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[4ML] La mite se relève

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[4ML] La mite se relève Mer 11 Oct 2017 - 21:45

Suite de : https://dc-earth.fra.co/t5138-animation-4ml-suicide-squad-vs-faora-squad-faora-libre

Ce fut au commencement un rêve sans fin. Quelques mouvements, de lointains borborygmes, le bruit pneumatique si constant du pousse-seringue et le repos médicamenteux. Un rêve sans image, un rêve sans pensée réelle. Puis vint le coma artificiel et le miroir qu'il vous impose. Regardez en vous-mêmes, en vos souvenirs, voir le reflet déformé de nos vaines espérances, comme un entraînement à un quelconque purgatoire. La sensation de voler parfois. Le monde extérieur est toujours là, il en reste quelques traces, mais la conscience anéantie, le subconscient s'en moque, il vit sa vie en entité libre. Il gambade joyeusement dans les prairies mousseuses des abstractions. Les symboles l'accompagnent en toute heure, riant et chantant avec lui. De ces fantasques virées surgissent les images les plus folles, les pensées les plus floues.

Puis le premier réveil. La Panique. Un tube dans la gorge, une mâchoire enserrée dans un carcan de plastique, les bras et les jambes plâtrées et suspendues. Un plafond blanc aux tubes fluorescents agressifs aveugle vos yeux qui s'étaient habitués aux ténèbres de vos paupières. Puis le cri abominable de la machine respiratoire qui annonce votre réveil. Des tubes mous parcourent votre lit comme autant de serpents prêts à vous dévorer.

Bientôt trois infirmières débarquent en force avec un médecin. Pas un mot compréhensible, pas un regard pour vous, ils s'affairent sur vos appareils, plaquent votre front pour éviter que vous ne bougiez, le médecin prend des notes et bientôt les ténèbres, de nouveau.

Le temps passe, mais pas pour vous. Tout est comme si une journée seulement se passait. L'esprit a son horloge mais il ne la partage pas avec la réalité. Un cerveau s'abîme dans sa propre contemplation. Que lui importe les heures et les minutes lorsqu'il a pour lui l'étendue merveilleuse de ses synapses pour s'amuser.

Vient alors le second réveil. Cette fois-ci vous êtes entourés. Les infirmières vous regarde ainsi que le médecin. Toujours plâtré, toujours incapable de parler à cause de l'étrange prothèse de plastique. Drury commence à se raccrocher à la locomotive de la vie. Il s'était senti si bien alors qu'il observait l'intérieur de son crâne. Il ne sentait toujours plus son corps mais son esprit s'en inquiétait. Il voulait se relever mais l'ordre restait lettre-morte. Ses bras, ses jambes ne répondaient pas. Seuls ses paupières, le coin de ses lèvres et quelques zygomatiques répondaient. Ses yeux peinaient à faire le focus comme par un matin difficile.

Le médecin parlait, mais ses paroles ne l'atteignaient pas. Drury déglutit. Il n'y avait plus d'aide respiratoire, mais un tube continuait de le nourrir directement dans son estomac. Il sombra de nouveau.

Ses rêves furent moins poétiques. Le souvenir de sa dernière confrontation lui revenait. Faora... "kryptonnienne catégorie 5" disait le rapport de l'armée. Il se souvenait de Central City et la vue de ses grands bâtiments. Il se souvint du goût des chips qu'il avait mangé avant la mission. Et il se souvint. Par flash vinrent le démon, l'espagnol et cette extraterrestre surpuissante. Il revit les poings de cette folle le briser lentement.

Dans un tressaillement accompagné d'un hurlement qu'il ne parvint pas à articuler il rouvrit les yeux. Il faisait noir dans la pièce, seuls les LED et les écrans tactiles des machines médicales illuminaient les ténèbres. Bientôt l'ombre d'une plante verte posée dans un coin prit les allures de son ennemie. Il voulut appeler à l'aide, mais son angoisse ne put se manifester que par des larmes de sincère terreur. Il ne parvint pas à refermer les yeux, de crainte de retrouver cette folle à lier.

