Que le temps était long, lorsqu'il n'y avait rien à faire... Harley se sentait délaissée, seule, ennuyée par tout et par ce rien qui persistait. Il y avait eu l'effervescence du retour des deux clowns au sein de Gotham, la panique occasionnée et le meurtre et la folie prônant, mais elle avait été mise de côté. La déjantée du Joker ne pouvait que rester dans l'ombre, attendant le retour de son Mr J sans pouvoir s'amuser. Priver la tarée d'une des raisons même de sa présence aux côté du clown n'était pas une très bonne idée par ailleurs... Assez de temps était passé pour le savoir.
Suspendue dans les airs par de longues bandes de tissus blanches nouée à des crochets soutenant auparavant des grands rideaux rouges, Harley observait, la tête en bas, ses ongles. Le vernis noir avait craquelé et ça ne rendait plus très bien maintenant. Une moue attristée s'empara de son visage et d'un mouvement gracieux, elle noua le tissu autour de ses jambes, lui permettant de presque pouvoir s'asseoir. Du bruit, elle avait entendu du bruit.
Rien de bien étrange dirions-nous. Des rats qui trainent, ses hyènes qui ricanent dès que la charogne leur est rapportée ou encore le hurlement des victimes qui ont l'occasion de découvrir les lieux macabres du couple le plus fou de Gotham. La Quinn disait toujours que c'était une bonne occasion de convaincre son biquet de changer la décoration de certains lieux. Mettre des plantes, aérer... C'était toujours plus agréable de se faire torturer avec des Leontopodium alpinum dans un coin, entre deux murs blancs. Mais ce n'était pas un simple bourdonnement de fond, mais bien la présence d'une personne sur le lieux des clowns.
Sa batte reposant sur la table au centre de la pièce, la rouge et noire posa un pied au sol, le tissu glissant lentement sur sa peau pâle et lisse de ses jambes. Quelqu'un était là, mais la jeune femme n'aurait su dire si c'était pour chercher des ennuis ou pour autre chose. Mais franchement ? Est-ce que ça l'importait tant qu'elle pouvait se défouler ? La sombre nuit laissait planer dans le parc d'attraction, une ambiance sinistre et pesante. Maillet en main et sourire fou, la Quinn passa devant ses deux hyènes à moitié endormies. Si la première ouvrit un œil sous la caresse de leur maîtresse, la deuxième ne broncha pas et l'ancienne psychiatre marcha tranquillement vers la source du bruit, étirant ses jambes en même temps.
Oui, il était temps de s'amuser...
Une ombre se distingua bientôt, tandis qu'Harley se déplaçait dans l'ombre des grands manèges. Au seuil de la propriété des clowns, une fille, de par les contours féminin que distinguait la déjantée. Pourquoi était-elle là ? Aucune idée, mais profitant de l'effet de surprise et de la peur qu'elle pourrait créer, la blonde prit une barre en métal au sol puis tapa trois coups sur une vieille attraction dont la remise en marche pour un prochain coup faisait sûrement partit des projets du Joker. Mais le Joker n'était pas là, alors pourquoi s'en soucier ?
«TOC TOC TOC, QUI ES LÀ ?», hurla la clown d'une voix ne cachant absolument pas son amusement.
Puis partant dans un rire aussi effrayant que fou, de quoi hérisser, glacer, la nouvelle arrivante, Harley continua, seule sa voix se faisant entendre tandis que son corps était toujours caché dans l'ombre :
«Moi je te vois... Tu me vois, toi ? Non, je suis cachée... Tu veux jouer à cache-cache ma belle ?»
La voix féminine semblait s'être rapprochée. Oui, rapprochée, de quelques mètres, comme si ce n'était plus l'écho mais juste... l'Arlequin près, trop près de Terra. Ce n'était visiblement pas une réelle proposition de jouer, de quoi peut-être rassurer la géo-kynésiste... ou pas.
«Ohhh, mais quel joli blouson tu as là... Ce serait embêtant de le salir, non ?!»
Un ricanement retentit alors qu'une silhouette faisait son apparition. Grande, fine, un regard immergé de folie et un costume se renvoyant comme seulement noir dans la nuit sombre : Harley Quinn. Un projecteur illumina alors Terra. De minuscules particules de poussières apparurent dans le champ de lumière, deux ou trois papillons de nuit venant voleter autours de la source même. Un grand sourire s'étalait sur le fin visage de la folle.
«Qu'est-ce qui t'amène ici petite fille ? Tu t'es perdue ?» Harley fit tournoyer son maillet avant de pouffer de rire et de fixer à nouveau son regard cyan sur Tara. «Il est... imprudent de se perdre ici joli cœur, tu devrais le savoir...»
Trois pas. La Quinn fit trois pas avant de s'arrêter à trois ou quatre mètres de l'arrivante. Si elle voulait convaincre la déjantée de ne pas se préparer à une bataille, lâcher ses hyènes et appeler les mimes, c'était le moment. Tic Tac, Tic Tac Terra, l'horloge tourne...