsable...

Sweet aurait aimé éviter, son supérieur n'aimait pas être dérangé pour des affaires d'une moindre importance, c'était pour lui d'un fatiguant, mais grâce à lui, Alfred reviendrait à de meilleures intentions, comme cette bande de crétins qui était sensée s'être débarrassée de lui. William, le teint bilieux enleva son oreillette et la déposa soigneusement sur son bureau, révélant un canal auditif étrangement distordu. Il grimaça de douleur tandis qu'un fin filet de sang commençait à couler le long de sa joue. Il porta une main à son oreille, réceptionna une forme indistincte qu'il déposa sur son bureau. Cinq centimètres de pure cruauté sous la forme d'un ver à lunettes disposant de son traducteur universel autour de l'un de ses segments.

Le scientifique se mit instantanément à genoux devant son seigneur et maître, le terrible MISTER MIND! qui ne lui adressa pas un regard, trop accaparé par le dénommé Alfred.

Tsaaa. On osait l'appeler pour gérer un terrano-simiesque qui faisait de l'esprit et de la résistance. Qu'importait, il montrerait qu'on ne résistait pas aux projets de l'être le plus génial de l'univers et il allait s'amuser avec lui. Il s'était échappé? Il se croyait malin? Il se croyait à l'abris du doute? Celui-là ne serait pas remis dans le rang, il fallait qu'il disparaisse, un employé qui ne recevait pas sa dose de consignes hypnotiques était une menace pour l'organisme tout entier. Le parasite devait disparaître.

- Bien, lança une petite voix modulée, jaillissant du boîtier vocal. Vous venez "contester votre blâme"? C'est bien regrettable...

Regrettable... projeta-t-il psychiquement vers sa cible tandis que ses yeux s'illuminaient doucement.

Vous êtes désolé...

Désolé...
regrettable...

Vous êtes un mauvais employé!
UN Mauvais EMPLOYÉ.

Un moins que rien...

Moins-que-RIEN
regrettable...
regrettable...

Regrettable!
elbattergeR

Votre vie est regrettable... regrettable...

Votre existence est vaine...
vaine....

Mauvais...
vie...
VAINE
regrettable...

Vous n'êtes pas à la HAUTEUR....

pas à LA HAUteur...

Minable


Vous allez en finir...

en FINIR...

Minable.

Pas à la hauteur...

c'est terminé...

terminé

Vous allez EN FINIR!!

maintenant
MAINTENANT



Il lui projeta ensuite une image de mort pour souligner ses propos.
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Ven 1 Sep 2017 - 15:43

Tom demeure figé et immobile tandis que son interlocuteur, dont il ignore encore l’identité, se retourne et lui fait face.
Il sait très bien qu’il joue un tour dangereux, ici, en se présentant directement dans le bureau du supérieur avec lequel il a été en contact, à le provoquer en évoquant ce blâme ; il n’a, hélas, pas le choix. Il ne voit pas comment agir autrement, et a pleinement conscience que l’absence des trois malabars désormais inconscients va se faire voir.

Soit il va au contact – soit il se prend le contact.
Et, dans la famille, si on peut encaisser, on aime surtout distribuer, comme dirait son père.


« Hem. »

Le jeune homme grogne, mal à l’aise.
S’il n’est, encore une fois, pas un enquêteur stricto-sensu, son temps dans la Justice Society of America lui a permis de comprendre l’intérêt de l’observation. Il relève, donc, le trouble intense qui affecte cet inconnu qui a décidé de mettre fin à son existence – mais surtout la déformation de son oreille, surprenante, et qui implique qu’il y a clairement quelque chose d’anormal ici.
Au cas où les cadences infernales, le comportement robotique des employés, l’interdiction de rentrer, le café dangereux, les panneaux d’ordres iniques et les bruits abominables avaient laissé le moindre doute, bien sûr.


« Je… suis ravi de pouvoir évoquer le sujet avec les hautes instances. »

Tom tente de meubler, alors qu’il note également dans son esprit le saignement qui intervient dans cette oreille.
Ces constatations, néanmoins, s’évaporent d’elles-mêmes quand il entrevoit… la Chose.