Le lendemain, il se réveilla sans souvenir de son assoupissement. On lui enleva la sonde gastrique, on lui enleva l'entrave de mâchoire. Il ne parvint pas à articuler immédiatement, le médecin lui parla d'une petite semaine de rééducation.

Trois jours plus tard, le personnel regrettait que la rééducation de sa mâchoire se déroule bien. Drury Walker était insatiable. Si des parties de son corps il en maîtrisait une c'était bien son appareil phonatoire. Il dégoisait dès lors, parlant de tout et de rien aux infirmières de passage, prenant la tête aux techniciens de surface. Le médecin ne venait plus qu'avec des écouteurs aux oreilles. On ne pouvait plus l'arrêter. Il parla pendant des heures d'une abeille venue butiner une fleur de sa chambre, décrivant ses ailes, son abdomen, vantant ses couleurs chatoyantes et la chance qu'avait l'hôpital d'avoir ses propres ruches. On lui livra un pot de miel que produisait l'établissement dans l'espoir qu'il arrête de parler d'insecte mais dès qu'il eut prit une cuiller du breuvage, il félicita la qualité du pollen qui avait sans aucune doute permis une telle réussite puis il débraya sur les autres insectes indispensable à la bonne tenue d'un parterre de fleurs.

Et lorsque la nuit venait, seul. Drury angoissait de nouveau. Il voulait sentir autour de lui la vie, les gens, sentir leurs existences. Ici il se retrouvait une fois encore seul, s'inquiétant de cette plante kryptonienne qui cherchait à le tuer dans son sommeil. Et lorsqu'il fermait les yeux, ou il voyait la folle furieuse, ou il voyait ce démon abominable qui avait surgit du néant. Aussi parlait-il pour faire taire son imagination perturbée. Mais on lui répondait de moins en moins souvent, les silhouettes passaient, écouteurs aux oreilles et le laissaient déblatérer sans fin. Sa voix le réconfortait, bientôt il se mit à parler la nuit, il se donnait de bons conseils, se rappela d'être vigilant et se rappela des faits intéressants sur les mantes religieuses. Encore une fois, le monde des insectes lui permettait de ne point songer à celui des hommes.

On finit par déplâtrer ses bras. Le médecin lui annonça qu'il serait rééduqué pour muscler de nouveau ses mains. Une semaine durant il fit des exercices musculaires douloureux. Et il parlait. Son ré-éducateur changea trois fois, chaque fois trop las pour continuer d'aider un homme qui ne parlait que d'insectes. Le directeur de l'établissement voulut le faire transférer mais l'on interdit formellement qu'un membre du Suicice Squad soit prit en charge ailleurs.

Aussi fut-il déplacé dans une chambre, loin de tout, entre le système de transfert du linge sale et l'entrepôt des plateaux repas. Il se lia là d'amitié avec la préposée à la distribution des repas. Il était, de tout l'hôpital, le seul patient à lui parler. Elle lui dévoilait ses problèmes de famille, il lui parlait de son inquiétude pour sa fourmilière, même s'il avait payé un de ses anciens moths pour en prendre soin. Elle était en instance de divorce à cause des horaires de son époux, il lui proposa de transférer son curriculum vitae à une entreprise de Cameron Van Cleer avec une lettre d'introduction en ajoutant, pour na pas briser sa couverture qu'ils s'entendaient bien tous les deux. Pendant ce temps, il allait et venait des blocs opératoires pour ses jambes qui avaient été sérieusement endommagées.

Ses bras furent bientôt assez forts pour l'aider à progresser seuls et enfin aller aux toilettes ! C'était un point très gênant pour lui, surtout que la dernière infirmière qui lui avait donné un pistolet - médical - avait fini par le lui jeter au visage - après usage - avant de poser un arrêt maladie pour dépression. Cette jeune femme avait la phobie des papillons et il lui avait fait, par un choix très malheureux de sujet de conversation, une présentation magistrale de ces derniers. Le chirurgien donna rapidement son accord pour lui déplâtrer les jambes.

