Une drôle de mémoire

- UNE DRÔLE DE MÉMOIRE -

Gotham City, East End - 23h21

De toute les rues de Gotham, celle-ci était celle qui sentait au mieux le rat crevé, les déchets s'empilaient les uns sur les autres, certain s'envolaient aux gré du vent froid et strident. Ajoutant à cela la pluie glacial et bruyante. Cette rue était spécial, enfin d'un certain point de vue, peu de personne n'osait s'en approcher, peur de pas pouvoir en sortir vivant. Cette rue à vue des tonnes de crimes. Cette rue avait une histoire...et une nouvelle allait s'écrire ici-même...

Un homme vêtu d'un long imper noir et d'un chapeau de la même couleur marcha d'un pas assuré vers un bar. Les néons colorés de ce bar était visible à des kilomètres. Mais c'est seulement arrivé en face de ce même bar que l'homme pris la peine de relever sa tête pour regarde de plus près le nom du bar, " Black Laugh", l'homme lâcha un petit rire. En effet c'était pas au hasard qu'il avait choisi ce bar.

L'homme avança les quelques marches de l'entré avant qu'un garde ne s'interpose entre lui et la porte d'entrée :

" - Hep là gringalet... Ici on sert de l'alcool qu'aux hommes...

Le garde à la voix grave approcha son visage vers l'hommes et releva doucement le chapeau de l'homme d'un doigt.

- Dégage...

L'homme au chapeau se mit à parler doucement tout en gardant sa tête baissé

-Dîtes au patron, que j'ai réservé ...

Le garde, dans un rictus malsain le saisi par l'épaule

- Ah ouais ? Au nom de qui ?

- Au nom de Joe...

l'homme mystérieux saisi un objet dans sa poche et le planta net dans la gorge du grand gaillard.

- Joker..."

L'homme fit un large sourire, auquel la lumière des néons dessinait juste les contour.


En rentrant dans le bar, Le Joker compris très vite que son entré avait attiré l'attention de tout le monde, mais il aimait ça. Personne n'osait dire quoique ce soit...
" - Bien le bonjour mes amis... "

Dit-il en s'inclinant comme un acteur de théâtre. Le Joker s'avança en prenant soin de ranger son long blouson mouillé au porte manteau à peine stable. Le clown s'avança en regardant les gens un par un. L’intérieur du bar était miteux et poisseux, une forte odeur de poisson ( ou bien de cadavre en décomposition ) sortais de la cuisine.

Joker s'assoit, en prenant soin de faire passer sa longue veste derrière la chaise, puis d'un mouvement de bras sec, mis ses paumes contre la table. Tout le monde continuais à l'observer comme une bête de foire. Ce qu'il a toujours été, du moins dans ses souvenirs...Depuis quelques temps, le clown ne souviens plus très bien de son passé, de ses actes. Chaque aventures vécus lui reviens comme des flashs mais repartent aussitôt. Des brèves souvenirs. Il n'aimais pas dire ça mais il avait besoin d'aide, besoin d'informations.

" - Hé bien, gentlemans, continuez votre petite beuverie... "

Le Joker resta assis là dans l'attente d'une personne en particulier et bougea sa tête lentement au rythme du Jukebox qui jouais cette musique.

musique:

Rae était d'humeur duraille cette nuit.

Les poings fichés dans les poches de son imperméable, elle déambulait dans les rues pourries de l'East End de Gotham. Elle était en quête. En quête d'Harley, la nana azimuthée qui avait réussi à la faire rire (c'était si rare depuis que son mec avait pris une balle dans la tête) mais aussi à l'émouvoir. Cette petite folle qui faisait n'importe quoi et dont la vie avait été laissée à l'état d'un champ de ruines à cause...

... du Joker.

Normalement, elle s'en foutait comme de l'an 40 de filer le train à des criminels costumés... Après tout, ces derniers en avaient le plus souvent après une banque ou une bijouterie, des gens qui avaient des assurances et qui risquaient donc pas de crever de faim après le larcin...

... elle même n'avait pas toujours été honnête. Elle avait fait de la zonz' alors elle allait pas leur faire la morale.

Non. Le problème du Joker était qu'il s'agissait d'un psychopathe qui adore tuer ces contemporains. Et là, Rae, ça lui convient pas. Elle même, elle tue pas. Taper, oui mais seulement pour se défendre. Déjà que la violence d'Harley la mettait mal à l'aise mais des loufdingues comme le Joker, c'est clair que ce n'est pas sa tasse de thé. Vraiment pas.

Mais en plus le Joker avait donné du fouet à sa copine. Et ça, Rae elle pouvait pas le tolérer. Aujourd'hui, si de fofolle amusante, Harley est devenue une nana promenant son spleen un peu partout dans les rues de Gotham et pratiquant un rire grimaçant et glaçant, c'était grâce au Joker.

Et Rae savait aussi qu'Harley le cherchait, le clown tordu.

Bref, si elle voulait trouver Harley, il fallait chercher le Joker et vice-versa.

Aussi, quand il y eut du grabuge devant le "Black Laugh", un bar miteux où elle aurait jamais envisagé de poser un orteil, Rae comprit que le clown sinistre était de retour. Elle se félicita pour avoir posé un mouchard devant l'entrée. Elle se félicita et mit ses godasses de combat. Elle s'équipa aussi d'une paire de menottes et d'un pistolet à aiguilles tranquillisantes, du même genre que ceux qu'on utilisait pour les fauves...

... car il s'agissait d'un fauve.

Puis, elle sortit de chez elle et alla battre le pavé de l'East End, de nuit.

Là, s'arrêtant devant le "Black Laugh", elle entra. C'était pas un bar de fillettes comme elle mais ils allaient devoir s'y habituer. Elle remarqua le client, seul à table, et que tout le monde matait du coin de l’œil.

C'était lui.

Et elle fila, sa main gauche serrant le pistolet à aiguille dissimulée dans la poche de son manteau, en direction du vilain. Demeurant debout devant lui, elle lança :

"T'as le bonsoir d'Harley... Du coup, tu as un truc à dire pour ta défense ou je te défonce la gueule tout de suite ?"

Elle faisait la maline, c'était clair. Mais Harley méritait bien ça !

Le clown aperçu, une femme rentrée dans le bar, aux premiers abords il n'aurait pas prêté attention à ce genre de choses mais voila qu'une femme osais rentrer dans un bar de molosse sous testosterone. Cette personne qu'elle quelle soit avait tout de suite plu au Joker... il mima un large sourire quand la courageuse s'avança directement vers lui. Au lieu d'un " Bonsoir monsieur... vous êtes seul ? Puis-je me joindre à vous ? " la femme le menaça directement... Le Joker allait adorer cette drôle de fille :

" Tiens, tiens... qu'avons-nous là ? une jeune femme qui aurait perdu son chemin ? "

Le clown se leva d'un bond cartoonesque ( qui fit trembler les hommes du bar ) et tourna autour de la jeune fille, comme pour l'analyser. Il se mit à renifler doucement, et grincer des dents, comme une bêtes salivant devant sa proie... puis bondis devant elle. Le Joker posa ses mains sur ses hanches puis d'un pas en arrière, afin de mieux regarder cette intrépide femme, répondis à sa question initiale :

" Si je t'ai fais du mal il y a quelques années, excuse moi de suite ! Cependant, j'ai beau essayer mais ton visage ne me reviens pas...

Finit-il en aggravant le "pas".

- Cependant tu connais assez bien, une personne qui, soyons franc, m'a couper l'herbes sous le pied durant un période auquel j'avais le plus besoin d'un acolyte... Pauvre tonton Joker qui s'est retrouvé seul et dévasté....

Il marqua une pause pour regarder son interlocutrice espérant lui faire de la peine.

... et devine quoi ? J'ai actuellement une envie soudaine de renier les liens familiaux ! Comme une bonne fête de famille devant une grosse dinde de noel bien fourrée !

Le Clown se rassis et d'un signe de main demanda deux verres :

- Assis toi, n'aie pas peur...

il montra la chaise d'un autre signe de main. Chacun de ses gestes était exagéré de manière théâtral.

- Alors voilà, j'aimerais que tu m'aides à retrouver cette personne, et bien-sûr en échange, je t'accorderais quelques choses que tu recherches toi aussi..."