« Mais… »

La Chose.
Il n’y a pas d’autre terme pour décrire… ce truc.
Un verre. Un putain de verre. Avec des putains de lunettes. Et qui parle via une putain de boîte vocale. Les réflexes de langage de Brooklyn reprennent le dessus dans l’esprit du jeune homme, alors que ses yeux demeurent figés sur cette… créature.
A la base, il a failli exploser de rire ; maintenant, il envisage d’exploser de peur, alors qu’il se rend compte que… son interlocuteur et le scientifique sont aux ordres de la Chose. Cela veut donc dire qu’elle est puissante, et maléfique. Cela veut donc dire qu’il doit se méfier. Cela veut donc dire qu’il doit se protéger.

Hélas.
Hélas, si ce cheminement intellectuel est pertinent ; s’il est sain et peut pleinement l’aider dans sa formation de Héros ; s’il peut le mener à la victoire ici… ce cheminement intervient tard.
Trop. Tard.

Sans s’en rendre compte, Tom Bronson est à terre.
Il a mal. Il souffre, mais pas physiquement. Son esprit… son esprit est agressé, harcelé, tabassé mentalement. Ses pensées s’effritent. Sa conscience est trouée.
Il est agressé, et il ne sait comment réagir. Il est livré, victime, aux machinations d’un Esprit puissant… d’un Esprit mauvais. D’une chose qui s’infiltre dans son crâne, pour y planter des idées abominables. D’une chose, oui.
De la Chose.

Les mots et reproches bondissent dans cet esprit désormais victimisé. Si l’appréciation de son travail ne le touche guère, ces concepts ne tardent pas à souligner et à frapper ce qui fait mal… la reconnaissance de lui-même, sa propre appréciation de sa personne ; et celle que les autres ont de lui.
Ses amis, qui n’ont jamais vu en lui qu’un gamin malingre grande gueule, à aider et à protéger ; le faible et le beau-parleur, mais jamais le beau-gosse ou la vedette. Ses compagnes, qui ne l’ont aimé que pour le protéger, dans ce réflexe désagréable et maternel de prendre soin d’une sorte de bébé pourvu d’un pénis en état de fonctionnement. Ses alliés de la J.S.A., qui le considèrent comme une mascotte rigolote mais incompétente, parfait punching-ball tant physique que philosophique pour leurs blagues.
Et sa mère, qui a toujours pris soin de lui mais ne l’a jamais jugé digne de lui révéler l’héritage du Chat-Garou qu’elle avait et qu’elle lui a transmis, dans un océan de mystère qui entoure désormais ses origines.
Et son père, surtout, qui ne l’a jamais connu, ne l’a jamais voulu, a fait comprendre à sa mère qu’il ne voudrait pas de progéniture. Ce père champion de boxe, magnifique exemple de performance physique au fil des âges, par principe déçu de cette descendance faible et faillible. Ce père exigeant, qui n’a pas su voir que le rejet initial était un appel à l’aide. Ce père insensible, qui a fait semblant de comprendre cet héritier pour le forcer ensuite dans sa voie combative. Ce père manipulateur, qui a transformé un pacifiste en avide de l’adrénaline.

En fait, Tom fait face à ces mots, ces pensées, ces concepts, ces coups.
Et Tom est brisé.
Brisé face à l’ennemi. Brisé face à ce poids. Brisé face à lui-même. Brisé face à la Chose.

Mais…
Mais il n’y a pas que Tom Bronson, en face de ce Mister Mind dont le jeune homme ignore l’identité et la puissance. Il n’y a pas que ce jeune homme malingre et faible.
Il y a Wildcat – ou Tomcat, comme certains l’appellent avec humour.
Il y a un novice guerrier. Il y a un apprenti Héros. Il y a un Chat-Garou. Il y a…


« Grrrrr… »

… un fauve.