On lui donna alors un véritable symbole d'autonomie : un fauteuil roulant électrique. Dès lors, un Drury, doté d'une minerve pour éviter tout traumatisme de sa colonne vertébral particulièrement maltraitée par son ennemie ; les bras encore rachitiques ; les jambes fragiles comme celles d'un faon put se promener dans l'hôpital. Tout le monde regretta de voir cet infatigable bavard se balader à droite et à gauche et poursuivre les gens qui le fuyaient sans effort. On l'invita à aller dans les jardins où il s'adonna à la contemplation de la faune insectoïde. On dut même le faire rentrer de force un soir alors qu'il voulait voir les papillons nocturnes.

Finalement la préposée à la distribution des repas n'avait pas divorcé, son mari, d'avantage présent dans son foyer grâce à son nouveau travail pouvait lui octroyer du temps et elle pouvait, de son propre aveux, songer à avoir des enfants. Drury en fut si heureux qu'il commanda un repas somptuaire pour le personnel et leur offrit des cadeaux selon les goûts de chacun. Ce fut un grand moment de malaise. Tout le personnel eut des remords d'avoir traité de tous les noms cet insupportable foutriquet qui les avait malgré tout patiemment écouté en contrepartie et s'était souvenu de chacun de leurs goûts et de leurs passions. Dès lors l'ambiance fut plus détendue dans le service médical.

Après une nouvelle semaine de rééducation, ses jambes toujours faibles montraient des signes encourageants. Dans quelques mois, lui avait dit son chirurgien, elles seraient comme neuves. Heureusement ses bras regagnaient en vigueur et la mite roulante entreprit alors de téléphoner à l'un de ses anciens fidèles pour lui faire faire quelques courses, le moth-gang n'était plus, mais pas question pour eux tous de perdre le contact ni lui d'oublier de penser à l'avenir !

Vint alors le moment de quitter l'hôpital. Il reçut un gros bouquet de fleur, une édition collector de l'encyclopédie entomologique de la Gotham University - il en avait déjà une dédicacée par les rédacteurs, mais cela lui fit très plaisir -, des confitures artisanales, des pots de miel de l'hôpital, un chandail tricoté par un infirmier et deux grosses cartes signées massivement. Les larmes aux yeux Drury quitta ce petit monde, promettant de leur envoyer des cartes pour Noël. Personne ne le prit au sérieux, ce qui leur ferait une véritable surprise en fin d'année : Killer Moth n'avait qu'une parole.

Un taxi banal vint le chercher. Il se hissa sur le siège arrière, on plia son fauteuil roulant. La porte claqua, l'isolant des "au revoir" et des "faites attention à vous" de la massa blanche qui s'était amassée sur le perron. Et il fit route dans un silence emplit de beaux souvenirs malgré l'épreuve qu'il traversait. Il se fit déposer à bonne distance de son penthouse, alla chez les barbier pour se faire poser une fausse moustache et arriva à son immeuble.

On le regarda étrangement, personne n'avait eu vent d'un accident du fameux Cameron Van Cleer, mais on eut la décence de ne pas l'assaillir. Il monta, muet, grave, à son appartement où l'attendait Barnabé qui prenait soin de ses papillons et de sa fourmilière. Se furent des retrouvailles touchantes durant lesquelles Killer Moth mentit comme à son habitude à son ancien subordonné qui l'écoutait patiemment se réjouissant des inventions de son ex-chef toujours aussi motivé.

Ils se séparèrent finalement, Barnabé ayant une famille à charge et déclinant les offres de Drury qui désespérait à l'idée de finir seul. Aucun de ses arguments ne le motiva et la porte claqua sur le rire si précieux de son moth.

Finalement Cameron Van Cleer se retrouva seul. Drury Walker contempla l'infini solitude et Killer Moth vit du coin de l’œil le communicateur du Suicide Squad clignoter. Une mission l'attendait.

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