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La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane]

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La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Lun 10 Juin 2019 - 11:59

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Métropolis, la ville de Demain. L’Espérance d'un avenir meilleur protégée par le héros de l'Espoir en personne. Non loin de la sombre Gotham, Métropolis s'en démarque pourtant par son rayonnement et l'optimisme flagrant qu'elle inspire. Si comme toutes les autres villes, elle a été marquée par l'invasion de Darkseid, sa splendeur avait survécu et la présence de son héros avait de quoi mettre les gens en confiance. Malgré la trahison passée du Kryptonien.
Pas un lieu où une secte pourrait s'installer, non ?

Hélas, comme dans toutes les villes des citoyens tremblaient, s'inquiétaient... Les métahumains qui surgissaient de nul part et dont certains pouvaient se révéler dangereux. On disait même que l'un d'eux avait failli tuer tous les clients d'un centre commercial ! Et puis, il y avait toutes ces créatures marines dangereuses qui hantaient les flots depuis la disparition d'Aquaman. Et ces démons qui envahissaient la Terre. Et si certains dans les quartiers riches ou moyens tremblaient, ils étaient plus nombreux encore dans Suicid Slums.

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Les yeux rivés sur des galaxies entières, Superman oubliait ou délaissait certaines parties de sa chère ville, et malheureusement ces habitants délaissés ressentaient cela comme un abandon. Le grand Superman ne daignait pas s'occuper d'eux... Et ils subissaient donc la présence des mafieux et autres gangs criminels qui se réfugiaient ici parce qu'ils savent que Superman ne viendra pas les chercher. Une misère y est donc présente.... Et c'est bien souvent de la misère des autres dont les puissants ont besoin pour augmenter leur influence.

-Ni Superman, ni les autres héros, ne peuvent s'occuper de nous tous. Il y a tant à faire, tant de personnes à aider. Mais l’Église de Sang est là pour vous secourir et vous guider vers un avenir plus juste, plus humain. Elle s'occupera de vous et vous donnera ce dont vous avez besoin.


Les discours des émissaires de l’Église du Sang pouvaient paraître grandiloquents... Mais ils étaient efficaces et surtout accompagnés d'actes de bienfaisances venant de cette même Église. Les malheureux de Suicid Slums recevaient aide, soutien et protection et de plus en plus d'habitants se tournaient vers ces bras accueillants qui se proposaient de les aider.
Oui, Anton Arcane allait pouvoir le réaliser de ses propres yeux, l'Eglise du Sang Versé gagne du terrain dans les bas quartiers de Métropolis. Et accueille de plus en plus de nouveaux adeptes en son sein, au point que même les quartiers plus aisés commençaient à être touchés par elle.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Mar 11 Juin 2019 - 8:26

Le paysage qui séparait Gotham City la ténébreuse de l'illuminée Metropolis était à l'image des Etats-Unis d'Amérique. D'abord un fronton de mer qui déployait sa cohorte de navires marchands, des bretelles d'autoroute gigantesques où coagulaient des masses informes de véhicules. Camions citernes, voitures, bus, semi-remorques... La cacophonie de klaxons et de musiques que quelques fenêtres ouvertes laissaient jaillir. Puis une campagne étrange faite de champs rectangulaires gérés quasi-automatiquement. Et à présent, le profil lointain de villes anonymes.

Assis sur le fauteuil inconfortable d'un bus pas cher, Anton Arcane, dans la peau d'un quidam dont il ne se rappelait le nom qu'au moment de sortir la pièce d'identité observait ce spectacle navrant. A côté de lui, une femme lisait un magazine idiot ; devant lui deux jeunes écoutaient une musique dont il n'entendait que le bourdonnement qui s'échappait d'écouteurs de mauvaise qualité ; derrière lui un couple discutait de choses insignifiantes. Chacun lisait son journal d'information en soupirant sur les nouvelles.

- Bon sang, tu as vu... Wally West ? Un super-héros qui dévoile son identité. C'est incroyable ! commentait l'épouse.

- Oui, c'est assez étrange, le coup d'un super-vilain tu penses ? Et Wayne... pauvre type, il n'aura décidément jamais de chance, entre ses parents et sa fiancée...

Puis ils parlèrent d'un sujet qui attira quelques instants l'attention du semi-démon.

- Tiens, l'Eglise du Sang Versé est intervenu à Saint Roch, lança le mari. Bon sang, heureusement qu'il y a des gens pour s'occuper des vrais problèmes. Déjà que Dark...

- Ne prononce pas ce nom, s'il te plaît, le réprimanda sa moitié.

- Oui, pardon. Déjà que là ils n'ont pas été bons, on se demande bien à quoi ça leur sert de dévoiler leurs noms et leurs prénoms. On s'en fout qu'il s'appelle West ton speedy gonzalès, l'important c'est pas qu'ils nous aident un peu ? C'est vrai quoi. A quoi bon courir vite et voler si c'est pour qu'au final se soient des culs bénis qui fassent le boulot ? Et pour Wayne hein ? Il était où Batman ? Ca fait les fiers mais... 'tain, c'est quant même incroyable, c'était pas comme ça y'a dix ans...

Silver Banshee avait sans doute raison, songeait Arcane. Les gens commençaient à entrevoir l'érosion sur les statues de leurs grands héros. A s'être montrés si puissants, ces "justiciers" avaient peut-être concentrés tant de haine et de rancoeur qu'elle commençait à les dépasser. Le mal s'était adapté, accru à tel point qu'il leur devenait ingérable. Il eut un sourire mauvais. L'Eglise du Sang Versé... Lorsque l'on voyait leurs porte-paroles, on ne pouvait que s'amuser de l'idiotie humaine. Comment pouvait-on voir en Mother Blood une mère nourricière et pleine de bonté ? Cela méritait des applaudissements.

Mais le désespoir faisait l'affaire du docteur. Dans sa cave de Gotham City*, Anton Arcane avait eu l'occasion de dévorer des journaux pour mieux saisir le monde dans lequel il avait été malencontreusement invoqué**. Heureusement, ce jeune sorcier*** ne l'avait pas trop décalé dans le temps et l'espace.

Au gré de ses études, il était tombé de sur nombreux articles parlant des efforts de l'Eglise de Sang pour redresser la barre de l'Humanité et la "conduire vers un avenir meilleur". Une secte comme une autre à première vue, mais le palmarès de cette dernière et ses membres les plus en vues laissait à Anton l'arrière goût d'un complot qu'il ne pouvait mépriser plus longtemps. Voir des êtres humains, même dotés magiquement ainsi profiter d'un terreau fertile l'invitait à y quêter sa part de bénéfices. Il espérait cependant que d'autres démons n'aient pas la même idée avant lui, ou pire, qu'un démon ne soit pas derrière cette infernale ascension. Dans les deux cas, il fallait en avoir le cœur net.

Il avait entendu l'un de leurs prêcheurs à Gotham City, il était venu parler aux malheureux et aux âmes perdues de délices et d'espoir, leur donner des perspectives, mais au prix du mouvement. Il leurs proposait d'abandonner une vie de malheur au profit d'une aide inconditionnelle, ou en tout cas dont les conditions ne furent jamais prononcées... Délices de la rhétorique...

Anton avait donc profité de ce passage pour glaner une adresse, un lieu, une indication.

Maintenant il était en route pour Metropolis. La glorieuse cité du plus grand justicier de cette planète. Le cynisme du Sang Versé ne manquait pas d'amuser l'occultiste séculaire. Le profil gracieux des vastes tours du centre-ville apparaissait soudainement. De larges panneaux publicitaires vantèrent bientôt les qualités de la ville. Technologie. Superman. Daily Planet. Star Labs. Tout y passait dans des teintes chatoyantes et des écritures messianiques. Mais de temps à autre, les panneaux se recouvraient de tracts et de peintures passées. Tantôt des "Darkseid Est." usés par des mois d'efforts pour les effacer ; tantôt des affiches vantant l'Eglise du Sang. Puis là des tags qui hurlaient "METAs GO HOME !". L'intolérance revenait lentement. Elle se distillait dans cette société effrayée par le temps qui passe et l'évolution qui bouscule leurs croyances.

Qui était l'ennemi ? Qui était l'ami ? Votre voisin était-il un télépathe qui vous manipulait ? Pourquoi Superman cessait-il d'être un modèle aussi puissant ? Darkseid était venu, mais était-il le vrai ennemi ? Tant de question qui devait ébranler cette minable Humanité fatiguée. Derrière Anton, le couple continuait de débattre.

- Même en Chine c'est le bordel, opposait l'époux à un argument que l'occultiste n'avait pas entendu. Partout ça s'embrase et l'Australie hein ? Mosaic qu'ils appellent ça. Merde alors, ils ont même une ville maintenant ?!

- Du calme chéri. Regarde Superman, c'est ...

- S'il avait été là, peut-être que Darkseid aurait pas pu venir. Il était où hein ? Pendant que...

Quelqu'un poussa un grand "chut" pour avoir un peu de calme et la conversation mourut dans un début de dispute.

Pas étonnant que l'Eglise ait une voix qui porte aussi bien...

Le bus s'arrêta à la gare routière de la banlieue de Metropolis.

Dans le fourmillement de vies, la silhouette d'emprunt du semi-démon ne détonnait pas, si ce n'est qu'elle était calme et presque statique. Ici tout bougeait, on ne regardait pas autour de soit, sauf si l'on était un touriste qui cherchait un panorama pour une première photographie. La gare donnait sur les immenses perspectives qui séparaient deux immenses murailles de gratte-ciels. Même dans sa banlieue, Metropolis écrasait sa population de sa magnificence. Anton se sentait supérieur à ces structures, plus grands et plus impérieux qu'elle, mais autour de lui, il sentait dans la masse grouillante qui ne levait pas les yeux une conscience absolue de son ignoble infériorité. Regarder ostensiblement autour de soit c'était accepter d'affronter le gigantisme et de s'y comparer.

Nouveau bus.

Encore plus inconfortable. Mal entretenu. Des signatures en forme de tags sur les banquettes. Les strapontins grinçaient désagréablement. Un SDF dormait dans un coin, émanant sa putride odeur dans des ronflements éthyliques. Un jeune, cagoule repliée, évitait de regarder le monde de crainte d'envoyer un regard de travers à la mauvaise personne. Un vieillard observait d'un oeil morne les bâtments grisâtres de la gare routière. Le chauffeur ne répondait qu'en grognant. Anton restait silencieux et vint se planter contre une rambarde qui faisait face à une porte de sortie.

Encore un bon quart d'heure avant d'atteindre les Suicide Slum. D'ici là il aurait le temps d'admirer la lente agonie de Metropolis. Loin du chatoiement de son centre-ville, ses quartiers délaissés de tout le monde lui rappelaient de loin les villages qui avoisinaient le Bayou de jadis. Noir, sombre, sale, puant, souvent silencieux.

Depuis les vitres rayées ou peintes à la bombe, il n'y avait plus de beau paysage grandiose qui défilait, juste des rues sinistres parées de la pauvreté universelle. Des lambeaux d'espoir ici rien ne restait. Voitures éventrées, profils vagabonds, portes clouées...

Et des affiches.

"Eglise du Sang Versé" ; "Darkseid Est et sera toujours !" ; "Superman, Traître !"

Les titres défilaient sous le sourire mesquin d'un Anton qui baignait dans son élément. Personne ne vint le déranger. Il était trop décontracté, trop sûr de lui, observant les arrêts les uns après les autres. Il émanait de lui une énergie étrange, une énergie qui invitait son entourage à tenter une folie pour lui permettre de s'amuser un peu. Hélas, personne ne tenta rien avant que l'arrêt espéré n'apparaisse.

Il descendit et fut soulagé d'entendre les vibrations du bus s'éloigner. Il était enfin bon de poser le pied sur une terre flétrie. S'étirant comme fourbu par son voyage, le docteur Arcane regarda les panneaux de rues endommagés et fit craquer ses cervicales.

Une petite marche lui ferait le plus grand bien. Il croisa les bras dans son dos et arpenta, le pas léger, les rues, observant les vitres crasseuses, les revêtements muraux épuisés, les fils de linge troué, les chats et chiens errants au milieu de spectres humains. Là encore, on l'observait, mais personne ne s'approchait. Son sourire carnassier rendait la faune hésitante.

Enfin la porte. Hélas devant elle une file d'âmes égarées s'étendait, demandeuse des dons de l'Eglise du Sang. Comme c'était touchant. Faisait fi de la détresse des citoyens de seconde zone qui attendaient là, il passa outre la rimbanbelles et alla directement à la porte où il s'engouffra. On ne lui demanda rien. Quelqu'un qui avançait avec tant d'assurance devait savoir ce qu'il faisait ou faisait déjà partie de l'Eglise.

Il se planta alors et observa. Il cherchait du regard un adepte, un serviteur, n'importe quelle créature qui saurait le guider. Il avait le regard d'un prédateur et le port fier que son orgueil lui conférait. Anton pointa bientôt du doigt ce qui s'apparentait le plus à un bénévole.

- Toi, lança-t-il. Mène-moi séant à un responsable et annonce le docteur Arcane.

Ce n'était pas subtile mais après des heures de voyage il n'avait plus guère le goût de la patience, si tant est que personne ne l'ait déjà remarqué, lui et son aura infernale.


* Voir https://dc-earth.fra.co/t6496-castle-broen-entre-deux-mondes
** Voir https://dc-earth.fra.co/t6388-nouveau-svm-shazam-villains-month-libre-a-tous
*** Voir https://dc-earth.fra.co/t6423-termineiron-heights-effugium-a-daemonibus
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Ven 14 Juin 2019 - 21:13

Ils étaient beaux, ils étaient puissants les héros justiciers protecteurs de leurs pays et de l'univers lorsqu'il le fallait. Hélas, ils n'étaient que des êtres humains. Des créatures de chair et de sang faibles et susceptible de faire des erreurs. Mais ça ça ne pardonnait pas. De nombreux vilains arriveraient en masse s'il fallait rappeler à quel point les héros étaient faibles et bientôt ils n'auraient même plus besoin de le faire puisque la population commençait à s'en apercevoir... Et à critique à leur tour. Parce que les héros n'ont pas le droit d'être humains. Ils doivent être des êtres parfaits capables de faire front à toutes les difficultés sans céder. Et ce n'est pas toujours le cas.

Depuis la chute de Darkseid, l’Église de Sang profitait de la peur et de la désillusion des peuples pour gagner en influence. Et si elle n'avait pas encore conquis la terrible Gotham, elle gagnait de nombreuses voies surtout dans les quartiers défavorisés et délaissés. Les héros le savaient. Les vilains aussi d'ailleurs, puisque Anton Arcane se trouva à Métropolis précisément pour cette raison là. Quelle époque vivons-nous si des criminels de son envergure peuvent se promener librement dans les rues de la ville de Superman, je vous le demande. Mais heureusement, ou pas, les Métropolitains ignoraient qui était Anton Arcane et étaient plus concentrés sur les prêches de l’Église.

-Notre Église entend vos appels et désire y répondre plus que tout. Faites-nous confiance car nous sommes des alliés de ceux voulant le bien de ce monde. Nous sommes prêt à coopérer avec toutes les bonnes âmes de cette planète, qu'ils soient civils, héros et même vilains en voie de repentance.


l’Église ouvrait en grand des bras amicaux dans lesquels pouvaient se jeter les âmes en détresse. Et vous pouvez le croire, il y en a. Entre ceux qui se sentent abandonnés par Superman, ceux craignant les méta, les démons ou les monstres marins voire plusieurs à la fois... Les prêcheurs étaient nombreux surtout aux arrêts de bus. Mais ils laissèrent aller Arcane qui pu sans encombre arriver jusqu'au centre d'accueil pour alpaguer un pauvre bénévole qui ne demandait qu'à faire le bien.

-Docteur Arcane vous dites ? Eh bien, nous sommes essentiellement des bénévoles ici mais il y a un responsable qui est très occupé. Enfin peut-être pourra-t-il vous accorder quelques minutes.


L'homme paraissait nerveux, mais étais-ce à cause du nom ou de l'apparence du bonhomme ? Un sourire bienheureux orna toutefois ses lèvres du bénévole qui ne pu s'empêcher de fournir davantage d'explications tandis qu'il guidait le visiteur vers le bureau de Thompson.

-Notre Mère daigne rendre visite à notre humble centre d'accueil. Mr Thompson se tient prêt pour la recevoir dans les meilleures conditions. Notre Mère souhaite donner du courage aux habitants des quartiers pauvres de Métropolis et leur assurer le soutien sans faille de notre institution. Elle souhaite leur bonheur à tous.

Les mots étaient sortis avec ferveur. L'homme croyait fermement en ce qu'il disait. Enfin le bénévole aller frapper à une porte, discuta quelques secondes avec la personne à l'intérieur avant de faire signe au visiteur de le suivre en s'excusant auprès de lui parce qu'il devait retourner aider les pauvres âmes en détresse. Il y en avait tant. Thompson se leva pour serrer la main d'Arcane d'une poigne sèche et franche avant de retourner s'asseoir à son bureau. Son air était calme et posé, bien loin de l'enthousiasme du personnage précédent.

-Asseyez-vous Docteur. Pardonnez-moi je suis très pris par l'arrivée prochaine de notre Mère. Clarence vous a déjà expliqué cela j'imagine, c'est l'un de nos bénévoles les plus dévoués. Que peux notre chère Eglise pour vous Monsieur Arcane ? A moins que vous ne souhaitiez mettre vos talents à notre disposition. Bien sûr, nous n'obligeons à rien, mais c'est toujours un réel plaisir de recevoir de l'aide des personnes aisées de ce monde.


Il y avait prononça sur un ton froid et son air ne changea pas lorsqu'il se tût pour laisser son visiteur expliquer les raisons de sa venue.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Lun 17 Juin 2019 - 8:50

Aurait-on pu entendre la mer en faisant la bise à ce bénévole tant le néant qui séparait ses deux oreilles était flagrant ? Il parlait avec espoir. L'Église qui n'était aux yeux du docteur qu'une simple couverture pour des activités monstrueuses représentait pour cette âme frêle une échappatoire.

Si ses premières paroles furent teintées de doutes avec une touche d'inquiétude, tout ceci s'était estompé avec son laïus improbable. Oui, leur "mère" voulait vous donner du courage... C'est cela... Il avait entendu de tels discours tant de fois. Combien de dirigeants l'avaient promis ? Combien de sectes, de groupuscules jouaient sur cette harmonie discordante ? Mais les gens voulaient être bernés. Les psychologues et psychiatres s'écharpaient sur l'analyse, le docteur, lui, savait que ce n'était qu'un réflexe défensif primitif.

La Survie. Voilà ce qui rentrait ici en jeu. Vous n'avez plus rien, plus de quoi manger, plus de quoi boire, des haillons comme vêtements, les morceaux de savon deviennent des lingots d'or. Vous espérez ensuite que votre toux ne s'aggrave jamais. On vous expulse, on vous enlève votre dignité. La Mort devient tentante, mais sa perspective, Anton le savait, était effrayante. Aussi est-on prêt à accepter toutes les aides. Vente de drogues, trafic en tout genre. Pourquoi craindre la Société quant elle vous rejetait ? Au mieux en prison y'aura-t-il de quoi manger...

Et l'Église pouvait apparaître, toute puissante et bienfaisante, dans une majesté sans pareille. Église du Sang... Même son nom pouvait glacer d'effroi, mais elle était chaleureuse. Ne s'appelait-on pas "frères" et "sœurs" ? Une famille contre la solitude, la charité contre l'État et ce qu'il représente. Le plan était beau et si ce n'était pas un plan, alors il faudrait en faire un.

Tandis que les deux êtres progressaient et que le bénévole babillait pour lui-même, Anton observait les différents dispensaires et la soupe populaire qui s'étalaient ici. Les effluves d'une cuisine chiche mais consistante, l'odeur de médicaments. Les quintes de toux lointaines ; le brouhaha des conversations ; les raclements affamés de couverts dans des assiettes trop souvent lavées ; les chaises qui frottaient contre les sols usés.

Le visage qui servait de masque à Anton se nourrissait de monde qui l'entourait. Tant d'âmes et de désespoir...

On le fit bientôt attendre devant une porte.

Le crétin revint rapidement et parla d'âmes en détresses. Oui, sans doute la sienne qui devait se morfondre d'une telle petitesse de caractère. Il pouvait donc repartir à ses activités débilitantes à espérer pour les autres des lendemains qui ne viendraient jamais. Arcane n'en avait cure.

Le fameux Thompson était d'un autre genre. Si les bénévoles étaient forgés dans l'enthousiasme, leur responsable semblait beaucoup plus terre-à-terre. Comme souvent.

Anton lui rendit une poignée de main ferme. L'occultiste ne croyait pas aux premières impressions, il avait tant de fois travesti ses intentions et ses présentations que celles des autres lui paraissaient toujours fausses. C'était plus fort que lui, il ne pouvait croire que le monde était honnête, il le pensait cependant étonnement crédule. L'Église en était une parfaite illustration.

- Je vous remercie, fit-il en prenant une chaise.

Puis il écouta le dialogue de son interlocuteur. Clarence... Il n'aimait pas même le nom de la fougueuse et fervente grenouille de bénitier qui l'avait conduit ici.

Arcane dessina un léger sourire sur son visage d'emprunt pour répondre à la froide distance de son interlocuteur. En voilà un qui ne croyait pas réellement à ce qu'il faisait. C'était un gestionnaire, du genre qui vient ici parce que l'on a besoin d'un type avec la tête sur les épaules pour éviter qu'une horde d'illuminés viennent dévorer le budget et faire n'importe quoi avec les planning.

- Je comprends bien que l'arrivée de votre... Mère soit une grand occasion à ne pas manquer, surtout après ses récentes interventions télévisées. Son exemple est une illumination pour des gens comme Clarence, répondit-il avec un ton doucereux. Je tâcherais de ne pas prendre trop de votre... temps.

Puis il perdit son sourire. Il pouvait faire pourrir cette carcasse qui lui parlait avec froideur, il aurait pu lui arracher la jugulaire et dévorer ses meilleurs organes... Anton avait instinctivement porté son regard sur la gorge de son interlocuteur. Il se reprit et se concentra sur son regard.

- Je viens effectivement ici pour mettre mes talents à disposition de votre Église, compléta-t-il en paraphrasant malicieusement les propos de Thomspon. Je suis... chirurgien. J'ai de longues années de pratique. J'apprécierais, avant que nous allions plus loin, savoir si une visite de votre structure afin de mieux connaitre mieux son organisation pour savoir si je pourrais vous être utile et voir ensemble s'il nous avons une bonne occasion de collaborer ensemble.

Anton cherchait toujours de la matière première et une horde de traîne-misères était une manne incommensurable. Si cette Eglise s'avérait être une simple antenne de bienveillance, il la corromprait et si elle était entre des mains plus malveillante alors il ne détonnerait pas et pourrait même contracter une alliance de circonstance.

Pour en avoir rapidement le cœur net, il fallait cependant qu'il rencontre leur fameuse "Mère".

- Dans la même veine, j'aimerais beaucoup rencontrer votre "Mère" monsieur Thompson. Pensez-vous qu'il me serait possible de m'entretenir avec elle lorsqu'elle viendra dans votre dispensaire ?

De sa réponse dépendrait sa survie. Car Anton n'aimait pas qu'on lui dise "non". Et si pour rencontrer Mother Blood il devait prendre la peau de ce gratte-papier, alors il ne se priverait pas...
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Lun 17 Juin 2019 - 22:49

L'Eglise de Sang malgré son nom étrange paraissait réellement être une institution tournée vers son prochain et résolue à l'aider... Comme toutes les autres sectes et tous les autres régimes politiques promettant monts et merveilles aux âmes en peine les entourant. Et comme tous ces prédécesseurs, l'Eglise de Sang réussissait avec brio et ses bénévoles étaient fermement convaincu d'agir pour le bien... Mais Thompson n'était pas de ces personnes rendues heureuses de bien faire... Ou bien il le cachait réellement bien. Thompson écouta les réponses d'Arcane sans se départir de son air froid et austère. Lorsque le docteur eut fini, un semblant de sourire apparu néanmoins.

-Oh vous n'imaginez pas l'effet que peut avoir la présence de notre Mère sur nous, mais surtout sur toutes les brebis galeuses venu jusqu'à nous espérant que nous les sauvions de leur déchéance. Ce qu'elle fait avait bien entendu.

Le ton était toujours aussi froid même si une légère ferveur semblait poindre dans le ton de sa voix. Mais il était impossible de savoir si elle était forcée ou non. Il soupira semblant réfléchir aux paroles de son interlocuteur et reprit la parole.

-Un médecin ne serait pas de trop surtout avec de nombreuses années d'expériences. Il y a tellement de gale physique à soigner rien qu'ici dans ces quartiers de Métropolis. Je n'ose imaginer ce que cela doit être à Gotham. Puis-je vous demander depuis combien de temps pratiquez-vous ce métier et dans quels cliniques ou hôpitaux avez vous œuvré. Simples vérifications de circonstances.

Arcane avait beau paraître sûr de lui, rien ne prouvait qu'il n'était pas un charlatan tout juste bon à découper des corps comme un boucher mais souhaitant tout de même engranger quelques dollars avant que l'on ne découvre la supercherie. Même si quelque chose dans le comportement de l'individu l'impressionnait beaucoup et lui faisait croire qu'il ferait mieux de se méfier. Que cet homme était bien plus dangereux qu'il n'y paraissait et qu'il était de bon ton de s'en méfier quand on tenait à la vie. Ce qui n'était pas réellement son cas en réalité.

-La décision de vous rencontrer ou non dépend de notre Mère, et uniquement d'elle. Je n'ai pas à dicter sa conduite. Ce n'est pas mon rôle.

Un instant il se tût pour juger la réaction du docteur face à cette réponse sèche et brutale.

-Mais vous pouvez bien entendu visiter notre institution, bien que vous ne trouverez aucune salle de chirurgie ici docteur. Nous ne faisons qu'accueillir les pauvres âmes, les nourrir et leur offrir un toit pour la nuit. Pour ceux ayant besoin de soin, nous nous contentons encore de payer l'hôpital de Métropolis ou de le envoyer vers l'une de nos structures spécialisées.

Une pointe de dégoût perçait dans dans la voix de Thompson. Il n'était pas aussi bien attentionné que Clarence de toute évidence. Il faisait son travail, mais ce qu'il faisait ne lui plaisait pas.

-Enfin, peut-être pourriez-vous vous exercer votre savoir sur quelques uns de ces pauvres malheureux afin de nous faire part de vos talents.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Mar 18 Juin 2019 - 8:14

Le terme de "brebis galeuse" marqua le début d'une reconsidération de ce qu'était réellement Thompson. C'était un organisateur qui ne se faisait pas de fausses illusions sur la misère qu'il accueillait et aidait - si le mot voulait réellement dire quelque chose pour lui. L'ombre de "mère", hélas, flottait autour de lui. Manipulation mentale ? Simple embrigadement couplé à une programmation neurolinguistique subtile ? Sortilège de confusion ? Influence psychopompe ? La communication permettait à l'Eglise de tenir, mais l'image de la "Mère" était clairement différente. On semblait l'avoir épinglé dans l'esprit de ces gens.

Cela devenait délicieusement retors.

- Une chance pour chacun d'entre nous, commenta sobrement Anton à la première réponse de son interlocuteur.

Puis vint le curriculum vitae, une étape indispensable. Rien qu'à repenser à son parcours, le docteur devint nostalgique et une voix, inconnue et pourtant familière, que lui seul put entendre, lui murmura "meeenteuuur". Arcane observa si une nouvelle personne était entrée puis repris avec un sourire aimable.

- Une petite carrière à l'internationale, commença-t-il. J'ai commencé par un travail de médecin de campagne en Roumanie.

A disséquer les serviteurs de notre château et les poivrots de la ville basse...

"Médecin de soutien dans les Balkans, j'ai travaillé en Grèce, Bulgarie et un peu en Serbie pour l'armée avant d'aller travailler en Tchécoslovaquie et en Autriche. "

A l'époque, songeait-il, on parlait de l'Empire d'Autriche-Hongrie...

"Puis Hôpital Central de Berlin."

En 1939...

"Un passage par un peu de médecine de guerre en Afrique avec un corps expéditionnaire de l'ONU"

Avec l'Afrika Korps plus précisément...

"Puis un institut en Pologne."

Appelé "Camp Fantôme" par les intimes de 1943.

"Et je suis venu en Amérique pour y trouver un peu de stabilité. J'ai travaillé en Nouvel Orléans, près de Saint Roch, dans une clinique privée de Swamp City.

- Je pratique la chirurgie depuis près de...

Il ne pouvait décemment pas parler d'un siècle, son corps n'avait pas plus de 35 ans.

- ... 15 ans.

Cela faisait beaucoup pour un homme de 35 ans qui aurait dû être diplômé à 20 ans et avoir fait tant d'expérimentation en 15 années, mais la réaction de Thompson serait très intéressante.

Puis l'homme le rembarra sans douceur sur une rencontre avec leur mère. La tête du docteur Arcane se pencha légèrement sur le côté, comme si le prédateur enchaîné dans les chairs d'un inconnu cherchait à en sortir pour bondir.

- Quel serait donc votre rôle ? demanda-t-il pour effacer la colère qui commençait à poindre.

Ce Thompson n'était pas net, trop froid et distant. Presque une coquille vide. Anton devenait curieux à l'idée de le découvrir. Serait-il vide ? Y aurait-il un amalgame visqueux d'entrailles ? Puis son interlocuteur enchaina. L'Eglise payait "encore" la note des hôpitaux. Son discours était rafraîchissant en comparaison de celui du dénommé Clarence et c'était pour le mieux, mais ce type était irritant. Comme le moustique qui vous tournait autour de façon insupportable.

Plus le temps passait et plus Anton commençait à croire que cet homme était le pantin d'une influence. Démoniaque peut-être ? Cela aurait le mérite de donner au docteur une réponse immédiate à sa petite enquête. Faisant fi des remarques de son interlocuteur sur l'absence de salle de chirurgie (cela avait-il un jour été un problème ?) avant de reprendre sur sa proposition de tester son savoir sur les pauvres êtres qui trainaient dans les lieux. L'occasion d'ausculter l'une de ces "brebis galeuses" et constater de l'éventuelle influence qui s'appliquait dans leur chair et leur esprit.

- Quoi de mieux qu'une petite démonstration, déclara-t-il finalement avec un sourire mauvais. Pourquoi le refuser.

Arcane ne pouvait hélas pas s'enlever de l'esprit la volonté d'arracher maintenant son déguisement et d'enfiler la peau de Thompson, mais quelque chose ne lui l'invitait à être patient. Le docteur était entré dans le terrier de l'Eglise de Sang, et il comptait en sortir, mais pas sans les réponses qui l'avaient amené ici.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Mar 18 Juin 2019 - 21:44

Thompson écoute Arcane réciter son CV sans montrer une once d'émotion. Pas même une lueur d'intérêt dans son regard lorsque l'homme prétendit avoir travaillé dans de nombreux pays et au sein de divers groupes notamment dans des pays défavorisés. Un type ne rechignant pas à aller vers les pauvres gens donc. Une recrue idéale pour une église soit disant au service de son prochain. Lorsqu'il eut fini, Thompson eut finalement un sourire froid. Le seul type de sourire qu'il paraissait définitivement capable de produire, comme si tout lui était étranger.
A part la Mère peut-être.

-Vos faits d'arme sont particulièrement impressionnants pour quelqu'un n'effectuant ce dur métier que depuis 15 ans. Vous devez être une sorte de prodige ayant en plus perfectionné son art.

Il avait bien senti l'hésitation lorsque l'énergumène avait dit depuis combien de temps il œuvrait, et cela l'intriguait réellement. Quelque chose n'allait pas il le pressentait. Le type ne mentait pas en disant qu'il était médecin, mais ne lui disait pas tout.Mais après tout, ce n'était pas réellement son problème. Dans le pire des cas, l'Eglise saurait bien lui tous arracher ses secrets puis les utiliser pour atteindre son objectif ultime.
Qui était le bonheur du monde, bien entendu.

-J'administre la structure. Je gère la paperasse et veille à ce que tout fonctionne correctement. Je ne suis pas seul bien entendu, plusieurs personnes m'aide a...

-Monsieur Thompson c'est horrible ! Un habitant des quartiers pauvres vient d'arriver ! Il s'est prit une balle dans le ventre et demande de l'aide.

-En effet c'est particulièrement affreux.

Clarence aurait aussi bien pu s'adresser à un mur de glace ça n'aurait pas changé grand chose. Le contraste entre les deux était réellement saisissant.

-Il faut appeler un médecin !

-Hum... Inutile, il y en a un ici-même dans cette pièce. Monsieur Anton Arcane a noblement sauvé des vies dans divers pays en difficultés à l'est. Ne vous inquiétez pas Docteur, si nous n'avons pas de salle de chirurgie ici, nous pouvons vous fournir de quoi extraire cette balle et soigner la plaie. Un scalpel, des compresses... Bref, demandé et vous aurez. Nous trouverons bien quelqu’un qui se fera un plaisir de vous chercher ce dont vous aurez besoin.


Son regard se posa sur Arcane et pour la première fois depuis le début de la confrontation quelque chose changea dans son regard froid. Une lueur de défi à l'encontre du Docteur. Afin qu'il sauve la brebis galeuse en train de perdre son sang dans le hall de l'accueil. Thompson fini par se lever pour se diriger vers la sortie faisant signe à Clarence de lui montrer le chemin. En passant prêt d'Arcane, il lâcha une nouvelle phrase sans plus de précision.

-La Mère ne tardera plus à arriver.

La victime était un homme d'une quarantaine d'années qui avait été pris pour cible par un voyou armé d'un pistolet et qui avait sût s'en servir. Le malheureux était parvenu jusqu'au centre d'accueil où de braves gens l'avaient mis dans une pièce à l'écart. Une femme un peu plus versée que les autres dans l'art des premiers soins l'avait mis en position latérale de sécurité pour comprimer la plaie du mieux possible. L'homme avait déjà perdu pas mal de sang et sa peau commençait à pâlir.
Il fallait faire vite pour le sauver !

[J'espère que le rp te va pour le moment et que le rythme te plait Smile ]
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Jeu 20 Juin 2019 - 8:08

Le cadavre vivant qu'était Thompson n'était que cela : un mort qui se donnait des apparences de vie. Froid, rigide, en cours de décomposition intérieur. L'émotion était trop pour son corps glacial et statique, ce qui rendait ses tentatives de sourire semblables à des poches de gaz putrides qui feraient bouger par inadvertance sa carcasse et relevaient par pur hasard le coin de ses lèvres. Ses yeux ne fixaient ni le présent, ni le passé, ni le futur. Ils étaient là, pointant dans le vide de sa propre personnalité une focale absente de la réalité.

L'administrateur commençait d'expliquer ses fonctions, attributions mais fut coupé par l'antithèse même de sa personne. Clarence, l'imbécile heureux avait surgi en panique. La réaction cadavérique de Thompson fut presque comique mais Anton, situé pile entre les deux interlocuteurs parvint à garder, pour l'occasion, son masque de rigor mortis. L'administrateur avait répondu comme si on lui avait annoncé que la femme de ménage avait fait tomber une tasse sur le tapis. Arcane aurait presque pu entendre le tiroir mental de son interlocuteur claquer pour archiver cette information sans plus de cérémonie et passer à autre chose s'il n'avait été en entretien.

Le sang froid était la marque indispensable d'un responsable. Il devait être un pilier pour ses équipes, c'était en tout cas l'image que le docteur en avait en traversant les guerres. Même si présentement l'on avait plutôt affaire à un stalagmite, il aurait été injuste de lui retirer sa faculté à prendre une décision rapide. Relativement désintéressé de la situation, plutôt gêné par cette interruption, l'occultiste trouva regrettable d'être embarqué dans cette histoire. Un pauvre avait été transformé en porte-clef ? La belle affaire. Mais on lui demandait de l'aide et il était précisément venu dans cet objectif. Extraire des balles était comme la bicyclette, on oubliait jamais vraiment.

Anton fixa son regard dans celui du responsable pour relever le défi. Thompson n'était pas dupe. Inutile de jouer les imbéciles trop longtemps encore avec lui.

- Une pauvre âme réclame notre aide, lança-t-il avec une pointe de cynisme.

Lorsqu'il entendit la phrase concernant Mère, le docteur murmura pour que seul l'administrateur l'entende.

- Je commence à le croire.

Individu. Sexe masculin. Quarante ans à peu près. En position latérale de sécurité. Visiblement déplacé. Imbéciles. Anton soupirait en lui-même mais il devait montrer son professionnalisme.

Il se dirigea rapidement sur le cadavre... enfin le patient. Anton demanda rapidement à la personne qui l'avait mise en PLS où se situait la balle. Bon, on lui avait parlé de ventre, mais où dans le ventre, la balle était-elle sortie ?

- Un scalpel, une pince stérile si possible, un kit d'injection, du coagulant, des compresses et du linge propre, ordonna-t-il. On fera sans anesthésie. Vous avez prévenu l'hôpital ?

De toute façon le type était blême. Le temps était compté. Anton déchira la veste et le T-shirt de la victime pour constater des dégâts. Dos uniquement contusionné, sans doute la chute post-traumatique. La balle était toujours dans le corps.

Il retourna la victime sur le dos en espérant que la balle n'ait pas trop bougé et qu'elle fasse bouchon. Respiration difficile.

Anton sentait par la grâce de la Nécrose les chairs qui commençaient à mourir dans les environs de la plaie. C'était délicieusement enivrant.

Sang abondant. Trop. la position approximative de l'impact donne à penser à une blessure au foie. Si ç'avait été la rate, le type serait déjà mort.

On lui apporta un kit avec un scalpel. Il ouvrit rapidement le tout, ne prit pas de gants stérile et commença à découper la chair. L'individu gémissait. Il lui fallait ouvrir un peu la voie et enlever les premiers morceaux flétries et s'ouvrir un passage.

- Lumière, n'importe quoi, ordonna-t-il.

La bénévole qui avait fait la PLS utilisa la lampe-torche de son portable. Anton lui arracha des mains et le rapprocha de la plaie pour essayer de distinguer un éclat.

Avec l'aide des pinces du kit il souleva la chair.

- Maintenez-le, intima-t-il lorsque son "patient" commença à s'agiter sous le coup de la douleur.

Dans peu de temps il serait de toute façon trop faible pour faire quoi que ce soit, mais en attendant, défense pour lui de crever.

Un éclat.

Il plongea la pince dans la plaie et tricha. La balle était profondément ancrée et l'enlever risquait de provoquer une hémorragie importante. Il suffirait d'extraire, puis de comprimer et d'injecter quelques coagulant. Mais il n'avait pas le temps de le perfuser de suite. Il usa de la force de Rot pour user des chairs meurtries de son foie et pousser légèrement la balle vers sa pince. Et hop, le tour était joué. La balle était prise et le saignement du foie était bloqué par son bouchon nécrosé.

Bon, la moisissure devrait être résorbée par l'occultiste, il le ferait lorsqu'il le mettrait sur un brancard. En attendant, il fallait jouer la pièce dans son ensemble.

Il extrayait la balle devant un public de bénévoles aussi blêmes que le corps que manipulait le chirurgien. Immédiatement après avoir lâché l'objet sur le sol, il plaqua des linges propres sur la plaie en demandant à un badaud de prendre le relais.

- Rempotez-le, fit-il ensuite, vous avez des poches de serum physiologique ? Remettez-lui un peu d'eau sinon il ne tiendra pas avant l'arrivée des secours.

Il se saisit des seringues qui lui furent amenées, dosa approximativement le coagulant qu'il fut surpris de trouver à côté de lui, ils avaient visiblement une pharmacie plutôt bien équipée et fit une injection sans douceur.

Le type était stabilisé. Une étrangeté dans la vie d'Anton qui n'avait pas usé de ses talents pour sauver beaucoup de vie. Oh, il avait à l'occasion aidé des soldats, soigné des blessures de guerres (en amputant souvent) mais souvent juste pour s'assurer que sa victime soit en bon état pour ses expériences sinistres et ses noires cérémonies. Il eut une petite satisfaction de n'avoir pas trop perdu la main.

- Cela fera l'affaire, commenta-t-il à l'adresse de Thompson. Auriez-vous un évier à disposition ? Demanda-t-il en montrant ses mains pleines de sang et un sourire malsain au visage. L'odeur de l'hémoglobine le grisait...

[HRP]Le rythme me convient tout à fait, j'aime les sujets qui savent prendre leur temps ![/HRP]
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Ven 21 Juin 2019 - 11:14

Thompson était en effet d'un sang froid remarquable, peut-être à la hauteur du Batman lui-même... Et le dépassant peut-être puisque le chevalier noir restait un minimum humain alors que l'administrateur avait limite la froideur d'une machine. Une machine sous forme humaine. Et la machine voulait voir Anton faire ses preuves ou reculer parce qu'il n'avait pas été sincère. Mais le chirurgien ne se défila pas. Clarence le remercia au moins mille fois tandis que Thompson commenta avec son éternelle ironie.

-Il est bon de voir qu'il n'est pas obligatoire de porter une cape et un slip rouge pour faire de bonnes actions dans cette ville.

Superman devait avoir les oreilles qui sifflent. Mais le héros absent de Métropolis n'était pas le sujet pour le moment, il y avait une vie à sauver peu importe les raisons de chacun. On apporta donc ce qu'il fallait au Docteur tandis que quelqu'un appelait l'hôpital pour qu'ils arrivent de tout urgence. Une ambulance devrait être là dans quelques minutes mais le Docteur Arcane était le seul garant de sa survie. Clarence et une bonne majorité des personnes présentes étaient pendus aux gestes du médecin alors que Thompson gardait son sempiternel air froid et détaché de la réalité. Il n'eut pas même un semblant de sourire lorsque le type fut stabilisé. Mais il fronça les sourcils, soupçonnant quelque chose. Mais pas question de faire un commentaire devant tous les badauds.

-Vos l'avez sauvé, m...