Le Joker pris dans sa veste un polaroid, il lança la photo sur la table. Ce qu'il se trouvais dessus était une scène glauque d'un homme emprisonner sur une chaise, une peau humaine, sur laquelle était dessiné les traits du joker, était posé sur son visage. Cet homme, c'était Floyd Lawton alias Deadshot le tueur de Hackrat

PHOTO:

Rae eut la peur de sa vie quand le Joker lui tendit la photo d'un individu pouvant être Deathstroke et visiblement entre les mains du vilain...

Il était imprévisible et malsain. Même s'il ne payait pas de mine, il semblait avoir une totale maîtrise de son corps, alliant une dextérité qui aurait pu faire de lui un artiste de cirque mais qu'il avait choisi de mettre au service des arts du crime. Bref, Rae se demandait si elle ne s'était pas attaquée à un trop gros morceau pour elle.

Elle se sentit ridicule avec son pistolet tranquillisant. Elle en lâcha la crosse. Il était évident qu'il était bien préparé. IL SAVAIT QU'ELLE ALLAIT VENIR. Mais comment ? Rae trembla dans ses bottes, il paraissait lire dans ses pensées et la mettre à nue.

Parce que trahir Harley, c'était même pas envisageable. D'autant plus qu'elle était persuadée qu'il allait la torturer à mort avant de lui loger une balle dans la tête. C'était un psychopathe.

Mais Deadshot... Punaise ! Elle avait rêvé de mettre ses mains autour du cou du tueur et de serrer jusqu'à entendre son dernier râle... Elle en avait rêvé.

Rae prit la chaise que le Joker avait réservé pour elle. Il allait falloir boire cette coupe de merde jusqu'à la lie. C'était clair. Et il allait falloir jouer serrer. Histoire de montrer que l'agneau perdu en forêt était quand même capable de donner le change face au grand méchant loup.

"Joli le coup du type déguisé en Deadshot pour m'accueillir. Qui me dit que c'est le vrai ? Qui te dit que ça m'intéresse de l'avoir rien que pour moi ? Hum..."

La voix était fluette et un peu étranglée. La peur de Rae était palpable mais elle tint bon.

"Tu sais que je suis du bon côté de la barrière. Tu sais... celle que tu as franchie depuis au moins un millénaire et qui t'envoies à Arkham tout le temps..."

Ne pas le provoquer. Ne pas le provoquer. La main de Rae se crispa sur la bière qu'on venait de lui servir.

"Je... Pourquoi veux-tu retrouver Harley ? Hum ? Pour lui donner du fouet ? La torturer ? Franchement, ça te sers à quoi de l'avoir... t'as qu'à te trouver une autre nana, celle-là a déjà trop morflé..."

Elle ne quittait pas les mains du Joker des yeux. Non, elle ne les quittait pas. Et puis, et c'est ce qui la rassurait, elle savait qu'elle pouvait transformer ses mains à elle (et ses pieds mais ça c'était grotesque) en lames en un instant. Lames qui étaient suffisamment puissante pour décapiter le Joker...

... et ça, tout le monde conviendrait que ce serait une chose pour rendre le monde meilleur. Même un Superman, s'il trouverait certainement à redire pour la façade, serait tenu d'admettre que le Joker n'avait apporté que mort et désolation dans son sillage et que le seul moyen de l'empêcher de nuire est - bien évidemment - de le tuer...

... mais pour le coup Rae tremblait comme une feuille. Car de quel coup le Joker était-il bien capable ?

Il souriait... comme toujours. Il força son regard sur Rae... sans trop l'écouter. Puis un mot, enfin un prénom... " Harley ? ". Le Joker eut un léger sursaut à peine remarquable...




Le Joker souri de plus belle puis murmura :

" - Cette fille.... "

Enfin les mots de Rae, résonna, tapa brusquement dans sa tête... " Fouet ? Torturer ? trop morflé ? une autre nana ? "

Le Joker pensa de plus en plus fort *une autre NANA ? UNE AUTRE NANA !* Tous ces mots se bousculèrent dans son esprit ! Mais non, il le savait, il avait besoin de cette nana ! Cette même qui avait partager certain de ses plus grands coups, cette même qui avait participé dans ses crimes. Cette même qui connaissais mieux que quiconque, Le Joker....Celle qui connaissais son histoire mieux que personne... Il savait que retrouver Harley allait le soigner... Il oubliais si vite...

Puis d'un secouement de tête exagéré, il glissa ses mains dans celle de la jeune fille :

" - Et ouais c'est bien DeadShot... qu'est ce que les pères de famille ferait pas pour sauver leurs mômes ? Hein ? JE TE LE DEMANDE ! "

Le Joker haussa la voix en direction du bar entier. Puis replaça sa tête lentement vers celle qui se tenait face à lui...

" - Sa position exacte, est inscris ici...

Il tapota du bout du doigt sa tête

... Dans mon esprit ! En guise de bonne volonté je peux t'accorder les deux premières lettres du taudis dans lequel Deadshot pourri.. "

Le Joker claqua des mains. Un homme déguisé en serveur s'approcha de leur table et posa son plateau sur cette même table. Le pseudo-serveur regarda Rae d'un air dépité, son maquillage de clown semblant vouloir démontrer le contraire.
Le Joker saisit le dôme recouvrant le plateau et d'un grand mouvement de bras, révéla deux lettres de Scrabble... W et W ou bien M et M... Le Joker était malin, il savait que la lettre pouvait très bien se lire à l'endroit comme à l'envers...
Il s'enfonça dans son siège et racla sa gorge :

" - Tu pourrais me tuer, mais Deadshot lui s'enfuirais... et tu le perdrais de vue... Et même si l'envie de me tuer ta chatouille encore l'esprit malgré le cadeau que je te fais... sâche que j'ai un dispositif sur mon coeur...

Il posa ses deux mains sur sa poitrine

... et si celui-ci s'arrête net... BOUM !

Le Joker mima une immense explosion avec ses mains.

- N'est ce pas les gars ?! "

Le Joker s'adressa aux hommes squattant le bar, chacun révélant une bombe sur eux...
Le clown regarda d'un air ténébreux la jeune fille et se mit à rire

MWAH AH AH AH AH AH AH AH AH AH !

Ses mains sur la sienne comme le contact visqueux d'un affreux ver blanc.

Rae se recula instinctivement, ne lâchant pas de son regard apeuré les yeux du psychopathe.

"Je... Je..."

Il y avait une faille dans son plan, quand même, au Joker : elle détestait Deadshot et l'aurait bien vu mort ou sur la chaise électrique mais... pas au point de trahir une amie, pas au point de faire du mal aux autres et puis...

"J'ignore où se trouve Harley pour tout te dire. J'aimerai le savoir. Pas pour te renseigner mais juste pour être sure qu'elle va bien et que tu ne lui feras plus du mal... Je..."

Ce rictus sinistre. Ces jeux pervers. Comment Harley pouvait-elle ne pas perdre la raison en vivant au contact de ce malade ?

"Me demande pas de trahir, Harley. Ça je peux pas. Autre chose, oui, pourquoi pas. Mais pas ça. Fous lui la paix. Je... Je suis sure que tu peux trouver quelqu'un d'autre, sérieusement, qui t'inspirera autant qu'elle pour faire, euh... ce que tu sais faire de mieux : tuer les gens, les rendre barjots, les torturer, leur faire des blagues pourries..."

Elle se gratta la tête. Rien qu'être au contact de cette limace lui faisait perdre pied. Elle lui sourit, de manière un peu forcée :

"T'es sur que tu veux pas gentiment retourner à Arkham ? Ils te traitaient pas bien là bas ? Tu pourrais y aller, te reposer un peu et puis tuer tout le monde et t'enfuir... c'est comme des vacances chez tes parents, non ? Un petit retour aux sources..."

Les poings de Rae étaient crispés. Elle était tellement tendue qu'elle pourrait exploser. Ouais. Comme la bombe du Joker, en somme.

Le Joker écouta attentivement ce que Rae disait... il écoutais chacune de ses paroles et, contre toute attente, quelques flashbacks de son passé lui revenait au rythme des mots de la jeune femme.

" - tuer les gens, les rendre barjots, les torturer, leur faire des blagues pourries... retourner à Arkham ? te reposer un peu et puis tuer tout le monde et t'enfuir...comme des vacances chez tes parents"

parents

parents

parents

parents

Puis un flashback affreux, lui revient... comme un vieux poignard enfoncé droit dans le coeur...

" - ASSEZ !

Le clown frappa la table d'une force insoupçonnable, faisant voler les verres et les deux lettres de jeux en l'air.