« GRRRRRAAAAAAOUU !!! »

Face à cette attaque mentale, Tom Bronson a cédé et sa conscience a refoulé.
Libérant la bête.
La transformation a été complétée en quelques instants, et est désormais pleine. Wildcat est là, au-dessus des vêtements déchirés du pseudo-Alfred. Wildcat feule, les griffes sorties, prêt à se lancer ; et Wildcat… Wildcat n’a guère d’esprit, comme un Humain.

Mister Mind et ses victimes font face, ici, au véritable fauve. Au Chat, du Chat-Garou.
La bête n’a pas de conscience véritable, pas de système de pensées sur lequel la télépathie fine de Mister Mind peut jouer. La bête ne sait pas ce qu’il se passe, mais elle a en souvenir la douleur, la colère – et l’idée de tout diriger sur cette petite Chose devant elle.
La bête est enragée, oui. La bête ne pense pas. La bête agit, par réflexe, par principe, par cruauté… par nature.

Elle bondit, donc. Se précipite vers la table et Mister Mind. Avec l’idée fixe de s’en emparer, de lui arracher la tête – et de le dévorer.
En fait… la bête est lâchée. Tout simplement.

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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Sam 2 Sep 2017 - 19:27

- Haw hee hee haw!

Il était si facile de faire ployer l'esprit si fragile et faible de ces simiesques informes. Voir ainsi ce sous-être qui se prenait pour l'équivalent d'un créateur de monde à terre, incapable d'affronter la supériorité faite insecte! C'était délectable, c'était merveilleux, c'était le sens de l'existence toute entière de Mister Mind qui trouvait là une illustration. L'occasion était trop belle pour qu'il cesse maintenant! Il s'apprêta à renvoyer une nouvelle salve de suggestions lorsque l'impossible se produisit.

Le ver vénusien n'était pas un adorateur de la magie, c'était un esprit rationnel amoureux de la science, art qu'il maîtrisait à un degré rare. Sitôt qu'il se retrouvait face à un phénomène magique ou ce qui en avait l'apparence, il ne pouvait s'empêcher de lui prêter des explications scientifiques et logiques. Il ne savait pas hurler "malédiction", mais "illogique!", "insensé!". Il pouvait admettre qu'un objet - nommé artefact par les béotiens rêveurs - pouvait avoir un pouvoir ou une énergie, il suffisait d'observer la technologie des Lantern Corps pour en être persuadé, mais qu'une sorte de vague incantation puisse être autre chose qu'un vulgaire ramassis de galimatias servant de commande vocal à une quelconque machinerie, cela le dépassait.

- Insensé! s'écria-t-il en voyant la fourrure recouvrir le corps de sa victime.

Les grognements suivis de feulements firent agir le terrifiant insecte par réflexe. Il projeta ainsi des ordres psychiques comme autant de phéromones pour d'autres organismes. Le scientifique qui était au sol se souleva d'un seul coup en hurlant un long et désespéré "Noooon" et s'interposa entre Mister Mind et le féliforme.

Tout devint panique. Le couple formé du scientifique et de Wildcat tournoyèrent en renversant le bureau; William bondit de son siège en criant et Mister Mind suivit le mouvement du meuble en tombant au sol. Effrayé, désorienté, le manager à l'oreille saignante ne savait que faire. Le scientifique totalement désinhibé cherchait à maîtriser la créature. Sous leurs poids, le bureau grinçait, les feulements jaillissaient et rebondissaient comme si une centaines de chats se battaient entre eux.

- Conduis-moi au laboratoire! ordonnait le ver à l'adresse de Sweet qui regardait toujours la panthère sans y croire. Conduis-moi au laboratoire!

CONDUIS-MOI AU LABORATOIRE! tonna-t-il directement dans son crâne.

L'homme, comme fouetté, se précipita sur le ver, le récupéra de ses deux mains tremblantes et les tint en coupe. Il se mit alors à courir vers la porte, l'ouvrit et entama une course frénétique dans le couloir, il était absolument terrorisé et son corps le lui faisait comprendre, mais il était piégé dans la toile cérébrale d'un esprit supérieur auquel il avait ouvert sa boîte crânienne, un esprit qui pouvait en faire ce que bon lui semblait. Qu'importait ses larmes glacées, qu'importait sa respiration erratique, qu'importait le pantalon détrempé qui l'irritait, il irait jusqu'au laboratoire, quitte à en mourir.

