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The Red Trail [PV Batman]

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The Red Trail [PV Batman] Mer 25 Oct 2017 - 6:39

Gotham.

Gotham et son enfer de tours qui percent un ciel d'abysse, son labyrinthe infernal de rues et ruelles, celles sans lumière, celles qui font peur. Parce que Gotham fait peur. Ville de crime, de vice, de corruption. Fruit pourri d'une société gangrenée par le Mal. Ici plus que nulle part ailleurs, le crime paie, et pour cause : à l'impuissance de trop rares honnêtes policiers s'ajoute la corruption de trop nombreux autres policiers véreux. Jamais l'uniforme n'aura tant été salit, jamais un tribunal n'aura été plus anarchique que celui de la ville. Une justice du Chaos, de l'arbitraire, et la légende veut qu'il n'y a jamais besoin de passer la poussière sous les tables tant les pots de vins viennent y glisser en quasi-permanence.

Royaume de vice dirigé par une noblesse de génies du crime, véritables meneurs de la ville. Et le seul homme susceptible de les arrêter ne cesse de faire son travail à moitié depuis maintenant des années.

Des années qu'ils viennent et sortent de prison, à circuler au gré des caprices et envies, des arrangements en sous-main et des évasions spectaculaires. Le crime paie, oui, et il n'y a que peu à craindre de cette justice incapable. Tout au plus le plus efficace des combattants du crime de Gotham risquerait-t-il de mener les racailles derrière les barreaux, sans jamais franchir la ligne morale du meurtre. Alors ils haussent les épaules, puis se lancent à bras ouvert dans ce monde de profit facile qui leur tend la main, les criminels de Gotham. Que pourrait-il leur arriver de grave ? Se faire mettre en prison par Batman ?

« Conneries. »

Une cigarette entre les lèvres, presque entièrement consumée. Une ultime aspiration, et la main gantée se porte au visage pour aller prendre puis écraser le mégot sur comptoir sale d'un tout aussi sale établissement du sale quartier d'East End. Un bouge mal famé, un air qui respire cigarette, drogue et pire encore. Des senteurs différentes qui toutes gardent cet espèce de relent de corruption propre à la ville.

Et il y œuvre silencieusement, lui, caché dans les ombres d'une Gotham qui se reconstruit. Ville de crime, mais aussi de rébellion. Ruines fumantes vite balayées, trop vite. Parce que tout le monde a œuvré en ce sens. Vilains, Héros, badauds, main dans la main. Mais il savait que ça ne durerait pas. Que les Vilains reprendront leur funeste place dans la mécanique bien huilée d'une ville qui tourne à l'illégal. Il est resté dans l'ombre. Encore, toujours. Méconnu, méconnaissable, et il peut l'entendre dans ces ragots qui pendent à la bouche de tous, même dans ce bar. Cet établissement clandestin fréquenté par ceux qui trempent dans ce que la ville offre de plus méprisable.

- J'commence à flipper, tu penses qu'il va venir pour nous ?
- Il ? On sait même pas de qui on parle, putain. Batman ne tue pas. Il terrorise, il brise, il emprisonne, mais il ne tue pas.
- Et si ça avait changé ? S'il avait...
- Ta gueule.

L'idée les terrifie, alors ils s'interdisent de l'éventualiser pour certains, tandis que d'autres ressassent cette peur. La peur d'une chauve-souris devenue carnivore, d'un justicier de la pénombre devenu justicier du sang, de la tuerie. Oui, il inspire une peur palpable, ce Chevalier Noir, et la simple idée selon laquelle il pourrait tourner plus expéditif dans ses méthodes fait doubler la peur qu'ils transpirent lorsqu'ils invoquent son nom.

- Ca fait des semaines qu'ça dure. On est pas les seuls. Des sbires du Joker, Du Pingouin, d'pleins d'autres gros bonnets. Z'étaient pas assommés ou menottés quand on les a retrouvés. Z'étaient morts. Froids. Ca bougeait plus.
- 'Parait qu'y'en a qui ont survécus. Ils 'ont vu une ombre, un type, pas moyen de l'identifier. Pas d'masque, pas de collant. Juste un gars qui sortait tranquillement de la pièce après chaque massacre.
- Quoi, m'sieur Tout le Monde s'amuse à jouer les justiciers ?
- Pas d'costume j'te dis. Rien. Un type, un gars, un connard parmi tant d'autres.
- C'est qui c't'enfoiré...

Mais certains comprennent. Ils savent que ce n'est pas de l'homme Chauve-Souris dont il faut avoir peur, pour ces actes-ci. Mais de tout le monde. Ils ont peur d'une menace fantôme, d'une épée de Damoclès sans nom ni forme qui trône au-dessus de leur tête, prête à s'abattre. Une Terreur différente, car elle ne se base pas sur une figure de la peur, mais sur un « quelque chose » qui pourrait être là, ici maintenant en ce moment, sans que personne ne le sache. Tout le monde pourrait être cet homme sans visage qui fait couler le rouge des criminels de Gotham, depuis quelques semaines.

- Je vous dois combien pour cette piquette ?
- Hein ?

Il pose la question, simplement. Lève un regard neutre vers ce barman balafré, puis demande de nouveau, la voix calme mais emprunte d'un quelque chose de lourd.

- La bière. Le prix. D'abord, le regard du barman se plisse pour seule réponse. Puis autre chose.
- C'coin appartient aux Skull Crushers, tu payes pas ici, tout le monde est de la maison. D'ailleurs t'es qui, toi, qui t'as laissé entrer ?
- Ah.

« Ah », lancé le plus platement du monde. Ca tandis que les voisins de comptoir de l'homme en noir se tournent vers lui, détaillent sa silhouette, son visage. Inconnu au bataillon, et si les Skull Crushers sont un gang trop étendu pour que tout le monde se connaisse par cœur, les visages restent
familiers.
Le sien, non. En témoignent ces multiples faciès qui se retournent vers lui après la dernière réplique du barman, lancée d'une voix un peu plus forte. Des regards qui posent une simple question : « Qu'est-ce que tu fous ici, grand malade ? »

- Le videur m'a laissé entrer. 
- Jack laisserait jamais entrer un putain d'étrang-...

Et pourtant. Pourtant, Jack cogne de sa large semelle contre l'acier de cette porte d'entrée-double, kalashnikov en main. Massif comme il l'a toujours été, intimidant comme tous le connaissent. Ce qui diffère de l'habituelle force tranquille d'un grand Jack imposant, c'est cette lueur agressive dans le regard, un regard qui balaie la salle. Jack a toujours été du genre à faire valoir son capital présence menaçante sans trop en faire, se contentant d'être grand, stoïque et oppressant. Alors pour tout ça, Jack peut paraître un peu différent de l'homme qu'il est habituellement.

Mais surtout, Jack n'a jamais été le genre d'homme à ouvrir le feu sur ses associés sans sommation ni raison apparente.

« Je vous laisse vous expliquer entre gens de la maison alors, messieurs. »

De nouveau et pour la dernière fois, cette voix qui s'élève, étouffée par la symphonie des balles jusqu'à n'être audible que du barman et des deux gorilles qui encadrent sa forme. Puis quelque chose. Quelque chose d’indicible qui se propage dans la salle. Qui prend certains de ceux qui viennent de sortir leurs armes, ceux qui pensaient les pointer vers un Jack coupé de sa raison. Mais ils n'en feront rien. Ils colleront le canon de leurs revolvers sur la tempe de leur plus proche voisin, et ils appuieront sur la gâchette. Et ça coulera à flot, dans des effusions sanguinolentes. Scène de Chaos incohérent, jouée par une procession de gens qui hurlent et qui tirent. Certains pris de cette curieuse frénésie, d'autres non. Seuls les premiers auront avant de mourir le privilège de savoir que Jack n'a non pas été privé de sa raison, mais de son libre-arbitre.

***

Dommage, c'était plaisant de les écouter deviser sur les événements des dernières semaines.

Il y pensera, après que ses pas l'aient menés loin de la cacophonie assourdissante. Pas le moindre rouge sur ses vêtements, comme si quelque chose s'était mis en travers des explosions d'hémoglobine. Sinistre peinture imaginée par son esprit retors, avec pour palette de couleurs les différentes nuances de la Peur et de ce qu'elles font à un homme. Demain, d'autres de ces criminels en parleront, de ces semblables d'un autre gang qui se sont fait massacrés dans la nuit. Et il écoutera, oreille attentive aux retombées de ses exploits. Il se satisfera de la frayeur qui se répand comme une traînée de poudre parmi les hommes de crime, bien sûr, mais aussi de cet air plus rassuré qu'il trouvera sur le visage des honnêtes gens de la basse Gotham. Car eux aussi en parlent, ceux qui côtoient les détraqués d'assez prés pour voir leur nombre diminuer, les mieux placés pour apprécier de voir la vermine se faire exterminer. Un effort de purge concentré sur East End, la base d'un plan que l'homme en noir entend bien étendre ensuite à toute une ville, lorsque les conditions seront réunis. Patience et Pragmatisme seront ses armes fétiches pour parvenir à cet objectif.

Pour le moment, continuer de faire du bruit dans son sillage. Continuer d'être sur le bout de toutes les lèvres, sans que ces dernières soient seulement capables de donner son nom.

Continuer à marcher dans les rues éteintes d'East End, emmitouflé dans un long manteau sombre, une nouvelle cigarette portée aux lèvres. Défi de ce soir : se trouver une autre racine du Mal à sortir de terre avant que sa clope ne se consume entièrement.
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Re: The Red Trail [PV Batman] Mer 25 Oct 2017 - 11:14

Gotham City est une ville de paradoxes.
A la fois mégalopole brillante, extraordinaire, pleine de charmes, de promesses, de possibilités ; mais également un cloaque purulent, dangereux, brutal, où tout un chacun peut périr ou tout perdre en quelques secondes à peine.
On ne vit pas à Gotham City – on survit, en se battant, et en espérant passer entre les gouttes de pluie acide.
Et, dans Gotham City, on ne survit pas dans l’East End… on agonise, dans l’East End.


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Zone encore plus terrible, encore plus abominable que le reste de la ville, l’East End a toujours eu mauvaise réputation – et a toujours veillé, scrupuleusement, à tenir et être digne de cette légende horrifique et abominable.
Les gens s’abandonnent dans l’East End, s’y perdent et ne parviennent quasiment jamais à en sortir ; l’East End est un premier cercle de l’Enfer, même pas les Limbes, déjà un endroit de crime, de mort, de violence, d’abus et de désespoir.