- J'AI DIS ASSEZ ! "

Quelques mèches de ses cheveux impeccablement gominés passait aux devant de ses yeux jaunes orangés. Il souris nerveusement...


"Mon passé... ce n'est pas à toi de le dire... tes désires ? tes histoires de cœur avec MA Harley...

il pointa Rae d'un long doigt

... ce N'est PAS à toi DE LE DIRE ! "

Il passa une main dans ses cheveux puis se réinstalla au fond du siège... d'un signe de tête aux alentours, il mima aux gens de reprendre leurs occupations.
Il soupçonna Rae de se douter de sa maladie de mémoire mais n'en pipa pas un mot, ni même une allusion.. jusque à maintenant. Sa crise de colère l'avait trahi... Il garda le silence, le temps que chacun reprenne ses esprits et son calme..

Il opta pour l'approche plus amicale.

"Je m'excuse... je me suis emporté... ces derniers temps... je suis... un peu ailleurs... distrait... Je me perd facilement...

Il regarda Rae, d'un regard doux et chaleureux... suivi de son sourire.

J'ai besoin de toi, une personne neutre qui connais ma plus intime coéquipière. J'ai besoin de toi pour me mener à elle car j'ai aussi besoin d'elle."

Il accompagna ses mots de geste de la main.

"Je te propose de quitter ce bar/bombe géant d'1) car leur coktail sont dégueulasse, ,sûrement parce que j'ai buté le barman soit dit en passant, et de 2) car j'ai besoin de prendre l'air..."

Le Joker se leva délicatement puis tira un coup sur sa veste. D'un geste de main dirigé vers la sortie, il enchaîna :

"Après vous... madame."

Elle savait qu'il était colérique et imprévisible mais... entre savoir une chose et y être confrontée en vrai, il y avait tout un monde. C'était comme un tigre : tout le monde savait ce que c'était et le danger que ça pouvait représenter mais il fallait en avoir vu un en vrai, sans la médiation protectrice de la cage, pour connaître la sensation que connaissait Rae...

... elle faillit bondir comme les lettres du scrabble quand le Joker eut son accès de colère. Elle en trembla dans ses chaussettes. Une goutte de sueur perla sur son front. Sa mâchoire crispée faillit se décrocher. Un peu plus et elle perdait le contrôle, elle aussi, et... il adviendrait ce qu'il adviendrait !

"Euh..." commença-t-elle, une fois l'orage passé. "Je... euh... t'as raison, on se connait pas et, euh..."

Il était déstabilisant, le clown pervers. Il semblait lire en elle comme dans un livre ouvert. Elle n'avait jamais eu adversaire plus terrifiant. Car, pour le coup, elle ne savait pas quoi faire pour le vaincre ou même pour éviter de le provoquer plus en avant...

"Je... pour Harley, euh... J'ai eu que sa version à elle, en fait"

C'était vrai. Même si elle avait plus tendance à croire sa pote, elle pouvait au moins permettre au Joker de s'expliquer : après tout, si un jour il devait être jugé pour de vrai, on lui demanderait son avis sur ses crimes avant de le condamner à mort.

Elle avala sa salive et se leva de sa chaise à l'invitation du Joker.

"Parce que bon, moi, j'y connais rien à votre couple..."

Ce dernier mot lui écorcha les lèvres. Qualifier de couple une quelconque relation avec cette monstruosité était... indécent, obscène. Comment avait-il pu faire tout cela à Harley ? Comment avait-elle pu s'acoquiner avec ce monstre ? Rae en aurait pleuré.

"... et - euh - t'as raison c'est ton histoire d'amour, pas la mienne..." ajouta-t-elle, un peu mal à l'aise.

Précédent le Joker vers la sortie, pour lui montrer que même si ses genoux faisaient des castagnettes elle n'avait pas peur de lui, elle ajouta :

"Tu veux aller quelque part en particulier ? Parce que bon, je te le jure... Harley, je sais pas où elle est. La dernière fois qu'on s'est vues, c'était chez moi et ça commence un peu à dater, maintenant..."

Ils sortirent du bar comme deux aimant impossible de coller l'un à l'autre... Le Joker decida de changer la tendance et s'approcha de Rae.. Il passa un bras amicale autour d'elle et lui murmura à l'oreille

"Je suis pas du genre à dire ça dès le premier soir mais allons chez toi... hahahah"

Il s'éloigna à nouveau. Il commença à frapper les flaques d'eau de ses longues jambes à la manière d'un enfant puis chantonna :

"Promenons-nous dans Gotham, pendant qu'la Bat n'y est pas, car si il y serais il nous frapperais !"

Il pris une grande bouffé d'air, puis rigola, son rire alla placarder les mûrs sombres et froids de la ville.
Ce qui attira une patrouille de police. Les gyrophares commencèrent à éclairer la scène quand la voiture s'arrêta pour questionner nos deux "camarades". Un jeune policier sorti de la voiture et parla dans son talkie walkie :

" -Un homme suspect et étrange repéré près de East End... Il semble accompagné... renfort demandé."

Le Joker souris en direction de Rae, puis s'avança vers le policier qui braqua son arme vers le clown.
Plus ce dernier avança, plus son visage devenait identifiable pour le jeune policier, qui le reconnut au premier coup d’œil. Le jeune tremblotant, n'eut à peine le temps d'appuyer sur la gâchette que le Joker, d'un bond féroce planta son couteau dans l’œil du pauvre homme. Le coup de feu retenti comme un écho parmi le bruit assourdissant de la ville... Le Joker posa son doigts sur la bouche du policier pour lui dire de faire moins de bruit, mais l'homme cria de plus belle.

"chut pauvre fou... ce n'est rien qu'un petit couteau enfoncé dans ton oeil..."

Le représentant de la loi cria encore plus fort. Le Joker grogna puis repris son couteau pour l'enfoncer dans la gorge du malheureux... Un bruit de souffrance et de peine se fit entendre... des mots à peine inaudible sorti de la bouche du mourant... Puis le sang coula dans les flaques d'eaux.

Puis un flashback, Le Joker distinguais juste l'ombre d'un homme suspendu par les bras, criant à l'aide..Qui était-il ?

Le clown repris ses esprits puis se releva d'un bond. Il distingua du sang sur sa tenue et d'un haussement tête dit banalement

"Va falloir l'emmener au pressing... encore..."

Le Joker pris soin le laver son couteau contre le corps encore chaud du policier, puis le rangea dans un poche intérieur. Il espérais que cette petite scène eut de l'effet sur la jeune femme. Il se tourna vers elle puis compris qu'elle était dégoutté par sa personne plus que par son geste.

"Bon ok je suis un monstre psychopathe et manipulateur... Mais ... ça ne fait pas de moi un pourri pour autant ? Il suffit juste d'un mauvais jour pour faire basculer la personne la plus saine en monstre de foire..."

Les sirènes du GCPD se fit entendre au même moment que les voitures encerclèrent la ruelle...

Ils étaient cernés... et contre toute attente le clown riais...

Il suffisait d'un instant pour que le chien redevienne loup.

Il suffisait d'un seul instant.

Rae avait imaginé pouvoir raisonner le monstre. Lui faire oublier Harley. Elle ne savait pas... qu'il se rende de lui-même à Arkham ?

Elle était stupide. Stupide. Stupide. Elle aurait du faire feu sur le champ. L'abattre comme un chien. Après tout...

Elle était devenue blanche en voyant la rapidité avec lequel il avait pu assassiner le jeune flic. Rapide et cruel. Le type avait du se sentir mourir. Il avait compris qu'il n'avait aucune chance. Et maintenant...

... elle était embarquée dans la même galère avec le Joker. Tous les efforts qu'elle avait accompli pour redevenir quelqu'un de respectable... il les avait balayé. Et ce coup-ci, pour elle, ce serait pas une petite cellule confortable et 2 heures par jour de promenade. Pour elle, ce ne serait plus non plus une possibilité de libération conditionnelle.

Ce sera la chaise et rien d'autre.

Et ils étaient déjà encerclés. Et elle savait que si elle était vue avec le Joker, on lui ferait pas de cadeaux vu son passé d'ancienne délinquante. Elle...

"Bougeons" lança-t-elle d'une voix blanche. "Les égouts, c'est bon pour les types comme toi, non ?"

Puis, elle secoua la tête. Trop évident. Ils allaient certainement bloquer les égouts fissa. Le type avait compris à qui ils avaient affaire, alors la police allait mettre les bouchées doubles pour le choper...

