Le fils de demain ( Hal Jordan / Jon.S Kent)

Aujourd’hui était un grand jour ! Déjà, parce que c’était le début des vacances scolaires, et que de ce fait, une fois ses devoirs et ses corvées du jour réalisés, Jon pouvait aller vaquer à ses occupations de super-enfant en manque d’aventure. De plus, son père ayant du s’absenter pour un problème de super-vilain, Jon avait décidé de le remplacer pour protéger Métropolis de ses tracas quotidiens. Après avoir mangé rapidement son repas de midi en utilisant la super-vitesse, il avait enfilé son costume et était partit grâce à quelques super-sauts dans les hauteurs de Metropolis.

Sa mère en aurait peut-être eu quelque chose à redire face au programme que son fils avait décidé de mettre en place, mais puisqu’elle travaillait toute la journée au Daily planet, elle n’avait pas pu être au fait des aventures de son petit garçon, et n’avait été au courant que quand ses sources l’avaient informé que superboy avait été vu en action à Metropolis en train d’arrêter quelques voleurs de sac à main. Ni une, ni deux, Jon avait reçu un appel dans les minutes qui avaient suivi, et après quelques négociations et supplications, il avait reçu l’autorisation de continuer sa patrouille à la condition qu’il amène Krypto avec lui. Excellente idée ! Krypto faisait un très bon acolyte canin, et en plus, Jon n’aimait pas tant que ça être seul, pour tout avouer.

Sur les coups de seize heures, et après plusieurs heures à assurer ainsi la sécurité de Metropolis - tout en envoyant des photos de ses meilleurs exploits à Damian - Jon décida de faire une pause sur le sommet d’un building, sortant une de ses barres au céréale chocolaté, une pomme ainsi qu’une brique de jus de fruit de son sachet à snack, tandis que son chien venait se poser à ses côté, l’air alerte. L’héroïsme, ça creuse.

Cependant, le petit garçon n’eut pas le temps de finir sa collation qu’une ombre, au-dessus de lui, lui cacha le soleil face auquel il s’était installé. Bien sûr, mécaniquement et devant une silhouette volante, Jon pensa toute de suite à son papa, mais la voix et la silhouette verdoyant eurent tôt fait de démentir cette idée, faisant apparaître un sourire surpris, mais heureux sur le visage de Superboy « Hal ! » Attend… Non, il doit utiliser les noms de héros. Il était en mission, après tout « Heu, enfin, j’veux dire, Green lantern ! ». Voilà qui est mieux, beaucoup plus sérieux, surtout.

Voilà des mois que le jeune kent n’avait pas vu l’ami de son père. Jon était toujours content quand il venait à la maison, ne se lassant pas des histoires qu’il pouvait raconter, et qui le faisait rêver d’aventure spatiale loin de la terre. Sans compter que les pouvoirs du Green lantern étaient tout simplement « trop méga giga cool », pour reprendre les termes avec lesquels Jon en parlait parfois dans la cour de recrée, quand il débattait avec les autres enfants sur la ligue de justice, et l’ordre de puissance des héros la composant…

Tandis que Hal descendait pour venir se poser sur le toit, Jon de son coté se relevait en hâte pour venir le saluer, finissant de mâcher sa barre de céréale à toute vitesse. Dans un premier temps il voulut bien évidemment lui faire une étreinte de salutation, mais la position sérieuse et droite du lantern l’incita à rester dans son rôle de superboy, aussi tendit-il sa petite main pour serrer celle de son aîné. C’est comme ça qu’il faut faire, non ? Pendant ce temps, Krypto, méfiant, renifla un peu le héros cosmique, avant de se détendre en voyant de quelle façon le jeune garçon recevait ce nouveau visiteur. Il n’y avait pas à dire, le superchien prenait très à cœur son rôle de protecteur de mini kryptonien.

« Ouaip, j’suis en vacances ! J’ai déjà arrêté trois vols de sac à main, j’ai retrouvé un chien qui s’était perdu, et j’ai aussi aidé les pompiers à éteindre un incendie… Oh, et attention : j’ai arrêté un vol à main armé, et une balle à main nue ! Épaté, hein ? Krypto ne m'a presque pas aidé, en plus. » Bien sûr, pour des super-héros de la trempe des green lantern, qui sauvait des peuples extraterrestres et des planètes tout entière, les frasques de superboy devaient paraître bien simples, mais à son échelle d’enfant somme toute assez normal - si on oubliait le coté kryptonien - Jon avait vraiment l’impression d’apporter sa pierre à l’édifice en aidant aux petits problèmes du quotidien. Les grandes aventures, il les vivait avec son père ou d’autre héros, mais seul, aider les mamies à récupérer des chats dans les arbres était un quotidien dont il était fier, et qui rendait fier ses parents… « Et toi alors, qu’est-ce que tu fais dans l’coin ? Tu reviens de l'espace? Tu cherches papa ? Il a dit qu’il ne fallait pas l’attendre aujourd’hui. Truc de héros, tu sais. » Quand il rentrerait, Jon sera sûrement couché depuis longtemps. Le petit garçon avait désormais l’habitude de ne pas voir son père parfois plusieurs jours d’affilé, après tout superman appartenait au monde, et c’est avec ce dernier qu’il devait le partager... Mais certaines fois, certains jours, c’était plus dur, quand bien même il essayait de rester fort et de ne rien laisser paraître. Il était un grand, maintenant, après tout.

