[Year of Evil] La chute des chauve-souris

Le Manoir Wayne, Gotham City.
Une maison vide.

Une demeure ancienne, synonyme de puissance et de mystère pour les habitants de la ville.
Abandonnée, maintenant.
Délaissée quand le maître des lieux, un playboy apprécié autant pour son physique que ses œuvres, mais marqué par un drame terrible qui n’a jamais quitté l’esprit des Gothamites, est devenu Président des Etats-Unis d’Amérique de manière temporaire.
Abandonnée, définitivement, cependant.
Quand ledit Président a été tué, dans la Maison Blanche. Par Lex Luthor.

Celui qui a lancé un Défi à l’Humanité.
Celui qui est en passe de réussir sa mission.
Quel qu’en soit le prix.

Le Manoir Wayne est abandonné, maintenant.
Rares sont les âmes qui le hantent encore.
Même si quelqu’un y sera toujours. Même si quelqu’un y veillera toujours.

Même s’il se dirige lentement dans les profondeurs du Manoir ; dans sa partie cachée.
Le véritable foyer du playboy et Président.


La Batcave.
Foyer du Batman. Foyer du croquemitaine des criminels de Gotham City.
Et du monde, aussi.
Voire même de l’Univers, en fait.

Un souffle lourd et fatigué s’échappe des lèvres de l’homme, alors qu’il approche du Batcomputer, et s’installe devant.
Dans le fauteuil. Dans ce fauteuil.
Dans le fauteuil du Batman.
Dans le fauteuil… de Bruce Wayne. De Bruce.
De son fils.


Alfred Pennyworth fige un regard sombre dessus ; il soupire.
Las. Usé. Fatigué.
Incapable de comprendre pourquoi cette vie le force ainsi. Pourquoi le destin de le faire vivre… alors que ses proches meurent, eux.

Il agit, cependant. Il réagit.
Il est Anglais.
Il ne se laisse pas aller. Même au cœur du creux de la vague.

Le vieil homme laisse ses doigts gantés glisser sur les boutons, et les écrans s’animent ; s’allument.
La surveillance s’enclenche.

Longtemps, Alfred a pesté contre les habitudes de Bruce de surveiller les autres justiciers de la ville.
Il en comprend la raison, maintenant. L’inquiétude.
La peur.
La peur de les perdre. La peur qu’ils se blessent. La peur qu’ils soient en danger.
La peur qu’ils disparaissent… sans ne pouvoir rien y faire.

Timothy et Jason errent de leurs côtés.
Batman, chacun. Batmen, ensemble.

Stephanie s’est fait discrète, mais elle agit. Elle réagit, aussi, même si Alfred sent bien que quelque chose a changé en elle.
Il ne sait cependant comment comprendre.

Barbara, elle, est chez elle. Avec ce jeune homme qu’elle fréquente. Ce Docteur Fate.
Un Magicien.
Ce monde ne manquera jamais de le surprendre.

Selina, aussi. Perdue, disparue, abandonnée depuis ces événements.
Il aimerait aider, sauver ; consoler.
Il n’y arrive pas. Il n’y arrive plus.

Le vieux majordome observe la suite, alors. Les autres ; les nombreux autres.
Un peu enfants de Bruce Wayne.
Beaucoup héritiers du Batman.


Damian Wayne, d’abord. Robin.
Fils naturel de Bruce. Héritier de la Chauve-souris et de la Tête du Démon.
Evidemment impacté par son absence.
Qui fuit sa souffrance par des raides réguliers sur les docks.


Cassandra Cain. Orphan.
Enfant perdu, récupérée par Batman alors que son existence n’était que violence.
Touchée par l’absence d’une fondation de sa nouvelle.
Qui règle sa douleur en faisant respecter l’ordre près de l’Opéra.


Duke Thomas. Signal.
Orphelin, d’abord meneur des Robins puis appuyé par Batman.
Enragé par la disparition de son mentor.
Qui agit autant le jour que la nuit, pour confirmer un signal aux criminels : vous ne passerez pas.


Luke Fox. Batwing.
Super-génie, inspiré par le mythe de la Chauve-souris plutôt que par l’homme.
Crispé de n’avoir pas su le protéger.
Qui entend protéger la ville, par des moyens encore plus évolués.


Kate Kane. Batwoman.
Cousine élevée loin du cœur et du corps, perdue dans des méandres obscurs.
Honteuse de n’avoir pas été là ; pas assez là.
Qui veut remplacer le proche perdu, et compenser. En sachant qu’elle n’y arrivera pas.


Harper Row. Bluebird.
Inspirée par Batman, qui a rejeté la fonction quand elle s’est rendue compte du prix.
Pleine de frustration et de regrets, maintenant.
Qui reprend la tunique sous une faux sourire, pour compenser sa culpabilité.


Jean-Paul Valley. Azrael.
Rongé par des psychoses anciennes, possédé par des esprits mauvais.
Plein de tristesse et de culpabilité.
Qui veut se battre, en espérant ne pas redevenir un des monstres qu’il affronte.

Alfred Pennyworth les voit ; tous.
Il les cherche. Il les étudie. Il les analyse. Il les observe.
Tous.
Même Richard Grayson, qui n’est pas encore parti en ronde, ce soir. Surprenant, mais agréable.

Le vieil homme esquisse un léger sourire, alors qu’il sent la fatigue monter en lui. Il se bat, mais finit par céder.
Il s’écroule, il s’enfonce dans l’inconscience.
Dans le sommeil.

Dans le sommeil troublé, évidemment, mais moins que d’habitude.
Presque serein.
Parce qu’il sait que ça va. Parce qu’il sait qu’ils peuvent gérer ; qu’ils vont gérer.
Même sans Bruce.
Même sans leur mentor, leur maître. Leur père.
Son fils.

Alfred Pennyworth s’endort, rongé par la tristesse mais presque serein face aux événements futurs.
Il a tort.

Parce que, alors que le vieil homme s’endort… quelque chose se passe.
Quelque chose se passe auprès de ceux qu’il surveille ; auprès des héritiers du Batman.

Qui sont attaqués.
L’un après l’autre, brutalement.
Qui tombent.
L’un après l’autre, toujours.

Sans possibilité d’y échapper. Sans espoir de s’en sortir.
Ils tombent.
Tous.

Blessés.
Certains lourdement. Certains salement.
Ils tombent. Tous.

Avec tous la même image avant de s’écrouler. Avec tous la même pensée avant de fondre dans l’inconscience.
Il les a attaqués. Même si ça n’a aucun sens.
Il les attaqués.

Il les a attaqués. Il les a tous vaincus.
Il les a blessés.
Il les a détruits, comme jamais personne ne les a détruits.

Il les a vaincus.
Il a vaincu l’essentiel des justiciers de Gotham City. Il n’en reste qu’une partie, une poignée.
Les derniers.
Il se les réserve. Pour le final. Pour la reprise en main de la ville. Pour son triomphe.

Pour son annonce.
Pour le moment où, enfin, ce monde et cette ville comprendront.

Papa est de retour.


(HJ/ Résumé rapide : tous les personnages évoqués ici en PNJ sont agressés, blessés et vaincus par une figure étrange, qui semble être Batman. Avec un look différent, et des méthodes expéditives. /HJ)