"J'ai une meilleure idée" dit-elle en soupirant. "C'est débile alors je sens que tu vas adorer".

Elle secoua la tête. Elle se faisait honte. Mais il n'y avait pas de temps à perdre.

"J'espère juste que t'es pas plus lourd que t'en as l'air..."

Elle transforma ses bras en lames organiques mais également ses jambes. Bam ! Encore une paire de grolles flinguées !

"Grimpe sur mon dos, on s'enfuit par les toits"

Le plan était simple : à l'aide de ses 4 lames, elle allait grimper comme une femme araignée en créant ses propres prises dans le mur. Elle était une bonne grimpeuse donc ça devrait pas trop lui poser de problèmes. Et le Joker... il avait qu'à s'accrocher à elle s'il voulait s'en sortir...

... et le plan avait quand même le très net avantage d'éviter la mort d'autres policiers... Rae comprenant bien que - de toutes manières - ils n'auraient pas été capable d'arrêter le Joker !

Il souris doucement, puis pouffa de rire...

"J'aime ton idée !"

Il bondis sur le dos de la jeune femme puis s'accrocha énergiquement à ses épaules et enroula ses jambes à sa taille

"Je suis léger comme une plume ma belle !... en espérant ne pas avoir le mal du transport"

Puis il ria silencieusement en regardant les policiers en bas qui venait de découvrir le corps sans vie du jeune gardien de la paix.

Rae était extrêmement agile pour grimper les toits de la ville. Le Joker ne disais rien pour une fois car il voulait simplement profiter de la vue de Gotham, de nuit comme à son habitude... Il aimais cette ville pour son côté sale et miteux qu'elle pouvait donner... Gotham était bien la ville la plus philosophique du monde selon lui. Puis au loin il aperçu une vieille usine faite de rouille et de métal qui recrachais énormément de fumée... il essayait de lire les 3 lettres qui était caché par le brouillard de la nuit... puis déchiffrais un A puis un C et enfin un E.. ACE... ACE chemicals...

Il s'arrêta net de sourire bêtement puis une autre lumière lui tapa l'esprit :



"-Chérie ! Je vais rentrer tard ce soir !
-Ok, mon poussin je m'occupe du petit t'inquiète pas..
L'homme qui partais s'approcha de l'enfant et passa une main dans ses cheveux
-Sois fort, bonhomme papa part travailler juste las-bas. Il pointa du doigt la jeune entreprise ACE chemicals"

L'homme quitta le palier et fermis la porte à clé derrière lui. L'enfant avança en titubant vers la fenêtre de l'immeuble pour voir son père prendre le taxi comme à son habitude. Puis regarda la voiture jaune partir au loin vers l'usine. La mère se leva et s'approcha du petit pour l'éloigner de la fenêtre. Elle ouvris le courrier du matin et contre toute-attente, elle s'effondra au sol... à genoux au sol elle serra très fort cette lettre... sur laquelle était écris non seulement le nom de l'entreprise ACE Chemicals mais aussi une phrase... " vous êtes viré ".

Le Joker repris ses esprits juste avant de réaliser qu'ils passait par la tour Wayne. Ce qu'il ignorais c'est qu'il avait refait les dialogues de ses souvenirs à voix haute...

Au début, ça allait comme sur des roulettes. Elle progressait rapidement. L'autre timbré ne gigotait pas et ne faisait pas - non plus - quoi que ce soit de fou. Bref, à chaque fois qu'elle levait le bras ou la jambe, elle s'éloignait du cadavre du flic et de la montagne colossale d'emmerdes qui y serait facilement associée.

Et puis, jouer à la femme-araignée et grimper sur les toits de Gotham, la nuit, pour voir la ville d'un peu plus haut... il y avait un aspect-fendard. Même le Joker semblait apprécier la vue.

Et c'est là qu'il commença à débloquer. Que ce ver puant et pervers entama un monologue à haute voix. Où il faisait les questions et les réponses. Où...

Rae en fut perturbée. Il n'avait pas l'air dans son assiette, le Joker. Jouait-il encore un jeu pervers ou bien... débloquait-il à fond ?

Elle décida de ne pas l'interrompre et, une fois au sommet de l'immeuble, se contenta de le laisser descendre de son dos. Elle convertit à nouveau ses bras et ses jambes en chair et en os, constatant avec dégoût qu'une fois de plus ses rangers avaient été anéanties dans la transformation et les vira d'un coup de pied.

Rae considéra sa situation. Elle était au sommet d'un immeuble, sur les toits de Gotham, à une heure avancée de la nuit, en chaussettes trouées et en compagnie de l'équivalent humain de la chaussette trouée : le Joker.

Mais pas n'importe quel Joker : un Joker qui débloquait à fond les manettes et qui faisait presque de la peine.

Elle avala péniblement sa salive et dit :

"T'as pas l'air dans ton assiette... euh..."

C'était pas évident de communiquer avec un type qui venait d'égorger un policier.

"Tu crois pas qu'on a eu assez de problèmes pour ce soir ? J'veux dire..."

Rae sentait bien que c'était avec ce genre de mine que le Joker avait réussi à séduire Harley...

Elle soupira.

"Tu veux glander toute la nuit sur le toit ou tu préfère venir dormir sur mon canapé ?"

La jeune femme se serait bien mise une baffe mentale propre à lui détacher la tête mais elle n'en fit rien. Ce type - visiblement et présentement - souffrait. Et elle n'allait pas le laisser à lui-même cette nuit.

Juste cette nuit, demain elle le livrera à qui le voudra. Mais pour cette nuit, c'était juste un pauvre malade dépressif et misérable. Comme un rottweiler pelé qui gratterait à une porte close un soir d'ouragan.

Il restais posé là... face à la ville. Ses mèches vertes suivait l'air du vent et le souffle strident sifflais dans ces oreilles. Au loin le bruit sourd des klaxons des voitures qui commençait leur journée. C'était l'heure de l'embauche, chacun vaquait à sa routine... la routine.. c'est bien un truc que c'est deux là ne connaissait pas... qu'est-ce que la routine au final ?
Le Clown restait posé là... Il était percé à jour et pour une des premières fois de sa vie... contre toute attente... il n'avait plus aucune carte dans ses manches.. il restait bien Deadshot qui pourrissait quelques part en ville mais Rae semblait ne plus du tout se soucier de lui. Il souriais. Comme à son habitude, il souriais.

Il s'installa les pieds dans le vide et regarda encore Gotham, elle qui avait tant d'histoire... Mais dans l'histoire de Gotham se trouvais aussi celle du Joker. Il était revenu en ville pour retrouver son histoire soudain il réalisa une chose, ce n'est pas d'Harley qu'il a besoin mais bien de Gotham ! Gotham allait le guérir... Il lui fallait de s'imprégner de la ville pour que son passé lui revienne.

Il regarda légèrement la jeune femme par-dessus son épaule puis l'écouta. Elle lui proposais vraiment de venir chez elle ? Lui ? Ce psychopathe meurtrier ? Il souriais mais plus gentiment... enfin un sentiment bizarre empli sa poitrine... Serait-ce de la sympathie ? Il n'avait pas ressenti ce sentiment depuis bien longtemps... depuis Harley en faite...

Il acquiesça tristement mais pas pour elle, pour lui. Il avait besoin de se réconforter, depuis fort longtemps le Joker n'était qu'un monstre... et aujourd'hui il se sentait Homme. Il se leva péniblement puis saisi un loooooong mouchoir d'une de ses poches arrières. Il essuya doucement le sang sur son visage puis s'approcha de Razorsharp...

"hé bien.. tu ne cesseras jamais de me surprendre...
il marqua une pause
... Tu as des sacrés rasoirs au bout de tes membres !"

Il essayait de se voilé la face. Il savait que l'humanité de Rae avait pris le dessus sur son dégoût. Il savait pas trop comment réagir...L'humour était son seul moyen de détourner le sujet. Il pris une grande bouffée d'air. Et essayais de répondre à sa question initiale :

"Je... Je sais pas."

Pour la première fois il savais pas... Il était... touché ? Le Joker était touché par ce geste il ignorait comment réagir, et par curiosité il répondis

"oui."

Bon, l'appartement de Rae n'était certainement pas le genre de planque habituelle pour un esthète décalqué comme le Joker. Un deux-pièces-cuisine qui aurait sérieusement besoin d'être retapé mais surtout nettoyé.

Rae n'était pas la fille la plus portée sur l'hygiène, fallait dire. Enfin, l'hygiène corporelle, oui, un minimum. L'hygiène de son appartement, euh...

