A jamais [Nightwing]

Amusement Mile.
Après plusieurs mois de travaux, le parc d'attractions a finalement rouvert, et il faut dire que les lumières festives éclairant à nouveau les eaux de North River font plaisir à voir, quoiqu'en disent les citoyens les plus revêches. Mais ça se comprend. Plus d'une décennie en arrière, le coin avait de quoi faire frissonner. Aujourd'hui, et bien heureusement d'ailleurs, les rires et les cris de joie des enfants ont pris la place de ceux de bien sinistres clowns...

Et tout cela, on le doit au nouveau directeur du Haly's Circus, moteur du renouveau de cette zone auparavant désolée de Gotham: Richard John Grayson-Wayne, le discret premier pupille du célèbre et richissime Bruce Wayne.
Pupille qui est aujourd'hui sorti en plein jour pour offrir à Gotham une petite lueur d'espoir. Un peu de loisirs. Un phare encore chancelant de divertissement. Enfin, une grande roue, plutôt ! Qui toise les toiles de tentes de son ampleur, ainsi que les visiteurs ébahis par la transformation du lieu. Mais comme toujours, les affaires importantes se passent dans l'ombre. Une ombre que Richard ne connaît que trop bien. Grâce, ou à cause peut-être, de la personne qui l'a élevé. Car le fils chéri de Gotham n'est pas qu'un play-boy au train de vie extravagant, non. Il est aussi en secret le Batman, le héros légendaire de la ville ! Et Richard, son premier sidekick, le Boy Wonder Robin ! Surprenant, non ? Dynamique, en tous cas !
Avant que son indépendance n'acte sa métamorphose en Nightwing, héritier du Chevalier Noir.

Ils entretiennent tous deux une relation forte, mais souvent tendue.
Adoucie par le temps et les efforts de chacun.
Adoucie aussi par la mort de Bruce, à la Maison Blanche.
Et son retour, ressuscité par le Lazare.
C'est pour cela que Dick a proposé ce rendez-vous.
C'est pour cela qu'il sort de ces ombres amies, vêtu de sa tenue "du soir", noire et bleue.
En souriant, ravi de distinguer cette silhouette familière.

- Rajeuni, mais toujours prévisible. Va falloir revoir tes approches.

Il s'avance, d'abord en tendant la main, assez protocolairement.

- Bruce.

Mais non.
Une poignée de main ne suffirait pas à dire tout ce qu'il ressent.
Il faut plus, beaucoup plus.
Alors Dick, entre deux souffles, écarte grand les bras et enserre son père. Son mentor. Son ami.


Pas longtemps.
Parce qu'il sait que Batman n'est pas amateur des effusions d'affection.
Mais il ne peut pas résister.
Et quand il rompt l'étreinte, un petit soupir s'échappe de ses lèvres.

- Bon sang, ça fait du bien de... que... ouais. Ca fait du bien.

Il n'y arrive pas.
Dire que c'est bon de pouvoir le toucher, le serrer, même après avoir pleuré sa perte.
Impossible à formuler, même pour lui, pourtant habitué à l'art de la bonne tournure de phrase.
Il ne peut pas, parce que c'est trop dur.
Alors il inspire profondément, et se retourne vers les mille couleurs du cirque et de la fête foraine, des lumières plein les yeux.

- T'aimes la vue ?

Dick revoit encore l'endroit, avant les travaux, avant les jolis stands, lorsqu'il a dû venir en civil pour convaincre de la faisabilité de son projet. Au milieu des tentes délabrées, salies, puantes. Au milieu des panneaux inquiétants. Difficile entreprise, tant l'attractivité d'Amusement Mile était basse. Mais tant de misères avaient eu lieu là-bas, tant d'horreurs qu'il était tout bonnement impossible de laisser une telle plaie ouverte au cœur de Gotham, un tel gâchis se faire.

