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Nocturne (Bruce Wayne)

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Nocturne (Bruce Wayne) Dim 15 Déc 2019 - 21:58

Nocturne


Diana avait vu des maisons aux quatre coins du monde. Elle avait vu des huttes, des maisons sur pilotis, des maisons aux murs en boue, des cabanes, des feuilles de bananier. Elle avait vu de l’architecture comme on en voyait rarement dans le monde moderne ; haut perchée dans les arbres, sous-marine, sculptée à flanc de montagnes ou reculée dans les déserts les plus étendus. Elle connaissait tous les termes possibles pour désigner une maison, dans toutes les langues parlées et celles qui avaient été oubliées – elle connaissait leurs variantes et les significations particulières qu’ils endossaient parfois. Elle savait aussi qu’elle n’était consciente de toute cette connaissance et de cette si belle diversité que lorsqu’elle tenait à l’entrée de la propriété Wayne. Elle pensait maisons et foyers quand le portail se dévoilait à son regard, et se nourrissait du sentiment familier qui l’étreignait quand elle passait de l’autre côté.

Elle avait un foyer au milieu des colonnes de marbre des temples de Themyscira, un autre au pied des gravures et fresques anciennes de l’Ambassade de Gateway City, et il était de plus en évident qu’elle avait également au fond de son cœur les grands arbres qui longeait la longue allée qui menait jusqu’au manoir Wayne. L’étendue d’herbe, l’imposante façade si bien entretenue, les marches immaculées qui l’amenèrent jusqu’à la double porte d’entrée… Cet endroit lui avait manqué. Elle pouvait presque voir ses propres souvenirs prendre vie devant elle tandis qu’elle s’emparait du heurtoir et signalait sa présence. Combien de fois avait-elle passé cette porte ? Combien de fois l’avait-elle ignorée au profit d’une entrée plus secrète et plus souterraine ? A combien de discussions, d’échanges, cela l’avait-elle mené ? Elle avait passé une partie de sa vie entre ses murs, au même titre que Themyscira ou l’Ambassade, au même titre, même que l’appartement de Clark. Il y avait une partie d’elle qui ne faisait sens que lorsqu’elle évoluait entre les frontières de la propriété des Wayne et malgré tout, malgré les douleurs, les peines et les chagrins, c’était toujours un plaisir d’y revenir. D’être… à la maison.

Il faisait nuit noire dehors. Diana était toujours recherchée et si elle parvenait à passer plus ou moins inaperçue quand elle volait (et de toute façon bien assez rapide pour qu’on n’arrive pas à l’attraper), la prudence restait de mise. Il ne s’agissait pas seulement d’elle, plus tout à fait, et elle croyait bien trop en ses objectifs et les missions dont elle s’était elle-même chargée pour accepter qu’on la freine au nom d’une politique obsolète et de mauvais augure. Surtout, elle ne voulait attirer aucun ennui au propriétaire des lieux – et qui était également la personne qu’elle était venue voir. Evidemment.

« Princesse, » salua immédiatement Alfred après avoir ouvert la porte.

S’il était surpris de sa visite après tant de temps et de tragédies, il n’en montra rien, et Diana en fut sincèrement touchée. Elle le remercia d’un sourire et d’une main sur l’épaule. Le pauvre homme semblait fatigué – inquiet. S’il était d’habitude bien plus doué pour cacher ses tracas, l’actuelle situation de celui qu’il considérait par tous les moyens autre que le sang son propre fils avait mis à mal ses défenses naturelles. Diana se rappelait encore de la veillée aux côtés d’un Bruce entre la vie et la mort. Elle se rappelait de l’odeur du sang, si prenante, de la vitesse à laquelle les bandages s’en gorgeaient, du désespoir qui avait régné dans la cave tandis qu’ils attendaient, tous, de savoir à quel point leur monde serait changé. Elle avait cru en Bruce – elle avait toujours cru en lui – mais elle avait prié également, car si le Manoir était un foyer pour elle, c’était entièrement grâce à son maître. Et ce n’était jamais le bâtiment qu’elle venait visiter, non. Bien sûr que non.