Elle se flanque une nouvelle baffe mentale en constatant que des fringues et des godasses à elle traînaient un peu partout dans la piaule. Elle s'en flanqua une autre en remarquant qu'une chaussette sale avait été jetée directement dans un carton de pizza - contenant encore un reste de pizza - lui même posé à même le sol.

Bon, elle était une cradingue, OK.

"Euh... voilà, c'est chez moi et, euh..."

Elle désigna du doigt le canapé.

"Là, c'est là où tu vas dormir et..."

Rae se gratta la tête.

"Je vais te trouver une couverture et des draps mais pas sure qu'ils soient propres. Sinon..."

Elle montra la cuisine (avec l'évier rempli) et la salle de bains (avec la moisissure dans la baignoire) ainsi que le frigo (à peu près vide).

"... euh, tu as faim ?"

Rae tremblait légèrement. Inviter un psychopathe chez soi n'était déjà pas une bonne idée. Mais en plus, l'ex à Harley...

... tout cela avait une furieuse impression de déjà-vu !

Ouvrant à nouveau le frigo pour dissiper son malaise, Rae ajouta :

"J'ai... euh, une sorte de plat préparé à base de haricots mais il doit être - genre - un peu périmé. Et, euh... de la bière. Sinon je peux faire des pâtes"

... et là Rae se dit que le Joker était en train d'assister à la farce quotidienne de son existence à elle. Tant mieux, il aimait rire.

Il pris le soin de frapper ses pieds avant de rentrer chez Rae afin de laisser la terre et la gadoue dehors dans le couloir de l'immeuble. Il posa sa veste délicatement sur le porte manteau puis pris une bouffée d'air pour s'imprégner de l'ambiance de l'appartement. Il claqua s'est bretelles puis s'installa dans le canapé. Le clown observa chaque recoin de l'immeuble. Il avait une sensation de déjà vu... Mais impossible de se dire quand ni même où ?

Il s'approcha de la part de pizza qui cohabitait avec une chaussette sale dans une seule et même boîte. il se lécha les lèvres puis saisis la part de la pizza en prenant soin de laisser la chaussette sale dans la boîte puis croqua de pleine dent dans la pizza.

"mmmmh, excellent madame la cuistot ! "

il finit sa bouché puis montra du menton la fenêtre

"Joli vue que tu as là ! "

C'était une vue des plus banales de Gotham, des cheminées, de la fumée, des toits gris... Le Joker se leva puis s'approcha de cette même fenêtre.

"J'ouvre si tu permets..."

Il jeta sa pars de pizza par la fenêtre puis se frotta les mains.

"Pas bon pour mon régime..."

Il rit intérieurement. Il avança doucement dans l'appartement, les bras derrière le dos.

"C'est drôle comme une simple visite de courtoisie dans un bar miteux peut tourner.... comme ça..."

Il bascula sa tête lentement vers Rae.

"Sans vouloir te manquer de respect, jeune fille, mais ton immeuble est miteux, sale et terne... j'adore ça... C'est dans ce genre d'endroit que j'ai grandi... enfin dans mes souvenirs... D'ailleurs, je crois même que c'est dans un endroit comme celui-ci, que ma môman est morte... battue à mort de mes propres mains"

Le génie du crime enleva ses gants de clown puis les rangea dans ses poches arrières


"La pauvre vieille criais à l'aide... chut maman, chut je lui disais... ça va être rapide... Ses yeux effrayées me regardait... mais quel genre de monstre à t'elle mis au monde qu'elle devait se dire..."

Le clown remonta ses manches de chemise en continuant son petit tour d'examination

"J'ai pris un couteau exactement comme celui qui se trouve sur ton plan de travail, la pauvre maman pouvait pas s'enfuir je lui avais brisé les jambes au pied de biche. Enfin avec ce couteau j'ai dessiné un large sourire sur son visage si triste.. Rigole, maman... rigole..."

Il se cura les dents du bout de ses ongles et fit un large sourire

"Le sang coulait sur son visage... innocent ? non pas si innocent... je me souviens aussi des pleurs, des coups, des insultes qu'elle faisait à mon égard... regarde toi tu es si frêle, tu n'es pas un homme, tu es faible mon fils... Je voulais juste te rendre fière maman..."

Le Joker se posa tranquillement face à Rae, seul le bar de la cuisine les séparait, le clown se pencha vers la jeune fille non sans sourire.

"Et je l'ai rendue fière de moi."

Mais quel malade !

Rae n'avait pas tiqué quand il s'était saisi de la part de pizza dégoûtante pour la porter à sa bouche.

Elle n'avait pas, non plus, tiqué quand il s'était permis des commentaires sur la salubrité de son environnement. Elle le savait, elle vivait dans un taudis et - d'ailleurs - elle ne contribuait pas non plus des masses à l'hygiène des lieux.

Mais là...

Il délirait clairement. Sur sa mère. Sur le meurtre en tant que justification de son existence. Sur... le couteau de la table de cuisine.

Elle eut un geste de recul qu'elle regretta aussitôt : elle aurait du se saisir du couteau, non ? Elle s'en voulut avant de se souvenir qu'en fait de couteaux, elle avait bien mieux.

La colère fut plus forte que la peur. Elle matérialisa une lame à son bras gauche qu'elle exhiba sous le nez du Joker. En braillant. Comme une furie.

"MAIS CA VA PAS DE RACONTER CA A DES GENS CHEZ QUI TU LOGES ? HEIN ?"

Puis, se calmant - comme si toute cette colère avait été trop pour elle - elle ajouta, plus faiblement :

"Punaise, mais t'es décalqué. Pourquoi tu me racontes ça à moi ? Tu te rends compte qu'Harley, avec des trucs pareils et tous les sévices que tu lui as fait subir, elle est niquée de la dette..."

Rae fit réapparaître son bras normal et alla s'asseoir sur une chaise, ou plutôt s'y laissa lourdement tomber.

"J'veux dire, j'suis sure que ta vie est émaillée de traumas et tout et tout. Mais punaise, mes parents m'ont jamais soutenue ni quoi que ce soit. Ils se foutent de mon existence mais... j'ai jamais voulu les tuer..."

Elle se prit la tête entre les mains.

"Bordel, j'aurai du te ramener à Arkham, punaise..."

Relevant les yeux sur le clown triste, elle ajouta avec un regain de colère :

"Purée, tu vois pas ce que je suis en train de faire, là ? J'essaye de voir si y a un truc à sauver chez toi. De comprendre comment Harley a pu être autant accrochée à un type aussi barré. T'as quoi à dire pour ta défense, hein ? Un truc qui me retienne de faire un truc que je risque de regretter amèrement... car j'ai pas envie de te tuer et j'ai pas envie que tu me tues"

Elle tremblait comme une feuille. Elle avait peur. Elle était en colère. Elle sentait qu'elle descendait le grand escalier en spirale de la folie. Le Joker était un virus sur pattes. Lui parler, c'était déjà s'exposer à perdre le peu de raison que l'on pouvait encore avoir dans ce mal foutu monde...

L'odeur de la lame sous son nez lui plaisait.Il insistait son regard dans celui de son interlocutrice. Il pris le temps d'observer chacun des tics et de ses paroles durant la crise de colère de la jeune femme. Une fois son bras redevenue dans la norme, le Joker constata avec efficacité qu'elle était rapide, trop rapide. Il l'avais sous-estimée.


"Note à moi-même, ne pas te mettre en colère..."

Il tentais de redonner confiance à Rae, de lui montrer qu'elle avait la situation en main. C'était la façon de faire du Joker. Le génie du crime examina une dernière fois Rae. Une fois celle-ci installée dans sa chaise, le clown sauta sur le bar de la cuisine et s'y assis en balançant les jambes.

Un long moment de silence s'interposait entre les deux.

Puis, le Joker, après s'être frotter les yeux, décidais de rompre le malaise.

"Ok ! ok, j'ai été maladroit ! mais je ne suis qu'un homme après tout... Je fais des erreurs... des erreurs stupides... MAIS !... mais je suis excusable...."

Il pointait sa main vers la seule fenêtre de la pièce.

"Ce n'est pas toi qui te fais poursuivre par un homme déguisé en chauve souris. Mes moindres faits et gestes sont surveillé ou remarqué... Dès qu'un homme, ou une femme, me voit que fait-il ? il pars dans la direction opposé ! Tandis que toi... oh oui ... toi !"