Un tel endroit n’attire que les pires et les plus pauvres.
Un tel endroit, vu sa dangerosité, n’attire pas vraiment la police – le G.C.P.D., débordé et encore rongé par une corruption trouble, hésite régulièrement à intervenir dans l’East End ; à quoi bon, après tout ?
Des criminels y tuent des criminels. Des criminels y tuent des nuisibles.
Pour beaucoup de flics, le travail est fait à leur place, et mieux encore ; certains tentent de s’accrocher et de venir… mais bien peu continuent. Bien peu survivent, aussi.

En ce sens, les rumeurs sur les massacres perpétrés au sein de la communauté criminelle de l’East End n’ont pas immédiatement couru au-delà des limites du quartier. En ce sens, la ville de Gotham, concentrée sur sa reconstruction quatre mois après une révolte citoyenne, qui a fait tomber une Présidente tyrannique, au prix de la quasi-destruction du centre-ville, n’a pas voulu donner suite aux premiers bruits entendus.

Personne ne s’intéresse à l’East End. Personne ne se préoccupe de l’East End. Personne ne s’émeut des morts brutales et criminelles de quelques hommes et femmes qui méritaient, pour beaucoup d’habitants, la corde.
Personne.
Ou presque.

Depuis quelques heures, une ombre rôde sur les toits de l’East End.
Une ombre discrète. Une ombre massive. Une ombre puissante. Une ombre en quête de réponses – et qui ne partira pas avant d’en avoir eues, quels que soient les moyens nécessaires pour les obtenir.

Il est en chasse… et il est de mauvaise humeur.
Il est arrivé en retard, dans un bar sans nom de l’East End ; un massacre y a déjà eu lieu, perpétré par le videur. Illogique, incompréhensible, et donc suspect. Comme beaucoup d’autres événements ayant lieus dans la ville depuis quelques semaines.
Occupé à réactiver la Justice League et à veiller sur la reconstruction, il n’a pas su saisir les bruits, écouter les rumeurs, voir les signes ; il s’en veut. Il a compris, récemment, que les morts de criminels ne venaient pas toutes de règlements de comptes ; il y a une volonté en action, une volonté d’anéantissement et de massacre du crime.
Il ne peut l’accepter, cette volonté. Il la trouvera. Il l’arrêtera.

Après avoir réglé les affaires courantes, bien sûr. Telles qu’une agression en cours, dans une ruelle sombre.
Un homme entre deux âges a pris le mauvais raccourci, et a débouché dans le mauvais coin ; trois types attendaient une raison de laisser cours à leurs bas instincts, et s’acharnent sur lui. Comme ça. Sans raison.
Ils l’ont poussé contre un mur en briques, l’ont forcé à s’accroupir, d’abord pour se défendre, ensuite pour réaliser leurs noirs desseins. Ils en rient, tournant le dos à une structure en bois, issue d’une construction centenaire ; cette structure, ce mur en bois explose soudain, provoquant un bruit terrible et une fumée étouffante, suivie de chocs sourds.

Au bout de deux minutes, la fumée s’évapore.
L’homme-victime peut alors rouvrir les yeux… et découvrir que l’ombre qui rôde vient d’intervenir, et lui fait désormais face.


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Le Batman.
Grand. Massif. Puissant. Charismatique.
Terrifiant.


« Dégage. »

Et de mauvaise humeur.
L’homme ne se fait pas prier et fuit. Le Chevalier Noir le suit pendant quelques secondes, puis pose son regard sur les trois hommes vaincus – brisés. Des os ont été cassés via des prises qui les empêcheront de se ressouder correctement ; pas grave. Ils l’ont cherché.

Lentement, il relève son regard sur l’extrémité opposée de la rue… sur une forme, qui y arrive par coïncidence.
Un homme. Un homme en imperméable sombre, l’air taciturne. Inconnu.
Dangereux, peut-être.

Le Batman le fixe – le jauge.
Et attend.
La nuit est encore longue, son humeur bien sombre ; il vaut mieux éviter de le crisper, dans un tel état…

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Re: The Red Trail [PV Batman] Jeu 26 Oct 2017 - 9:19

« Une question de temps », se disait l'homme depuis déjà un petit moment.

Ce n'était qu'une question de temps, avant que la nuit fatidique n'arrive. La rencontre entre deux ombres : l'une incarnée, l'autre non. Une peur de nom, face à une peur d'indicible. Alors il y a eu cette marche, tranquille mais décidée, lente mais inexorable, celle de cette forme noire éclairée que par la lueur d'une cigarette consumée maintenant de moitié. La nuit est froide, elle est cruelle, tant par ses serres d'obscurité que par ce vent qui souffle trop fort. L'obscure qui occulte les plus basses exactions de la vue du monde, comme si la lune se réservait le droit de poser son regard sur ce que la nature humaine a de sale. Ce vent qui souffle si fort que les appels à l'aide, à l'origine criés par des voix implorantes, finissent en des murmures étouffés, mais portés par la brise. Que le monde entende sans agir. Que le lugubre règne, comme il a toujours si bien régné ici.

Mais l'ombre et le vent ne cachent pas tout. Il y a des bruits qui passent au-dessus du vent, des spectacles qui percent le voile nocturne. Le bruit du bois qui saute, des coups qui brisent. La vision d'une nappe de fumée visible, à l'encadrement de cette rue parcourue sans presse. Et ses pas ne gagnent nullement en empressement. Ils changent simplement de destination. De direction l'inconnu, il passe à direction le vacarme.

Et comme si le climat s'était décidé à être d'humeur théâtrale, le vent cesse de devenir assourdissant sur son sillage, souffle en une légère brise qui soulève son long manteau de nuit. Les nuages, grands, noirs, épais, s'écartent du chemin d'une pleine lune curieuse de l'entrée en scène du nouveau venu, curieuse de la correction infligée il y a maintenant peu. De la rencontre entre deux entités, plus simplement. Ainsi il se dévoile plein, rond, brillant, cet astre lunaire, à éclairer de sa pâle lumière. Que les ombres s'étendent, griffes armées de l'Abysse de Gotham. Les silhouettes des deux hommes, grandies au sol en un quelque chose de terriblement dramatique. Deux géants d'opaque, spectres de la ville-crime.

Cinématographiques jusqu'au bout, les cieux vont jusqu'à se fendre d'un éclair qui frappe au loin, puis gronde puissamment quelques secondes plus tard. Gotham crie, Gotham craint. Crépitante, tressaillante jusque dans ses tréfonds de crasse, les profondeurs d'une East End qui s'improvise Croisée des Chemins.

Car il s'agit de faire un choix, désormais. Il le sait, il l'a toujours su. « Une question de temps ». Et maintenant qu'il est devant lui, à quelques mètres de distance, il doit se poser la question une ultime fois, sans s'offrir le luxe de la remettre à plus tard, cette fois-ci : qu'advient-il de Batman, dans son grand plan de purge ? Fut un temps, la question ne se serait pas posé. La réponse se serait imposée d'elle-même, faite d'arrogance et d'agressivité, d'intentions belliqueuses. Mais l'eau a coulée sous les ponts, depuis Superman. Au moins en partie. De l'eau qui coule, du britannique qui cogite. Un idéal qui subsiste, mais une façon d'approcher les choses qui change.

«  Tu en as mis, du temps. J'allais finir par croire que tu avais raccroché.
Que tu t'étais décidé à laisser cette ville entre de meilleures mains.
 »

Simples paroles, mais paroles de provocation. D'un ton grave dans sa façade, mais pas dénué d'un quelque chose de plaisanterie, lointain, caché à l'oreille de ceux qui ne prennent pas la peine d'écouter. Mots d'introduction, pour briser le peu qu'il pouvait rester d'un doute relatif : celui d'une rencontre entre deux justices. Similaires par bien des aspects, tant différentes par de nombreux autres. Deux hommes de Terreur, deux ombres de la nuit. Mais deux conceptions différentes de ce que c'est, que de protéger.
Je ne désespère pas d'un jour vous le faire comprendre. Que pour préserver les uns, il faut sacrifier les autres. Les pires. Les irrécupérables.

Une dernière fois, deux lèvres pincées tirent sur cette cigarette trop malmenée. Un mégot vole. Un mégot s'écrase, puis s'éteint.

« C'aurait été problématique. Gotham a besoin de son Chevalier noir qui terrifie les Vilains. Qui renverse les régimes défaillants. »

Un léger sourire, très, trop fugace. Même lui a ses limites, ses principes. Hugo Strange a été trop loin, bien trop loin. Waller a été trop permissive, trop imbue d'elle même et de ce rôle de protectrice qu'elle se voyait mener à tout prix, par tous les moyens. Un chemin qu'il a lui-même déjà pris, et avec lequel il flirte encore aujourd'hui. Qui de mieux placé pour en connaître les limites, les abus et déboires ? Il ne le sait que trop bien, et se félicite de s'être extirpé de la Suicide Squad avant qu'elle devienne ce que l'ex-présidente en a fait.

De fait, oui. L'homme derrière ces récentes tueries ne mésestime pas le Batman pour autant - bien que l'inverse soit sans doute vrai. L'homme comprend son rôle, comprend son importance, celle d'un modèle à donner, d'un leader irréprochable à suivre. Mais les héros ont cette tendance fâcheuse à vouloir souvent porter sur leurs seules épaules une tâche qui incomberait à celles d'une armée entière. Des épaules pour ne pas céder sous l'excès, le « trop ». Trop de pression, trop d'erreurs, trop de remise en question, trop de risques. Trop de trop. Il comprend tout ça, oui.

« Ceci étant dit...Gotham pourrait avoir besoin de plus. Tu vois... »

Et s'apprête à enchaîner, mais un doigt se lève tandis que l'interrogation lui prend l'esprit, au même moment que son regard glisse sur les trois corps inconscients.

« Mais dis-moi, ai-je le moindre intérêt à poursuivre cette conversation ou tout ce qui peut sortir de ma bouche se trouve invalidé par défaut à cause de mes récentes frasques ? »

Authentiquement, l'homme était prêt à faire des compromis. A essayer de concilier les contraires plutôt que de les faire s'affronter sans sommation. Ultimement, il aime à penser mener le combat que l'autre homme en noir à l'autre bout de cette rue. Seules les armes diffèrent. Alors il espère pouvoir parvenir à quelque chose, ce serait... Une agréable surprise.

Mais l'autre alternative lui va tout autant. L'alternative d'un Batman fermé au dialogue qui engagerait le combat sans plus de cérémonie. D'une légende en cape violentée, vandalisée.