Souvenirs, souvenirs:

C'est assez.
Dick le sait, Dick le sent. Il a assez taquiné son ancien mentor, miraculé. Hors de question de gâcher ce moment avec une petite blague en trop, ou une pique trop assaisonnée. L'instant est à savourer, d'autant plus que Bruce parle ! Il parle ! Le Puits de Lazare lui a appris à s'exprimer, au lieu de ronchonner à la moindre occasion. Un véritable sport, à ce niveau là. Ce changement est plus qu'appréciable. Il est bon.
Tellement que Dick accepte même le retour de bâton, le trait d'humour, exceptionnel venant de Batman. Il en sourit, et répond, dans un français parfait:

- Touché.

Si les compliments le touchent, réellement, la suite remue la fange, fait remonter la boue à la surface paisible de l'étang.
Ce n'est pas grave.
Car la question est légitime, et Richard sait qu'une fois close, cela lui retirera un véritable poids du cœur. Un fardeau en moins ! En attendant, il doit à nouveau plonger les mains dans de vieux, vieux souvenirs. Pas les plus agréables, en plus.

- Ca va. Maintenant.

Il inspire profondément, comme pour se donner du courage, et continue.
Sa voix est assurée.
Il n'est ni traumatisé, ni mécontent.
Juste... il s'agit d'un lourd passé à porter.
Pour quiconque. Et mine de rien, Dick s'en sort plutôt bien.

- Les premières semaines ont été un peu compliquées. Quelques "nostalgiques" ont voulu reprendre l'endroit de force, au nom du Clown. Des ouvriers ont été blessés. Pas de mort à déplorer. Et Richard Grayson a pris personnellement sur ses deniers pour leur offrir les meilleurs soins. Je me suis ensuite mis en chasse. Avec succès.

Un petit sourire grandit sur ses lèvres, alors qu'il témoigne de ses réussites récentes.
Point d'orgueil ici. Simplement la satisfaction d'avoir pu aider des gens honnêtes. Et également d'autres, moins honnêtes. Différemment.
Mais son visage s'affadit, tremble légèrement, quand il continue sur ces "souvenirs agressifs". Ils n'ont beau pas être forcément les siens, il n'empêche que ce sombre héritage est celui d'Amusement Mile. Son nouveau foyer. Et malgré les jolies lumières, il ne disparaîtra pas avant des années.

- On a... on a retrouvé quelques cold cases... des affaires non résolues, dans les fondations d'Amusement Mile. Tout a été géré avec le GCPD, dans les règles. C'était pas beau, vraiment pas beau. Au début, j'arrêtais pas de nous revoir patauger ici. Mais c'est passé, finalement.

Ca a été dur.
Découvertes macabres.
Perte de son héros de père adoptif.
Attaque au sein même de son intimité par un fou d'un autre univers.

Mais rien ne sert de baisser les bras, alors qu'un plus bel avenir peut être bâti sur d'aussi sinistres ruines ! La preuve, c'est ce qui est en train de se passer. Des gens au bon cœur œuvrent, jour et nuit, pour purifier Amusement Mile de son aura tordue.
Et si ce n'est pas encore une pleine réussite, ils progressent.
Dick en est fier, très fier.
Ça s'entend.

- Aujourd'hui, je vois surtout le merveilleux travail de mes collaborateurs, de mes amis. Et les sourires des visiteurs !

Ses épaules se détendent, et son sourire revient.
Pour ne plus quitter son visage.

- Ca fait... du bien.

Son regard glisse pour se poser sur la fête quasiment constante qui anime le parc.
Tendre.
Rêveur.
Doux.
Définitivement celui d'un oiseau qui couve son œuf.

- C'est bien, oui. Et ça le restera.

Mais Dick n'est pas un oiseau.
Pas complètement, en tous cas.
Il reprend contact avec la réalité, avec son ami, son père, son frère, d'un simple petit regard en coin. Qu'il le veuille ou non, il a une grande part de chauve-souris en lui. Et lutter avec serait... contre-productif.
Alors autant pacifier les relations.
Ça soulagera tout le monde.

- Tu veux faire un tour ?

La proposition est simple.
Dite avec simplicité.
Par quelqu'un de simple.
En quête de simplicité.
Dick veut montrer à Bruce son nouveau chez lui.