Sweet dévala un escalier métallique qui menait aux ateliers, glissant, se foulant une cheville, cognant un genoux contre un rebord métallique. Il ne put crier, son esprit ne l'y autorisa pas et il se releva. Là, il espéra que Mister Mind prenne le contrôle des ouvriers, mais ces derniers étaient de simples automates, des terrano-simiesques drogués matin, midi, soir, et même pendant leurs "pauses" et soumis à un lavage de cerveau tout ce qu'il y avait de plus scientifique, le ver n'avait aucune autre emprise sur eux, ils ne valaient guère mieux que leurs machines. À la différence des scientifiques dont il avait dû patiemment investir les esprits pour les câbler selon son bon vouloir et les faire agir dans son intérêt. Là se trouvait sa réserve de chair à canon.

- Comment on peut s'en débarrasser? pleurnichait Sweet en courant.

- Nous sommes dans une fabrique d'armes, rétorqua Mind avec un ton qui était une injure à lui tout seul. Nous avons ce qu'il faut!

Mais il leur fallait des armes chargées et celles qui sortaient de l'atelier étaient vides, ils ne pouvaient en trouver que dans le laboratoire, dans la zone d'expérimentation. Mind regrettait d'être encore trop faible pour tenir tête à cette sous-créature. Au mieux de sa forme, une telle usine n'aurait pas dû lui donner tant de difficultés, mais c'était ainsi en outre il manquait de sécrétion pour essayer de piéger des portes ou même son adversaire dans du fil à soie. La fuite jusqu'au laboratoire était sa seule option, ne restait qu'à savoir s'il pourrait l'atteindre avant que leur ennemi ne les intercepte; au pire il lui restait un pion sacrifiable. William Sweet montrait de toute façon des signes d'usure...
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Lun 4 Sep 2017 - 11:36

Le Chat-Garou feule – et attaque.
Il bondit directement vers l’adversaire, pour s’en emparer et le déchirer littéralement ; malheureusement, le ver semble disposer de ressources, tant dans le contrôle d’autrui que dans la capacité à réagir en cas de danger.
L’ennemi sacrifie un pion, le scientifique quasiment muet, qui se précipite entre lui et Wildcat ; le choc en est terrible.

Alors que William Sweet emmène Mister Mind au loin, profitant de cette diversion et du gain de quelques précieuses secondes, leur ennemi enragé s’acharne contre le scientifique… et ce n’est pas beau à voir.

Le scientifique tente de se défendre, mais que faire face à un métahumain, une force de la Nature ?
Rien, ou si peu.
Habituellement, Tom se contrôle, évite d’utiliser toutes ses capacités, de déclencher tous ses pouvoirs, pour que ses adversaires ne soient pas autant blessés qu’ils le pourraient ; mais pas aujourd’hui. Pas après cette attaque mentale. Pas après que ses réflexes et son instinct aient repris le dessus.

Il se bat, donc. Avec toute sa fureur et sa sauvagerie.
Coups de griffes, coups de pattes, coups de coudes, morsures, grognements… l’éventail est total, la violence absolue.
Il s’arrête, néanmoins, au moment où il est sur le point de donner le coup final – le coup mortel.


« Grrouu… grrouu… grrouu… »

Wildcat se calme.
Difficilement.
La respiration sifflante, difficile ; le corps tremblant, sous l’impulsion de cette folie qui s’est emparée de lui et qui a failli le plonger dans l’horreur absolue.
Il s’en est empêché, heureusement – mais il n’est pas encore calmé. Il a juste baissé d’un échelon dans la fureur… mais elle est encore haute.

Après avoir vérifié que sa victime respire encore, Tom bondit littéralement au-dehors du bureau de son adversaire principal – et remonte la piste.
Grâce à son odorat amélioré, il parvient à suivre William Sweet et surtout ce ver, qui hante son âme depuis qu’il a massacré son esprit. Encore possédé par la colère, tenant toujours essentiellement sur ses réflexes et son instinct, le Chat-Garou passe au milieu de l’atelier, dans les couloirs, dans le laboratoire, jusqu’à parvenir… à sa cible.