Vaincue.
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Re: The Red Trail [PV Batman] Ven 27 Oct 2017 - 9:28

Le Batman demeure immobile.
Calme. Posé. Figé, même, comme une statue, comme une gargouille, comme l’un de ces gardiens de pierre, qui ornent les grandes entrées ou les zones de faste ou de danger ; le signal est clair, pour ceux qui osent passer à proximité. Des gardes immortels veillent, prêts à sortir de leur mutisme et de leur attentisme en cas de grande menace, en cas d’ultime besoin.
Un peu comme ici.


« Hrm. »

Il grogne – seule réaction humaine durant le discours de l’autre.
L’autre.
Considéré, à la base, comme un habitant anonyme, un anodin, un passant, un badaud, un crétin qu’il fallait repousser et rejeter dans la fosse de l’East End, à défaut de pouvoir le sauver ou, dans les pires moments, tabasser jusqu’à plus soif, jusqu’à ce que ses phalanges saignent, jusqu’à déshumaniser cet imbécile.

Mais non.
Il s’est trompé ; il a commis une erreur, sur l’autre – sur cet anodin, qui s’est révélé être sa cible.
Il s’est trompé, oui. Cela l’énerve. Cela l’énerve encore plus.


« Parler… »

Sa voix s’élève dans les airs, dans cette ruelle sombre et sale, rongée par l’obscurité, un historique de terreur et d’abandon, un désespoir latent et total.
Sa voix brise ce silence tendu qui a suivi la question de l’autre, après un monologue plein d’arrogance crasse, d’une supériorité assumée, d’une volonté affichée de donner une leçon et de faire comprendre à son interlocuteur qu’il a tort.
Donner une leçon au Batman. Faire comprendre au Chevalier Noir qu’il a tort.
Deux très bonnes idées, comme chacun imagine.


« Parler a toujours un intérêt. »

Son ton est neutre, sans émotion. Calme.
Trop calme.


« Pour échanger. Pour expliquer. Pour justifier. Pour présenter ses excuses. Pour demander pardon.
Pour demander pitié. »


Il bouge.
Pour la première fois depuis de trop nombreuses minutes, pour la première fois depuis que cette tension absolue et étouffante s’est installée entre eux… il bouge.
Il s’avance – d’un pas. Lourd. Puissant. Brutal. Menaçant.


« Tu es nouveau, ici. Tu ne connais pas les règles, tu ne sais rien de l’ambiance de Gotham – de ses codes, de ses rites. De ses règles, oui.
Tu es nouveau. Tu as commis… des actes. Nous en reparlerons. Mais tu es nouveau.
Tu as donc… une chance. »


Il s’avance, encore. Un pas, un seul.
Terrible, toujours, tant son aura est celle d’une menace évidente, directe, absolue.
Le Chevalier Noir, dans l’intégralité de sa légende.


« Une seule, en fait. Saisis-la. »

Il pousse un profond soupir, bruyant.
Il a entendu le discours de l’autre ; il l’a écouté, même.
Il le méprise, bien sûr. Parce qu’il connaît ces mots, il a déjà été confronté à ces accusations, ces reproches, ces propositions ; il sait très bien que sa méthode surprend, interpelle, déplaît.
Il sait très bien que beaucoup, dans la ville, voudraient le voir agir différemment – il sait très bien que beaucoup, surtout, ont voulu le faire, à sa place.
Il est encore là ; eux non.


« Parle, donc.
Explique-moi pourquoi agir comme un criminel, contre les criminels, est une solution viable. Justifie des meurtres, et des drames pour les proches.
Et, après… »


Il crise les bras, dans un geste théâtral bien dirigé.

« Après, le reste viendra. Les excuses. Le pardon, éventuellement. La pitié… »

Le Batman prend une grande inspiration, et tente de contrôler au maximum sa nervosité, mise à dure épreuve après ces meurtres, ces massacres, son incapacité à les détecter rapidement, et son erreur de n’avoir pas identifié l’autre directement.
Ce n’est pas une bonne soirée, non.
Et ça ne le sera sûrement pas pour l’autre, définitivement.


« … la pitié, nous verrons. »
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Re: The Red Trail [PV Batman] Mar 28 Nov 2017 - 5:58

«  Hélas, je ne compte m'adonner qu'à quelques uns des exercice de cette liste que tu dresses ici, Batman. »

L'ombre d'un trop mince sourire sur son visage marqué par le temps, le spectre drapé dans son manteau parle de cette voix assurée, clame ses mots de confiance. Un aplomb qui trouve ses racines dans l'intensité de convictions profondes, pour le moment gardées pour soi. Sans aucun doute va-t-il être amené à les expliciter au moins dans une certaine mesure, d'ici quelques phrases échangées.

Car effectivement, il va y avoir échange. Ca, puis explications, justifications, en un sens. Les excuses ne sont ni prévues ni à venir, les suppliques bien moins encore. Impassible mais prêt à l'action, confiant mais prudent, l'homme porte l'arrogance d'une certaine assurance en ses propres capacités, sans pour autant oublier à qui il fait face. Un homme qui peut compter dans le jeu de pouvoirs des surhommes sans en être un lui-même, une figure de ce monde de mutants, sans pouvoirs aucun. Peut-être au fond est-ce même plus intimidant que de faire face à un Méta. Oui, pire, faire face à un simple être humain que l'on sait pourtant bien capable de mettre hors d'état de nuire ces forces de la nature. Mais pas lui. Pas ce soir, pas maintenant.

«  Je ne suis pas homme à s'excuser pour ses convictions, tu m'en verras désolé. »

Pas plus qu'il ne demandera d'excuses au Justicier pour ses sentences qu'il pourrait juger pleines de demi-mesure inutile, s'il devait prendre pour base ses propres valeurs. Des valeurs forgées par une enfance et ses travers, un parcours et ses ratés, une maturation, une réflexion longue de plusieurs années derrière les barreaux.

Une réflexion qui transcende les règles, qui transcende Gotham. Une vision des choses, un idéal. Et peu importe ce que ce cœur du crime peut avoir de codes et impératifs, la volonté est là, simple dans son intitulé, excessivement difficile dans sa mise en place: bouleverser l'ordre établit. Une sorte de défi lancé à soi-même, celui de commencer sa lutte expéditive au cœur même de l'infection, dans la Capitale du Mal. S'il doit s'agir de travailler de concert avec le combattant du crime déjà bien implanté sur les lieux, alors ce sera pour le mieux. S'il doit s'agir de l'évincer pour prendre sa place, ainsi soit-il. Il les perçoit, ces signes de tension chez l'autre, les prend en compte. Autant qu'il écoute sa réponse, ce discours qu'il aurait interrompu d'un rire gras et cynique fut un temps. Le cynisme, oui, sans aucun doute est-ce un des traits de caractère qu'il doit le plus à ces quartiers comme celui d'East-End. Ca, et son pragmatisme exacerbé.

«  Allons, Batman, ne nous cachons pas derrière de si grands mots. Au regard de la loi, toi comme moi sommes des criminels. J'aime plutôt parler de... Mal Nécessaire. »

Et qui de mieux placé que Batman pour savoir à quel point Loi et Morale sont parfois deux choses horriblement différentes. « Mal Nécessaire ». Les mots sont clamés en un rictus équivoque, le discours est débité avec une conviction palpable. En somme : Il croit ce qu'il dit, il y croit profondément. D'autres fétus de paille se cachent derrière le Bien Commun pour justifier le pire – il l'a fait, longtemps, jadis -. Aujourd'hui, il ne s'agit que de faire ce qu'il faut. Et si vous allez lui demander, à cet homme, il vous dira que les rues de Gotham ont besoin d'être nettoyées au sang de dégénéré. Une ville, une présence oppressante, et une promesse qui la précède : celle d'une mort lente et douloureuse pour ceux qui franchissent la ligne.

«  Dis-moi plutôt : en quoi agir comme un policier, contre les criminels, est une solution viable pour qui tombe dans le vigilantisme ?
Je ne suis pas là pour lire leurs droits aux déchets de cette humanité pourrie, pas plus que pour leurs passer des menottes aux poignets.Je suis là pour agir là où la police n'agit pas, faire ce que la loi refuse de faire, amener la Justice telle que je la conçois. Celle qu'ils sont nombreux à demander, mais ils ne l'avouerons jamais. Parce qu'on se sent mieux, à suivre des modèles de vertu, parce que vous autres en collant êtes les torches qui permette à l'humanité de briller encore un peu, parfois. Des phares à suivre, des idéals à devenir. En ça, vous êtes utiles.
 »

Utiles. Un mot lâché comme une donnée, un fait froidement déclaré. Il la connaît, cette logique, pour avoir voulu suivre les lanternes dans la nuit, plus jeune. Lui aussi, s'est laissé guider par la lumière de ces parangons de morale.

«  J'ai suivi ces phares, fut un temps. Mais les Ténèbres de la dure réalité se sont rappelées à moi, comme elles se sont rappelées si souvent à d'autres. Tout le monde ne peut pas être un héros. Tout le monde n'y aspire pas, tout le monde n'adhère pas même aux vertus défendues par le costume. Certains ici bas ne méritent ni pitié, ni compassion, ni rien.

Et quand ces gens tuent, détruisent et ruinent, il n'y a plus de phare pour guider. 
»

Il n'y a que les regrets, que la haine et les idées vengeresses, celles qui germent vite, très vite, trop vite. Des envies de meurtre couchées sur papiers d'une encre de larmes et de sang. D'abord, le sien, puis bientôt, celui de ceux-là qui méritent la mort.

«  J'ai vu ça. De prés. Alors j'ai décidé de ne plus suivre les phares, ni les lois des juges et gouvernements. Des lois trop complexes et trop permissives, libres à interprétation, pour le plus grand plaisir de ces autres qui profitent des failles du système. Je préfère la simple, efficace et millénaire Loi du Talion. Oeil pour Oeil, Dent pour Dent. »

Bavard sur son sujet, bien sûr qu'il l'est. Conscient des propres failles de sa conception, aussi. Mais ça aussi, ça fait partie de ce Mal Nécessaire. Les proches, oui. Les erreurs, les drames.

«  Alors si tu veux tout savoir, Batman : les meurtres, et les drames pour les proches des uns, sont justifiés pour éviter les meurtres et les drames pour les autres. Il s'agit de choisir. Combien sont morts ou pleurent une mort causée par ce Joker qui trouve plus à s'amuser qu'à craindre de vos éternelles escarmouches ?

