Le Docteur & le Scarabée - Ft Docteur Fate

Jaime cligne des yeux quelques instants. « J'arrive. » Il répète le mot, avec la plus grande simplicité du monde. J'arrive. Dans ce contexte, cela résonnait comme Je suis là de suite !
Possible ? Eh, sûrement. Batman – pas le premier rencontré, le deuxième, son potentiel patron – a été si vif à le trouver, à le récupérer, dans le désert Texan. Alors pourquoi pas lui ? Qu'importe l'endroit, avec la technologie actuelle des héros. D'ailleurs, il est sûrement la preuve vivante de tout ceci. Les réacteurs de l'Exosquelette sont puissants. Bon, il n'a pas encore pris la peine de calculer le temps de trajet entre El Paso et le siège de la Young Justice.

« Ah mais... J'suis con. » Il soupir, doucement, portant ses mains vers le plafond après avoir lâché son portable. S'étirant ainsi, il regard la fenêtre face à lui. San Francisco, vu des hauteurs... c'est pas mal. « C'est Docteur Fate. C'est pas la même chose que les autres. La magie... » La musique qui résonne dans ses oreilles finit par se couper. Un grognement s'échappe de ses lèvres. Ne soit pas stupide, Jaime Reyes. Ce que vous appelez magie n'est qu'une succession de faits scientifiques rares, nés de réactions chimiques et/ou de manipulations technologiques avancées. La voix du Scarabée ne résonne pas à travers les écouteurs, mais il n'aime pas que le symbiote humain ne l'écoute pas. Une voix, Sa voix, se doit d'être écoutée.

On ne devient pas le porteur d'un insecte alien à la technologie de pointe sans quelques désavantages. Et il le prouve. Encore. Mes programmes ont d'ailleurs calculé plusieurs simulations basées sur les vidéos que j'ai récupéré concernant les « utilisateurs de cette magie ». J'ai ainsi pu expliquer une partie de ces phénomènes. Le reste ne devrait pas tarder. Un sourcil se fronce chez Jaime... un petit sourire se dessine sur ses lèvres. Oh. Il veut jouer.

« Donc. Si je comprends bien... tes simulations se basent sur des vidéos enregistrées par des appareils qui n'ont pas été vérifié par tes programmes. »
Exact... Mais...
« Il est donc probable que ton échelle d'erreur soit augmentée, car tu ne peux être certain de la qualité de l'enregistrement, ou même de son intégrité.Tes simulations prennent-elles en compte ce degré d'informations potentiellement erronées ? »
Le différentiel n'est pas si impo...
« Et les éléments situationnels précis ? Conditions des intervenants, scan électrique des environs, et autre données essentielles à l'établissement d'un diagnostic ? »

La seule réponse qui semble résonner est une sorte de crissement dérangé. Duel entre Jaime et le Scarabée ? Victoire Jaime. Pour le moment. Profitant de cet avantage, le jeune homme reprend. « Maintenant, s'il te plaît, tu peux remettre la musique, amigo ? » La musique résonne de nouveau dans ses oreilles, sa voix résonnant une ultime fois dans ce salon vide « Gracias. » La vérité est qu'il ne pourrait pas expliquer ces phénomènes. Qu'il a toujours été quelqu'un appréciant observer, comprendre, les mécaniques. Mais la magie ? Non, décidément, ça ne semble pas fonctionner sur le même principe.

Mais entre cet amour de l'observation des phénomènes et l'arrogance synthétique de l'IA du Scarabée... la différence est grande.

Attrapant donc son téléphone, le jeune homme se redresse, puis pianote un dernier petit message, alors qu'il s'approche d'un petit bar, sortant deux bouteilles de soda. Bah, s'il aime pas, il prendra autre chose. C'est pas comme s'il manquait quelque chose ici.
Et il envoie le message.

« Wow. » Les bouteilles en main, une oreillette finit inévitablement par tomber alors que le Blue Beetle regarde le spectacle son et lumière. Ne pas lâcher les bouteilles. Ne pas lâcher. C'est bon, elles sont toujours en main. Maintenant, les poser. Et dire autre chose. Allez. Ce n'est pas si compliqué. Le geste est produit, les bouteilles posées. Aucune de cassée à cause du Scarabée ! Mauvaise foi, quand tu nous tiens. « Salut... ! » Un autre mot, c'est bien !
Le latino observe le jeune homme qui lévite dans le salon de la Tour de la Young Justice. Un premier frisson. De peur ? Non. Loin de là. Au contraire même ! Ce que les gens ne comprennent pas n'est pas forcément mauvais. Et pour l'esprit imaginatif de Jaime Reyes, cette réalité se confirme souvent. Enfin, presque souvent. De nouveaux mots résonnent depuis le jeune homme au casque, une présentation, suivie d'une question, alors qu'il tend la main droite dans sa direction.

Jaime coupe la musique venant de son téléphone. Puis il approche, un peu, regardant un instant sa main droite. Ça va, l'autre semble suffisamment concentré sur ses nouvelles simulations pour ne déranger la rencontre. Pour le moment. Sa main attrape alors celle du Docteur Fate, la serrant avec un sourire tranquille. « Enchanté. Blue Beetle. Enfin, tu peux m'appeler Jaime ! »

Mieux de s'appeler par son prénom après tout. Blue Beetle est la combinaison des deux. Et pour l'instant, ne pas présenter Monsieur J'ai Raison, le Monde a Tord semble être une bonne idée. Pour éviter de faire un trou dans le plafond de la Tour. Batman appréciera.

