L’encre noire s’échappait de son cœur absent, de sa poitrine ouverte aux tentacules illusoires – composées de ténèbres lourdes. Dotées d’une cruauté sans nom, sans précédent, elles tentaient d’extraire le corps inerte d’une jeune femme prisonnière de sa propre baignoire. Les effluves rouges de l’eau ne pouvaient guère dissimuler la beauté, la splendeur d’un décès immaculé. Les veines se vidaient dans l’élément de la mer dans laquelle la fille de l’océanide ressentait chaque fibre hanter sa nature originelle. Des tremblements parvinrent à son âme, causèrent des tremblements à ses épaules chétives. La longue crinière fut secouée d’un mouvement de tête sur la gauche puis la droite. Elle commença à se débattre dans sa propre détresse, à s’extirper elle-même des abysses de sa propre folie. Seulement, seule le ton angélique de sa fille put la convaincre d’accepter la vie de nouveau.
« Maman, sors du bain! Ça prend une éternité! Par Hécate! Que fais-tu? »
Un soupir exaspéré annonça sa colère, mais des traits empreints de tristesse en prédirent la déception. Lyta s’adossa au cadre de la porte en regrettant le passé, laissant sa tresse immense porter sa chevelure violacée sur le côté. Un regard de braise autant féroce que serein toisait la nudité de sa mère, prenant une serviette d’une main et le bras de la sorcière de l’autre. Elle vida le bain, le remplit de nouveau d’eau chaude, avant de prendre soin de sa mère – de la terrible Circé. Cassandra ne regardait pas sa fille dans les yeux. Son visage d’ange semblait apathique, décimé par une souffrance que peu d’âmes pouvaient accéder au travers des millénaires. Seules ses mains tremblaient, rejetaient parfois l’aide apportée sans contribuer à achever la tâche de sa progéniture. Des larmes coulèrent des deux côtés; la routine du matin se termina sans autre misère. Lyta pansa les poignets de sa mère, y appliqua de l’onguent fait à base de plantes et lui remit des gants de satin noirs. Elle l’habilla comme une poupée; une robe sombre, étoilée, qui flattait ses mollets avec élégance. La décora de bijoux argentés, lui chantonna des refrains en grec en la faisant avaler des petits morceaux de fruits, des pancakes végétaliennes faites maison. Lyta raconta sa planification de la journée, mentionna le nom de son nouveau petit copain puis élabora sur ses projets d’étendre son zoo mythologique. D’ailleurs, leur renard domestique vint leur rencontre. Il se lova contre la déesse lunaire qui l’enlaça avec une faiblesse déconcertante. Leur petit loft en Italie, situé en ville près du mont Circeo – dissimulé à la vue des êtres normaux- leur convenait parfaitement. Ce dernier suivait des courants baroques : trois chambres, trois salles de bain, trois boudoirs, une bibliothèque antique, un salon qui s’apparentait davantage à un musée par toutes les pièces antiques qui en ressortaient. Lyta et Angélique Champagne y résidaient sous leurs noms légaux, ne laissant aucune occasion passer d’agrandir leur collection de reliques historiques et –particulièrement- enchantées.
Ensorcelé par les sorts prodigieux de sa fille, le pantin qu’était devenu Cassandra obéissait aux ordres lorsque la nuit tombait. Devenue une experte en vols d’objets mythiques du temps du règne des immortels, la sorcière âgée de sept millénaires n’avait qu’à se jeter un sort d’invisibilité et à user de la téléportation afin de ramener les fameux biens dans leur nid de sorcellerie. Étant donné l’amnésie partielle de plus en plus grandissante de sa mère, Lyta devait utiliser davantage de manipulation afin de convaincre la déesse Hécate et la sorcière Circé de donner leur collaboration. Quant à Cassandra, son seul désir était de quitter cette dimension et de trouver le sommeil éternel après avoir accompli son devoir de mère exemplaire pendant des décennies entières. Ce souhaite ne pouvait, hélas, être encore réalisé. Les plans de Lyta étaient malheureusement teintés des tendances mégalomaniaques de son paternel. L’amour de la vie animale et de la nature lui venaient de sa mère, mais aucune Haine ne pouvait justifier ses actes. Rien ne laissait présager une telle noirceur dans le cœur de la douce protégée de Circé. Quant à se faire retrouver, aucun magicien ordinaire ne pourrait y parvenir. Il suffisait d’un sort de localisation, mais peu d’êtres vivants parviendraient à percer le jeu des deux sorcières. Lyta ouvrit donc le grimoire de sa mère, y récita une incantation grecque qui ressuscita Cassandra de sa torpeur. Un sourire fendit son visage triste, tandis que son regard turquoise s’illumina de tendresse à la vue de sa fille.
« Lyta, tu es radieuse! Que puis-je faire pour t’aider? »
Ses mains gantées se posèrent sur ses cuisses, alors que son corps se propulsa à la proximité de sa protégée. Elle l’enlaçait déjà avec une force que son corps avait oubliée. Lyta caressa la crinière de sa mère, avant de lui murmurer des mots enchantés – de nouveau. Ses doigts tapotèrent les tempes de Cassandra, y laissant des points argentés à des endroits circadiens et lymphatiques. La voix suave s’accentua, devenant enchanteresse. Chaque syllabe fut appuyée de magie, de phéromones, de charisme, de controversions. Tous les mots furent expédiés dans une langue inconnue, morte des mortelles, parfois paradisiaque, parfois saugrenue; Les suivant furent plus spécifiques :
« Angélique, ta fille est morte jusqu’à nouvel ordre. Tu ignores ma localisation. Tu ignores la sorcellerie. Tu continueras à trouver chaque relique de cette liste, à les ramener chez nous. Personne ne peut découvrir notre repère : nous devons protéger nos bien-aimés. »
Lyta s’interrompit – fracassée d’émotions lorsque Cassandra éclata une fois de plus en larmes. Elle resserra son emprise sur le corps de sa fille puis glissa lentement vers le sol. Un parchemin lui fut glissé dans une paume, tandis qu’un portail se créait à la droite de la jeune sorcière. La silhouette gracieuse de Lyta y disparut, non sans offrir un dernier baiser sur le front de sa mère qui tomba dans les bras de Morphée aussitôt sa présence disparue de la surface la Terre. Quinze minutes plus tard, Angélique Champagne reprit vie – non sans un arôme de tristesse sur sa personne. La nymphe prit sa liste de reliques magiques à voler, la glissa dans sa poche et descendit de son appartement pour rôder dans les rues. Seulement, elle ne se rappelait que de quelques chemins. Donc, l’amnésique à la tenue sophistiquée se rendit sur son milieu de travail. Il s’agissait de toute évidence d’une animalerie à l’architecture antique. Un visage trois femmes précédait la devanture de l’établissement.
Angélique s’y aventura, salua tout le monde et se dirigea vers l’arrière-boutique. Une dizaine d’employés étaient préposés à la vente. D’autres prenaient soin des animaux. La sorcière amnésique allait s’occuper des lapins et des chatons pour les emmener en promenade diurne. D’ailleurs, munie d’une vingtaine de laisses, la nymphe serra le collier d’or qui portait le portrait de Lyta et d’elle avant ses obsèques. Elle sortit de l’animalerie avec des sacs de friandises et mena les animaux dans un espace de verdure à proximité. Parlant couramment l’italien, la fille d’Hécate salua presque tout le voisinage et trouva refuge contre un arbre centenaire. Le lierre et le lichen montaient sur les vestiges de l’ancienne demeure d’un sorcier réputé. La déesse libéra tous les lapins, tous les chatons pour les laisser se rouler dans la végétation florissante. Le corps gracile de la femme se percha contre le tronc du centenaire, s’y nicha pour y prendre siège.
Des bancs de rosiers bordaient le parc miniature qui avait grandi sur ces ruines au cœur de la cité. Une barrière magique s’éleva, invisible, repoussant tous les mortels d’errer dans l’intimité de la fille du Soleil. Le visage de cette dernière sembla s’illuminer, alors qu’une chaîne d’or seyait son front pour laisser le médaillon d’une lune resplendir de mille feux. Son regard devint étoilé de merveilles, de pensées mielleuses, pendant que son index gauche muni d’une bague acérée lacéra la chair à la base de ses clavicules pour en tracer des hiéroglyphes antiques.
C’est ainsi qu’une tête de serpent naquit de l’herbe. Le corps du reptile encerclait le corps d’un grand loup noir aux yeux rouges. Ce dernier se coucha aux pieds de la déesse, avant de voir l’un des rosiers devenir un étalon au crin de neige. Ce regard de sang tacha le paysage de nouveau, pendant qu’Angélique commença à se questionner sur la présence d’animaux de cette espèce en plein cœur de la ville. L’hôte d’Hécate n’osa pas se redresser, laissant ses protégés l’encercler et la bercer. En effet, la détresse de la perte de sa seule et unique fille lui brisait le cœur. Il n’était pas question de ses fils, hélas : tous ceux dont elle avait oublié l’existence. La nymphe s’adossa au cheval puis caressa la crinière du loup en prenant soin de taquiner le serpent.
Ainsi, le canidé immense demanda à sa maîtresse s’il pouvait dévorer l’un des chatons en liberté, mais la nymphe lui tendit des friandises de son sac. Les os à saveur de poulet lui convenaient largement pour l’heure du goûter. Dans l’ignorance la plus sereine, Cassandra de Colchide fredonna puis chanta à voix basse une berceuse pour apaiser le cœur de tous ses amis présents. Ce qu’elle fit sans la moindre malice fut de faire briller l’Épée de Damoclès juchée dans le tronc de l’arbre magique. L’arme apparut, et son sort de protection fut brisé par la beauté du chant de la nymphe. Le serpent grimpa le bois sinueux puis entoura l’arme de son corps. L’objet se téléporta aux pieds d’Angélique qui sursauta puis regarda l’aura maléfique qui entourait la relique mythologique. Le loup lécha la lame qui lui trancha la langue en partie, causant de l’inquiétude chez la tendre Angélique.
