En 2014, l'éditeur Dynamite, spécialisé dans la reprise d'anciennes franchises pour les remettre en avant (The Shadow, Zorro, Lone Ranger, Tarzan, etc.), décide de surfer sur le mouvement steampunk et le principe de la réunion de Héros, pour lancer
Legenderry : A Steampunk Adventure.
En sept numéros, le scénariste Bill Willingham, créateur notamment de la série Fables, et le dessinateur Sergio Fernandez Davila tentent de créer un univers cohérent, où le steampunk règne et où se croisent des versions adaptées du Green Hornet, de Vampirella, de L'homme qui valait 3 milliards, de Zorro, du Phantom, de Red Sonja, de Captain Victory, Flash Gordon ou Silver Star.
Et si c'est plutôt agréable à lire, il est clair que ça ne va pas très loin - mais on ne le demandait pas forcément, en soi.
Le principe de cette réunion sous un volet steampunk est un appel aux fans, clairement, et Willingham l'a bien compris : il ne force ni son talent, ni ses efforts pour fournir une saga ambitieuse.
Lancée via un principe simple, à savoir la soeur de Red Sonja poursuivie par une armée de clones, ladite soeur apparaissant étrangement comme la copie de Red Sonja mais avec un comportement opposé (plus lâche, plus civilisée), cela permet à l'auteur de "montrer" chaque adaptation de Héros en courant vers lui ; en clair, chaque numéro montre l'un ou l'autre, fait un focus dessus, jusqu'à la réunion finale au dernier épisode.
En soi, ce n'est pas choquant, même si ça n'a aucune originalité. C'est plutôt efficace, pour permettre à chaque lecteur devoir "son" Héros (on a tous notre préférence, dans la liste précitée), et d'avoir un focus dessus.
L'ensemble se lit donc bien - mais sans surprise. La révélation sur la "soeur" de Red Sonja n'a rien de surprenant, l'avancée est tellement claire qu'elle devient évidente, l'assemblée de Vilains surprend d'abord mais lasse très vite, et même le principe un épisode/un personnage commence à lasser, sur la fin notamment.
Heureusement, Willingham parvient à livrer une "explication" à ce monde steampunk - et si elle n'est pas forcément très convaincante
- Spoiler:
(en gros, Flash Gordon "normal" affrontait Ming "normal", ils se sont crashés sur un monde primitif, Flash a commencé à donner de la technologie aux locaux, se mettait en repos de cryogénie pendant 10 ans, se réveillait pour aider l'avancée, se rendormait, etc. ; cela explique que la technologie n'a pas "tourné" dans le sens prévu)
elle a au moins le mérite d'exister.
Malheureusement, l'épisode final vient un peu gâcher le rendu général : jusque-là, on avait une mini-série basique, en format catalogue d'adaptation fun mais sans intelligence ; avec un final basé sur l'action pure, un massacre même, qui gêne un peu pour l'ampleur de la destruction de clones.
Ça met un peu mal à l'aise, en fait, et surtout la fin n'en est pas vraiment une - elle ouvre, littéralement, sur l'union des Héros, qui ont stoppé temporairement la menace... mais rien de plus !
Dommage, donc, car le rendu était généralement plutôt agréable, dans le divertissement décérébré. Si Davila n'est pas un dessinateur d'énorme talent, il "fait le job" et parvient à donner corps aux adaptations de ces personnages... même si plusieurs planches apparaissent soudain de très, très faible qualité.
Dynamite n'étant pas connu pour la qualité graphique de ses productions, on est ici dans la fourchette haute de ce qu'ils font - mais ça ne va pas très loin.
Le rendu oscille entre le moyen-bien et le moyen-mauvais, l'ensemble est évidemment moyen... mais, globalement, ça "passe". Rien de brillant, rien de (trop) dégueulasse ; ça fait le job, sans plus.
Maintenant, en définitive, que peut-on penser de
Legenderry : A Steampunk Adventure ?
Concept fun, plutôt bien manié par un auteur de talent qui ne se force pas ici, utilise un procédé basique mais globalement efficace. Dommage que l'aspect steampunk ne soit pas réellement poussé, et que la saga n'offre pas de fin. Dynamite a proposé, par la suite, trois mini-séries dérivées (une sur Green Hornet, une sur Red Sonja, une sur Vampirella), que je n'ai pas lues - et que je n'ai pas forcément envie de parcourir.
Legenderry : A Steampunk Adventure donne l'impression d'être une blague... ça ne l'est pas. C'est une saga divertissante un peu régressive, mais globalement fun et faite avec plus de sérieux qu'on ne pouvait le penser (chaque personnage a son moment de gloire, il est respecté et bien adapté).
Un bon moment, donc, mais qui s'oublie rapidement ; une sortie en France est prévue pour les prochains jours, pour les curieux !