« Ça va, ouais. » Il sourit, à nouveau. Il apprécie, en fait, cette façon de parler. Cette petite hésitation dans la voix. Lui-même détourne un peu les yeux, se grattant l'arrière de la tête. « Et toi ? J'espère que j't'ai pas fait venir alors que t'étais trop occupé... Enfin, ouaip, c'est vraiment cool. C'est difficile de se familiariser rapidement avec tout ça... alors voir un visage amic... »
Il penche un peu la tête, avant de tousser légèrement. « Heum. Un casque amical. » Il lui lance un sourire, amusé – prouvant par la même son absence de problème envers le port de ce casque –, avant de l'inviter à s'installer.

Après tout, n'est-on pas mieux assis ?

Jaime Reyes, tu devrais te méfier. J'estime mes chances de victoire à … Tiens, cela faisait longtemps. Pourtant tout commençait à bien se passer. Mais cette voix, dans son cerveau, qui résonne, sait se faire entendre, force à répondre. « Mais tais toi... » Malaise... Le jeune homme regarde Dr Fate, non, Khalid. Il pâlit un instant, avant d'approcher un peu de lui, secouant les mains. « Ah ! Attends, c'est pas à toi que je disais ça hein. Mierda. »

Se laissant tomber sur un fauteuil, un profond soupir vient résonner alors qu'il passe ses mains contre son visage. Jaime Reyes, ton rythme cardiaque augmente drastiquement. Non, tu crois ? Le jeune homme s'empêche de lui répondre... mais le cœur, et surtout la pensée, y est... Massant légèrement sa main, il regarde alors Khalid. « Ton casque... Il parle ? » Question conne. Mais bon. « Si c'est pas le cas, j'suis prêt à te l'acheter. Ou te l'échanger. » Il se redresse, légèrement, bien que toujours assis. Il s'étire, un instant, avant de joindre ses mains derrière sa tête.

« Désolé, Khalid. » Il détourne le regard. Compliqué la vie de héros.

Simple télékinésie, Jaime Reyes. Même des martiens peuvent le faire. Le jeune homme passe un instant ses doigts contre sa tempe gauche, essayant d'ignorer le commentaire de son compagnon symbiotique. Encore heureux qu'il n'ait pas balancer quelque chose de plus désobligeant. La réaction aurait pu être bien plus audible que ce simple petit massage. Enfin, la migraine n'est plus très loin, bien qu'elle soit retenue à distance par les mots et les quelques explications de Khalid. Au nom du casque, une petite surprise se dessine sur son visage, ne pouvant l'empêcher.

« Toth, comme le dieu égyptien ? » Et des dieux maintenant. Rien que l'idée qu'une quelconque divinité vit avec une tête d'Ibis fait naître un petit crissement moqueur de la part du Scarabée, qui ne semble même pas la prendre la peine de vouloir commenter ce qu'il considère comme une stupidité sans nom. « Enfin, ouais. C'est ça. » Il s'étire un peu, à nouveau, avant de suivre les quelques nouveaux mots de son interlocuteur, baissant un peu les yeux en entendant la situation d'échec qu'il a vécu dans ses études.

« Arf... désolé pour ça, amigo. Mais ouais... C'est pas simple d'être partout à la fois... Le rôle que je ne sais quoi ou qui nous donne et notre propre vie. » Il hausse, un peu, les épaules. « J'ai disparu pendant un an, j'dois sûrement reprendre des études, mais j'sais pas si ce sera possible. Enfin... merci. Et j'suis sûr que tu le fais très bien, d'aider les autres. » Et que dire de l'autre problème ? Étudier ne sera pas le plus simple avec ce qu'il a parfois dans la tête, le jeune homme imaginant déjà son comparse lancer quelques critiques ci et là sur sa manière de travailler.
Non, le problème était de renoué avec l'ancienne vie. Pour l'instant, il n'a donné aucune nouvelle à sa famille. Plus il attendra plus, plus ce sera complexe. Mais il peut pas. Veut pas, d'une certaine façon...

Enfin, observant les gestes, le latino finit par passer légèrement son bras devant son visage, pour cacher ses yeux du flash lumineux, sentant d'ailleurs ce même bras être peu à peu recouvert de l'exosquelette. Alerte, potentielle agression ! Mais quand la lumière s'efface, ce n'est qu'un jeune homme qui est maintenant présent. Un jeune homme qui a décidé de dévoiler son visage. Vivement, il glisse la main dans sa poche, non pas pour cacher – Khalid ayant certaines informations – mais pour éviter tout soucis. « Il me montre juste son visage. Il va pas m'éclater. Et non, pas de scan pour vérifier s'il n'est pas martien. » Épuisant... En plus, par intuition de survie, il aurait presque envie de croire que si quelque chose devait arriver, c'est lui, Jaime Reyes, qui finirait maîtrisé.

Poussant un léger soupir, celui-ci s'éteint bien vite, pour offrir un sourire à Khalid. « Salut Khalid. T'es plutôt pas mal sans ton Heaume. » Un petit rire, joueur. Quoi ? Au moins il est un peu plus détendu en parlant ainsi. Posant son coude contre le dossier du fauteuil, sa joue vient s'appuyer sur sa main. Si la voix de Dr Fate est à la fois intimidante et... humaine, la voix de Khalid, là, garde tout ce côté humain, rendant l'échange d'une certaine façon bien plus simple.
« Uhmm... J'sais pas vraiment ce que je pourrai te dire. Enfin... si. Je crois que le truc, c'est que j'y comprends pas grand chose... » Il regarde, un instant, le plafond. « Du jour au lendemain mon bras peut fonctionner limite seul et frapper juste parce que le Scarabée n'apprécie pas les mots de quelqu'un. Il parle. Ouais. J'arrive à échanger, c'est bizarre, mais j'y arrive. » Il sort ensuite son autre main de sa poche. Il l'ouvre, la ferme, regardant la manifestation partielle de l'exosquelette.