Il fracasse littéralement la porte du laboratoire, au moment où William Sweet tente de la fermer.
Accroupi sur la porte, avec en dessous le responsable gémissant, Wildcat pose son regard sur le ver à quelques mètres – et sort ses griffes.


« GRRRRR !!! »

Il ne réfléchit plus. Il ne raisonne plus.
Il agit.
Sans prévenir, il saute sur lui-même – et s’écrase brutalement sur la porte, dont le poids se brise sous l’impact et son poids. Il atterrit donc sur William Sweet, et le frappe avec sa jambe droite, d’un coup propre à briser une mâchoire et à plonger dans l’inconscience.

L’ennemi immédiat repoussé, le Chat-Garou refixe son attention sur Mister Mind… et ne se préoccupe pas d’éventuels scientifiques ou aides de camp.
Il grogne, bave, enrage ; il ne se contrôle plus.
Wildcat saute en avant, prêt à nouveau à tout pour s’emparer de l’adversaire et le dévorer – mais une pensée glisse dans son esprit.

Le scientifique d’avant est-il vivant ?
Une pensée, une seule, l’ombre d’une conscience ; un moment humain, un moment d’humanité, un moment de crainte. Un moment de faiblesse.
Un moment de réflexion humaine – qui est une prise, pour Mister Mind. Ce dernier peut sentir un bout de conscience humaine, et donc une piste à suivre pour contrôler son ennemi.

Il n’y a qu’une poignée de secondes entre le moment où Wildcat bondit et celui où il va s’emparer de sa cible ; une poignée de secondes pour remonter la piste de la pensée humaine – et l’utiliser.
A voir qui sera plus rapide, alors : l’esprit ou le corps ? Le monstre ou l’animal ?
Mister Mind ou Wildcat ?

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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Mer 6 Sep 2017 - 13:49

L'humain était pathétique. Il avait tenté de palier ses faiblesses en les cachant sous un verni technique et scientifique, poétique et littéraire, mais il restait un animal fragile dont la solitude était le pire ennemi. Quel Homo Sapiens (puisqu'ils osaient se prétendre intelligents) pouvait survivre seul? Certains le prétendaient mais leur solitude était emprunte d'Homo Faber, téléphones, ordinateurs, consoles de jeu, livres, table, chaise, vêtements même; peu de ces créatures fragiles pouvaient se vanter d'être seule et loin de toute chose. Combien d'ermite pour autant de William Sweet?

L'individu pleurait, chouinait, ses muscles le brûlaient tandis qu'il remontait vers le laboratoire, ses oreilles de prédateur devenu proie n'écoutant plus que les feulements et les bruits de griffes qui le pourchassaient. C'était bien la peine pour lui de s'exhiber tous les samedis dans un centre de « fitness » à courir comme un demeuré sur un tapis roulant avec le ronronnement d'une climatisation pour seule gêne. Il s'était visiblement mieux entraîné à sourire aux femelles présentes dans ces lieux de rencontre camouflés qu'à l'endurance à la course. Aujourd'hui serait le jour où cette tare allait se révéler en tant que telle. Misérable tas de chair libidineux...

Les portes tant attendues se rapprochaient, de ce que le ver vénusien, balancé de haut en bas par les mouvements de "courses" de Sweet pouvaient en observer. Toujours dans le creux des mains poisseuses de sueur de son pantin, Mister Mind en venait à espérer qu'il ne lâcherait pas avant de pousser les portes, ce qui pour lui relevait de l'obstacle quasi infranchissable sans une bonne dose de savoir-faire.

Dès qu'elles s'entrouvrirent sous la poussée de Sweet, et que le vénusien distingua la première blouse blanche, il sut qu'il pourrait se sauver. Savoir que les portes s'étaient refermées derrière lui fut la cerise sur le gâteau, jusqu'à ce que sous la force d'un bond prodigieux elles s'arrachèrent de leur gond et vinrent s'écraser sur William Sweet qui s'effondra au sol sous leur poids et la fureur de l'entrée de leur adversaire. La marionnette lâcha son maître qui glissa au sol.