Le Joker sautait du bar pour s'approcher, à distance raisonnable, de Rae.


"Toi... tu es venue droit sur moi ! et en plus de ça...

Le joker commençais à ricaner.

et en plus de ça .... tu m'as invité dans ton appartement !"

Son rire placarda les murs de l'immeuble et raisonnait dans tout l'étage. Il se serrait la poitrine en riant de plus belle.

"Sacré retournement ! AHAHAHAHAH ! Je suis là à déballer mon premier crime et toi tu me proposes de me justifier... et de dormir chez toi..."

Le clown alla s'installé dans le canapé. Enfin, ce dernier, se mit à raconter une histoire. Son histoire.


"J'ai quelques souvenir de mon passé, du moins, de celui que je me souviens.
... Bien alors... par où commencer... enfant, j'étais très moqué... à cause mon teint blafard. J'avais un père qui travaillais dur pour nourrir sa famille. Et une mère généreuse et aimante. Seulement un jour, papa, à décidé de quitter le cocon familiale pour aucune raison. Maman est devenu étrange depuis ce jour. J'ai dû m'occuper de mon petit-frère tout seul. Oui, c'est ça, je crois bien que j'avais un frère... ou une sœur... bref, je le faisais rire, il était la seule personne à me regarder comme quelqu'un de normal... il me regardais un peu... un peu comme toi."

Le joker tournait sa tête et dessina un large sourire sur son visage puis attendis une réaction de la part de la jeune femme.

Rae alla s'asseoir sur une chaise, faisant face au Joker. Son cœur battait à 100 à l'heure, aussi elle essaya de se donner du temps pour se calmer. Sans quitter le clown triste de son regard mauvais.

Elle l'écouta attentivement. Par moments, elle se détendit quelque peu. A d'autres, elle se re-crispa aussi sec ! Des fois, il paraissait la sincérité même. A d'autres moments, elle avait l'impression d'avoir invité un tigre ou un vampire chez elle.

Quand mentait-il ? Quand disait-il la vérité ? Le savait-il lui-même ?

"T'es un tigre, mec" lança-t-elle presque machinalement.

"T'as un côté grosse-peluche avec tous tes malheurs et ta façon de revenir sur ta pauvre existence qui a fait ce que tu es et - le côté oisillon-blessé-tombé-du-nid - clairement on se dit qu'on peut te sauver quand tu es en train de te noyer..."

Elle avala sa salive et croisa les bras, comme pour montrer qu'elle n'avait pas (trop) peur.

"... mais d'un autre côté on sent qu'à tout moment tu peux redevenir imprévisible et tuer juste pour le fun quelqu'un. Comme si c'était dans ta nature et qu'il fallait te prendre comme ça. Tu te rends pas compte..."

Rae alla chercher une clope dans un paquet qui traînait sur la table et l'alluma. Puis, passant la main dans ses cheveux, elle poursuivit :

"Ce qui nous ramène à Harley. Pourquoi tu la battais ? Elle est quoi pour toi ? J'sais que t'as des problèmes de mémoire mais aide moi... J'ai pas envie qu'on se batte. J'ai même pas envie de te voir sous les verrous. Je..."

Son histoire familiale, tel qu'il l'avait raconté, s'était insinuée comme un poison en elle. Elle ne pouvait plus l'imaginer autrement qu'en pauvre victime de son milieu et de ses origines. Elle...

"Ton petit frère, il lui est arrivé quoi ?" demanda-t-elle après un instant de silence.

Il se releva du canapé puis passa ses mains derrière la tête. Le Joker posa ses pieds sur la petite table puis fixa longuement le plafond, non sans juger les tâches d'humidités.

"Mon passé.. depuis un moment déjà...je... enfin, je veux dire... c'est comme regarder un vieux film en noir et blanc... Je vois des passages qui coupent et ça reprend à un autre point de l'histoire... Pour tout te dire j'ignore même comment j'ai rencontré Harley !"

Le Clown tourna son doigt dans le vide comme pour rembobiner une cassette.

"Ce que je sais à son propos c'est qu'elle m'a beaucoup aidé... voir même aimé... Je me souviens m'être comporté comme un salaud avec elle, c'est vrai. Mais elle a attendue longtemps avant de... disparaître. On rigolais bien tous les deux... Peut-être même trop..."

Puis, comme un flash, le Joker se releva net et mis une main sur sa tempe droite...

"C'était une psychologue... et je l'ai... enfin... elle a décidé de me rejoindre dans ma folie à ce moment là. Dis-donc ça à l'air de fonctionner notre petite séance de rattrapage..."

Il se remis à faire les cents pas autour du canapé puis rangea ses mains derrière son dos.

"Harley t'as sûrement raconté le pire de moi... mais elle ne t'a jamais dis exactement pourquoi elle m'a quittée... hmm ? à l'instant même où je commençais à perdre mes souvenirs, Harley s'est mis à douter de moi... Elle croyait me perdre pour de bon. Que c'était la fin du Joker... Au moment ou j'avais LE PLUS BESOIN D'ELLE, ELLE M'A ABANDONNÉE !!! EXACTEMENT COMME.... comme papa..."

Le Clown se calma puis s'installa une nouvelle fois dans le canapé. Il posa sa tête dans le creux de ses mains et contre toute attente... une larme coula sur sa joue et tomba sur la moquette du salon. Le silence entre eux était tellement palpable que le simple bruit de la larme rencontrant le sol eut le même effet que le bruit d'une explosion.
Il passa vite une main sur son oeil pleurant puis cacha sa tristesse derrière un grand sourire forcé. Le passage de la larme semblait avoir dévoilé un peu de beige derrière la peau blanche du clown.

"Mon papa... Courageux, fort, grand, intelligent et calme... du jour au lendemain plus rien... Puis c'est là que ma maman est devenue folle à lier ! Elle battait mon seul confident, mon seul frère. Sous prétexte que c'était de sa faute si l'on était pauvres. Une bouche à nourrir en plus qu'elle criais... Je l'ai surprise un jour à vouloir coudre la bouche de mon frère pour ne plus le nourrir... J'ai du enlever les premiers points de couture de mes propres mains... Je me souviens encore de la couleur du fil de couture...vert... vert comme l'espoir... Je crois même que c'est pendant cet instant que j'ai eu l'idée de tuer ma maman... Je devais sauver mon frère après tout...Pauvre enfant..."

Une fois son long et douloureux monologue terminé, il réalisa qu'il se souvenait mieux de ce qu'il c'était passé durant son enfance que durant ses années de criminelles à Gotham.

"Gotham... Go-tham. Aucun héros n'est venu sauver mon frère et moi... aucun Batman.. ni même un Superman... trop peu pour eux... c'est pas le même gibier. Des millions de gens souffre dans ce monde ! Sans rien pour leurs faire oublier leurs triste vie !! Je me dois de leurs montrer une vie drôle ! Loin de tous leurs problèmes du quotidien ! Je suis une distraction pour chacun d'eux ! Les pauvres gens observe Batman mais il n'a que faire de ses gens qui crèvent la faim ou pleure tous les soirs pendant que leur père viole leur mère une énième fois ! Mois j'apporte le sourire chez ces gens ! je leur offre un spectacle digne d'eux ! Je suis leur héros ! J'ai dû me façonner un personnage, afin de rendre ma vie et la leur un peu plus joyeuse et... Tadaaaa... Le Joker est né !"

Le Joker pris une pose théâtrale accompagné de son plus beau rire.

AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !!

Il n'avait pas foncièrement tort, ce déglingo.

C'était bien beau de se déguiser en chauve-souris pour terroriser les méchants travestis en clown sinistre, en pingouin ou en chatte de gouttière... mais pour le pékin lambda, ça faisait quelle différence ?

Et d'ailleurs, le Joker avait tué combien de personnes... des dizaines ? Etait-il pour autant une cause significative de mortalité sur Gotham ?

Etre super-héros n'était-ce pas de la merde déguisée en foudre ? Ou comment avec un exploit édifiant de boy-scout survitaminé, on se retrouvait à détourner l'attention pendant qu'on virait les vrais problèmes sous le tapis ?

Rae soupira en tirant à nouveau sur sa clope.

Pourtant, il y avait une faille dans cette logique : tous les malheureux de la terre ne devenait pas un clown psychopathe. Heureusement ! Tous les malheureux de la terre ne nécessitaient pas l'intervention d'un Batman ou d'une Justice League pour les mettre sous les verrous.

