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[Robinson Park] Germinaison du mal

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[Robinson Park] Germinaison du mal Lun 8 Juil 2019 - 10:20

Robinson Park vivait son hiver. Le premier depuis la chute de Darkseid. La végétation était à l'image de la ville. Grise, noirâtre, cassante et sans aucune gaieté. L'herbe piégée dans son sol gelé attendait le retour des beaux jours. Les arbres, formes tortueuses qui striaient le ciel de leurs branches nues, projetaient leurs ombres éparses sur les courageux coureurs dont les chaussures de sport charriaient une terre anthracite rendue collante par la précédente averse.

Un vent froid filtré par les hautes avenues gothiques de la ville avait perdu la puissance des embruns marins pour n'être plus que l'exhalaison putride des immeubles et de la circulation rendue dense par les frimas de la saison. Degaton, assis sur un banc qui attendait d'être repeint tournait les pages d'un journal qui dressait en d'interminables énumérations la liste des gothamites disparus dans la catastrophe planétaire. Les cérémonies de deuil ne s'étaient pas encore éteintes.

Il leva les yeux vers un corbeau qui se disputait avec une famille de pies dans une cacophonie agressive de battements d'ailes et de jacassements désagréables. En dehors de ces querelles, peu d'oiseau avaient le cœur à gazouiller et seuls les klaxons lointains osaient venir troubler la paix hivernale des lieux.

Ce n'était pas encore la bonne époque. Per se leva de son siège et s'en alla dans un chemin de graviers humides. Puis disparut.

Ses chaussures mouillées firent crisser les graviers frais d'une matinée qui quittait la ville en laissant sa douce rosée. Les arbres étaient en bourgeons verdoyants. L'herbe reprenait sa lutte face aux autres plantes pour la domination des parterres, les espaces de composition florale étaient retournés par les jardiniers municipaux aux côtés desquels des plants gorgés de vie reposaient dans des brouettes.

Les premières jonquilles ouvraient leurs corolles vers un ciel au bleu encore délavé par les pluies. Les promeneurs étaient plus nombreux, l'on ne courrait plus à deux ou trois mais par groupe compact. Le Soleil ravivait les cœurs.

Per s'assit sur le banc dont la peinture s'écaillait d'avantage. Ce banc à la fois usé et inusité, dans un recoin peu entretenu de Robinson Park était pour lui le plus précieux des lieux. Il faisait face à une végétation dense dont les arbres semblaient être à eux seuls des avertissements. Un endroit où des mois plus tôt s'était tenue une femme, ou ce qu'il en restait, et qui avait choisi de fermer les yeux, le temps d'un cycle de sève.

Il sortit de la poche de son long manteau un livre dont il commença la lecture. C'était un livre non encore publié mais qui aurait du succès. Un livre médiocre hélas. Au bout de cinquante pages il le referma. Des oiseaux chantaient autour de lui et l'écrin de verdure du parc brisait les assauts furieux de la circulation automobile qui l'entourait. Le ruissèlement d'un cours d'eau voisin donnait à l'entourage du banc de Degaton des airs de paradis perdu.

Le criminel se leva, épousseta son long manteau, regarda sa montre et soupira avant de repartir. Le temps n'était pas encore venu.

Un Soleil de plomb étouffait Gotham City. Les fontaines de Robinson Park étaient prises d'assaut par les enfants braillards des pique-niqueurs qui avaient étalés leurs lourdes couvertures sur le gazon vigoureux des lieux. Les policiers s'éventaient avec leurs casquettes à l'ombre des arbres et fermaient les yeux sur les citoyens qui outrepassaient les panneaux "pelouse interdite". Il y avait crime plus grave en pleine canicule.

Les plantes illuminaient les alentours de leurs couleurs chatoyantes, les arbres aux multiples chatons achevaient de faire pleuvoir leurs pétales qui brûlaient sous l'accablante ardeur du Soleil.

Le vert n'était plus ce vert léger et jeune mais un vert foncé puissant, tout entier vivant. La vie était de nouveau maîtresse des lieux, déployant toute sa force pour se reproduire, tenir, lutter contre la ville et sa chape de pollution que vomissait la société autour d'elle, ses tombereaux de poussières que les travaux de voiries charriaient contre le poumon de Gotham.

Le banc avait été repeint et sa peinture cuite par la chaleur reçut le manteau que Degaton jeta dessus avant qu'il ne s'assied tranquillement. Toujours personne ici, les oiseaux économisent leurs chants pour la fin de journée plus fraîche, à peine entend-on leurs oisons réclamer à manger. Pourtant la canopée est rafraîchissante ici. L'on entend toujours le cours d'eau, mais il est moins fort à présent. Il reprendra de la vigueur après le prochain orage.

Degaton regarde sa montre et sort un smart-phone de sa veste croisée. Les nouvelles sont plutôt bonnes même si le monde peine à oublier les cicatrices de jadis. Les justiciers sont sur une pente compliquée, la population s'interroge toujours. Comme après la guerre de 39-45, l'on se demande pourquoi ceux qui pouvaient n'ont rien fait. La chasse aux sorcières commence à peine, une brèche dont il faut dès à présent profiter.

Il range son appareil et songe à celle qu'il doit rencontrer. Une femme complexe, dangereuse, surtout pour un homme comme lui, mais il a de quoi marchander. Elle devra se réveiller, tôt ou tard et en automne, il le sait pour y être allé plus tôt, elle ne serait plus là. Il n'a plus qu'à espérer qu'il ne dusse pas faire tout l'été pour l'attendre, lui qui a déjà eu grand mal à la localiser dans le temps, il avait été chanceux de la voir, à l'aube de l'apocalypse d'Apokolips, rentrer dans ce parc... enfin, chanceux était un bien grand mot, il avait surtout été patient, comme aujourd'hui.

Lorsque l'on veut des résultats, il faut s'en donner les moyens et face à la Nature le meilleur moyen reste la patience.

La fournaise du jour était presque à son maximum, les ombres s'amenuisaient jusqu'à se faire oublier. Bientôt le jour entamerait sa course descendante.

Degaton observa alors la chape végétale qui le protège de la brûlure solaire. Dans sa tenue il devrait cuire, mais il a l'habitude. Il tapote alors le banc de l'un de ses gants rouge pour imiter le bruit de battements de coeur, histoire de faire passer... le temps.


Dernière édition par Per Degaton le Mar 9 Juil 2019 - 9:07, édité 1 fois (Raison : Corrections orhtographiques + ajustements sémantiques.)
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Re: [Robinson Park] Germinaison du mal Mer 10 Juil 2019 - 20:03




Il faisait chaud.

Une chaleur, certes, ridicule pour ceux qui ne comptent les degrés qu’à coup de thermomètre, mais ici, au cœur de la terre, c’était une montée de température notable. Les minéraux tiédissaient, la terre se faisait sèche et craquelante, et les racines plongeaient au plus profond, dans l’espoir de retrouver un peu d’humidité. Elles vinrent lui caresser la joue, s’enrouler autour de ses bras puis se blottir contre ses flancs. Elle ne leur était pas inconnue et ça n’était pas seulement dû au fait qu’elles l’avaient accueillie quand c’était elle qui s’était blottie contre elles pour la première fois. Même ce jour-là, les racines l’avaient reconnue. Elle n’était pas de ceux qui jaugeaient la chaleur à coup de thermomètre, non. Elle était comme les racines, et comme tous les autres végétaux : blottie dans le cœur de la terre, loin, loin de la surface, elle sentait la chaleur, et comme la terre, elle craquelait, elle tiédissait, elle séchait.

Sa présence était la bienvenue. Il se dégageait d’elle amour et sécurité et dans le creux de son cou, contre l’intérieur de son poignet, on était toujours sûr de trouver les meilleurs nutriments, les meilleurs minéraux. C’était son cadeau pour eux, voilà ce qu’elle leur avait dit quand elle s’était agenouillée dans l’herbe, quand elle avait accueilli les feuilles entre ses doigts et qu’elle les avait serrés contre elle avant de s’enfoncer, comme eux, toujours plus loin. Les racines ne mesuraient pas le temps, le danger, ni même rien de ce qui se mesurait par l’humanité, mais elle leur avait dit d’être prudent et de venir se cacher, et c’est ce qu’elles avaient alors fait. Mais maintenant, la vie battait son plein, il faisait chaud et le soleil était abondant et délicieux. Peut-être… peut-être devraient-elles la réveiller et le lui dire. Elle était petite. Il fallait qu’elle pousse, qu’elle pousse ! Pousser, pousser, toujours pousser. Voilà la seule chose qui se mesurait ici-bas.