« Ouais, j’suis d’accord ! Mais les autres l’sont pas, eux ! »
Kent Nelson glisse lentement un regard vers le jeune homme qui l’accompagne, et a glissé ces quelques mots ; Khalid Nassour. Vingt ans à peine, étudiant en Médecine ; futur Docteur Fate, en apprentissage actuellement… auprès de lui. Kent Nelson, plus de quatre-vingt-dix ans ; mais il ne les fait pas. Docteur Fate à la retraite, mais formateur. Le gamin lui plaît ; par ses remarques, son attitude, son courage. Le fait que Khalid soit son petit-neveu lui plaît aussi – ce n’est pas désagréable, de côtoyer la famille, finalement.
« Nous allons réussir ! Pousse ! Pousse autant que tu peux ! »
« Rah ! Saloperie d’truc ! Sa… saloperie ! »
Ils poussent, alors. Khalid avec le Heaume de Thot, Kent avec le Heaume de Nabu ; ils poussent. Ils repoussent les démons… … et finissent par refermer la porte marquée d’un Ankh, dans un fracas terrible et assourdissant.
« Ha ! Enfin ! »
Khalid s’écroule à genoux, exténué ; mais ravi. Ils ont réussi. Ils ont réussi !
« Bel exploit. »
Alors que le jeune homme respire lourdement, difficilement, Kent Nelson flotte au-dessus du sol ; calme et distingué. Si impressionnant. Si charismatique.
« C’est… ouais. Ouais, c’était… cool. On a… assuré. »
« Le mérite t’en revient. Tu es seul responsable de cette attaque surprise, que je n’ai pas vue venir. »
Khalid rougit, sous le casque ; flatté du compliment, clairement.
« Bon… j’pense que… on doit verifier qu’c’est bien fermé, nan ? Qu’ils ne ressortiront pas ? »
Il se redresse, et se masse la nuque en laissant glisser son regard autour d’eux ; sur le cimetière installé à proximité de l’Université de Miskatonic, en Nouvelle-Angleterre. Plusieurs couloirs démoniaques sont installés ici depuis des siècles, mais les récents troubles infernaux les ont rouverts. Le duo de Fate se trouvait dans la Tour du Destin quand l’événement est intervenu, et tous deux sont venus de concert… pour une solution rapide, et heureusement efficace.
« Il convient en effet de sécuriser la zone – mais je vais m’en occuper. Tu es appelé ailleurs, jeune homme. »
« Heu… ah bon ? »
Khalid grimace, sous le casque ; il n’aime pas ça, a toujours l’impression de mal faire.
« Je relève des perturbations magiques en Italie, Khalid. Des événements réguliers, qui surprennent et attirent l’attention. »
« Je… ouais. Ouais, ça… ça me dit quelque chose. Je… le sens également. »
Il hoche la tête, comprenant enfin le sens des sensations étranges dont il fait l’objet depuis quelques heures.
« Je m’occupe de cette zone, Khalid. Va là-bas. »
« Ha… ha bon ? Seul ? Moi… euh… »
« Les voyages forment la jeunesse ! Va ! »
Le jeune Magicien se sent alors happé par une force inconnue… et disparaît. Sans même pouvoir répliquer !
** * **
Il réapparaît ailleurs, alors. Auréolé d’une énergie puissante, boosté par la force du Heaume de Thot, rechargé mystérieusement par Kent Nelson.
L’Italie, donc. Khalid Nassour se trouve donc en Italie – et flotte au-dessus du sol, à proximité d’un parc miniature ; invisible aux yeux de tous, hormis les créatures magiques.
« P’tain. »
Le jeune Magicien tourne sur lui-même, et grimace sous le casque.
Eery Darkness, Eery GlomynessFate & Circé « Suave, mari magno turbantibus aequora ventis, e terra magnum alterius spectare laborem; non quia vexari quemquamst jucunda voluptas, sed quibus ipse malis careas quia cernere suavest. »
Ah, l'Italie.
Terre de naissance des pâtes au gorgonzola et autres merveilles à la sauce tomate. Terre bénie où les ruelles étroites renferment des siècles et des siècles d'histoire fascinante où chaque bâtiment mérite d'être qualifié de monument. Terre où l'air marin règne parfois malgré les effluves d'essence diffusées continuellement par nos petites boites à pétrole. Unique terre où l'on peut aisément trouver des rangées entières de grand-père assis sur des bancs à débattre de leur expérience mafieuse. Terre où les osteria pullulent dans chaque rues et où les bouteilles de vins sont entassés sur des étagères qui n'ont absolument rien de droit. Terre fabuleuse qui donne autant qu'elle prend tant sa beauté est écrasante et douloureuse à l'âme humaine.
Mais surtout, terre d'origine des Zatara !
Ah... l'Italie. Zatanna regrettait de ne pas y voyager plus souvent. Elle se trouvait bête de ne pas oser s'y rendre rien que par plaisir, parce qu'elle en avait envie et non parce qu'il le fallait. Lorsqu'elle était enfant, c'était là bas que son père l'emmenait pour les vacances. Zee adorait déjà l'Italie. Elle se rappelait très bien des glaces italiennes et des plages de galets gris. De l'eau bleu turquoise et du linge qui sentait le jasmin. C'était peut-être pour ça qu'elle n'allait pas en Italie tout compte fait. Peut-être que c'était parce que ça lui rappelait tout ce qu'elle avait perdu, et ce que ça lui faisait mal. Peut-être qu'elle n'était pas assez brave pour supporter la douleur.
Sauf que ce n'était pas le cas, puisqu'elle y était retournée.
- Zee, tu penses pas qu'on pourrait s'arrêter un moment ?
Juchée sur des talons hors de prix, une robe fluide à épaules découvertes et des immenses lunettes de soleil sur le nez, Zatanna toisa sa nouvelle distraction un long moment.
- S'arrêter ? Lorsque la mode italienne me tend les bras ? S'arrêter lorsqu'il ne me reste plus que deux jours à passer en Italie ? S'arrêter maintenant, vraiment ? Allons mon chou, il en est hors de question.
Sur ce, elle régla la vendeuse pour ses achats et accrocha le sac à sa nouvelle distraction, dite aussi porte-manteaux sur pattes. Sortant du magasin avec la sensation totalement injustifiée d'avoir fait une bonne affaire, Zee se sentit heureuse. C'était assez rare qu'elle se sente uniquement et simplement heureuse. Pas coupable d'être heureuse, pas reconnaissante d'être heureuse, simplement heureuse. Même si Distraction 3 commençait à sérieusement lui taper sur les nerfs.
- Mais c'est lourd...
La magicienne leva les yeux au ciel et fit de son mieux pour ne pas hurler. Il l'énervait. Il était un peu comme un moustique qui tournait autour d'un verre de soda l'été. Horripilant.
- Très bien, ok, il y a un glacier là bas. Va te chercher une boule pistache, je t'attends.
Contre toutes attentes, Distraction 3 obéit. Il lâcha les sacs, et se précipita vers l'échoppe du glacier. Elle l'avait encore choisi trop jeune, il faudrait qu'elle soit plus attentive la prochaine fois. Dans tous les cas, Zatanna n'avait jamais eu l'intention de l'attendre. Elle ramassa ses sacs et disparut en un éclair dans une ruelle adjacente. Ladite ruelle étant déserte, elle n'hésita pas longtemps avant de faire léviter ses sacs autour d'elle.
- Bien.
Oui, très bien. Tout se passait comme prévu, ou du moins il n'y avait pas d'erreur majeure de parcours. Oui, car malgré les apparences, il y avait bien un parcours que la magicienne suivait avec plus ou moins de rigueur. Zatanna laissait très rarement le hasard définir ses prochaines destinations. En général, lorsqu'elle se rendait quelque part, c'était pour une bonne raison.
Cette fois, il y en avait deux.
Tout d'abord il y avait son spectacle, prévu à Rome depuis des mois. C'était en soit une bonne raison de se rendre en Italie mais en plus de ça, il y avait le pickpocket des antiquités.
Ah, mais qu'est ce donc que cette diablerie ?
Et bien elle n'en savait trop rien, mais cela l'intriguait trop pour qu'elle la laisse passer. Elle avait déjà détecté des perturbations magiques mineures dans le passé, mais elles s'intensifiaient et Zee ne parvenait toujours pas à savoir dans quel but. Alors elle avait décidé de mener l'enquête, aujourd'hui plus exactement. Sa séance shopping était donc destinée à tourner court.
Pauvre Zee.
La magicienne accompagna ses sacs volants jusqu'à son hôtel après avoir fait le deuil de cet instant d'égoïsme et entreprit de se téléporter. Il lui suffisait simplement de trouver un endroit adapté à cette... activité.
Les toilettes de l'hôtel par exemple.
Un coup de baguette magique, un rayon lumineux et une pirouette plus tard et la voila devant une sorte de mini parc personnalisé selon les goûts de sa créatrice : Circé. Elle la reconnu au premier coup d'œil et ne put s'empêcher de soupirer lourdement, amèrement. Bien sûr, Circé. Il n'y avait qu'elle pour jouer des tours pareils. Ah, et au dessus de ça, Fate flottait. Il flottait, littéralement.
Ça en revanche, elle ne pouvait l'expliquer.
Elle en conclut qu'elle collaborerait avec lui sur ce problème et se sentirait vieille durant toute la durée de cette collaboration. Peu importe, il pouvait se montrer utile. Elle voulut lui faire un signe de la main, mais tomba dans une sorte de buisson très épais et trempé de rosée. Parfait. Elle venait sûrement de gâcher leur effet de surprise et de se ridiculiser auprès du jeune magicien.
Que cela prenne cent ou mille ans, Cassandra de Colchide retrouverait le bonheur.