Tandis que le Joker jouait avec ses souvenirs revenus en s'agitant comme un fauve en cage dans son misérable salon, Rae réfléchit à son mouvement suivant. Puis, le calme étant revenu, elle demanda :

"Il est devenu quoi ton petit frère ?"

Puis, écrasant sa cigarette, elle se leva et alla se positionner devant le Joker, comme pour le toiser, comme pour le défier.

"OK, t'as une vie de merde. Tu m'expliques maintenant pourquoi tu dois tuer tous ces gens ? Tu veux pas qu'on t'abandonne, c'est une chose, mais t'es capable de changer pour quelqu'un d'autre ?"

Elle le défia du regard. Elle était entrée dans l'antre du grand dragon rouge et elle le toisait comme si elle n'avait pas peur.

"OK, Harley était ta psy. Elle a voulu te comprendre et elle t'as abandonnée. Et tu l'as rouée de coups de manière particulièrement abjectes. Enfin, tu t'en souviens plus réellement..."

Elle se passa la main dans les cheveux et - après avoir avalé une fois de plus sa salive (et tout en se disant qu'elle était devenue complètement malade) - lança :

"D'accord. On va dire que je suis ta bonne fée. Je peux exaucer tous tes vœux MAIS tu dois renoncer à commettre des crimes. Allez, je suis de bonne humeur, dis-moi ce que tu veux ! Et on verra si on peut te réformer et faire de toi autre chose qu'un gibier de potence ou un résident permanent d'Arkham !"

Rae tremblait dans ses chaussettes mais essayait de ne pas le montrer. Elle devait convaincre le dragon. Et clairement, elle n'était pas taillée comme Saint Michel, ni comme Saint Georges !

Quel culot... mais quel culot.. Il aimais ça. Le Joker rapprocha son visage à celui de la jeune femme. Ils étaient tellement proche que leurs nez se touchais presque. Toujours armé de son sourire machiavélique, le clown resta comme ça pendant quelques instants qui semblait durer une éternité.

"Ma bonne fée, tu dis ? Là, maintenant, tout de suite je voudrais retrouver mon papa. Vivant ou pas. De toute manière je le tuerais si il est toujours vivant... ou je le re-tuerais si il est mort. Bref, je me comprend !"

Le Clown fini sa phrase en agitant ses bras au-dessus de sa tête.

"Admettons que tu m'aides à le retrouver et puisque tu sembles t'y intéresser, je te raconterais au fur et à mesure mon histoire... du moins celle que je me souviens. Et puis il faut bien une bonne fée pour veiller à ce que je ne tue personne pendant mon long périple..."

Le Joker pris sa tête de malheureux et cligna des yeux lentement.

"S'il te plaieuuuuuuuuuu... Et je te promet que je tuerais personne ! Même pas une mouche !"

Il se retourna violemment sans attendre la réponse de la principale intéressée. Le Joker se dirigea vers la fenêtre et se tapa la tête comme pour espérer faire tomber ses souvenirs sur le plancher afin de pouvoir les analyser en détail...

"Il me faut son nom.... comment s’appelait-il ?.. Et son ancien boulot ?"

Ses yeux stoppa net sur un bâtiment délavé, rustre et clignotant. Les néons vieillis et visible au loin. Ce même bâtiment qui l'avais replongé dans ses vieux souvenirs plus tôt dans la soirée.

ACE Chemicals...

"C'est ici qu'il travaillait... c'est ici ma.. notre prochaine destination.."

Quasiment nez à nez avec le monstre, Rae se disait qu'elle avait du être funambule dans une autre existence. Mais elle ne pouvait détourner son regard de la bouche de l'Enfer qui la dévisageait, elle ne pouvait ciller devant l'effroyable tigre qui lui faisait face... au risque de périr sur le champ !

Elle tint bon et - comme il n'y avait de la chance que pour les audacieuses et les inconscientes et qu'elle était les deux à la fois - elle put souffler quand le Joker eut fini.

Son père ? Le retrouver pour voir s'il était mort ou vivant et le cas échéant l'envoyer ad patres ? Et en échange...

Elle tourna le dos au monstre et prit une autre cigarette dans son paquet, cigarette qu'elle alluma avec le mégot de la précédente, trop flemmarde qu'elle était pour retrouver dans son foutoir l'endroit où elle avait posé son briquet.

"Minute, Joker. T'as pas encore entendu mes conditions..."

Elle lui fit à nouveau face, le cul sur sa chaise, dans une position à la fois désinvolte, provocante et hautaine.

Le Grand Dragon Rouge. Le Joker. Elle était Saint Georges. Ou complètement malade pour vouloir tenter de l'apprivoiser.

"Deux conditions et je te retrouve ton père et t'en fais ce que tu veux. De un : tu ne tues plus. Personne. Tant que je l'ai pas retrouvé. Après t'en fais ce que tu veux. Et après... on verra"

Négocier une trêve avec ce loufdingue ? Mais elle allait pas bien, non ?

"De deux : tu oublies, Harley. Tu lui fiches la paix. Tu lui fais plus de mal. Tu te tiens loin d'elle. C'est moi ta psy maintenant, ta bonne fée, ce que tu veux... mais Harley, tu fais une croix dessus le temps de notre quête..."

Avant de savoir, s'il acceptait ou pas, elle rebondit sur ses dernières paroles :

"C'est ici qu'il travaillait ? Où ça "ici" ? Confonds pas les voix dans ta tête avec ce que tu dis, j'suis pas télépathe, moi ! Je suis hackeuse, informaticienne, tout ça mais je lis pas dans ta tête, mon pote !"

Et elle en était heureuse, d'ailleurs.

Elle se leva pour aller chercher, dans sa chambre, son ordinateur et le ramena sur le canapé où elle alla s'asseoir en tailleur, l'ordinateur sur les genoux.

"Maintenant tu vas me dire tout ce que tu peux sur lui. Les moindres détails peuvent aider. Il fumait ? Il buvait ? C'était quoi son prénom ? Il jouait aux courses ? N'importe quoi qui puisse te revenir... en plus du nom de son employeur"

Elle toisa le Joker puis admit :

"Je sais pas du tout quel âge tu as. Un médecin t'as déjà dit - grosso modo - ton âge ou ça non plus tu l'ignores ?"

Rae se passa la main dans les cheveux. Ça allait être compliqué. Très.

"Par hasard, tu te souviens pas du titre du premier film que t'as vu au cinéma quand tu étais petit ?"

"ACE chemicals..."

Ses yeux fixé sur l'usine, il écouta les conditions qu'énumérais Rae. Les paroles de la jeune femme lui permettait de détacher peu à peu ses yeux d'ACE chemicals. La première condition, la plus normal, évité de tuer des gens durant leur petite alliance téméraire. Ce fut la seconde qui posais un peu plus problème. Oublier Harley... D'un côté, il avait oublié une partie de son aventure avec elle. Mais sa voix, restait dans sa tête. L'odeur de ses cheveux restait dans son nez et le goût de ses baisers restait dans sa bouche... Comment oublier la seule femme qui l'a aimé ? Lui, la bête de foire de Gotham ?

Il passa une main dans ses cheveux verts, puis racla sa gorge. Son raclement ressemblait au grognement d'une bête enfermé.

"Qu'il en soit ainsi... mais sache jeune fille... que ce n'est pas tout le monde qui peut me...me... diriger comme tu le fais !"

Ces derniers mots semblait être extrêmement compliqué à sortir de sa bouche. Le Clown continua d'observer la fenêtre en direction d'ACE chemicals... Quelques gouttes de pluies alla se plaquer contre la fenêtre. Tandis que Rae lui posa des questions, le Joker, essaya de se replonger de toute ses forces dans ses souvenirs d'enfances. Malgré la douleur que cela lui procurait, c'était bien les seuls souvenirs qui lui restaient.

Rae voulait savoir à quoi ressemblait son père. Le Joker ferma les yeux, et soudain son visage devint paisible. Comme si tous ses muscles se lâchaient en même temps. Sa bouche, pourtant si large, pris un aspect un peu plus normal. Les yeux toujours fermés il murmura

"Grand, maigre mais large d'épaule... De longs cheveux bruns tirés en arrières. Souvent avec un imperméable. Il avait des yeux couleurs pralines, et un visage creusé par l'âge. Son petit nez en trompette lui donnais un air de gentil. Ce qu'il était d'ailleurs. Je me souviens aussi de ses tremblements compulsif de la main gauche. Il était souvent stresser... oui. Il prenait des médicaments. Qu'il cachais dans son veston beige. Je ne crois pas l'avoir déjà vu fumer, ni même boire..."