D'une contorsion de son corps segmenté, le ver se tourna vers son ennemi qui lui bondit dessus. Le ver émit un nouveau message d'alerte qui fit paniquer les scientifiques alentours. Le temps sembla se ralentir alors qu'une sorte de brèche apparut. Sous la bête se cachait de nouveau une pensée humaine, un raisonnement minimal mais présent. Une faille dans laquelle l'esprit du ver allait s'infiltrer.

ARRÊTE! lança-t-il pour bousculer les réflexes et jouer sur un effet de surprise cérébral.

Il n'était plus question pour le ver de provoquer l'effondrement mental de sa cible, au risque de se retrouver transformé en apéritif pour féliforme. Il s'agissait maintenant d'endormir sa vigilance et d'en faire un pantin obéissant. Il ne pourrait pas contrôler la bête sans un équipement adéquat, mais il pourrait maîtriser l'homme le temps de le mettre au point.

Il sentit la légère culpabilité, il distingua l'amère peur, l'étrange angoisse humaine au milieu d'une fureur toute animale. Jouer sur sa peur était un moyen, mais surtout le risque de le voir accepter sa condition d'assassin et de bête primitive. Il fallait lui donner l'illusion de la victoire, de lui faire croire que cette folie furieuse n'était plus nécessaire.

TU AS GAGNE

TU .... AS....
gagné

C'est une VICTOIRE...

Vic....
toire...

L'ennemi est...
vaincu

vainVainVAINCUcucu

Vaincu.


Félicitations.

Vic...
toire.


Il faut te CALMER...

te CALMER...

Il lui envoya l'image d'un ver sans conscience et entre ses pattes.

VICTOIRE.

PLUS DE DANGER...

PLUS DE PROBLEME


Il devait impérativement le calmer et le pousser à reprendre forme humaine, ainsi pourrait-il le faire totalement tomber dans ses filets. L'homme s'était effondré facilement plus tôt, sans doute torturé par ses propres problèmes, il serait d'autant plus aisé de le plonger dans la béatitude de la servitude psychique. C'était de toute manière ça ou se prendre de plein fouet un carnivore feulant d'au moins quatre-vingt dix kilogrammes en pleine course...
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Jeu 7 Sep 2017 - 15:31

Wildcat bondit et abat ses deux pattes griffues sur Mister Mind.
Donnant deux coups de jambes, il projette encore plus la porte sur William Sweet, arrachant quelques grognements de douleur supplémentaires ; il en sourit, même s’il ne devrait pas. Il s’empare directement du ver, qu’il conserve dans ses mains velues et griffues.
Autour de lui, les scientifiques demeurent interdits, surpris, figés ; il n’a même pas à les regarder pour les terrifier. Sa seule présence, sa seule aura suffisent à les impacter, et à les terrifier au plus haut point.


« Grrr… »

Il grogne, encore. Avant de donner un très violent coup de… doigt, dans la tête du ver.
Son ennemi s’écroule sous le choc – inconscient. Vaincu.
Maîtrisé.


« Ha. »

Un sourire suffisant glisse sur ses lèvres poilues, ses moustaches frissonnant sous le plaisir ; il est satisfait. Heureux, même.
Il a réussi.


« Tel est prrrrris, hein, p’tit verrrr ? »

Lentement, le métahumain se tourne – et découvre que les scientifiques sont troublés, gênés, désorientés. Le phénomène touche toute l’usine, tous les employés, tous les esclaves jusque-là sous la coupe du ver… jusqu’à ce qu’il intervienne. Jusqu’à ce qu’il les sauve tous.
Il est un Héros, définitivement – et cela ne tarde pas à se savoir.

Très vite, les femmes des hommes ainsi contrôlés arrivent et retrouvent leurs maris, fils et autres proches ; Wildcat reste là pour vérifier que tout se passe bien, et il est très vite identifié comme leur sauveur.
Il est porté aux nues – littéralement, soulevé depuis le sol comme une rock-star au milieu de la fosse.