La phrase mourut sur les lèvres du pauvre Clarence qui recula. Tout le monde recula, sauf l’administrateur. En quelques secondes le sauveur était passé au statut d'étrangeté terrifiante de la nature à cause de son sourire. Chacun craignit que le monstre qui semblait habiter ce corps ne saute sur lui. Thompson attendit un peu, comme pour faire durer le moment, la sensation, puis finit par donner l'information demandée par le sauveur.

-Au fond du couloir. Troisième porte à droite.

Une fois le bon médecin parti, chacun respira un peu mieux. Certains reprirent même carrément leur respiration qui s'était arrêtée l'espace de quelques secondes. Peu après, une femme vêtue très étrangement entra. Aussitôt tout le monde se tourna vers elle pour la regarder avec une lueur d'adoration. Oui même le visage de Thompson avait l'air plus éclairé qu'à l'accoutumée. La femme vêtue de rouge s'avança, contemplant le corps évanoui du malheureux avant de relever les yeux vers la foule attroupée autour d'elle

La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Http%253A%252F%252Fimg3.wikia.nocookie.net%252F__cb20140422225534%252Fmarvel_dc%252Fimages%252Fthumb%252F1%252F1b%252FMay_Bennett_001.jpg%252F500px-May_Bennett_001
"Le sang est la mort mais il nous maintien en vie. Le sang est la mort mais il ne doit jamais mourir. Un ange parle parmi nous et nos frères de sang voient cet homme en vie !"

Mother Blood leva les bras en l'air et la foule attroupée l'imita en poussant des vivats. Le phénomène se répéta quelques secondes avant que la Mère ne baisse les bras et se tourne vers Thompson.

-Une nouvelle vie vient d'être sauvé et l'on m'a dit que c'était un homme venu nous rendre visite qui en est responsable. Où est-il ?

-Il se lave les mains, Mère.

Des murmures emplirent la salle pour commenter l'étrange comportement de l'homme juste après avoir sauvé le malheureux blessé par balle. Soudaine des sirènes d'ambulance ce firent entendre suivit ensuite de bruits de course. Les urgences étaient arrivées et venaient s'occuper de la victime sans se préoccuper de l'étrange femme en robe rouge qui se décala pour les laisser passer.
Son accoutrement ne les choquaient réellement pas.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Lun 24 Juin 2019 - 16:18

Tout aurait pu s'exécuter avec la précision d'un scénario de série B, mais la naturel était capricieux par essence. Ce qui n'avait été pour Anton qu'un sourire satisfait et une allure enthousiaste était d'une horreur sans nom. Le scientifique de l'occulte avait pourtant une facilité au mensonge et à la manipulation qui faisait de son relâchement une faute lourde. Clarence, le sempiternel benêt parut effarouché, idem pour le reste de l'assistance à l'exception du stalagmite taillé dans l'ennui qu'était Thompson.

Suivant les indications, restreignant tant que possible l'immonde satisfaction lubrique que le sang avait fait naître chez l'occultiste couplé à une dose de frustration liée aux respirations stabilisées de son "patient", Anton trouva les toilettes.

L'eau du lavabo le plus proche se rougit lorsqu'il passa ses mains sous le filet cristalin. En tant que chirurgien, il n'avait jamais réellement sauvée de vie, au mieux avait-il différé leur trépas, agir ainsi, de façon si contre-nature semblait le choquer plus qu'il ne l'aurait désiré.

Une pression pour obtenir du savon du distributeur puis une deuxième...

Il se frotta les mains et dans le miroir qui lui faisait face, une ombre parut brièvement. Une ombre avec un profil militaire et un casque étrange, tout droit sorti de l'Histoire.

Se retournant, il ne vit personne. Les sourcils se plissèrent. Depuis Iron Heights, il se passait d'étranges choses autour de lui.

Une profonde respiration lui permit de reprendre ses esprits tandis que les dernières traces de savon disparaissaient dans le siphon.

Une feuille, puis une autre. Il s'essuya en reprenant son calme. Maintenant les "bénévoles" seraient méfiants, cela n'arrangerait pas ses affaire. Il entendit alors de grands vivats. Il aurait dû se précipiter pour faire disparaître les traces de sa manipulation mais... mais tant pis. Qui irait lui chercher des problèmes après avoir sauvé une vie ? Les médecins resteraient sans doute perplexes face à l'étrangeté du bouchon flétris et classeraient l'affaire sans suite tant ils seraient débordé par ailleurs. Certains détails pouvaient parfaitement se noyer dans...

Il regarda une partie de son avant-bras droit.

Merde.

L'utilisation de son pouvoir de Nécrose avait entamé une partie de son déguisement. Il s'observa rapidement dans le miroir. Rien de visible sur le visage ou sur les mains.

Il tira sur ses manches pour cacher le peu de peau originel qui apparaissait maintenant dans ce qui s'apparentait à une blessure au couteau.

L'heure d'aller retrouver Thompson.

Lorsqu'il revint, les ambulanciers arrivaient pour emporter le cada... le blessé. C'est à ce moment précis qu'il découvrit la présence d'une femme tout de rouge vêtue. Une femme qu'il avait pu voir à la télévision après des évènements infernaux récents. Mother Blood. La Mère. Enfin.

Préférant cependant jouer la carte d'une certaine discrétion, Anton retourna près du responsable alors que les brancardiers et les urgentistes prenaient le relais.

- Votre pauvre hère devrait s'en tirer, commenta-t-il en arrivant derrière l'homme comme si rien ne s'était réellement passé. Je vois également que votre Mère semble arrivée.

Il se désintéressa alors complètement de la vie qu'il avait... sauvée - se ferait-il à cette idée ? Pour regarder l'assistance et les réactions qu'il provoquait maintenant en elle tout autant que l'influence de leur Mère sur leur groupe. Puis il observa la femme si impérieuse qui dominait cette assemblée. Pas dans sa posture, mais dans son regard, dans son aura. Anton n'était pas face à une gentille religieuse bienveillante, il était face à un miroir de noirceur et il aimait beaucoup ce qu'il y voyait.

Il s'inclina légèrement pour saluer cette femme, une lueur d'intérêt dans les yeux.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Sam 29 Juin 2019 - 19:23

Bien loin de se soucier des problèmes d'Arcane qu'ils avaient accueillis comme un sauveur mais qu'ils voyaient à présent comme un type bizarre et effrayant à cause du sourire qu'il avait laissé passer, la foule acclamait sa Mère. La Mother Blood qui était arrivée si peu avant les médecins comme pour annoncer leur venue et le salut du moribond... A moins que tout ça ne soit que conjectures fumeuses. Avec une froideur digne de Captain Cold ou Mister Freeze, Thompson réfléchissaient plutôt à ce qu'il c'était passé. A cet énergumène qui avait soigné gratuitement un blessé et... Qui s'était comporté de manière si étrange par la suite. Non décidément quelque chose n'allait pas avec lui.
Et d'ailleurs le voilà qui revenait peu après que la Mère eut achevé son discours qu'il n'avait écouté que d'une oreille distraite. Les bénévoles et autres assistants virent aussi le retour d'Arcane et certains eurent des mouvements de recul en se rappelant du sourire si effrayant qu'il avait eut.

-Je suis sûr qu'au fond d'eux-mêmes, ces gens sont ravis de voir que vous avez sauvé une pauvre âme en détresse.

Voix toujours aussi calme et dépourvue d'émotions... Pourtant quelque chose avait changé aussi chez l'administrateur. Une lueur étrange teintée de méfiance et d'intérêt. Cette animation fut brève et disparu lorsque la Mère s'approcha du duo sous le regard en quasi-adoration des fidèles. Le visage qui était resté si froid se para d'une expression heureuse. Sentiment que l'homme avait pourtant donner l'impression de ne pas ressentir...

-Thompson, est-celui ?

-C'est lui vénérable Mère. Je vous présente le Docteur Anton Arcane qui souhaite se joindre à nous, et dont l'arrivée fut providentielle à n'en point douter.

Un sourire orna les lèves de la Mère alors qu'elle se tournait vers Arcane. Son nez se fronça légèrement comme si elle elle avait senti quelque chose. Mais elle ne fit aucun commentaire.

-Monsieur Arcane, au nom de l’Église de Sang, je vous remercie pour votre geste. Puis-je faire quelque chose en retour ?


-Il souhaitait discuter avec vous Mère.

-Ah bien. Vous nous prêterez bien votre bureau mon ami.

Thompson hocha la tête à cette phrase qui n'était même pas une question. La Mère avait senti quelque chose et s'intéressait au Docteur c'était une évidence. Alors que le trio quittait donc la salle pleine de brebis humaines pour se rendre vers le bureau de l'administrateur, la femme jeta un regard équivoque vers le Docteur. Puis, le groupe fut arrivé à destination et Anton Arcane fut autorisé à parler.
Thompson placé derrière la Mère, le regard rivé vers le médecin.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Lun 1 Juil 2019 - 8:06

Anton se dispensa de tout commentaire sur la réplique du pantin Thompson. Que pouvait lui importer finalement que cette masse inerte puisse être soulagée, heureuse, satisfaite ? Elle n'était plus son but. Difficile cependant de ne pas noter que l'individu n'eut pas même la décence de jouer l'ignorance des réactions que le docteur avait tantôt suscitées.

Le silence fut la meilleure réponse jusqu'à ce que la Mère vienne jusqu'à eux. Elle naviguait avec aisance parmi les brebis de son Église. Tout de rouge vêtue, elle était une idole pour ces créatures frêles qui tremblaient presque d'extase. Même l'administrateur semblait s'animer d'un souffle nouveau en sa présence. Aura psychique ? Enchantement de l'apparence ? Drogue ? Toujours les mêmes questions. Mais...

Le nez. Légèrement retroussé. Un signe. Une compréhension. Instinct magique ? Amulette, artefact ? Reconnaissance d'un semblable ? D'un ennemi ?

Arcane resta de marbre tandis que les deux êtres se répondaient, préférant analyser les réactions de la mère. Thompson n'existait plus à ses yeux désormais. Il les suivit ensuite en silence.

Pas encore en tête-à-tête, Anton ne pouvait se permettre d'y aller trop directement. Mieux valait faire comprendre subtilement l'objet de sa visite. Dès que la porte fut fermée, il s'anima.

- Je vous adresse, madame, toute la sympathie et l'admiration que je porte à votre Église, commença-t-il. L'on ne peut que s'éblouir de son organisation, ici comme ailleurs. Vos réussites portent haut vos... couleurs.

Le Rouge. Quel genre d'Église pouvaient ainsi admirer le rouge sang ? Quelle Église pouvait seulement se cacher sous des oripeaux aussi terrifiants ? La discrétion aurait invité à des couleurs plus sobres, mais celle-là se parait avec ostentation pour mieux faire détourner les regards des autorités tout en attirant les malheureux. Comment cela pouvait seulement réussir sans aide surnaturelle ?