Combien auraient pu être évités s'il avait été interrompu dans son rire d'une balle entre les deux yeux, au jour d'aujourd'hui ?
 »

Sa logique se veut simple à dessein : Tuer pour empêcher de tuer. Ultimement, certains choix impliquent la mort, quoiqu'on fasse. Que le sang coule maintenant pourvu que plus tard l'hémorragie cesse, ou refuser de repeindre les murs et laisser le trou béant de rouge s’agrandir encore dans les jours qui viennent.

Un soupir, finalement. Le débit de mots, interrompu par une pensée. Un regard quelque peu fatigué, pas physiquement, mais moralement. Une appréhension qui prend sa source dans sa réluctance à mener un combat inutile.

«  Je ne prêche pas les extrêmes, Chevalier Noir. Que ceux qui méritent une seconde chance aient droit à une main tendue, ou soient brisés puis remodelés, plutôt qu'effacés du tableau. Mais tu dois connaître ce monde bien assez pour savoir que certains ne changeront jamais.

Si je suis venu ici, ce n'est pas par simple et puéril envie de te confronter, de te provoquer. J'ai une requête, et elle est simple : Ne m'empêche pas de dispenser ma Justice, de la même façon que je ne t'empêche pas de dispenser la tienne. Continue l'ombre grandie par les projecteurs de Gotham, et je serais celle qui rampe loin des yeux, à happer ceux qui ne méritent que la pénombre d'un cercueil.
 »

Un long Laïus, terminée par une lourde demande. Audacieuse, peut-être insensée. Au moins ne pourra-t-on pas lui reprocher de ne pas avoir essayé.

Alors dis-moi, Batman, cohabitation, ou confrontation ?
Spoiler:
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Re: The Red Trail [PV Batman] Mar 28 Nov 2017 - 12:09

L’homme répond.
L’inconnu monopolise son courage, décide de faire face au Chevalier Noir – et répond.

Il ne fuit pas. Il n’enclenche pas le combat. Il ne décide pas se diriger directement sur l’affrontement physique, qui menace.
Il répond. Et lance un débat.
Un de plus.

Stoïque, figé, calme en apparence, alors que le feu boue en lui et que ses pensées ne cessent de revenir aux victimes… à leurs familles… aux conséquences dramatiques sur l’évolution de l’East End… le Batman demeure posé. Imperturbable.
Il ne veut rien offrir à l’autre – rien lui donner. Aucun avantage. Aucun premier point. Aucun flanc, sur lequel l’adversaire pourrait sauter afin de s’en prendre à lui… de l’emporter, d’abord dans ce débat, et ensuite physiquement.

Non ; il le refuse. Il ne donnera rien.
Mais il prendra tout.


« Ta requête est bien enregistrée. »

Sa voix, lourde et modifiée, s’élève dans le silence pesant qui s’est installé dans cette ruelle sombre et malfamée de l’East End.

« Mais elle est rejetée. »

La réplique claque – sèchement, brutalement, agressivement.
Elle sonne comme un fouet, comme un coup de tonnerre, comme une gifle orale ; et c’est le but.


« J’ai écouté, entendu et analysé tes arguments. J’ai conscience que tu y crois, que beaucoup y croient… mais pas moi.
Et je considère, même, que tu es dans l’erreur. »


Il soupire – et se décale, légèrement.
Lentement, ses bottes claquent sur le sol bétonné, sale et humide du petit espace urbain, alors qu’il commence à marcher, entamant une sorte de cercle autour de l’inconnu.


« Le Mal nécessaire est une notion attirante, mais dangereuse.
Attirante, car elle permet de justifier beaucoup – de justifier l’injustifiable, en considérant qu’il s’agit d’un dommage collatéral, d’un sacrifice nécessaire pour servir une cause plus noble, plus juste. En ce sens, cette notion est dangereuse… car elle est usée par tout un chacun pour se déculpabiliser – et notamment les Monstres. »


Il s’arrête, et plonge ses pupilles blanchâtres sur le visage de son interlocuteur.

« La Loi du Talion ne fonctionne pas. C’est un fait.
Notre système actuel est imparfait, échoue souvent – mais fonctionne, parfois. Et il porte, en lui, les germes d’un espoir, d’un Futur qui pourraient se réaliser, et amener notre espèce vers un fonctionnement moins brutal, moins monstrueux.
Je comprends que la Loi du Talion attire… mais elle est basée sur l’émotion, sur le ressenti. Sur le sentiment brut, et une société évoluée ne peut décemment se baser sur cela ; il lui faut de la distance, il lui faut de la réflexion, il lui faut une objectivité pour que l’ensemble de la population accepte de se soumettre à ses règles. »


Bruce parle, comme un professeur, comme un homme de débat ; il s’était pourtant juré d’arrêter cela, mais… il croit vraiment à ce qu’il dit. Et il ne peut laisser l’autre dans l’obscurité, du moins pas sans avoir essayé de l’en sortir.

« Si tu tues celui qui a tué un proche, ou même un innocent… il disparaîtra, oui. Mais il ne sera pas seul, sauf exception rare ; il aura des proches, des amis, des familles. Qui souffriront de sa perte – même un tueur peut être un bon père, tu en as sûrement conscience.
Alors, quoi ? Que devraient-ils faire ? Accepter que leur proche ait été tué, car il a mal agi ? Et les circonstances atténuantes ? Et la rédemption ? Ils n’accepteront pas d’avoir été privé de celui qu’ils aimaient ; leurs sentiments exploseront… et le prix du sang sera exigé.
Ils tueront, ou essayeront de tuer. D’autres ou eux disparaîtront… et d’autres proches seront impliqués. Qui n’accepteront pas non plus ces disparitions – et exigeront le prix du sang. Encore. Et encore. Et encore. »


Il soupire, puis secoue la tête.

« J’ai conscience des limites de notre système… et du modèle de Héros que j’incarne. J’ai conscience des évasions, des vengeances, des dommages causés ; j’en ai pleinement conscience, et je dois y faire face.
Cependant… l’autre possibilité n’est pas acceptable. L’autre possibilité causerait encore plus de drames, encore plus d’abus ; l’autre possibilité est une voie vers l’Enfer, alors que notre système, imparfait, tente de nous en sortir. »


Lentement, il croise les bras et se redresse.

« Les miens sont des phares, oui. Pour notre espèce.
Parfois, le phare n’est pas suffisant – et les bateaux coulent, hélas. Parfois, ils suffisent. Parfois, ils n’ont aucun impact. Je le sais, nous le savons tous.
Mais nous devons… nous n’avons pas le droit d’être autre chose que ce que nous sommes, ce que nous incarnons.
En un sens, tu as raison : je suis… nous sommes des criminels. Nous l’avons toujours été. Nous le serons toujours. Nous évoluons en marge de la Loi, pour la faire appliquer, quand ses complexités bloquent le bien commun – nous sommes un Mal nécessaire ; mais nous devons nous limiter. »


Son regard, sous les pupilles de son masque, se figent sur l’autre. Même si ce dernier ne peut voir au-delà du cuir et des circuits intégrés, il doit se douter de l’intensité de l’expression affichée par le Batman.

« Quand il coule en réaction d’une première faille, d’un premier drame, le sang ne s’arrête jamais – jamais. Comme espèce, comme communauté, nous devons refuser cela… nous devons nous élever au-dessus de cela ; nous devons être meilleurs.
Oh, nous échouerons… nous tomberons. Beaucoup. Souvent. Mais nous continuerons. Nous pleurerons, nous perdrons, mais nous guérirons ; et nous avancerons, vers un moment où les Héros ne seront plus utiles – vers un âge où plus aucun Mal ne sera nécessaire.
Ce moment est lointain, je le sais… je ne le vivrais pas, nos héritiers non plus ; il n’aura peut-être jamais lieu. Mais qu’importe. Je crois, j’espère sa venue… et je me bats pour lui. Je me bats pour le permettre. Je me bats pour l’inspirer. »


Il laisse un petit silence, pour bien impacter le poids de ses prochains mots.

« Je me bats pour ce moment – et contre ceux qui agissent en opposition. »

Lentement, il déplie les bras et serre les poings.
Les mots ont été échangés. Les positions ont été tranchées. Le désaccord a été acté.
La suite, irréversible, va pouvoir commencer…


(HJ/ Aucun souci Smile quel très beau message ! J’ai essayé d’en être digne ! /HJ)
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Re: The Red Trail [PV Batman] Dim 21 Jan 2018 - 13:22

Et un refus sonne dans le noir de la ruelle, attendu. Pas souhaité, seulement anticipé. Et dans un premier temps, l'homme n'y répond que par un silence d'écoute, car il prend soin de laisser la parole comme il l'a prise. Seule liberté sonore de prise : celle de ces gants de cuir qui frottent contre sa poche pour aller chercher un paquet de cigarette. Sans presse, sans brusque dans ses mouvements, il s'attelle à sortir l'une de ses « enténébreuses de poumons », comme il a pris goût à les appeler. Un œil sur la tâche, un autre sur le Batman – et avec lui, tous ses autres sens.

Attendue, car il se doute ne pas être le premier. Sûrement sont-ils rares, ceux qui prennent la peine de quelques mots plutôt que de quelques coups – de poing ou de feu -, une fois en face du Chevalier Noir. Mais sûrement y en a-t-il eu d'autres avant. Discussion, puis déssacord, puis Destruction. Discorde. Cercle vicieux qui se dessine dans l'analyse mentale de l'ombre en manteau, dans le même temps qu'un cercle de pas se dessine autour de lui. De la tension, oui, mais gardée pour soi, secrète, cachée. Seule cette façade décontractée est offerte au Justicier de Gotham.

Il écoute, donc. Et sans le signifier, il concède. Seulement dans le silence de ses pensées. Parce que s'il connaît les reproches qu'il a à faire au système que défend Batman, ce n'est que pour mieux connaître tout ce qu'il y a à redire sur le futur qu'il entend écrire. Tout le monde n'aime pas écrire l'avenir d'une encre de sang, sur du papier de Drame. Tout le monde n'en est pas arrivé à sa conclusion, son sentiment mûr de plusieurs années de réflexions. D'émotion, aussi. Oui, là est bien la principale imperfection de ses desseins : la teinte subtile de ce sentiment d'injustice, de cette colère silencieuse qu'il a depuis étouffée. Mais elle subsiste, discrète, au coin de ses humeurs et décisions, tel un fantôme de cette jeunesse moins sage, moins disciplinée. Moins stable.