« J'ai du mal à appréhender tout ça. Je sais même pas si je peux m'appeler héros, où si c'est le Scarabée qui l'est. » Il se penche, un peu, vers le jeune homme, semblant vouloir lui confesser un secret. « Pour être honnête avec toi, je sais pas s'il aime vraiment l’appellation héros. »

Je déteste.
« Il déteste. » Un nouveau rire, plus neutre. Une certaine réalité des choses : le Scarabée est capable du pire.

Légèrement, Jaime hausse les épaules. Portant sa bouteille à ses lèvres, il boit une gorgée. « C'est fou, ouep. Mais en vrai... Hey, c'est pas plus fou que certains trucs que j'ai pu apprendre au catéchisme. » Un rire amusé sort de ses lèvres. « Famille complètement catholique, pratiquante. Jamais été croyant, personnellement, mais … voilà. » Au moins, sur ce point il s'entendrait avec ce partenaire alien. Jusqu'à ce que le Scarabée déploie comme seule théorie qu'il faut éliminer toute trace de religion pour établir une politique basée sur la puissance scientifique – dans tous les domaines – et martiale. Et à cet instant, oui, il est préférable d'avoir un bon aspirine.
Passant sa main dans sa tignasse, Jaime écoute alors avec une attention toute particulière les mots de Khalid. Il s'accroche à cette histoire, aux sentiments qui viennent parfois accompagner cette voix. Le latino ne peut s'empêcher d'observer sa main lorsque son interlocuteur vient à parler de la couleur de peau... de leur place...

Mais s'il approuve, totalement – par expérience personnelle –, il ne dit rien. Non, il est bien trop absorbé par ce que dit le jeune homme, ne voulant pas le couper. Après tout, il lui a fait le plaisir de venir, ici, dans ce salon. De venir lui parler, alors qu'ils n'avaient échangé que quelques mots par SMS. Alors il pouvait l'écouter, récupérer sa parole... et ses silences.

Puis... un rire franc traverse ses lèvres, alors que la voix de Khalid s'amuse de la situation. « Haha ! Au moins, ces défauts ne viennent pas tout gâcher ! Promis, la prochaine fois je prendrai de la qualité. » Il boit une gorgée, puis pose la bouteille, tranquillement. Ses yeux se baissent, regardant le sol. Il inspire, doucement... Être seul, face aux crises. Sans le conseil d'une personne qui sait. Qui comprend...
Jaime Reyes... Il tourne un œil, ne disant rien, bien que pendant un court instant, son esprit se focalise sur la voix du Scarabée. Tu ne peux pas y réchapper. Accepte le. Facile à dire... plus difficile à faire.

Regardant la bouteille de Khalid proche de lui, il vient alors trinquer.

« T'es fort, tu sais... » Il boit une gorgée, regardant le plafond quelques instants. « J'parle pas de Docteur Fate, tout ça. Non, c'est autre chose. J'sais pas ce que tu as vécu, ce sont pas mes affaires d'ailleurs. Mais t'es fort. Enfin... Tu fais face. Je pense pas que la plus grande force ce soit d'aider les autres. » Son regard se pose de nouveau sur son interlocuteur, un sourire venant étirer ses lèvres. « C'est de pouvoir accepter. Je pense. Sans que cela ne te paralyse. » Avec cette logique, de sombres criminels peuvent naître. Ils acceptent, mais touchés, ils sombrent. Ils avancent, dans un autre sentier. Avec cette logique, des héros peuvent apparaître... « T'as cette force, en tout cas. J'ai l'impression. Et ouais. Avec les potes, ça va l'faire. »

Mais c'est pas simple d'accepter, bien sûr. Pas simple du tout. Il inspire, alors, doucement. On lui a posé une question, il n'a pas répondu à tout.

« Le Scarabée... peut prendre contrôle. Il peut me... considérer comme un simple... programme à mettre de côté. Il l'a fait... » Son regard quitte Khalid, venant chercher des yeux un repère, sur le sol. Cette petite marque, par exemple. « J'étouffais. Je savais tout. Je voyais tout. Mais j'étouffais. Je bougeais pas. Impossible. Il fait ça pour me protéger. C'est ce qu'il dit. Mais... » Il ferme puis ouvre ses mains. Ce n'est pas que ça. Mais là, c'est ce qui lui vient. Peut-être pouvait-il comprendre, lui qui a été accompagné par un autre. Lui qui a un objet qui peut lui parler.

« Je sais pas... » Pas encore. Il arrive pas encore à accepter. Qu'il a été l'origine de pertes. Physiquement.

« Désolé pour tes pertes, Khalid. »

Il le regarde, l'écoute. La façon que Khalid a de présenter les choses est finalement assez sympathique. Claire, parfois triste, certes. Il présente une réalité. Sa réalité, pas toujours simple. Mais il en parle, il l'accepte et Jaime ne peut le nier : ce témoignage, cette façon de voir les choses... Elle peut l'aider. Elle peut lui permettre de mieux respirer. De mieux entrevoir les choses. Comment un héros réussit à se placer dans la société, tout en essayant d'associer tout ce qui compose sa vie ordinaire et ses fonctions héroïques...
« Ouep... Il encaisse... Mais ouais, pas seul. Pas facile de faire les choses seules. » Il soupire, lentement, avant de s'étirer, à nouveau. Ses doigts viennent de nouveau récupérer sa bouteille, buvant une gorgée. Et Jaime continue d'écouter, souriant doucement aux explications plus précises concernant sa nouvelle vie. Les potes...

