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Vermis fructus in [Post Unique]

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Vermis fructus in [Post Unique] Mer 23 Oct 2019 - 8:28


L'Asile d'Arkham. Bâtisse gothique formidablement anachronique, dans le plus pur style Pinkney, tout droit sorti des rêves psychotiques d'un Amadeus Arkham, il exhalait un souffle putride surnaturel qui ravivait l'âme décharnée d'Anton Arcane.

La grande grille de l'entrée s'ouvrit avec difficulté tant le vent océanique empêchait les gardes de la stabiliser correctement.

Engoncé dans un costume de seconde main, une sacoche fatiguée à la main, une paire de lunette écaille de tortue glissée dans la poche de sa veste, des gants de cuir légèrement usés, le docteur Ronald Weatmills attendait patiemment que le solide garde qui s'approchait soit à portée de voix. Avec un sourire mi-inquiet mi-poli, il tira un papier de son porte-document qui indiquait une convocation pour sa première journée.

Le garde hocha de la tête en le remerciant d'avoir été ponctuel, puis il l'accompagna jusque dans le saint des saints. Ce furent de longues minutes dans le premier poste de garde, on ouvrit ses affaires, on le fouilla, il fut scanné, puis récupéra ses affaires.

Ronald avait déjà rencontré le directeur de l'asile avant de pouvoir même espérer être employé. L'individu avait eu une belle promotion en moins de deux semaines. De simple chômeur en quête d'un travail d'homme de ménage, il avait pénétré l'antre flétrie d'Anton, croyant trouver là matière à un emploi stable, et était devenu une veste de tous les jours pour l'occultiste.

Pour son premier jour, donc, il allait faire le tour des installations et découvrir avec un garde visiblement rodé à cet exercice tous les éléments clefs de la sécurité et les procédures qui assuraient à chacun "de rentrer sain et sauf chez eux le soir". Le médecin fut extrêmement attentif. De temps à autre il redemandait des précisions, fit répéter une fois ou deux, visiblement suffisamment pour paraître innocent, pas assez pour être pénible, dosage contre-nature.

Puis vint l'aile des praticiens, leurs bureaux et surtout, le sien. Modeste, comme pour tous les nouveaux arrivants, mais fonctionnel : bureau à angle ; chaise ; casier ; petite bibliothèque ; ordinateur avec un post-it indiquant ses premiers identifiants de connexion sur l'intranet de l'Asile ; plante verte - celle-là ne s'attarderait pas.

Premier repas, premières problématiques : il lui fallait un compte pas encore créé - cafouillage classique - il dut avancer l'argent et remplir un formulaire pour se faire rembourser. Ses collègues se montrèrent amicaux lorsqu'ils n'étaient pas dans des conversations sur des patients pour lesquels ils cherchaient une solution. Il fut discret, comme tous les nouveaux arrivants, curieux de détails insignifiants. Les toilettes ? Par là ? Ah oui, merci. Pour recharger son compte, seulement en carte bancaire ou aussi en espèce ? Il y a un parking si l'on veut venir en véhicule personnel ? Vous auriez les horaires de bus qui viennent jusqu'aux abords de l'asile, au cas où ? Bref, une journée normale pour un impétrant normal.

Durant les visites de l'après-midi, Ronald nota les œillades de certains infirmiers et aide-soignants. Ceux-ci le saluèrent tout bas et il leur rendit avec un geste vague de la main. Un signal pour quiconque cherchait le mal, un geste insignifiant pour les autres.

Ce fut alors le tour des installations de haute-sécurité, le pénitencier glacial et les soins intensifs avec leur cacophonie. L'Asile se voulait novateur mais peinait encore à sortir du tout-carcéral de cette civilisation bien en peine d'accepter ses éléments les plus perturbateurs. C'était merveilleux et le nouveau médecin dut faire un effort pour cacher le plaisir qu'il éprouvait à ses cris, ses petites lueurs électriques de gardes un moment débordés, cette souffrance palpable. Les portes claquaient dans leur lourdeur métallique et les lumières fluorescentes grésillaient, les hauts plafonds aspiraient les hurlements et les renvoyaient avec un léger décalage troublant.

Ici, la technologie dominait, la science guidait et l'homme, par sa seule force, cherchait à juguler tout ce beau monde. Un monde de folie et de terreur. Un monde en équilibre précaire entre le néant chaotique et l'avenir heureux rêvé par le fondateur des lieux. C'était ici que l'on pouvait voir la véritable maladie de l'homme : l'incapacité à gérer son esprit, à contrôler ses émotions, à faire la part entre vérité et mensonge. Mais qui était dans le vrai ? Qui était dans le faux ?

Les cellules des "super-criminels" achevèrent la visite. Sur les portes, des noms qui attendaient le retour de leurs pensionnaires. Le garde s'arrêta un temps devant celle de "Jonathan Crane". Vide. Pour l'instant. Anton, dans son accoutrement de Ronald, savait, lui, qu'elle ne le serait pas longtemps. Cette porte était celle d'un Enfer. Pas l'Enfer des démons, mais celui des Hommes. Car ce n'est pas Lucifer, Etrigan ou Trigon qui pouvaient ébrécher durablement le tissu de cette réalité, non, c'était l'inconséquence des hommes, leur folie. Anton savaient qu'ils étaient une clef plus solide et plus dangereuse que toute les invocations de démons majeurs. Ils étaient le lien entre cette réalité et celle dont il était un résident d'élection. Mieux valait des réceptacle et des relais magiques dans le coeur des hommes qu'une armée de démons pour maintenir une ouverte grande ouverte.

Jonathan Crane. Un esprit brillant. Un démon en devenir. Une âme pervertie. L'Epouvantail survivrait à tout ceci, assurément et il y prendrait grand plaisir. Tout comme Arcane.

Enfin, il fut seul dans son bureau. "Ronald Weatmills", indiquait la porte fermée au couloir où résonnait de moins en moins de pas. Instinctivement, l'homme ouvrit les tiroirs de son bureau et trouva dans le dernier un paquet. Un colis sans marque distinctive. Un colis à la discrétion suspecte.

Il l'ouvrit. Dedans, des bougies, des craies, quelques parchemins et une liste de noms. La matière première pour ses premières expérimentations. L'Eglise du Sang Versé était déjà dans les locaux et avait déjà repéré quelques premières proies faciles.

Anton sourit. Dans cette guerre qui secouait le monde infernal, il venait de prendre une place stratégique. Le plein d'âmes, le plein de souffrance, un carburant essentiel pour rebattre certaines cartes.

Dehors, le vent s'était intensifié et de lourds nuages s'amoncelaient...

[HRP]
- Avec l'accord de l'administration:
-> Anton Arcane, avec le soutien de l'Eglise du Sang Versé ;
-> En collaboration avec Scarecrow (et tout vilain qui souhaitera nous rejoindre Wink )

-> Infiltre l'Asile d'Arkham en tant que médecin chirurgien, avec quelques serviteurs de l'Eglise.
[/HRP]
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