Les racines se frottèrent à elle, se glissèrent tout autour d’elle, et l’une d’elle, bien trop fragile pour supporter l’été, pour faire face au poids de l’ordre naturel, vint mourir dans ses cheveux. Entortillée autour d’une mèche d’un orange profond et vif, elle sut, à sa manière de plante, qu’elle aurait une seconde vie ici. Elle n’était qu’un petit brin sorti d’un noyau de cerise oublié après un pique-nique – auprès d’elle, elle serait bien plus.

Pousse, pousse, pousse, pousse, pousse.

Certaines racines, plus audacieuses, plus fortes et plus âgées – ce qui leur donnait l’avantage sur les petits brins encore vert qui plongeaient pour la première fois – se nouèrent autour des bras et des jambes de Pamela. Elle était des leurs, et parmi eux, elle devait pousser. Le soleil lui ferait le plus grand bien. Elle manquait cruellement de nutriments et de couleurs. Son vert était maladif et sa chlorophylle s’ennuyait terriblement, les racines le sentaient bien. Elle les avait aidées à pousser depuis qu’elle s’était réfugiée sous leurs pieds, et ils l’aideraient tous en retour.

Doucement, inexorablement, les racines la tirèrent vers la surface. On vint brosser ses cheveux, lui accrocher des bourgeons sur la peau en guise de cadeau et réparer sa peau craquelée à force de baisers de sève. Quand elle émergea enfin, telle une petite pousse timide, les arbres environnant lui offrirent leurs plus grandes feuilles. Nul n’avait jamais vu un arbre sans feuillage, et ils pensaient, à leur manière, qu’elle n’apprécierait pas de se retrouver nue face à un parc si bien fourni.

Quand finalement la plante de ses pieds entra en contact avec l’herbe du parc, elle avait retrouvé son apparence habituelle. Triés par l’imposant feuillage des arbres autour d’elle, seuls les meilleurs rayons du soleil l’atteignirent et déjà, sa peau verdissait à vue d’œil.

Celle qu’on appelait Poison Ivy venait de se réveiller. Mais dans le confort de son parc, chérie par les plantes et les végétaux, elle était loin du sumac vénéneux qu’on lui attribuait…

… pour le moment. Car quand elle ouvrit finalement les yeux et que les bourgeons qu’on lui avait offerts fleurissaient partout sur sa peau, son regard se posa sur un homme à quelques pas. Un homme qui la regardait, un homme qui ne semblait ni surpris, ni émerveillé. Un homme qui donnait l’impression qu’il l’attendait, et l’affront était incommensurable. Les arbres en frémirent d’indignation mais Pamela était plus pragmatique, moins prompt à l’exagération des chênes.

L’herbe poussa sous le banc – poussa, poussa, poussa, poussa - et s’enroula autour des chevilles de l’homme. Solidement. Dangereusement.

« Darkseid ? » interrogea simplement Pamela et sa voix, éteinte depuis de longs mois, sonna comme le craquement de brindilles dans une forêt.

La vie du parc battait son plein autour d’elle - ou plutôt, autant que possible quand on poussait si près des hommes et au centre de Gotham, mais ça restait loin du cauchemar qu’elle avait entrevu. Et si le regard de l’homme en face d’elle ne lui plaisait pas, Pamela n’était pas du genre à laisser passer une occasion de se servir d’un tel spécimen, surtout quand elle manquait cruellement d’informations.

Il aurait ce qu’il mériterait après. En attendant, elle jouait.

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Re: [Robinson Park] Germinaison du mal Ven 12 Juil 2019 - 20:48

Telle une Vénus anadyomène surgit de l'océan de verdure, Poison Ivy s'éveillait enfin. Degaton fut plutôt heureux de n'avoir point trop attendu et se contenta d'observer la beauté xyline de cette écoterroriste de sinistre renommée. Déterminé à obtenir ce dont il avait besoin, Per affichait une terrible résolution tant dans son regard que sa posture.

La Nature s'agita autour de lui et il sentit ses bottes se faire lentement mais fermement enserrer par une végétation devenue plus redoutable et violente. Il bougea légèrement une jambe pour constater de la puissance de l'étreinte. Pas question de la laisser pour faire un footing visiblement.

La voix de la jeune femme révélait une fatigue latente, comme si la sève qui devait couler dans ses veines peinait encore à lui offrir l'éveil dont elle avait besoin. Degaton attendit quelques secondes avant de répondre, prenant le temps de détailler le si délicat visage de la talle. Elle avait un charme terrifiant, une sorte de beauté surnaturelle qui défiait le sens commun. Une chevelure embrasée cascadait sur ses reflets de jade et tranchait avec la végétation smaragdine. Déesse flamboyante qui s'intéressait à un autre être quasi divin, mais tombé.

Darkseid oui, était dans les esprits et dans les recoins apeurés de toutes les entités conscientes ou semi-conscientes. Per avait fait un choix simple face à cette menace, il s'était éclipsé dans le temps. Il conservait cette période de mort et de conflit pour y envoyer au besoin ses ennemis. Et Pamela Isley avait réagi par instinct, elle s'était enfoncée dans le sol fertile, attendant son heure.

- Comme c'est vexant... répondit-il en gigotant une botte. Après les échanges que nous aurons déjà eu. Enfin, peut-être est-il nécessaire de commencer ainsi : bienvenue parmi les vivants ! Sans doute serez-vous ravie d'apprendre que Darkseid est tombé.

Il ajouta alors avec la malice d'une lame de guillotine.

- Pour le moment.

Un sourire sardonique par sa propre audace illumina son visage sévère. Malgré cela, il gardait une lueur méfiante dans les yeux, comme s'il riait face à un tigre affamé, jouant avec le temps qui lui était imparti.

- Mais je ne suis pas là pour parler des actualités passées, continua-t-il en faisant claquer ses mains sur ses cuisses, mais plutôt de l'avenir.

Il se cala au fond de son banc et croisa les bras, épinglant de son regard inquisiteur cette interlocutrice concise à l'extrême.

- Cette visite n'est pas une visite de courtoisie, quoique de futurs vieilles connaissances peuvent parfaitement effectuer ce genre de visite. Non, en réalité je vous ai vu vous enfoncer des mois en arrière dans la Terre de ce parc. Il y a approximativement...

Il regarda sa montre personnelle en agitant les lèvres comme s'il décomptait à haute voix.

- Un bon quart d'heure - comme le temps passe. Et vous voici déjà d'attaque à entraver mes mouvements. Je m'ébaubis de cette facilité à se réveiller - surtout par une chaleur pareille. Mais le sujet n'est pas là... Je suis là parce que j'ai des justiciers à moissonner...

Il décroisa les bras et pointa d'une main la jeune femme.

- Dans quelques temps, reprit-il,ils pourraient devenir une gêne et j'ai grand besoin de les faucher promptement. Mais pour cela, il me faut une botaniste. La meilleure. Et hélas, peu d'entre elles ont sombré dans le crime, mise à part... vous. Comme vous me l'avez prochainement dit.

La demande était à son goût suffisamment explicite, aussi se tint-il coi, prêt à disparaître dans les brumes du temps si elle s'approchait trop ostensiblement. Degaton aurait pu commencer par lui dire ce qu'elle avait à gagner à l'écouter, mais il aimait que les gens puissent rater une belle occasion, cela réconfortait son orgueil cruel...
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Re: [Robinson Park] Germinaison du mal Lun 15 Juil 2019 - 20:52




Il savait qui elle était. Ce n’était pas vraiment une surprise car elle était loin de la jeune pousse qu’elle avait pu être, et elle s’était forgée une certaine réputation – aussi intrigante que la plus rouge des roses, et tout aussi piquante. Si elle nota cependant ce fait avec intérêt, son égo n’était plus de ceux qu’on flattait avec de la reconnaissance de la part d’une vague figure mâle. Non, les conclusions de Pamela étaient toutes autres. Il la connaissait, en effet, et pourtant, il n’avait esquissé aucun mouvement de recul face à elle, ni même quand ses fidèles plantes s’étaient enroulées autour de ses jambes. Maintenant encore, elles rampaient inexorablement vers ses genoux, prêtes à l’emprisonner à jamais, à faire de lui le compost et les minéraux dont elles auraient besoin pour pousser et atteindre la cime des arbres environnants. Elle aurait pu le tuer pour cet affront, mais la façon dont il soutenait son regard, dont il peinait à retenir son sourire comme s’il venait d’être enfin récompensé pour sa patience et surtout, ce qu’il lui répondit retinrent sa main.