Tom laisse, néanmoins, cette foule en délire et si sympathique, pour joindre la Justice Society of America afin de gérer le ver ; même si elle est actuellement sous la coupe du Gouvernement, elle peut encore aider. Et c’est le cas.
Mis en lien avec Liberty Belle, il parvient à la convaincre de sa bonne foi – et lui apporte le ver qu’elle identifie comme un suppôt d’Amanda Waller dont il ne retient pas le nom. Usant de techniques d’interrogatoires héritées de la Deuxième Guerre Mondiale, la chef du groupe parvient à découvrir que la Présidente manipule depuis des mois dans l’ombre via de nombreux vers télépathes… et si Liberty Belle est sur le point d’être contrôlée, la puissance de l’esprit de Wildcat parvient à la ramener et à la protéger.
Grâce à leurs déterminations, les deux Héros révèlent l’horreur de la manipulation – et font tomber la Présidence, et libèrent les Recrues contrôlées.

Même s’il tempère la fougue de ses proches, Tom est acclamé une nouvelle fois pour ses actes et sa réussite.
Cyclone, la jeune et sublime Maxine Hunkel, révèle son amour irrépressible pour lui – et il accepte de tenter une aventure sentimentale avec elle, même s’il l’informe qu’il est plutôt libre de corps. Maxine accepte, et partage même sa couche quand il y vite Power Girl ou Jesse Chambers ou encore Catwoman.
Mieux encore, la renommée de Wildcat permet à sa mère, qu’il croyait morte mais qui se cachait d’une cabale anti-métahumains depuis des années, de sortir de l’anonymat pour le retrouver. Il l’accueille avec soulagement… mais il n’est pas le seul.

Ted Grant, son père, révèle qu’il est amoureux de sa mère depuis toujours, et profite de son retour pour la demander en mariage.
Il sollicite, néanmoins, avant la cérémonie le pardon de son fils, à qui il révèle l’ampleur de son amour et de sa fierté ; pour Ted, il n’y a pas meilleur héritier que Tom, et il le respecte autant qu’il l’admire.

Tom amène donc sa mère à l’autel, et sourit en écrasant une larme tandis qu’il soupire d’aise.
Tout va bien. Tout va enfin bien.
Mais tout est faux.

Thomas Bronson ne se trouve pas à l’Hôtel de la J.S.A. pour une cérémonie de mariage. Il est toujours dans l’usine. Il est toujours sur la porte sur William Sweet.
Il n’a pas bougé.
Car son esprit est désormais sous la coupe, sous le contrôle total de Mister Mind, qui a profité d’un sursaut de conscience humaine pour remonter la piste de son esprit – et le posséder, en lui faisant croire à une victoire. Et c’est réussi.

Tom reprend sa forme humaine, lentement. Et vient se positionner devant le ver, pour s’agenouiller – servile.
Mister Mind l’a brisé. Mister Mind le contrôle. Mister Mind a préservé son usine… et vient de gagner un nouvel atout.

Mister Mind dispose maintenant de Wildcat comme serviteur, comme esclave, comme arme à sa main.
Et si Tom est encore à l’intérieur, spectateur affolé de la situation, il est terrorisé… terrorisé, car il sait que personne ne connaît sa mission. Personne ne sait qu’il est là. Personne ne va pouvoir l’aider.
Wildcat est vaincu – et personne ne peut le sauver !


(HJ/ Merci pour ce très bon RP, raccourci par ma faute, mais au plaisir de se recroiser pour la suite ! Wink /HJ)
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé] Ven 8 Sep 2017 - 11:07

Devant le ver de cinq centimètres, toujours au sol, le féliforme lentement reprenait forme humaine, les yeux perdus dans la contemplation d'une illusion qui avait tout de l'échappatoire de rêve. La victoire de l'esprit fut bien plus cruelle en un sens que les griffes d'un prédateur. Lorsque vos plaies saignent et que votre corps se refroidit, vous avez le temps d'une dernière pensée, de vous faire à l'idée de la mort. Vous savez que vous fermerez les yeux et que tout sera terminé dans cette réalité si fine et dérisoire. Mais Mister Mind n'offrait pas cet instant de répit et de rédemption, il ne laissait pas sa cible songer un instant à la fin, à la mort, à l'oubli, il la laissait dans l'entre-deux de la servitude.