« Vous le trouverez dans le bureau d’étude du rez-de-chaussée, » lui indiqua simplement le majordome.

« Merci, » répondit Diana. Elle marqua une courte pause avant de reprendre avec un petit sourire. « Vous pouvez aller vous reposer, Alfred. Je vais m’occuper de lui, ce soir. »

Elle tourna les talons et se remit en route avant de devoir repousser le refus polis et à peine camouflé d’Alfred. Il ne s’agissait plus de devoir entre les deux hommes et elle doutait que ce fut même un jour le cas, mais il était parfois plus facile pour eux de se cacher derrière l’idée d’obligation quand l’affect et les sentiments devenaient trop suffocants. Ca n’était pas propre à Alfred Pennyworth et Bruce Wayne, non. Diana en avait été témoin chez bien des hommes et femmes de ce monde, mais ça n’en restait pas moins étonnant pour elle. Il y avait des choses auxquelles elle espérait ne jamais s’habituer.

Un regard par-dessus son épaule avant de pousser la porte qui la mènerait à bon port lui apprit qu’Alfred se tenait dans le hall d’entrée. Il ne l’avait pas quitté des yeux, car leurs regards se heurtèrent et elle lut clairement la douleur dans celui du majordome – du père. Douleur à laquelle elle répondit par toute la douceur dont elle était capable. Ca irait, elle y croyait fermement. Ca irait. Elle y veillerait, même. C’était son foyer. Sa famille. Ils n’étaient pas seuls. Elle n’avait que trop tarder.

Et si cette pensée aurait pu provoquer douleur et culpabilité, elle ne ressentit que soulagement et justesse quand elle passa la porte et se retrouva ainsi dans le cabinet indiqué par Alfred. C’était une petite bibliothèque personnelle meublée d’un bureau en son centre et de deux canapés en guise de coin discussion. Elle n’y prêta guère attention ceci dit. Son regard était posé sur la silhouette plus que familière qui semblait attendre, immobile, devant les larges portes fenêtres qui occupaient tout un mur.

L’obscurité de l’autre côté renvoyait à Diana un reflet effacé du visage de Bruce via les fenêtres. Il avait l’air aussi sombre que la nuit dehors, et le fabuleux panorama offert par la position élevée du manoir et la légère pente du terrain en était très certainement la principale raison. Diana suivit son regard et ne put s’empêcher un léger sourire quand elle vit le relief de Gotham au loin. La pollution lumineuse comme un dôme violâtre au-dessus de la ville, la géométrie des bâtiments, quelques volutes de fumée mais, surtout, le projecteur allumé haut dans le ciel.

On appelait la chauve-souris à l’aide, mais la chauve-souris était là, en fauteuil roulant.
A la maison.

« Tu as fait le bon choix, Bruce, » dit-elle finalement.

Elle avança doucement jusqu’à le rejoindre devant les portes fenêtres, observa l’ombre fantomatique peinte par le projecteur dans le ciel un instant avant de baisser les yeux vers le principal intéressé.

« Tu as fait le bon choix, » réitéra-t-elle avant de poser sa main sur l’épaule de Bruce. « Je sais que j’arrive un peu tard, mais je te le dis malgré tout. »

Elle lui adressa un sourire un brin malicieux.

« Je me suis permise de donner sa soirée à Alfred, alors je crains qu’il ne te faudra assembler ton sandwich toi-même si tu as un petit creux. »

Ses doigts se resserrèrent sur l’épaule de Bruce tandis qu’elle le regardait et que son sourire gagnait en douceur et en chaleur.

« Ca fait longtemps, mon ami. Trop longtemps. »



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Re: Nocturne (Bruce Wayne) Mar 17 Déc 2019 - 11:36

Diana Prince pénètre au cœur du Manoir Wayne.
Elle éclaire les lieux de sa présence.

Alfred Pennyworth manque quelques battements de cœur quand il la voit, et quand il la laisse partir ; quelle femme, pense-t-il.
Quelle… déesse, pourrait-il même dire, si son âme britannique n’était pas plus attachée à Dieu, la Patrie et la Reine. Il esquisse l’ombre d’un sourire à cette pensée – mais aussi en songeant à la suite ; aux prochains mouvements, ici.

A la rencontre de ce soir.
Entre Diana Prince – et le maître des lieux. Avec qui elle partage un historique fort, souvent fait de combats, de violence ; d’actes Héroïques.
De drames, aussi.
Tous deux n’en parleront pas… mais une ombre rôde entre eux ; une ombre se lit dans le regard de chacun, quand il croise celui de l’autre.

Althea.
Althea Wayne. Amazone élevée sur Themyscira.
Aussi formée par son père.

La fille de Wonder Woman et de Batman ; la fille d’un Futur qui a été empêché par des actes Héroïques.
Une enfant qui a fait plusieurs voyages temporels… mais n’en fera plus.
Car elle n’a pu exister.

Althea est revenue pour sauver son père face à Darkseid ; mais la fureur du combat a mené à une blessure de Diana, qui a perdu l’enfant dans son ventre.
Le choc fut terrible ; il demeure une plaie béante, chez eux.
Au point qu’ils n’ont pu se reconstruire ensemble – au point qu’ils se sont fuis, l’un l’autre.

Bruce Wayne s’est échappé dans les étoiles. Diana Prince a organisé le Conseil de l’Univers.
Ils ont collaboré ; à distance.
Mais se sont à peine croisés. Se fuient, au fond.

Même s’ils ne s’oublient jamais.
Même si Diana est venue – après la chute ; après sa perte, sa défaite.
Face à Cheetah.
Face à l’abominable plan de Lex Luthor, qui a d’abord vaincu la Justice League de John Stewart – puis a piégé le groupe secret créé par Bruce ; et qu’il a abandonné, après sa défaite. Son humiliation.

L’équipe a été reprise, cependant ; par Diana.
Wonder Woman.
Qui sacrifie sa réputation – sa mission, son image publique ; pour le bien commun.

Un acte noble. Un acte fort.
Un acte littéralement Héroïque… qui ne cesse d’impressionner Bruce Wayne ; même s’il ne le dit pas. Même s’il ne l’ose pas.
Pour l’instant.

Bien que cela va sûrement changer.
Bien que la rencontre organisée sur l’initiative de Diana va… tout changer. Au cœur de ce petit bureau du Manoir Wayne, alors que la nuit domine la ville.


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A nouveau, elle éclaire les lieux par sa présence ; et elle parle.
D’une voix douce. D’une voix fière.
D’une voix déterminée.
Dont les mots filent ; telles des flèches. Et viennent se planter directement à destination.
Dans le cœur et l’âme du maître des lieux.


« Hrm. »

Un grognement accompagne ces mots.
Comme d’habitude.


« J’ai… fait le choix. »

Sa voix est lente ; fatiguée.
Eraillée.


« De laisser mes… fils mener la bataille. »

Son regard demeure concentré devant lui ; sur la vitre, la fenêtre.
Sur Gotham City, au loin.
Ce signal ; son signal. Auquel il ne répond plus.


« De… confier ma mission, ma quête, ma malédiction à ceux que j’ai recueillis ; élevés. Formés. Aimés.
Mes… fils. »


Ses mains fatiguées sont crispées sur le pommeau de sa canne, indispensable pour marcher.

« J’ai fait le choix… de maudire mes fils. Avec ma folie. »

Il soupire, et baisse les yeux ; longtemps.
Il reste silencieux.
Laisse la jeune femme comprendre l’ampleur de son trouble – saisir ses doutes, ses peurs. Ses douleurs.


« Est-ce… »

Il redresse lentement les yeux, et les tourne vers elle.

« Est-ce vraiment un bon choix, alors ? »

Bruce se tourne vers elle ; et esquisse un sourire lent.
Un sourire triste.

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Qui acte autant ses blessures que sa lassitude ; sa douleur, face à tout cela.

« Mais… oui. »

Sa voix usée reprend.
Sa main tremblante s’élève, et se pose sur l’épaule de Diana.


« Cela fait… trop longtemps. »

Son sourire se module ; se fait plus positif, plus doux.
Plus sincère.
Il est heureux de la revoir ; il est bon de la revoir. Même en de telles circonstances.
Même tellement… diminué.

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Re: Nocturne (Bruce Wayne) Sam 28 Déc 2019 - 23:34

Nocturne


Le manoir était toujours en parfait état, confié aux bons soins d’Alfred qui était un habitué des miracles de ce genre, mais dans le petit bureau à l’intérieur duquel les deux amis se retrouvaient, il régnait comme une ambiance de… mort. Si Diana n’avait pas été aussi familière avec l’endroit, elle aurait cru à une humidité maladive suintant des murs, à une poussière oubliée sur les étagères depuis bien trop longtemps. Mais le manoir était toujours en parfait état – elle le savait. Tout comme elle savait que Bruce était capable d’autant de miracles que de cataclysmes et quant au fait de savoir lequel des deux était en œuvre ce soir-là… cela n’était pas bien compliqué.

Elle s’était souvent émerveillée de la détermination de Bruce à faire face à tous les obstacles qui se hissaient sur son chemin – un émerveillement qui avait donné naissance à un respect profond et admiratif. Il ne lui avait pas fallu longtemps, ceci dit, pour se rendre compte qu’il était encore meilleur quand il s’agissait de bâtir lui-même ces obstacles. Il s’était trop habitué à l’obscurité.

Alors quand il posa une main sur son épaule, Diana leva la sienne pour serrer ses doigts autour de ceux de Bruce. Elle ne put s’empêcher un léger éclat de rire. Loin d’être moqueur, il était plutôt… aussi rassurant qu’il pouvait l’être, empêtré de tant de morosité et de douleur. Le manoir était toujours parfait, oui, mais son maître, lui… c’était une autre histoire.

« Bruce, » commença-t-elle. « Je crains que tu ne te surestimes. J’ai affronté bien des malédictions au cours de mon existence, alors tu peux me croire quand je te dis que tu n’es pas de ceux qui peuvent en jeter. »

Elle lui sourit doucement en gardant sa main dans la sienne.

« Ce n’était pas juste ton choix, et tu le sais. C’était le leur. En fait, cela a très certainement été bien plus leurs choix que le tien. »

Elle tourna la tête vers la baie vitrée et son sourire s’évanouit de lui-même.

« Ma mère a longtemps cru m’avoir maudite aussi, avec une mission qu’elle jugeait bien trop lourde pour mes épaules. Mais c’était ma mission. C’était celle que j’avais choisie pour moi-même. »

Ses mots avaient un double sens. Elle essayait toujours de parler avec justesse et sincérité, même quand elle aurait souhaité y échapper – surtout, en fait, dans ces moments-là. Mais elle savait que parfois, les mots les plus proches du message que l’on voulait transmettre n’étaient pas les meilleurs. Parfois il faut parler du ciel pour aborder les sujets les plus difficiles. Elle se savait chanceuse, vraiment, d’être aux côtés d’une des rares personnes qui pouvait naviguer au milieu de ce qu’elle disait et ce qu’elle sous-entendait. Chanceuse, car cela le concernait lui, plus que personne d’autre.

« Elle a souffert, mais elle a fini par le comprendre. Il a toujours été question de mes choix, et non des siens. »

Elle reporta son regard vers Bruce.

« C’est le cas pour tes fils, Bruce. »

Elle marqua une pause. Hésita un bref instant. Puis rajouta.

« Et c’était aussi le cas d’Althéa, » conclut-elle.

Elle écarta la main de Bruce de son bras et se rapprocha de lui pour poser sa tête sur son épaule un court instant. Il lui avait fallu si longtemps pour comprendre ce qu’elle venait de dire, pour dresser le parallèle si terrible entre son parcours et ce que sa fille, qui ne verra jamais le jour, avait décidé de faire. Ce sacrifice si terrible qui lui avait semblé être de sa faute de centaines de façons différentes et qu’elle avait traîné partout avec elle pendant si longtemps. Qu’elle traînait toujours, d’ailleurs. Elle n’avait pas juste évité le manoir par manque de temps.

Elle le savait. Et lui aussi.
Il naviguait dans ses sous-entendus, et elle en semait bien plus qu’elle ne le souhaitait.

Elle se redressa et s’écarta finalement de l’épaule de Bruce avec un léger soupir.

« Je te le confirme, alors. Tu as fait le bon choix. »

Elle lui esquissa un petit sourire et posa sa main sur celle, toujours crispée, qu’il avait sur le pommeau de sa canne pour essayer d’en calmer la tension musculaire.

« Et il existe d’autres moyens de lutter pour le bien que d’être Batman, Bruce. Tu le sais, pourtant. Tu sais le bien que la Fondation Wayne est capable de faire pour ceux qui en ont le plus besoin. Tu n’as pas été écarté du combat, loin de là. »

Elle marqua une pause avant de reprendre.

« Et tu n’es pas fou, » conclut-elle.

Quelques mots qui auraient pu être dit avec le sourire, comme une légère taquinerie qui, encore, aurait été lourde de sens. Mais s’il y avait un temps pour les double sens, il y en avait un autre pour la sincérité.

Elle le savait. Et lui aussi.


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Re: Nocturne (Bruce Wayne) Lun 30 Déc 2019 - 13:39

« Hrm. »

Un grognement s’échappe de la gorge de Bruce Wayne ; un de plus.
Même s’il s’est fait attendre.


« Je… ne suis pas fou. Donc. »

Sa voix reprend et résonne au cœur de ce petit bureau, dans le Manoir Wayne ; elle s’est tue longtemps.
Le maître des lieux est en effet resté silencieux durant toutes les réponses – toutes les réactions de Diana, à ses propres mots.
Pour bien des raisons.


« Ce… diagnostic n’est pas partagé. »

Lentement, Bruce se décale et se tourne.
Sa main libre glisse un moment sur celle de Diana, figée sur son poing serrant le pommeau de sa canne ; pour ne pas tomber.
Pour tenir, envers et contre tout.
Il en a besoin – il en a eu besoin, dans les moments qui viennent de passer. Alors que son ego le poussait à bomber le torse et à se tenir droit, devant l’Amazone. Alors, surtout, que des sujets difficiles étaient abordés.


« Beaucoup… me considèrent comme tel ; depuis mes débuts.
Et mon choix… de porter cape et masque. »


Ses doigts serrent ceux de Diana ; son regard croise le sien.
L’émotion perle, alors.
L’émotion retenue jusque-là. L’émotion gardée, scellée au fond de son cœur ; dans son âme.

Althéa.
Elle l’a dit ; elle a dit son nom.
Althéa.
Leur fille. Voyageuse d’un Futur terrible, qu’elle a voulu éviter – qu’elle a pu éviter.
Au prix de sa vie.

La fierté qui est la sienne dépasse toutes les bornes, c’est une évidence ; mais la douleur outrepasse encore cette joie de voir son enfant devenir encore meilleure que soi.
Althéa.
Il l’a perdue ; ils l’ont perdue.
Il ne s’en est jamais réellement remis. Bien qu’il aille de l’avant, bien qu’il se construise autrement… la plaie demeure. A moitié cicatrisée ; à moitié à vif, encore.


« Je… »

Sa voix se brise.
Un sanglot menace.


« Ses… choix. »

De se battre. De remonter le Temps.
De tout sacrifier.
Pour le monde. Pour eux ; pour lui.


« Ils… sont difficiles à admettre ; ces choix.
Un parent… les accepte difficilement.
Même… s’ils rendent fiers. Même… »


Il soupire douloureusement.
Un sourire triste glisse sur ses lèvres usées.


« Diana. »

Il remonte lentement sa main libre ; pose ses doigts sur le bras de Diana.
Sourit. Doucement.


« Elle… aurait été fière.
De tes choix.
Elle… aurait été fière. Elle… elle aurait été… ta première recrue. »


Nouveau soupir ; nouvelle émotion.
Trop pour qu’il la gère.
La défaite subie aux mains de Cheetah a brisé le corps de Bruce Wayne – mais a aussi affaibli son esprit ; l’a rendu plus vulnérable.
Notamment aux sentiments.