Dick se tait.
Nightwing aussi.
Parce que Batman parle.
Parce que Bruce parle.
Réellement.
Avec émotion.
Mais il ne s'agit pas de soumission, loin de là. Robin n'est pas en pâmoison devant son mentor. Bien au contraire. Rares sont les moments où le ténébreux Chevalier Noir accepte de s'ouvrir, accepte de communiquer sur autre chose que l'affaire criminelle en cours. Ces moments là, de partage véritable, le jeune acrobate a appris à les chérir. A les encourager, à sa manière en tous cas. Mais malgré tout, lorsque la première grosse tirade s'achève, il ne peut s'empêcher de lancer avec le plus grand des sourires:

- Pas de doutes, c'est bien de toi que je tiens mon sens du grandiose, hein.

Tout ça gonfle le coeur de Richard d'une infinie fierté.
Même s'il ne peut s'empêcher de flairer le coup fourré.
C'est trop beau.
Méfiance.

- Hé, t'en fais p...

Mais il ne peut finir sa phrase.
Car Bruce reprend.
Et fait venir quelque chose.
De gros.
De volumineux.
De mobile.
D'utile.
Qui manquerait presque de décrocher la mâchoire de Dick, seulement capable de bafouiller un bref et ridicule:

- ... Ah.

Quelques secondes passent.
Les connexions ont du mal à se faire.
C'est trop. Trop d'un coup. Batman n'est pas comme ça, d'ordinaire.
Il a le poil qui se hérisse dès que quelqu'un marche un peu trop sur ses plates-bandes.
Et là, boum, d'un coup, ça. Un énorme camion, à la technologie supérieure.
Mais Dick se reprend.
Un sourire gourmand passe sur ses lèvres.
Le sourire de celui qui goûte d'avance à l'humour de ses propos.

- Avoue que c'est parce que j'ai des origines Romani. Avoue !

S'appuyant contre un plot de chantier orange et blanc, il se frotte ensuite le menton, l'air éminemment pensif. Impossible pour Bruce de s'y tromper: scintillent dans les yeux de son pupille les petites étincelles annonciatrices. De quoi ? Mais d'humour, bien sûr ! Encore. Et toujours, surtout !

- Ou alors, tu m'en veux d'avoir appris à aimer les sandwichs d'Alfred. L'un ou l'autre.

Le majordome Pennyworth a énormément de qualité. Il est le ciment qui fait tenir l'étrange petite famille Wayne ensemble, le parfait contrepoids à presque toutes les personnalités qui la compose. Maître du thé, expert en sagesse, érudit de la couture de plaie... Mais qu'est-ce qu'il fait mal les sandwichs ! Même après des années de durs efforts. Quelque chose cloche toujours.

Mais la blague de Dick ne dure pas dans le silence.
Elle ne dure pas dans le temps.
Parce qu'il se reprend, pleinement.
Il lui a fallu quelques secondes et une pointe de dérision pour trouver quoi faire. Quoi dire.
Il préfère ça aux grognements.
Qui ne vont réellement qu'à Batman.

- Oui, on va faire ce tour. Juste une chose, avant...

Il s'approche de son mentor, et plante son regard dans le sien.
Le sérieux est de rigueur.

- Bruce. Nous ne serons jamais parfaitement d'accord sur... beaucoup de choses, à vrai dire. Nos motivations. Nos limites. Nos vies. Nous avons la tête bien trop dure, toi et moi. Mais ils se voient, tu sais ? Tes efforts. Ta motivation. Une forme d'équilibre, peut-être ? Et ça, ça fait vraiment plaisir. Plus que n'importe quel Night-Truck suréquipé. Même si j'accepte le présent, cela va sans dire, vieux... jeune homme. Tortionnaire, aussi !

Oh ça oui !
Quelle torture de ne pas pouvoir juste se jeter dans un de ces beaux, nouveaux sièges de la Nightcave... enfin. Si on peut appeler quelque chose qui a quatorze roues motrices et une vitesse de pointe à 300 km/h comme ça.
La Nightcave du Night-Truck.
Parfait.
Cette pensée fait sourire Nightwing, pleinement et avec assurance.
Il croise les bras, et indique l'entrée discrète d'un petit mouvement de la tête.

- Maintenant, on peut aller faire un tour.