- J'ai effectivement eu l'audace de profiter d'un moment de votre présence pour espérer un entretien et je suis heureux que les circonstances m'aient été favorables, continua-t-il avec une voix de miel. Quel œuvre, quelle ferveur chez vos ouailles. J'avoue avoir lu nombre de théories cruelles à l'égard de votre Église...

Un mensonge, naturellement, mais il fallait constater de la solidité de la ferveur de chacun, surtout de la Mère.

- ... des contes idiots, convenons-en. Vos réussites à parvenir à des résultats en face de justiciers en collants alors que tout espoir paraissait vain parlent pour vous. Vos administrateurs eux-mêmes sont forgés à même un stoïcisme surnaturel qui convient parfaitement à leur attributions. En avez-vous de semblables dans chacune de vos antennes ?

Tourner l'attention vers Thompson paraissait une bonne manière de faire comprendre combien il était gênant et trop étrange pour être réel. Une horde de coquilles vides ne peuvent décemment pas faire de bons lieutenants. D'excellentes relais, oui, mais après ? Qu'attendre d'eux lorsque la situation l'exigeait ? Quel avantage avait cette femme à conserver des zombies comme Thompson à des postes comme le sien ? Contrôlait-elle tout ? Laissait-elle des démons mineurs ou des entités les posséder de temps à autre ? Tant de théories qui nourrissait les idées ambitieuses d'Anton et lui donnait toujours plus faim. Une faim sauvage qui le tiraillait décidément de plus en plus. La Nécrose, unie à sa nature semi-démoniaque creusait un abîme famélique dans son cœur et son être...

Puis il fixa Mother Blood avec un regard intéressé.

- Je suis très impressionné et aimerais beaucoup vous venir en aide... Cependant je m'interroge si l'extraction de balle puisse être la meilleure manière de mettre mes talents au service de votre grande Cause... Cause d'autant plus importante qu'elle est l'un des derniers phares de civilisation au milieu du chaos démoniaque qui frappe nos villes et nos semblables...

Il fit une courte pause, laissant ses double-sens pénétrer. Il n'avait rien avancé mise à part des flagorneries et des questionnements généraux, mais assez à l'adresse de ceux qui seraient suspicieux pour faire perdurer encore cet entretien.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Sam 6 Juil 2019 - 22:08

Décence ? Thompson avait peut-être connu cela, il y a fort longtemps. A moins qu'il ne soit pas réellement vivant. Seul la Mother Blood aurait pu répondre sans doute, mais celle-ci n'était pas d'humeur à fournir des explications sur cet administré plus qu'étrange. Ce qui l'intriguait elle, c'était l'aura qu'elle décelait autour du Docteur. Une odeur de... Pourriture surtout. Immonde sans doute mais qui attisait fortement la curiosité de la Mère. Qui était donc cet étrange personnage ? Elle comptait bien le découvrir dans ce bureau même.

Pour l'instant, celle qui dirigeait l’Église restait de marbre et Thompson semblait s'être purement et simplement mis en veille. Il ne réagit même pas, ne leva pas les yeux vers Arcane parla indirectement de lui et ne réagit pas aux sous-entendus. Serait-il un simple mannequin de bois que cela n'aurait pas changé grand chose. Lorsqu'Arcane eut fini sa diatribe, la mère eut un sourire equivoque.

-Il est vrai Monsieur Arcane que le sang n'a pas une bonne image dans notre monde actuel. Mais comme je l'ai rappelé tout à l'heure, le sang est également source de la vie. C'est lui qui irrigue les veines de chaque êtres vivants. Il mérite d'être honoré pour cela.

Un sourire étrange apparu sur ses lèvres.

-Et pour bien d'autres propriétés fascinantes également.


Puis le sourire disparu comme il était venu, mais le ton était toujours doux et agréable.

-Je vous remercie pour l'intérêt que vous portez pour notre Eglise et la clairvoyance dont vous avez fait preuve pour distinguer la vérité des racontars. Ce ne sont que les bêlements désespérés de ceux n'ayant pas été subjugués par notre œuvre. Quant à nos administrés... Ils manquent certes un peu de panache, mais effectuent leurs tâches avec brio. Ils me sont très dévoués. Thompson, voulez-vous bien expliquer les raisons de ce test ?

Mécaniquement, le dit Thompson marcha jusqu' à la Mère, une lueur cynique dans les yeux.

-Ce n'était qu'un moyen comme un autre pour juger des capacités de mon interlocuteur. Mais peut-être aurait-il souhaité que le Daily Planet s'effondre pour pouvoir déployer l'ensemble de ses capacités.

-Thompson voyons ! Ce ne sont pas des plaisanteries à formuler !

-Pardonnez-moi, mère. Quoiqu'il en soit, notre médecin extracteur de balles cache quelque chose.


-Quelque chose de noir. N'est-ce pas ?

Et les deux regards se braquèrent donc sur le docteur qui, s'il en avait douté, eut au moins la confirlation que ses deux hôtes avaient pressentis quelque chose chez lui.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Mar 9 Juil 2019 - 11:03

Une voix de sucre et l'esprit assez juste pour esquiver les questions les plus gênantes tandis qu'à côté le zombie reposait comme un mannequin. L'entretien jurait d'être intéressant.

Le sang... source de vie, mais surtout de mort, d'oxydation lente... Le cerveau fuit le sang lorsqu'il n'est pas dans une veine ou une artère, un réflexe défensif des plus logiques. Quiconque voit du sang sent instinctivement son corps se mettre en alerte, réduction du champ de vision, accélération du rythme cardiaque, réflexes de l'amygdale cérébrale pour assurer la survie. En résumé, un réflexe de peur défensive. L'on pouvait dès lors fuir, se tétaniser, combattre, se soumettre. Finalement, l'Eglise avait peut-être bien choisi son nom.

La petite réplique qui suivit les platitudes de la mère fit lever un sourcil interrogateur chez Anton qu'il ne prit pas même soin de cacher.

Puis elle repartit sur les échanges quelconques que lui avait servi le semi-démon qui écouta d'une demi-oreille. La voix de Thompson insupportait décidément Anton. Le docteur eut un léger soufflement amusé lorsqu'il évoqua le journal de Metropolis. Pauvre idiot. Comme il aurait été facile de constater avec cette chose combien le sang pouvait être une source de mort et non de vie.

Mais l'entretien pris un virage en épingle serré. Ainsi les deux individus nourrissaient des doutes. Que la mère en ait, après ses petites phrases, sa tenue et son organisation passe, que l'autre sous-être ait eu des doutes cependant laissait pensif.

Arcane passa d'un regard attentif à un autre avec naturel et décontraction. Un sourire affamé étira ses lèvres d'emprunt. Ses interlocuteurs avaient l'avantage dans cette conversation, l'heure de renverser la vapeur. Ils avaient des doutes, des certitudes, lui, voulait.

- Le sang, fit-il après quelques secondes de silence, est un excellent catalyseur. Pas seulement pour les facultés de son plasma à agréger des molécules complexes et à servir de relais à la transmission de messages chimiques dans le corps, mais pour la puissance qui en émane. Un corps d'adulte moyen en contient 5 à 6 litres de sang, un peu moins pour les femmes. Cela fait des hommes des sujets tout choisis, mais le sang de femmes contient des mélanges hormonaux aux propriétés utiles. Cependant le sang n'est pas la vie, même une fois extrait et utilisé pour l'usage de ses propriétés "fascinantes", il reste un agrégat instable sujet à une coagulation délicieuse qui, hélas, le rend inerte. Le sang est un appel lointain à la mort. Cette faible lueur qui s'éteint lentement, charriant déchets et saletés de notre organisme, s'usant dans l'épuration. Le sang est. Point. Il est mort, c'est un fait. Le prendre pour la vie c'est confondre la carte et le territoire, le sang est comme le battement d'un métronome : il n'est pas le rythme, il le bat.

Il marqua une pause dans son étrange logorrhée.

- Je devrais être vexé, continua-t-il. Vous semblez nourrir un instinct qui me fait défaut même si je sens en vous autant d'intrigue que vous en sentez en moi. Le point le plus vexant toutefois est que je n'ai en aucune façon cachée mon identité. J'aurais cru avoir, si vous étiez des réseaux auxquels je vous rattachais, une petite réputation.

Il éclata d'un rire puissant puis parla plus pour lui-même que pour ses interlocuteurs.

- Le docteur Holland me manque en de tels instants, je pouvais souvent lire en lui la haine qu'il avait de moi, la peur primitive et puissante que je provoquais dans son être. Il savait que ma venue était annonciatrice de mort. Les temps changent.

Cette pensée fit naître en lui une boule de rage. Lui, Anton Arcane, était fait pour l'éternité. La vieillesse était l'affaire des autres, il ne pouvait pas être dépassé. Il se reconnecta soudainement à l'image des deux être qui se tenaient devant lui.

- Les couleurs de nos secrets sont afflictions d'esprits. Si gorgées de significations et d'effets que soient les longueurs d'onde du spectre visible, elles restent de bien peu de valeur ici et maintenant. Il n'y a pas plus de noirceur dans mon coeur que dans le votre ou de vide dans celui de votre agaçant pantin... Je m'interroge cependant à mon tour. Y'a-t-il seulement dans votre administrateur du sang ?

Usant de l'énergie de la pierre d'éternité qu'il avait niché dans son avant-bras droit, Arcane se retrouve à côté de Thompson.

- Chère Mother Blood, à mon tour je sens que vous cachez quelque chose. Et ce quelque chose est sans doute bien plus rouge encore que le sang. La vraie question est : qui est derrière votre Eglise ?

Comme s'il enlevait un gant, Anton arracha la peau de sa main droite et découvrit l'un de ses mains décharnées aux ongles semblables à des griffes.

- Chacun peut faire un pas vers l'autre, il ne dépend dès lors... que de vous, conclut-il.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Ven 12 Juil 2019 - 14:46

Les diverses réactions d'Arcane n'avaient pas non plus échappées à la Mère, mais c'était décidément toute l'aura qui se dégageait de lui qui l'intriguait. Curieux comme une femme qui prétendait être du côté de la vie était intéressée par des choses si proches de la mort non ? Le sang et surtout l'aura de pestilence se dégageant du mystérieux docteur. Une personne comme elle prétendait l'être n'aurait-elle pas cherché à mettre un tel individu à la porte ou pire, ou mieux selon le point de vue, à se débarrasser de lui ? Ça aurait peut-être été plus sage oui...
Si la mère avait bien été le genre de personne qu'elle prétendait être.

Les deux membres de l’Église de Sang écoutèrent la diatribe d'Anton sur le sang. Bien loin des considérations idéologiques que la Mère tentait visiblement d'appliquer sur ce liquide rouge qui maintenait en vie les hommes et les animaux, le docteur fit preuve d'un esprit scientifique implacable. Deux visions s'opposaient alors... Mais au fond, celle défendue par la Mère n'était peut-être qu'une façade pour cacher ses objectifs réels.
Mother Blood sourit.

-Vous êtes d'un esprit scientifique rigoureux monsieur Arcane. Au moins vous prouvez que vous n'avez pas volé votre diplôme sur tous les plans.

Ensuite, Arcane commença à se dévoiler réellement, même si en effet il ne s'était pas vraiment caché. Surtout depuis son affreux sourire qui avait tant fait peur aux âmes l'ayant vu. L'être auquel ils parlaient n'était pas un simple docteur aux pulsions plus que louches, mais une entité plus ancienne... Enfin pas si ancienne que cela au regard de certaines autres, mais aux pouvoirs diaboliquement intéressant. Le sourire de le Mère s'agrandit encore.

-L'Avatar du Roth...


Et l'Avatar d'enlever la peau de l'une de ses mains dans un spectacle qui aurait sans doute fait tourner de l’œil le malheureux Clarence s'il s'était trouvé là. Thompson resta égal à lui-même tandis que la Mother Blood assistait à la scène sans manifester aucune once de crainte. Malgré le fait que le Docteur se montre menaçant et que sa main griffue soit bien trop proche de Thompson.

-Nous avions entendu parler de vous, Anton Arcane. Mais nous aurions pensé que vous auriez d'autres projets que de vous intéresser à notre humble Église. Officiellement nous ne faisons qu'apporter un peu de lumière dans ces temps obscurs.

Avoir l'un des Avatars de leur côté serait réellement un avantage pou eux. Ce n'était pas celui du Red, mais il ferait l'affaire car il paraissait prêt à commettre des actes que beaucoup qualifierait d'ignobles.

-Vous pouvez planter vos griffes dans le corps de mon subordonné, si cela vous chante et peut vous calmer un peu. Veillez toutefois à ne pas le tuer et à ne pas lever la main sur moi car je doute que mon maître apprécie cela.

Soudainement, l'aspect de la femme qui tenait face à Anton changea du tout au tout. La Mother Blood paraissait désormais plus âgée... Et surtout plus terrifiante qu'elle ne l'avait été jusqu'à là. Elle tenait bien plus de la démone que de la femme douce qu'elle avait semblé être aux yeux de se fidèles.

La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Mother-Blood-in-Titans-No.-35

-L’Église aurait une proposition à vous faire, Docteur Arcane. Êtes-vous prêt à l'écouter ?


Dans l'ombre, des ombres se manifestaient, prêt à bondir sur Arcane au moindre signe de danger ou de désobéissance de sa part. Il était Anton Arcane, l'Avatar du Roth, de la Nécrose, mais la dirigeante de l’Église entendait bien ne pas se laisser impressionner par ça.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Lun 15 Juil 2019 - 8:40

C'était étrange de ressentir l'air "frais" sur sa peau maintenant dépourvue de son costume de chair. C'était déplaisant, la sensation de la peau légèrement flétrie et tannée magiquement était à l'inverse beaucoup plus excitante. Le docteur avait entendu le "compliment" de son interlocutrice. Oui, il n'avait pas à proprement parlé suivi d'études classiques, mais il était brillant. Son esprit était aiguisé et cela le dispensait d'un morceau de papier qui appliquerait sur lui une sorte d'autorité de fait.

Il était docteur, à n'en point douter, mais pas médecin. Sauver des vies et prêter serment de le faire n'entrait ni dans ses désirs, ni dans ses grandes compétences.

Entendre son nom lui fit particulièrement plaisir, comme si son égo avait eu besoin d'être à un moment réconforté d'être plus que le lointain souvenir de sa gloire passée. Car Anton considérait l'éternité de plus d'une manière. Être éternellement dans un corps était une chose, marquer à jamais l'Histoire une autre. Trop de temps passé dans l'ombre des Grandes Heures de l'Histoire, il désirait, même pour un cercle restreint, être reconnu pour ce qu'il était : un brillant occultiste, un Avatar Primordial puissant et implacable, celui qui allait faire sortir de leur carcan les cycles de Vie et de Mort pour enfin les laisser s'épancher dans le chaos de leurs pulsions !

Mais c'était encore aller trop loin pour cette entrevue. Pour l'heure il était reconnu pour ce qu'il était, signe indéniable que sa gentille interlocutrice n'en avait que la façade. Tout le monde resta de marbre. Il reconnut en lui-même une légère déception, un léger tressaillement aurait été la moindre des politesses. Même les plus élémentaires attentions disparaissaient désormais, l'on ne respectait plus réellement l'horreur, elle s'était banalisée dans ce monde horrible. Arcane sentait tragiquement qu'il était désormais quelconque, il n'effrayait plus réellement, il y avait toujours quelque chose de "plus" que lui. Plus puissant comme Darkseid, plus organisé comme cette Église, plus impressionnant comme d'autres démons. N'était-il que cela ? Un second couteau dans le grand jeu de l'escalade psychotique infernale ?

Le mot "humble Église" fit lever un sourcil du bon docteur et le mot "officiellement" l'invita à s'asseoir sur un recoin du bureau, croisant ses deux mains asymétriques sur ses jambes, comme s'il était curieux d'entendre la suite. Il fut invité à abîmer sans aller jusqu'au bout l'agaçant Thompson. Mais Anton restait un prédateur, les morceaux de viande offerts n'étaient pas à son goût, il lui fallait le plaisir de détruire et de violenter dans les cris et la panique, peut-être finalement était-ce là sa véritable nature ? Nul besoin pour lui de dominer ou de régner, seul l'épanchement funeste de sa bestialité lui offrait le nécessaire. Perspective intéressante.

- Un "Maître" donc, commenta-t-il sobrement. Voilà qui me parait très prometteur.

Puis la mère supérieure changea. Voilà qui était plus convenable, enfin un vrai visage, du genre délicieusement agréable. L'on sentait en elle pulser une puissance démoniaque. Les traits étaient, pour l'occasion, réellement sanguins. L'occultiste commençait à mieux comprendre. L'entretien commençait à porter ses fruits. Étrangement, le docteur Arcane se sentait plus à l'aise face à cette créature et avec la certitude désormais qu'une puissance démoniaque était à l'œuvre, comme si le monde reprenait une marche normale, logique, cohérente.

- Cette apparence vous sied bien mieux, répliqua-t-il, l'habit de nonne ne vous rend guère honneur. Je suis naturellement prêt à entendre toutes vos propositions, après tout, vous m'avez bien poussé à "sauver" une vie.

Il ricana en écartant le bras comme s'il attendait la suite de ses propos.

- Quant à votre pantin, tant qu'il reste silencieux, je daigne bien vous le laisser indemne. Je vous écoute avec attention...
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Mar 16 Juil 2019 - 11:25

Alors qu'il ne semblait guère apprécier Thomspon, Arcane ne fut pas tenté de le blesser comme le lui proposait la Mother Blood. Il aurait pu découvrir qu'il n'y avait plus aucun sang à l'intérieur de ce corps qui était tel un fruit privé de son jus. Tout sec à l'intérieur et le spectacle n'aurait été guère agréable... Sauf pour un être tel que l'Avatar de la Nécrose qui aurait sans doute trouvé ça passionnant à découvrir. Mais soit, il aurait la surprise pour plus tard peut-être.

-Ne vous réjouissez pas trop monsieur Arcane. Notre maître n'est pas le genre de personnes à qui l'on peut échapper facilement.


Puis, la Mère avait changé son apparence... Une apparence bien plus terrifiante que celle qu'elle avait arboré jusqu'alors. Étais-ce sa véritable ? peut-être oui. Comme Arcane elle dissimulait son horreur derrière une couche de chair moins choquante du point de vue des pauvres créatures peuplant cette planète. La femme eut un sourire amusé.

-J'apprécie vos commentaires, mais je crains que nos fidèles ne soient pas du même avis que vous. Ils sont comme des moutons. Prenez une apparence trop effrayante pour eux, et ils s’enfuiront en hurlant. Ce n'est pas ce que nous souhaitons.

Mais ça, Anton Arcane l'avait sans doute compris tout seul. Ce que L’Église voulait, c'était attirer les gens à elle. Les pauvres et les miséreux dans un premier temps, puis d'a qu'utres venant de toutes les classes sociales et de tous les horizons. Le sourire de la Mère se fit carnassier.

-Et puis ainsi, je donne raison à ce proverbe, l'habit ne fait pas le moine.


Il "daignait" donc. Soit. Mother Blood fit le choix de ne pas tenter de le faire descendre de son piédestal. Elle avait comprit que son interlocuteur était bien plus dangereux qu'on ne pourrait le croire, mais elle aussi avait de la ressource. Elle et son maître surtout. Si un affrontement devait avoir lieu aucun doute que les conséquences qui en découleraient seraient terribles.

-Nous risquons fort de devoir vous obliger à sauver d'autres vies monsieur Arcane, du moins, si vous souhaitez oeuvrer avec nous. Nous sommes officiellement une Eglise désirant le bien-être des gens et comme

-Je suis certain que cette sainte Nitouche de Clarence en serait ravi.

La Mère ne se retourna pas vers son subordonné qui avait l'espace d'un instant manifester un signe de vie, et attendit quelques secondes, le temps d'observer la réaction de l'Avatar de la Nécrose.

-Sauvez des vies en notre nom comme un docteur est sensé le faire. En retour l’Église vous laissera accéder aux cadavres de ceux qu'elle n'a pût sauver. Car hélas, nous ne pouvons pas tout. Il arrive que certains d'entre eux ne nous soient jamais réclamé. De ceux-ci du moins, vous pourrez disposer comme bon vous semble.

La Mother Blood n'avait même pas cillé en prononçant la dernière phrase.

-L’Église aura sans doute d'autres tâches à vous confier, mais telle sera la première. Le prix vous satisfait-il ou souhaiteriez-vous autre chose en échange ?
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Mer 17 Juil 2019 - 22:17

Comment ne pas se réjouir ? Comment ne pas exulter alors même que tant de choses s'illuminaient ? Il fallait bien être un esprit pragmatique à outrance pour ainsi ne pas trouver de plaisir dans ce rideau qui s'ouvrait. Elle servit un couplet fort convenu sur l'éventuelle puissance de leur "Maître", mais qui restait nébuleux pour l'instant. Il pouvait n'être qu'un démon mineur particulièrement efficace sur Terre mais affreusement limité dans les tréfonds du plan infernal, à moins qu'il ne s'agisse d'un démon adepte de l'oniromancie, la traque ou l'omniscience limitée. Il lui fallait cependant un nom, une piste. Là, il avait au mieux l'existence hypothétique d'un artiste derrière le théâtre de marionnettes.

Or donc, Anton écouta avec grande attention. Trop de choses se jouaient maintenant pour qu'il laisse l'opportunité lui filer entre les doigts. Oui, les êtres humains et leur culte de l'apparence... c'était une clef de fonctionnement tacite de ce monde, affichez-vous docteur avec la tenue idoine et tout le monde vous croira même si le seul papier que vous avez sur vous est un ticket de métro, présentez-vous avec une liasse de diplômes mais habillé comme un vagabond et croyez bien que vous finirez à la porte.

L'habit ne fait pas le moine et la peau ne fait pas le démon, mais le coeur est toujours là, palpitant de noirceur. Toute l'Eglise du Sang Versé comme une organisation vêtue de bienveillance mais pétri d'horreur prenait les allures d'un havre pour le semi-démon. Mais c'était perdre une partie de sa liberté. En était-il seulement capable ? Pouvait-il accepter d'être ainsi enchaîné ? Sauver des vies, mais pour quelle finalité ? Voilà la véritable question qui...

Ce fut alors que le pantin s'agita. Thompson n'était guère resté silencieux. Anton soupira, comme face à un enfant qui n'était pas sage. Il se permit alors une légère pause roborative en plantant d'abord sa main griffu dans ce corps aussi déséché que lui en ricanant. C'était aussi amusant que de frapper un arbre à l'apparence humaine. Il le projeta ensuite contre un mur, juste assez pour que cela le soulage, mais pas assez pour l'abimer irrémédiablement. S'il avait pu le tuer, nul doute qu'il aurait continuer, mais c'était trop risqué pour une si frêle créature.

- Comprenez que j'avais une parole à honorer, fit-il ironiquement comme pour mieux décrire ses agissements, sans chercher à s'en excuser outre. Il me plairait cependant beaucoup d'étudier un tel spécimen si vous en avez d'autre.

Il regarda sa main qui n'avait pas la moindre salissure de sang, ça enlevait au plaisir. Puis la mère continua avec une rétribution qui convenait parfaitement au semi-démon, même si la question de son autonomie serait primordiale. Inutile cependant de la réclamer, c'était là quelque chose qu'il pourrait tester de lui-même, selon naturellement le nom de son futur employeur.

- Ainsi donc vous me proposer une place dans cette vaste organisation, reprit-il en pleine réflexion.Offre tout à fait honnête. Mais il me faudrait une chose que vous comprendrez être de toute première importance vues les affaires infernales qui secouent nos différents plans d'existence. Qui est votre Maître ?

" Je suis parmi les êtres qui vont et viennent entre l'Enfer et la Terre et il me faut savoir qui je soutiens si je veux pouvoir maintenir dans les terres brûlées une once de crédibilité et de cohérence.


Il croisa les bras, en profonde introspection. L'opération avait ses risques, si le démon se révélait trop puissant, il paraissait surfait de le trahir ou l'abandonner, d'un autre côté, il pourrait négocier avec les informations que Silver Banshee saurait lui donner une bonne place dans l'ordre qui s'implanterait dès lors. Deux noms lui apparaissaient : Etrigan mais les méthodes de l'Eglise paraissait trop cruelles et Trigon, mais la subtilité rendait le tout assez surprenant. Tant d'autres candidats étaient cependant possibles. Dans tous les cas, il lui faudrait faire un choix et prendre un camp qui lui offrait de bonnes garanties.

- Si j'acceptais votre offre, m'installeriez-vous ici à Metropolis ou serais-je "itinérant" pour les opérations ?

Discuter des détails rendait l'acceptation de cette solution possible et ouvrait clairement le débat sur des considérations pragmatiques, presque banales, comme s'il passait un simple entretien d'embauche. Anton avait déjà servi des maîtres et des gouvernements pour son intérêt, il n'y avait finalement pas grande différence avec ses précédentes "affectations", tant qu'il pouvait rester dans l'ombre le temps de monter en puissance, ce pacte pouvait clairement lui convenir.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Dim 21 Juil 2019 - 12:50

L'humain était réellement du genre à se concentrer sur ce qu'il pouvait voir, palper... Il accordait bien plus de crédit à l'apparence qu'à l'essence qui lui apparaissait souvent comme quelque chose d'obscur voir même effrayant. Et c'était ce qui le rendait aussi facile à manipuler et à tromper. Une femme serait toujours un être inoffensif à leurs yeux malgré l'existence d'héroïnes ou de vilaines. De même une religieuse renforcerait cette impression d'être ne pouvant pas faire de mal. Ainsi caché derrière les voiles de la religion, des êtres démoniaques s'avançaient vers leur objectif.
Encore inconnu.

Anton avait mal réagit à l'intervention de Thompson, bien évidemment. Mais la Mother Blood n'en n'avait cure. Elle jeta juste un regard à son subordonné qui avait maintenant diverses plaies sur le corps. Malgré sa neutralité inhumaine et le fait que plus aucun sang ne coulait dans son corps, ce dernier restait aussi faible que celui des autres membres de sa race. Les êtres comme Thompson étaient littéralement des marionnettes de chair, mais pas de sang.
Ce qui ne les empêchaient pas de pouvoir mourir.

-Nous en avons d'autres. Si vous acceptez notre proposition, nous vous ferons parvenir les corps de nos administrateurs si l'un d'eux décède.


Ensuite Anton réclama le droit de connaître le nom du maître... Pour savoir à qu'il prêtait allégeance, mais aussi pour garder un minimum de crédibilité aux yeux des autres habitants des Enfers. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les démons aussi avait besoin d'entretenir une certaine image auprès de leurs pairs. Anton ne souhaitait donc pas passer pour quelqu'un s'enrôlant sans savoir à qu'il avait affaire et pouvant être utilisé par des démons de bas-étage. Ce qui était tout à son honneur cela dit. Au moins l’Église pourrait être certaine que l'individu de ne la trahirait pas pour n'importe qui.
Même s'il paraissait clair qu'Arcane agissait d'abord pour lui-même.

La Mother of Blood n'avait pas très envie de révéler le nom du véritable maître de cette Église à Arcane. Oh, il ne prendrait sûrement pas peur elle le savait, son âme était suffisamment noire pour accepter de collaborer avec des forces démoniaques de grande ampleur.

-Je suppose qu'un être de votre envergure a déjà entendu parler du démon Trigon. Notre maître bien que prisonnier a encore des appuis sur cette Terre. Notre institution en fait partie.


Puis vint la question de où Arcane serait placé. Question légitime encore une fois, quoique pouvant sembler déplacée au vu de la discussion précédente. Comme si entrer au sein d'une Église démoniaque était somme toute aussi banal que rejoindre une entreprise quelconque. C'était d'une ironie gouteuse.

-Vous resterez à Métropolis pour le moment, puisque vous avez déjà commencé à faire vos preuves ici. Vous aurez la "joie" de cohabiter encore un peu avec ces bons Thompson et Clarence. Mais nous vous serons sans doute appeler dans d'autres villes. Notamment Gotham. Vous n'imaginez pas le nombre malheureux traînant dans ses rues.


La puissance se repait de la misère, et Gotham en était pleine. Si pleine que l'on pouvait se demander comment elle tenait encore debout.
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Re: La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane] Mar 23 Juil 2019 - 8:35

- Très volontiers, répondit-il à la première offre. Décortiquer les carcasses de vos pantins sera des plus divertissants.

Trigon. Ou plus exactement, quelqu'un ou quelque chose d'affilié à cette créature infernale. Qui disait Trigon, disait violence. Même les manipulations les plus subtiles finissaient avec ce démon par des bains de sang. C'était un cheval gagnant dans l'estime de l'occultiste. Mais hélas, comme elle le rappelait, l'être était emprisonné. Il lui manquait de quoi s'incarner et revenir même si l'on parlait de sa progéniture dans les limbes infernales, comme un secret de polichinelle.

Quelqu'un donc, oeuvrait au nom de l'Azarath, pour le faire revenir ou simplement pourlécher les bribes de pouvoirs qu'il daignait faire filtrer aux travers des dimensions. Encore des mystères, mais moins épais. Moins denses qu'au commencement de cet entretien. Il y avait déjà bien matière à agir.

- Voilà qui ouvre des perspectives, déclara-t-il.Trigon est du genre plus direct cependant, mais une touche de subtilité n'est pas pour porter ombrage à sa réputation.

Trigon donc... Se répéter le nom offrait de bonnes garanties. Certes, il n'était pas partageur mais la mort et le chaos suivaient ses pas et Anton pouvait parfaitement y retrouver son compte.

D'un côté plus pragmatique, Anton resterait à Metropolis quelques temps, ce n'était guère éloigné de Gotham où ses affaires avec le docteur Crane l'attendaient et cela l'arrangeait pour le moment. Il y aurait une période où il devrait se déplacer mais il restait ici à l'épicentre d'un évènement qui bouleverserait le monde et ses fondations. Les guerres infernales semblaient prendre le chemin d'une résolution violente, les pièces se mettaient en place et il n'allait pas laisser l'occasion de prendre une place confortable sur l'échiquier passer devant lui sans la saisir. Ni trop en avant. Ni trop en arrière. Position médiane qui convenait pour le moment à l'état de ses forces.

La mention de Clarence arracha un sourire sinistre au docteur Arcane.

- Et l'on prétend que l'Enfer est fait de tourments... plaisanta-t-il.Clarence oui... Clarence... Trop utile dans sa ferveur pour vivre un accident...

Il haussa les épaules.

- Soit, soupira-t-il. Mais le jour où il ne vous est plus utile. Prévenez-moi sans hésiter, j'aurais plaisir à l'étudier plus en avant.

" Quant à Gotham, elle est un creuset puissant pour vos opérations. Que de tristesse et de misère dans ses rues... J'ai aimé y humer l'odeur de la civilisation décadente en pleine putréfaction. Oui, les malheureux s'y entassent comme autant de victimes consentantes qui s'empilent sur un brasier. Seule l'étincelle de l'embrasement manque à l'appel.


Gotham était d'une misérable puissance dont l'Eglise allait se repaître comme une bête affamée. Colosse aux pieds d'argile dont se nourrirait les êtres inter-dimensionnels les plus affreux. Oui, la puissance se repaît de la misère et elle ne manquait pas en ces temps de mort et de nécrose. En ces temps faits pour Anton Arcane.

[HRP]Je propose de clore ici ma présence sur ce sujet. Encore un grand merci pour cet entretien d'embauche Wink Voilà Anton officieusement membre de l'Eglise du Sang Versé ! [/HRP]
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La puissance se repaît de la misère [Anton Arcane]
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