Recevoir de l’approbation était quelque chose d’important pour Jon, de primordial même, alors que sa psyché était encore en pleine construction, cherchant constamment à satisfaire son entourage pour montrer à quel point il était capable, a quel point il pouvait bien faire, a quel point il était à la hauteur des attentes qu’il imaginait peser sur ses épaules.
Quand le Green Lantern le félicita pour ses exploits vacanciers, superboy bomba un peu le torse, fier comme un paon dont on venait d’acclamer l’éclat de son plumage. Être ainsi comparé aux premiers jours de Hal en tant que héros lui donnait l’impression de bien faire, d’être sur la bonne voie. Bien sûr, il n’y avait aucun doute qu’il était sur la bonne voie, son père et sa mère veillant prudemment à ce sujet, mais il était toujours agréable d’avoir un avis extérieur pour le confirmer, pour s’encourager.
Jon avait vraiment la sensation d’être un héros désormais, un vrai, et la seule chose qui l’intéressait était de savoir ce qu’il pourrait encore faire pour le prouver un peu plus...

Alors que Hal répondait à sa question, lui expliquant la raison de sa venue à Metropolis, Jon avança pour se mettre à sa droite. Penchant un peu la tête en avant, tout en la tournant de coté, pour le regarder, il examinait son ainé qui lui-même avait les yeux fixés sur la ville. Son allure très héroïque intimidant presque le petit garçon qui sentait son émerveillement poindre le bout de son nez, alors qu’il réalisait qu’il avait à coté de lui Green Lantern. Quelle chance, réalisa-t-il des étoiles pleins les yeux. Combien d’enfants seraient prêt à tout pour être à sa place ?
C’était étrange à dire, mais pour Jon, ce n’était pas la même chose qu’être à coté de "Hal" lors d’un repas avec ses parents, que de se tenir à coté de "Green Lantern" sur les hauteurs de Metropolis. Même s’il savait que c’étaient les mêmes personnes – ayant même naturellement appelé le héros par son prénom - quelque chose en lui les faisait presque les dissocier par moments. Peut-être était-ce à cause de son admiration ? Avant d’être superboy, Jon était surtout un enfant absolument fan de la justice Ligue, et même s’il côtoyait un des plus grands héros de la terre au quotidien, il fallait avouer qu’il avait plus de mal à ne pas se sentir tout petit à coté des autres justicier. Certains jours, il avait juste l’impression de vivre un rêve éveillé dont il était le héros, et il en oubliait presque que le danger qui, lui, était bien réel, tout comme leurs ennemis…

Hal se coupa soudainement, presque au même moment qu’au loin, Jon perçu les bruits d’une énorme explosion. Retrouvant un semblant de sérieux, très vite entrecoupé par son exubérante impatience, Jon hocha vigoureusement de la tête, tout prêt qu’il était pour partir combattre le mal et faire triompher la justice. « Ne t’en fais pas Green Lantern, c’est un travail pour… Superboy ! » Certes, il n'est pas encore à l’aise avec son alias, mais il ne se voyait pas sortir cette phrase sans, tout comme il ne se voyait pas agir en tant que héros sans ce symbole sur sa poitrine. Question d'héritage, dirons nous.
Attrapant la collier de Krypto, le super-chien – et surtout le seul des deux sachant voler – Jon pointe son doigt en direction du bruit, prenant sa voix la plus héroïque possible, celle qu’il avait travaillé, seul, sur les buildings de Metropolis « Allez Krypto, chasse les méchants ! » Le chien Kryptonien aboie valeureusement, et dans un mélange de super-vitesses et de vole, s’en va vers les criminels, un superboy rigolant accroché à son encolure.

Pourquoi était-il parti sans le Green Lantern? La fougue de la jeunesse, bien sûr, celle qui le fait se sentir invincible, celle qui lui fait entendre qu’aucun problème ne saurait être trop grand pour lui, ni aucun ennemi assez coriace pour lui résister. Comme à chaque fois qu’il peut laisser libre cours à ses pouvoirs, Jon a l’impression que plus rien n’est impossible. Pareil à un marteau fonçant sur chaque clou qu’il voyait, Jon ne reflechissait pas, ou peu, car jusqu'à maintenant, cela lui avait toujours plus ou moins reussi.
Il voulait tellement faire plus, toujours plus…

Un instant après, les voilà atterrissant sur le lieu de l’explosion, un échangeur routier où les voies se chevauchent sur plusieurs étages, bien au-dessus du sol. Jon n’a aucun mal à repérer le camion attaqué et en train d’être dévalisé par les bandits armés jusqu’au cou, qui profitent que les policiers ne soient pas encore arrivés pour commettre leurs méfaits. Eux aussi, de leur coté, remarquent bien vite l’enfant qui leur fait face, aux les couleurs sans équivoque, et dont l’arrivée par les airs ne laisse aucun doute sur les raisons de sa venue. « Putain de merde, tire, vite ! » Ordonne leur chef au porteur de lance-roquettes qui laisse, paniqué, partir un nouvel obus vers le petit héros. Jon est presque sûr qu’il pourrait supporter l’explosion, mais avec sa vulnérabilité n’étant pas encore totalement stable, il préfère ne pas tenter le diable, se contentant de dévier la roquette d'un air assuré, avant de se rappeler où ils sont… Trop tard.

Ses yeux s'ouvrent en grand, mais le mal est fait. La roquette s’en va percuter un des piliers de béton tenant la route au-dessus de la leur, faisant craquer le béton, sous le choc, qui se fissure alors, tombant et amenant avec lui les voitures qui roulaient au-dessus, et qui chutent dans un bruit de klaxon affolé vers l'endroit où se trouve superboy et d'autres voitures. Dans quelques instants, il y aura beaucoup trop de morts et de blessés. Déjà les voitures en dessous, voyant le drame arriver, pilent, l’une d’elle finissant même dans la palissade en métal entourant la route, manquant de justesse de tomber dans le vide. Krypto jappe, alarmé, tandis que Jon regarde la scène, interdit.

« Oh non non non ! » Panique Jon. La situation lui échappe. Il cherche à toute vitesse une solution, quelque chose à faire avec ses pouvoirs... Mais rien ne vient. Même s’il pouvait voler, il n’aurait pas le temps de rattraper toutes les voitures, ni les gravats qui menacent d’écraser les voitures. Il peut agir, mais rien ne lui semble suffisant pour sauver tout le monde, et cela le pétrifie sur place. Il doit agir, il le sait. Mais pour faire quoi? Aucune des solutions qui viennent ne semble pouvoir sauver tout le monde, et l’idée d’échouer et de laisser tous ces gens mourir l’assomme presque de stupeur. La panique gagne du terrain, tout comme la peur.
Pour la première fois, Jon goûte à l’horreur de l’impuissance.

A quelques secondes près, peut-être, la situation aurait pu être plus grave, mais l’arrivée pas si surprenante du Green Lantern permis de rattraper les choses, notamment la voiture en train de chuter, ou les gravats qui auraient pu faire de gros dégâts aux automobilistes en dessous.
Jon regarda la scène, ne sachant que faire, jusqu’à ce que le bruit distinct d’un moteur démarrant à toute vitesse attira de nouveau son attention, tandis que les malfrats responsables de tout ce désordre profitait de la situation pour fuir, une partie de l’argent du fourgon dans leur voiture.
Jon tourna la tête vers eux, hésitant à les poursuives pour arrêter leur voiture et rattraper ainsi ses erreurs, mais Hal prit la parole, l’incitant à ne pas les prendre en chasse. Il y avait beaucoup plus important à faire ici, et eux, ils n’étaient pas importants, à côté de ça.
Jon hésita, l’air contrarié. « Mais… Ils vont ! C’est des méchants, enfin ! » Contesta-t-il comme si cette phrase à elle seule justifiait toutes les actions possibles. Ne devaient-ils pas les arrêter ? Leurs crimes resteront-ils impunis ? Après quelques secondes d’hésitation, néanmoins, Jon capitula de mauvaise grâce, les laissant partir. Ce n’est pas grave, essaya-t-il de se convaincre...

A voir le Green Lantern travailler aussi dur pour sauver la situation, Jon sentit qu’il ne pouvait pas rester à rien faire. Ses yeux se posèrent sur la voiture ayant foncé dans la palissade en métal entourant la route, et dont les pneus avant étaient toujours dans le vide. Hochant de la tête comme pour confirmer à lui-même ses futures actions, Jon courut vers cette dernière, attrapant l’arrière de la voiture avec prudence, pour la tirer, la ramenant ainsi sur la route, au grand soulagement de ses passagers qui profitèrent de l’occasion pour prendre quelques photos souvenirs. L’avant de la voiture était complètement détruit, et il était certain qu’elle ne pourrait plus redémarrer, mais au moins ses passagers étaient en sécurité, pensa Jon en s’époussetant les mains avec un petit sourire satisfait.

Toujours concentré sur sa tache et son œuvre, Hal demanda tout de même à Jon de vérifier l’était des civils, demande à laquelle Jon répondit positivement, élevant sa main ouverte vers son visage pour mimer un salut militaire. « Affirmatif ! » Répond-t-il avec un ton sérieux, tandis que ses yeux se tournaient vers les différentes voitures amochées, finissant par s’arrêter sur le fourgons dans un sale état. Bien, commençons par là.

Dans un premier temps, superboy décida d’aider les voitures à l’arrêt à se mettre sur le côté pour ne pas gêner la circulation, mettant ainsi les passagers en sécurité par la même occasion. D’abord, il commença par le fourgon, dont il éteignit les flammes en essayant maladroitement de les absorber – sans surprise, cela lui demanda plusieurs essaies – avant de s’occuper des deux autres voitures accidentées par l’événement. Après quelques instants, la circulation reprit difficilement, et pour cause : les conducteurs semblaient ralentir une fois à côté d’eux pour observer les constructions vertes créées par le Green Lantern. Dans un sens, Jon les comprenait : c’était fascinant à regarder…

Vérifier l’état physique de quelqu’un était plus compliqué que Jon l’aurait cru, et ses maigres connaissances en médecine ou en anatomie ne l’aidaient pas vraiment, alors qu’il prenait soudainement conscience de l’intérêt d’étudier la chose. Pour une prochaine fois, pensa-t-il, en attendant, il s’aida en posant quelques questions simples à ses patients, notamment pour savoir où ils ont mal, et s’aider dans ses recherches. Seuls les passagers du fourgon lui demandèrent plus d’effort, l’un d’eux souffrant d’une blessure ouverte. Superman lui aurait peut-être pu stopper l’hémorragie avec sa vision thermique, s’il avait jugé la chose nécessaire, mais Jon contrôlait encore très mal la puissance et la précision de cette capacité. Il craignait trop de faire du mal à quelqu’un pour l’utiliser sur autre chose que des objets non-vivants. Paniqué par la vue d’autant de sang, Jon réussit néanmoins à garder son calme et aider le conducteur à trouver de quoi presser sa plaie pour arrêter l’hémorragie en attendant les secours. « Ils sont en route » le rassura le copilote du blessé, le téléphone encore dans sa main.

Jon ausculta ensuite les conducteurs et les passagers des autres voitures. Après plusieurs minutes, il dénota deux conducteurs avec des os cassés, et un passager ayant une légère commotion cérébrale. À ce niveau, il ne pouvait rien faire d’autre, fort heureusement, il entendit au loin les sirènes d’une ambulance se rapproche. Les médecins prendront bientôt le relais. Il soupira, retournant en dessous de l’endroit où lévitait Hal, levant la tête pour le regarder. « J’ai fini, ils vont bien, mais certains vont d’voir faire un tour à l’hôpital. » Ses yeux se lèvent pour regarder le travail et les structures toutes de vert brillant qui ont évité que la situation dégénère, un sifflement admiratif lui échappant.

« Et maintenant, on poursuit les méchants ? J’suis presque sûr qu’on peut encore les rattraper ! » Oui car, évidemment, Jon n’avait absolument pas changé d’objectif…

La criminalité était un sujet complexe, difficile à comprendre, encore plus pour un enfant dont la vision était encore très manichéenne. Il y avait les gentils, et les méchants. Les gentils arrêtaient les méchants et les méchants… Étaient méchants.
Sans pour autant les déshumaniser, Jon avait du mal à leur imaginer de réelle motivations, des buts. Pourquoi faisaient-ils ce qu’ils faisaient ? Eh bien, parce que c’étaient des méchants, voyons, pour quoi d’autre le feraient-ils ? C’était comme quand Tom mettait des pierres dans les boules-de-neige lors des batailles qu’ils faisaient dans la cour de recrée : il le faisait parce qu’il était méchant, et qu’il voulait être méchant, voilà tout.

Pour autant… Il voyait bien qu’il y avait une différence. Il ne pouvait décemment pas comparer Tom, le petit caïd de son école, au Joker, dont lui parlait Hal. Jon connaissait le Joker (qui ne le connaissait pas), parce que Damian lui en avait déjà parlé, plusieurs fois. Damian n’était pas du genre à avoir peur ou à craindre quelque chose, mais quand il parlait du Joker, Jon voyait bien qu’il y avait quelque chose, comme s’il retournait l’espace de quelques instants dans les méandres tortueux de leurs affrontements toxiques.
Si on reprenait l’exemple de Hal, Jon aurait placé Joker à l’extrémité des méchants de jeux de rôle. Les chaotiques mauvais. Eux, c’étaient les méchants que Jon imaginait le plus facilement, ceux qui faisaient le mal pour le mal, et qui n’avaient pas d’autres motivations, aucun but en soit, sinon l’action et le moment présent. Eux, il fallait les arreter vite, et bien, sinon les morts se compteraient par millier...

Mais tous les criminels n’étaient pas des méchants de jeux de rôles. Certains étaient juste des gens perdus, désespéré, qui essayaient de s’en sortir d’une façon qui n’était pas correcte, mais en faisant le moins de mal possible. Certains par culpabilité, d’autres pour éviter d’attirer l’attention, et d’autres encore parce qu’ils avaient une certaine éthique. Les yeux de Jon se baissèrent, observant le quadrillage holographique que le green lantern avait libéré pour examiner la scène de crime, un sourire s’illuminant de nouveau sur ses lèvres quand Hal l’inclut en tant que super-héros dont les méchants ne voulaient pas attirer l’attention. Oui, ils étaient des héros, les gentils de l'histoire... Et pour autant, ils avaient une incidence sur les actions des méchants. Une incidence que Jon essayait de comprendre, à cet instant.

Il y avait donc une ligne. Une ligne qui séparait ceux qui tuaient, et ceux qui ne le faisaient pas. En vrai, il y avait une multitude d’autres critères, raison pour laquelle les héros n’étaient ni juge, ni les bourreaux, mais comprendre cette première ligne était deja un bon début. Il y avait différents degrés de mal, différents types de méchants, et différent type de gentils, aussi. Jon voulait être un gentil qui se soucis des vies humaines. De chaque vie humaine, raison pour laquelle il écoutait avec implication son ainé...
Cette ligne était importante, comprenait Jon, car ils devaient, en tant que héros, éviter de pousser ceux qui ne l’avaient pas franchi dans leur retranchement, au risque qu’ils le fassent, sautant, les deux pieds joints, de l'autre coté.

Pensif, Jon mit son index replié devant son menton, réfléchissant à tout cela. Était-ce parce qu’il avait agi trop abruptement, trop fortement, que les bandits avaient failli mettre la vie d’innocent en jeu ? À cela, Jon n’avait pas la réponse, mais son arrivée impromptu avait au moins eu le mérite de faire oublier un sac aux voleurs… Un sac qui était une piste parfaite pour Krypto.
Jon fut pris d’un regain d’énergie héroïque en voyant le canidé renifler la piste, avant de partir en courant, s’arrêtant régulièrement pour refléter la piste plusieurs mètres plus loin. Suivant son chien, Jon se mit à courir derrière lui, suivit de près par le Green Lantern qui semblait avoir pris plaisir à lancer Krypto sur une piste. Jon le comprenait, avoir un super-chien, ça donnait vraiment l’impression d’être un super-détective. Jon était toujours très impresionné par Krypto, qui, s'il pouvait juste ramener la balle, était aussi capable de pister une odeur à travers toute une ville. Sacré chien.

Après une course qui ne dura pas si longtemps, au vu de leur allure, Krypto s’arrêta devant un vieil immeuble, totalement excentré du centre-ville, dans les quartiers moins aisé de la ville. Jon ne venait presque jamais ici, superboy en revanche y avait déjà quelques fois mis les pieds. Il y avait des civils dans la rue, et la vision x de Jon lui permit de savoir qu’il y avait aussi du monde dans les appartements, des familles, des enfants. Il repéra la planque des voleurs, un appartement au troisième étage. Alertes, pressées, ils semblaient rassembler leurs affaires en toute hâte, probablement pour fuir avant que la police ne les retrouve, ignorant qu’ils avaient déjà été retrouvés…
Jon hésita, et cette fois-ci, il ne fonça pas bêtement, se grattant la tête, cherchant une solution au problème. Il y avait des civils, et les cibles étaient armés. Leur priorité était la sécurité des habitants de metropolis, ça, il l’avait bien compris. Se retournant vers son aîné, il reprit d’une voix mal assurée.

« Tu sais, à propos de cette histoire de méchants qui ne sont pas le Joker, comme les gars, là. » Dit-il en faisant un mouvement de tête vers l’étage où se cachait les voleurs. « Comment faire pour éviter qu’ils ne franchissent cette ligne ? Tu penses qu’on devrait juste leur dire de se rendre, pour moins leur faire peur ? Tu penses qu’ils peuvent se rendre compte qu’ils font fausse route et se raviser ? ‘Près tout ils vont finir en prison, et comme tu dis, s’ils veulent éviter les grandes peines, c’pas mieux pour eux de simplement abandonner ? » Jon avait encore en tête les images du pont, la voiture qui tombe, les gravats qui s’écrasent. La panique. La peur. Quand les criminels l'avaient vu, ils n'avaient pas abandonné, ils avaient tirés. Dans cet immeuble, ce serait pire, peut-être... A vrai dire, Jon n'en savait rien, il avait juste peur de mal faire... « Est-ce que tu penses qu’ils peuvent comprendre qu’ils risquent de faire du mal aux gens ? »

Ils savaient ce qu’ils faisaient, et ils le faisaient consciemment. Toute cette vie autour d’eux était tout autant un bouclier qu’un moyen de dissuader, de se protéger au prix de l’innocence. Le principe de perte acceptable semblait si abstrait pour Jon, pour qui une perte restait une perte, qu’importe l’adjectif que l’on mettait avec. Pour autant, il comprenait ce que Hal lui expliquait, hochant de la tête pour signaler cela.

Porté par la plateforme du green lantern, ils approchèrent du mur de l’appartement des braqueurs, Jon se penchant légèrement et instinctivement se faisant, ayant peur d’être vu, quand bien même leur emplacement avait été calculé pour ne pas être remarqué, se trouvant entre deux fenetres. Pour ne pas être repéré, Hal parla tout bas, ce qui ne fit pas grande différence pour Jon, qui l’entendait distinctement grâce à son ouïe.
Écoutant son plan, Jon hocha une nouvelle fois de la tête. Quoi qu’il se passe ensuite, les civils, eux au moins, ne risquaient rien… Ni les braqueurs d’ailleurs, même si Hal semblait moins concerné par leur bien-être, à entendre sa réplique. Jon n’était pas certain de comprendre pourquoi, mais il mit la question dans un coin de sa tête. Pour plus tard...

Jon devait rester derrière le mur et observer et à vrai dire… Cela lui allait très bien. L’observation était encore le meilleur moyen d’apprendre, et même si son père le laissait désormais agir lors de leurs sorties, il arrivait encore que dans certains cas, Clark demande à Jon de rester en arrière, à observer. Comme ici. « D’accord ! Mais il nous faut un nom de code pour si tu as besoin d’aide ! » Avouons-le : ce n’était pas tant pour aider Hal que pour trouver un nom de code, chose ô combien amusante, que Jon proposait l’idée…« J’vote pour canard vert. Souris verte ? Oh sinon Milk-shake vert. Oh oui un milk-shake, on ira en boire après? Ou manger une glace, j'suis pas difficile. » Vert, oui, sans rapport quelconque avec la tenue de héros de son homologue adulte, bien sûr…

À l’instant même où Green Lantern entra dans la pièce des bandits, l’ambiance changea du tout au tout, et les discussions furieuses et pressées laissèrent place à un silence de plomb, offrant ainsi un auditoire parfait pour les répliques du héros, tandis que les murs et les sols se faisaient recouvrir d’un rectangle vert, coupant par la même occasion l’accès à la porte, comme pu rapidement se rendre compte l’un des criminels qui essaya de foncer vers cette dernière. .

L’arrogance qui suintait des paroles et de la posture du héros était humiliante pour les voleurs, qui serraient les dents en l’écoutant leur demander de se rendre, sans coup de feu, ni effusion de sang…
Il eu un moment de flottement, un petit temps pendant lequel les bandits se regardèrent entre eux, retournant régulièrement leur regard vers le green Lantern, comme cherchant à évaluer leurs chances de s’en sortir, de gagner à cinq contre un. Contre le Batman, ils n’auraient pas hésité, ils auraient tiré malgré la peur, malgré le risque, car le Batman de part son humanité et son absence de pouvoir semblait rester faillible, atteignable, et puis parce qu'ils savaient qu'avec Batman, on finissait toujours avec des os cassés. Contre Superman, ils n’auraient même pas essayé, se rendant sans faire plus d’histoire que cela. En revanche, contre le Green Lantern, les avis divergeaient. Certains se demandaient si ses pouvoirs le laissaient à l’épreuve des balles. D’autres se demandaient s’il n’était finalement pas qu’un humain, sous tout ce vert. D’autres encore, regardaient la construction de lumière autour d’eux, comme hésitant sur la démarche à suivre. Avaient-ils une chance ? Non, ils le savaient. Ils n’étaient pas faits pour se battre contre les héros. Pourquoi avait-il fallu que l’un d’entre eux passe par là à ce moment précis ? Ils n'étaient pas de taille.

Cela ne dura qu’à peine quelques secondes, avant qu’un premier lâche son arme. Le bruit du métal tombant au sol fit l’effet d’un signal, et avec lui, une seconde arme tomba, puis d’une troisième… « Plutôt crever. » C’était le quatrième homme qui avait parlé, celui au plus proche des explosifs, qui attrapa un détonateur pour le lever, le mettant en évidence, comme une preuve de son immunité. « Tu vas gentiment nous laisser partir où j’fais sauter l’immeuble ! Y a assez ici pour ça !
- T’es malade Nath, on va tous crever ! » Paniqua le cinquième gars, le dernier avec lui portant encore une arme, resserrant alors sa poigne dessus dans la panique. Les trois autres voleurs, firent chacun un pas en arrière, comme si un pas de distance en plus allait les protéger de l’explosion. Cruelle illusion. « Rien a battre, j’retournerai pas en prison, jamais ! » Ses yeux se tournèrent vers le Green lantern, comme pour le défier, une rage brûlante au fond de ces derniers. Ce n’était pas un acte cohérent, réfléchis ou sensé. C’était un acte de désespoir.

C’était le signal ! Pas n’importe quel signal, mais celui qui annonçait à Superboy qu’il était temps pour lui de jouer son rôle de second plein d’énergie (peut-être un peu trop) en agissant avec toute la bonne volonté du monde !
Cependant et ne pouvant pas bouger le disque de lumière sur lequel il se trouvait, Jon dut rapidement abandonner l’idée de passer par la fenêtre, et décida donc, en l’absence d’autres solutions, de tout simplement passer… Par le mur. C’est si fragile les murs, en vérité. Il suffit d’un peu foncer dessus et-

BAM

Ils tombent en miette. Le ciment et les briquent ne résistent pas un seul instant face à la carrure du petit kryptonnien, qui, si elle n’est absolument pas impressionnante, reste d’une force inhumaine. Laissant derrière lui un trou d’un mètre quarante par lequel le jeune héros rentre, les mains sur les hanches, Jon trouve que le moment est bon, que dis-je, idéal, pour sortir sa réplique si longuement travaillée. « Superboy à la rescousse ! » Dit-il avec la fierté d’un paon, beaucoup trop jouasse par toutes ces aventures de héros… D’ailleurs, un aboiement se fait entendre quelques étages plus bas, avant que Krypto, le super-chien, arrive à son tour en volant, sa queue battant l’air à toute vitesse. Lui aussi est très fier, allez savoir si c’est la bonne humeur de Jon qui l’a contaminé, ou simplement son état naturel.

Les voleurs essaient de récupérer leurs armes, et Jon comprend en un instant l’urgence de la situation, et surtout pourquoi Hal l’a fait intervenir. « Arrêter les voleurs, compris ! ». Même si les balles ne semblaient pas pouvoir tuer le Green Lantern, autant ne pas les laisser faire : rien ne promettait qu’ils n’aillaient pas s’en prendre à un quelconque civil. La situation semblait à deux doigts d’être sous contrôle, autant ne pas tout faire déraper. Jon retrouva son sérieux, se concentrant. Il ne voulait pas être un poids, mais bien une aide, après tout...

Utilisant sa vision thermique, Jon réussit plus ou moins à faire chauffer les deux armes que les criminels essayaient de saisir, et ce sans (trop) abîmer le sol. Bien qu’il fit quelque peu roussirent les planches, elles ne prirent heureusement pas feu. Pendant ce temps, qu’Krypto attrapait la jambe du troisième voleur qui, au lieu d’essayer de s’armer, avait plutôt voulu fuir par la porte. Ses cris ne le sauvèrent pas vraiment, et le super-chien, après l’avoir ramené à l’intérieur, le renversa pour monter dessus, l’immobilisant avec sa force herculéenne en... S’asseyant dessus. Ledit Nath hésita un instant, semblant chercher dans son esprit quelque chose à faire, comme s’il essayait désespérément de trouver un moyen de s’en sortir… En vain. Il venait d'échouer à les faire tous sauter, que pouvait-il bien faire de plus pour intimider le Green Lantern?
Jurant à voix basse, il leva les mains, rapidement suivi par ses deux collègues encore debout, tandis que le bruit de sirène, au loin, annonçait que les voisins n’avaient pas attendu que leur l’on demande pour appeler la police.

Utilisant la super-vitesse, Jon, récupéra l’arsenal de la pièce, tordant et détruisant les armes pour qu’elles ne puissent plus jamais servir à faire du mal à qui que ce soit. Hal lui avait bien expliqué que même la police, finissait parfois par tirer dans le tas, quand la situation l’exigeait. Dans n’importe quel camp, les armes blessaient, les armes tuaient. Même si ce n’était qu’un petit geste de rien du tout, Jon préférait encore rendre l’ensemble inutile plutôt que de le savoir toujours en circulation. L'idéalisme des super...

« Une bonne chose de faite. » Dit-il en s’époussetant les mains, regardant de nouveau son aîné, un grand sourire aux lèvres. « Et maintenant m’sieur, on fait quoi ? La glace ou le Milk-shake ? J’aime bien la pistache. » Bien sûr qu’il n’avait pas oublié. La seule chose qui avait plus d’importance pour Jon que l’héroïsme, c'était la nourriture.

Et ne disions pas qu’après l’effort venait le réconfort ?

L’affaire est entendu, et la mission accomplie. Comme à chaque fois, Jon regarda les actions de l’anneau avec intérêt, des étoiles brillants dans ses yeux. S’il n’était pas déjà superboy, un avenir tout tracé s’offrant à lui, il aurait probablement dit que plus tard, quand il serait grand, il aurait voulu être green Lantern, un peu comme certain rêvait d’être policier, ou cosmonaute. Après tout, être un Green Lantern n’était-il pas un mélange des deux ?
Une fois le panneau signé et les criminels bien ficelés, les deux héros quittèrent enfin la scène, Jon repassant par son trou d’un mètre quarante avant qu’une bulle verte ne l’englobe et ne le fasse flotter. Jon n’avait pas osé le dire, mais il rêvait de voler avec le pouvoir de l’anneau depuis l’arrivée de Hal.
Maintenant, c’était chose faite.

Jon atterrit sur la pelouse du parc avec amusement. Krypto quant à lui jappa deux fois avant de tourner sur lui-même sa façon a lui de marquer sa satisfaction de se retrouver ainsi au parc. « Amuse toi mon grand ! » Jon n’eut pas besoin de le répéter deux fois avant que le super-chien s’en aille fureter le long des pelouses, profitant de ce temps de repos pour décompresser, lui aussi.

Jon partit ensuite au trot derrière Green Lantern pour le rattraper et marcher à sa droite, toujours beaucoup trop fier de se tenir à coté d’un vrai héros. Certes, il se tenait tous les jours à coté de Superman, l’un des plus grand héros de la terre – si ce n’est le plus grand - mais Jon y voyait avant tout son papa, avant d’y voir un héros, raison pour laquelle ce n'était pas la même sensation d’irréel qu’avec les autres héros. Certes, il avait bien vu quelque fois Green Lantern en tant que "Hal" chez eux, mais ce n’était pas assez fréquent pour se parer d’habitude. Voir Green Lantern restait exceptionnel, et de ce fait, exaltant.

Saluant à son tour les vendeurs de glaces/milk-shake d’un énergique et joyeux « Salut ! », Jon écouta ensuite les recommandation de Hal avec beaucoup trop de sérieux pour une affaire de boissons à la glace. Il faut dire que tout ce qui touchait à la nourriture était très sérieux pour Jon, que dis-je, central, même. Après l’héroïsme, et sa famille, c’était là son centre d’intérêt numéro un, surtout quand ça comprenait de la glace. « C’est bien compris m’sieur ! » Dit-il en mimant un salut militaire, avant que Hal ne choisisse le goût de sa boisson.
Fraise.
Bon choix, très bon choix.

« Et pour toi petit Superman?

- Heu… Hum… C’est superboy, monsieur. » Il était rare que Jon ose reprendre les gens sur son nom de code, mais la situation faisant, il se sentait presque plus légitime de le faire. Le vendeur de glace sourit avec douceur, levant un peu les sourcils, sa voix se faisant légèrement amusée, bien que révérencieuse.

« Oh, Superboy alors. Fit-il, comme pour acter cette vérité, faisant sourire l’enfant de satisfaction.

- Je vais prendre un milk-shake… A la menthe ! Il n’avait pas pris Pistache, mais il avait quand même son vert et un goût qu’il aimait. Un bon compromis. Jon sourit victorieusement en direction de Hal, levant un pouce comme signifier qu’il avait bien écouté ce qui lui avait été conseillé, et qu'il avait fait son choix en conséquence.

- Et deux milk-shakes, patientez un petit instant, s'il vous plait. »

Vint donc l’attente.
Toujours à droite de son aîné, Jon regardait les artisans s’affairer, choisissant les boules de glaces, ajoutant du lait, mixant le tout avec précaution. Un petit silence, pas forcément désagréable, eut même le temps de s’installer avant que, tournant la tête vers l’adulte, l’enfant reprenne la parole, d’une voix pensive, lointaine. Quelque chose le travaillait depuis tout à l’heure, et il avait besoin d’en parler. « Dis, tu n’as pas eu peur, quand le méchant a voulu tout faire sauter ? Je ne sais pas ce que j’aurais fait à ta place… J'étais content quand les autres ont lâché leurs armes, et je ne m'attendais pas à ça. Tu es vachement fort. » Le vendeur de glace tourna un peu le regard vers eux, avant de se rappeler quel genre de personnes il avait devant lui, préférant alors ne pas écouter. Il n'avait aucunement envie d'épier ou d'entendre les craintes d'un petit garçon, après tout.
Les images du pont s’écroulant revinrent dans la tête de Jon, le sentiment d’impuissance qu’il avait ressenti aussi, lui faisant baisser les yeux sur le chemin de terre et de poussière sur lequel ils se trouvaient. « C’est normal d’avoir peur que les gens soient blessés par notre faute ? Je n'arrive pas à ne plus y penser, depuis le pont... Je fais de mon mieux, mais parfois... Parfois les choses se passent mal. Et je ne sais pas quoi faire. »