Pour le moment.

« Tombé ? » releva-t-elle avec un intérêt qu’elle ne chercha pas à cacher. « Tombé, » répéta-t-elle, cette fois-ci, plus pour elle que pour l’intrus. « Voilà qui est intéressant. »

Elle baissa les yeux vers la paume de sa main levée vers le ciel et les rayons de soleil qui perçaient le feuillage au-dessus de sa tête. Les rameaux qui s’étaient enroulés sur son corps s’y retrouvaient tous pour s’y entrelacer et former une tige de plus en plus épaisse qui s’élevait doucement mais inexorablement vers son visage. Elle sembla échanger un regard avec cette plante hybride qui prenait forme, cette dernière partageant ainsi ses connaissances des derniers mois pour que Pamela se mette à jour. Darkseid était bel et bien tombé, l’homme n’avait pas menti. Cela lui conférait-il la moindre valeur ? Pas vraiment, mais elle appréciait l’information. Peut-être qu’elle le soumettrait à sa volonté plutôt que de le tuer.

Et pourtant, il continuait de déblatérer comme si c’était lui qui avait la main mise sur leur échange, comme si elle s’intéressait à ce qu’il pouvait lui dire. Elle venait de s’éveiller et ses articulations étaient encore durcies par son long sommeil. Elle était noueuse comme le bois, asséchée par l’hibernation qu’elle s’était infligée et il était un bruit de fond constant, un interminable grésillement qui l’empêchait de recevoir les salutations et les bonjour du reste du parc sereinement.

« Par pitié, » finit-elle par lâcher d’un ton cinglant. « Tais-toi. »

Ses derniers mots s’accompagnèrent d’une poussée fulgurante de la part des plantes grimpantes déjà fermement agrippées aux jambes de l’homme et ce dernier finit saucissonné sur son banc, la bouche enfin mise hors d’état de nuire par ses douces amies. Qu’il ne soit pas en train de se débattre ou de supplier n’intéressait que trop peu Pamela pour le moment : elle était bien trop occupée à ressentir tout ce qu’elle avait mis de côté ces derniers mois pour y voir un certain contrôle mais surtout la préparation parfaite de son interlocuteur. Elle préféra écouter les voix qui lui importaient vraiment.

Et ces dernières lui parlèrent de saisons. De mois entiers qu’elle avait passés à dormir et de la vie qui avait repris son cours. Pour beaucoup de ces plantes, cette vie-là n’était pas celle qu’elles méritaient : coupe, tonte, pesticides et autres maltraitances. Elle sentit le trauma laissée par la guerre de Darkseid sur la terre, mais elle vit surtout que le grand mal qu’il avait apporté n’avait rien changé, rien amélioré. Le nombre de bourgeons détruits, d’hectares forêts annihilés depuis qu’elle s’était assoupie se comptait par milliard et, alors que sa conscience retrouvait son état normal, sa colère, elle aussi, s’éveillait.

Elle rouvrit les yeux, les sourcils toujours froncés, et riva un regard empoisonné vers sa première prise. Maintenant qu’elle avait retrouvé ses marques, elle entendait finalement ce qu’il lui avait dit. Et certains de ses propos étaient aussi étranges que sa posture, toujours si assurée malgré la situation dans laquelle il s’était fourré.

« De futures vieilles connaissances ? » releva-t-elle. « Je me suis réfugiée dans ce parc il y a des mois de cela. Je crois que votre montre n’est pas à l’heure, très cher. »

Elle s’avança finalement vers son invité impromptu, les mots de ce dernier défilant toujours dans son esprit. Elle avait autrefois placé la science au-dessus de toute conviction mais le monde avait bien changé depuis qu’elle avait délaissé ses livres de botanique. Elle n’était plus la Pamela Isley qu’elle avait été et ses convictions n’étaient plus aussi froides et figées dans la pierre. Elle avait vu magie et aliens depuis, et sa propre existence témoignait d’un monde bien plus fluctuant qu’un humain lambda pouvait concevoir.

Alors quand elle s’arrêta finalement devant l’homme, elle savait exactement quelle conclusion elle venait de tirer – et elle savait combien elle pouvait paraître folle. Ce qui voulait très certainement dire qu’elle avait raison.

« Je suis la seule botaniste qui ne sert plus le monde tel qu’il a été bâti par l’Homme – ce qui fait de moi une criminelle en effet, » dit-elle d’un ton presque doucereux mais sans aucun doute curieux. Elle se pencha jusqu’à ce que son visage soit à la hauteur de celui de l’homme. « C’est ce que je vous avais prochainement dit, n’est-ce pas ? »

Elle glissa le bout de ses doigts le long de la mâchoire de sa nouvelle prise et les rameaux principaux de la vigne-vierge qui s’étaient enroulés autour de sa bouche se desserrèrent jusqu’à reculer jusqu’aux jambes de leur prisonnier. La main de Pamela, jusque-là douce et séductrice, se fit bien plus ferme quand elle se referma sous le menton de son interlocuteur.

« Tu es un voyageur temporel, » dit-elle. Ca n’était pas une question. « Tu viens du futur, et tu es venu me voir moi. Ce que tu attends de moi, je l’ai déjà fait, pour toi ? Pourquoi t’ais-je aidé ? »

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Re: [Robinson Park] Germinaison du mal Mar 16 Juil 2019 - 20:12

Degaton était un esprit industriel et technologique. La Nature, l'Eau, l'Air, la Terre, le Bois, le Feu, tout était là pour être dompté, dominé, exploité, exactement comme la majorité de l'Humanité. Les forêts devaient se consumer dans les fourneaux de l'industrie lourde, les eaux n'étaient fait que pour refroidir ou irriguer la formidable machine humaine de l'Homo Faber. Cet homme était l'ultime stade de répulsion de Poison Ivy, bien au-dessus du reste de l'Humanité qu'elle haïssait. Mais pour un temps, cette éco-terroriste pouvait servir les desseins du criminel temporel et vice-versa, tout devenait ensuite une question de rapidité à dépasser l'autre et le doubler. Il pouvait donc accepter, un temps du moins, d'être traité de façon aussi grossière par cette fougère aux grands airs, même si cela ne pouvait durer éternellement - qu'est-ce qui le pouvait ?

Les herbes montaient lentement tandis qu'il parlait puis d'un seul coup, suivant le coup de fouet des propos de leur maîtresse, elles devinrent un écheveau de lierre et de lianes qui l'entravèrent. Sentir l'odeur de la chlorophylle juste sous ses narines, sentir le suc graisseux qui suintait de par la chaleur de la surface des tiges était inconfortable. Il lui faudrait mettre son uniforme à la lessive après une telle épreuve, et sans doute devrait-il cirer ses bottes de nouveau pour éviter que des traces ne restent.

Pensées futiles, mais bâillonné de feuilles et incapable de bouger, il ne lui restait que deux choses : observer le manège de son ennemie en pensant à autre chose ou s'enfuir dans le temps, mais c'eût été faire preuve d'un acte trop belliqueux pour le moment. Il en vint à penser que son adversaire ne s'était peut-être pas réveillée aussi fraîche qu'il l'eut cru. Heureusement le Soleil dont la course entamait sa descente était encore gorgé de la force de son zénith et sembla l'aider. De son côté, Degaton commença à se concentrer finalement sur une période de l'histoire. Il était important pour lui de prévoir un échappatoire au cas où, mais cela réclamait du temps pour qu'il évite de se retrouver dans un volcan en plein jurassique...