« Humf. »

Il soupire ; se penche en avant.
Pose son front sur celui de Diana – et sourit, encore.
Ça… fait du bien, pense-t-il.
Ça fait du bien de la retrouver. Ça fait du bien d’en parler ; ça fait du bien de ne pas traiter leur fille comme un fantôme.

Cela ne peut durer, cependant ; cela ne dure pas.
Bruce recule.
Bruce lâche le bras de Diana, et s’avance lentement vers son bureau. Il s’y assoit difficilement, en grimaçant à plusieurs reprises. Les plaies cicatrisent ; mais mal.
Il n’est pas un bon malade, évidemment.


« Tu… as raison. »

Il soupire, et relève des yeux amusés vers elle.

« Comme… souvent. »

Un petit ricanement accompagne ses mots.

« Je… peux continuer la lutte ; autrement. Je… veux la continuer.
Mais.
Mais tu notes que… je ne suis plus capable de grand-chose. Mes sources… d’amusement se limitent. Je… dois en changer. »


Le ricanement se mue en gloussement.
Définitivement surprenant, venant de l’ancien Chevalier Noir.


« Toi… qui me connais tant. »

Son regard en dit plus : il aime cela.
Il aime qu’elle le connaisse tant – il en est rassuré. Fier.
Bien qu’il n’ose le dire.


« Qu’est-ce que… je prépare.
Selon toi. »


Il croise les bras ; il sourit.
Il s’amuse.
Aussi fou que cela paraisse, Bruce Wayne paraît ici plus… libéré.

Affaibli. Blessé. Vulnérable. Brisé physiquement, oui.
Mais.
Mais plus libéré ; plus léger.
Plus… vivant, au fond, que bien des fois où il se cachait derrière un masque et une cape ! Et dieu sait ce qu’un Bruce Wayne libéré peut prévoir, pour protéger le monde…

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Re: Nocturne (Bruce Wayne) Mer 1 Jan 2020 - 17:27

Nocturne


Diana lui esquissa un sourire alors que la main de Bruce vint glisser jusqu’à la sienne. Elle n’éprouvait aucune surprise face à la complexité si aisée qui reprenait ses marques entre eux. Le nombre de semaines, de mois qui s’étaient écoulés depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus ne comptaient même pas dans la balance. La douleur et les souvenirs étaient là, évidemment, mais pas seulement les mauvais. Pas seulement. Et elle le connaissait depuis si longtemps maintenant, bien trop longtemps pour être surprise par la compréhension profonde entre eux.

Son sourire s’agrandit légèrement.

« Je ne suis pas comme tout le monde, Bruce, » lui fit-elle remarquer.

Elle baissa ensuite les yeux vers les doigts de Bruce qui s’étaient refermés autour des siens, et resserra à son tour ce lien physique. Elle avait fui les regrets et la douleur pendant si longtemps, elle avait essayé si fort de rester elle-même, de rester fiable pour ceux qui voulaient compter sur elle alors que le monde était plongé dans l’inquiétude et la peur. Bruce était parti lui aussi. Il s’était perdu à l’autre bout de l’univers dans l’espoir qu’il arriverait ainsi à semer la douleur qui leur était dû. Mais elle avait toujours su qu’ils s’étaient tous les deux trompés, et c’était encore plus clair à cet instant. Ils n’auraient pas dû se déchirer, ils auraient dû rester ensemble et s’entraider.

Mais ça avait été dur…si dur.
Elle serra encore plus fort la main de Bruce dans la sienne et effleura, presque malgré elle, son ventre de son autre main.

« Très fier, oui, » souffla-t-elle dans un murmure, la tête toujours baissée vers leurs mains liées.

Elle ne releva pas les yeux quand Bruce appela son nom ni quand il lui murmura soutien et affection en lui affirmant qu’Althéa… Althéa aurait elle aussi été fière de ce qu’elle-même avait entreprit ces dernières semaines. Les choses auraient pu être si différentes… mais elle s’était vite rendue compte après l’affrontement contre Darkseid que si elle s’était toujours considérée forte, elle l’avait peut-être affirmé avec plus d’égo que de raison. Elle avait découvert que sa force n’était pas aussi profonde qu’elle l’avait toujours cru, et que s’interroger sur ce que le monde aurait pu être si Althéa… si elle-même n’avait pas été blessée, était bien au-delà de ses forces. Elle avait dû réajuster sa vision des choses, du monde et d’elle-même, et ça lui avait pris tellement de temps. Elle n’était pas sûre d’avoir accompli sa tâche, même.

Elle se laissa contre Bruce quand lui-même vint à sa rencontre, et ferma les yeux quand leurs fronts se touchèrent. La main qu’elle avait maintenue à quelques centimètres de son ventre se détacha finalement de ce dernier pour aller se poser sur la joue de Bruce. Les yeux toujours clos, elle parsema quelques caresses le long de sa tempe jusqu’à ce qu’il s’écarte finalement. Et le monde retrouva son équilibre.

Diana se redressa à son tour tandis que Bruce se dirigeait vers son bureau, le pas lent et asymétrique, mais toujours aussi déterminé et fort. Elle jeta un dernière regard par la porte vitrée et ne put s’empêcher un sourire quand elle nota que le projecteur avait été éteint. L’aide était arrivée.

Elle reporta donc son attention sur Bruce et lui sourit avant de le rejoindre et de prendre place sur un des fauteuils en face de lui. Elle croisa les jambes et lui lança un sourire amusé tout en sondant son regard quelques instants.

« Et bien, » commença-t-elle sans se départir de son sourire. « Tu as choisi l’ombre comme ton champ de bataille autrefois. Je te sais friand de symbolisme et de boucles bouclées. Aurais-tu donc choisi la lumière cette fois-ci, mon ami ? »

Elle sourit un peu plus et se pencha en avant, ses bras sur les accoudoirs du fauteuil.

« Serait-ce enfin au tour de Bruce Wayne de se joindre au combat ? »

Elle le sonda du regard encore quelques instants avant de laisser échapper un grognement songeur et de se rasseoir correctement contre le dossier de son fauteuil.

« J’ai déclaré la guerre à Lex Luthor et à sa Legion of Doom. Mais toi, tu vas le prendre à revers. L’attaquer publiquement. Pas le super vilain, non… L’homme d’affaires. »

Elle le dévisagea, toute trace de son sourire envolée.

« Bruce Wayne contre Lex Luthor, en plein jour. Et moi dans l’ombre. »

Contre toute attente, elle laissa échapper un éclat de rire, sincèrement amusée par ce retournement de situation.


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Re: Nocturne (Bruce Wayne) Jeu 2 Jan 2020 - 11:53

Le visage de Bruce Wayne reste imperturbable, durant toutes les réactions et toutes les réponses de Diana ; enfin.
Il essaye.

Car même si l’ancien Chevalier Noir demeure un maître des mystères, capable de pouvoir habilement mener une conversation sans rien révéler de ses sentiments véritables… la chose est ardue, face à certaines personnes.
Selina, Alfred, Clark et quelques autres le connaissent suffisamment pour percer à jour ses secrets ; il les laisse le connaître assez pour cela.
Diana en fait partie.


« Hrm. »

Bien sûr. Bien sûr qu’elle en fait partie, pense-t-il en poussant ce léger grognement.
Leur relation demeure… spéciale. Intense.

Même… avant.
Avant Althéa. Avant Arès. Avant leur rapprochement.
Avant… leur union.
Leur relation était spéciale, même avant cela, oui. Si différents, l’Amazone intrépide et le Justicier solitaire ; la lumière et l’ombre. L’ambassadrice de la paix et le guerrier contre le crime.
Si différents… si proches, sur leurs sensibilités et leurs sincérités ; si attachés aux autres, sans le dire.

Bien sûr, donc, que Diana peut voir les sentiments de Bruce sur son visage.
Même quand il les cache.
Bien sûr, oui, que la jeune femme peut sentir l’ampleur des troubles que le rappel d’Althéa provoque – que l’évocation de leur passé commun attise.
Les troubles, oui. Mais aussi une forme de… joie, à se souvenir de cela ; de leur fille. De ces moments. Ensemble.


« En plein jour… »

Bruce parle, cependant ; brise ce moment, ces regards échangés alors que Diana s’assoit, avec une grâce et un charme qui, il le sait, ne sont pas préparés. Pleinement naturels.
Parfaits. Comme toujours.


« … mais pas dans la nuit noire. »

Un léger sourire accompagne les mots de sa voix fatiguée ; il chasse cela, oui.
Il chasse ces moments. Il chasse ces souvenirs. Il chasse cette communion.
Qui demeurent à eux – qui demeurent pleinement à eux, oui. Mais ne sont plus d’actualité ; et l’actualité, elle, se rappelle hélas à leurs esprits.
Le devoir avant tout. Toujours.


« Tu… as raison, cependant. »

Bruce hoche la tête, et grimace malgré les douleurs.

« Je… ne peux plus lutter dans les ombres ; je dois combattre dans la lumière.
Je change… d’armes, donc. »


Il se penche légèrement en avant, et enchaîne.

« Tu… sais les accusations formulées contre Ray Palmer. Tu… sais qu’il a été libéré, et mis à la tête d’une… Justice League. »

Une légère grimace passe sur son visage ; Bruce n’aime pas cela.
Autant l’idée que le gouvernement dirige un tel groupe.
Que le fait qu’Atom ait accepté de faire cela.


« Il… a été libéré du fait d’une pression politique. Ralph Dibny… a enquêté, et a découvert que la Zone 51 est un lieu de tortures. Les… créatures du Microvers y sont séquestrées, torturées. Par des agents du gouvernement.
Ralph… m’a confié ces éléments. J’ai utilisé mes… contacts pour en avertir le Président Suarez. »


Un petit sourire s’impose sur ses lèvres ; ses contacts, oui.
Le fameux téléphone direct dans le Bureau Ovale, pour des appels si désagréables à Martin Suarez.


« Mais… j’ai senti quelque chose, alors ; un trouble.
J’ai… des éléments, Diana.
Je… sais des choses. Je sais que l’influence de… Lex Luthor est plus étendue que nous le pensions. Je sais que… la présidence est sous son contrôle. »


Le visage de Bruce se ferme ; il se tait, alors.
Laisse l’Amazone encaisser.
La nouvelle est forte, terrible ; la Maison Blanche est sous influence ennemie. Cela implique beaucoup, hélas. Cela implique des réactions à venir bien différentes de celles dont les Héros ont l’habitude !

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Re: Nocturne (Bruce Wayne) Jeu 6 Fév 2020 - 18:04

Et ils parlent, alors.
Ils parlent toute la nuit ; littéralement, même. Car bien qu'ils aient tous les deux de la fatigue et de l'usure, les deux Héros savent et peuvent gérer leurs organismes pour tenir quand ils le doivent. Quand ils le veulent.
Et c'est le cas ici.

Diana et Bruce parlent ; longtemps.
Comme les deux vieux amis qu'ils sont. Comme les deux proches qu'ils sont.
Comme les anciens amants qu'ils sont – et même si leur union est terminée, il en reste quelque chose ; il en restera toujours quelque chose.

Ils parlent, donc. Bruce s'explique... demande des avis, des conseils.
Les écoute, pour une fois.

La nuit dure longtemps, alors ; la discussion continue jusqu'aux premières lueurs.
Et c'est bien.

Diana et Bruce seront toujours proches. Il y aura toujours quelque chose entre eux.
De l'estime. De l'admiration. De la confiance.
De l'amour, aussi ; une forme d'amour, qui ne s'évaporera jamais.

Ils parlent. Ils échangent. Ils avancent.
Ils prévoient.
Des jours meilleurs ; comme d'habitude. Ceux qu'ils espèrent. Ceux pour qui ils se battent. Ceux pour qui ils sont prêts à tous les sacrifices.
Et surtout les plus personnels.


(HJ/ Au vu des événements, je me permets de conclure ce sujet. Merci pour ces messages, j'espère pouvoir relancer un RP avec toi avec la nouvelle situation de Bruce. Smile /HJ)
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