Clin d'oeil.
Ca vaut au moins un clin d'oeil.
Et tous deux partent enfin à la découverte du parc.
Un parc que Dick redécouvre réellement tous les jours, à sa manière.
Ils commencent le tour, passent près de la grande roue, derrière les stands alimentaires et les jeux pour petits et grands. Il y a du monde. Moins que ce à quoi on pourrait s'attendre, mais compte tenu de la réputation terrible d'Amusement Mile, ce n'est pas étonnant. Le clapotis de la North River ne s'entend quand même plus, couvert par le brouhaha des allées et venues des gens.

- On a complètement rasé la... la galerie des glaces. Elle était un peu datée, alors on l'a refaite en mieux, à l'autre bout du parc.

La galerie.
Mauvais souvenir.
Tous les Robins. Tous les justiciers y sont au moins passé une fois, à la poursuite du Joker.
Un lieu de terreur et d'épouvante, où les traîtrises des reflets ont failli leur coûter la vie à plus d'une reprise.
Mais c'est du passé, malgré ce que convoque cette simple allusion.
C'est fini.
Un peu gêné, il change de sujet.
Rapidement.
Ca se voit, il le sait.
Mais tant pis.

- Hum... et sinon, tu as prévu quoi pour les autres ?

Dick n'est surtout pas dupe.
Il connaît le Batman comme s'il l'avait fait.
Ce qui est un peu le cas, d'une certaine manière. Robin a fait Batman.
Et Nightwing l'a accompagné toutes ces années.
Il le connaît, donc.
Si lui reçoit quelque chose, surtout d'aussi gros, d'aussi beau, il serait étonnant que Jason, Stephanie, Tim, Damian et Cassandra n'aient rien. S'il y a bien une qualité difficile à retirer à Bruce, c'est bien sa volonté de ne pas faire de favoritisme. Même si tout le monde sait qu'il préfère son premier Robin ! N'est-ce pas ?

Dick rit.
Il rit quand Bruce répond avec malice.
Il sourit, également, à sa terrible menace. Un Alfred en furie, aux rêves de reconversion dans la sandwicherie brisés, ça aurait de quoi faire fuir le plus courageux des hommes. Heureusement que Nightwing est plus que ça, grâce à Batman. Peut-être un petit peu "à cause", également. Cette lucidité sur le monde s'accompagne d'un sens du devoir aigu, celui de ceux qui ne peuvent qu'agir, jusqu'à la fin.
Mais ce n'est pas la seule chose que le légendaire Chevalier Noir a inculqué à son premier disciple, non, comme Dick le souligne lorsque son mentor lui fait part de son ressenti:

- Faut pas, Bruce. J'ai juste joué l'investisseur un peu noeunoeud, comme tu m'as appris. "Ouvrir le parc ? La raison ? Je sais pas, je pouvais."

La meilleure explication qu'une personne friquée puisse donner: satisfaire une de ses lubies. Les gens aiment à croire en l'extravagance de ceux qui manipulent des sommes suffisantes pour alimenter pendant un an un gros pays du tiers-monde. Cela donne du crédit à leur alter ego civil, quand ils osent porter des masques.
Dick a appris ça des meilleurs.
Du meilleur. En tout. Sauf peut-être, encore, en humour.
Mais il tente, et rien que ça, c'est beau.

- Pourquoi me le dire ? Hum... parce que tu es un incroyable sadique qui sait pertinemment à quel point je vais embêter les autres s'ils n'ont pas encore reçu leurs présents.

Sourire carnassier.
Regard entendu.
Petit rire, encore.
Pas trop non plus.
Il ne s'agirait pas de brusquer la bête, et de la faire s'enfuir, effrayée par cette débauche d'attachement affectif.
Mais avant que le Bat de Gotham ne réponde, Richard se lance dans un exercice qui fait la renommée des justiciers de Gotham: la déduction. Alors qu'ils passent derrière la grande roue, et les nombreux petits couples désireux de se bécoter une fois tout en haut, "dans les nuages".

- Allez... pour Tim, puisqu'il a à se déplacer... un autre véhicule... avec un TRÈS gros ordinateur dedans. Une IA développée par WayneTech, peut-être ? Steph... de quoi la sortir de l'ombre. Parce qu'elle le mérite, mille fois trop pour que tu restes une seconde plus à ne pas la récompenser. Quant aux autres, par contre... c'est la honte, mais j'ai pas trop d'idée. Ca a pris beaucoup de mon temps. Trop pour me tenir parfaitement au courant.