Puis elle sembla quitter son étrange transe végétale pour revenir vers un Per Degaton qui se mettait malgré lui au vert. Bon, ses paroles étaient faites d'une mielleuse étrangeté qui ajoutait une sorte de délectation toute inhumaine à sa notion de "criminelle". Loin de la société humaine, la notion de bien et de mal enregistré par la loi ne devait plus avoir grand sens pour Pamela Isley, mais c'était sans grande importance pour Degaton, lui-même n'était pas totalement au clair avec la Justice de cette époque. Puis elle parla d'or et de compréhension, mais mieux encore, elle le libéra - un court laps de temps seulement hélas.

Déjà une main désagréablement puissante lui saisit la mâchoire. Le regard de Per devint noir de colère, ce traitement était de trop pour son orgueil, il n'était pas un boisseau dont elle avait toute latitude à manipuler, et elle était trop proche de lui.

- Que c'est inconvenant, grogna-t-il dans cette emprise désagréable.

Il se concentra alors et s'évapora dans les brumes de l'Histoire. Son corps sembla se découper en plusieurs tranches et elles disparurent les unes après les autres devant Poison Ivy.

Degaton sortit alors de l'unique chemin qui menait à l'alcôve végétale et retrouva son interlocutrice devant le banc qui l'avait accueillit, seul son vieux manteau restait sur l'aménagement.

- Je ne devrais pas t'avoir trop fait attendre, déclara-t-il.Je suis d'ordinaire plus précis avec une machine mais il me fallait faire vite.

Il portait de nouveau sur lui un long manteau avec un brassard à son initial, nul ne saurait exactement combien de temps s'était écoulé pour lui depuis sa disparition.

- Lorsque l'on voyage dans le temps, il est souvent facile de ne jamais être là au bon moment, compléta-t-il avec gourmandise.Tu avais vu juste. Je voyage bien dans le temps et j'étais précisément venu t'attendre ici.

Il croisa les bras derrière son dos pour mieux toiser cette impétueuse botaniste.

- Et si je me souviens bien... fit-il en lisant un papier qu'il sortit de la poche de son pantalon.Tu me demandais des détails. "As-tu déjà fait ce que je viens te réclamer" Réponse : Peut-être, j'ai vu que oui et, en même temps, non, ce serait trop long à expliquer. "Pourquoi t'ai-je aidé ?". Réponse : Tu ne m'as pas aidé. Tu as fais ce qui était bon pour toi. Heureuse coïncidence, cela nous arrangeai tous les deux.

" Le tour des premières questions est faite je crois.


Il froissa le papier et le fourra dans son manteau. Il avait oublié à quel point il faisait chaud lors de leur rencontre, première pour elle, énième pour lui.

- En réalité, j'ai quelque chose qui te manque. Le temps joue avec toi comme avec tes plantes adorées. La Planète tourne autour de l'astre solaire et rythme la vie de son lent bercement saisonnier, tes protégées n'y échappent pas. Comment le pourraient-elles ?

" Mais elles n'échappent pas non plus au reste. Catastrophes naturelles, empreintes des activités humaines, réchauffement et glaciation. Certaines espèces meurent et d'autre survivent. Ta Nature s'adapte, mais elle perd parfois irrémédiablement ses plus anciens spécimens.

" Pour moi, rien n'est totalement éteint. Rien n'est immuable. L'époque me déplaît ? Alors je pars là où les temps sont meilleurs. Autre temps, autre lieu, autres opportunités.


Il eut un sourire atroce et recroisa les mains dans son dos.

- Au mieux pourras-tu sauver quelques plants, quelques boutures dans ta quête ici bas et à cette époque de mondialisation débridée, mais tu es bien seule et bien démunie face aux limites de l'espace et du temps. Aussi puissante que nous soyons tous, nous avons des limites infranchissables.

" Je suis capable de traverser les dimensions temporelles de notre fragile réalité pour aller et venir. Là où les plantes mortes aujourd'hui ou qui agonisent sont pleines de vie et d'avenir. Là où il est possible d'en extraire quelques unes et de les mettre à l'abri pour les jours meilleurs voire carrément les amener ici et maintenant.


Il fit crisser l'un contre l'autre ses deux gants de cuir rouge.

- Je peux t'en faire une démonstration naturellement. Mais tout cela aura un prix, un prix qui t'aura paru plutôt acceptable dans un époque, mais les temps changent. Ce prix est simple : j'ai besoin de détruire la Justice Society of America. Et il me faut des talents très spéciaux tels que les tiens car pour vaincre une telle équipe, il faut user de toutes les méthodes...
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Re: [Robinson Park] Germinaison du mal Mer 17 Juil 2019 - 19:18



« Hmm, » commenta simplement Pamela, quand sa prise s’échappa.

Peu d’hommes pouvaient se vanter de s’être retrouvé dans un de ses pièges et de s’en être sorti sans une égratignure à la suite, et en règle générale, elle faisait subir à ces exceptions bien pire que ses lianes par la suite. L’homme était de toute évidence capable de grands faits, comme pouvaient en témoigner ses plantes qui retombaient sur le banc, maintenant refermées sur le vide, mais elle ne laisserait personne d’autres devenir ce que Batman était devenu pour elle. C’est-à-dire une longue suite agaçante et interminable de victoires pour lui et de défaites pour elle. Elle était impressionnée par ce que son interlocuteur venait de lui montrer et un tel atout lui confèrerait, sans nul doute, un avantage certain…

Pamela se redressa et jeta un regard autour d’elle. Où était-il passé, maintenant ? Reviendrait-il ?
Il est déjà là, lui susurra-t-on à l’oreille et, en effet, quand elle se retourna, il émergeait du chemin peu usité qu’elle avait elle-même emprunté des mois auparavant. Pamela le regarda venir, l’œil critique, avant de jeter un regard au manteau qu’il avait laissé sur le banc. Il en portait un autre, identique. Il avait de toute évidence changé. Le temps avait filé.

Décidément, nota-t-elle. Très, très intéressant.

« Surprenant, même, » souffla-t-elle tandis qu’il s’approchait d’elle.

Elle pivota sur elle-même pour lui faire face mais nota avec un certain plaisir la légère distance de sécurité qu’il instaura de lui-même. Il avait raison de se méfier, et elle en profiterait elle aussi. Il était de toute évidence plein de ressources et n’aurait aucun mal à l’attaquer par surprise. Pour le moment.

Elle écouta son discours avec attention et y trouva les rouages d’un raisonnement parfaitement bien huilés. Il savait ce qu’il était venu chercher et, mieux que ça encore, il savait ce qui lui en coûterait. Elle n’avait que faire du cycle de la Nature, des saisons, du froid et de l’ordre naturel. Elle défendait cet ordre. Mais il avait raison sur un point, et c’était là tout le terrible de son existence : elle était seule. Dans ce combat, avec ses capacités et ce qu’elle savait du monde verdoyant, elle était seule. Elle menait une course contre la montre sans fin, mais son adversaire avait déjà deux tours d’avance et peu importe ce qu’elle faisait, elle n’arrivait pas à le rattraper. Le monde était lancé et son discours ou ses actes ne feraient jamais assez de mal pour le stopper. Les plantes se mourraient et un jour viendrait où tous ses efforts ne suffiraient plus. Ce jour-là, elle le craignait, était plus proche que jamais.

Elle ne restait pas non plus sans défense, ceci dit.

Elle resta un instant silencieuse après qu’il ait enfin révélé le pourquoi de sa venue devant elle. Les héros lui mettaient toujours des bâtons dans les pattes, donc l’idée de les mettre définitivement hors de nuire n’était pas sans lui déplaire, évidemment. Mais il avait fait son effet en disparaissant et réapparaissant comme il l’avait fait, et Pamela jugea préférable de procéder avec prudence.

« Quand les colons sont arrivés, ils ont acheté Gotham et ses environs à la tribu native qui vivait sur ses terres, » finit-elle par dire. « Ils les ont chassé de chez eux pour une poignée de breloques sans valeur et ils se sont installés ici. Ils ont bâti leur ville et les années ont fini par avoir raison du sol de Gotham. Mais avant… avant même les natifs, la seule maîtresse de ces terres étaient une plante aux dimensions de nos jours inconcevables… Les natifs avaient des légendes sur elle, ils l’appelaient la Mère, car elle générait tout un écosystème autour d’elle. »

Pamela baissa les yeux et, comme pour répondre à son geste, une racine sortit du sol et tortilla dans les airs jusqu’à atteindre sa main. Pamela la soutint du bout des doigts et caressa, avec délicatesse, le bourgeon qui vint s’ouvrir contre la paume de sa main.