Cet être aux pouvoirs si invraisemblables était maintenant dans la béatitude de l'ignorance, piégé en lui-même et dans les rêves que les suggestions du ver avaient faits émerger. C'était pour lui la fin d'un long voyage dans le chaos de sa vie. Enfin il connaissait le repos onirique, finies les angoisses existentielles, terminées les nuits d'effroi à réfléchir sur le sens de la vie ou sur ses espoirs. Le monde se simplifiait et se réduisait à l'espace congrue de sa félicité.

- Haw Hee Hee Haw! éclata Mister Mind, trop heureux de voir ce terrano-simiesque sombrer en son pouvoir avec la délicatesse d'une feuille portée par le courant d'une douce rivière. Bienvenue dans un monde nouveau ! MON monde !

Fragile et influençable derrière leur force brute et leur dogmatisme de justiciers. Pantins de passions, incapables de raisonner assez pour vaincre quelques commandes psychiques. Les voilà les maîtres de cette planète, les voilà les soi-disant créatures à mi-chemin entre le singe qui se dresse et l'ange déchu. Cet être que Mister Mind rebaptisa Edward Sweet, allait servir ses desseins à présent. Difficile d'imaginer tout ce que cette "association" apporterait au génie criminel, mais il savait qu'elle serait nécessairement positive. Faible de corps, il avait besoin de ce genre d'extension de sa volonté, capable de trancher et de couper dans le vif des altercations les plus vives.

Il fallait voir jusqu'où les restes de son libre-arbitre s'enracinaient encore.

- Sors William de là! ordonna la petite voix modulée.

soSOSORSRSrs
William....
de là!


L'homme, souriant, se retira de la porte et la souleva.

- Oh, Willy, lança-t-il avec le ton que l'on réserve aux enfants. Qu'est-ce que tu fais là?

Un William Sweet commotionné et perdu, le regarda avec appréhension.

- Inutile d'avoir peur, déclara le ver. Je te présente Edward Sweet, il sera ton frère à présent.

- Mon frère?

TON FRERE!


- Oh, mon frère! lança le manager, enlaçant son ex-adversaire qui lui rendit une accolade sincère.

Pantins pathétiques...

Restait encore à contrôler l'esprit du félin qui dormait sous les couches embrumées de son esprit. Pour cela, il n'aurait pas le choix, implantations d'électrodes et un système d'amplification. Heureusement il disposait de main d'?uvre corvéable et de moyens financiers lui permettant de commander le matériel nécessaire. Il ne lui résisterait pas longtemps.

- Mais... monsieur, lança William qui se massait les membres contrits. Que fait-on pour les livraisons?

- Nous repousserons l'échéance, répliqua Mind. D'autres opportunités s'offrent à nous. Il faudra d'ailleurs se charger de "Blanco"... Edward!

- Oui monsieur? lança l'ex-Wildcat.

- Va t'asseoir là-bas et dors.

Asseoir...
Dormir...


La nuit n'était pas encore terminée pour le vénusien et ne le serait pas avant d'avoir entièrement asservi la nouvelle force de frappe qui l'avait « rejoint ». Quant aux livraisons, elles auraient lieu, mais à une nouvelle échelle et pour un nouvel objectif. Il aurait ainsi le temps d'achever encore quelques recherches et d'enfin trouver de quoi satisfaire sa quête de pouvoir sans fin...

HAW HEE HEE HAW!


Fin du sujet

[HRP]Merci à toi pour ce sujet et d'avoir pris le temps de le finir malgré ton changement de personnage, j'ai vu que tu étais reparti à l'un de ses amours d'antan ^^ Bon courage avec Atom, ce sera un plaisir de RP avec toi de nouveau![/HRP]
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Re: [New York] Tenir les cadences [Terminé]

[New York] Tenir les cadences [Terminé]
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