"Ca". Le Parc.
Des mois de travaux intensifs, perturbés, compliqués.
Mais terminés, désormais.
Ouvert, pour changer la vie de plusieurs milliers de personnes: les employés historiques du Cirque Haly, les nouveaux employés sélectionnés autant que possible dans les quartiers défavorisés de la ville, et les visiteurs venus se vider la tête seul, en couple ou en famille.

A la fin de cette discrète excursion en marge des lumières et des sons de fête, Dick amène son Chevalier Noir de père adoptif au sommet du chapiteau, sur une petite plate-forme sécurisée presque invisible depuis le sol, mais qui offre une vue imprenable sur ce bord de fleuve pétaradant.
Il s'accoude doucement à la rambarde, et soupire d'aise.

- Bon, ce n'est pas aussi personnel que le Night-Truck, mais ces lumières, ces rires, cette vie ici, tout ça... c'est un peu mon cadeau pour Gotham... et pour toi, Bruce.

Richard laisse le temps aux choses de se faire.
Aux mots de sortir.
C'est un exercice difficile. Périlleux même, selon certains.
Cela implique beaucoup de force, et l'acceptation de se remettre entre les mains de quelqu'un d'autre, parfois définitivement. Voilà bien quelque chose que Bruce Wayne ne fait pas souvent. Voilà quelque chose qu'il n'aime pas. Et pourtant, le voilà, au sommet d'un chapiteau de cirque, à parler. D'abord, avec émotion, puis en prenant ce ton ô combien humoristique qu'il espère ingénument maîtriser.
Deux dettes ?
Soit.

Dick se retourne doucement, et s'adosse au garde-fou, profitant de la brise nocturne sur son visage masqué, dans ses cheveux. Un petit rire ponctue ensuite ses propos.

- J'en connais qui seraient terrifiés d'être tes débiteurs.

Mais pas lui.
Pas le Boy Wonder.
Pas Richard Grayson.
Enfin, plus lui.
Parce qu'il fut un temps, dans les heures sombres de la chauve-souris, il aurait eu peur. Il a eu peur. De suivre son mentor, son ami, aussi loin, aussi profond dans l'abîme. Dieu bénisse Timothy Drake de l'en avoir sorti. Et qu'Il ait pitié de Jason Todd, si Il existe.
Mais avant de continuer sur le sujet de ces dettes, vient le temps d'une ultime boutade, couplée à un avis des plus experts quant aux cadeaux pour la Famille. Oui oui, expert, à n'en pas douter.

- Je ne t'apprends rien: ce sont d'excellents choix. J'espère juste que quelqu'un a pensé à jeter les poubelles depuis mon dernier passage sous la Fondation.

Petit souprire.
Un rire et un soupire, ensemble.
Puis, après quelques secondes d'un silence tranquille, Richard se redresse, pour faire face. Pour voir son ami. Son frère. Et observer ses réactions.

- Te rembourser, donc ? D'accord.

Son sourire s'agrandit.
Un peu.

- D'abord, j'offre à Bruce Wayne un pass VIP pour le Cirque, et le Parc dans son entièreté. Un joli cadeau pour commencer, non ?

Son sourire s'agrandit.
Beaucoup.

- Ensuite, je t'offre ceci. A toi. Juste à toi.

Le souvenir est à la fois vif, présent, et enveloppé de brume.
Comme si des siècles entiers avaient rendu cet instant magique purement mythique.
Le début d'une grande aventure, qui a concerné et concerne encore bien plus de monde qu'ils ne pouvaient prévoir à l'origine.
Le début de tout, en quelques sortes.
Leur lien, intime, puissant. Unique.
Et la force de leurs convictions.
C'est cela que Dick convoque, alors qu'il lève sa main, doucement, et pose l'autre sur celle gantée de noir de son mentor.

- Batman, comme bien des années auparavant, je te jure que nous combattrons ensemble contre le crime et la corruption, sans jamais s'écarter du chemin de la droiture.

Spoiler: