Inventaire : Gants d'Atlas (prêtés par la reine des amazones), décuple la force de leur porteur.
Dead End Mer 11 Aoû 2021 - 9:14
Je refermais mon journal dans un froissement qui répondait au silence tonitruant de ma chambre d'hôtel. Allongée sur mon canapé, j'observais au travers du mur qui me faisait face la ville de Star City, ou plutôt les sommets de ses plus hauts gratte-ciels qui pointaient de leur immobilisme hyaloïde un ciel où trottaient de cotonneux troupeaux de nuages dirigés par le vent de l'océan proche.
Mon tailleur blanc reposait nonchalamment sur un cintre, à ses pieds le peignoir que j'y avais abandonné. Je m'étais allongée instinctivement, comme pour retarder le moment où je devrais enfiler cette armure sociale, cette carapace distinguée, cet uniforme de combat sans poing ni sang.
Perdue dans la contemplation de cet azur tacheté qui me suppliait de venir le rejoindre, je laissai à mon esprit encore quelques minutes de vagabondage. Quelques minutes pendant lesquelles le temps ralentit et se figea. Glorious Godfrey ; l'Albanie ; Mister Mind ; Noël ; les tractions de paix avec l'Alliance Alien ; L'univers 53 ; le Rocher d'Eternité et ses péchés ; Music Meister ; Ted... Tant d'images, de combats, de défaites et de victoires. Tant d'évènements.
Je détournai la tête et regardai en direction de l'océan, traversant de ce pouvoir si naturel la matière.
Je m'étais toujours bien sentie en ville, dans un environnement urbain, comme dans la cité kryptonienne qui m'avait vu naître et partir. J'aimais jadis la foule, le plaisir idiot d'aller dans un métro pour me déplacer, marcher dans la rue comme n'importe qui. Un luxe depuis que je n'étais plus une anonyme. Aspirai-je maintenant au calme ? Étais-je en train de devenir comme Kal, à espérer dans une petite ferme du Kansas un moment de tranquillité ? Au milieu de champs de blé, de tracteurs et de fêtes champêtres aux noms improbables ?
Mes paupières battirent la mesure un moment et je me redressai de mon canapé.
Non. Voyager, voir de beaux paysages, m'enivrer un instant de la quiétude du ciel ou d'une zone sans activité humaine était une chose, désirer y finir mon existence, une autre. Je me connaissais, une vie sans un minimum d'activité et je deviendrais complètement folle. J'avais d'ailleurs passé trop de temps à rêvasser.
J'avais une chose importante à faire aujourd'hui.
Depuis quelques mois, Tracy et le conseil d'Administration de Starrware Industries réclamaient un éclaircissement quant à ma position, restant une actionnaire majoritaire.
Lorsque mon identité avait été révélée et que l'état avait réclamé de moi un serment, j'avais logiquement démissionnée de mes prérogatives pour le bien de toute la structure et pour éviter des dommages collatéraux malheureux. Difficile d'être extraterrestre, super-héroïne, au service de l'État, entrepreneuse et avoir une entreprise au mieux de sa forme. Rien que les révélations de Glorious Godfrey et de sa presse avait poussé nombres de concurrents à porter plainte pour pratique anti-concurrentielles. Certains avaient joué la carte du "ses pouvoirs lui ont permis d'espionner les autres", et autres accusations qui furent balayées rapidement mais qui avaient fait du tort à l'image de Starrware. S'engouffrant dans la brèche, des groupes anti-aliens, des associations de régulation des méta-humains et détenteurs des pouvoirs avaient entrepris des actions contre le fait qu'une extraterrestre possède une entreprise de pointe sur le sol américain. Ils craignaient qu'avec mes capacités je puisse outrepasser les droits des citoyens.
Heureusement, mon court serment m'avait protégé. Le gouvernement avait mis en avant des états de service et une participation à la vie civile et diplomatique du pays pour calmer les indécis, mais les plus furieux réclamaient toujours ma déchéance de nationalité.
A côté de cela, les plus progressistes voyaient en mon image la possibilité qu'une alien puisse s'intégrer ; certains groupes féministes soutenaient la possibilité qu'une femme puisse être cheffe d'entreprise et héroïne. Je n'étais pas Wonder Woman mais ce genre de soutien faisait chaud au coeur.
Et au milieu les politiciens locaux refusaient de prendre parti, attendant de voir le sens du vent pour soutenir ou non la cause de Karen Starr alias Power Girl.
La population s'arrachait toujours les magasines qui parlaient de moi. Les journaux en faisaient de tonnes et rendaient finalement l'heure où je devais prendre la parole de plus en plus embrouillée, alternant faits, intox, conjectures et hypothèses hasardeuses. Plus le temps passait et moins une prise de parole n'avait de sens, il fallait agir au plus près des évènements pour éviter de laisser le champ libre aux calomnies. C'était aujourd'hui ou jamais.
Il était plus que nécessaire que je choisisse enfin si je me désengageai de Starrware ou si j'en reprenais la tête avec tout ce que cela signifiait pour l'entreprise, entre ceux qui partiraient par peur, incompréhension, refus, choix politique et les partenaires qui sauraient maintenant qu'ils avaient à faire avec une alien qui pouvait les voir et les entendre où qu'elle se trouve.
Je me levai et époussetai une épaule du tailleur blanc. Je l'observai un certains temps. Pensive.
Le conseil d'Administration de Starrware avait été bouleversé pendant cette période trouble. Les plus enragés avaient revendu leur part, faisant entrer de nouveaux joueurs, dont un représentant de fonds publics que je soupçonnais de travailler pour (ou du moins avec) Waller. Ce nouveau conseil avait plus que jamais réclamé que je me décide de façon définitive et officielle.
La bourse avait mal réagi à ce chamboulement et notre action avait chuté, la confiance des marchés n'allant pas de paire avec une double activité aussi risquée que de faire un bras de fer avec des menaces cosmiques. Les choses avaient stagné et l'annonce d'une conférence de presse avait suspendu les opérations de trading sur nos actifs. Dès lors, les tentatives de fuites s'étaient succédées : piratage informatique ; soudoiement des assistantes et des directeurs ; tentatives de désinformation ; fouille de mes ordures personnels et des poubelles de l'entreprise. Rien n'avait été épargné. Que ne ferait-on pas pour quelques dollars.
Le cintre se balançait mollement à son support, délesté qu'il était du vêtement qu'il avait porté.
J'achevais de boutonner ma tenue blanche à foulard rouge. Chaussure blanche à semelle plate pour finaliser le tout et me voilà prête.
En bas de mon hôtel, une foule de journalistes faisait le pied de grue. Je ne pus réprimer un sourire lorsque j'ouvris la porte-fenêtre qui donnait sur un balcon. En contre-bas, j'entendis un reporter faire un "Elle va quand même pas...". Et si.
Je m'envolais, direction la conférence.
Tracy avait loué un véhicule de transport pour donner le change mais il était inutile, voire même contre-productif de risquer un accident de parcours. Le trajet avait naturellement "fuité" et je pus voir en le suivant du regard que de petits groupes, armés de légumes ou de stylos pour les autographes l'émaillaient. Le chauffeur avait été invité au dernier moment à prendre sa journée. J'espérais qu'il en profiterait un peu.
Starrware industries était trop dans la ville de New York pour qu'une conférence puisse s'y tenir avec l'aval d'une municipalité qui aurait dû se positionner trop ouvertement sur cet évènement, nous avions donc choisi un terrain plus dégagé et neutre, à savoir un centre de conférence que Queen Industies nous avait loué, situé dans la périphérie de Star City où nous ne gênerions personne.
C'était une vaste structure blanche et moderne aux formes épurées, disposant d'un parking sous protection. L'espace ouvert au public était cloisonné de barrières et de cordons de voitures de police. Des véhicules de pompiers étaient disposés plus loin, présents "au cas où". De nombreux gardes du corps étaient déployés pour protéger les actionnaires. La presse invitée était pour le moment installée dans la salle où aurait lieu ma prise de parole.
Au dehors, c'était une cacophonie de hurlements, entre vivats, insultes, sifflements, acclamations. Toute la logique d'une foule qui avait été séparée pour éviter les esclandres. D'un côté ceux qui réclamaient le départ de la "prostituée de Superman", les autres m'encourageant. Cela ne se calma pas lorsque je fendis les cieux au-dessus d'eux. Je pus distinguer des pancartes où trônaient un "D" rouge et sanglant, d'autres me demandant en mariage. L'Humanité...
J'atterrissais sur l'esplanade qui donnait sur le bâtiment, à la grande surprise des agents de sécurité. Ils hésitèrent un instant à me passer au détecteur de métaux.
Je saluai la foule en lui souriant. Une horde de téléphones et de caméras se braquèrent instinctivement sur ma position. De nombreux flash animèrent la foule. Un homme, furieux, tenta de passer les barrières en les enjambant. Une bombe de peinture à la main, il hurla que j'étais une "fasciste en uniforme" avant d'être plaqué au sol par deux gardes.
Un actionnaire présent se pencha vers moi et me conseilla de rentrer.
Je tournai le dos à cette scène qui devint d'un silence glaçant lorsque la porte du centre de conférence se ferma derrière moi. Ce n'était plus guère que la houle de passions irreffrénées. Tracy m'accueillit, un sourire crispé au visage.
- Prête ? me demanda-t-elle, stressée pour deux.
- Toujours Tracy, c'est le principe de ma vie, lui répondis-je avec un sourire réconfortant. Espérons que le conseil le soit.
Nous avançâmes vers la salle de conférence.
- Ils n'ont pas aimé ta proposition de faire cela aussi publiquement, m'avoua-t-elle. Mais heureusement le Conseil d'hier soir les a rassuré... en tout cas, ils ont eu les réponses à leurs questions.
- Je suis surprise qu'il n'y ait eu aucune fuite à ce sujet.
Personne ne souhaitait sans doute se mettre Power Girl à dos, un avantage, mais cela signifiait que si un ambitieux voulait me faire du tort, il userait de moyens détournés et probablement violents...
***
Depuis un immeuble proche, un homme en jumelle observait au travers d'une fenêtre ouverte les mouvements autour du bâtiment. Derrière lui, une femme soigneusement installée derrière un ordinateur observait une vue tridimensionnelle de la structure. Elle activa une oreillette.
- Démolition Team, prête ? fit-elle simplement.
De multiples voix lui répondirent que tout était opérationnel.
C'était un contrat risqué mais juteux.
Cassandra Cain
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Re: Dead End Lun 16 Aoû 2021 - 13:36
Quand on hasardait un regard par la fenêtre de sa tour d'acier et de béton, on voyait une foule criarde d'agitateurs bruyant. Un amoncellement d'individus qui, pour une raison dépassant l'entendement, avaient décidé de laisser de côté toute activité censé pour venir se planter derrière un cordon de sécurité et exprimer ses émotions. Pour venir incendier ou assurer de son soutien une inconnue qui, si illustre qu'elle soit, n'y accordait pas le moindre crédit.
Oui, depuis les hauteurs, on disposait d'un éventail incroyable de raisons de négliger ces oisifs qui trouvaient toujours de nouvelles raisons d'abuser de la liberté que l'Amérique leur offrait. Dans les hauteurs de Star City, on travaillait, ou bien on profitait du temps libre durement acquis grâce à son travail, oui.
Et on attendait en serrant les dents que le quotidien revienne à la normale. Tant de bruit et d'agitation ! On en regrettait presque les invasions extraterrestres ! On s'interrogeait : est-ce que les super-héros pouvaient agir contre ces agitateurs ? Oh, ils devraient : ils étaient là pour assurer que la Loi et l'Ordre triomphent sur l'Anarchie ! Oh non, surtout pas mon ami : quelle terrible transgression de la démocratie ! Il leur fallait les aider, même si ces pauvres hères n'avaient pas conscience de l'incroyable chance qu'ils avaient d'être protégés par ces êtres exceptionnels ! Oh, l'Humanité !
Certains de ces êtres, pourtant, se reconnaissaient dans cette ferveur populaire, dans cette expression spontanée et tumultueuse. Yara Flor, par exemple.
Yara Flor, reléguée derrière un second cordon de sécurité, celui où les manifestants plus radicaux étaient cantonnés. Un cordon tenu par des policiers anti-émeute en armure et des soldats de la Garde Nationale équipés en briseurs de grèves, avec des bâtons et des menottes en plastique.
Il y avait une époque pas si lointaine où elle aurait été au premier rang, où elle aurait personnellement craché à la figure de "Karen Starr", de Power Girl. Où elle aurait passé les gardes et les policiers pour venir directement la prendre en parti.
Les choses avaient changé, depuis. Yara Flor s'était calmée. Elle n'était plus cette furie qui enfilait le costume à tort et à travers ... L'image était importante, et si Yara avait appris quelque chose de ses études à la Justice Academy, c'était qu'il suffisait d'un costume pour être qualifié de vilain. Il suffisait d'un costume pour personnifier un adversaire, pour le vilifier, pour empêcher toute possibilité de dialogue ou de changement.
Il suffisait de le voir avec Power Girl : plus connu était le costume, plus violente était la réaction.
Alors Yara s'était mise en retrait, se refusant à impliquer "Wonder Woman" pour ce qui n'était finalement que des broutilles. Des broutilles, oui, car sa relation avait Power Girl était toute personnelle : une icône de jeunesse qui, comme tant d'autres, s'était révélée effroyablement décevante.
Une figure d'indépendance qui, enchaînée par Wall Street et Washington, ployait l'échine et s'excusait pour pouvoir garder son petit confort de milliardaire.
Un sacré exemple pour toutes les jeunes filles qui rêvaient de changer le monde.
Un crime de lâcheté, si l'on interrogeait Yara.
Yara, perchée sur le dos de Jerry le Pégase. Jerry, couvert d'une épaisse couverture pour cacher son impressionnant plumage. Jerry, qui nécessitait que Yara s'interrompe à intervalles régulières pour le rassurer.
Yara, en sweat à capuche noir et jean usé, un bandana rouge autour du cou, un mégaphone dans une main et la bannière étoilée retournée dans l'autre. Une Valkyrie anarchiste posée entre les miliciens nerveux du système et une horde de militants anticapitalistes déterminés à en découdre.
Ça et là, on peut voir des drapeaux américains où les étoiles sont grossièrement remplacées par le "D" rouge que le monde a appris à craindre, ou bien une grande image montrant Power Girl, Per Degaton et le président américain courant main dans la main dans une prairie. Le plus impressionnant, néanmoins, domine la foule : une effigie en chiffon exagérément plantureuse de la Kryptonienne pendue à un lampadaire, criblée d'épines verdâtres et dont la cape ruisselait d'un liquide carmin dont l'odeur rappelait distinctement le sang de porc.
Si les alentours directs du centre de conférence sont tout au plus suffisamment "animés" pour offrir un joli spectacle aux caméras de télévision, il suffit de s'écarter d'une rue pour réaliser la ferveur de la foule et la tension de son opposition : le sujet du jour passionne, et il suffirait d'un étincelle pour embraser la poudrière.
Une étincelle qu'un groupe mal intentionné pourrait parfaitement exploiter.
Une étincelle que l'on sent approcher quand un groupe de policiers d'élite accourent depuis un fourgon jusqu'au bâtiment en fendant la foule. La foule s'agite, elle est nerveuse, les policiers sont pris à parti ...
Et soudain, une détonation, quelque part, retentit. Un corps s'effondre. L'étincelle devient bien réel.
Témoin de la scène, le sang de Yara ne fait qu'un tour. Les policiers font un pas en avant, repoussent le pégase. Jerry se cabre. Yara lâche son mégaphone pour s'accrocher aux mors.
" ALALA ! " hurle l'Amazone en brandissant sa bannière, alors que la foule se lance sur les quelques policiers et gardes nationaux encore surpris...
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Re: Dead End Mer 18 Aoû 2021 - 16:04
L'intérieur du bâtiment était calme. Les représentants des différent actionnaires étaient réunis et m'observaient avec un regard plein de victoire. Notre réunion de la veille avait été pour eux constructive. Leur position dominante était, depuis son issue, assurée. Je voyais en eux les vautours et les requins que j'avais un cru pouvoir dominer et dompter. Mais le temps passait, les circonstances changeaient et même si je détenais la majorité des actions, face à des votes unanimes contre mes décisions, les choses tournaient à mon désavantage. Hier fut un avant-goût de ce qu'ils me préparaient.
Tracy me demanda de la rejoindre dans une salle annexe avant ma prise de parole et m'ouvrit une pochette cartonnée dans laquelle reposait un document. Elle eut un pâle sourire qui me demandait silencieusement si j'étais sûre de moi. Sacrée Tracy. Elle parvenait même à accomplir une demande de dernière minute que je lui avais adressée à elle et elle seule à la sortie de notre dernière réunion. Je signais sans la moindre hésitation le document. Elle me prit un instant dans ses bras puis nous rejoignîmes la fameuse salle de conférence.
Au moment de prendre la parole, j'eus un léger pincement au coeur. Il n'était jamais facile de passer le pas d'une nouvelle étape de sa vie. J'installai sur mon pupitre les feuilles qui composaient mon discours original et ajustai les micros. Les voyants des installations de capture d'image m'indiquaient que le "direct" venait de commencer. Les journalistes, alignés derrière les investisseurs, étaient attentifs et prêts à prendre leurs notes.
- Je vous remercie de votre présence et tenais à prendre la parole pour clarifier plusieurs éléments concernant ma position vis-à-vis de Starrware Industries. Je regrette qu'il ait été choisi par le Conseil d'Administration que cette conférence se fasse en l'absence du personnel qui reste le premier intéressé par ce qui peut advenir de la direction de l'entreprise mais ce n'est pas la première fois que la sécurité est invoquée pour "limiter" les questions qui pourraient se révéler gênantes. Je remercie d'autant plus le service technique de Starrware de permettre une rediffusion en direct de cette dernière sur notre intranet. Je me tiendrais plus tard à disposition des salariés pour échanger avec eux.
J'aperçus du coin de l'œil un mouvement mal à l'aise de la part d'un administrateur. Avec une telle introduction il m'était impossible de faire machine arrière. Certains d'entre eux se regardèrent.
- Hier a eu lieu une réunion de l'administration où je devais, avant toute prise de parole, faire valider mes propos et mes positions, dans le but affiché de maîtriser tout cet exercice. Je regrette que ses conclusions ne furent pas les miennes.
" Depuis la révélation de ma double vie et de ma double identité, je ressens deux sentiments plus que les autres : le premier est la déception. Et depuis quelques mois, avec les rappels à l'ordre des actionnaires de Starrware, des insistantes relances du conseil d'administration alors même que j'avais acté officiellement ma démission, démission qui avait été de fait acceptée puisqu'une remplaçante m'avait été trouvée, l'on réclame de moi une prise de parole. Aurais-je été une native de cette planète que l'on ne m'aurait assurément pas demandé un tel exercice. Vous l'aurez deviné, ce second sentiment est l'humiliation.
Un léger flottement glacial suivit mes propres paroles prononcées de plus en plus durement. Je ne lisais même pas les notes futiles que j'avais couché sur papier.
- Déçue, je le suis et profondément. J'ai fondé Starrware, je lui ai donné de mon temps, de mon énergie, de mon argent accessoirement et malgré une double vie parfois compliquée à gérer, j'ai toujours été présente. Aux réunions, aux meeting, aux négociations. Lorsqu'il y avait un conflit grave, j'étais présente, lorsqu'il fallait prendre une décision, j'étais présente, lorsqu'il fallait calmer les politiques, j'étais présente. J'estime n'avoir jamais failli à la confiance et aux devoirs que l'on attend d'une dirigeante. L'on peut ne pas avoir été d'accord avec ma direction, avec mes orientations stratégiques, avec mes choix tactiques, mais l'on ne peut pas m'accuser d'absence ou de mauvaise de gestion, d'utilisation de moyens illégaux, de pratiques anti-concurrentielle.
" Humiliée. Par l'affront et l'insulte de ceux qui se veulent les garants des intérêts de l'entreprise. L'on a exigé de moi des propos, des paroles, des prises de position. L'on a exigé de moi de venir en costume ou de devenir une potiche, on a exigé de moi une direction en carton pour m'imposer un comité de direction qui aurait vidé de son sens mon ancien poste, on m'a proposé en somme de devenir exactement ce contre quoi je lutte chaque jour : devenir un symbole creux et commercial. J'estime n'avoir en aucun cas mérité pareil traitement, que ce soit par mon rôle de dirigeante ou celui d'héroïne."
Petite pause pour regarder la brochette d'aigrefins qui me renvoyait des regards interdits. Je relevai la tête vers les journalistes.
Dernièrement, j'ai participé à des tractations de paix avec l'Alliance Alien au nom du gouvernement américain et j'ai été piégée avec Ray Palmer et le Green Lantern Jordan dans un univers où toute vie a été éradiquée, où toutes les sociétés se sont effondrées, où les planètes ne sont plus que des roches mortes et inertes. Seule restait la mort sous la forme de Black Lantern. J'y ai vu la fin, la destruction, l'anéantissement de flottes entières, des morts par millions. Cela m'a rappelé la fin de Krypton, ma planète natale. Mais aussi la Terre.
" J'ai et je désire toujours voir cette planète et ses civilisations s'épanouir, je souhaite toujours voir ses peuples, si ce n'est s'unir, au moins s'élever et être capables de faire ce que mes précédents exemples n'ont pas réussi : survivre et s'améliorer, grandir. Entre une Krypton, arrogante et fière détruite par sa propre science et un univers détruit par son incapacité à faire face de façon unie à un péril mortel, j'y ai vu tous les travers de cette planète.
Un actionnaire se leva rageusement pour sortir de la pièce.
- En fondant une entreprise, je rêvais de bâtir une structure capable de transcender, à son niveau, des blocages, des automatismes, des pensées que j'estimai dangereuses par analogie, des comportements égoïstes et assurément destructeurs. Une entreprise ne tient que grâce à l'union de ceux qui la font vivre et y travaillent chaque jour. Ma direction n'était là que pour assurer que la structure tienne, atteigne le maximum de ses capacités et anticipe l'avenir. Mais je suis aujourd'hui déçue de sa forme et de son organisation. Son ouverture aux marchés financiers fut une erreur. Au commencement l'afflux de capitaux laissait espérer que nous puissions monter de grands projets technologiques capables d'aider l'Humanité. Quelle désillusion... Désormais il n'y a plus que des objectifs de rentabilité au détriment de tout le reste, cela ne choque pas ou peu de personne. Je ne les juge pas mais ce n'est pas ce que je désirais. Ce n'est plus compatible avec ce que j'ai vécu et ce que j'espère vivre.
" Sous les traits de Power Girl, je tâche d'œuvrer à ma manière à aider le monde à devenir meilleur, plus vivable. La plupart des grands problèmes de ce monde ne se soignent pas à coups de poings ou de super-pouvoirs. Ils ne peuvent être résolus qu'en les affrontant de façon organisée, méthodique et globale. J'ai tenté de quitter une posture individuelle avec Starrware mais force est de constater que son passage à l'échelle n'a pas été à la hauteur de mes espérances.
Il y avait un silence frigorifique. Les actionnaires restant étaient livides, les journalistes écrivaient frénétiquement leurs futures questions. Je voyais Tracy, un pâle sourire aux lèvres m'écouter. Sa démission ne tarderait pas à tomber, je pouvais le sentir.
- Hier donc, un conseil a eu lieu. On a exigé de moi de reprendre pour l'apparat mes fonctions. Nous n'avons pas voté, chacun pensant avoir réussi à me convaincre. Mais c'est terminé. Je ne peux être à la fois une justicière et le pantin de ceux qui participent à détruire tout ce que je veux symboliser. J'ai commis des erreurs. J'ai apprécié le chemin fait avec Starrware. J'ai pris la mesure des enseignements que cette entreprise et tous ses membres m'ont prodigués. Mais c'est terminé et si Starrware et moi-même souhaitons aller de l'avant, il faut que nous avancions l'une sans l'autre...
Alors que je reprenais ma respiration, des garde-du-corps entrèrent en trombe. Totalement prise dans mon discours et dans cette salle parfaitement insonorisée, je n'avais pas prêté garde aux bruits qui provenaient de l'extérieur... des coups de feu ? Des cris ? Des... j'entendis alors les communications entre des individus visiblement mal intentionnés.
***
De leur position, la Destruction Team dirigée par l'implacable Rosie observait effectivement la situation dégénérer.
- Equipe Une ! Rapport de situation.
- C'est le bordel ici. Forces de l'ordre en contact avec des manifestants. Je... y'a un truc là-bas. C'est un cheval ! Equipe 2 ? Equipe 1 demande confirmation...
- Cheval, type Pégase... C'est... merde alors, c'est dingue !
- Equipe 3. Doit-on faire sauter les charges ?
- Négatif, on croise les doigts pour que du monde entre dans le bâtiment. N'oubliez pas : plus y'a de morts, plus la prime est haute...
Pris dans le tumulte d'une population en partie remontée, la police se retrouvait à utiliser tous les moyens à sa disposition. Ce qui n'aurait pu être qu'un mouvement rapidement maîtrisé devint une tornade lorsque déboula un cheval ailé. Un cocktail molotov profita de la stupeur pour s'écraser contre un bouclier anti-émeute de la police. Les forces de l'ordre lancèrent alors les fumigènes pour couvrir une première manoeuvre de repli.
- Visez-moi cette timbrée ! hurla un sous-officier en pointant Yara. Foutez-la à terre !
Les flash-ball et les lanceurs de balle de défense se braquèrent avec méthode sur la jeune héroïne. Les manifestants se divisaient entre fuite désordonnées et organisation pour entrer au contact d'une police qui appelait des renforts. Le commissariat de la ville recevait les premiers rapports d'alerte. Leur chef, Quentin Lance, poussa un juron en se levant de son siège.
- Morts aux aliens ! hurlèrent certains des manifestants qui fonçaient sur la police.
Masqués, emmitouflés dans des écharpes et armés, des "D" tagués sur les vêtements ou portés en brassard, ils étaient venus pour certains dans une quête de sensations fortes et les auraient. De l'autre côté, des manifestants plutôt anarchistes s'élançaient en miroir, pour lutter à leur manière contre l'union de la finance et de la "loi".
***
Un garde tenta de venir s'interposer entre moi et la sortie de la pièce.
- Il faut évacuer ma... euh... madame... tenta-t-il.
Je vis son regard vaciller. Il tenta de me protéger en me bousculant mais je tenais avant de me laisser faire. Quelques secondes de résistance de trop hélas. Je basculais en arrière. Un journaliste cria que quelqu'un était armé. La détonation fit trembler l'air. Une déchirure m'arracha un cri de douleur.
Un actionnaire, celui que je suspectai d'avoir été un agent de Waller tenait un revolver fumant et commençait à s'enfuir. Le garde sortit son arme mais la cohue était trop dense pour qu'il puisse l'utiliser.
Au même moment, les portes du centre s'ouvraient pour laisser entrer les policiers acculés par la soudaine poussée de violence de la foule.
Je sentais mes forces vaciller alors que la balle me brûlait le flanc. Le garde du corps m'adressa quelques paroles que je n'entendis pas. Mon sang, rouge écarlate, coulait de la plaie, emportant de minuscules éclats verdâtres brillants... Balle de kryptonite... Merde.
- Équipes en position de sécurité, ordonna Rosie. Préparez les détonateurs, le feu d'artifice se rapproche...
Cassandra Cain
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Re: Dead End Mar 14 Sep 2021 - 17:56
Depuis sa jeunesse, Yara a toujours été du côté des bagarreurs.
Alors, forcément, quand on la pointe du doigt et qu'on la désigne comme la cible à abattre, un soupçon d'orgueil pointe derrière la façade d'idéalisme. Blâmez-là, ça ne fera que la cinquième ou sixième fois que le gouvernement veut la faire taire elle, juste parce qu'elle est là.
Il fallait dire qu'à se balader à dos de Jerry, elle leur forçait la main.
Ils voulaient lui tirer dessus ? Qu'ils essayent, tiens !
Et essayer, ils le firent. Alors que la foule se dispersait et que les plus déterminés s'élançaient au devant d'elle comme une horde gothique aux portes de Rome. Les premiers tirs fusent, les premières victimes s'effondrent, prostrés de douleur après avoir été frappés par les projectiles en caoutchouc ...
Et les premiers tirs sont dirigés contre Yara ...
... avec bien peu d'effets.
Les Amazones sont connues pour leur incroyable résilience, et le choc de simples balles de défense ne saurait les perturber. Les premières salves rebondissent contre la demi-déesse, comme la seconde, à laquelle elle répond par un regard assassin.
La seconde ligne de défense, celle des tireurs, trahit un brin de surprise. C'était inattendu : les métahumains ne participaient pas d'ordinaire à ce genre de manifestations ... Ou du moins, pas ainsi !..
Mais cette résistance insoupçonnée ne fut pas suffisante pour dissuader le plus courageux - ou irascible - du groupe, qui chargea un projectile de plus ... Et visa directement la tête de Yara Flor !
Yara aurait pu avoir le temps de réagir, mais son orgueil avait pris le pas sur la démarche la plus sensible, et elle laissa la balle l'atteindre.
Et un "Poc" sonore se fit entendre, tandis que le peu d'effet de l'attaque pouvait ...
A moins que ..?
Le choc est plus important que prévu, et Yara vacille ! L'absence de mors ou d'étriers sur Jerry l'empêchent de tenir ! En dernier recours, elle s'accroche au drapeau matelassé qui recouvre le dos du pégase et ...
... Et chute.
Lamentablement.
Jerry prend son envol, loin des tirs qui essayent de l'atteindre, et Yara peine à se relever ...
Elle n'est pas blessée. Elle n'a même pas mal, non. C'est l'orgueil qui a tout pris. L'orgueil qui lui fait lâcher une réflexion sarcastique toute personnelle pour qui pourrait bien l'entendre, comme pour sauver la face.
C'était instinctif. Elle était Wonder Woman. Wonder Woman ne se vautrait pas ainsi. Wonder Woman restait cool, en toutes circonstances ...
La Wonder Woman d'Amazonie, en tout cas.
Partout autour d'elle, les combats s'intensifient. Les anarchistes affrontent la loi et l'ordre. La loi et l'ordre s'interpose contre les partisans de Degaton. Les partisans de Degaton attaquent les anarchistes. Une mêlée générale où les lignes se brouillent, où la police et la garde nationale, en manque d'effectifs devant la marée humaine, peinent à garder leur cohésion. Les cris de guerre et les slogans retentissent, les battes de baseball croisent les matraques, les grenades lacrymogènes répondent aux cocktails molotovs.
Difficile ce dire ce qui a pu déclencher une telle frénésie, que ce soit le poignant discours de l'ancienne capitaine d'industrie, le ressentiment général ou une simple hystérie collective, mais les faits étaient là, et l'action avait succédé aux mots... Probablement pour le pire.
On relève Yara, prise dans la mêlée. On s'enquiert de son état. Chahutée par le flux et reflux, elle ne vacille plus et secoue la tête par l'affirmative. Les casques et les boucliers avancent, tapant à tour de bras, s'écartant par intervalles millimétrées pour laisser la deuxième ligne happer les mutins à terre.
Face à l'Amazone, une hydre couverte de plexiglas et de kevlar. Une phalange impénétrable, répandant une terreur homérique chez ses camarades.
Une entité à l'intersection précise de tout ce contre quoi Yara Flor combattait.
Alors Yara Flor, au mépris de la logique, au contraire de tous ses compagnons de lutte, lève le bras, hurle, et se précipite au contact et profite de la surprise pour renverser la formation d'un solide coup de pied dans le premier rang.
Il ne faut que quelques secondes pour que la terreur change de camp et que le périmètre jusque-là tenu d'une main de fer, vole en éclats. La bataille, contenue entre émeutiers, vient très vite inclure de maigres poches de policiers piégés dans ce qui ressemble de plus en plus à une bataille dont on n'aurait guère plus trouver de traces que dans de poussiéreux ouvrages médiévaux.
La situation a véritablement dégénéré.
Yara, elle, s'avance vers le hall de conférence, menant un mouvement par lequel elle est portée, leadeuse malgré elle de la rancœur populaire. L'Ange de la Révolution. La Vengeance venu châtier les Profiteurs ...
... L'Impulsivité Aveugle faite Femme.
Yara s'élance, l'autorité panique. Elle recule. Elle se replie à l'intérieur du bâtiment.
Et c'est à ce moment précis qu'un coup de feu retentit, rappelant la guerrière à la réalité. Une réalité où la révolutionnaire doit céder sa place à l'héroïne. Une réalité où elle est Wonder Woman, où elle se doit de lutter contre ses instincts les plus destructeurs.
Yara s'élance, donc, bondissant par-dessus les policiers et les gardes du corps, vers l'origine du coup de feu.
D'un geste souple, elle ôte ses vêtements pour révéler sa tenue amazonienne ... Ou tenter, du moins. L'espace d'un instant.
" Puta que pariu... " bougonne-t-elle en se retrouvant engoncée dans son sweat à capuche, qui accroche à son épaulière, réalisant alors le génie ordinaire de ces héros qui privilégiaient les chemises.
Devant une assemblée interloquée, elle avise alors, préférant arracher l'épais haut et son pantalon. Un curieux numéro de transformisme improvisé, qui tranchait nettement avec tout ce que Diana Prince avait bien pu offrir à l'Humanité.
De sa ceinture, elle vient dégainer son élégante tiare, qu'elle vient ceindre dans ses cheveux, en confrontant le regard de tous ces agents de l'oligarchie en place avec une moue accusatrice...
" Oui, alors avant que vous ne disiez quoi que ce soit, j'aimerais bien vous y voir, hein ! " assène l'Amazone ...
Avant de remarquer les caméras de télévision, et de se décomposer presque instantanément en un sourire gêné et des mimiques exagérées ...
" Oh !.. Ah !.. Hé hé !.. Olà Tia ! Regarde, je passe à la télé ! Hé hé !.. Bon, euh ... " Yara gesticule, pointant ses index dans des directions contradictoires, tournant la tête à droite, à gauche ... Avant de se retourner d'un seul mouvement vers la salle de conférence d'où avait émané le coup de feu, " S'cusez-moi, j'dois y aller : Le devoir m'appelle !.. "
Et la nouvelle Wonder Woman s'éclipse en courant vers le lieu du crime, percutant les gardes censés lui barrer la route comme un pilier de rugby, lâchant un hâtif "Désolée !" après le choc.
Yara passe et pousse les spectateurs. Dans son esprit, il n'y a qu'un objectif, une seule nécessité ... Et elle se retrouve face à face avec Karen Starr.
Power Girl.
Une confrontation ... inattendue.
Instinctivement, le regard de la demi-déesse est attiré par une plaie qui ... n'aurait pas dû être là.
Elle était Power Girl, bon dieu !..
" Ah quand même ... Elle a morflé Ayn Rand !.. " commenta l'impulsive spontanéité de l'Amazone, avant que celle-ci ne revienne pleinement à elle-même, pour prendre en charge la situation, et se retourner vers les gardes du corps, " Restez pas plantés là ! Appelez le 911, trouvez une ambulance, je sais pas ! "
Familière des confrontations violentes en milieu urbain, Yara surmonta le défi de la blessure bien plus rapidement que celui de la rencontre avec la victime.
" MEDECIN ! ", héla-t-elle en direction des spectateurs - supposément organisés -, tout en appliquant ce qu'elle pouvait de pression sur la plaie.
Yara n'avait pas la moindre idée de l'utilité de ce qu'elle faisait sur une Kryptonienne, mais elle se devait bien d'essayer.
Ce qui motivait sa question suivante, directement à l'adresse de Power Girl :
" Bon, concrètement, on est censé faire quoi, maintenant ? "
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Re: Dead End Jeu 14 Oct 2021 - 10:10
Le chaos était une arme politique formidable pour qui savait habilement l'utiliser. Il exacerbait les tensions, passionnait l'émotivité, refermait l'attention grâce au prisme de sa fureur. Le chaos était clinquant, perturbant, inquiétant, fascinant. Soigneusement pensé, attentivement orchestré, il devenait un feu maîtrisé et plus efficace que mille discours, que mille effets de manches, que des milliers d'affiches ou de spots télévisés. C'était l'âpre réalité qui se distordait et offrait à chacun une place dans l'aléatoire, pourtant complètement circonscrit, et l'apparent arbitraire de sa violence. "Et si c'était vous ?" ; "Et si vous y aviez été ?" ; "Et si cela se passait près de chez vous ?" semblaient hurler les images, la colère, les échanges de coups et les volées d'armes. "Et si tout ceci, en réalité n'était pas derrière un écran de smartphone mais autour de vous ?" Réflexes primitifs de survie dans des cerveaux disposant d'armes à feu et de véhicules personnels meurtriers.
C'était à dire vrai bien plus qu'une émeute qui dégénérait. C'était plus qu'une P.D.G. victime d'un attentat. Plus qu'un fait divers. Plus qu'une atteinte à un groupe industriel. Plus qu'une masse en colère. Plus qu'une amazone débutante qui fit don d'une entrée de streap-teaseuse débutante dans une soirée étudiante au yeux d'un monde choqué par les évènements.
Les gardes du corps, dépassés, tout aussi surpris que cette jeune cosplayeuse de découvrir du sang de kryptonienne, m'observaient hagard. L'introduction de cette pimprenelle, visiblement fan à sa manière de Diana Prince, ne s'arrangea pas lorsqu'elle fit un point de compression qui enfonçait la balle plus qu'elle ne me permettait de l'enlever. Je serrais les dents, sentant une baisse de tension qui se matérialisa par une pluie d'étoiles filantes noires devant mes yeux. Elle me posa une question qui s'inscrivit dans un calepin mental. Pour le moment, la balle... non, les explosifs... Je...
J'ôtais sa main sans ménagement et pris une profonde inspiration... Cela n'allait pas être drôle. Du. tout.
La kryptonite rendait les chairs de mes semblables - et donc de moi-même -, plus fragiles, un avantage dans ma situation...
- Qu'est-ce... commençai-je en soufflant un bon coup. qui se passe dehors ? J'ai entendu...
Pourquoi je lui disais ça... bon, elle avait une épée qui paraissait authentique et une tenue vaguement héroïque si on oubliait les morceaux de tenue qui s'étaient coincés dans des éléments de son armure.
Appeler un médecin, comme s'il y en avait qui traînait dans le coin... Une de mes mains tenta de se raccrocher au pupitre proche de nous mais le plastique et le bois qui le composait se broya... J'avais encore un peu de ressources, j'allais devoir en faire bon usage.
Je plongeai donc sans trop y réfléchir une main dans ma plaie. Je sentis la peau tirer puis s'arracher légèrement. C'était abominablement douloureux. Je dus faire une pose. Cette saloperie n'était heureusement pas trop loin, mon métabolisme kryptonien avait empêché qu'elle pénètre trop, mais elle irradiait et c'était juste une purge... Je poussai un cri et sentis mes yeux rougeoyer.
Bordel.
Soudain, mes doigts devinrent brûlants... J'avais cette horreur. Le moment encore moins agréable que le reste : le retrait... J'avais envie de vomir, mes bras tremblaient... Un mouvement régulier et maîtrisé m'avait un jour dit Wesley lorsque nous discutions de la seconde guerre mondiale. Wildcat confirmait de sa propre expérience, même s'il avait aussi parlé d'un couteau pas trop émoussé, d'alcool, de désinfectant et d'une pince... Chacun sa méthode. Alan avait surenchérit en expliquant combien la respiration était importante pour ne pas perdre connaissance. Les discussions à la J.S.A. étaient parfois très - trop ? - concrètes. Stargirl avait tourné les talons à ce moment je crois alors que Midnite vantait l'utilité de la médecine et d'une salle bien médicalisée pour ce genre d'opération. Pourquoi je me perdais là dedans déjà ? Ah oui.
Respiration.
Mouvement régulier. Léger pour ne rien déchirer...
Une larme perla le long de ma joue alors que la douleur s'intensifiait, c'était comme de tirer une tige chauffée à blanc de ses entrailles. Brûlant, insatiable, dévorant. J'avais l'impression de tenir du bout des doigts une pierre plus chaude qu'un Soleil alors que ma sueur devenait froide, que ma peau prenait la température du marbre. Seuls mes yeux émettait encore une chaleur que je parvenais à sentir.
Mes dents se serraient si fort que j'aurais bien été en peine de dire si j'arriverais un jour à rouvrir la bouche.
Le petit objet sortit enfin. C'était une belle d'un beau gabarit mais qui avait laissé des morceaux... Autant dire que ça n'allait pas guérir tout de suite...
Le temps de l'envoyer voler dans la salle vidée du personnel à l'exception de garde-du-corps aussi utiles que des ficus qui avaient regardé comme de boeufs toute cette scène. En sueur, je me tournai vers cette jeune fille. Bon sang, maintenant que je pouvais la voir plus nettement, c'était une gamine !
- Il faut évacuer le bâtiment... fis-je dans ce qui s'apparentait à un râle. Il est piégé. Explosifs.
Je me redressai pour essayer de me redonner de la contenance. La blessure suintait encore. J'allai encore être affaiblie un bon moment. Il me restait heureusement assez de réserve pour tenir bon. A condition qu'il me reste assez de sang. Je pointai un regard vers l'arme de la jeune fille. Non, la cautérisation n'était pas la bonne idée. Il me fallait du Soleil. Je commençai à récupérer des sensations. Mes cheveux collés contre mes joues, bouche pâteuse, contact poisseux de mon chemisier imbibé de sang.
Soudainement, un grand fracas se fit entendre. J'usais d'une super-vue un peu mollassonne pour voir les émeutiers défoncer les portes d'entrée du Palais. S'ils pénétraient, le bilan humain serait abominable. Bruit de voitures et de fourgonnettes, les investisseurs et la presse fuyaient par l'arrière. Plus un bruit parasite de la part des terroristes. Je n'arrivais pas à percevoir les ondes qui m'auraient permis de détecter des systèmes de mise à feu...
Un voile noir manqua de me faire mettre un genoux à terre. Respiration. Mon index épingla un garde-du-corps.
- De l'eau... lui ordonnai-je d'une voie rauque.
Mon regard retomba sur la jeune fille.
- J'espère que cette épée ne sert pas juste à faire jolie, lui fis-je avant de saisir la bouteille d'eau que me tendait l'impuissant gorille qui se demandait ce qui se passait, parce qu'il va falloir en convaincre de déposer les armes...
Trois gorgées. Pas plus... mon estomac sembla lutter un instant pour ne pas tout vomir. Ca allait être compliqué...
Dehors, les manifestants étaient dominés par un groupe plus virulent que les autres. Les plus fragiles étaient à terre, le moins valeureux en fuite, mais les cocktails et les armes à feu mettaient la police repliée dans le palais des congères en posture difficile.
Dans les rues qui menaient au théâtre des évènements, des cortèges de voitures de police, d'ambulances et de pompiers défilaient. C'était sans compter sur la Démolition Team qui avait reçu un contrat et des ordres très précis. La première voiture qui chercha à débouler fut reçu par une mine télécommandée qui la propulsa en l'air et défonça la chaussée, semant le trouble dans le déploiement des forces d'interventions. Une nouvelle explosion barra la route aux ambulances. L'effondrement d'une chaussée dans les égouts piégea les force d'intervention rapide du SCPD dont les fourgons blindés s'éventèrent en percutant le béton des égouts dont l'eau s'infiltra bientôt à l'intérieur.
Depuis notre salle de conférence nous entendîmes les détonations.
- Si je doutais que ce soit un piège, maintenant je suis fixée, commentai-je.
Mais on ne tuait pas si facilement une kryptonienne. Encore moins maintenant qu'elle était en colère.
Cassandra Cain
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Re: Dead End Mar 9 Nov 2021 - 12:52
Il y avait de ces premiers contacts qui surprenaient. Ce devait souvent être le cas avec les Kryptoniens. Ça avait véritablement commencé avec les deux gros yeux ronds de Yara quand elle avait senti ses mains se faire dégager sans ménagement de la plaie. Qu'est-ce que Yara aurait bien pu dire ? Qu'est-ce qu'elle aurait même pu faire ? Constater son impuissance n'était jamais vraiment agréable, ne fut-ce que de manière passagère, mais ce sentiment était presque entièrement couvert par le grotesque de la situation.
Elle faisait face à Power Girl ... Et Power Girl était blessée.
Yara aurait bien des choses à dire, mais la réalité avait pris le pas sur tout ce que son imagination féconde avait pu préparer. Il n'y aurait pas de grands discours sur les grandes entreprises ruinant le monde ou sur les espoirs trahis d'une jeune adulte immigrée qui avait fait l'erreur de grandir dans l'adoration d'une fausse idole de plus.
Il n'y avait qu'une gamine qui peinait sérieusement à comprendre les tenants et les aboutissants de la situation.
Elle aurait pu avoir une autre remarque sarcastique sur le mobilier broyé de manière presque comique par un être qui n'avait d'humain que l'apparence - et encore ! -, mais même cela était tué dans l’œuf à la vision de l'opération homérique que l'héroïne entreprit sur elle-même.
La scène, elle-même, était surréaliste, et pas seulement parce que les yeux de la patiente-chirurgienne avaient pris la lueur rubis caractéristique des surhommes cosmiques. Pour l'Amazone, la manœuvre était inutilement et affreusement viriliste. Elle n'avait même pas essayé de demander de l'aide. Elle n'avait même pas pris la peine d'interroger l'assistance.
Est-ce que ça aurait servi à quelque chose ? Dur à dire, mais ça aurait au moins pu empêcher les spectateurs de se sentir aussi inutiles, comme les figurants d'une mauvaise fiction. Les gardes du corps s'étaient bouchés les oreilles quand le cri de douleur de la Kryptonienne avait pulvérisé tout ce qu'il restait de verre, mais Yara était resté, tout à la fois préoccupée et consternée.
Power Girl finit par se relever, titubante, divagante.
Allez savoir si elle remarqua la jeune Amazone qui vint instinctivement la soutenir quand elle manqua de s'effondrer à nouveau.
Power Girl était toujours là, une bouteille d'eau à la main, à la limite du désagréable quand elle venait à juger clairement ses capacités supposées.
" Je sais pas, Karen " se surprit à rétorquer une Yara brandissant ce nom d'emprunt comme une accusation, " Est-ce que tes yeux servent à faire autre chose que la cuisine ? "
La confrontation fut cependant rapidement interrompue par une série d'explosions beaucoup plus puissantes, et régulières. Quelque chose qui avait tout de l'attaque organisée. Quelque chose qu'une bande de casseurs, tout remontés qu'ils étaient, n'auraient pas pu organiser seuls.
Quelque chose qui pourrait convaincre même Yara que quelque chose de mauvais se tramait.
Quelque chose que même le commentaire de la titanide blessée ne suffit pas à relativiser.
Si sa vision ne disposait pas des raffinements passe-murailles du génome extraterrestre, ses autres sens n'étaient pas en reste. A l'extérieur, la Brésilienne pouvait en effet entendre les cris, mais aussi les instructions distinctes des assaillants, et la panique des secours survivants piégés dans leurs véhicules. A cela se liait l'odeur de la peur, et celle, nettement plus particulière, de la poudre et des explosifs haut-de-gammes, de ceux que l'on retrouvait aux mains des mercenaires attaquant régulièrement l'Amazonie.
Qui que soient les ordures qui étaient derrière cette attaque, ils allaient se heurter à une opposition définitivement plus sérieuse que prévu.
Elle avait déjà lâché la blessée depuis un moment, et prit plutôt le parti de se retourner en l'accompagnant d'un moulinet de sa lame, avant de marcher vers la sortie.
" Faites ce que vous voulez, " esquissa la guerrière en faisant craquer son cou, " Piège ou pas, moi, je vais faire rouler les têtes de ces malades. "
Il ne restait dans la salle que les gardes du corps, toujours dans l'incompréhension la plus totale, toujours hagards. Ils étaient parfaitement dépassés par les événements et se rendaient tout juste compte de l'inutilité crasse de leur fonction. Devant la porte, ils montaient encore la garde, comme s'ils auraient pu faire quoique ce soit, aussi bien contre les assaillants que contre Yara.
" Allez, foutez-moi le camp ! Vamos ! " ordonna-t-elle, impérieuse, en les fusillant du regard à hauteur d'yeux, " Vous avez pas entendu votre boss ? Y'a des bombes dans le bâtiment ! Vous voulez que je vous porte dehors ? "
Qu'ils n'écoutent ou n'écoute pas n'allait pas vraiment impacter la résolution de l'Amazone qui avait de toutes façons pour projet de passer au travers et de retourner au plus fort des combat, avec ou sans l'accord de l'assistance.
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Re: Dead End Mar 16 Nov 2021 - 9:50
La gamine était acerbe. Elle restait cependant une enfant qui laissait libre cour à des émotions dangereuses dans de tels instants. Son épée ne cachait pas la puérilité que sa langue dévoilait à l'envie. Autant dire une aide dont je me serais volontiers dispensée. Il fallait cependant faire avec les moyens du bords, aussi dysfonctionnels qu'ils pouvaient paraître. Le monde tournoya un instant et je bloquai ma respiration pour essayer de regagner un peu de calme. En vain, l'autre furie partait au quart de tour.
Elle n'eut pour seule réponse à sa première pique qu'un vague regard en coin. La douleur qui déchirait encore mes entrailles était dévastatrice et surtout surprenante. Je jetais avec ma super-vue un rapide regard à la balle que j'avais jetée au loin... Elle était brisée, montrant des signes d'effilochage qui n'avaient rien d'accidentels. Mid-nite me manquait tout d'un coup. La situation exigeait cependant que je tienne. Tenir. C'était la clef. Tenir. Aux premières explosions, la jeune cosplayeuse se prit un peu trop au jeu mélodramatique que son costume lui insufflait à tort. Ma super-ouïe s'activa malgré moi. Les sirènes, les cris, les explosions...
Les gardes me jetèrent un regard lorsque la Wonder Girl leur ordonna de partir. Je balayais d'une vue défaillante et clignotante les alentours du bâtiment. Une migraine me vrilla l'esprit. Passant une main sur un front qui perlait plus que je ne l'aurais aimé, je leur fis un rapide signe affirmatif de tête.
- Prenez la sortie vers les quartiers Sud, leur indiquai-je.
Synthèse nécessaire alors que les gardes prenaient leur jambes à leur cou : des émeutiers ; un piège explosif ; une fille au sang chaud ; une blessure... Un goût arrière-goût ferreux se rajouta au bruit et la fureur. Réfléchir devenait un calvaire. Arrêter cette fille serait idiot et contre-productif. D'un autre côté la laisser massacrer des émeutiers m'obligerait à l'arrêter tôt ou tard...
D'abord...
D'abord...
Je posai une main sur son épaule. Une main qui dut avoir la lourdeur d'une enclume sous le coup d'un estomac en pleine convulsion.
Il était étrange de voir son sang, non pas que ce soit un spectacle rare dans mon "métier", mais le vomir n'était jamais un signe encourageant, pas plus que de sentir instinctivement sa vue se restreindre, de voir les couleurs s'affadir pour ne plus laisser que le rouge carmin comme seule teinte dominante. Tout était une question de temps. Je tentais de léviter... non... j'allais être clouée au sol temporairement...
- Il faut... je... Ceux qui commandent. Il me faut ceux là... Vivants... comme tous les autres...
Pour la première fois de notre curieuse rencontre je fixai sur elle deux yeux durs, mais pas à son égard. Des yeux décidés même si les soudaines cernes qui prenaient des teinte olives à cause de la kryptonite ne devaient guère être des plus engageantes.
- J'ai entendu une partie de leur communication. Ils sont... à proximité... vue sans doute directe...
Je toussai un moment. J'allais avoir besoin de Soleil Jaune. Ce goût était décidément infâme, je me rinçai rapidement la bouche. Inspiration. Ex...pi...ration.
- Je ne pourrais gérer que les émeutiers. Tu sais voler ?
Je l'espérai sincèrement.
Dans leurs immeubles, la Démolition Team avait enclenché les compte-à-rebours. Trois minutes. Le temps estimé pour que les barricades tombent et que leur tableau de chasse affiche un trophée hors du commun...
[HRP] Une petite réponse avant l'action. [/HRP]
Cassandra Cain
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Re: Dead End Dim 12 Déc 2021 - 18:54
Il y avait peu de moyens de sortir une Amazone de sa résolution sans lui cogner fermement sur la figure ... Mais Power Girl avait réussi à toucher la corde sensible.
Une corde sensible parmi tant d'autres : Yara Flor était certes une demi-déesse aux envergures cosmogoniques, mais elle avait été éduquée parmi les mortels.
" On se tutoie. " réalisa soudainement Wonder Woman, " Wow. La Peegee me tutoie. Moi !.. Tu peux m'appeler Yara ! Mes copines m’appellent Yara ! "
Ne rencontrez jamais vos idoles, disait l'adage, de peur d'être déçu. Pour Yara, la réciproque était vraie, car pour toute idéaliste qu'elle était, pour toute opposée qu'elle soit à ce que portait d'idéaux la Kryptonienne ... Elle restait son idole de jeunesse. Son idole de jeunesse qui lui mettait la main sur l'épaule, comme à une grande amie !.. Ou alors peut-être était-ce parce que Yara était la seule chose à portée de main qui ne s'effondrerait pas à travers les fondations à la première pression sérieuse.
Yara n'était pas facilement impressionnable, mais cette simple constatation suffit à réveiller la jeune fan influençable.
L'espace d'un instant, elle songea même presque à s'excuser pour la remarque sur les yeux. Pour l'allusion à Ayn Rand ...
Mais Yara était Yara, et son intellect transcendant de demi-déesse la ramena à la réalité.
" Par contre Karen, j'ai l'impression que tu me prends pour une blonde là. "
Oui, car Yara ne se contentait pas de rivaliser avec la force d'Hercule ou la vitesse d'Atalante : sa sagacité n'avait rien à envier avec celle d'Ulysse ! Celui qui n'était personne, et s'était illustré par son utilisation sans pareil du bon sens !
Quelle raison aurait en effet pareille héroïne à laisser une inconnue se lancer contre une bande aussi maléfique alors qu'elle avait déclaré vouloir calmer les émeutiers radicaux ? Les émeutiers qui massacraient ses camarades !
C'était indéniable, Power Girl ne lui faisait pas confiance !
" Et pas le genre de blondes à avoir tes attributs, si tu vois c'que j'veux dire. " elle détailla sa vis-à-vis de l'index, " Ou alors ... Si, avec tes attributs, et du coup je suis honorée. Ça m'aide un peu, parce que je complexe de ouf là. "
Yara, qui avait soutenu sans broncher le regard de Batman, qui défiait sans défaillir des monstruosités chtoniennes, baissait le regard devant les valises oculaires de Power Girl. A vrai dire, elle faisait comme tout le monde : elle était prise au piège du décolleté.
" Sérieux meuf, c'est oppressif là, faut faire un truc. Le bâtiment va sauter, t'es en train de caner avec une tronche de déterrée, t'es même pas en tenue ... et j'arrive pas à pas être jalouse... Et pourtant, on me dit souvent que j'ai le melon ! " continua factuellement l'Amazone, au grand mépris de la bienséance, " Porra, mais qu'est-ce que je raconte, moi ? "
Pour toute la sagacité d'Ulysse, Yara avait aussi à lutter contre la cruelle capacité d'attention d'un Xbalanque qui oubliait de s'arrêter sur Terre en revenant des Enfers.
Mais bon, elle avait aussi son talent inné pour les jeux de ballon : la digression méso-américaine était un maigre prix à payer !
Bref, Yara secoua la tête et revint plonger son regard dans celui de Power Girl en gardant tant bien que mal sa contenance.
" Oui ! Du coup ! Alors !.. Voler !.. Je peux ! " se ressaisit la guerrière, en s'élevant du sol un instant pour le prouver, " ... Mais je préfère éviter ... Et puis j'ai Jerry, alors ... "
La jeune femme marqua une pause en levant l'index, pour porter sa main libre à sa bouche et émettre un sifflement strident.
" ... Jerry, c'est mon pégase ... Il met du temps à venir ... Mais du coup, si tu as besoin de voler, il sera très heureux de te dépanner ! ", ou pas, d'ailleurs, l'équidé était aussi volatile que son plumage, " Ce qui me ramène à ce que je voulais di- ... "
Un hennissement résonna dans la rue, précédant l'incursion majestueuse du pégase d'Amazonie à travers l'une des baies vitrées brisées de la salle de conférence.
" ... Et évidemment, la seule fois où je préviens du retard, il rapplique au quart de tour. " commenta la jeune femme blasée, en portant une main à son visage.
Plutôt que d'obliger sa maîtresse par une quelconque riposte, Jerry préféra se poser à côté de Power Girl, en déposant à ses pieds une trousse de secours qu'il tenait dans la bouche.
Une attention qui ne manqua pas d'exaspérer une Yara qui fit de grands gestes consternés vers le sac frappé d'un bâton d'Asclépios, en brésilien dans le texte.
" Ela é Kryptoniana, burro ! Não vai ajudar-la ! " " Elle est Kryptonienne, andouille ! Ça lui servira à rien ! "
Le pégase se fendit d'une réponse, cette fois-ci. Il se tourna vers l'aspirante héroïne en pleine crise de légitimité, et la décoiffa en lui soufflant dessus avec ses naseaux.
Inutile de dire que l'Amazone ne le prit pas avec humilité.
" Ah ouais ? Cês sabem o quê ? " s'emporta-t-elle en pointant tour à tour Jerry et Power Girl du doigt, et en esquissant des pas vers l'arrière, " Démerdez-vous tous les deux ! J'm'en cogne ! Vous voulez jouer au héros ? Allez-y ! " Elle haussa les épaules, avant de dégainer son épée et de pointer l'immeuble qui faisait face à la salle de conférence, au-delà de l'avenue, " Moi je vais chopper les chefs. "Vivants"... Ouais. T'inquiète pas. Gardez la trousse de secours, par contre. Eux, ils vont en avoir besoin ! "
Elle se retourna, et propulsa d'un coup de pied vindicatif une armature de baie vitrée déjà ruinée dans la rue, avec quelques briques adjacentes. Il ne fallait pas être particulièrement sagace pour remarquer la futilité de la chose, surtout avec les fenêtres détruites et en ayant vu Yara voler ... mais il fallait être plus stupide encore pour essayer de le lui faire remarquer.
" ... Et trouvez-vous un manuel d'anatomie, parce que je garantis pas qu'il y aura pas de morceaux à recoller ! "
Elle avait dit tout cela en observant les bâtiments alentours, ouvrant ses sens au moindre signal parasite à même de trahir la présence des cerveaux derrière ce chaos orchestré ... Et repéra finalement un subtil reflet à une fenêtre vers lequel elle s'élança d'un bond surhumain, le genou en avant, sans le moindre instant de réflexion.
Car Yara, indéniablement, avait encore beaucoup à apprendre.
Inventaire : Gants d'Atlas (prêtés par la reine des amazones), décuple la force de leur porteur.
Re: Dead End Mar 21 Déc 2021 - 8:11
Elle parlait trop. Bien trop. Entrée fracassante ; répliques acerbes et maintenant un enthousiasme non feint beaucoup trop affiché. Victime plutôt que maitresse de ses émotions, un jugement sévère pour qui me connaissait. La suite me donnerait encore d'avantage raison. Elle était jeune, comme je l'avais été, mais elle portait visiblement un costume trop grand pour elle. Il perçait, dans son comportement absolu, quelque chose de touchant, si elle n'avait été une femme capable de voler et de porter une épée. Elle paraissait réellement touchée, elle voulait, même si cela n'était pas apparu de prime abord, faire bonne figure.
Maintenant, qu'est-ce qui me fatiguait le plus ? La kryptonite ? La panique environnante ou la logorrhée de la dénommée "Yara" ? C'était difficile à dire. Alors que la situation exigeait concentration et sang-froid, j'avais le droit à une magnifique démonstration de volubilité insouciante et une crise, si ce n'est de lunatisme, au moins d'orgueil blessé et de réactions violentes.
Alors qu'elle essayait sans doute de me dire qu'elle n'était pas dupe de mon petit jeu - l'envoyer loin d'émeutiers civils au profit d'une opposition qu'elle pourrait violenter à son aise dans les limites du raisonnable - elle fit un détour par ma poitrine. Était-ce vraiment le moment ? Je baissai mécaniquement les yeux vers mon décolleté qui, pour l'occasion, était soigneusement rangé sous mon chemisier taché de sang. Pourtant elle se focalisait dessus... Quel monde... Je voulus entrouvrir la bouche pour lui dire que ce n'était pas le moment et que l'on pourrait parler plus tard des soucis de trouver un tailleur capable de faire de la lingerie sur-mesure qui supportait la super-force d'une kryptonienne...
Mais déjà elle embrayait sur sa capacité à voler. Elle savait "mais ne préférait pas". Qu'est-ce que c'était que cette explication ? Puis déboula un... Pégase... Bon sang, il y avait quelque chose dans cette kryptonite ou quoi ? S'en suivit une scène rocambolesque, un échange incompréhensible dans mon état entre la fille et sa monture mais elle le prit visiblement mal. Très mal. Je devais avoir l'air ridicule, les sourcils bas, un coin de ma bouche entrouverte relevé pour comprendre ce qui se passait mais elle s'énerva, presque tout seule. Je voulus lever une main pour lui dire de conserver son calme et d'agir avec discernement mais elle était déjà partie.
Son départ fut comme un tempête de calme après une tornade d'émotions et de paroles contraires et contradictoires. Je soufflai un grand coup. Bon sang, avec une coéquipière pareille l'adversité devenait hautement secondaire.
- Elle est... tout le temps comme ça ? demandai-je à la monture, sans vraiment espérer de réponse.
Je secouai la tête, comme pour évacuer cette scène de ma tête et me concentrer sur l'important. Les cris des policiers résonnèrent dans les couloirs. C'était la débandade. Les émeutiers étaient sur le point de rentrer dans l'édifice. Le bilan s'alourdirait dès lorsque les civils pénètreraient.
Lorsque mon dos se redressa, la blessure se tendit. C'était affreusement désagréable.
- Jerry, fis-je à l'adresse du Pégase, on va devoir soigner notre entrée. La première impression n'aura jamais été aussi primordiale.
C'était elle qui allait déterminer s'ils écouteraient ou non.
J'essuyai le sang qui avait tâché mon menton, détachai mes cheveux pour cacher au mieux les détails de mon visage. J'enlevai mon chemisier tâché de sang, ouvrais la trousse de secours et à super-vitesse me fit un bandage approximatif pour cacher la blessure au mieux. Une veste bien boutonnée et mon manteau par dessus. Cela camouflerait au mieux l'étendu des dégâts.
Première étape : Débouler dans le combat et jouer de la surprise... Débouler dans le combat et jouer de la surprise.
Fragilisée, je restais malgré tout à l'épreuve des balles normales. Je ne devrais donc avoir aucun mal à atterrir au milieu du combat. Si je sortais et me révélais alors mes adversaires feraient certainement sauter toute la structure. On allait devoir passer par l'intérieur pour commencer.
- On déboule dans le combat. Je m'interpose entre les deux camps... est-ce que tu pourrais t'occuper des policiers ? Faudra les évacuer rapidement. On aura peu de temps... surtout si ta maitresse perd trop de temps à découper la tête des opérations...
Un souffle. Douloureux.
- On y va mon grand, focalise-toi sur les policiers, je gère le reste... et si je tombe... tu te concentres sur les policiers.
Je filai alors à super-vitesse. Je n'aurais pas battu Superman ou Flash à un cent mètres mais c'était déjà suffisant pour battre de vitesse des balles et des cocktails molotov.
La police était séparée, une partie dans les vestiaires de consignes une autre dans les escaliers qui menaient aux étages. Les émeutiers montaient les marches du perron et se protégeaient derrière des portières de voitures arrachées ou des boucliers anti-émeutes laissés derrière. Leur formation était quasi militaire. Ils avançaient en bon ordre et semblaient bien se coordonner, je pouvais même entendre certains d'entre eux donner des ordres.
"Une émeute". En apparence.
Lorsque je m'arrêtai, une partie du sol se froissa comme le drap de soie que Teddy mettait par dessus son lit. Pourquoi je pensais à ça ? Ce n'était pas le moment...
Étape une : gagner du temps. J'entendais déjà des commentaires dans les rangs des policiers. L'un d'eux essaya de m'interpeller.
- Préparez-vous à évacuer, déclarai-je à leur adresse.
Je gonflai ma poitrine, sentant ma blessure tirer et saigner.
Les vitres du Hall volèrent en éclat, les portes à battant s'arrachèrent et les troupes adverses durent soudainement s'arrêter pour se plaquer au sol. Les plus proches furent percutés par les structures métalliques qui s'était envolés. Tous ceux et celles qui se planquaient derrière des protection qui offraient une belle prise au vent furent renversés comme des quilles.
Je posai alors un pied qui se voulait triomphant sur les bris de verre qui jonchaient le perron. Tête haute, espérant que la lumière du jour latérale cache au mieux mon état. Je plaquai un poing dans l'une de mes mains et fit craquer mes phalange dans le soudain silence qui avait envahi la bataille.
- Je passe une mauvaise journée, lançai-je froidement, et je suis prête à partager, des volontaires ?
***
La cheffe de la démolition Team poussa un juron lorsque le Hall d'entrée fut soufflé.
- Cible en mouvement, faites tout sauter !
- Visuel sur... c'est quoi ce truc ? commenta l'un de ses hommes.
- Un drone ?
- On dirait une roquette !
Leur supérieure saisit ses jumelles.
- Non...
... c'était Yara Flor...
- Repli ! ordonna-t-elle.
Cassandra Cain
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Re: Dead End Mer 2 Fév 2022 - 0:28
L'Amazone fusait dans l'interstice des artères de la jungle urbaine, direction la façade de l'immeuble occupé par les terroristes à l'origine du chaos du jour.
Le chaos violent.
Non. Le chaos désorganisé.
Enfin, le chaos meurtrier.
Oui, c'était la distinction.
Comme la distinction qu'il existait entre Power Girl et Yara Flor. Deux héroïnes jeunes et jolies, sans peurs et sans reproches, toutes deux énervées, mais avec de subtiles différences.
La principale, dans le cas présent, était le fait que l'Amazone était beaucoup moins reconnaissable. Cela menait à plusieurs interrogations :
Quel était ce truc qui nous fonçait dessus ? Pourquoi il avait de longs cheveux et ressemblait à une étudiante en sociologie ?
Pourquoi est-ce que j'entends une musique de boss ?
La bombe brésilienne enfonça le bâtiment comme un boulet de démolition, dans une tempête de poussière, de plâtre et de bris de verre, laissant derrière elle une marque au moins équivalente à l'intervention d'un drone vindicatif dans une démocratie autoritaire du Moyen-Orient.
Quand la poussière retomba, cependant, il y avait une différence fondamentale : ici, le missile avait deux jambes, deux bras, une armure d'Amazone et des Boleadoras.
" News Flash, les gars. Vous êtes en état d'arrestation. Personne ne bouge ! "
C'était un piège, évidemment. Ils bougeaient déjà. Ils s'enfuyaient.
Ils se fichaient bien de savoir qui était Yara ou ce qu'elle voulait : elle n'avait rien à voir avec leur mission !
... Les grands esprits se rencontraient : Yara n'avait eu aucune intention de faire ça calmement, de toutes façons.
La demi-déesse parut disparaître, alors qu'un courant d'air précéda sa réapparition subite à côté du premier fuyard, qu'elle faucha d'un coup de genou tout ce qu'il y avait de plus irrespectueux. Il en alla de même pour deux autres, quelques mètres plus loin, qui percutèrent le sol la tête la première quand leurs jambes furent arrêtés par une hélice de corde solaire mue par une vie propre.
C'est à ce moment-là que les plus perspicaces comprirent qu'il était peut-être temps d'essayer quelque chose d'autre, et de faire face à leur adversaire.
Manque de chances, ils n'avaient que des armes à feu.
Yara Flor détestait les armes à feu.
Ce qui devait arriver, arriva donc, et un concerto de détonations, plusieurs canons tordus et/ou broyés et quelques fractures/coupes franches plus tard. La zone semblait sécurisée.
Pour autant que la jeune Amazone puisse en dire. Elle avait été plutôt emportée dans la fureur du combat.
Blâmez-la, ils l'avaient cherché, aussi, ces crétins !
" Bem, Blackwater ... Alors, qui c'est le chef, là-dedans ? " Elle posait une question, certes, mais ce n'était guère discernable qu'au choix de ses mots et à la formulation de sa phrase, car le flot de rage de la fille du fleuve Amazone se déversait encore à pleine force ... Avis aux volontaires ! " J'annonce : s'il se dénonce pas tout de suite, j'ai mon super joujou qui brille, là. Je vous le passe autour du cou et vous allez me le dire de toutes façons... Non, vous savez quoi ? allez-y, jouez les durs. J'ai très envie de faire une démonstration. Vous allez voir, la CIA veut le même ! "
***
Est-ce que Yara était toujours comme ça ?
Jerry le Pégase hocha benoitement la tête.
Oui.
La suite allait plaire. Enfin, plaire à Jerry. Peut-être à Power Girl... Pas forcément sûr.
Mais Power Girl avait au moins un rôle pour Jerry.
Jerry n'était tout juste qu'un porte-flingues, pour Yara. Elle refusait quasiment systématiquement de le voir intervenir dans quoique ce soit de dangereux.
Officiellement, c'était parce qu'elle tenait à lui.
Officieusement ? Elle tenait à Jerry. Vraiment. Elle avait déjà essayé, une fois de trop, d'en faire une monture de guerre, au tout début : ils avaient essayé de défier un dieu, et le Pégase avait été laissé pour mort.
Yara avait été dévasté.
Malgré le comportement en apparence exécrable qu'ils avaient l'un envers l'autre, l'attachement était véritable ... Et il allait dans les deux sens ...
Ce qui en revenait finalement à la volonté de Jerry de participer ... Et son empressement de bien faire.
Power Girl était occupée à camoufler ses blessures, à préparer une entrée de super-héroïne, à attirer les balles et les baffes ... Jerry se préparait à remplir au mieux ses fonctions. A "s'occuper" de la police...
A cette fin, il fit montre d'une incroyable dextérité de ses ailes, en sortant des sacoches qui lui pendait au flanc un impressionnant assortiment d'engins pyrotechniques et d'artifices en tout genre ... Ainsi que le téléphone de Yara, qui devait aller avec l'enceinte qu'il avait au cou.
Comprenez l'Amazone, elle était venue à une manifestation pour faire du bruit, et ce n'était pas son premier rodéo. Ajoutez à cela que son sang divin l'épargnait de considérations aussi basses que les gaz lacrymogènes ou autres hématomes liés aux coups de matraques, et vous disposiez de davantage encore de place pour embarquer des vecteurs d'irresponsabilité ...
Vecteurs aux sabots d'un pégase inventif, qui avait appris bien vite que pour faire bouger la Police, il fallait adopter la tactique dite de "l'emmerdement maximum".
Le plus long ne fut pas d'harnacher le chapelet de fumigènes à sa croupe.
Ce fut de trouver le morceau qui allait bien dans les playlists de Yara.
C'était vraiment dur, avec des sabots.
Power Girl était sortie, triomphante, impériale. Incroyable. Une sauveuse.
Jerry, lui, essayait tant bien que mal de juguler son absence de pouvoirs, de cordes vocales ou même de quelconques organes utilisables dans une conversation standard avec un être humain par un incroyable entrain : d'un vif mouvement de mâchoires, le pégase dégoupilla une demi-douzaine de fumigènes de toutes les couleurs, et se mit à hennir en galopant partout dans le bâtiment, en diffusant du Rob Zombie à plein volume.
C'était bien simple : la police allait devoir soit évacuer, soit se débrouiller pour attraper ce foutu cheval géant qui semait un chaos incroyable et les empêchait de faire leur travail ... Dans les deux cas, ils ne pouvaient tout simplement plus tenir leur position et allaient devoir bouger ...
Jerry, quand il le voulait, pouvait être insupportable.
Il avait été à bonne école !
V.S.
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Re: Dead End Jeu 3 Fév 2022 - 8:52
La Demolition Team était principalement une habituée à un justicier : Green Arrow. Bondissant, humain, capable mais limité. Se retrouver face à une amazone en colère, bien entraînée et visiblement sans véritable filtre ne faisait pas partie de leur quotidien ni de leur entraînement de base. Les premières réponses furent donc totalement inefficaces. Armes à feu et repli militaire n'apportèrent qu'une aide très limitée à leur organisation.
Lorsque le poussière et la fureur des premiers échanges - très brefs - retombèrent, la jeune fille hurla et parvint même à se contredire. La Demolition Team n'était plus celle qu'elle avait été. D'abord une bande bigarrée de guignols qui s'étaient pris au jeu du fétichisme d'une époque, elle s'était professionnalisée, anciens militaires, des légionnaires aussi, des hommes et des femmes qui avaient vécus des conflits au quatre coins de la planète gérée par une Rosie qui s'était formée à la belle école de la guerre internationale.
Pour l'heure secouée et à terre au milieu de ses hommes, elle observait, d'une mine semi-interrogative cette fille qui se donnait des grands airs. Encore une crétine en collant et en armure qui croyait tout comprendre.
Elle se leva donc et retira son oreillette en disant.
- C'est l'heure du feu d'artifice donc... c'est moi qui dirige les opérations.
Et elle fixa un regard pétri par les champs de bataille dans ceux de cette impertinente qui pouvait tous les ratatiner. Yara lui faisait peur, cela se sentait malgré tout et elle effrayait clairement tous ses hommes qui n'osaient ni bouger ni parler. Mais Rosie faisait partie de ses humains qui avaient senti plus d'une fois la mort ou les blessures lui tourner autour, elle était préparée à un jour mourir salement et pas dans son lit.
Sa phrase n'avait rien d'anodine car les autres membres de l'équipe répartis dans les autres immeubles comprirent que la ville de Star City allait devoir rebâtir un nouveau complexe.
***
Complexe qui vivait dans un chaos qui rappelait à bien des égards la Corée du Sud au moment de voter une loi sociale. La police beuglait alors que des nuages de fumée colorés et bruyants ruinaient toute leur visibilité. Les forces de l'ordre, débordées par un simple canasson qui paradait comme un dément dans leurs rangs toussaient et juraient à l'envie. L'effet était là et franchement réussi.
J'étais bien passée pour leur dire d'évacuer mais les gradés refusaient de laisser une héroîne venir leur dire quoi faire. Cette ordure de pigeon-cheval par contre venait saloper en beauté leur déploiement. Un homme tenta bien d'attraper un harnais mais n'en trouva pas. Le plus haut gradé éternua un ordre tandis que ses troupes pleuraient à chaudes larmes en critiquant ou saluant les goûts musicaux de l'équidé sauvage.
Sans s'en rendre compte, les policiers en vinrent à sortir par la moindre issue à leur portée pour éviter de rester plus longtemps dans ce cauchemar irrespirable et intenable.
Quant à moi, Power Girl, si je pouvais apprécier de loin le travail de Jerry et ses choix musicaux, je profitai moins que je ne l'aurais espéré de mon petit effet. J'entendais pas super-ouïe des ordres arriver dans les rangs ennemis.
"Elle est blessée. Eliminez-là !"
Et un coup de fusil à canon scié retentit depuis la foule. Les munitions déchirèrent une partie de ma tenue, révélant mes bandages et mon sang. Je fis un pas de côté, surprise autant que déstabilisée. Et l'un des hommes présents hurla de plus belle :
- Mort à l'alien !
Les plus valeureux s'élancèrent. Le premier à portée se prit un coup d'avant-bras dans le ventre qui le renvoya dans la foule. Il ne se releva pas. L'ascenseur émotionnel de la masse changea à nouveau de sens. J'étais peut-être blessée mais j'avais encore de la réserve. Un cocktail Molotov tenta de voler vers moi. Un souffle glacé rapide envoya la bouteille congelée plus loin. Mon sang continuait de couler alors que je ne ménageais pas ma plaie.
- Vous aviez le choix...fis-je d'une voix sonore malgré des relents caverneux.
Ils étaient nombreux mais fragiles. Le tireur était en train de recharger son arme. Je n'allais pas m'user à courir aussi descendis-je les marches, d'un pas décidé. Ceux qui osaient se mettre dans mon chemin finissaient avec un nez pulvérisé, ou des côtes façon puzzle, les autres s'éloignaient pour ne pas dire fuyaient.
Les deux cartouches étaient insérées dans l'arme, le canon s'était redressé dans un déclic qui annonçait qu'il était utilisable. Mais soudainement, deux rayons rouges vinrent faire fondre le métal scié. L'homme eut le réflexe de balancer son fusil avant que les munitions n'explosent.
Il tenta une fuite mais, implacable, l'une de mes mains l'attrapa. J'arrachai le masque à gaz qui lui recouvrait le visage pour mieux fixer son regard.
Werner Vertigo...
- N'y voyez rien de personnel... me lança-t-il en souriant.
Soudainement, le sol parut glisser, pour moi comme pour le reste de la foule, à l'exception d'un autre homme qui sortit un boomerang et le lança dans ma direction. En tant normal j'aurais pu l'arrêter mais l'arme de métal vint me percuter une tempe alors que ma main se fermait sur du vide. Cela ne m'assomma pas mais la douleur était réelle.
La balle de kryptonite, des explosifs, Vertigo, Boomerang... Waller m'avait sorti tout son Suicide Squad...
- Vous allez morfler...
Une ombre passa dans la ciel.
- HEEEEEEELL YEAH ! lança un Kite-man au mieux de sa forme.
Un étrange grappin vint attraper mes jambes alors que je cherchais un point d'appui. L'effet vertigo faisant son office, je me sentis décoller. Le décor glissa autour de moi et je me retrouvai de nouveau dans le complexe évènementiel. Kite-man décrocha son grappin et vint se poser parmi ses pairs.
Les explosifs de la Demolition Team s'activèrent alors et tout devint aussi brûlant que l'intérieur d'un volcan. De multiples explosions pulvérisèrent les piliers porteurs, les issues de secours furent toutes coupée, des colonnes de feu envahirent les couloirs et des incendie éparses léchèrent les structure de bois. Le toit s'affaissa alors que son poids poussaient les murs extérieurs. Les systèmes incendies vomir en vain des litres d'eau tandis que les canalisation explosaient sous la pression. Dans une chorégraphie maîtrisée, le bâtiment s'effondra parfaitement. D'énormes pans de béton vinrent s'écraser contre mon dos, je sentis des barres d'acier se tordre au contact de ma peau, laissant des marques et une profonde douleur. La poussière vint m'étouffer et m'empêcha de garder tous mes esprits. L'une de mes mains voulut bouger mais déjà un pan de mur vint la clouer au sol.
- Et voilà comment on tue une kryptonienne, lança Digger en rangeant ses boomerangs.
***
Rosie continuait de toiser Wonder Woman alors que le bâtiment plus loin partait en fumée.
Entra alors un autre homme, celui qui avait tout orchestré avec Amanda Waller : Clifford DeVoe, alias Thinker.
- Je m'étais plutôt préparé à affronter une Kryptonienne ma chère, mais l'adaptation est la clef de la réussite, lança-t-il avant de projeter une vague mentale vers cette jeune et fougueuse héroïne. Nous ne devions ramener qu'un seul cadavre, mais un de plus ou de moins...
Et il ricana comme il savait si bien le faire.
Rosie sortit alors un pistolet à décharge électrique fait pour assommer Power Girl...
Cassandra Cain
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Re: Dead End Ven 4 Fév 2022 - 16:32
Yara avait l'air vindicative, en ajoutant ses boulets magiques comme une écolière laissant traîner sa corde à sauter. Chaque effleurement, chaque passage au sol des bolas générait de petites gerbes d'étincelles et un grondement électrique qui n'avait rien de naturel, pas plus que l'odeur de brûlé et les traces cendreuses laissées derrière.
" Perfeito ! Vous voyez ? C'était pas si compliqué !.. C'est dingue le temps qu'on perd en formalité ! "
Ils étaient tous prostrés, effrayés, attendant la suite des événements. Ils s'en remettaient à leur cheffe, la seule qui semblait suffisamment courageuse pour prendre la responsabilité des actions de son groupe.
C'était louable, et haïssable.
Une bande de suiveurs peureux aux ordres d'une cheffe charismatiques aux ambitions effroyables. Une de plus.
Une femme trapu à la carrure intimidante, de ce genre de femmes qui avaient certainement dû s'imposer dans un milieu absurdement viriliste. Une femme dont l'histoire et le parcours auraient probablement intéressé Yara, s'il n'avait pas abouti sur cette série d'événements précis ; sur cette attaque inique contre une foule d'innocents, sur cette instrumentalisation d'une colère qu'elle - avec toute la suffisance de la jeunesse - estimait légitime et nécessaire.
" Si j'étais toi, ma grande " ironisa la jeune femme, dont la stature d'Amazone lui conférait au moins une tête de plus sur son adversaire, " Je reverrais mes punchlines, parce que le feu d'artifices, c'est plutôt moi qui le ... "
Le trait d'esprit de l'héroïne fut interrompu par une déflagration.
Évidemment.
Si Yara avait connu la Demolition Team, elle aurait pu prévoir un tel cas de figure. Si Yara avait été au courant du plan des grands malades qui avaient tenté d'assassiner Power Girl, elle aurait pu se raviser, et construire une stratégie en amont ... Mais ce n'était pas le cas.
Ici, Yara se confrontait au réel, et dans le réel, si les méchants n'avaient pas toujours une présentation impeccable, ils ne décevaient jamais pour mener d'horribles plans à exécution ... Même dos au mur.
" JERRY ! " cria la Wonder Woman du jour, conquise par la surprise.
La très désagréable surprise.
Elle se précipita contre la fenêtre soufflée pour observer les décombres fumants du centre de conférence, le souffle court et les larmes pointant déjà aux coins de ses yeux.
" Porra ! porra porra porra ... "
L'assurance avait disparu, l'allure et la stature involontairement royale propre à ces héroïnes qui se réclamaient de Diana Prince aussi.
Il ne restait plus qu'une Yara Flor, à genoux devant la fenêtre, tout aussi dévastée que le bâtiment qui captait son attention.
" Qu'est-ce que vous avez fait, espèce de malades ?! " s'emporta-t-elle finalement, après s'être relevé pour confronter la démolisseuse.
L'arrivée d'un nouveau vilain bigarré au couvre-chef saillant ne fit qu'ajouter à sa confusion, si ce n'était même à sa colère. Yara n'était plus capable d'entendre ou d'interpréter le message qu'il lui assénait. Tout fonctionnait au ralenti, du mouvement de ses lèvres à ce rire maléfique.
Elle était restée au choc affreux de cette explosion ... Et au choc de la perte de Jerry.
Peut-être, d'ailleurs, que ce fut l'erreur du Thinker.
S'acharner sur une bête blessée. Penser qu'une simple onde mentale suffirait.
Oh, c'était efficace. C'était douloureux ... Mais c'était aussi bien trop commun, pour Yara, qui commençait à trop bien connaître cette sensation. Cette ... Insulte à la dignité humaine.
Peut-être que le Thinker s'imaginait qu'une simple saturation de l'esprit de cette jeune femme en combinaison moulante suffirait. Peut-être qu'elle ne serait qu'une de ces jeunes sottes à pouvoir qui pensaient pouvoir s'élever au niveau de leurs idoles ; pensaient pouvoir affronter des adversaires qui nécessitaient une grande préparation aux héros expérimentés.
Peut-être, oui, mais le Thinker avait fait une erreur cruciale.
Il avait pensé que ne pas avoir à affronter directement sa Kryptonienne de cible lui offrirait une journée libérée de toute véritable épreuve.
Il était comme beaucoup trop de ses semblables, qui érigaient les Kryptoniens en mètre-étalon absolu, comme s'il n'avait existé que les Humains et les Kryptoniens ... Que la seule véritable préparation nécessaire était celle qui permettait d'arrêter un Kryptonien. Que la seule solution au problème Kryptonien serait forcément absolue contre n'importe quel autre menace.
Manque de chance, Yara n'était pas une Kryptonienne, et elle ne surestimait pas non plus ses capacités.
L'adaptation était la clé de la réussite, Clifford DeVoe avait raison.
Mais ce que Clifford DeVoe était en train de faire n'était pas de l'adaptation, c'était de l'improvisation.
Oui, Yara ne résisterait probablement pas aussi bien aux balles, aux explosions ou aux dommages.
Certes, Yara ne l'enverrait pas aussi facilement dans la galaxie voisine.
Yara ne lui couperait pas la tête d'un regard incendiaire.
Mais Yara n'en était pas moins une demi-déesse Amazone, issue d'un panthéon oublié des sociétés civilisées.
" Tu n'es pas... prêt. "
On n'improvisait pas la confrontation avec une Amazone, pas plus que l'on n'improvisait la confrontation avec un Kryptonien ...
Car, contre toutes attentes, Yara s'était relevée, à nouveau ... et elle avait l'air énervée. Proprement énervée.
Si la Demolition Team l'avait crainte auparavant, l'évolution de la situation n'allait pas tarder à faire régner un âcre fumet de selles dans cette salle.
Rosie appuya sur la gâchette, et les électrodes fusèrent dans l'air en laissant derrière elles une trainée verte qui faisait deviner leur cible initiale. Le tir était parfait, académique, en plein abdomen ; center mass, comme l'appelait les tireurs anglophones.
Un éclat cristallin vint confirmer une image impensable : les crochets de l'électrode avaient rebondi sans le moindre effet contre la cible... Ou plutôt, contre les renforts de celle-ci. Des renforts de métal magique qui se fichaient de toute l'autorité que les pointes en kryptonite ou que l'alliage expérimental auraient dû avoir dans le monde des Hommes.
Une fiche plantée au sol et l'autre au plafond, le pistolet électrique anti-kryptonien montra l'étendue de ses capacités en envoyant des éclairs impressionnant le long de ses câbles, puis en provoquant même plusieurs départs de feu dans les transformateurs électriques du quartier, qui n'avaient pas été prévu pour recevoir ce genre de voltage.
Yara, beaucoup moins portée sur la chose technique, agrippa simplement les câbles et tira d'un coup sec, pour venir réceptionner la riveteuse avec un bras tendu en corde à linge.
La pauvre humaine assommée, la demi-déesse courroucée se tourna vers le Thinker.
Toute l'énergie consacrée à frapper son esprit et à rendre son fonctionnement douloureux avait eu le vicieux effet de focaliser les efforts de l'Amazone vers une action terriblement simple pour les êtres de sa nature ... Chaque nouvelle offensive ne faisait qu'éplucher davantage toutes les autres fonctions de sa conscience que la douleur focalisait vers une volonté unique et tranchante.
Yara avança vers Clifford, inexorable, l'expression vide de toute substance mais le regard empli d'une rage chtonienne. Elle se saisit du vilain rigolard par le cou et l'ôta du sol avant de le plaquer contre le mur. Le mentaliste put réaliser combien l'esprit était dépendant de la matière quand il se mit à suffoquer ... Puis quand il put entendre - et sentir - les cartilages et les os de son cou se comprimer et commencer à céder. Des ongles aux allures de serres creusaient des sillons sanglants dans sa chair, alors que tous les ondes qui lui parvenaient de cet esprit si vulnérable n'étaient que l'inexorable rappel de ce qui l'attendait ...
... De la volonté qu'il avait réduite à un seul commandement. De l'esprit qu'il avait essayé de briser ... avec trop de violence ...
Et puis, soudainement, la pression disparut.
Son assaillante, ce monstre, fut prise d'une crise de tremblement inattendue.
Yara s'effondra, inconsciente, la bave aux lèvres, encore parcourue de spasmes occasionnels.
Derrière elle, prostré dans le coin de la salle, un Hardhat aux mains peu assurées tenait un autre pistolet électrique. Son tir avait touché l'arrière de la cuisse nue de l'Amazone, sans protections.
" J-... J-... J'avais pas accepté de me battre contre ce genre de trucs ! "
Inventaire : Gants d'Atlas (prêtés par la reine des amazones), décuple la force de leur porteur.
Re: Dead End Mer 9 Fév 2022 - 22:03
La police de Star City qui avait tenté d'escalader ou de contourner les obstacles que la Demolition Team avait dressé devant eux s'était ravisée lorsque tout le complexe évènementiel s'était effondré. Les hélicoptères déployés noyaient le commissariat et la cellule de crise montée à la hâte de messages et de descriptions toutes plus inquiétantes les unes que les autres. On parlait de super-criminels de sortie, d'une Power Girl disparut et d'une affaire de building proche dont la façade avait été ravagée par une jeune femme pour le moment non identifiée. Les policiers qui avaient évacué le bâtiment plus tôt étaient à Terre et toussaient ce qu'ils pouvaient encore. Ils avaient échappé au pire.
C'était le chaos dans la ville de l'archer vert, pour changer. Les habitants des barrettes d'immeuble proches étaient collés à leurs vitres à admirer le triste spectacle. Les smartphones et les caméras se braquaient sur la scène. Les réseaux sociaux inondaient de leur vanité les esprits qui lorgnaient sur leurs fils d'actualité sans vraiment savoir si tout ceci était vrai ou faux. Aux "Mon dieu", "Fake" et autre "LOL" qui ponctuaient les conversations dématérialisées, il y avait des bots et des machines qui enregistraient les nouvelles. Une partie allaient directement sur l'un des soixante écrans du dernier étage de GG Media où le PDG se délectait du spectacle et une autre partie allait directement sur l'ordinateur d'Amanda Waller qui observait sans aucune émotion la scène.
Jusqu'au moment où une vidéo commenté d'un "Là, c'est incroyable" vint déranger la chorégraphie soigneusement orchestrée par le Thinker et sa cheffe bien aimée. Elle montrait une chose pourtant peu spectaculaire : un bloc de béton qui bougeait.
Puis un autre...
Vertigo se mit à léviter pour aller se confronter à celle qui avait l'outrecuidance de survivre. Boomerang s'arma et Kite-man s'apprêtait à démarrer ses réacteurs dorsaux.
Prendre une kryptonienne de vitesse nécessitait une belle préparation, une soigneuse coordination et une bonne dose de courage matinée d'inconscience.
De sous mes gravats, le corps en feu, quelques côtes cassées, un mal de tête gratiné qui me donnait envie de vomir, une vue qui peinait à garder le bon niveau de visibilité, je pensais sincèrement que seul un miracle pouvait me sauver. C'était avant que je prenne une grande goulée d'air empli de poussière de béton. Avant que l'un de mes poings ne se ferme, avant que ma vue à rayon-X voit trois clampins qui se gargarisaient de leur belle réussite, avant que ma super ouïe n'entende leur rire et leur autosatisfaction.
Ils pouvaient être heureux. J'étais affaiblie.
Ils pouvaient se féliciter. Je n'avais rien vu venir.
Ils pouvaient me croire morte. Je le crus un instant aussi.