En filigrane des mots de droiture sèche de la Chauve-Souris, il y a le son d'une étincelle qui tue la nuit autour d'elle : une petite flamme qui se porte jusqu'à la cigarette au bec de l'opposant.

« Dés lors que nous prenons la responsabilité d'un rôle dans la Justice de ce monde, ne sommes-nous pas dangereux à chacune de nos décisions? »

Simple, réthorique, la réponse pousse à la réflexion plus qu'au débat. A penser, plus qu'à rétorquer. Mais seule, elle ne saurait se suffire. Alors au détour d'une première inspiration sur le bout de sa cigarette, l'homme reprend, toujours plein de ce calme presque inhumain.

« Dangereux, le Zêle d'un Vigilant trop sûr de ses convictions, d'une autorité trop impitoyable, trop expéditive.
Dangereuse, la demi-mesure d'un Justicier trop permissif, trop moral. D'un système trop complexe, trop faillible. Exploitable, corruptible.
 »

Il a trop souvent vu la démarche judiciaire se ternir d'un voile d'avarice pour continuer de croire en ce système, cet homme. Une justice qui passe par de trop nombreuses mains.

Sous de trop nombreuses tables. Et les mains blanches sont trop rares ici-bas pour continuer d'avoir Foi.

« Tu vois, Batman, j'ai forgé mon monde à la mesure de ce que le dehors m'a donné à voir. Dans mon monde, les Monstres ont besoin de Monstres, pour avoir peur. Elle est brusque, elle est dangereuse et faillible, la Justice des Monstres. Mais j'ai appris à préférer l'erreur sincère d'un vengeur émotif à la vision de ce système fait d'agents aux pieds et poings-liés qui laissent le pire advenir sans agir, d'hommes en col-blanc qui manipulent la Loi contre quelques billets, quelques promesses. 

Douce ironie. Ce système que tu défends, tu lui dois ta rencontre de ce soir.
»

Sans s'en formaliser, il lance l'indice, se soustrait à son voile d'impersonnel, le temps d'une déclaration. Juste quelques instants, « l'Homme » cesse de seulement être cela, et devient « Une autre erreur du système ». Il y pense, en même temps qu'un nuage de fumée s'extirpe d'entre ses lèvres, désormais fendues d'un léger rictus.

« En cela, je te le concède : ce système n'a pas que du mauvais. »

Elles se mèlent en une égalité insolente, ces deux nuances dans sa voix : A la fois, un sarcasme palpable et une sincère observation. Sans développer, il laisse l'ombre de Gotham à ses conclusions, pour peu qu'il prenne la peine de cogiter sur le double-sens de ces quelques mots. Plutôt que de s'y attarder, il revient sur les mots suivants de son adversaire.

« Tuer, être tué, ou regarder tuer. Si tu ne tues pas, un autre s'en chargera. Plus tard, et entre temps, plus de morts encore.

Action, réaction. Je tue, alors un autre voudra tuer. Mais ce que l'on oublie souvent en citant cette maxime, c'est l'autre revers de la médaille : Inaction, continuité. Je ne tue pas, alors un autre continuera de tuer.

Il ne s'agit que de ça en fin de ligne, Batman. De responsabilité. Tu prends sur toi celle de toutes ces morts perpétrées par ceux que tu as pardonné, épargné. Je prends sur moi celle de toutes ces morts que j'ai sur la conscience pour en éviter d'autres. Quant à savoir si une alternative vaut réellement mieux que l'autre ? Heh. Je suis beaucoup de choses, et je confesse volontiers l'arrogance comme l'un de mes péchés. Mais pas au point de décréter ma vision comme au-dessus de toutes les autres.

Je le suis par contre assez pour œuvrer afin de l'imposer comme la nouvelle norme, il est vrai. 
»

Et il fixe la Légende, la respecte sans s'agenouiller face à elle. Il écoute le discours, l'entend sans y adhérer. Sa voix résonne une nouvelle fois, habitée d'un petit quelque chose d'amusement, d'abord, puis d'amertume.

« C'est touchant, vraiment, de cacher tant de Foi en l'humanité derrière un si terrifiant masque, derrière cet imposant palmarès. J'aimerais y croire encore, par moments.

Bats-toi donc, Justicier. Et vois.
»

Vois le monde tel que j'ai appris à le percevoir.

La fumée s'échappe de nouveau d'entre ses lippes, mais cette fois-ci, la volute grisâtre laisse place à une grande mélasse de plus en plus sombre. Bientôt, un grand écran de fumée couvre la silhouette de l'Homme. Puis, d'un coup d'un seul, un grand coup de vent, une bourrasque qui soulève, qui répand. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, toute la petite ruelle était plongée dans cette obscure fumée cancérigène.

Impénétrable voile que mêmes les gadgets technologiques ne sauraient percer : la vision thermique n'est d'aucune aide, ici. Parce que cette fumée, ce n'est pas le fruit d'un souffle sur une cigarette, c'est le fruit de la création d'un esprit. Un esprit qui dicte ses règles, impose ses dogmes sur cette réalité malléable : aujourd'hui, il a décidé que cette fumée serait un Royaume d'Opaque.

Ténèbres de pois. Occultent aux yeux, désagréables au nez. Puis, une symphonie commence à s'élever, des silhouettes se démarquent dans le noir. Chorale de plaintes, d'abord murmurées, puis parlées, puis criées. Visages anonymes, connus sans être connus. Des voix qui souffrent, qui s'indignent, des ombres qui plient, se tordent. A chaque voix, une vérité : illusions véridiques, car elles ne sont ni plus ni moins que les reflets brisés du miroir d'un périple : celui de l'homme dans l'East End. Là où il a vu, écouté, agit. Parmi les démunis, les honnête et les malhonnêtes, ceux qui jouent les équilibristes sur le fil de l'éthique. Ceux qui vivent, qui survivent, et ceux qui sont morts. Et ils se plaignent, dans l'East End : L'un souffre de la criminalité, incapable de vivre de son dur et honnête labeur, l'autre souffre de la culpabilité, incapable de vivre autrement que par le délit. A chacun sa chaîne, et tous se croisent et s'entremêlent dans cette petite parodie de Cercle des Enfers. Et ça continue, dans les Ténèbres de tabac. Hurle, plaint, injure. Parfois, des harangues réservées à l'homme Chauve-Souris. Des espoirs, des cris à l'aide. Certains répondus, d'autres non. Et à ceux là précèdent furie et indignation, peur et souffrance.

Puis, encore au-dessus de cette macabre chorale, une autre qui s'élève. Barytons de rire, de bien gras rires qui roucoulent d'abord sous la masse, comme pour s'en moquer furtivement. Puis peu à peu, ça va plus fort, crescendo dans le malsain de leur hilarité. Rires de démence sanglante, rires de profit, d'avarice et d'ambition amorale. Ils viennent d'en haut, ces rires, et au-dessus des corps de fumée, il y a ces gigantesques figures de malfaisance qui montent dans le ciel noir. Géants faciès sans forme ni identité, choses mauvaises et destructrices. Des têtes, puis des mains, des doigts d'où descendent des fils qui font s'animer les silhouettes du bas telles des marionnettes. Les innocents souffrent autant que les criminels qui regrettent, tous finissent dans la grande toile, plus ou moins directement. Le tableau d'horreur se maintient une poignée de seconde, se suffit dans sa symbolique. Et ça débute. Un premier, puis un second, et l'autre. Les fils de manipulation cèdent, et à chaque fois, un cri d'agonie. Et au centre de cette chose grotesque, abstraite, le Chevalier Noir peut sentir une sorte de pression sur ses épaules, un poids concret, comme si l'on cherchait à l'écraser. Une pression qui commence au premier fil coupé, et augmente à chaque autre marionnette libérée.

Et petit à petit, les visages s'effacent dans la brume. En même temps que le sol se rougit un peu, que certaines ombres subsistent, là où d'autres sont tombées.

« Pas joli, hm ? »

Quelque chose qui perce le voile – quelqu'un. D'abord visible à ce point lumineux qui survient, il apparaît à quelques mètres du Batman, en face. Inaffecté par la chape de plomb qui semble peser, il avance, tandis que le poids sur les épaules continue de s'alourdir, devenant même douloureux.

« Je te l'ai dit : à la fin, il ne s'agit que du poids des responsabilités. Des morts. Et c'est lourd parfois, n'est-ce pas? » La pression double. « Très lourd. » Triple. « Trop lourd. »

Une main portée à la cigarette à sa bouche, il la laisse tomber au sol, puis l'écrase de sa botte en un geste sec. Dés lors, la pression se démultiplie en une ultime augmentation, un grand coup de gravité qui vient du haut pour frapper la Chauve-Souris, viser à la mettre au sol, violemment.

« J'ai appris à supporter ce poids. Vivre au bout de ce en quoi je crois.  »

D'un large geste du bras, il balaye l'air devant lui, et la grande illusion cesse, en même temps que la pression s'estompe. Et là dehors, dans le monde réel, les choses ont changées.
Il y a ce camion poubelle, au-dessus des trois malfaiteurs de plus tôt. Au-dessus, à six mètres dans les airs, grondant de son poids.

Le bras ganté se baisse, et l'énorme masse de métal commence son inexorable chute vers ses cibles.

« Et toi? »
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Re: The Red Trail [PV Batman] Mar 23 Jan 2018 - 12:55

L’autre a fait une requête – que le Batman a écouté, enregistré, analysé, puis refusé.
Et expliqué.

Evidemment, il ne s’attend pas à ce que l’autre comprenne ; il ne s’attend pas à ce que l’autre laisse les arguments affluer en lui, pénétrer son esprit, impacter sa psychologie et son centre de la raison. Il est trop tard pour cela.
L’autre n’est pas stupide, ou bête ; mais l’autre est fou. Il faut l’être pour en arriver aux violences commises, aux meurtres réalisés. Il faut l’être pour parler de la vie et de la mort avec une telle facilité, un tel détachement. Il faut l’être pour mesurer si peu l’acte de prendre une existence, de couper les racines d’une vie.

Il faut l’être pour ainsi faire face au Chevalier Noir.
L’autre est fou, donc. Mais il aime parler.
Alors il parle.

Les poings serrés, en discrète position de combat, il écoute – il analyse, encore.
Il enregistre. Il note. Il suit la pensée.
Oh, il ne la partage pas, bien sûr… mais il la suit. Il la connaît, finalement, car elle ne cesse de le hanter depuis près de vingt ans ; mais elle est toujours formulée différemment, elle n’est jamais similaire.
Cette pensée, ce doute, ce raisonnement si extrême et si violent – le tente. Depuis toujours.

