Retour à la normale [PV. Jon Kent] Lun 24 Aoû 2020 - 17:44
La voilà, en plein cœur de l'Arctique, loin au nord, là où nul homme ne peut aller seul. La Forteresse de Solitude. Le sanctuaire de Superman. Enfin, ce qu'il en reste.
Quelques mois auparavant, suite aux manigances d'un Apex Luthor fou de conquête, le destructeur kryptonien Rogol Zaar a trouvé la place forte de l'Homme d'Acier, et s'y est attaqué. De nombreux héros ont rejoint le combat, mais les fondations ont été durement touchées. Tout s'est effondré. L'immense savoir kryptonien, disparu en un instant, soufflé par la folie d'un monstre. C'est ce qui a été cru, une première fois. Toutes les données ont été stockées dans une nouvelle tenue, à la fois garante et piège d'un héritage bien trop lourd à porter pour une seule personne. Lorsque Superman a construit une nouvelle Forteresse dans l'étrange métropole australienne de Mosaic City, les sous-programmes de l'Eradicator se sont activés, causant destructions et corruption en vue de ramener la grandeur de Krypton. Bien heureusement, Superman a résisté, et triomphé, détruisant au passage la dernière intelligence artificielle de son monde natal.
Mais aujourd'hui, il y retourne. Il revient au milieu des glaces et de la neige, du froid et du vent. Les couleurs de son costume, rendues floues par la vitesse, tranchent nettement avec la blancheur environnante.
Les ruines ont cessé de fumer. Les cristaux disparaissent chaque jour un peu plus sous les tempêtes de neige. Mais le souvenir de cet endroit, des heures passées là-bas, reste vif. Tout comme la perte des innombrables créatures que Superman s'était donné la mission de protéger. Ses bottes rouges touchent enfin le sol, et il s'avance. Il entre dans ce mausolée.
Mais il n'est pas seul. Car de son dos saute une jeune garçon, un enfant. Non, un pré-adolescent, comme il préfère être qualifié. Dans ses yeux, il a le bleu de son père et la vive curiosité de sa mère. Jonathan Kent. Superboy. Mais également un des deux Superson, comme il aime s'appeler. Le duo avec Damian Wayne, Robin actuel et fils biologique du Batman. Un reflet de la relation forte et tumultueuse de leurs pères.
Jon, l'enfant miraculeux. Aimé. Adoré. Chouchouté, parfois trop. Surprotégé, évidemment. Il a amplement prouvé sa valeur, malgré ses bientôt 11 ans (il y tient). Comme le dit l'adage, "la valeur n'attend point le nombre des années." Alors Superman l'amène avec lui, ici, au milieu de ce désert de glace. Au milieu de ce qui fut jadis le dernier cœur battant de Krypton.
- Alors fils, pas trop retourné par le voyage ?
Le sourire de Clark est doux, chaleureux, lorsqu'il pose sa main sur l'épaule de sa plus grande fierté.
- On peut se reposer quelques minutes, si tu en as besoin.
Re: Retour à la normale [PV. Jon Kent] Mer 28 Oct 2020 - 11:34
Clark Kent sourit. Pas Superman. Pas l'Homme d'Acier. Le Père. Car la vaillance de son jeune fils l'amuse. L'émeut un peu. Lui plaît, beaucoup. Son esprit téméraire d'adolescent est peut-être source de conflits et de disputes, parfois. D'insubordination même, menant à plus de dangers que nécessaires. Mais son cœur est à la bonne place. Il le sait. Jonathan Samuel Kent est un enfant en or. Et une fierté totale. Ce qui ne va pas empêcher son Superpapa de le taquiner un petit peu, en ébouriffant une chevelure déjà bien belliqueuse. Il faudra peut-être voir avec Lois pour changer de shampooing... ou se procurer une nouvelle paire de ciseaux en Nth Metal...
- Bien. La prochaine fois, je pourrais aller plus vite alors ?
Puis, la cape au vent, les bottes blanchies par la neige épaisse qui s'accumule là depuis des mois déjà, Superman s'avance au milieu des décombres, des blocs énormes de cristal solaire, des fragments brisés, perdus, oubliés de milliers de vies passées. Et pourtant, si une mélancolie certaine s'empare du héros, il n'est pas triste. Pas ravagé. Pas abattu. Il écoute l'inquiétude de son fils, et ses questions pertinentes. Debout au milieu de l'Antarctique, au milieu de l'ancienne Forteresse, la solitude se fait ressentir. Normal, après tout: c'était le but premier de bâtir si loin de tout.
