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La Plaie [Starfire]

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Re: La Plaie [Starfire] Ven 4 Oct 2019 - 16:52


La plaie


« Scott, non, » souffla Koriand’r entre deux mots de ce dernier.

Car elle voyait très clairement où il allait, où sa conclusion le mènerait, et elle ne voulait pas qu’il replonge dans de telles ténèbres – pas tant qu’elle pouvait le retenir. Elle tendit un peu plus son bras, écarta ses doigts le vide et continua à espérer qu’il accepte son main et qu’il la rejoigne.

« Pas moi, » rajouta-t-elle quand il ramena le nom de Mister Miracle dans la conversation, avec toutes les responsabilités qu’il impliquait. « Scott, je me fiche de Mister Miracle, je veux que tu sois toi, s’il te plaît… »

Elle tendit un peu plus son bras, accompagna son geste d’un nouveau pas en sa direction, et se décida finalement à l’attraper elle-même. Seulement quand elle se pencha avec pour cible le poignet de Scott, ses doigts se refermèrent dans le vide et elle manqua de perdre l’équilibre à cause de tout cet espace vide là où, encore quelques courtes secondes auparavant, Scott se tenait. Elle releva les yeux vers la porte surgit de nulle part, et comme si elle avait senti la pulsion de Koriand’r de s’y jeter tête la première, cette dernière s’évapora aussitôt. Elle aussi.

Le souffle coupé, Koriand’r se redressa et leva la tête, mais le Porteur était déjà parti, là où même son vol et sa vitesse ne pourrait pas le retrouver. Il lui aurait fallu quelques minutes de plus pour bien réaliser ce qu’il venait de se passer et ce que ça impliquait. Elle avait été si proche du but, elle avait réellement cru qu’elle l’avait touché et maintenant… Il ne pouvait pas… Il ne pouvait pas être revenu à son premier plan, n’est-ce pas ? Il était parti, oui, mais il ne l’avait pas fait en repoussant l’idée d’être en vie, non. Il était parti en lui disant qu’il ne pouvait pas s’autoriser un bonheur quelconque. Qu’il ne pouvait pas l’autoriser, elle, à le rendre heureux.

Il lui aurait fallu plus de temps, oui, pour vraiment réaliser ce qu’il avait dit, ce que ça impliquait et surtout, ce que cela provoquait en elle, mais elle n’eut jamais ces minutes précieuses. Car tandis qu’elle cherchait à se dérober elle aussi, le souffle toujours coupé et son sang devenu glace dans ses veines, la main d’Adam Strange surgit de nulle part et lui attrapa le bras.

Et, suivant les désirs de son protecteur et de la famille royale, Rann ne la laissa pas s’envoler.

Elle passa d’étreintes en étreintes, rendit chaque sourire, chaque remerciement comme si elle avait eu la moindre part à ce sauvetage … miraculeux ; elle aida les troupes à ramasser leurs blessés, accepta les cadeaux, prit part aux danses ranniennes comme si elle avait le cœur à danser. Elle parla en tant que Princesse de Tamaran, en tant que responsable de la sécurité du Conseil de l’Univers ; elle s’entretint aussi bien avec Adam Strange et sa femme qu’avec ceux qui venaient lui parler. Mais dans tout ce brouhaha, au milieu de toute cette agitation, de toute cette chaleur, elle baignait dans un silence intérieur terrible et pesant, un silence qui lui ferait payer chaque distraction que Rann lui offrait et dont elle usait sans hésiter.

On ne peut fuir éternellement ceci dit, et l’heure vint où elle se sentit prête à faire face à ce poids. Elle s’excusa auprès d’Adam et Alanna, tapota avec affection le sommet de la tête d’Aleea qui arborait depuis peu de belles tresses tamaranéennes puis s’éclipsa finalement. Enfin.

La suite qu’on avait mise à sa disposition était splendide. Vide et froide. Koriand’r était seule. Le silence au fond d’elle grandit, grossit, jusqu’à finalement se fondre dans le reste du décor, et quand elle prit place sur le lit avec un profond soupir, elle n’entendait plus rien des festivités qui illuminaient toujours Rann. Elle n’avait pas besoin de parler ni de penser. C’était son silence à elle et elle s’y abandonna sans chercher à l’ignorer ou le repousser. Elle était tamaranéenne, après tout. Ce qu’elle ressentait, elle le portait à bout de bras, elle l’affirmait sans hésitation. Et, tandis qu’elle se glissait sous les draps, épuisée, ce qu’elle ressentait plus que tout, c’était l’absence de Scott.

Elle n’aurait rien pu faire pour combler ce manque, de toute façon.

Et c’est sur cette dernière pensée lointaine qu’une nouvelle source de lumière surgit dans la chambre. Son cœur bondit dans sa poitrine, et elle n’eut même pas le temps de reconnaître la porte qui la téléporta, elle et son lit, tant ce fut rapide. Ce n’est que lorsqu’elle prit conscience de son nouvel environnement, loin des ornements de la chambre du palais royal de Rann, qu’elle réalisa ce qui venait de se passer. Elle se redressa à toute vitesse dans le lit, les yeux écarquillés. Elle était dans le Porteur, oui, mais plus dans la Plaie, car ce qui se trouvait de l’autre côté des vitres n’avait rien d’extra-dimensionnel.

La voix de Scott la coupa dans ses pensées et elle ne put s’empêcher de sourire franchement, avant même de se retourner vers lui.
Disparu, le silence.
Eclaté, le silence. L’absence.

Elle le laissa s’approcher du lit sans bouger, et ce n’est que lorsqu’il entra dans son champ de vision qu’elle se tourna finalement vers lui. Son sourire ne fit que s’agrandir quand elle nota les différences, flagrantes.

« Scott Free a le choix, » le corrigea-t-elle, sans se départir de son sourire. Elle s’extirpa des couvertures et s’avança jusqu’au bord du lit avant de s’y asseoir. Le sol froid et métallique du vaisseau contre ses pieds faisait un terrible contraste avec la douceur des draps. Elle s’en moquait.

« Tu as le choix, » rajouta-t-elle avec plus de douceur.

Elle baissa les yeux et s’empara de la coupe qu’il lui tendait.
Disparu, le silence. Effacé par le curieux bruit gazeux qui s’échappait de la boisson pétillante – un nectar qu’on ne trouvait que sur Tamaran et dont elle raffolait. Effacé par la voix de Scott, par le bruit de ses pas tandis qu’il se rapprochait, par le bruissement des draps tandis qu’elle se redressait, par le son de son propre cœur atteint d’un accès de folie quand elle enroula ses doigts autour du poignet de Scott. Elle le tenait. Effacée la vision de sa main tendue retombant dans le vide. Elle le tenait.

Elle sourit avec plus de douceur, plus de tendresse, tandis qu’ils ne cessaient de se rapprocher l’un de l’autre.

« QI’tu’ me semble être une première étape parfaite dans notre voyage pour découvrir ce que Scott Free veut vraiment. »

Elle lâcha son bras et vint poser sa main sur la joue de Scott.

« Merci, » souffla-t-elle finalement.

Jamais un silence n’avait été aussi rapidement oublié. Jamais ne s’était-on aussi facilement débarrassé d’un poids aussi lourd. Ils le savaient tous les deux depuis longtemps – depuis le début, à dire vrai – mais ils avaient toujours été plus forts ensemble.

Il y en aurait d’autres des miracles. Koriand’r… Kory en était convaincue.

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