Après Jason. Après Barbara. Après Sarah. Après Damian.
Après tout le reste… tous les drames, toutes les pertes, tous les échecs. Cette pensée est revenue, toujours, et il a conscience qu’elle reviendra, encore.
Il devra la combattre, l’affronter ; la briser. Car elle n’est pas digne. Elle n’est pas saine. Elle n’est pas correcte.


« Là est le secret, assassin. »

Et s’il doit la combattre, l’affronter, la briser – Bruce sait qu’il doit en faire de même contre ceux qui préconisent, vantent, servent cette pensée.
Il le regrette. Il le déplore. Mais il le fait malgré tout.


« Je ne crois pas en l’Humanité ou en ce que je t’ai dit. Je sais avoir raison. »

Belle phrase, belle réplique.
Mais qui s’évapore dès que l’autre se lance.

Il ne faut guère longtemps à Bruce pour comprendre ce qu’il se passe ; l’attaque ne sera pas physique, pas pour commencer au moins. S’il a essentiellement combattu les Vilains de Gotham City, il fait partie de la Justice League depuis ses débuts ; et même s’il considère toujours n’y être pas vraiment à sa place, il a mené leurs combats avec eux, et partagé leurs réussites.
Il a fait tomber des dieux. Il a brisé des mondes. Il a anéanti des monstres. Il a emprisonné des tyrans et stoppé la fin de l’Univers une paire de fois.

Le Batman a donc dû faire face à des menaces extraordinaires… et est alors rompu à plusieurs types d’attaques, de combats ; de situations.
Les agressions télépathiques ne lui sont pas étrangères. Et ce petit goût à l’arrière de la gorge, cette étrange sensation dans son crâne, ce picotement spécifique… oui, il ne peut en douter.

C’est une attaque psy.
Et s’il est clair que le Chevalier Noir n’a aucun pouvoir de ce genre, n’est qu’un Humain face à cela… il a des alliés. Des proches. Des amis.
Dont un certain J’Onn J’Onzz.

Les secondes s’écoulent, donc. Lourdes et difficiles. Tendues et douloureuses.
Mais il ne cède pas.
Il ne cède pas quand la fumée l’entoure, sans raison, sans confirmation de ses instruments, qu’il rejette car il a conscience qu’ils ne lui serviront plus. Il ne cède pas quand les plaintes arrivent, quand les hurlements débutent. Il ne cède pas quand les rires se succèdent.
Il ne cède pas face aux visages, face aux ombres, face aux spectres.

Il ne cède pas.
Surtout pas quand l’autre apparaît, plein de morgue, de suffisance, d’arrogance, de certitudes, et de leçons qu’il entend faire imposer auprès d’autrui.

Il ne cède pas – comme il n’a pas cédé il y a plus de trente ans dans une ruelle sombre à proximité, comme il n’a pas cédé quand son univers a été détruit, comme il n’a pas cédé quand sa détermination à mener une croisade impossible lui a tant coûté.
Il ne cède pas. Il ne cédera pas.


« Est-ce… »

Sa voix n’est, d’abord, qu’un soupire, qu’un murmure ; rauque et las.
S’il n’a pas cédé, si les techniques de combat télépathique lui ont été inculqués par le Martian Manhunter, le choc a été terrible, et la souffrance réelle. Il n’a pas cédé, mais il a eu mal, et le subit encore.


« Est-ce là… tout ? »

Un sourire mauvais, cruel glisse sur ses lèvres, sous son masque.
Lentement, son regard quitte l’autre, après lui avoir bien confirmé par le verbe et le geste qu’il est loin d’avoir gagné, pour se figer sur le véhicule soulevé par un pouvoir surnaturel, au-dessus des trois criminels.
Bien. Télépathe et télékinésiste. La liste de suspects se réduit.


« J’ai appris à supporter la responsabilité de mes actes, de mes choix depuis des années. J’ai appris que ce monde n’a du sens que si on le force à en avoir un. »

Discrètement, le Chevalier Noir appuie sur un bouton de son costume, puis replante son regard acéré sur l’autre.

« Et ce monde a un sens, assassin. »

Une détonation, brutale, ponctue ses mots – alors que le camion est littéralement anéanti, par un canon situé à plusieurs dizaines de mètres dans les airs.

« Celui que je lui donne. »

Le vrombissement d’un moteur puissant se fait entendre, même si l’appareil demeure invisible.
L’autre n’est pas le seul à avoir des secrets.


(HJ/ Désolé pour ce message, un peu faible qualitativement et quantitativement, j'espère avoir pu néanmoins relancer. /HJ)
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Re: The Red Trail [PV Batman] Mar 23 Jan 2018 - 15:26

« Heh. Dans le Royaume des Utopistes, chacun sait sa vérité, n'est-ce pas ? »

Sobre réplique, suivie par le voile de fumée. De la nicotine pour étouffer l'espoir, du tabac pour faire tousser ces poumons plein de confiance, de cette arrogance sûre de soi, miroir à celle du Britannique. Deux hommes s'écoutent et se jaugent, mais sans jamais cesser d'avoir leur pieds profondément ancrés dans le sol de convictions fortes, cultivées par l'expérience, le temps, le vécu, la réflexion. Eternel débat, que celui de la conception du bien et du mal. De la lutte entre les deux, des méthodes, des limites à franchir, ne pas franchir. Fausses alternatives, vous dirait l'homme en noir. Il pourait en parler des heures, de la quantité de sang sur les mains de chacun. Sur les siennes. Sur celles de ceux qui soutiennent ce système. Médecins du monde, chargés de tuer la maladie à la surface d'une peau meurtrie, ouverte. Hémorragie. Eux aiment anesthésier, prescrire anthalgiques et morphine. Recoudre, mais pas complètement. Pas trop, parce que ça fait mal, parce que ça tâche, que ce n'est pas beau.

Et ils sont utiles. C'est important, l'anesthésie. Or, il entend bien prendre le relais. Passer derrière, opérer, éradiquer le Mal, et tant pis s'il faut faire mal soi-même, s'il faut laisser des séquelles. C'est dur, c'est cruel, mais c'est ce qu'il s'est imposé comme mission. L'innocence n'est pas un luxe qu'il a pu garder bien longtemps après l'enfance, et il n'a que bien peu le goût de s'en dresser un espèce de vestige parodique par le biais d'une quelconque morale trop droite.

Assassain, comme tu l'as dit.

Alors il tue. Il tue la nuit, l'engouffre dans un voile plus noir encore, pour occulter la lune, ne laisser que la fumée. Nocturne devient Ténébres, Ténébres deviennent bavardes, palpables. Les choses crient, les choses plient, silhouettes difformes, humanoïdes mais incertaines dans leur axes, comme des pantins brisés à leur base. Marionnettes fragiles, mangées par l'East End, la Gotham des plus faibles. Ils se jouent en même temps, cacophoniques, ces récits d'une vie. Parfois éteinte, parfois seulement brisée, ruinée. Quelques-unes, heureuses mais difficiles, se glissent dans la masse, presque imperceptibles. Oui, quand les fils cèdent, certains crient, certains tombent. Du sang, de la souffrance, de l'injustice, sans aucun doute.

Mais lorsque c'est fini, une certaine quiétude. Sans aucun doute du deuil, de la tristesse, de la peur et des rancoeurs silencieuses. Mais parmi eux, du soulagement, aussi. De la sécurité.

Puis, le monde réelle, lorsque le rideau de Mensonge se déchire. Le monde réelle, sa lune, son Batman encore fringant, ses rues crasses et ses trois malfrats.

Et son camion, au-dessus d'eux.

« Tout pour l'entrée, oui. »

Des présentations, somme toute. Différentes de celle de leur débat express. Un branle-bas de combat, une espèce de petite mise en scène guerrière pour précéder le Chaos de l'affrontement. Dernières petites minutes de relative paix, pour pouvoir deviser les dernières paroles, les ultimes répliques.

Un mince hochement de tête, pour répondre à la constatation du Chevalier Noir. Sans le verbaliser, l'autre ami des ombres ne peut que confirmer. Monde d'incohérence, de folie. Un Chaos qui a besoin d'ordre, un ordre que chacun aimerait vouloir incarner. Lui aussi. Car ce que les prédecesseurs ont bâtis ne lui convient pas – ne lui convient plus. Un monde qui a besoin d'évoluer, de se transcender.
Il ne sera pas phare, mais il s'assurera de faire taire la lumière de ceux qui aveuglent la masse, s'il le faut.

Il pense, et en même temps qu'il pense, le camion lui explose. Un canon, une détonation, un appareil. Technologie. Grande alliée du Protecteur de Gotham, décidément trop bien équipé au goût de beaucoup de ses opposants. Ca explose, et ça épargne les crapules d'il y a dix minutes. Brève, fugitive, l'irritation passe sur les traits de l'homme sans masque, légère mais présente. Pas mauvaise, plutôt galvanisante. Sorte de goût de la résistance.

Sorte de barrière dans l'air, imperceptible, quelque chose qui s'est dressé tout autour du Psionique dés lors que la menace du canon s'est manifestée. Et les bruits continuent, autour. Bottes qui claquent, moteurs qui grondent, mots qui tonnent.

Os qui se brisent, à la chaine.

Épargnées, mais pas pour longtemps. Au mauvais endroit au mauvais moment, les trois bandits servent d'argumentaire vivant – pour l'instant – au rhéteur de l'impitoyable. Alors ils se lèvent, apparemment partiellement maîtres d'eux mêmes, à en juger par l'effroi sur leurs visages. Ils souffrent, mais pas physiquement : dans un ultime élan d'indulgence, il les a coupé de leur perception de la douleur. Indulgence, ou pragmatisme d'un homme avide de s'arroger des pions résistants, qu'importe. Toujours est-il que l'évidence est là : un Télépathe, une poignée d'hommes comme coupés de leur libre-arbitre, et une avancée dangereuse vers le Batman. Sûrement avait-il déjà deviné, à la disposition des corps sur la scène de crime du bar. Deviné cette capacité.

Ainsi, ils s'avancent, agressifs dans leur posture, terrifiés dans leur âme. Ils ne devraient pas pouvoir marcher, brisés, mais quelque chose les pousse, les contrôle.
Quelqu'un.

« Le souci, Batman, c'est que dans ton monde, le crime et ses pires actionnaires ont droit à une seconde chance. » Un premier homme se jette sur la chauve-souris, poing en avant. « Puis une troisième » un second bandit, un genoux qui tente de voler à la mâchoire du Justicier. Les deux hommes enchaînent en une courte escarmouche avec le Batman, un temps, jusqu'à ce que la suite survienne. « Puis une quatrième. » Un troisième, le plus massif, poing liés en un marteau qui vise à s'abattre sur le crâne masqué. Plus dangereux, pas seulement par sa masse, mais par l'impulsion télékinétique de subtilement ajoutée à l'élan du coup.

Ce qui devait au mieux ouvrir une entaille sur le visage, ouvrira plutôt un cratère au sol. De la fumée, de nouveau, mais cette fois-ci, des gravats, pas du tabac.

« Combien de fois est-ce qu'ils devront te tirer dans le précipice avant que tu comprennes que certains sont incapables d'accepter une main tendue pour autre chose que t'amener dans les Ténèbres ? »

Ce n'est plus un code de conduite, à ce rythme, c'est de la Naïveté.
Une remarque qu'il garde pour lui, car il la sait influencée par l'émotion. Et qu'il n'a pas l'intention d'inviter cette fourbe maîtresse trop avant dans leur confrontation, pour le moment. Un soupir, finalement.

« Soyons d'accord pour être en désaccord, comme ils disent. »

Il attend la suite, alors. Statique devant cette fumée qui perd en épaisseur, bien conscient de n'être qu'au début, de n'avoir rien fait, bien conscient que comme il l'a fait la première fois, le Justicier ressortira du nuage gris, en vie.

Une suite qu'il a déjà décidé, de son côté de la carte. Reste à savoir ce que lui réserve le Chevalier Noir.

- HRP : Pas de souci, j'ai pas mal tardé à répondre de mon côté, ça a pas aidé. :p (Puis c'est pas si mal que ça hé) Ceci étant dit, les trois PNJ sont à ta disposition, ce sont des sbires temporaires à la solde de Manchester, libre à toi de les neutraliser illico-presto ou improviser quelques autres passes d'arme avant de t'en débarrasser o/ - /HRP



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Re: The Red Trail [PV Batman] Jeu 25 Jan 2018 - 11:34

En position de combat, les paupières plissées sous son masque, le Batman attend – et fixe l’autre.
Le préambule est passé. Les présentations sont faites. Les discussions d’usage sont terminées.
Ça va commencer.

Vingt ans à Gotham, et à mener d’autres aventures dans le monde, l’ont formé, briefé ; il connaît. Il sait. Il sait ce qu’il va se passer, et il sait aussi que le premier à agir, à agir physiquement, sera désavantagé ; alors il ne le fait pas.
Parce qu’il n’a pas les arguments, les pouvoirs, les connaissances suffisantes pour pouvoir contrebalancer ce désavantage de lancer le combat ; il attend, donc.
Et l’autre enchaîne.


« Hrm. »

Le Batman grogne, quand l’autre réplique et parle.
Encore.
N’en a-t-il pas assez ? N’a-t-il pas compris ? C’est inutile. Bruce ne changera pas d’avis. Bruce ne le rejoindra pas. Bruce ne le suivra pas.


« Tu parles trop. »

La réplique est froide et sèche ; elle se veut l’équivalent d’une gifle, adressée à ce Britannique suffisant dont le nez rendrait bien mieux s’il était écrasé et sanguinolent.
Discrètement, il appuie sur un bouton de son costume et enchaîne.


« Et tu prends trop cas de toi-même. »

Il le cherche et le provoque ; et ça fonctionne.
Alors que les ruines fumantes du camion tentent de refroidir autour d’eux, les trois criminels visés, les trois victimes exhibées se relèvent et s’approchent – sans le vouloir. Discrètement, Bruce réprime un frisson en comprenant.
Possession, diraient les croyants. Contrôle mental, diraient les scientifiques. Problèmes, sait-il.

Alors que les trois hommes s’avancent, leurs visages trahissant leurs troubles, leurs douleurs, leurs terreurs, le Chevalier Noir inspire fortement… et fait le lien.
Okay, pense-t-il. C’est ainsi qu’il agit. C’est ainsi qu’il a tué les autres, en les utilisant contre eux-mêmes ; soit.
C’est donc un vicieux. C’est donc un malin. C’est donc quelqu’un qui, s’il passe en jugement, sera difficilement condamné. C’est donc l’équivalent de Stephen Norton, l’homme ayant poussé Hercule Poirot au pire.


« Okay. »

Bruce expire, et relâche ses muscles – avant de se lancer.

« Soyons d’accords pour te corriger. »

Le premier homme se jette pour le frapper au visage ; Bruce l’évite en se décalant de côté au dernier moment, avant de lui faire une petite tape à l’arrière du dos. L’élan accentué le fait s’écrouler au sol, pathétiquement.
Le second homme essaye de frapper sa mâchoire, alors qu’il est de profil ; Bruce lève son avant-bras au moment où ses mains approchent, et les doigts de l’autre se brisent sous l’impact imprévu. Son cri est stoppé par son autre poing, qui vient s’écraser sur sa bouche… ouverte. Le mouvement arrière de l’avant-bras lui permet d’évacuer les dents brisées, et une partie du sang.
Le troisième homme veut profiter de tout cela pour écraser son crâne avec ses mains liées, par l’arrière, mais Bruce se baisse pour que l’élan du dernier l’amène à, littéralement, faire le tour du Chevalier Noir accroupi. L’ennemi se retrouve au sol, les quatre membres en l’air, et parfaite victime.

Sans un mot, le Batman s’empare d’une jambe du dernier, et la tourne en un sens inadéquat ; un craquement sinistre se fait entendre, suivi d’un cri inhumain. Il bondit sur le dos, son poids provoquant une autre douleur, et s’empare cette fois-ci d’une main, qu’il tourne dans un sens qu’un médecin occidental ne pourra jamais replacer.
Les torsions sont terribles, et l’homme s’enfonce dans l’inconscience ; mais non sans avoir subi un coup de genou sur les cervicales. Pour le plaisir.

Le premier homme s’est relevé, et se précipite pour stopper le Chevalier Noir ; en vain.
Le justicier bloque l’homme au torse, via un coup au plexus solaire. Il le retient quand il recule, en s’emparant de son crâne avec ses deux mains.
Sans un mot, il le force à baisser la tête, pour rencontrer brutalement son genou levé ; une fois, puis une deuxième avec le second genou.
Alors que l’adversaire recule, hébété, sanguinolent, le Batman le récupère au col, et l’envoie littéralement sur le deuxième, qui tremble pour s’avancer.

Le choc est sec, mais brutal.
Tous deux s’écroulent ; le tabassé par genoux est inconscient, l’édenté bouge encore. Pas longtemps, car un coup à la gorge l’achève dans un gargouillis désagréable.
Lentement, alors, le Batman se relève et se tourne vers l’autre – et esquisse un très léger sourire. Mauvais.


« Tu sens ? »

Il se redresse, et serre les poings.

« Ce petit son. Ce sifflement, qui s’intensifie. Cette gêne, dans ton esprit. Cette petite attaque, cette petite agression, ce malaise grandissant. Tu sens ? »

Il s’avance d’un pas, puis s’arrête – et son sourire s’intensifie.

« Les pouvoirs mentaux, c’est bien. Sauf quand on subit une attaque mentale, non ? »

Plus tôt, il a appuyé sur un bouton – et donné l’ordre au Batplane de combattre, après avoir identifié la menace télépathique.
Un brouillage psy, basé sur la majorité des fréquences, a donc été lancé sur la zone ; évidemment, il faudrait la fréquence de l’autre, pour viser juste et bien, mais il ne l’a pas. Il a donc laissé le Batplane faire un balayage général, pour taper tout ce qui peut avoir des pouvoirs mentaux – sans trop de puissance, mais assez pour gêner. Pour embêter. Pour troubler.
Et pour lui permettre d’enchaîner… en bondissant sur l’autre, le poing en avant, prêt à une mêlée directe !

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Re: The Red Trail [PV Batman] Jeu 25 Jan 2018 - 18:47

« On me le dit souvent, oui. »

Bavard, égocentrique, et bien d'autres choses. Détaché, aussi, assez pour ne pas prendre ombrage, ne pas laisser s'inviter l'émotif, dans ses gestes. Des années dans une cellule, des années à se refaire. Se changer, s'adapter, se dépasser. Certaines choses ne changent pas, ne changent jamais. Traits immuables, caractéristiques. Alors oui, l'Ego, oui, la verve, deux choses inchangées. Or, l'impulsivité de jadis s'est transformée en un calme décontracté. Car les applications les plus subtiles de son pouvoir ne se prêtent pas à la surcharge émotionnelle. Et qu'il n'a pas l'intention de se laisser aller aux aspects les plus destructeurs de son Pouvoir. Pas encore, pas maintenant.

Les choses ont changées. Apprentissage, leçon tirée de ces interminables regards en arrière. Combien de fois l'a-t-il ruminée, cette défaite face à Superman ? D'abord, pour la maudir. Pour la détester. Puis pour l'accepter, l'analyser. En tirer autre chose que du ressenti. Quelque chose d'infiniment plus utile.

Quelque chose qu'il n'entend pas montrer dés maintenant. Plutôt que ça, jouer la stratégie du novice. Abattre ce qui semblent être toutes les cartes qu'il a dans sa manche, vite, trop vite. Donner des faiblesses à exploiter, des failles dans lesquelles s'engouffrer. Et il le sait, le comprend : il affronte un esprit, plus qu'une paire de poings. Un équipement, plutôt qu'un animal. Les poings peuvent faire peur, peuvent faire mal, mais l'homme se méfie plutôt de tout ce qui compose la ceinture du Justicier. Ca, puis son Costume. Ses véhicules, gadgets et autres outils. Véritable petite fortune de technologies diverses et variées. Un arsenal de toutes les situations, un contre à tout, une Excalibur d'adaptabilité, et nul doute que le Batman est l'élu qui peut en tirer le mieux.

Dés lors que l'on comprend cela, on comprend pourquoi plus d'une fois, l'Homme a battu le Surhomme.