- Oui fils. Ce sont des ruines.
Bien que sérieux, le ton ne se veut pas grave. Pas dur. Pas difficile à encaisser. Clark prépare quelque chose, et entend bien ménager son effet. L'étendre dans le temps, pour marquer quelque chose.
- Celles de mon passé. De notre passé.
Petite pause. Le vent souffle doucement. Les capes se gonflent encore plus, et flottent dans l'air. Quelques particules blanches passent devant leurs yeux. De la neige, la cendre ayant été dispersée depuis bien longtemps déjà.
- De celui de Krypton, également.
Tout un héritage, plusieurs fois millénaire. Une civilisation entière qui s'achève ici, dans le froid et la glace. Avec deux des derniers représentants de l'espèce. L'aventure d'un des plus grands héros de l'univers, qui a pris un tournant inattendu, ici même, quelques mois plus tôt. Les deux principaux intéressés en regardent les décombres. Mais pas de la même manière.
Clark plie le genou, pour se mettre à hauteur de Jon. Pour adopter la même perception que lui. Et balayer de la main le décor devant eux.
Re: Retour à la normale [PV. Jon Kent] Ven 6 Nov 2020 - 1:58
Que reste-t-il ? Il n'y a pas besoin de le dire pour que Jon comprenne. L'échange de regards se fait instantanément, entre père et fils. Entre proches aimants. Entre descendants directs d'une des plus glorieuses maisons d'un monde aujourd'hui disparu. Il reste Kal-El et Jonathan Samuel Kent. Voilà ce qu'il reste, et c'est bien le plus important. Eux deux, envers et contre tout, des Kryptoniens de la Terre. Qui, au vu de la réponse de l'enfant, ne partagent cependant pas le même ressenti, pas la même perception de cette situation. C'est évident, mais Clark ne peut s'empêcher d'être touché par ce qu'il semble comprendre.
- Bien sûr.
Il ne lâche pas l'épaule de son fils, profitant du contact.
- Je ne peux pas te demander d'avoir de l'attachement pour quelque chose que tu n'as pas connu, un passé, une histoire, un peuple dans lesquels tu n'as pas plongé pour comprendre qui tu es, où tu vas et comment y aller.
D'autres surhommes sont arrivés avant lui. D'autres figures à la force démesurée, aux capacités hors-normes. La Terre et tout le secteur 2814 sont sous la protection des Green Lanterns depuis des décennies, si ce n'est des siècles. Superman n'est donc pas le premier, à proprement parler. Mais il a malgré tout dû se construire seul à travers ses origines, sans repère, sans base aucune si ce n'est celle, rustique et excellente, des Kent. Ce besoin de remonter aux racines a donc été un besoin primordial pour le jeune Clark. Mais il comprend aussi que ce désir impérieux n'est pas forcément celui de son fils, élevé par une figure paternelle extraordinaire à laquelle se raccrocher. Moins extraordinaire que Pa' Kent, certes, mais un peu plus similaire peut-être...
Se redressant, Kal embrasse du regard, encore, les ruines. Elles le hantent. Elles l'ont poussé à moins apparaître pendant quelques temps pour se concentrer sur une "vaine" solution. Les cristaux sont détruits. La Forteresse est tombée. Plus rien ne vit ici. Un bien triste parallèle: la planète est morte deux fois, en quelques sortes.
- Krypton n'était pas parfaite, loin de là. Politiques déraisonnables et dogmes étouffants l'ont épuisée, jusqu'à sa destruction. Mais tant de sages leçons restaient encore à tirer de leur mémoire, de leur savoir. De leur peuple également, protégé au sein de Kandor.
Il plisse les lèvres, en laissant son regard glisser de la touffe désordonnée qui pousse sur le crâne de son fils aux couleurs qu'ils partagent ensemble. Bleu, rouge et jaune. De quoi le rendre fier, malgré la tristesse qu'il semble ressentir.
- Cela m'attriste que l'on t'ait privé de cet héritage grandiose, de ces illustres rencontres.
Mais...
- Hum.
Quelque chose naît dans les ombres de son visage, au coin de ses lèvres inaltérées par le froid environnant: un sourire. Léger, fin, subtil, mais plein d'un plaisir un peu coupable, aux accents évidemment taquins. Un sourire qui ne devrait rien avoir à faire au milieu de ce désastreux mausolée. A moins que...
- Pardon fils, je me suis trompé, laisse moi reprendre: cela "m'attristerait" bel et bien... si je n'avais pas trouvé une solution.