« Elle s’est endormie quand les hommes ont pris le contrôle de ce monde. J’ai fait comme elle quand Darkseid est arrivé, mais contrairement à moi, elle n’a jamais été réveillée – car la menace n’a jamais été éliminée. » Elle releva les yeux vers son interlocuteur. « J’ai tenté, maintes et maintes fois de la ramener. Elle est là, sous les fondations de Gotham et son réveil ferait trembler la ville. Avec sa force et mes pouvoirs, nous détruirions cet endroit en l’espace d’une nuit. Mais elle n’entend pas mes appels. Je crains qu’elle ait oublié le soleil et l’air frais. »

La racine qui avait poussé à ses pieds se colla un peu plus au corps de Pamela, comme de nombreuses autres, et vint rajouter une couche à la tenue qu’elle portait déjà. Peu à peu, elle se recouvrait de la tête aux pieds d’une espèce d’armure de verdure, bien plus adaptée à ce que le voyageur temporel lui proposait.

« Ramène-moi une de ses fleurs, et je t’aiderai à t’occuper de la JSA. »

Elle lui rendit le sourire calculateur qu’il lui avait adressé plus tôt, mais le sien fut bien plus charmeur – bien que tout aussi dangereux.

« Mais avant tout, dis-moi comment tu t’appelles. Tu sais qui je suis, et je n’apprécie pas de ne pas être sur un pied d’égalité avec mes partenaires. »

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Re: [Robinson Park] Germinaison du mal Lun 22 Juil 2019 - 6:47

Degaton était loin de ce qu'il avait été. Aux premiers temps de sa carrière, il avait brillé de mille feux, il était devenu un porte-étendard glorieux de plus grandes ambitions, mais aujourd'hui il n'était qu'une ombre. Tout comme Pamela Isley. Oh certes, elle avait une grande renommée pour elle, une crainte - bien fondée - sur ses capacités surnaturelles auprès des simples mortels. Certains la prétendaient méta-humaine, d'autres représentantes d'une force primordiale infiniment plus puissante, là encore on la prenait pour une expérience ratée de la CIA. Mais lui restait désormais dans les coulisses, et cela le lassait...

Aussi ne fut-il pas peu fier de son petit effet de réapparition. Degaton vivait avant tout pour qu'on puisse l'admirer, même brièvement. Orgueil démesuré, quête invraisemblable d'être et surtout d'être au cœur de l'attention. Il ne put totalement réprimer un sourire de satisfaction presque sardonique.

La conversation avait repris sur un pied plus égal. Les deux interlocuteurs étaient dangereux, chacun à leur manière et leur entente ne tiendrait certainement jamais sur une amitié mais un rapport de forces, un affrontement permanent où celui qui baisserait la garde le premier finirait entre les mains de l'autre. Cela représentait la plupart des pactes que Degaton contractait. La solitude des êtres hors du commun était de s'entourer suffisamment longtemps des autres sans trop s'y attacher et de s'en débarrasser lorsque leur médiocrité les gênait trop. Aussi extraordinaire soit-elle, son interlocutrice ne ferait pas exception.

Poison Ivy avait un rôle à jouer, ensuite... ensuite il faudrait s'en séparer, idéalement sans trop de casse et de heurt histoire de ne pas s'en faire une ennemie acharnée. Ennemis, il l'étaient, mais du genre qui pouvaient encore se souffrir quelques années avant de s'aperçevoir que l'un ne pourrait jamais tenir ses projets sans la mort de l'autre. Poison Ivy voulait éradiquer l'Humanité, Degaton présentement la soumettre, l'un n'allait pas avec l'autre sur le long terme.

Ce fut alors au tour de Per d'écouter attentivement. L'attitude de la botaniste criminelle s'était légèrement adoucie, comme un pétale de rose au coeur de l'été, encore fallait-il ne pas rester aveugle aux épines qui se cachaient sous les vertes feuilles.

Son interlocutrice manipulait la flore comme autant d'animaux domestiques, c'en était à la fois effrayant et fascinant. Là où l'oeil est habitué à ne voir pousser la végétation que sur des jours, ici l'on pouvait voir une racine s'extraire du sol, prendre de la force et de la vigueur avant de se lover sur elle comme un chat câlin.

Degaton s'était attendu à devoir "revenir" plus tard pour avoir ses desiderata sur cette alliance de circonstance, mais elle savait ce qu'elle pouvait obtenir d'une alliance avec un homme capable de traverser les âges, elle avait visiblement déjà en ligne de mire une plante à nulle autre pareille.

L'Histoire des Indiens Miagani était encore fort vague pour Degaton qui ne s'était pas réellement plongé dans les racines historiques de Gotham City aù-delà de la guerre de sessions et l'émergence des grandes familles qui forgèrent la destinée de la cité gothique hors du commun. Il avait uniquement entendu parler de leur culte d'un Dieu Chauve-Souris (d'où leur nom) et de quelques exemplaires d'artisanat que le Muséeum d'Histoire Naturelle exhibait à des classes primaires plus ennuyées les unes que les autres.

Mais soit, c'était le deal, il lui avait proposé des boutures, elle lui proposait la "Mère" de toutes les plantes du coin. Contre l'effacement d'une organisation de Justicier, c'était peu payé et Per était prêt à sacrifier le continent Américain à cette femme s'il pouvait refermer les mains sur le reste du monde, cela ferait moins de concurrence "humaine" à ses ambitions démesurées.

Il tira donc de son manteau un étrange bracelet lorsqu'elle lui demanda son nom accompagné de son étrange sourire. Si elle n'était pas aussi renommée, il aurait presque pu tomber amoureux de ce visage et de ces airs d'impératrice.

- Je me nomme Per Degaton, répondit-il. Maintenant que nos présentations sont achevées, je te présente un bracelet de voyage temporel.

Soulevant légèrement l'objet, il le jeta vers sa nouvelle "partenaire" qu'il préférait toujours savoir à bonne distance.

- C'est un petit appareil fort utile qui me permettra de te faire voyager là où j'irais. N'étant pas un spécialiste en botanique, je m'en voudrais d'abîmer l'éventuelle bouture que tu saurais bien mieux que moi récupérer, surtout sur un spécimen aussi... remarquable.

" Si tu souhaites m'accompagner, il te suffit de l'enfiler et tu iras immédiatement là où j'irais avec ceci.


Il lui montra un étrange cylindre gris aussi gros qu'un stylo plume moderne et sans attendre qu'elle ait répondu, Degaton s'évapora dans la trame du temps. Son cylindre s'illumina tandis que sa silhouette disparaissait. Si Pamela souhaitait le suivre, elle n'avait qu'à fermer l'étrange bracelet autour de son poignet et son corps irait, lui aussi, parcourir les éons infinis qui séparaient les différentes époques de l'Univers.

Per apparut tout d'abord en l'an 1640 dans les environs de Gotham, sans prendre garde à la présence ou non de son éventuelle accompagnatrice. La cité n'était que le balbutiement primaire d'une civilisation. Quelques cabanes de chasseurs, des exploitations agricoles éparses. Un port embryonnaire. Trop tard, il y avait déjà ici une Nature en voie de domestication. La plante semblait s'être déjà endormie pour son long sommeil.

Devait-il rester dans les temps de l'Histoire ou devait-il foncer plus en arrière ? Il était inutile d'aller par delà la glaciation de Würm où le climat serait trop différent et provoquerait des dégâts à la plante s'il revenait à l'époque moderne. Bon, autant viser la présence d'indigènes Miagani. Cela lui aurait été plus facile de viser une époque sans population, mais elle restait le marquant chronologique le plus palpable pour lui.

C'était aux environs de 1410, si les souvenirs de Degaton étaient bons que des pétroglyphes avaient été identifiés dans une caverne proche. Il aurait décidément dû prendre le temps d'actualiser ses connaissances.

1400.

Idem, campement pour la chasse, mais pas de plante... La végétation était cependant beaucoup plus prolifique et vivante que jamais.

1300. 1200. 1100.

L'on pouvait voir à chaque fois les modifications topologiques, combat entre la forêt, la mer, les crues des rivières d'eau douce, les frimas des saisons...