Alors il regarde, silencieusement, mains dans ces poches qu'il n'a quitté que pour tirer sur sa cigarette. Observe le sang couler, les visages parler. Analyse les gestes du Batman, détaché, éloigné. Écoute le son des os qui se brisent, des corps qui tombent. Un dénouement sans surprise, attendu, lui aussi. L'homme sans masque s'est attendu à beaucoup de choses : pour cause, s'il n'a pas l'avantage du terrain, il a celui de la préparation. Il est venu ici, à Gotham, avec ses projets et desseins, pour une ville qui n'est pas la sienne. Pour une cité sous la juridiction d'une chauve-souris réputée pour être le David au mille Goliath. Trop de géants sont tombés, sûrs de leur force face à « un homme comme les autres », « un simple mortel », « un misérable humain ». Ils auront eu des termes différents, l'un après l'autre, le dénouement lui, s'est répété, encore et encore : une silhouette drapée de noir, debout sur leur corps parfois inconscient, parfois menotté, souvent brisé. Lui, non. Lui, s'il n'a pas cessé d'avoir cette confiance excessive en soi, a ceci dit appris à ne pas sous-estimer l'autre.

Et il s'en félicite, silencieusement, lorsque le désagréable bourdonnement commence à lui prendre la tête. Agaçant, énervant, terriblement, mais il ne le dévoile pas. De fait, non, il ne répond pas à ce sourire, ni à cette provocation – pas encore. Il a cette simple et naturelle grimace de mal-être, imposée par un brouillage, une gêne à son pouvoir. Difficiles, les illusions et dominations mentales, lorsque cette sinistre mélodie se joue à son oreille. Or, s'ils perdent en punch, les usages les plus élémentaires de la Télékinésie restent à la portée d'un esprit embrûmée : Naturelle, instinctive, la réaction du rejet face au danger. Repousser, pour blesser ce qui blesse, utiliser l'émotion comme vecteur, comme catalyseur - comme il l'a fait lorsqu'il a sauvé sa sœur, surtout.

L'Homme Masqué approche. Dangereux, offensif, puissant. Et derrière la façade de stoïcisme, derrière la confiance, la préparation, derrière l'homme, il y a cette discrète appréhension, qui monte. Parce que si dans son passé subsistent les mémoires d'une formation militaire – plus d'une, même - rien de ça ne lui permet de vraiment faire face au Batman, sur le terrain du corps-à-corps. Résister, exister, tout au plus. Il aime se dire qu'il leur doit son oisiveté originelle sur la question, intérieurement : à l'époque, les militaires étaient persuadés d'avoir l'arme ultime, dépendante que de son pouvoir. Alors ils ont négligés le reste. L'essentiel.

Les coups pleuvent, violents, et il n'essaie pas même de contre-attaquer – seulement de limiter. Il se concenctre. Il se bat comme un savant-fou privé de ses gadgets, comme un dépendant privé de sa seule alternative. Il se concentre. Et ça saigne, ça souffre, ça serre les dents. Grognements de douleur, fugitifs, mais audibles. Et les dents se serrent, encore un peu plus.

Et le sourire s'élargit, encore une fois de plus.

Ces poings, - ces poings qu'il a sorti de ses poches, pour former sa garde et ne jamais les rouvrir -, il les descelle en deux paumes ouvertes, deux paumes qui font face au sol. Deux petites formes sphériques apparaissent, l'espace d'une seconde. Il se concentre. Une première détonne, et tout l'électronique dans la rue s'éteint subitemment, brutalement, pour ne laisser que la lumière d'une lune heureusement pleine en guise d'éclairage. Un objectif multiple : effet de surprise, désordre, mise à mal de l'équipement de la chauve-souris.

« Je ne t'ai pas attendu pour me corriger » m'adapter.

Un geste brusque, puissant, le fruit d'un effort qu'il a fait tout le long de l'assaut, tandis que pour la première fois depuis le début de cette rencontre, l'ombre d'une émotion passe sur les traits de l'homme : une colère, sourde, froide et grandissante, canalisée dans une unique et puissante poussée. Son bras pousse vers l'avant, et le vent se lève en une violence inouïe, une force invisible qui balaie tout, qui mange le sol en face du Britannique. Difficile effort, difficile prouesse, diminuée dans son potentiel par ce bourdonnement qui gêne.

L'espoir d'un Chevalier noir emporté par la force. Celui d'une seconde sphère qui se serait logiquement plaquée à son torse, du fait de la poussée. Sphère d'explosion. Alors quelques dizaines de mètre plus loin, ça détonne en un grand boom sonore, avec ou sans le Justicier, pour résonner à travers la nuit, pour ajouter une cicatrice sur le béton de cette route malmenée.

Soufflée en partie par sa propre prise de risque, l'ombre est repoussée, se reprend de peu pour ne pas tomber. Un sourire, un remerciement furtif à Lex Luthor, mentalement : son passage dans la Suicide Squad fut bref, mais il lui a appris à apprécier l'appui d'un équipement adapté. D'un équipement volé au détour de quelques usurpations d'identité et machinations psychiques, dans le cas présent. De fait, son second remerciement va à l'armée Américaine.

Les gadgets technologiques, c'est bien, sauf quand on se prend une grenade IEM, non ?

Dépendant à son seul pouvoir, et c'est ce qui a causé sa chute face à Superman. Il a tenu à ne pas répéter la même erreur face à l'homme de Gotham. A utiliser l'épaisseur et les multiples poches de ce grand manteau. Or, la menace n'est pas éteinte. Il le sait, l'attend. Il ignore si la portée de l'IEM s'est avérée suffisante pour aller toucher le dispositif qui gêne ses facultés, il ignore si le Batman est tombé dans son modeste piège, et si oui, combien de temps est-ce que ça va le retenir.

Alors en attendant, il se concentre difficilement, encore blessé, encore gêné par la technologie néfaste. Mâchoire endolorie, corps meurtri, en partie. Pas assez pour l'empêcher de faire cet effort d'introspection. S'isoler, puis de suite après, étendre ses sens, chercher à repérer le dispositif potentiellement encore en marche.

Il a rencontré, il a parlé, il a proposé. Puis, il a montré. Ce qu'il peut faire, ce qu'il Va faire à cette ville, à ses mauvais et ses monstres. La chauve-souris a refusée, et elle entend bien faire cesser, neutraliser. Soit. Mais il ne se laissera pas faire. Il débute seulement, et n'a pas encore énormément de contacts dans la ville. Maigre réseau, qu'il entend agrandir. Car le Monde ne se change pas seul.

Pas plus qu'il ne se change depuis une cellule, dirons certains. Ils auraient tort, mais ça ne l'empêchera pas d'être réluctant à cette sombre perspective.

Même si ça ne serait pas sans me faire sourire, de finir en taule pour revenir, encore et encore. Profiter pleinement de cette mascarade, moi aussi.

Tiens. En voilà une idée.
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Re: The Red Trail [PV Batman] Lun 29 Jan 2018 - 9:52

C’est un piège.
Bruce le sait, le sent avant même qu’il ne décrive les quelques signes, les indices, les éléments abandonnés par l’autre, pour préparer son coup.
Oh, l’autre donne le change : il s’est préparé, a levé sa garde, tente de parer ; mais alors que les attaques pleuvent, que les crochets s’enchaînent aux uppercuts, que les coups ne cessent de venir sur le corps, les membres, le visage de l’autre… Bruce sait.

L’autre prépare quelque chose. L’autre a anticipé.
L’autre l’a piégé.


« Hrm. »

Il grogne, alors qu’il enchaîne les coups.
Ça va mal se passer ; ça ne peut que mal se passer.
Et l’explosion n’est pas une surprise.


« Ha. »

Le mot, la surprise s’échappent sans son accord ; cela le gêne, le peine, l’énerve plus que l’impulsion électro-magnétique, qui vient griller temporairement la majorité des capacités de son costume, mais aussi les engins à proximité. Le Batplane est heureusement protégé, car trop loin, mais il ne peut plus le contrôler, le commander ; l’extraordinaire véhicule plane au-dessus de l’East End, mais ne peut plus servir son Chevalier Noir.

Ce dernier recule, sous l’impact ; non pas physique, mais psychologique.
Il ne dépend pas de la technologie, son action et sa puissance ne reposent pas dessus. Mais elle est un atout véritable, un appui, une aide sur laquelle il peut améliorer ses performances, et simplifier son action.
Plus maintenant. Plus pour quelques minutes.
Dommage.

Il recule, donc, et fait un point sur ce qui reste, ce qui lui reste ; erreur.
L’autre enchaîne, d’abord par un commentaire basique, puis par… autre chose. Bon sang, pense-t-il. Il aurait dû être plus attentif.
Deux. Il y avait deux sphères. Et si la première a explosé la technologie – la deuxième explose, tout court.

Vif, trop pour lui, trop pour son esprit concentré sur son costume, l’autre enchaîne et pose la deuxième sphère sur son costume ; qui explose.
Le souffle est intense, terrible ; explosif, définitivement.
Il est projeté en arrière, incapable de se défendre et de se protéger. Propulsé, expulsé, traité comme un chiffon rejetée par un enfant capricieux. L’effet est terrible.

Rares sont ceux qui peuvent y survivre.
Et le silence, pesant et lourd qui suit, semble le confirmer ; rien ne bouge. L’East End retient son souffle, alors que la rue est brisée, que le béton est fissuré, que les murs sont soufflés, que les ruines menacent, que les incendies se nourrissent.

Rien. Ne. Bouge.
Pendant un long moment ; pendant un trop long moment.

L’autre n’est pas stupide, et doit sûrement se douter que ce serait trop beau ; mais. Mais il peut se souvenir du visage du Batman. Mais il peut se souvenir de sa surprise. Mais il peut se souvenir que la chance sourit aux audacieux.
Ce serait trop beau, oui. Mais.
Mais rien n’est impossible, non ?

Non.

Non, car un sifflement attire son attention. Non, car un projectile file vite. Non, car l’arme va trop vite pour être arrêtée, même par ses pouvoirs.
Non, car le Batarang est projeté depuis les décombres, et vient violemment s’implanter dans le bras de l’autre, à hauteur du biceps ; ça peut faire mal.


« Hey. »

Une forme émerge soudain des ombres et des décombres…
The Red Trail [PV Batman] Giphy
… celle, massive, puissante et inacte du Batman.

« Nous parlions de correction, je crois. »

Son costume a encaissé l’impact, et l’a sauvé ; mais ça ne prendra qu’une fois.
La combinaison affaiblie, lui-même légèrement blessé, il donne le change mais ne tiendra plus forcément longtemps ; bien, pense-t-il. Et alors que le Batarang fiché dans l’ennemi explose, encore ou non dans son corps, grâce à ce système mécanique heureusement pas impacté par l’impulsion électro-magnétique, il s’avance et serre les poings.

Bien.
Que les choses sérieuses commencent.

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The Red Trail [PV Batman]
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