Et les filles. Ouep, un sujet que les mecs abordent souvent. Son rire résonne avec le ricanement de Khalid, buvant une nouvelle gorgée. « J'te le dis, amigo. Une belle gueule comme la tienne, si elle se fait pas serrer par quelqu'un, c'est un crime. » Un petit clin d’œil, alors qu'il vient regarder le plafond. « Et ton actuelle, c'est une héroïne donc. Ça doit être plus simple pour tout ce qui est secret et tout ça, non ? »

C'est vrai quoi, comment avoir une relation avec quelqu'un pour un héros ? Bon, des gens aiment dire que tout le monde ment, qu'il faut un petit jardin secret dans un couple, tout ça... Mais quand ton secret c'est d'être le porteur du Heaume d'un dieu et que franchement tu défonce facilement qui tu veux d'un moulinet magique... Le jardin secret, c'est l'Eden là !

Puis revient le Scarabée et la première question.
Ça peut recommencer ? « Ouais. Connexion réseau. Bon... Normalement, si j'ai bien compris, ses protocoles d'urgences s'activent vraiment quand il y a des gros problèmes. Enfin, les programmes de contrôle complet. » Il hausse les épaules. « J'avais pas le matos pour vérifier tout ça. Quand j'lai connecté à mon petit PC chez moi une fois... » Il imite une petite explosion. « J'ai failli y laisser mes sourcils !  J'pense qu'avec le matos d'ici je pourrai un peu mieux regarder les programmes et tout. »

Connaître son allié est une bonne étape. Mais je ne sais guère ce que tu rechercheras à faire. C'est comme sur un PC quand il y a certains bug et qu'ils proposent d'envoyer un rapport d'erreur : faut appuyer sur la touche ignorer.

Puis vient la proposition de Khalid. Qui intrigue Jaime. Qui est emplie de bonnes attentions. Mais qui, quand elle résonne dans les circuits du Scarabée, viennent le stresser. Les mandibules se resserrent. Plus brutalement. Les pattes se contractent, comme pour s'accrocher à tout ce qui vient. Il réagit, comme une vraie bestiole, à l'instinct, enfin, autant que le peut une Intelligence Artificielle. Aucune action non définie par mes protocoles n'est autorisée !

Et Jaime lâche la bouteille, il se plie.
« A... gh... » Sa main attrape instinctivement le poignet de Khalid... quelques gémissements de douleurs traversant ses lèvres.
Certains réussissent à passer ses lèvres. Il cri. N'arrivant même pas à expliquer.

Il arrive à... secouer la tête. Non... semble t-il dire, au bord des larmes.
Ce sera pas pour maintenant.

C'était bien. C'était franchement rafraîchissant de parler, comme ça. Parler des rencontres, de choses tranquilles. Cela lui avait presque fait oublier la difficulté de leur situation, à tous les deux. Écouter ce témoignage et cette promesse d'aide, imaginer réussir à s'adapter, comme Khalid. Ouais, il avait même pu se poser cette question : pourquoi pas lui ?
Enfin, choses tranquilles... L'un a quand même parlé des risques que sa petite amie pouvaient rencontrer. Un défiguré. Une tempête cosmique. Eh... la vie de héros n'est pas toujours la plus simple, oui. Mais au moins le savent-ils tous les deux. Ils savent. Pour se préparer. Comprendre. Projeter. Ils ont cette vie. La même que celui ou celle dont le ou la conjointe travaille dans les forces de l'ordre. On veut pas que ça arrive, mais on sait que la patrouille de trop peut arriver.

Mais ça l'empêche pas, lui, Khalid, d'aimer. De profiter. Et ça, Jaime l'a bien compris, en regardant les yeux émus de son interlocuteur. Il a comprit, puis a ricané, aussi, au commentaire du jeune homme. Sans honte, il a hoché la tête, avant de hausser légèrement les épaules. « Ça marchait bien y a un an. Trèèès bien même. Pourquoi ça ne marcherait pas encore ? » Il a répondu ça.

Il a aussi été en accord avec le jeune homme lorsqu'il parlait de voir ça avec quelqu'un de doué avec l'informatique. Ouais, bonne idée. Il sait les utiliser, les PC. Il aime bien les faire parler, tout ça. Mais faut quelqu'un d'un peu plus habile. Surtout avec un tel procédé.

Ouep. Ça faisait du bien, même de parler de ça. Car c'était du projet tranquille, sans prise de tête.

Jaime en veut pas à Khalid, actuellement. Il lui en veut pas du tout, d'avoir voulu aider. Et il le remercie. Mais là, la douleur a effacé tout ça. Elle a effacé toute cette tranquillité pour transformer le moment en quelque chose de plus sordide. Car il n'est pas difficile à comprendre que le Scarabée a réagi, à quelque chose. Qui a été dit. Qui a été proposé.
Alors, oui. Il lui en voudra pas. Et oui, il le remerciera. Car Khalid redevient Docteur Fate, pour tenter une discussion. Quelque chose. Se laissant tomber sur le côté, sur le canapé, Jaime arrive à peine à entendre les mots de ce nouveau pote.

Mais le Scarabée entend bien. Il calcule. Il entend, ressent, cette chose qui essaye de vouloir se connecter à la pensée de Jaime. À lui, par intermédiaire. Comme si quelque chose, d'inexplicable, savait comment, plus ou moins, réagir. Toth, dieu du savoir, c'est ce qu'on dit. Mais lui, il n'y croit pas à ça. Il ne veut pas y croire. Pourtant, il calcule, rapidement. Les possibilités. S'il refuse cette connexion la situation pourrait être plus difficile à gérer. Il calcule alors, ses chances, mais aussi celles de Jaime. La compassion ? Il n'en a guère. Mais un besoin, inscrit dans chacun de ses circuits, de survivre ? De protéger aussi, celui à qui il s'est accroché.

Ouais, il a ça. Alors, il accepte.

Ambiance Musicale:

« Expliquez votre présence. » C'est froid. Caresser un esprit humain doit être quelque chose. Que Jaime n'arrive pas à imaginer. Que le Scarabée peut concevoir. La télépathie est une action naturelle, prouvée par des physiologies aliens diverses. Mais venir toucher une pensée humaine, associée, définitivement, à une pensée artificielle. Quelle expérience. Pas pire que celle de plonger dans la matrice de pensée de l'Intelligence Artificielle du Scarabée, certes... mais, s'il forçait.

Non, il - Khalid - n'aimerait sûrement pas vivre ça. Personne n'aimerait.

« La croyance que vous avez de vouloir aider le symbiote Jaime Reyes, avec vos capacités illogiques, peut lui nuire. Mes protocoles réagiront à chacune tentative de tenter de briser la symbiose. » Le visage de Jaime est moins crispé. Cette télépathie permet au moins de calmer les circuits du Scarabée, qui reprend, sa voix artificielle résonnant dans le crâne caché du Dr Fate... mais aussi dans celui de son associé. « Je ne peux que vous conseiller de ne rien tenter, tant que mes programmes n'ont pas vérifié la dangerosité et l'origine de vos capacités... » Brutalement le bras de Jaime se redresse, vers lui. L'exosquelette se déploie, en partie. Juste sur ce bras. Qui forme une arme. « Sinon je serai dans l'obligation de protéger l'intégrité de la symbiose. »

C'est froid. Mais il le dit à sa façon. Protéger l'intégrité de la symbiose. C'est égoïste, oui. Car il en fait parti. Mais il n'est qu'une machine. Une Intelligence Artificielle. Qui ne comprend pas. Qui pense que tout ceci est dangereux pour son partenaire.

Jaime attrape son propre bras. Celui qui est armé. « Stop ! Arrête ça ! » La douleur s'est estompée. Grâce à l'intervention de Khalid. Qui a permis à la créature de remarquer sa propre réaction.
Et Khaji Da, le Scarabée, arrête, le bras reprenant son aspect ordinaire... « Il veut juste m'aider... On va pas... »

« Expliquez. » Il continue. Il coupe la parole de son symbiote. Ce même jeune homme qui ressent, bien plus que tout être, l'incompréhension qui commence à frapper l'IA. « Je calcule. Depuis votre connexion. Je ne trouve pas. Expliquez. Expliquez. Expliquez. Évolution du génome martien ? Expérience sur l'être humain ? Technologie supérieure ? Quelle planète d'origine ? » Un silence. Froid. Métallique... Puis.

« Expliquez ! »

Cela aurait dû se passer autrement. Cela aurait dû se passer autrement. Pour lui. Pour le Scarabée. L'artefact technologique n'arrive pas à comprendre. Les faits ! Ce sont les faits ! C'est ainsi que les choses sont présentées ! Mais il veut pas se taire. Il veut pas rendre les choses plus simples. Enfin, est-ce à lui de critiquer, alors qu'il est, à sa façon, le premier agresseur ? La mauvaise foi d'une machine. Non ! D'une Intelligence Artificielle.
Qui n'aime pas. Vraiment pas. Ce qui se passe, ce qui se déroule devant ses yeux et ceux de Jaime. Le flash est fort, le flash est surtout incalculable. Comment est-il formé ? Comment est-il crée ? Quel genre d'énergie pourrait-il absorber ? Car il absorberait ! Oui, il pourrait absorber ! Mais ses programmes commencent eux-mêmes à avoir du mal à comprendre comment réagir. Ça ne s'explique pas ! Rien ne s'explique dans cette foutue magie, comme il finit par l’appeler alors qu'ils apparaissent, là, dans cette salle, dans ce jaune.

« Non sens ! La magie ne peut pas exister ! Rien ne peut permettre un tel résultat, dans aucun calcul ! » Qu'importe la façon dont elle est présentée. Qu'importe les mots. Il en refuse le concept. Il en refuse l'existence. Non, c'est pire que ça : il ne la comprend pas. Car il sait que quelque chose agit. Ses scanners s'affolent, remarquant l'anomalie temporelle. Il est témoin de l'impossible. D'un univers, de ses règles, qui pourraient être altérés d'un simple claquement de doigts.

Et Jaime Reyes est témoin de ça. Du Scarabée qui n'arrive pas à expliquer. Il entend chaque calcul, résonner dans son esprit, dans sa pensée. Ça en devient insupportable.
Qui se tient la tête. L'un ou l'autre ? Difficile à dire. Difficile à comprendre.

Et Khalid, non, Docteur Fate, va plus loin. Il force. Plus loin. Plus profondément dans la pensée. Tout en parlant toujours à l'entité extraterrestre. Et pour ce lien télépathique, ce qui n'était qu'une voix devient plus concret, à l'image d'une matérialisation psychique. Un monde intérieur, basé sur la simple notion de calcul. Un ciel vide de couleur, des horizons où se dressent des calculateurs, des serveurs, encore et encore. Des écrans, qui calculent chaque simulation possible. La maîtrise du feu. La nécromancie. Les pouvoirs inhumains, inexpliqués. Les dieux. Du moins, qui essayent.

Et il est là. Face à l'intrus. Celui-ci aurait pu voir Jaime. Mais cette interprétation ne semble finalement qu'un hologramme parfait. Mais des détails sont flagrants. Ses yeux. Noirs. Informatisés. Sa bouche qui, quand elle s'ouvre, laisse voir quelques courants, quelques données, qui circulent naturellement. Et sa propre silhouette, instable.

Et il répond, déjà, à la première question, qui semble même se noter sur les écrans. La Magie, tu connais?

« Le mouvement des planètes est défini selon un modèle gravitationnel précis. Le voyage dans le Temps est possible par l'intervention de plusieurs lois appartenant à la physique quantique. Cette manipulation est dangereuse mais expliquée. Les synapses de certains cerveaux sont capables de donner naissance à des ondes particulières. Elles se faufilent dans le corps d'une personne, cherchent des récepteurs privilégiés. On a appelé ça télépathie. En s'accrochant à l'amygdale, ce phénomène peut augmenter la production d'hormones et ainsi contrôler la peur de sa victime. En s'accrochant à la mémoire, elle peut aider à l'amnésie. La sur-connexion de cette planète est l'une de ses faiblesses caractérisées, transformant son avancée technologique - inférieure par rapport à d'autres mondes – en une arme que certains pourraient utiliser contre elle. » Sa voix informatisée, artificielle, est vive, rapide. Mais claire, tant le débit véloce est contrôlé.
Les faits n'ont aucun lien entre eux, mais ils établissent sa nature : la logique. Et il continue. « Je peux calculer l'évolution de cette planète. Le mouvement de chaque planètes que ma mémoire contient. Je peux simuler toutes les probables raisons de la fin de ce monde et transférer dans chaque appareils branchés sur la Terre toutes ces données. Mais ! Connaître la Magie ? Cette chose n'a aucune raison, logique, cohérente, pertinente, d'exister dans le vocabulaire universel. Car. Elle. Ne. S'explique. Pas. »

Une grande bouche. Une vraie grande bouche, qui explique, sans s'arrêter pour un quelconque besoin d'air. Qui explique juste, par un raisonnement basé sur la logique la plus pure, le problème. Il l'explique, à son interlocuteur. Pour émettre une vérité, Sa vérité.
Ce n'est que ça. Il a réagi. À ça. À ce qu'il ne comprend pas. Peur ? Cela pourrait y ressembler. Mais à quel point une IA est développée au point de ressentir... une émotion ?

Un choc électrique violent traverse alors le lien télépathique. Il n'est pas désiré, mais il n'est pas repoussé pour autant. L'opposition entre le rationalisme brute et ce qu'il considère comme impossible. Puis vient la suite. La réalité unissant le terrien et l'alien. « Je vis, il vit. Il meurt, je me viderai de toute énergie. C'est la même chose. Dans les deux sens. Voilà un fait. Notre relation est basée sur celui-ci. Quand Jaime Reyes a besoin de moi, je réagi. Mes protocoles sont faits pour défendre sa vie, qu'importe le sacrifice, qu'importe la variable. Logique même de la symbiose. Ma constance. Celle qui me défini. »

Il semble si sûr de lui. Pourtant il recule, d'un pas. « Ce que je ne comprends pas ne doit pas me toucher. Je me défendrai. Vous, humains, utilisez ça : l'avertissement. Je m'adapte à votre langage, pour que vous compreniez bien ce risque. Je ne vous menace pas. Je vous mets en garde à ce que vos propres intentions ne nuisent à personne. » Un nouveau choc, cette fois sur le corps artificiel, holographique. Il titube, avant de lever les yeux. Cette opposition le dérange, réellement. Il contrôle. Pour ne pas aller loin. Trop loin. Car il est piégé. « Il apprendra. À m'accepter. Il doit apprendre. » Il recule, une nouvelle fois, d'un pas. Il n'aime pas ça. Vite, vite... une solution.

Là ! « Je peux l'aider. »
Tout pour que ce cauchemar illogique s'arrête.

L'avertissement est passé. Il a atteint le Docteur Fate. Et celui-ci a répondu. Ses réactions, sa compréhension de la situation dans son ensemble, permettent d'apaiser certains programmes. Si l'état global de l'Intelligence Artificielle reste pourtant l'alerte complète, ces petits changements semblent développer l'idée d'un échange moins stressé. Peut-être est-ce parce qu'il est toujours piégé. Mais il est prêt à écouter ce qui se dit, d'assimiler de nouveaux détails.
Alors Khalid tente. Il glisse son propre avertissement. Ses mots ne proposent rien de compliqué, dans son idée des choses. Un partenariat plus libre pour la composante Jaime Reyes. Un partenariat que le Scarabée pourra toujours protéger.

Le symbiote prend un temps, pour réfléchir. Un silence, mais seulement à l'extérieur. Car Jaime l'entend. Il entend chaque calculs. Les mouvements artificiels qui viennent étudier les différentes données composant chacun de ses programmes. Non, tout ceci n'est pas qu'une simple idée de survie, de désir. Malgré le lien télépathique, Jaime est peut-être le seul témoin de tout ceci : c'est un aspect factuel qui est en ce moment décortiqué. Chaque protocoles sont retirés, étudiés, reformés, connectés.

Il ne fait pas qu'étudier la question. Il étudie sa possibilité de fonctionnement dans cet engrenage de données, dans cette technologie aussi précise que mystérieuse. Même pour lui, le Scarabée, numéro de série Khaji-Da. Puis, après ce qui semble être un long silence, de nouveaux mots résonnent, à travers le même support de communication.

« Sans une véritable connexion de mon hôte à certains protocoles, certaines de mes fonctions resteront. Il devra apprendre. Il le pourra. » Un nouveau silence. Bien qu'il ne semble pas dire oui... il n'est aucunement dans la négative, le prouvant par la suite. « J'ai pu intégrer les éléments de langage de votre avertissement. Une matrice de calcul prendra en compte ces données pour me permettre de juger au mieux les situations où je dois intervenir réellement. Je ne peux pas faire plus. Pour le moment. » Un nouveau silence. Puis. « L'avis de Jaime Reyes sera considéré et intégré dans le calcul. »

Il accepte. À sa manière. Artificielle, sans émotion. Car la l'interprétation cybernétique de la peur semble avoir quitté les programmes, pour le moment. Puis, il se mur dans un silence profond, alors que le lien télépathique finit par s'estomper.
Les connexions s'amenuisent. Les muscles se détendent.

Un soupir résonne entre les lèvres de Jaime Reyes, alors qu'il s'assoit sur le sol. Mais il n'y reste pas : le jeune homme se lève. Il ignore ce jaune criard, agaçant, se concentrant que sur la silhouette de Khalid. Quelques grands pas, pressés. Pour être juste devant lui, pour attraper ses épaules. Alors, sa voix résonne. Pas pour le remercier. Il devrait, ouais, mais pour quelque chose de plus important, là, à l'heure actuelle.

« Mec, ça va ?! » Inquiet ? Oui.
Inquiet pour celui qui l'a aidé. Qu'il a observé, à travers différentes pensées, à travers son regard préoccupé, voyant certaines faiblesses. Alors, oui. Jaime est inquiet pour le Docteur Fate.

Mais, il finit tout de même par le dire... Car il a autant envie de le dire, que de savoir son nouvel ami en forme. « Merci. Sincèrement. »

Pas besoin d'être un génie pour comprendre certaine chose. Genre, cette faiblesse, dans la voix de Khalid. Ces yeux fatigués. Jaime voulait pas le forcer, c'est vrai... mais malgré l'impression d'avoir un premier poids de retiré – une petite victoire, en somme –, il s'inquiète. Réellement.
Il l'observe, un peu, après qu'il se soit réadapté à l'environnement. Ces changements sont bizarres, il comprend pas tout non plus – mais réagi quand même plus simplement que le Scarabée –, mais à l'empêche d'essayer d'être... concentré, sur ce qui se passe, de plus important. Il l'observe donc. Mais surtout, il l'écoute. Un petit sourire se pose sur ses lèvres.

« Hey, Amigo. » Il s'enfonce dans le canapé, à côté de Khalid. Passant son bras autour de ses épaules, il le tire alors légèrement, pour qu'il soit plus proche, dans un mouvement qui se veut totalement amical. S'il a bien un léger sourire – plus rassurant qu'autre chose – son regard, lui, reste sérieux.

« J'en ai pas l'air comme ça, j'avoue... » Il hausse un peu les épaules, avant de reprendre. « Mais, j'suis le genre de mec qui observe les trucs. J'pourrais très bien demander au Scarabée de scanner. Il ferait la gueule, sûrement, mais ça m'empêcherait pas. » C'est vrai. Ce serait plus simple de faire les choses ainsi. Quelques secondes et hop, toutes les réponses.

Mais bon, il voulait éviter de créer un autre conflit. Qui sait ce que trouverait l'artefact alien en scannant le magicien ? Je peux le faire... Il détourne, un instant, le regard, vers la gauche. La question continue un peu de se poser, dans sa tête. Elle fait un premier chemin, puis un autre. Tout se passe rapidement. Mais, la réponse est pourtant toute trouvée. Il secoue alors la tête, lançant alors quelques mots. La suite de ce qu'il dit, finalement. Et une réponse au Scarabée, dont la voix reste bien plus distante que d'habitude.

« Mais il le fera pas, j'lui demanderai pas. J'veux pas te forcer à dire quelque chose que tu préférerai garder pour toi mais bon. » Il lui lance alors un sourire, avant de se redresser, allant chercher cette fois deux bouteilles d'eau, ainsi qu'une tablette de chocolat noir.
Il lui tend la bouteille. Et pose la tablette juste à côté du jeune homme. Un nouveau sourire.

« C'est toi qui a dit qu'entre potes c'est normal de s'aider. Donc bon, essaye pas de me ménager. Car un jour, je t'aiderai. » C'est con à dire. Mais fallait le dire. Non, pas seulement le dire en fait. Fallait le faire. Car c'est facile de parler, de promettre des trucs, tout ça. Le pouvoir de l'amitié, ça existe pas. Tout ce qui existe, ce sont les actions.

Toujours payer ses dettes, c'est assez important. Au moins pour lui. Parce que réussir à faire réfléchir, à faire accepter quelque chose de quasi-impossible, à ce Scarabée...

C'est juste la preuve que ce Khalid, c'est un chic type.
Et que les gars comme ça, on les traite bien.

Il espérait juste être vraiment utile pour aider.

Jaime l'écoute, attentivement. Il reste le plus silencieux possible le temps que Khalid explique. Et l'Égyptien prend son temps. Pas parce qu'il en a envie. Pas par théâtralité, ou par plaisir. Non, seulement parce qu'il le droit. Parce qu'il ne peut pas faire autrement. Et le latin préfère lui donner tout le temps nécessaire, car ce n'est qu'ainsi que les choses iront pour le mieux. Il l'écoute, donc. Hésiter, inspirer, expirer. Il le regarde. Se concentrer, pour enfin sourire.
Il suit des yeux chaque choses, dans le plus grand des calme, dans le silence le plus attentif. Le sourire de Khalid le rassure, quand même, un peu. Le magicien a cette force, semble t-il. D'avoir l'expression la plus sincère possible.

Puis enfin, il explique. Cette notion de sacrifice, d'énergie à utiliser. Jaime fronce un instant les sourcils, essayant de comprendre, ou plutôt d'assimiler ces différentes choses. Il comprend, que c'est dur, pas simple. Le titre de Docteur Fate ne donne pas que la réputation, ou une certaine force. Il donne un fardeau à porter. Cette notion de sacrifice de sa propre énergie quand un sort est lancé. C'est pas évident à comprendre, après tout comme l'a dit Khalid : c'est un peu le cheatcode de l'univers.

Mais même ces tricheries sont normalement inscrites dans la trame d'un logiciel. Malgré le côté naturel de cette logique – rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme –, le Scarabée n'aime pas ça. Il semble que la magie soit codée dans l'univers. Qu'elle obéisse à des règles. Certes, il pourrait comprendre les règles. Mais il n'apprécie pas. D'être celui qui ne comprend pas. Qui ne peut assimiler une telle idée. Qu'il... arrête... d'en parler.

Mais il n'arrêtera pas. Car Jaime ne veut pas déranger le jeune homme dans son explication. Puis, enfin, quand il termine... « T'y arriveras. » Il hausse doucement les épaules. Un sourire vient sur ses lèvres. « C'est vrai, on nous donne pas toujours le temps... Enfin, j'veux dire, un problème, une crise, peut arriver comme ça, d'un claquement de doigts. Mais... J'crois que tu arriveras trouver le temps de t'y faire. Et concernant si tu es digne ou non... Tu es un docteur grave cool ! » Il ouvre une bouteille d'eau, boit une gorgée. Une petite expiration ensuite, il écoute la suite.
Il tourne un œil sur le côté. Le Scarabée est dans son dos et à nouveau au cœur des conversations. Il hoche alors, la tête. « Si c'est ton avis... alors j'vais le suivre. C'est la première fois que je l'entends parler avec... autant de cœur. » Un petit rire, amer. Car c'est pas vraiment du cœur.

Et surtout que c'était pas non plus très drôle. Mais bon...

Le jeune homme pose alors ses yeux sur le sol, écoutant la fin des paroles de Khalid. « C'est pas si mal, de travailler en équipe parfois. Même quand ton coéquipier est un insecte chelou de l'espace. » Il sourit, un peu. Avant de s'étirer un peu, s'enfonçant bien dans le canapé.
Ne fait pas ça. Il grogne, un peu. Ce qui arrache un léger rire à Jaime. Il sait ce qui passe dans la tête du latin. Il veut pas.

« Et de rien. J'te dois bien ça. Tu m'as bien aidé. Si un jour, pour une mission, t'as besoin d'un coéquipier qui te gueule pas dessus – enfin, si on oublie les insultes dans toutes les langues antiques et modernes du Scarabée, mais tu l'entends pas –, hésite pas. Enfin, je sais pas si ce sera possible, mais voilà. »

Et il l'entend, dans sa tête.
Le Scarabée qui devient théâtral, juste pour cette fois. Mais particulièrement blasé.
Ô rage. Ô désespoir. Ô vieillesse ennemie.
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

Et Jaime se frappe le visage.

Khalid est épuisé, cela se voit. Il a besoin de repos et il le fait bien comprendre, alors qu'il se redresse. Imitant ce nouvel ami, Jaime reste attentif, à tout mouvement. Il ne voudrait pas que le jeune homme tombe, à cause de cette importante fatigue. « J'comprends. File te reposer. » Il lui lance un sourire compréhensif. Il a besoin de quitter cet endroit, d'aller là où il pourra se reposer. Pour Jaime, ce serait dans un bon lit, bien au fond des draps, mais... pas certain que ça se passe comme ça pour se reposer d'une telle expérience.

Il hoche la tête, avant de détourner les yeux, un instant. Le flash lumineux brille, intensément. Toujours autant. Au moins, certaines choses de changent pas. Le latin repose ensuite son regard sur Khalid. Sur Docteur Fate, plutôt. Équipé de son heaume. Cette voix puissante, théâtrale. Elle le fait un peu frissonner. Mais elle ne l'effraie pas. Car il a vu ce que peut faire ce Docteur.
Mais sa présence crispe un peu les flux neuronales du Scarabée, bien qu'il reste silencieux... Cette rencontre aura été une forte épreuve, pour lui. Mais le résultat est prometteur. Pour eux deux. S'ils peuvent finir par mieux s'entendre, se comprendre...

Blue Beetle sera plus puissant.
Plus efficace.
Un vrai héros peut-être ?

La question ne se pose pas encore. Il aura l'occasion d'y réfléchir. Le jeune homme regarde alors le Docteur. Il hoche la tête. Lui sourit. « C'était un plaisir aussi. » Puis, il suit les mouvements des yeux. La main qui s'ouvre. La création de cette sphère. Et son avancée, jusqu'à lui. Le latin penche un peu la tête sur le côté. Intrigué. Le Scarabée réagi un peu. Mais rien de douloureux. Il se pose juste la même question. Qu'est-ce que c'est ?

Mais inutile de poser la question : le Docteur y répond. Et Jaime l'écoute, alors qu'il observe, contemple, les frontières dorées de ce globe d'énergie. Puis, détachant son regard de cette manifestation magique, le jeune homme le pose sur Khalid. Enfin, le Khalid masqué. Il lui sourit, alors. « Qu'est-ce que la vie sans un p'tit frisson ? » Il lui lance un sourire. Il réfléchi, vite.
Le Scarabée n'est pas d'accord. Oui. Mais ils pourront débattre de tout ça. Ou pas, peut-être. Après tout, il a le droit de prendre sa décision. Alors il tend sa main. Ses doigts viennent frôler la sphère. Qui fait son chemin. La réaction … n'est pas si horrible. Car le Scarabée est plus surpris par le geste, totalement naturel, de son hôte... que par ce qui arrive. Qui se fond en lui. Qui ne vient pas le déranger.

Le jeune homme lève les yeux. Sourit au jeune homme. Puis lui lance un salut, alors qu'il commence à disparaître. « À la prochaine, amigo. Prends soin de toi... Buena suerte ! » Et le voilà qu'il quitte les lieux. Dans son vortex.

Il se laisse tomber, dans le canapé.
Il regarde sa main. L'ouvre. La ferme. Puis soupire, doucement.
Le Scarabée fulmine, mais il ne dit rien. Il s'en souviendra, juste. Il s'en souviendra...