-200, au hasard. Toujours pas de plante.

-400.

-1000.

-7000.

Enfin.

C'était une végétation à nulle autre pareille. Une immense plante (un arbre ?) dominait de sa puissance les alentours d'un vaste et impénétrable forêt vierge. Les plaines qui entouraient les lieux étaient coiffées d'herbes hautes et une tribu, sans doute les ancêtres des Miagani, voire leur première génération, chassaient en groupe.

Du haut d'un promontoire, les mains croisées dans le dos, Degaton observait ce monde encore jeune dont les vents si vigoureux ravivait son âme de voyageur dont l'âge n'était plus qu'une vague indication. Un vol d'oiseaux aux chants inconnus s'élevait de l'apparente canopée impénétrable. Ses bottes marquaient le sol préhistorique comme un Armstrong temporel. Un petit pas pour Degaton...

L'air était d'une pureté remarquable. Seules quelques graines taquines portées par un alizée en pleine jeunesse venaient se perdre contre son manteau qui claquait. Ici il était un dominateur. Le révolver à sa ceinture lui permettrait de dominer toutes les tribus de la région et il pourrait faire évoluer cette civilisation en y important tout ce qui est nécessaire, voire même y implanter une base souterraine, quelque part. Mais cela était une autre... des autres histoires...

Un feu préhistorique s'élevait près d'une grotte nichée à bonne distance de cette forêt qui défiait ce paysage à peine brusqué par les bruits de la mer lointaine. L'aube des temps pour la civilisation et juste le chant de la Nature qui ici dominait.

- Qui eût cru qu'il y aurait déjà une vaste cité en ces lieux, plaisanta Degaton à l'adresse de la gigantesque forêt.

Restait à savoir comment atteindre cette plante extraordinaire.

[HRP]Toutes mes excuses pour le retard! [/HRP]
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Re: [Robinson Park] Germinaison du mal Mar 30 Juil 2019 - 15:45


Pamela baissa un œil critique vers le bout de technologie que Per Degaton lui tendit. Il s’évapora peu de temps après, happé par le flux du temps qu’il semblait pouvoir maîtriser à merveilles, mais elle, elle resta là où elle était, pleine d’hésitations.

Elle n’était pas étrangère aux alliances entre ceux que le reste du monde appelait naïvement les vilains, et elle savait que si chacune de ces occasions étaient des opportunités parfaites pour essayer de tirer son épingle du jeu, elles représentaient également un risque qu’il ne fallait pas nier ou prendre à la légère. Elle faisait face à ce début d’alliance avec toute la logique et la raison qui l’avaient préservée tout ce temps - la folie dont on la disait victime était loin de la rendre stupide, bien au contraire. Degaton était venu la voir pour lui demander son aide, alors il n’était pas idiot de conclure que ce fameux petit bracelet ne lui ferait pas de mal. Pas pour le moment, en tout cas. Si, pour n’importe quelle raison, elle était en fait en travers de son chemin et qu’il cherchait juste un moyen de l’éliminer, il semblait bien idiot de la part d’un homme aussi puissant de la faire d’abord sortir de son état d’hibernation et de faire face à tous les risques qu’elle représentait juste pour ensuite la tuer. Evidemment, l’idiotie n’était jamais à écarter totalement quand il s’agissait d’homme – qu’ils viennent du futur ou pas – mais Pamela voyait difficilement le fil conducteur qui pourrait donner à cette situation tous les airs d’un piège mortel.

Et, d’un autre côté, si elle le suivait et s’il tenait parole… elle aurait la Mère. Elle aurait le cœur et les poumons de Gotham à ses côtés, et ensemble, elles seraient impossibles à vaincre, même pour le Batman. Elle le détruirait lui en premier. Ou plutôt… elle le laisserait voir la destruction et la nature reprendre ses droits sur la ville pourrie jusqu’à la moelle qu’il semblait tant apprécier, et ensuite, elle le tuerait. Il servirait d’engrais à la plus grande plante d’Amérique du Nord.

Les yeux de Pamela se mirent à étinceler tandis qu’elle esquissait un sourire étonnamment carnassier pour une créature aussi proche de la végétation qu’elle ne l’était. Elle se passa rapidement la langue sur les lèvres et au lieu de simple salive, elle y laissa un poison terrible, un puissant psychotrope, une toxine sans précédent en guise de nouvelle rangée d’épines. Juste au cas où.

Puis elle enfila le bracelet.

C’est un tourbillon de couleurs qui la transporta sans pour autant qu’elle ne bouge réellement. Elle sentit le contact si familier des plantes qui étaient venues l’éveiller s’échapper et disparaître, et ces présences lui manquèrent jusqu’à ce que, rapidement, le monde reprenne sa place devant ses yeux.

Pas le monde. Un monde. Un monde fabuleux et extraordinaire, comme une vision qu’elle s’imaginait avant de s’endormir. Il était là, à portée de mains.

« Incroyable, » murmura-t-elle tandis qu’elle prenait place aux côtés de Degaton, en hauteur. « C’est… C’est magnifique. »

Elle l’aiderait à éliminer la JSA, comme elle le lui avait promis, et peut-être qu’elle n’essaierait pas de le tuer tout de suite. Rien que parce qu’il l’avait amenée ici, parce qu’il lui avait montrée ce qui était… et ce qui serait de nouveau grâce à elle. Ce que Degaton disait à côté d’elle lui importait peu, parce qu’elle était là et qu’elle sentait… Oui, elle les sentait, toutes ces plantes merveilleuses qui n’existeraient plus plus tard. Pamela les sentait, et les plantes la sentaient elle, tout en curiosité.

Elle sourit un peu plus en s’avançant jusqu’au bord du promontoire aux faux airs de trône. L’esprit purement humain et par conséquent mécanique et polluant de Degaton pouvait s’imaginer ce qu’il voulait : ce n’était pas eux qui régnaient ici. Il y avait déjà une Reine sur ces terres et Pamela était en train de l’appeler.

« Tu as tenu ta part du marché, » dit-elle en gardant la main tendue devant elle. Son regard était toujours rivé sur l’impressionnante étendue de verdure à ses pieds alors que des craquements lointains semblaient réveiller la forêt. « Je tiendrai la mienne. »

Des flopées d’oiseaux qu’elle ne reconnaissait pas s’envolèrent, d’abord au niveau de l’horizon, puis de plus en plus près, jusqu’à s’agiter sous leurs pieds, tandis que la forêt semblait se mettre en mouvement. Des plantes grimpantes qu’elle n’avait vu que dans ses vieux livres de botanique se mirent à ramper le long de la pierre jusqu’à finalement atteindre leur hauteur. Le grondement se rapprocha et elle entendit crier dans une langue qu’elle ne connaissait pas, mais qui ne l’intéressait pas. Les natifs de Gotham n’étaient pas responsables de la cruauté des explorateurs, mais ils restaient humains et si leur foi, encore à son époque, leur conférait un respect profond de la nature et des plantes, elle restait méfiante. Elle n’était pas là pour les sauver. Pas eux.

Mais elle. La Reine.

La forêt se scinda finalement en deux et de la fissure qui écarta les arbres à leurs pieds s’éleva une immense branche. Un tronc, plutôt. Plus large qu’une camionnette, mais souple et d’un vert foncé et mousseux, il se déroula avec lenteur jusqu’à finalement arrêter sa courbe juste devant la main de Pamela. Le bout se déplia avec douceur et une petite tige y fit son apparition. Petite tige sur laquelle reposait, encore fermée, le bourgeon d’une fleur jaune et violette.

« Rappelle-toi de moi, » souffla Pamela en remontant sa main jusque sous la fleur. Cette dernière se détacha d’elle-même et tomba sur sa paume. « Je te réveillerai. Je te ramènerai. Et tu règneras de nouveau. »

L’immense tronc se laissa glisser, doucement, à ses pieds avant de retourner s’enfoncer dans la terre en contrebas. Pamela l’observa sans rien dire avant de baisser les yeux vers la fleur dans sa main. Elle vint la couvrir avec son autre paume.