Le visage du Joker se crispa petit à petit.

"Si, Si... il buvais de temps en temps... Dans un bar plutôt bien fréquenté par la bourgeoisie de Gotham. Il avait des rendez vous secret avec des gens bien habillés.. Je l'avais suivi un soir sous ordre de maman... Oui, maintenant je le revois boire à la terrasse de ce bar, ça m'avait même surpris. Puis un homme grand, brun et bel homme l'avais rejoins.... enfin, je crois."

Puis le Joker sorta de ses pensés. Il se souvenait plus trop de son propre âge.. il y a bien longtemps que le génie du crime ne se posais plus cette question.

"Je l'ignore."

admit-il tout banalement. Pour la première fois depuis longtemps, il parlais normalement, sans prendre sa voix de criminel. Ses mouvements aussi avait changés, il était plus lent, plus timide. Comme si... comme si il était redevenu enfant.

Le mot cinéma fit tilte dans l'esprit du Joker. Mais impossible de mettre le doigt sur le pourquoi exactement. Il repoussa cette idée à plus tard.

Puis comme une révélation, le nom de son père lui revint comme un coup du Batman.

"Jonathan...c'est ça... Jonathan, mon père.. Il s’appelait Jonathan !"

Le sourire du clown revenait sur sa face. Comme si un grand voile sombre venait de s'effondrer sous ses yeux dévoilant, devant ses yeux ébahis, le film de son enfance.

Rae haussa les épaules sans même regarder le Joker quand ce dernier lui précisa qu'il n'était pas donné à tout le monde de se comporter ainsi avec un criminel tel que lui.

Ce n'était ni du mépris, ni de la désinvolture mais... le simple fait que son ami électronique sur les genoux : avec un ordinateur entre les pattes, Rae pouvait déplacer l'univers, certes, mais avait surtout tendance à se renfermer dans sa bulle, comme si les successions de "0" et de "1" avaient plus de consistance et décrivaient un paysage plus réel que cet appartement dans lequel elle vivait, que cette ville dans laquelle ses pieds battaient le bitume.

ACE Chemicals. Elle était déjà sur leur site internet, quelques secondes après que le Joker en ait parlé. Elle l'avait déjà piraté, au moment même où il poursuivait ses explications.

Elle cherchait les fichiers du personnel. Pour au moins savoir où les archives se trouvaient. Car vu l'âge apparent du Joker, il y avait de grande chance que son paternel ait été embauché à une période préhistorique, datant d'avant l'internet.

Elle s'arrêta nette quand il parla de la main qui tremblait. Et des médicaments qu'il pouvait prendre. Cela signifiait, dans une boite comme ACE Chemicals, que ce type avait du passer une visite médicale et qu'à l'issue de cette dernière une note avait du être glissée quelque part dans son dossier médical. C'était un élément pertinent.

Rae écarta son ordinateur et se décontracta. Le Joker semblait moins maboul et plus comme quelqu'un qui était en souffrance, qui essayait de se connecter avec un passé douloureux qui - sans disparaître et cesser de l'importuner - continuait à se dérober.

"Jonathan, c'est un bon début" ajouta-t-elle. Après tout, maintenant il s'agissait d'éplucher les fichiers du personnel pour trouver TOUS les Jonathan qui avaient aujourd'hui entre - prévoyons large - 50 et 80 ans mais surtout qui avaient une maladie pouvant occasionner des tremblements.

Puis, elle fut troublée par cette histoire de bar. Elle hasarda :

"Tu te souviens pourquoi ta mère t'avais demandé de le suivre ? Tu avais quel âge à l'époque ?"

D'ailleurs, elle ouvrit une autre recherche, histoire de retrouver les premières références au Joker dans les journaux de Gotham.

"Aide-moi, mon pote, ça fait depuis combien de temps que tu es le Joker ?"

Histoire de le dater un peu, histoire de savoir quel âge pourrait avoir son père, histoire...

... d'ailleurs, à propos d'histoires, cette histoire de bar la perturbait quelque peu...

"Tu as une idée d'où se trouvait ce bar ? Et tu dis que c'était pour les hommes mais... plus comme un country-club de gens friqués ? Un tripot de la mafia ? Ou... un club gay ?"

Clairement, son ordinateur ne lui serait pas d'une grande utilité. Ou du moins, il ne pourra pas remplacer une enquête sur les lieux. Mais pour savoir où chercher, encore faudrait-il que le Joker lui fournisse quelques renseignements complémentaires...

Il pouffa de rire... il en avais besoin...

"Ohohohohahahaohahahahaohoahaoah ! Un club gay ! oahaohaoahoahoa... mon papa !"

Puis il cessa de rire quand il réalisa qu'il connaissais très peu son père.

Il retourna s'installer sur le canapé non sans jeter un oeil sur l'écran d'ordinateur. Il posa sa tête sur l'accoudoir et ses pieds sur l'autre accoudoir.

"Maman m'avais demandé d'aller espionner papa car elle pensait qu'il traînais dans des affaires louches... en même temps à Gotham... Le bar était dans un angle... près d'un ciné... il me semble... je crois même qu'il diffusais Zorro durant cette période."

Il roulas des yeux comme pour chercher ses réponses au-dessus de sa tête.

"J'ai commencé à devenir le Joker dès mon plus jeune âge...Mais le Batman m'a donné une raison de sortir de l'ombre pour me dévoiler au grand monde ! Je me souviens de cette légende que l'on racontait il y a bien longtemps. Je la racontais à mon frère..."


Il pris une voix digne de celle d'un narrateur, une voix forte et grave puis de ses gestes si amples et si bien dessinés, il engloba tout l'espace de son talent de narration :

" L'histoire que je vais narrer se situe en Angleterre, vers la fin du XVIIe siècle, le bon roi Jacques aimé par son peuple décide de se débarrasse de son ennemi, le Lord Clancharlie, et vend son jeune fils, Gwynplaine, aux trafiquants d'enfants qui le défigurent à vie.. Son visage était devenu monstrueux. Le petit garçon s'enfuit et sauve du froid un bébé aveugle, Dea.
Dea était frêle, faible et infirme mais ce dernier était aveugle, il ne distinguais pas l'affreux visage qu'avait son ami. Il ne distinguais que la beauté du cœur.

Après un long hiver rude et glacial, les deux jeunes garçons sont devenus plus que des amis, ils ont traversés tellement d'épreuves qu'ils sont devenues des frères.

Tous les deux sont recueillis par Ursus, un forain. Gwynplaine, baptisé « L'Homme qui rit » ( suite à sa défiguration ) devient un célèbre comédien ambulant. Sa célébrité grandissante, il inspira de nombreux jeunes comédiens. Son destin fut vite bouleversé lorsqu'il découvris plus tard ses origines nobles. Confronter à ce milieu aristocrate, ses différences physiques lui valu de nombreuse moqueries de la part de ce noble milieu. Il est vite considéré comme un clown, un bouffon.

Il renonça donc à cette vie de richesse et retourne vite retrouver son petit frère, celui-ci du quitter l'Angleterre sous peine de mort. Après de nombreuses embûches Gwynplaine, le bouffon, rejoignis son frère qui à cause de son petit cœur faible, périt sous l'émotion. Le bouffon pris de remord décida de se jeter dans l'eau et d'attendre que la mort vienne le chercher... "

Le Clown finit de raconter son histoire sans marquer aucune pause, sans trembler dans la voix. Son texte, son histoire, il l'a connaissais sur le bout des doigts. Puis, comme une conclusion, un rictus, il termina son histoire avec une voix presque dérangeante, comme envoûté par le mal. Une voix qui ferais pâlir la mort et éteindrais les enfers, il enchaîna

"Je représente l'humanité telle que ses maîtres l'ont faite. L'homme est un mutilé. Ce qu'on m'a fait, on l'a fait au genre humain. On lui a déformé le droit, la justice, la vérité, la raison, l'intelligence, comme à moi les yeux, les narines et les oreilles ; comme à moi, on lui a mis au cœur un cloaque de colère et de douleur, et sur la face un masque de contentement."

Puis dans le plus grand calme et avec une voix redevenu normal

"Victor Hugo..

Et toi...parle moi un peu de toi ? de ton passé, ton enfance, tes escapades amoureuses avec ... comment déjà..."

La transition fût rude, c'était normal...