Hécate en fit sa missive dès l’instant que sa sorcière continua d’appliquer un onguent de son sac sur la langue du pauvre canidé. Ce dernier cligna ses yeux dorés puis sursauta lorsque Zatanna trébucha dans un immense arbuste. La nymphe millénaire effectua dès lors des gestes mécaniques : saupoudrant de la poudre autour d’elle, utilisant un sort d’invisibilité très difficile à percer. Des larmes coulèrent sur ses tempes, réveillant son souci pour le végétal qui fut écrasé lors de cet accident. Certes elle cessa aussitôt de voir ou d’entendre Zatanna. Elle dut retenir sa horde de bestiamorphes, et les quelques vrais animaux qui l’entouraient de venir pour la protéger. Ceux-ci commencèrent tous à gronder, à maudire les deux mages de s’être invités dans leur oasis temporaire et inoffensif.
Méfiante, l’épée fut camouflée dans les habits de la sorcière qui trouva refuge sur le dos du loup. La lame caressa sa cuisse droit en lui causant moult saignements. Ses jupes se déchirèrent, laissant la pudicité de l’être tenter de le réparer en tenant ses propres lambeaux. La bête hérissa son poil à l’approche de l’étrangère – lui signifiant sa désapprobation profonde d’avoir violé un temple d’Hécate. Une caresse de la main droite de la nymphe le calma, pendant que ses chuchotements lui intimèrent de reprendre contrôle de son instinct de survie. Cassandra aperçut donc la figure d’une vielle femme, illusoire, se dresser devant le prédateur. Ce fut à cet instant qu’un rapace gigantesque et invisible la captura entre ses griffes. La bête ailée d’une subtilité étonnante promena l’avatar de la déesse Hécate jusqu’aux toits d’un bâtiment en ruines près de son parc imagée puis resta auprès d’elle en tant que monture. Circé, son aller ego sexagénaire, rabattit sa capuche devant la jeune magicienne et jeta même un regard au jeune Fate qui flottait au-dessus d’elles.
« Ignares, que voulez-vous? Je suis la légendaire Circé, et je ne désire que m’éteindre en paix! Cessez de troubler mon tourment! VOUS N’AVEZ AUCUN DROIT DE LUI PARLER! ALLEZ-VOUS-EN! »
Sur ce, l’illusion de la vieille sorcière bougea ses articulations en les craquant une par une avant de relever son nez rempli de verrues et de morve dans la direction du jeune protégé de Thot.
« Je refuse votre présence en ces lieux. Hécate refuse votre intrusion. Nous refusons de vous recevoir devant nous! »
Une convulsion saisit la sexagénaire; ses mains se crispèrent, pendant que son corps prit des tons d’animosité avant de lancer les animaux à leur poursuite. Un rire machiavélique témoigna de ses intentions malsaines avant que le corps soumis de Cassandra ne lance un cri de détresse. Du haut des briques adjointes, le rapace à la crinière de serpents et aux sabots de cheval redevint une brique antique lorsque la nymphe invisible continua de trahir, de contrecarrer le sort d’Hécate. L’image de la vieille sorcière continua de scander des formules antiques, provoquant une aura à la faire léviter du sol lorsque le corps de Cassandra, éperdument invisible, chuta dramatiquement de sa monture avant de réapparaître en se téléportant au sol. L’épée antique en chuta de ses habits, pendant que le vaisseau physique de la sorcière perdait peu à peu l’animation de son sort. Une lueur rouge et violette scinda son thorax à la vue des deux mages; c’est ainsi qu’Angélique retrouva un sourire pur, candide en tenant d’une main douloureuse son cœur puis son crâne de l’autre. La sorcière millénaire transforma une pierre en panier…et commença à recueillir les chatons éparpillés au sein de son mini parc à la végétation de plus en plus luxurieuse. Elle ne semblait ni voir, ni entendre les nouveaux arrivants. Quel était donc ce sort insidieux? À la fois amnésique et conscient de sa propre fatalité? La figure illusoire de la vieille femme frappa dans ses mains plusieurs fois, et appela une autre facette sous-jacente de la déesse.
Derrière un tronc d’arbre massif, une femme à la beauté vivace et aux traits loquaces se dévoila finalement. Trois femmes se promenaient une fois de plus; symbolisant le rappel de la déesse lunaire de la magie occulte. Cette nouvelle venue portait des mains innocentes à son ventre proéminent, montrant une grossesse presque à terme. Chaque femme portait ses propres spécificités, dont le vaisseau corporel de Cassandra qui portait la chevelure violette et célèbre de la vilaine Circé – mais dont les traits ne cessaient jamais de changer au cours des décennies. Le visage de l’amnésique était le plus près de la fin de son adolescence, presque semblable à celui qu’elle arborait le jour de son union forcée. Malgré toute cette jeunesse, une aura mature et sereine –quoique douloureuse- émanait de son être entier. La figure d’Hécate enceinte secoua sa longue tresse noire puis vint aux côtés de Zatanna. Elle libéra un rire machiavélique, purement maléfiquement moqueur devant son mauvais état puis vint caresser le loup immense pour le calmer. Le nez arqué de la sexagénaire qui s’animait davantage ajouta :
« Prenez l’épée et partez! Vous empestez La Justice! PARTEZ! PARTEZ PARTEZ!!! »
Les hurlements de la vieille bique continuèrent, rendant sa voix de plus en plus agressive et caverneuse. Pendant ce temps, Cassandra de Colchide continuait de prendre soin des chatons qu’elle rassemblait. À la suite de longues minutes, elle retrouva son emplacement initial puis revint s’asseoir en leur donnant des petites collations et des caresses. Tout ce manège ne ressemblait guère à la supervilaine connue au monde entier : de plus, la nymphe ramena son serpent à l’ordre en lui demandant de revenir auprès d’eux. Certes le reptile trouva utile de ramener l’antiquité près de sa maîtresse. Il lui siffla tendrement son affection avant d’entourer sa cheville droite. Le cheval et le loup trouvèrent adéquat de s’allonger à ses côtés pour border les jeunes félidés de leur amour fraternel – bestiamorphique. Et, finalement, sa voix doucereuse leur murmura avec amour :
« Ne vous inquiétez pas. Vous serez bientôt libres. Vous grandissez si vite. »
Dans ce ton, il y avait une pointe de détresse – presque de tendresse.
Le hurlement de Fate coupe le sort d'invisibilité, de discrétion. Sa présence est soudain révélée à tous, au-dessus du jardin italien vers lequel il s'était téléporté. Mais il s'en fiche.
« MADAME ZATANNA ! J'ARRIVE ! »
Il l'a vue ; Zatanna Zatara. La Magicienne. La plus grande des Magiciennes. Une idole. Une star. Une beauté, aussi, mais surtout une femme de pouvoirs exceptionnels, et prête à tout pour aider. Une alliée, en fait ; qu'il apprécie beaucoup. Et qu'il voit, donc. Qu'il voit arriver... et qui chute. Dans un bosquet. Un piège, sûrement. Inimaginable que Zatanna Zatara chute par accident ou maladresse !
« J'VAIS VOUS AIDER ! MADAME ZATANNA ! »
Khalid Nassour modifie son vol, pour se projeter vers elle ; et il la rejoint. Même si, au moment de sa prise de contact, les conditions changent. Tout change, en fait. Pas en bien.
« Oh p'tain. »
Le jeune homme s'accroupit aux côtés de Zatanna, lui propose une main pour l'aider à se relever ; mais il ne la regarde pas. Il ne la regarde plus. Il la regarde... elle. Et elle. Et elle, aussi. Les femmes. Trois femmes. Une jeune, armée. Une vieille, agressive et vindicative. Une autre, enfin, sombre et enceinte, qui s'approche d'eux et rit ; avant que la vieille reprenne, encore.
« Bordel d'sa m... bordel. »
Il se tait ; il n'ose pas continuer. Ça sent déjà suffisamment mauvais pour éviter d'empirer la situation.
« Ma... madame Zatanna ? »
Fate grimace sous le Heaume de Thot, en se relevant.
« C'est... ça m'semble merdique tout ça, là, nan ? »
Il ne sait pas ce qu'il se passe ; enfin. Il a peur de comprendre ce qu'il se passe – car son instinct magique le renseigne, au moins sur l'identité de celle qu'ils trouvent ici. Circé. La Circé. Des légendes. Des mythes. Des saloperies d'histoires passées, qu'il croyait être de la romance... mais qui sont vraies, apparemment ; et qui font bien flipper, comme il dirait.
« Je... j'pense qu'il faut faire quelqu'chose, Madame Zatanna. »
Sans attendre, Khalid agit. Circé a déjà aidé, en fait ; il l'a croisée. Elle l'a aidé. C'était cool. Elle était cool. Elle peut encore l'être, alors. Non ? Non. Si. Peut-être. Qu'importe. Des... trucs animaux foncent vers eux ; viennent vers eux. Il n'aime pas ça. Il ne les aime pas. Il agit.
« 'Tention les yeux ! »
Le Magicien lève sa main vers les fameux animaux, et utilise sa télékinésie pour les repousser ; sèchement, mais sans trop de brutalité. Il se tourne ensuite vers la vieille femme, qui ne lui plaît pas. Il enchaîne, en utilisant sa maîtrise des éléments pour tirer de l'Eau du sol – et projeter ça vers la vieille femme ; pour la mouiller. La repousser, un peu... mais surtout la mouiller.
« Vas-y, rouille, Mémé Relou ! »
Fate se tourne vers Zatanna, et lève le pouce ; en espérant avoir bien fait. Alors que, fondamentalement, il n'a sûrement fait qu'empirer une situation déjà bien difficile...
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Re: Eery Darkness, Eery Gloomyness [Fate & Zatanna] Dim 5 Mai 2019 - 20:37
Eery Darkness, Eery GlomynessFate & Circé « Suave, mari magno turbantibus aequora ventis, e terra magnum alterius spectare laborem; non quia vexari quemquamst jucunda voluptas, sed quibus ipse malis careas quia cernere suavest. »
Ah, pourquoi fallait-il toujours qu'elle se mêle de ce qui ne la regardait absolument pas ?
C'est vrai ça, elle aurait très bien pu ignorer ce problème non ? Rester auprès de son amant à peine majeur et continuer à vivre ainsi, lâchement, en laissant les autres se débrouiller avec les problèmes magiques de ce monde et les sorcières millénaires.
- Assez.
Mais non, ce n'était pas vraiment son genre. Le sien, c'était plutôt de tomber dans un buisson devant le parc d'une sorcière mythologique où des loups se promenaient en liberté. Zee s'était servi de la main que lui avait proposé Khalid pour se relever et époussetait désormais sa robe avec agacement. Elle connaissait Circé et tout ça ne lui ressemblait pas le moins du monde. Quelque chose clochait, elle ignorait encore simplement quoi. Dans tous les cas, elle n'était pas venue ici pour faire du babysitting en gardant l'apprenti Fate et une super-vilaine renommée. Pas plus qu'elle n'avait l'intention d'entretenir la ménagerie de Circé ou de s'en aller alors qu'elle venait tout juste d'arriver. Même si Khalid s'y était un peu mal pris, il n'avait pas tort, Mémé Relou commençait à lui taper sérieusement sur les nerfs à elle aussi. La brune jeta un regard accusateur vers Circé puis ferma les yeux, se concentra sur la terre, sur les plantes, leurs racines, elle ressentit l'énergie qui se déplaçait à travers elles, le flux vital. Elle le fit sien. D'un geste et dans une incantation retentissante, d'immenses lianes sortirent du sol et emprisonnèrent les illusions que Circé avait crée. Malheureusement, elle ne pouvait pas défaire le sort d'un autre magicien, néanmoins elle pouvait toujours en limiter les dégâts. Tous les éléments de la ménagerie extraordinaire de Circé furent immobilisés et Zee en fut plus que satisfaire. Quant à Mémé Relou...
- Àl-emref, al ellieiv. *Ferme-là, la vieille.
Le son de la mamie désormais sur le bouton off, Zatanna en profita pour poser une main rassurante, quasi maternelle sur l'épaule de Fate. Elle ne voulait qu'il s'imagine qu'elle trouvait son intervention inutile, elle ne l'était pas. Peut-être qu'elle n'aurait pas eu le temps de chasser la terre de la mousseline de sa tenue s'il n'avait pas pris les choses en main.
- C'était très réussi, l'eau et la télékinésie.
Elle le pensait. Et puis, c'était important d'encourager les jeunes magiciens, même ceux qui l'appelaient "madame Zatanna". C'était toujours aussi complexant, d'ailleurs. Zee s'avança vers la sorcière d'un pas sûr, elle n'avait pas peur de Circé, elle savait qu'elle n'était pas aussi incontrôlable qu'elle voulait bien le faire croire. Elle savait qu'elle pourchassait un but concret derrière ses illusions de femme enceinte et vieille femme. La magicienne se planta devant elle, mains croisés et sourcils froncés. Elle la jaugea un instant, elle et ses chiots, puis conclut qu'elle se moquait complètement d'eux. C'eut le don de la mettre encore plus en colère qu'elle ne l'était déjà.
- Qu'as-tu fais Circé ?
La voix de la brune était sévère, ferme, elle ne plaisantait pas. Elle voulait connaitre la raison de ses agissements, la vraie raison de ses agissements. À partir de là, elle envisagerait peut-être de l'aider. Sinon...
- J'ai senti des perturbations magiques, plusieurs, et à en croire la présence de notre ami ici... je ne suis pas la seule. Tu en es la source. Alors, qu'as-tu fais et pourquoi ?
Elle en était presque à taper furieusement du talon, comme si son empressement améliorerait leur situation critique. :copyright: 2981 12289 0
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Re: Eery Darkness, Eery Gloomyness [Fate & Zatanna] Sam 11 Mai 2019 - 2:53
Lorsque l’eau toucha la vieille femme, celle-ci ne fit que passer au travers. Par contre, son image s’effaça avant de réapparaître – brisée. L’illusion divisée en cinq morceaux, son corps tenta de s’exprimer à nouveau. Toutefois, un sort la réduit au silence et efface son tronc. Autour de Cassandra, ce furent des lianes tirées de la terre qui s’emparèrent du cheval et du loup qui se reposaient sagement à ses côtés. Maintenus prisonniers, le canidé immense tenta de se débattre et manqua de se briser une patte. Ne pouvant voir Fate ou Zatanna, sous l’emprise d’un sort bien plus grand dont la complexité méritait des heures de travail plutôt qu’une seconde d’impulsivité, la princesse d’une Colchide déchue s’inquiéta en voyant une liane tenter de prendre les chatons trop petits pour être saisis. En courant, trois des sept chatons se blessèrent. Les quatre autres furent recueillies par une nymphe au cœur brisé. Quoique l’acte qui trancha définitivement l’âme de la femme en deux fut le cou brisé de l’un d’entre eux. Cassandra les embrassa un par un, tenant le petit animal – ces derniers ne furent jamais sous son emprise – décédé entre ses paumes. Elle le berça longuement, déchirant ses habits afin de le recouvrir. Ses six frères et sœurs miaulèrent à sa suite, exprimant des plaintes désespérées.
Au même instant, l’illusion de la vieille femme s’évapora aussi simplement qu’elle était apparue. L’autre illusion, celle au ventre proéminent, traversa la barrière de lianes – n’étant elle aussi qu’une piètre illusion des alter egos d’Hécate. Elle jaugea Fate puis Zatanna qui se tenait devant l’incarnation charnelle de la déesse lunaire. Ses bras se croisèrent sous son ventre, alors que son silence s’interrompit d’un sifflement très suspect. Sa tresse au crin noir tomba sur la tête de Cassandra avant de la traverser à son tour. Elle valsa plusieurs tours autour de la nymphe qui continuait de pleurer et de prier pour la prochaine incarnation du félin décédé. Lorsque les larmes s’évadèrent de ses yeux de lune, la terre à ses côtés se creusa légèrement afin de former un petit trou. Sans s’apercevoir de la visite à ses côtés, la sorcière millénaire enterra avec ses propres mains blanches en formant une tombe miniature sur laquelle elle incita ses protégés à se recueillir.
« Pourquoi devait-il mourir si jeune? »
C’était la première fois que la voix sereine, torturée et apaisante de la sorcière meurtrière s’exprimait. La nature sembla refléter le deuil vécu par son âme qui en trembla. Regardant les cieux, d’un côté comme de l’autre, Cassandra mit en lumière le serpent à sa cheville et remonta sa robe jusqu’à sa cuisse pour en extirper sa cuisse. Pendant ce temps, la future mère illusoire continua de valser autour de la magicienne en sifflant. Toujours choquée de leur présence malgré son refus officiel en ces lieux, en ce temple oublié et perdu de son culte, le visage opalescent de la femme enceinte prit enfin parole, d’une voix lasse et ennuyée :
« Monsieur Fate, Madame Zatanna, puis-je parler? Sans tours enfantins? Je n’aime pas me faire interrompre ou parler à des idiots. Je ne suis qu’une illusion : je ne peux rien vous faire. De plus, Circé est indisponible en ce moment. Essayez quelqu’un d’autre. »
Sa main désigna la nymphe qui continuait de caresser les animaux à sa portée. Elle réussit à libérer son loup également après avoir transformé une liane en anaconda. Cependant, le cheval finit par manquer d’oxygène sous cet emprise et s’en retrouva inanimé. La nymphe cria d’horreur en voyant le quadrupède, si beau et majestueux, trouver les bras de Morphée si rapidement. L’illusion continua de jouer avec sa longue chevelure puis se plaça devant le vaisseau de Cassandra pour la dissimuler. Comme une mère en quelque sorte. De plus, la sorcière plongea sa chevelure violacée dans les jupons de l’illusion sans les ressentir. Elle continua de pleurer le chaton mort et le cheval blessé par la faute des événements.
« Hécate refuse votre présence ici. Poser des questions semble aussi déplacé. »
L’illusion plissa ses lèvres puis haussa ses épaules en regardant ses ongles. Pendant ce discours, l’épée à leurs côtés – complètement négligée- se téléporta d’elle-même vers une destination bien mystérieuse. Quant à Cassandra, cette dernière commença à pleurer à chaudes larmes en enlaçant son loup. La figure maternelle continua de s’imposer pour la border de sa robe immaculée, et reprit d’un ton encore plus exaspéré – voire colérique :
« Essayez la violence, la torture et le meurtre – encore- si cela tombe dans vos valeurs. Peu importe. Allez-vous-en. »
Sur ce, l’illusion se contenta de disparaître à son tour. Des éléments végétaux devinrent à leur tour des animaux d’apparence ordinaire. L’anaconda, d’une longueur de sept mètres, entoura sa maîtresse puis avala le petit serpent dans un bruit peu rassurant. La sorcière s’inquiéta de son comportement, et le chicana sans relâche. Doucement, elle reprit son panier de chatons et leur donna à boire avec un biberon. Dissimulée dans un coin, la vieille femme au nez crochu rempli de verrues se leva de son siège, une pierre remplie de lichen. Les craquements de ses os se firent entendre à des mètres à la ronde. Elle rabattit son capuchon pour dévoiler…une tête de cheval. Celle-ci parla en hennissements, certains moqueurs et d’autres mesquins. Cassandra se retrouva soudainement la proie de long serpent dont la tête semblait démesurément plus grosse. Une rafale de spasmes et de rigidités frappèrent la sorcière dont le tronc retomba partiellement sur ses protégés. Le serpent monta sur ses épaules, passant son corps lascivement sur celui de sa maîtresse. Il prit la parole à son tour :
« Cass-ssandra, ces inconnus veulent f-z-aire du Mal à tes Bien-Aimés! Ils ont tué le plus jeune des chatons! Ils recommenceront! Ils sont ingrats, ils sont ignorants! »
Le fille d’Hécate releva enfin ses yeux, et sembla apercevoir les deux étrangers présents dans le temple de sa déesse. La sorcière cligna plusieurs fois des yeux, affrontant en même temps ses créations prisonnières et souffrantes. Elle se releva en bordant difficilement les bébés félins entre ses bras puis commença à reculer. Cette femme à l’orgueil d’acier, à la fois impatiente et pragmatique la terrorisa d’un simple coup d’œil. Un sort de protection s’activa, lançant un bouclier violet à leur rencontre. Les animaux toujours saisis commencèrent à changer de forme. La majorité prit de l’ampleur, deux d’entre eux devenant des monstres. Le premier s’apparenta à un minotaure, le second un immense reptile à l’haleine fumante. Seuls les chatons demeurèrent indemnes de sa magie, miaulant encore la perte de leur semblable. C’est alors que le vaisseau de Circé, celui en chair et en os, s’exprima pour la première fois – d’une voix si douce, si glaciale que son identité demeurait impossible.
« Comment pouvez-vous blesser des êtres inoffensifs? Comment pouvez-vous croire que votre espèce est supérieure à toutes les autres? Vous me dégoûtez. »
La silhouette gracile de la sorcière confronta les deux mages, montrant autant de sincérité que de dédain à leur rencontre. Du dédain pur : de ceux que méritent les ingrats qui ne respectent pas la vie animale à son avis dépassé de princesse de Colchide. L’anaconda prit de l’ampleur à son tour, devant se tenir aux côtés de maîtresse afin de venir l’égaliser en hauteur et en largeur. Cassandra se téléporta à une autre localisation en compagnie de ses chers bébés félins. Réfugiée au sommet d’un arbre, car elle croyait y être en sécurité, la sorcière d’Hécate les berça en regardant par-dessus son épaule avant de leur donner de nouveau toute son attention et toute son affection. C’était ce qu’ils méritaient, ces belles petites créatures.
Pendant ce temps, les monstres devenus énormes affichèrent des allures menaçantes. Ils se concertèrent du regard dans un long silence en dévoilant des allures affligées, jaugeant à leur tour Fate et Zatanna. Le plus grand du troupeau des cinq, un taureau mi-homme se leva sur ses pattes arrières et vint placer un genou en terre tels les chevaliers des temps anciens. Les bestiamorphes s’abstinrent d’approcher, mais le minotaure au crin noir darda la fille de Zatara du regard et usa sa voix caverneuse pour les avertir :
« Laissez ma maîtresse en paix. »Une pause. Les perles de sang qui composaient son regard vacillèrent entre les deux mages avant de se reposer sur l’image fantasmagorique de sa princesse de Colchide.
« Je me nomme Rafael. Je suis un serviteur de Circé depuis plusieurs millénaires. Suivez mon conseil, je vous en prie. Ma maîtresse est malade, et refuse la guérison. Nous respectons sa volonté. »
Au cœur de cet élan de sincérité, la vieille sorcière aigrie ricana tout à coup. Le monstre aux cornes gigantesques lui balança une roche. Évaporée, Rafael continua d’utiliser la voix humaine qu’il détestait tant afin de donner aux mages ce qu’ils voulaient :
« Hippolyta Milton, la fille de Circé et d’Arès, manipule sa mère. Elle est son pantin. Au cœur de la maladie, le vaisseau d’Hécate n’arrive pas à combattre ceux qui la contrôlent. Il y en a plusieurs : les visages de la Haine et de la Guerre sont nombreux. »La bête toussa, rugit légèrement et fut interrompu par l’anaconda qui commença à lui siffler des bêtises. Le mastodonte l’étouffa dans sa main droite et le jeta au loin.« Lyta a décidé de protéger notre maîtresse en construisant une protection autour d’Aeaea. Elle rassemble des artefacts sacrés pour cette raison. Nous ne savons rien d’autre. Veuillez partir. »
Se reposant sur ses pattes arrières de nouveau, le minotaure vint garder le pied de l’arbre de sa maîtresse. Sans un mot supplémentaire des créatures mystiques, la horde de Circé vint à son chevet – reprenant leur place dans la végétation. La sorcière qui leur tournait le dos continua de serrer ses préférés dans ses bras, écoutant les gémissements gutturaux de ses bestiamorphes qui s’inquiétaient de la présence de ceux qui violaient leur sanctuaire. Cassandra posa une main contre l’écorce de l’arbre, dévoilant des veines remplies d’un liquide noir et opaque. La sorcière posa ses yeux de lune sur les étrangers – une intensité hypnotique s’en dégageait- en les jugeant sauvagement. Son seul souhait demeura de les voir bientôt envolés de son oasis de paix.
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Re: Eery Darkness, Eery Gloomyness [Fate & Zatanna] Sam 11 Mai 2019 - 21:10
« P'tain. »
Le juron est direct, et un peu vulgaire ; mais il vient du cœur. Et définit très bien les sentiments de Khalid Nassour, face aux différents événements subis jusque-là – et aux révélations brutales auxquelles il doit faire face, avec sa formidable alliée.
« Ma... Madame Zatanna ? »
Debout, face au minotaure qui parle, il tourne légèrement sa tête vers la Magicienne ; et grimace, sous le Heaume de Thot.
« C'est... ça pue, nan ? »
Quelques instants avant, il pensait maîtriser la situation – il pensait même avoir bien agi, pour s'en prendre à la Mémé Relou, pour repousser le reste ; pour gérer. Il se trompait. Lourdement. Et les rebondissements n'ont cessé de le confirmer, à son grand désespoir.
« Nan ? »
Des animaux sont morts, par leur faute ; d'autres ont été créés. Certains ont changé – d'autres non. Et bien d'autres événements ont eu lieu. La Réalité elle-même a été modifiée, autour d'eux, et le duo de mystiques est plongé dans l'illustration même de la psyché fragmentée de Circé ; et ça fait mal. Autant que ça inquiète, et touche également.
« Elle... elle va mal, hein ? »
Fate soupire, sous le casque ; ses mains commencent même à trembler. Il a peur. Il est perdu. Il est rongé, même, par ce qu'il vient d'entendre – ce qu'il comprend, aussi. Circé va mal. Circé est torturée. Circé est brisée. Circé est anéantie, même. Circé est manipulée... par sa fille. Qui entend la briser, qui tente de l'anéantir entièrement... et qui récolte des artefacts, pour se préparer ; pour s'améliorer, et intensifier son contrôle.
« Elle va très mal. »
Sa voix se fait plus dure, plus sèche. Ses poings se serrent. Sa respiration s'accélère.
« Elle a besoin d'aide. »
Comme lui ; comme lui en a eu besoin, quand il est arrivé des Enfers, poursuivi par l'invasion de Lord Satanus et Lady Blaze. Et Circé est venue l'aider – elle est venue le secourir, et elle a participé à la résistance. Elle l'a aidé ; elle l'a vraiment aidé. Et elle a besoin d'aide, là.
« Madame Zatanna. »
Il lève lentement son poing, qui s'enflamme ; qui brille de puissance dorée, qui s'intensifie. A mesure que la fureur monte, en lui.
« Je... j'sais que j'débute. J'sais que j'suis tout nouveau, dans ce domaine. Mais... »
Le Magicien prend une grande inspiration, et se crispe vraiment.
« J'supporte pas, quand quelqu'un est manipulé ; quand quelqu'un est torturé. Surtout... surtout quelqu'un qui m'a aidé. Surtout quelqu'un qui semble avoir déjà trop souffert. »
Il ferme les yeux, puis se concentre ; vraiment. Au point que son corps entier commence à briller, intensément.
« J'connais pas grand-chose d'Circé, mais... mais un minotaure vient d'nous parler ; ce qui est fou, déjà. Un minotaure vient d'nous parler, et d'nous dire que Circé est manipulée par sa fille. Qui arrive à dominer sa mère, la grande sorcière. Okay. Okay. »
Khalid prend une grande inspiration... puis claque des doigts. Tout change, alors.
« Voyons c'que la gamine va faire... »
Tout change, parce que Fate lui-même change... ... et prend une allure bien différente !
« … face à son daron. »
L'illusion est lancée ; Khalid a désormais l'allure d'Arès, Dieu de la Guerre de l'Olympe... et ancien compagnon de Circé, et père de Lyta. Fate prend une grande inspiration, et s'avance pour suivre le minotaure. L'illusion se poursuit, s'intensifie.
« Hey ! Créature ! »
Ses pas sont lourds. Son aura est puissante. Sa démarche est terrible. Khalid devient bon, à ces petits tours ; il espère juste que ça sera suffisant, pour ce qu'il prépare.
« Mène-moi à ma fille ; maintenant. Mon évasion du Tartare m'a poussé à adopter le corps du jeune Magicien, mais je comprends que mon enfant a désormais les pouvoirs suffisants pour que je l'honore de ma véritable apparence. »
Il croise les bras, et adopte une posture arrogante, suffisante ; celle qu'il imagine digne d'Arès, sur lequel il a potassé, heureusement. Comme quoi, ça peut servir de consulter les dossiers occultes... même s'il devrait vraiment s'occuper de ses études, avant d'être définitivement viré de l'Université ! Mais il s'en occupera plus tard ; s'il y a un plus tard, après cette fichue journée...
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Re: Eery Darkness, Eery Gloomyness [Fate & Zatanna] Dim 26 Mai 2019 - 5:43
Eery Darkness, Eery GlomynessFate & Circé « Suave, mari magno turbantibus aequora ventis, e terra magnum alterius spectare laborem; non quia vexari quemquamst jucunda voluptas, sed quibus ipse malis careas quia cernere suavest. »
Zatanna aurait bien aimé pleurer sur le sort des chatons, mais il lui semblait avoir d'autres chats à fouetter. Sans mauvais jeu de mot.
Au fur et à mesure que la situation avançait, Zee comprenait. C'était pourtant bien compliqué de saisir quoi que ce soit, au milieu de cette ménagerie magique et de ces informations qu'elle recevait à tour de bras et qui n'étaient pas toutes très utiles. Néanmoins, Zee comprenait. Circé allait mal, et c'était à cause de sa fille. Sa fille la manipulait, profitait de l'amour qu'elle lui portait pour l'obliger à faire des choses, des choses que la sorcière n'aurait peut-être pas fait en temps normal. Peut-être pas oui, mais on ne savait jamais à quoi s'attendre avec Circé, alors...
- Très bien, j'aimerais...
Et puis Fate se mit à parler.
Fate se mit à agir.
Et Fate se mit à prendre de grands airs comme en prennent les grands magiciens.
Zatanna se rendit compte qu'elle l'avait peut-être un peu sous estimé, le petit. Peut-être qu'il méritait son attention, et peut-être même qu'il méritait quelques conseils pour être encore meilleur. Peut-être aussi que sa rancoeur envers lui n'avait rien à voir avec la façon dont il faisait de la magie, mais plutôt celle qu'il avait de lui rappelait son grand âge. Zee ne voulait pas se rappeler de son grand âge. Zee... se pensait immortelle.
- Oh...
Désormais, Fate ressemblait en tout points à Arès. L'illusion était réussie, réellement réussie. Bon évidemment, il ne la battait pas encore, pas sur son propre terrain, pas ici, pas maintenant, mais l'illusion était réussie. Convaincante. Et l'idée était bonne.
- Et bien...
La brune s'éclaircit la gorge, fit de son mieux pour ne pas sourire, puis prit la parole une nouvelle fois. Finalement, Fate avait peut-être manqué une carrière de comédien.
- Vous avez entendu mon frère ? Qu'on nous amène à ma nièce.
Et peut-être même qu'elle aussi, en avait loupé une. Après tout, il y avait une partie de comédie dans la prestidigitation. Zatanna avait revêtu le costume d'Eris, déesse de la discorde et soeur d'Arès, qui l'accompagne souvent au combat. Et oui, elle aussi connaissait l'Iliade. Après avoir discrètement prononcé une de ses formules inversées, les cheveux de Zatanna avaient pris de la longueur, étaient devenus plus noirs, ses yeux aussi avaient noircis et sa robe d'été avait été transformée en armure lourde et imposante. En quelques mots, elle en jetait.
L’idée phare du jeune Fate demeurait exceptionnelle – à l’exception des dernières circonstances qui avaient accompagnées le dernier rendez-vous entre Arès et la Grande Sorcière. Dès l’apparition et le spectacle du dieu et de sa sœur, les bestiamorphes réagirent en vague. Chacun exprima autant le dédain que la surprise. Rafael tenta de calmer ses compères, mais les animaux voulurent attaquer férocement Fate et Zatanna. Le loup tenta de mordre le dieu de la guerre, et le serpent s’attacha à la cheville de la prestidigitatrice dans l’espoir de l’empoisonner avec ses crocs. Ils murmurèrent tous sourdement, causant leur chef à les sermonner un par un. Puis, de toutes les âmes prisonnières de leur chair et conscientes, la moins attendue releva enfin son visage vers ceux déguisés d’illusions. Les yeux argentés de Circé se promenèrent sur l’environnement, sur ses alliés mythologiques et les indésirables… L’humidité pesante allait tomber. Le soleil s’était caché parmi des nuages sombres, noirs. Ils rentrèrent en collision, causant du tonnerre dans l’horizon. Ce ne fut pas la conscience de Circé qui était une surprise, mais sa colère : profonde, pestilentielle, torrentielle.
Et cela ne s’arrêterait pas. Jamais. Elle cria les prochains mots avec une souffrance sans nom, sans fin.
« Pourquoi m’as-tu laissée pendant quinze ans hurler de souffrance dans cette cage? Sans me dire à quel endroit tu as emmené notre fille! PARS! VA-T-EN! JE NE VEUX RIEN ENTENDRE DE TOI! » « Maîtresse! Êtes-vous présente? »
Demanda le minotaure qui observa la sorcière disposer des chatons dans un buisson après s’être téléportée, et de leur demander de ne pas errer trop loin. La silhouette gracile du vaisseau d’Hécate se redressa, les cheveux en bataille presque hérissé au sommet de son crâne. Elle s’approcha dangereusement, fronçant les sourcils, jetant de la terre qui se métamorphosa en chaînes sur eux.
« Mais… »
Cassandra se calma de nouveau, clignant des yeux plusieurs fois. Soudain, elle semblait attendre quelque chose, une aura ou un parfum d’âme de guerre et de la discorde : les limites de sa clairvoyance frôlait sa raison, lui rappelait les terribles pressentiments que la simple présence du vrai dieu de la guerre lui avaient laissé dans le passé.
« Je vous ressens pas…»
La déesse recula de plusieurs pas, titubant vers le minotaure qui la recueillit sous sa main droite. Des tremblements la percutèrent, tandis qu’elle commença à cacher ses yeux de plus en plus sombres – violacées de violence, de tendances assassines. La sorcière sembla se lamenter, ou étouffer ses plaintes sous les paumes de ses mains. C’est ainsi que ses créatures devinrent de plus en plus inquiètes quant à l’état psychologique de leur maîtresse qui paniquait dans l’ombre du minotaure. Les vagues de Circé vinrent encombrer sa vue, hanter la courbe de ses hanches et la noyer sous sa propre insécurité. L’amnésique laissa Rafael la prendre sur son épaule, lui parler en langue ancienne afin de la ramener à son calme précédent. Rien ne fut efficace.
Seulement, du haut de son chaudron, Lyta piqua le cœur de sa mère dissimulée dans sa boîte de Pandore. L’Avatar d’Hécate s’alluma soudainement d’une lumière divine, étoilée de menaces. Elle semblait dissipée dans une nouvelle âme : prisonnière d’une autre pensée que la sienne. En craquant son cou, la sorcière laissa entrevoir ce qui manquait en son sein : un trou béant, abyssal, noir prenait place dans le milieu de son thorax. Ses vêtements écartés purent le révéler enfin, pendant que le bestiamorphe dut relâcher la Grecque qui se téléporta derrière l’étrange duo en diffusant plusieurs rafales de magie contre eux.
« Vous n’approcherez jamais de mon trésor! Vous ne lui ferez aucun mal tant que je respirerai! »
Sa langue claqua, pendant que son regard si clair s’empesta d’une lumière sombrement bleu. Ténébreuse, Circé hurla dans un ricanement de vieillarde, sereine et confortée de sa propre misère. Elle tiquait, bougeait sans le faire sur place. Ses bras semblaient se multiplier, de même que ses visages devinrent un trio d’expressions affreuses. Les traits blafards, Cassandra se plaça à la gauche, tandis qu’Hécate prit la figure maternelle et protectrice au milieu. Circé se révéla sur la droite, se moquant éperdument des magiciens sous ses yeux. Le minotaure vint charger à la rencontre des faux dieux, tandis qu’une rafale perdue de la sorcière vint trancher des feuilles d’arbre qui tombèrent par-dessus le duo. Toutefois, au milieu de leur chute, les végétaux se métamorphosèrent en veuves noires et en mamba noirs! La femme et ses deux visages illusoires se téléportèrent loin d’eux, argumentant l’une avec l’autre – ne pouvant aucunement cacher la discorde et la guerre entre chacune de leurs personnalités. Les hurlements entre les trois figures de la déesse lunaire continuèrent, s’intensifièrent. Les bestiamorphes semblèrent arrêter leurs offenses, de même qu’ils attendaient la suite curieuse des déboires de leur maîtresse.
Le plan est bon. Et Fate l’applique intelligemment, validé et même aidé par Zatanna, qui suit son idée et se change aussi pour devenir une déesse grecque. La Magicienne l’ignore, mais le simple fait de considérer que sa stratégie est valide et de la suivre rend Khalid Nassour tout ému, tout penaud ; touché, tout simplement, qu’une professionnelle, qu’une idole trouve qu’il ne fait pas une bêtise. Mais il n’a pas le temps, hélas, de s’en réjouir ; car si le plan est bon, il s’écroule malheureusement au fil de rebondissements contre lesquels il ne peut rien.
« P’tain. »
Il est surprenant d’entendre Arès, terrible dieu de la guerre, jurer ainsi ; surtout maladroitement. Mais la stature immense, l’illusion superbe réalisée par la Magie du Heaume de Toth n’a plus de sens, hélas. Car les adversaires véritables de Zatanna et du jeune Magicien ont pris conscience de leur attaque… et la fille maudite de Circé s’en prend directement à sa mère, pour que le soupçon explose ; pour que la folie se déchaîne. Pour que le duo de Héros soit littéralement agressé par la fureur magique de la sorcière immortelle.
« Fais chier. »
Le plan était bon, oui ; mais pas assez. Et tout s’écroule, alors. Si Circé a d’abord cru que son ancien amant se trouvait devant elle, hurlant toute sa juste colère et s’en prenant à lui, les capacités de Fate ont permis de se protéger, avec Zatanna ; ça se passait bien. Mais ça n’a pas duré. Car Lyta a compris. Car Lyta a agi. Car ils n’ont plus maintenant qu’à subir la rage absolue de Circé… qui déchaîne littéralement les enfers et ses pouvoirs sur eux.
« C’est… ça… ha p’tain ! »
Khalid a dressé un bouclier devant Zatanna et lui ; mais il sait que sa défense ne durera pas. Pas s’il doit maintenir cette foutue illusion. Sans un mot, il se crispe sous le Heaume de Toth – et il change. Adieu la stature immense du dieu ; rebonjour le jeune homme en habits civils, avec cet étonnant et brillant casque.
« Ma… MADAME ZATANNA ! »
Il hurle. Il doit hurler, car la puissance déchaînée par Circé est aussi terrible que bruyante. Le bouclier, créé à la hâte, tient – mais ça ne durera pas. Tout le monde le sait, ici. Et il doit agir.
« J’VAIS PAS TENIR ! »
Sans s’en rendre compte, Fate met un genou à terre ; les bras figés devant lui, crispés dans une crampe terrible. Le bouclier tient. Mais s’effrite, bien trop rapidement.
« ET… ET J’PENSE QU’C’EST PAS UTILE QU’VOUS M’AIDIEZ ! »
Son visage se brise en une grimace triste, sous le casque.
« FAUT L’AIDER, ELLE ! FAUT LA SAUVER… ELLE ! »
Il tremble ; le bouclier craque, se brise de tous côtés.
« A… ARRETEZ-LA ! ARRETEZ LA… LA MARIONNETTISTE ! »
Difficilement, douloureusement, Khalid se retourne vers Circé ; vers ce bouclier, qui va s’effondrer sous une minute.
« Je… j’gagne du temps… »
Et il le fait, alors. Sans attendre, sans patienter que le bouclier craque de lui-même, Fate le stoppe – et frappe brutalement le sol, avant que les énergies ne viennent le toucher. Un choc terrible s’en échappe, et annihile les tentatives de Circé ; mais ça ne durera pas.
Khalid se projette dans les airs, s’habille d’une armure dorée de chevalier, et prend une grande inspiration. Okay, pense-t-il ; c’est une foutue mauvaise idée – mais il n’y en a pas d’autres.
« Hey, meuf ? Viens me circé, j’suis là ! Ha ! »
Plus ses blagues sont bonnes, plus Fate est à l’aise. Il est donc proprement terrifié, là – mais il se bat, quand même. Il utilise sa maîtrise des éléments pour lancer des bourrasques terribles contre les animaux, pour créer des prisons de terre contre Circé, pour enflammer ses attaques, pour liquider ses contre-attaques. Il enchaîne avec une puissante télékinésie pour la bloquer, et distribue de terribles décharges de Magie ; il se déchaîne, aussi. ;
Mais il sait que c’est vain. Mais il sait que Circé est plus forte. Il le fait quand même ; pour gagner du temps. Pour laisser à Zatanna Zatara l’opportunité de s’en prendre à Lyta… de sauver Circé. Le monde, aussi. Et lui, accessoirement !
Eery Darkness, Eery GlomynessFate & Circé « Suave, mari magno turbantibus aequora ventis, e terra magnum alterius spectare laborem; non quia vexari quemquamst jucunda voluptas, sed quibus ipse malis careas quia cernere suavest. »
Ah, c'était trop beau pour ça dure.
Leur petit numéro aurait pourtant été bien sympathique à jouer plus longtemps. Si seulement ils avaient réglé les choses ainsi, elle n'aurait pas eu besoin de se battre, elle n'aurait pas eu besoin de se téléporter, elle n'aurait pas non plus eu besoin d'utiliser sa précieuse magie pour quelque chose d'aussi triste que ça. En fait, elle n'aurait pas eu besoin de bouger ses fesses et ça lui aurait très bien été. Peut-être que c'était l'Italie qui la rendait aussi fainéante, ou peut-être était-ce son instant shopping. Quoi qu'il en soit, la brune n'avait pas très envie de se battre, encore moins contre Circé qui pouvait s'avérer particulièrement... tenace.
Et c'est à ce moment là, que Fate la sauva.
Enfin pas tout à fait, il ne lui demandait pas non plus de s'acheter un nouveau maillot de bains pour ensuite aller le tester sur une plage italienne pendant qu'il réglait tous leurs soucis. Il lui demandait de s'occuper de la personne démoniaque qui avait le coeur de Circé et la poussait visiblement à faire des choses qu'elle n'aurait pas fait d'elle-même. Ce n'était pas exactement des vacances, du moins pas selon sa définition. Pourtant, petit Fate lui épargna une lutte inutile contre Circé en prenant les devants du combat. Elle devait d'ailleurs avouer qu'il se débrouillait disons... fort bien.
- D'accord, pas de souci, je vais faire ça.
Bah oui, ce serait pas mal. Merci beaucoup Zatanna, maîtresse de la magie, princesse de la prestigiditation, tout ça tout ça. Pourquoi princesse d'ailleurs ? C'était ridicule comme surnom, princesse de la prestigidation. Est-ce qu'ils sous-entendaient en l'appelant comme ça qu'il y avait une reine quelque part et qu'elle était un rang en dessous d'elle ? C'était parfaitement inacceptable, elle se chargerait de...
Oui. Bon. Oui. Circé, Fate, Lyta, tout ça. Oui.
Avec un soupir, la magicienne se téléporta. Elle savait exactement où aller puisque Lyta s'était trahie en intervenant à distance et Zatanna comptait bien provoquer une petite réunion de famille en amenant la gamine à sa mère. En un éclair, la magicienne trouva la fille de Circé et la ramena avec elle à l'endroit où Fate luttait contre les attaques de la sorcière.
- Toi, si tu fais quelque chose de stupide, je te transforme en alpaga des montagnes.
Menace qui pouvait paraitre dérisoire, mais qui savait réellement à quoi ressemblait la vie d'un alpaga des montagnes ? Si ça se trouve, c'était terrible. N'empêche qu'elle ne pouvait pas imaginer faire bien plus que ça, puisqu'il s'agissait tout de même de sa fille et que la malmener ne ferait qu'apporter encore plus de souffrance à Circé. La seule façon de régler ce problème, c'était en raisonnant la plus jeune et ça... ce n'était pas gagné. Lui tenant fermement le bras, Zee l'obligea à regarder sa mère se battre contre ce pauvre Fate qui apprenait le métier bien durement.
- Regarde.
La bouche fort près de son oreille, Zatanna se risqua à murmurer ces quelques mots quand bien même cela donnerait des envies de meurtres à la jeune femme.
- Regarde, ce que tu as fait.
Et elle libéra son bras, lui jettant un regard accusateur, presque mauvais.
- C'est à toi de choisir, soit on se bat, soit tu mets un terme à tout ça.
Quelques flammes vinrent lécher les doigts de Zatanna, et ce dans l'unique but de dissuader Lyta.
- Mais si tu choisis de te battre.
Les flammes s'intensifièrent, devinrent plus menaçantes en obéissant à la voix de la brune. Même si ce petit tour pouvait en impressionner quelques uns, ce n'était pourtant qu'un très faible échantillon de ce dont elle était capable. Zee leva de nouveau son regard vers elle alors que les flammes devinrent des boules de feux incandescentes naissants au creux de ses mains et embrasant l'air au fur et à mesure du temps.
- Sache que je gagnerai.
Et elle n'en avait pas envie. Elle n'avait pas envie de recourir à la violence une fois de plus pour faire entendre raison à quelqu'un, elle aurait tant aimé pouvoir régler tous les problèmes du monde rien que par la discussion. Elle espérait que Lyta serait de son avis, et libérerait sa mère de son emprise. :copyright: 2981 12289 0
La femme aux trois visages, aux trois personnalités, combattait le jeune Fate : chacun semblant reprendre le dessus selon l’afflux de leur magie. Certes Circé et Hécate se montraient impitoyables et cruelles, tandis que leur troisième facette se cachait le visage dans ses mains. Certes lorsque Zatanna revint des limbes, la déesse abandonna ses défenses et se laissa distraire par leur numéro. Quelle bande d’imbéciles, pensa Hippolyta Champagne lorsque Zatanna Zatara vint en personne la chercher sur Aeaea au milieu de ses potirons et de ses portails. Elle ne put contenir sa joie de revoir sa mère en mauvaise posture contre le jeune Fate. Décidément, le Destin semblait se jouer d’elle afin de la mettre en position de narratrice. Tristement, Lyta se dégagea de l’emprise de Zatanna puis haussa les épaules devant ses remarques acerbes.
« Vous êtes des imbéciles. Vraiment, vous êtes tellement imbéciles tous les deux que je ne veux rien vous dire. » Hippolyta releva son minois de guerre en direction de sa mère en plein combat puis lui hurla à tue-tête : « HEY MAMAN! CES IMBÉCILES VEULENT ME FAIRE DU MAL! SURTOUT ZATANNA! »
La Grande Sorcière interrompit ses attaques envers le jeune Fate puis regarda cet énergumène qui osait la semer de lui obéir.
« Qui êtes-vous? » « Maman, aide-moi. » « Je vous ai posé une question. Poliment, en plus. » « Je suis ta fille, Lyta. Tu es malade, et je prends soin de toi. Maman, je t’en prie, ressaisie-toi! »
Dévastée, la fille fixait sa mère pendant que le jeune sorcier continuait de les empester de sa magie divine. La Grande Sorcière interrompit ses sorts malicieux puis ordonna à ses bestiamorphes de reculer davantage.
Incertaine, Cassandra vint chercher Lyta en se téléportant auprès d’elle… Elle l’examina sous tous les angles : de son regard couleur sang à ses boucles aussi violacées que les siennes, de sa taille fine à ses formes plantureuses puis elle regarda sous sa jupe afin de trouver une tache de naissance en forme de croissant de lune au niveau de sa cuisse droite intérieure. La femme, disciple de la déesse lunaire, releva son faciès argenté vers les intrus, car ils le demeuraient toujours.
Cassandra pencha la tête de gauche à droite, jaugeant ces inconnus et les voyant désormais avec une lucidité plus limpide que jamais. La femme ne retrouva que son seul et unique visage. Elle claqua des doigts, et son minotaure gigantesque Rafael revint la chercher en posant un genou contre le sol tel un chevalier. La voix pure de la nymphe interrogea :
« Ai-je une fille? » « Oui, maîtresse. » « Pourquoi sommes-nous attaqués par ces…étrangers? » « Ils veulent les artefacts, maîtresse. Ceux que votre fille vous a demandés. »
Contre toute attente, Cassandra sembla s’illuminer d’une lueur argentée. La sorcière d’Hécate recula d’un pas, se téléporta dans leur appartement italien, employa un sort de sac à main, fit un tour rapide à leur demeure sur Aeaea, refit le même sort puis se téléporta de nouveau devant Fate et Zatanna. Pendant ce court périple, Lyta jeta à la fille de Zatara :
« Par votre faute, ma mère sera tellement vulnérable que même le plus bas de gamme des sorciers pourra la posséder! Je faisais ce plan pour protéger Cassandra des méchants! Vous avez ruiné ma seule solution! Elle ne pourra jamais être en paix! Elle continuera d’être le jouet des autres par votre faute! Bande de poires bonnes à rien! »
Et tout à coup, une montagne d’artefacts magiques tomba aux pieds des deux magiciens. Cassandra se téléporta de nouveau près de ses chatons restants, et les dorlota dans une tranquillité toute candide. Lyta, complètement furieuse, leur hurla à plein poumons :
« Vous ne reconnaissez pas ce sort. VRAIMENT? Mais, vous êtes d’une idiotie ÉPOUVANTABLE! Comment pouvez-vous vous qualifier de grands sorciers si vous ignorez ce sort? C’est INCURABLE! ET MA MÈRE NE VEUT PAS D’AIDE! AVEZ-VOUS REÇU LE MESSAGE? CIRCÉ VEUT RESTER COMME ÇA! C’EST CLAIR?»
Surprise, Cassandra de Colchide se retourna vers sa présumée fille et haussa un sourcil. La grande Sorcière pencha la tête sur le côté, dévoilant une myriade de boucles blondes lorsqu’elle approcha cette femme qui lui ressemblait tellement sans pouvoir être aussi candide qu’elle-même.
« Hum, Lyta. Est-ce ton nom? Ils ont leurs…trucs. Ils vont partir, j’imagine. Sinon, ils sont méchants et nous devrions appeler les autorités. N’est-ce pas? » « Maman, redeviens Circé. Allez! J’en ai marre de Cassandra, moi! T’es tellement plus furieuse et méchante et puissante quand tu es toi-même! Je t’en prie, maman, ta fille t’aime mieux en méchante sorcière! »
Sur ces mots sanglants, Lyta se téléporta au dos de sa mère et vint saisir le bijou au motif lunaire qui pendait de son immense chevelure : elle tira dessus, faisant hurler Cassandra qui jeta une rafale de magie sur sa propre fille afin de s’en libérer. Des larmes sur les tempes, la tristesse infinie de son regard rosée s’ancra sur eux – tous.
« Laissez-moi tranquille. Par pitié; je veux vivre simplement, et mourir en paix – oubliée.»
La voix, cette fois-ci, hautaine et dédaigneuse de la sorcière révéla le fond de sa pensée lorsque Cassandra finit par rependre son profil d’innocence sous une crinière argentée. Le faciès de Lyta dont le regard de sang se clora sur des larmes lourdes, pendant qu’elle reculait de voir sa mère ainsi, de la voir si paisible dans le pèlerinage jusqu’à sa fin ultime. Elle croisa ses bras sous sa poitrine, trembla sous le frisson du refus permanent de Circé de revenir la retrouver dans leur havre de mensonges et de malices. La fille d’Arès fixa le sol longtemps avant de se téléporter hors d’ici, hors du champ de ruines de son plan si savamment préparé. Quant à l’avatar d’Hécate sous le charme de sa Pensée Chimère, elle ramassa le panier remplis de chatons puis vint les dorloter un par un en leur chuchotant des mots d’amour. Et elle s’en alla dans la joie et l’allégresse au cœur d’une nouvelle balade sans sorciers –bons comme mauvais.
Zatanna Zatara suit le plan de Fate... qui en est touché, sincèrement. La Magicienne accepte sa stratégie ; carrément. L'une des plus grandes Héroïnes du monde, une mystique légendaire, une guerrière magique extraordinaire... valide son idée. C'est parfait. C'est parfaitement parfait. Quel dommage qu'il doive combattre une soircère surpuissante et complètement barrée pour appliquer ledit plan !
« P'tain. »
Khalid Nassour se bat. Beaucoup. Fort. Autant qu'il peut ; autant qu'il le doit. Il ne cèdera pas, il le jure. Il ne fera pas tout foirer. Ils ne perdront pas à cause de lui. Il le jure. Il ne perdra pas. Pas aujourd'hui. Pas devant Zatanna.
« Ha ! »
Plusieurs rafales d'énergie s'échappent de ses mains, et de la puissance héritée du Heaume de Toth ; mais il a conscience qu'il ne gagnera pas, ainsi. Circé est trop puissante. Lui ne l'est pas encore assez, même s'il sera à terme le plus grand Magicien de son époque... car il ne l'est pas encore. Il demeure en formation. Même s'il se débrouille au mieux, pour empêcher Circé de mettre la ville à feu et à sang – bien que cela ne soit plus nécessaire, finalement.
« H... hein ? »
Les attaques s'arrêtent ; la fureur s'apaise. Et la suite... la suite se passe vite. Il n'est pas sûr que ça se passe bien, aussi.
« Heu. »
Circé quitte la zone de combat ; elle rejoint Zatanna et sa fille. Elle n'est pas la seule – Fate la rejoint. Les rejoint. Et il écoute.
« Hem. »
Khalid grogne, légèrement, en errant derrière Zatanna ; en rôdant. La discussion est terrible. Lyta semble vouloir protéger sa mère, mais d'une mauvaise façon... et la réponse est brutale. Circé ne la reconnaît pas, interroge même le Minotaure ; Lyta explose. Puis Circé la rejette. L'attaque. La blesse, même. Avant que tout s'arrête... avant que Circé s'écroule, et libère une complainte à briser n'importe quel cœur.
« P'tain. »
Le jeune Magicien est mal à l'aise – il voit les artefacts ramenés par Lyta, et il sait que c'était l'objectif ; mais la situation de Circé et de sa fille le touche. L'émeut, même. Il sent leurs détresses. Il sent leurs peines. Et... il n'aime pas cela ; il n'aime pas les voir ainsi. Il n'aime pas voir quiconque ainsi.
« Je... »
Fate s'approche, et vient se poser aux côtés de Zatanna ; il lève sa main. Et une aura dorée entoure les artefacts.
« Je... j'peux proposer... quelque chose. »
Khalid esquisse une légère grimace, sous le casque, mais enchaîne. Les artefacts disparaissent ; ce problème est réglé. Passons à l'autre.
« La... la Tour du Destin. »
Il lève sa main, et un hologramme apparaît.
« Un endroit pro... protégé de toute Magie. De toute attaque. Un sanctuaire. Si... si vous êtes mal, si vous subissez... une attaque, ou un sort, la Tour du Destin pourra aider à le briser. A vous libérer. Et... et si vous voulez juste un havre de paix, vous... pourriez y accéder ; quand vous voulez. »
Dans certaines zones protégées ; mais l'offre est réelle.
« C'est... ça peut vous aider. Ça va vous aider. Je... j'propose ça. J'propose ça, pour que vous puissiez vivre comme vous l'voulez... comme ça, ou comme avant. La Tour permet autant d'revenir à avant, que d'avoir un havre de paix au cas où. »
Il esquisse un léger sourire, sous le casque.
« C'est... c'est à vous de choisir. C'est à vous de choisir votre destin. Si vous acceptez. »
Khalid glousserait, habituellement, après une telle réplique ; il ne le fait pas. L'instant est trop touchant, intime. Il attend, alors. Les artefacts ont été repris, évacués – la mission initiale est remplie ; à voir maintenant ce que l'épilogue donnera. Et si Fate parviendra également à aider Circé !
Eery Darkness, Eery GlomynessFate & Circé « Suave, mari magno turbantibus aequora ventis, e terra magnum alterius spectare laborem; non quia vexari quemquamst jucunda voluptas, sed quibus ipse malis careas quia cernere suavest. »
Une nouvelle fois, les événements prirent une tournure que personne, absolument personne n'aurait pu prédire.
La fille de Circé hurla une bonne dizaine de fois qu'elle n'était qu'une sombre imbécile et mentionna aussi qu'elle et Fate venaient d'anéantir son plan pour protéger sa mère. Soit, elle pouvait comprendre sa colère. Elle savait que la solution que Lyta avait employé n'était pas la bonne, mais elle comprenait ce besoin de protéger ses proches par tous les moyens. Et malgré ses grands airs de petite fille capricieuse, elle était persuadée que la jeune fille aimait sa mère et souhaitait réellement la protéger. La détresse de Cassandra aussi, elle n'en avait jamais vu d'aussi belle, d'aussi innocente, d'aussi pure et terrifiante. Si Lyta avait raison sur un point, c'était bien celui-ci. La sorcière n'allait pas bien, elle souffrait et leur intervention n'avait probablement rien arrangé. Les manipulations de sa fille non plus. Cassandra souhaitait mourir, et elle, elle se refusait ce simple fait. Elle s'y refusait complètement.
Elle aurait sûrement pris la parole à ce moment là, lorsque Circé avoua sa terrible envie. L'échange avec sa fille avait été violent, pas seulement dans leurs mots, mais ce qu'elle venait de dire l'était encore plus. Sa voix dévoilait une honnêteté qui ne pouvait pas être ignorée.
Mais Fate la coupa dans son élan.
Il dévoila au même coup la solution, bien meilleure, qu'il proposa à la mère et à la fille. Zatanna en était presque fière, bien qu'elle n'eut aucune raison de l'être. Elle ne l'avait pas formé et elle n'y avait même pas pensé, alors elle n'avait vraiment aucune raison d'être fière. Pourtant, elle l'était. C'était sans doute son instinct maternel qui parlait et qui la poussait à agir comme une mère fière de sa progéniture lorsqu'elle lâchait un pet, un rot, ou un brut qui ressemblait très vaguement à un mot. Et le pet que Fate venait de lâcher était assurément un pet qui méritait de l'attention et qui méritait qu'on soit fier de lui.
Et ça lui donnait envie de lui tapoter les joues et de lui frotter la tête.
Elle ne fit pourtant aucun commentaire si ce n'est lui adresser quelques regards d'encouragement qu'elle essayait de rendre aussi performants dans le domaine qu'une armée de cheerleaders hurlant son nom. Il n'avait pas à être hésitant, il était sur le bon chemin.
- Quant à moi, je me permets de vous proposer mon aide pour chasser le plus bas de gamme des sorciers qui voudrait lui faire du mal. Ou n'importe qui. Sans manipulation, sans vol d'artefacts.
Elle croisa une énième fois les bras, dans une position stricte d'héroïne qui proposait son aide d'idiote nationale le plus humblement possible. :copyright: 2981 12289 0