« Dis-moi ce que tu attends de moi, » reprit-elle finalement. Elle redressa la tête et reporta son attention sur Degaton. « Dis-moi ce que tu veux que je fasse, et je le ferai. »

Elle avait retenu la leçon. Elle ne dépendait d’aucun homme. Elle ne s’offrirait à aucun homme. Et peu importe le cadeau qu’il venait de lui faire, Per Degaton ne dérogerait à aucune de ses règles. Mais Pamela tenait désormais en ses mains un pouvoir ancien et profond, grâce à lui. Elle n’était pas sans honneur. Et qui sait. Peut-être pourrait-il de nouveau lui servir.


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Re: [Robinson Park] Germinaison du mal Mer 7 Aoû 2019 - 7:13

Ce fut avec un petit sourire narquois qu'il accueillit l'arrivée de la jadis indifférente Pamela Lillian Isley. Elle parut d'abord en extase devant le spectacle, ignorant superbement le voyageur temporel. La première fois qu'il avait voyagé, Degaton avait sans doute eu une telle réaction. C'était il y avait maintenant tant d'années, une autre vie, au sens propre.

Chaque époque avait ses odeurs, ses impressions. L'air même qui voyageait dans les villes et les décors splendides de la Nature était différent. En ces temps, le silence n'était rien. La mer, les oiseaux, les bruissements d'animaux, les cris primitifs d'humains. Des humains... dans le lot, sans doute se trouvaient les ancêtres d'individus qui vivait à l'époque de leur départ. Une balle, une seule et toute l'Histoire serait modifiée. Sans doute dans l'arbre généalogique se trouvait un futur combattant qui devait tuer ou sauver des vies, ce qui allait causer la mort ou la résurrection de centaines, voire de milliers d'êtres. Changer le temps avait un prix. Mais quel pouvoir ! L'arbre des possibles entre les gants d'un fou dangereux.

Il vit alors Pamela s'avancer jusqu'au bord du précipice. Il s'interrogeait sur elle. Que pouvait-elle bien ressentir ici ? Pas de béton ou de macadam, pas de cheminée qui obscurcissent le ciel, pas de pot ni d'engrais synthétique pour faire pousser cette vigoureuse forêt. Ici la Terre et rien que la Terre. L'homme au balbutiement primitif de son évolution. Ici des os taillés, des instruments rudimentaires, des peaux comme vêtements et l'angoisse comme seul horizon.

La voix de sève parla enfin. Degaton tenait toujours parole, l'une de ses rares qualités. Trahir se faisait toujours au détriment de l'avenir et l'avenir était tout ce qui importait - l'avenir de sa propre trame temporelle naturellement. Il pouvait toujours effacer et revenir mais tenir sa parole était bénéfique, elle permettait toujours d'être au minimum sûr de ce que l'on promettait au fil du temps, des rencontres et des voyages. Mentez et vous transformerez lentement vos voyages dans le temps en des guets-apens où vous ne serez jamais sûr de ce que vous avancez à vos interlocuteurs. Trop compliqué pour de piètres résultats, sauf envers les justiciers, mais ce n'étaient pas vraiment des hommes.

Un sourire satisfait se grava en lui lorsqu'elle prêta serment à sa manière. Avec une telle alliée, la JSA ne ferait pas le poids longtemps.

Tout à coup, la forêt s'anima. Cela prêtait au sublime des oeuvres de Turner. Des arbres séculaires se plièrent en douceur, comme aussi souples que de jeunes roseaux. Le sol grouilla bientôt de lianes, comme autant de vastes tuyaux d'alimentation, avec leurs feuilles éparses et leurs fleurs odorantes.

Bientôt une branche grandiose aux proportions incomparables avec les frêles plantes domestiquées de Robinson Park surgit. Elle était d'une force que sa surface d'un vert vivant reflétait à merveille et, instinctivement, comme appelée, elle se dirigea droit avec Poison Ivy. Ici elle était une reine. Elle aurait pu piéger Degaton, elle aurait pu le broyer, le détruire, l'écraser. Au prix certes d'une longue captivité en ces temps reculés, mais elle avait une puissance incommensurable.

Le futur tyran préféra reculer légèrement en voyant arriver la plante. La prudence restait de mise, surtout si elle pouvait se camoufler en attitude respectueuse. Avec une telle puissance, cette criminelle aurait pu prendre en son temps le contrôle d'une forêt telle que l'Amazonie et entamer une lente mais prodigieuse marche sur le monde, hélas en attirant sur elle des armées mieux équipées à la destruction massive et immédiate que la résistante mais lente Nature. Tragédie d'un pouvoir hors du commun, mais isolé.

Per n'entendit pas les paroles que la botaniste prononça à la plante qui s'était approchée d'elle. Pas même ne put-il distinguer le bourgeon qu'elle récupéra. Le messager de bois ayant accompli son devoir s'en repartit auprès de son coeur et laissa les deux voyageurs seuls sur leur promontoire. Les locaux brailleurs s'en étaient allés et seuls restaient une sorte de shaman-sorcier qui incantait avec un jeune homme, sans doute en formation auprès de lui. Leur monde était plein de mystère et d'étrangeté que leurs esprits ne pouvaient encore conceptualiser autrement que par l'étrangeté des "esprits".

Les deux yeux de la flamboyante rousse revinrent sur Degaton. Elle entrait dans le vif du sujet.

- J'ai besoin d'un produit très particulier, commença-t-il en lui rendant son regard. Seul et avec des hommes aussi dévoués qu'il soit, je rencontre un problème face à la Justice Society of America : sa force de frappe. Je ne suis pas fou au point de te demander de frapper directement cette bande d'idiots, ce serait leur faire trop d'honneur et atténuer leur humiliation. Perdre face à la Nature déchaînée risque de les transformer en martyrs.

" J'ai besoin d'un composé en quantité importante. Du genre que tu es la seule à pouvoir fournir. En effet, j'ai besoin de rendre une bonne partie de la population de New York extrêmement suggestible à mes ordres et les drogues existantes ou les méthodes "modernes" sont extrêmement lentes, j'en sais quelque chose, mon organisation en a testé aux travers des âges. Mais je sais qu'il existe chez toi des capacités de... comment dirais-je... "séduction" ? Des capacités qui me permette d'espérer un gaz ou du pollen que nous pourrions répandre stratégiquement dans la ville.


Il marqua une pause tandis qu'une harde d'ongulés passait dans la plaine proche, attirant brièvement son attention.

- Que pourraient ces héros et ces justiciers face à une ville en proie au chaos ? Mis à part se séparer et devenir des cibles faciles ? Cela attirera certainement l'attention et je ne doute pas que si d'autres justiciers se rassemblent ils parviennent à vaincre, mais j'aurais eu le temps d'assassiner ceux qui me gênent le plus, ceux qui seront les premiers dans la tourmente. Hawkman, Atom, Miss Marvel et j'en passe...

" Voilà ce que je veux Poison Ivy. Si mes plans se déroulent convenablement, la plus grand ville d'Amérique sombrera et je la reconstruirai à mon image...


Ses yeux observaient maintenant l'horizon. L'homme y croyait, il avait tant à portée de main que ce rêve restait une possibilité parmi tant d'autre. Son trône était déjà érigé devant ses yeux de mégalomane. Oui, il voyait déjà ses larges oriflammes sur la maison Blanche, il voyait l'Empire State Building orné de son "D" impérieux. Il voyait ses statues dans les musées, ses portraits dans les écoles...

Qui pouvait seulement l'arrêter ?
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Re: [Robinson Park] Germinaison du mal Dim 25 Aoû 2019 - 15:44



Pamela se retourna vers Per Degaton, la fleur toujours en main. Elle pressa cette dernière avec douceur contre son cœur et les feuilles et lianes qui la recouvraient rampèrent jusque-là pour s’y faire un peu plus dense. Le vert pour le vert. La Nature en protection de la Nature. Dès qu’ils seraient de retour à Gotham, elle se mettrait à l’œuvre grâce à ce qu’elle cachait désormais dans sa tenue, mais en attendant… en attendant, son entretien avec cet étrange voyageur temporel n’était pas fini.

Il jurait terriblement avec ce qui les entourait, et maintenant qu’elle le voyait sous la lumière imperceptiblement plus vive de ce Soleil d’antan, Pamela s’en rendait encore plus compte. Il avait le pouvoir de voyager dans le temps, certes, mais il n’appartenait pas à toutes les époques. Celle-ci, par exemple, n’était pas faite pour lui. Elle n’était même pas sûre que son époque à elle lui seyait, et ça ne fit que le rendre plus dangereux à ses yeux. Il était un excellent moyen d’atteindre son but, mais si elle voulait un jour parvenir à ses fins, il serait un jour sur son chemin. Quelque chose lui disait que lui aussi en était conscient. Ils pouvaient s’entraider, mais sur le long terme, ils étaient ennemis. Ca n’avait rien à voir avec leurs affinités. C’était comme ça. L’ordre naturel.

Mais elle aviserait quand elle y serait. Pour le moment, il pourrait l’aider à aller plus loin encore. Et elle ferait de même pour lui.

Elle sourit quand il mentionna la JSA et qu’il qualifia sa puissance à elle trop directe pour cette mission.

« Je ne me soucie jamais de l’égo de mes ennemis, » dit-elle. « Je les écrase dès que je peux. » La forêt derrière elle craqua à l’unisson, comme pour lui imager ses propos, et Pamela ne broncha pas. Son sourire s’élargit et elle inclina brièvement la tête. « Mais j’apprécie les compliments cachés. Je comprends que tu veuilles agir le plus possible dans l’ombre, et il est vrai que mes assauts sont rarement discrets. »

Son plan tenait la route. Et les cibles qu’il avait en vue ne seraient pas une grande perte pour elle. Atom et son équipe de scientifiques régnaient sur Ivy Town, et leurs promesses n’étaient que des mots vides à ses oreilles. Les avancées qu’ils garantissaient n’offraient aucune aide à la Nature. Hawkman était une brute de moins qu’elle n’aurait plus à affronter. Elle avait tout à gagner à l’épauler.

« Aw, » fit-elle mine de jubiler d’un ton doucereux. « Tu as donc entendu parler de mes charmes. Il fallait commencer par là. »

Elle lui adressa un clin d’œil joueur. Il ne ferait pas partie de ceux qui s’étaient fait avoir par ses sourires auparavant, mais elle appréciait jouer la plante exotique. C’était son côté plante carnivore. Approche-toi que je te dévore. Evidemment, elle avait d’autres façons d’amadouer ses proies que d’arborer des couleurs affriolantes, et c’était pour ça très exactement que Per Degaton était venu vers elle. Au moins, il était renseigné. Elle n’était jamais contre un peu de professionnalisme.

« Si tu veux que j’agisse dans l’ombre et dans l’anonymat, New York est une excellente toile de fond pour cette attaque. J’utiliserai Central Park pour répandre ma toxine, et elle touchera suffisamment de monde pour mettre ta JSA en panique. Le chaos sera tel que tu pourras frapper fort et rapidement. Il va me falloir un peu de temps, évidemment, pour mettre au point le genre de produit que tu recherches. Il ne s’agit pas de pousser la moitié de la population de New York à me déclarer son amour, mais à les faire partir en vrille le plus bruyamment possible. » Elle eut un nouveau sourire un brin carnassier. « Ca ne devrait pas être trop dur. »

Son sourire s’évanouit doucement tandis qu’elle considérait son interlocuteur. Un plan brillant, certes. Sans aucun doute une simple petite étape dans une immense mécanique bien huilée qu’il maîtrisait à la perfection. Un danger évident.

« Tu auras New York et tu pourras en faire la ville que tu désires, je m’en moque. Mais Central Park sera hors-limite. »


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Re: [Robinson Park] Germinaison du mal Ven 13 Sep 2019 - 9:35

Les traits de Degaton conservèrent leurs plis amusés lorsqu'elle parla d'"écraser ses ennemis", une menace qu'il prenait en partie pour lui. Il était prévenu, même indirectement. Un jour ils seraient ennemis, pas question de trop s'attarder sur ce point. Elle comprenait, évidemment, sa puissance était telle qu'elle aurait pu dominer le monde si ce dernier n'était trop effrayé par elle et par conséquent, prêt à tout pour l'arrêter.

Puis elle réagit sur ses "charmes". Oui, plante dangereuse, doucereuse, terrible et dominatrice. On ne pouvait la domestiquer, on ne pouvait indéfiniment la garder en cage ou en pot. Toujours elle gagnerait par la patience ou la violence, à l'image d'une nature tantôt liane rampante et dure à la tâche, tantôt tempête et orage renversant et bousculant les réalisations humaines.

Ses dossiers à Arkham étaient passionnants. Il n'avait pas même eu à corrompre des gardes ou des docteurs pour y avoir accès. Il s'était rendu dans le futur, à l'époque où les vieux dossiers étaient reversés dans les archives publiques et il avait pu prendre son temps de tout éplucher. Se doutait-elle seulement de l'importance de son avenir ? Sans doute pas. Cet avenir cependant était sur le point d'être révolu. A l'occasion il referait le voyage inverse pour observer les changements, mais c'était secondaire.

Un rictus accueillit son clin d'oeil. Pas question de badiner. Les deux individus se comprenaient, même s'ils se craignaient mutuellement. L'une capable de lui ôter son libre-arbitre et l'autre capable de venir à l'époque de sa naissance pour l'étouffer au berceau. Alliance fragile et instable qui allait, tôt ou tard, exploser.

Et au milieu de cette nature millénaire, étrange et sauvage, où l'Homme n'est qu'une proie, Per prenait la mesure du chemin parcouru et du chemin qu'il allait lui-même parcourir. Tout ce monde, toute cette verdure gorgée de vie. Elle était outrage à ses yeux. Poison Ivy devait sans doute s'y trouver à son aise, mais le métal et les fourneaux de l'industrie qui avaient forgé Degaton l'empêchait de profiter de ce spectacle hors de contrôle.

Pamela Isley entreprit alors de commenter le projet du Voyageur Temporel.

- Le temps n'est pas un problème, réagit-il avec un sourire dominateur. Nous avons à notre disposition une ressource inépuisable en la matière. Et le chaos sera parfait. Que ces justiciers révèlent ainsi au grand jour leur incapacité. Nous ferions d'une pierre deux coups et pourquoi pas même apparaître en sauveurs. Jamais l'aliénation n'est meilleure que lorsqu'elle est acceptée de bon coeur. Et la populace est si crédule...

Puis vint une nouvelle demande de rétribution. Demande était un mot un peu fort, c'était plus une exigence, à prendre ou à laisser. Degaton prit le temps d'y réfléchir. Central Park serait dès lors une bombe à retardement, et New York était importante. Si les États-Unis d'Amérique s'effondraient, il perdrait une puissance majeure et son complexe militaro-industriel, sa première cible, son premier objectif.

Pamela était une femme intelligente, ce qui posait problème couplé à sa puissance naturelle. L'image d'un Central Park arrosé au napalm commençait à faire son chemin dans son esprit fasciste.

- Ce n'est pas rien comme demande, fit-il, mais soit. J'aurais la JSA et la ville, tu auras Central Park et sa pleine jouissance.

Il fallait cependant calmer les éventuelles ardeurs de la plante conquérante, en tout cas parvenir à la faire patienter le temps qu'il lui fallait pour ne plus être d'égal à égal avec elle. Le rapport de force était encore fort équilibré, ce qui déplaisait à l'ancien nazi temporel qui préférait amplement les situations qui lui étaient plus favorables.

- Et si mes projets se concrétisent comme prévus, tu pourrais avoir un continent entier...

Il embrassa alors du regard l'horizon immaculé. Une promesse qui ne valait rien certes, mais une promesse faite et qui pouvait donner une petite idée à Pamela de l'immensité de la mégalomanie de Degaton. D'abord le Monde certes, puis l'Univers. Il leva alors les yeux au ciel. Par delà l'immensité de l'espace se jouaient déjà des conflits qui impacteraient durablement toute vie dans le cosmos. Et lui se retrouvait encore à jouer aux échecs sur sa planète. Qui, cependant, pourrait un jour lui causer du tort, lui qui pliait le temps à sa volonté. Lui qui, à la différence de tous ses ennemis, n'était jamais à court de "dernières minutes"...

- L'avenir nous attend je crois.

Puis il se concentra pour quitter cette époque.

[HRP]Voilà qui devrait clore notre petit sujet ensemble, un grand merci à toi, c'était très plaisant de rôder Degaton avec une si agréable plume ![/HRP]
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