Le béton était lourd, comme le serait pour un humain une dizaine de meubles en bois massif. Quelques tiges de métal me gênaient. L'une d'elle avait trouvé le moyen de pénétrer ma plaie infectée de kryptonite. Pierre qui continuait de faire des ravages dans mes entrailles. J'étais abrutie pas l'effet rayonnant de ce misérable morceau de cailloux. Sonnée par le contre-coup de l'explosion. Anesthésiée par la douleur.
Dans ce genre de cas, tout n'est plus que réflexe. Sortir. Fuir... Mais vers où ? Alors que je tâchais de me relever en soulevant les étages de décombres qui m'enterraient, je considérais quelques idées. Mon appartement... la forteresse de solitude... la pizzeria du coin de la rue... Yara... Merde, la gosse !
Je parvins enfin à me tenir sur un genoux alors que la masse de roche et de métal se fendait dangereusement sous l'effet de ma force. Deuxième genoux.
Au-dessus, ça s'agitait. Werner Vertigo ricanait en disant qu'il lui fallait juste un visuel et que j'étais perdue.
C'était un cauchemar. Tout paraissait soudainement très... trop lourd. Mes jambes tremblaient, mes bras paraissaient aussi durs que la matière que je tentais de déplacer. Ma plaie brûlait, ma tête était sur le point d'exploser, mon estomac convulsait sous l'effet de mes muscles contractés.
Je soulevais une pauvre tête vers la position approximative du Suicide Squad que ma super vue épileptique acceptait de me montrer. Vertigo... les autres seraient faciles... En fait non...
Concentration... un décollage c'était d'une simplicité enfantine... une partie des ruines que je soulevais craquèrent et glissèrent autour de moi. Allez, c'était maintenant ou jamais !
Kite-man s'apprêtait à décoller lorsqu'il entendit le bruit le plus improbable dans une ville comme Star City. Des bruits de... sabots ? Une aile, style pigeon démesuré percuta son aileron dorsal et le déséquilibra. Boomerang tourna une tête curieuse et se jeta hors du passage de ce truc vaguement blanc, coloré par les fumigène qu'il avait utilisé précédemment. Werner vertigo se demanda ce que beuglaient ses deux collègues. Une seconde d'inattention de trop alors qu'il sortait un "J'l'ai déjà vu non ?".
Les roches qui me recouvraient volèrent comme si un volcan entrait en éruption dans le cœur des décombres. Je jaillis en tanguant, soulagée de ce poids qui disparaissait de mes épaules. Tout était trop flou pour faire sens, seule cette tâche verte et jaune qui se surnommait Comte Vertigo paraissait prometteuse. Le membre du Suicide Squad n'eut pas le temps de choisir s'il devait faire attention au Pégase ou moi-même. Une rafale, courte et peu impressionnante mais douloureuse malgré tout surgit de mes yeux et toucha une partie de son corps, sans doute son épaule, à moins que ce ne soit son torse... en tout cas il poussa un cri et tomba de sa position lévitante. J'avais dû le toucher...
Ce qui fut clair, c'est qu'un truc ailé, visiblement surexcité vint à ma rencontre. Jerry. Voilà, c'était ça... Jerry.
- Je ne sais pas ce que tu aimes manger... fis-je la bouche pâteuse et l'esprit hagard. ... mais je t'en offrirai autant que tu veux...
Je m'accrochai à lui et grimpais en m'aidant de ma capacité à voler pour rejoindre son dos. Un boomerang approcha, son sifflement caractéristique me fit souffler dans sa direction par réflexe. L'objet vola plus loin... je crois. En tout cas il ne nous toucha pas.
- Ta maîtresse... commençai-je...
Sa maîtresse...
Enfourcher des chevaux ne faisait pas partie de ma formation. Je volais, pouvais tenir sans oxygène dans l'espace, je courrais presqu'aussi vite qu'un Flash faire-play, aussi l'équitation avait toujours été très superflue. Je préférais les véhicules plus... mécaniques et la technologie. Sentir une chose vivante entre mes cuisses ne me rassurai pas des masses... Sentir cette chose décoller en bandant des muscles qui s'agitèrent dans mon entre-jambe n'était pas agréable.
Le monde était flou... de plus en plus flou, du genre qui ne distinguait plus les nuances. Je sentis ma tête se reposer sur l'encolure de cette bête qui sentait le gaz lacrymogène, la sueur et la poussière. Il était chaud des efforts fournis jusqu'ici. La blessure me brûlait atrocement. Je sentis des larmes contre mes joues. Mes bras ne répondaient que sporadiquement, mes jambes paraissaient aussi inanimées que celle d'un pantin.
Derrière nous j'entendis un cri et des réacteurs. Kite-man...
Je n'eus pas le courage de relever la tête... Bon sang, faite que cette monture soit... une volée de cerf-volant se déploya autour de nous, chacun portait des trucs avec des lumières rouges, probablement des explosifs. Oh... non...
Par réflexe mon buste se redressa et je soufflai autour de nous. C'était moins impressionnant que prévu, comme un gros soupir qui portait un puissant "ça m'gonfle" mais cela déstabilisa les inventions de cet abruti qui nous suivait. Ces cadeaux explosèrent plus loin dans une symphonie que mes oreilles ne me transmirent qu'au travers de trente centimètre de ouate tant le bruit paraissait lointain.
A grand peine j'enlevai les restes de mon manteau et le jetai derrière nous pour obliger l'autre abruti en vert et jaune à faire un écart. Lorsqu'il fini sa petite vrille, il vit trois rayons sporadiques de laser brûler la toile de son parapente personnel. Il finit une série de "nonnononononon" alors qu'il perdait dangereusement de l'altitude.
Je me retrouvai maintenant étalé sur Jerry, la tête sur sa croupe, étalée comme une larve... Ces coups d'aile ballotaient mon mal de crâne. Mon estomac était vide, pourtant il cherchait encore à rendre quelque chose.
Soudainement, nous nous retrouvâmes dans une pièce qui n'avait plus rien d'un décor extérieur.
Le cheval fit un mouvement étrange qui me donna un surplus d'adrénaline. Je tombai au sol. Un type lança un :
- La kryptonienne !
Et un type avec un chapeau pas possible fit avec une voix rauque, comme si on lui avait broyé la trachée :
- Arrêtez-la !
- Où est mon flingue ?! fit le premier.
Je tournai la tête vers le corps inanimé de Yara Flor... Oh non...
Mes yeux s'illuminèrent alors instinctivement. Je ne comptais pas laisser ma peau dans cette pièce. J'entendis un juron. Ce n'était pas le moment de flancher... Le dos au sol, je soulevai pathétiquement le cou. Ma tête parut vouloir exploser. Thinker sauta à terre tandis que les autres reçurent de plein fouet un arc de cercle brûlant. Pas mortel mais un bon séjour à l'hôpital quand même.
Je voulus me le ver et poser une main rassurante sur Yara... à la place je m'effondrai sur elle sans aucune délicatesse. Ce qui revenait grosso modo à lui jeter un parpaing sur le dos...
Et... plus rien...
Cassandra Cain
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Re: Dead End Jeu 26 Mai 2022 - 13:11
" Regardez, dans le ciel ! "
" C'est un oiseau ! "
" C'est un avion ! "
" C'est Su... Nom de Dieu, ça vient de me chier dessus ?! "
C'est Jerry ! Opiniâtre visiteur d'une contrée lointaine arrivé aux Etats-Unis avec des capacités dépassant de loin celles des simples chevaux !
Ou oiseaux.
Ou même autres pégases. Car les autres pégases n'étaient pas Brésiliens, não senhora !
Et les autres pégases ne réagissaient pas à l’appellation vulgaire de volatile en se soulageant sur les malheureux spectateurs.
Une créature mythique surgie du fond des temps, acolyte fidèle de la Wonder Girl des temps modernes ! - N'allez pas dire à Yara qu'il pense cela, elle serait profondément blessée. -
Fieffé guerrier par lui-même compensant son absence d'appendices préhensiles par une savante alchimie de détermination, de courage et d'ingéniosité. Un être capable à lui seul d'agir pour le Bien, la Justice et la Vie ! Un Héros prêt à tout pour empêcher la vilenie de triompher en ce jour moribond !
Et surtout, une grosse bestiole de plus d'une demi-tonne qui enchaîne un piqué de Stuka sur une charge de Panzer dans la pure tradition éclaire de la plus célèbre diaspora brésilienne d'après-guerre.
" Bon, bah je crois qu'on l'a eu ! "
" Ah ben ça fait moins la maligne quand ça s'est pris un caillou vert ! "
" Allez, hop, on emballe ! "
" HELL YEA- ... -YAOUCH ! "
" CRIKEY ! C'est quoi ce truc ? "
Ce truc, c'est un cheval ailé d'ascendance olympienne qui vient de rappeler les dangers de la corrida à un Kite-Man trop sûr de lui et de sa voile bariolée. Non pas qu'elle ait été rouge, mais c'était trop tentant ... Et puis ça apprendrait à ce clown à choisir des cerfs-volants comme accessoire.
Pourquoi diable les humains choisissaient-ils les objets et animaux les plus improbables comme totems ?
Enfin, son objectif était pour l'instant tout autre. Son binôme était à terre, aussi bien métaphoriquement réellement. Ce qui était cocasse, pour une Kryptonienne, c'était à noter. Amateur éclairé de télévision, Jerry n'avait été que trop bercé par les exploits de l'illustre cousin de Power Girl pour ne pas saisir l'ironie.
Las, il restait encore fort à faire, et notamment à extraire la bonne dame de ce carnage, parce qu'à voir les rayons pâlichons qui lui sortaient des yeux, elle n'était pas au mieux de sa forme.
Les bonnes dames, en l'occurrence, mais la priorité allait à celle qui était déjà blessée.
Et polie, surtout.
" Reeeeeeee ! " piaffa la bête loquace en jouant des sabots et en déployant ses ailes, alors que le gros loustic se vautrait douloureusement derrière lui.
Des explications et une invitation qui trouvèrent comme réponse une ... tentative de motivation par pitance interposée.
Ah, bon. Les Kryptoniens ne parlent pas aux animaux. C'est noté.
" Reeeeeee ! " s'adapta-t-il en baissant les ailes pour présenter un appui à l'héroïne. Il fallait dire que Jerry était aisément corruptible par la nourriture bien - Power Girl le découvrirait bien assez tôt - qu'extrêmement high maintenance dans ce domaine.
Il y eût une référence à sa "Maîtresse" que Jerry laissa glisser avec un "Reeeee !" plein de diplomatie sur les relations d'interdépendance qui existait entre lui et Yara.
Et puis il s'envola d'un battement d'ailes dans une colonne de poussière, de cendres et de débris, forçant l'assistance à s'accrocher pour ne pas être soufflé et laissant la Suicide Squad dans l'expectative : Est-ce que c'était un cheval ailé qui était venu chercher Power Girl ... Ou un foutu avion de chasse ? Parce que ça ne faisait pas ce genre de décollage, normalement, un volatile !
Enfin, Hawkman, si. Peut-être était-ce un cheval thanagarien ?
Toujours était-il que c'est un Kite-Man courroucé qui s'élança à la poursuite de l'équidé à l'impressionnant répertoire de manoeuvres et à l'agilité terrifiante, n'hésitant pas à partir en vrilles ascendantes ou à raser le flanc des hélicoptères, quasiment à angle droit, pour semer la chasse.
Chasse qui se retrouva finalement neutralisée par une bordée lâchée par sa passagère. Ca changeait des risques d'emberlificotage dans des filins de Boleadoras, notez.
La bonne chose faite, Jerry corrigea sa trajectoire pour fondre sur la dernière position de la voix de Yara, dans un curieux plongeon sabots en avant, se terminant en dérapage stylisé qui libéra Power Girl, et le laissa se pavaner avec une posture digne d'une présentation héroïque de dessin animé japonais ...
... Probablement la faute à la télé.
Il y eût une nouvelle attaque de Power Girl qui, pour être honnête, ressemblait plus à un pointeur laser en fin de vie qu'à une héroïne interplanétaire, et puis une riposte inique des vilains encore debout, la neutralisant sans coup férir.
" Reeeeee ! " réagit un Jerry courroucé.
Car oui, il avait Power Girl, et il avait vu Yara.
Et il n'aimait pas.
La maigre assemblée, occupée à éteindre le feu qui commençait à prendre sur leurs tenues, se demandait bien ce qui prenait le volatile. Ils se lancèrent la balle à tour de rôle pour mettre un terme à ses souffrances.
L'un d'eux s'y résigna, s'approchant de Jerry tout en l'insultant en termes ampoulés, tout en levant une main vers lui, et une autre sur son crâne.
Il y eût des cris de surprise, de douleur, de rage. Des coups de sabot, aussi. Une panique générale pour tenter de recharger les armes, en tâtonnant, alors qu'un énorme cheval se mettait à distribuer des roustes inattendues.
Ils auraient pu avoir affaire à un jaguar, pour ce qu'ils en savaient. C'eût probablement été moins douloureux.
Toujours était-il qu'à peine débarrassés de deux furies dangereuses mais prévisibles, l'équipe était désemparée de trouver une foutue bête sauvage.
Une bête sauvage qui, par-dessus le marché, profita de la confusion pour embarquer Karen Starr et Yara Flor sur son dos, partant dans une folle ruade pour s'extirper de l'embuscade malheureuse par la même issue qui l'avait vu entrer ...