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Always hold on to Smallville [Conner]

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Always hold on to Smallville [Conner] Sam 4 Jan 2020 - 21:12

Toujours se raccrocher à Smallville.
Les mots résonnent encore, bien des années après que Jonathan Kent les ait prononcées à son fils, peu avant son départ pour un tour du monde qui allait déterminer un puissant avenir pour lui. Et le monde.
Et bien de nombreuses personnes qui y vivent.
Même si Clark Kent n'a pas toujours su, à sa grande honte, gérer ça.


 « Humf. »

Un léger soupir s'échappe lentement des lèvres de l'homme, alors que son regard coule autour de lui. Un petit sourire glisse sur son visage – mais il s'évapore, rapidement.
Il est bien, ici. Il l'a toujours été.
Mais... sa venue en cette fin de journée s'annonce moins positive que d'habitude.


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Une casquette bien glissée sur le crâne, aux emblèmes du Comté de Hamilton dans lequel Clark et sa famille ont longtemps vécu après la naissance de Jon, il avance, calmement.
Il erre.
Au milieu des champs. Dans les immenses étendues agricoles qui entourent Smallville – à laquelle il n'a jamais cessé de se raccrocher, oui. D'y revenir.

Pour le bonheur qu'il a eu ici. Pour la joie qu'il a ressentie dans ces lieux.
Pour les valeurs qui lui ont été inculquées ; et qu'il sert, autant qu'il le peut.
Pour la vérité, la justice. Et ce mode de vie, qu'il veut défendre.

Smallville, oui.
Voilà ce qu'il aime ; voilà où il a été heureux. Voilà où il sera toujours heureux.
Voilà pourquoi il a voulu que Conner soit envoyé ici.

Conner, oui. Conner Kent.
Kon-El.
Son... frère ; en quelques sortes.
Son clone, en fait. L'entité créée artificiellement sur la base de son ADN – et celui de Lex Luthor, aussi ; son pire ennemi. Sa Némésis.

Qui partage donc avec lui une forme de... paternité.
Envers Conner.
Une paternité qui n'a pas été demandée ; qui a été imposée. Qui a été forcée.

Clark l'a mal vécu.
Il a toujours su que ses capacités le mettaient à part – rendaient sa présence sur Terre dangereuse ; s'il ne se contrôlait pas. S'il ne se maîtrisait pas.

Voir que son ADN a été volé, transmis à un être qui n'est pas lui... un être qui partage l'ADN de Lex Luthor.
Cela ne lui a pas plu ; cela l'a crispé.
Beaucoup.
Parce qu'il craignait que Conner tourne mal. Parce qu'il craignait qu'il devienne... ce que Clark a juré de ne jamais être.

Clark a eu peur, oui ; il n'a pas su réagir comme il le fallait.
Il s'en veut, depuis.
Il essaye d'arranger les choses – de corriger. De réparer.
Ça n'a pas fonctionné ; mais il ne s'arrête pas.
Comme ce soir.

Où il l'attend ; où il lui a donné rendez-vous.
Loin de la ferme des Kent – de l'autre côté de Smallville. Comme Conner le voulait.

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Il l'attend ; patiemment, calmement.
Mais... avec beaucoup d'espoirs, aussi. Il veut que ça s'arrange ; il veut que ça s'améliore.
Il veut créer des liens.

Clark ne peut le nier : il n'a pas voulu que Conner existe. Il n'a pas voulu de lui.
Mais.
Mais Conner est là ; Conner existe.
Et c'est un Héros.
Clark en est heureux – et fier. Il veut créer des liens ; il veut se rapprocher de lui.

Il veut se lier à Conner.
Son clone. Son fils. Son frère.
Son autre lui-même.
Conner Kent
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Re: Always hold on to Smallville [Conner] Lun 10 Fév 2020 - 9:14

Smallville, Kansas.

Même après avoir déménagé à Metropolis, Conner continuait d'y venir régulièrement. Malgré ce qu'indiquaient ses papiers, ce n'était pas sa ville natale - en avait-il seulement une, au sens strict du terme ? -, mais cela ne voulait pas dire qu'il n'y était pas attaché. Ne serait-ce que parce que c'était, encore à ce jour, le lieu de résidence de sa famille adoptive.

Les Kent l'avaient accueilli sous leur toit alors qu'il cherchait encore ses repères, tout juste sorti du laboratoire. Alors que rien ne les obligeait à le faire, que même Superman lui avait fait défaut, ils l'avaient accepté comme l'un des leurs, sans condition ni réserve.
C'était le premier acte de bonté désintéressé auquel il lui avait été donné d'assister, et il le devait à des gens tout à fait ordinaires - sinon en cela qu'ils avaient déjà recueilli un bien étrange bébé, plus de trente ans auparavant.
Que même ce modeste couple de fermiers soit prêt à tant faire pour lui - un étranger, si familier que soit son visage - l'avait profondément marqué, et sans aucun doute contribué à l'amener sur le droit chemin. Sans cette influence positive, qui peut savoir comment il aurait évolué ?

Il ne vivait plus sous leur toit désormais, mais après tout ce qu'ils avaient fait pour lui, le moins qu'il puisse faire était de garder un oeil sur eux et leur bien-être. En particulier quand leur « ainé » n'était pas là pour le faire.
Même ses propres visites n'étaient cependant pas aussi régulières qu'il aurait pu le vouloir, d'une part car dépendantes de son temps libre - et donc de ses deux « emplois » -, et d'autre part car il faisait tout son possible pour éviter Clark.

La distance qui s'était créée entre eux n'était pas récente - mais Conner ne s'était jamais caché d'être rancunier. Il ne lui avait jamais pardonné sa prise de position lorsque les lois édictées par Amanda Waller avait déchiré leur communauté, et le pays avec elle.
Probablement lui en avait-il voulu aussi pour sa disparition, pour l'avoir forcé à prendre sa place, quand bien même une partie de lui n'avait jamais cessé d'en rêver. Pas comme ça.

Bien sûr, c'était avant de savoir ce qu'il lui était réellement arrivé - capturé et manipulé par Hank Henshaw, le Cyborg-Superman. Et si c'était Conner lui-même qui l'avait libéré lui-même malgré toute son animosité, cela n'avait pas suffi à rendre les retrouvailles chaleureuses.

Superman était revenu, le monde avait repris son cours - mais le clone n'oubliait pas pour autant ce qu'il avait vécu comme rien moins qu'une trahison. Si bien qu'il avait scrupuleusement ignoré toute tentative de reprendre le contact.
De l'eau avait coulé sous les ponts depuis, et force était d'admettre que son ressentiment n'était plus aussi vif - mais il n'éprouvait pas pour autant le besoin de renouer le contact. Sans doute en partie parce que ce schisme lui avait permis de s'émanciper, d'enfin sortir d'une ombre bien trop grande.

Ainsi donc, les choses en étaient restées là.
Jusqu'à ce jour.
Jusqu'à ce que Clark, de retour d'un énième séjour par-delà les limites de leur univers, le joigne directement pour solliciter une entrevue. Aurait-il bénéficié d'une quelconque illumination durant son voyage, qui justifierait une approche aussi franche ?
Hélas, il avait mal choisi son moment : ça arrivait un peu tard.
Peut-être pour tout.

Conner avait accepté de le voir, oui - mais en édictant ses termes. Compliqués comme l'était leur rapport, Clark les avait acceptés sans discuter. Sans poser de questions. Tant mieux. Il saurait de toute façon bien assez tôt.

Clark s'était-il renseigné sur son activité récente ? Savait-il que personne n'avait de nouvelles de lui depuis quelques semaines, pas même ses plus proches amis ? Certes, le clone n'avait pas la fibre sociable - l'une des rares choses qu'il n'avait pas hérité de lui, et qui avait été une lacune de taille lorsqu'il avait dû le remplacer. Mais il n'avait pas pour autant l'habitude de disparaître sans préavis.

Ce qui ne l'avait pourtant pas empêché de répondre à ses messages. Ni même de recevoir celui que Clark venait de lui envoyer pour signifier son arrivée. Et d'y répondre en se montrant à son tour.

Il traversa le ciel comme un météore et s'écrasa sur terre, ébranlant le sol à l'impact. À quelques mètres à peine de l'Homme d'Acier, au milieu de ce paysage si paisible qu'il avait choisi pour leur entrevue s'était formé un cratère - et Conner trônait en son centre, se redressant lentement.

Tu voulais me voir. Je suis là. cracha-t-il sèchement.

Il n'avait pas vraiment changé, non ; c'était juste que cette colère qu'il avait toujours eu tant de mal à maîtriser, qui continuait de faire partie de lui malgré tous ses efforts pour s'en débarrasser était devenue un peu plus évidente. En particulier grâce à l'anneau qui ornait le majeur de son poing serré - luisant d'écarlate, vibrant de violence. Et Conner se tint face à lui, les traits crispés, les muscles tendus - au bord de l'explosion. De celles qui ne laissent pas de survivant.
Une gerbe d'étincelles courut le long de ses doigts.

Je te conseille de faire vite.


« It's time to start acting like the man I'm going to be tomorrow. »
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Dernière édition par Conner Kent le Mar 11 Fév 2020 - 19:19, édité 1 fois
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Re: Always hold on to Smallville [Conner] Mar 11 Fév 2020 - 15:19

Clark attend Conner, en sachant – en sentant que cela peut mal se passer.
Et il n'est pas déçu, quand le jeune homme arrive.


 « Ha. »

En retard, oui.
Mais brutalement, surtout.
Violemment.
Durement. Agressivement.
Complètement hors-de-propos, selon lui ; et troublant, aussi.


 « Hem. »

L'Homme d'Acier prend une grande inspiration, et fixe le jeune homme devant lui ; sans bouger.
Complètement immobile.
Les mains dans les poches. La casquette bien vissée sur le crâne.
L'ombre d'un sourire sur les lèvres.


 « Bonjour. »

Il le détaille, bien sûr.
Son regard glisse à peine une seconde sur Conner – mais cela lui suffit ; pour voir.
Pour comprendre.
Au-delà de l'anneau rouge. Au-delà de la crispation des muscles. Au-delà de la sécheresse du regard. Au-delà de la raideur de son ton.

Clark comprend ; Clark sait.
Et ça le mine.


 « Je... »

Il s'arrête.
Clark s'arrête durant une réponse, une phrase ; un discours.
C'est rare.
Conner le sait. Conner sait que Clark parle toujours d'une traite, d'un souffle. En pleine confiance.
Pas maintenant.


 « Je voulais te voir, en effet. »

Un sourire las passe sur ses lèvres.

 « Mais... je ne veux pas faire vite. »

Il hausse les épaules.

 « J'ai... Conner. »

Clark souffle, et secoue la tête.

 « J'ai... commis beaucoup d'erreurs. Avec toi. »

Il fige un regard triste sur le visage enragé du jeune homme.

 « Je... n'entends pas tout arranger ; tout réparer.
Je... sais que ce n'est pas possible. Hélas. »


Clark soupire, et se tourne sur le côté.

 « Ce qui aurait dû être fait... ne l'a pas été. J'ai multiplié les échecs ; les erreurs. Les actes manqués.
Cela ne peut être oublié. Cela ne peut... disparaître.
Mais.
Mais cela peut être... réparé. »


Il s'avance, alors ; il quitte les lieux.
Il s'enfonce dans le champ, et tourne complètement le dos à Conner.


 « Je... ne suis pas Superman, là. Je ne suis pas Kal-El ; je ne suis pas l'Ange de Métropolis, ou je ne sais quel surnom on me donne.
Je suis Clark. »


Il fait quelques pas, et tourne la tête vers son interlocuteur.

 « Et tu es... bien des choses. »

Son regard glisse sur tout Conner, et s'attarde sur l'anneau ; quelques secondes.
Quelques secondes fortes.


 « Mais tu es surtout... Conner. »

Il sourit.

 « Clark et Conner ; je crois qu'on a des choses à se dire.
Maintenant. Plutôt que jamais.
Non ? »


L'Homme d'Acier hoche la tête, puis détourne la tête ; et reprend sa marche.
En invitant Conner à le suivre.
S'il en a l'envie. S'il en a le cœur !
Conner Kent
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Re: Always hold on to Smallville [Conner] Mer 15 Avr 2020 - 20:22

Sans vraiment oser se l'avouer, voir la stupeur sur son visage valut à Conner un zeste de satisfaction mesquine. Clark était connu pour être cette imperturbable figure bienveillante ; avoir réussi à chasser cette bonhomie de ses traits, même si ça ne durerait pas, était une victoire en soi.
Il prenait un risque en venant, il le savait - mais ces jours-ci, quand n'en prenait-il pas ? S'il avait coupé le contact, s'il avait fui tout ce qu'il connaissait, ce n'était pas sans raison ; ça devenait beaucoup trop dangereux - pour lui, pour eux, et pour le monde.

À peine l'avait-il aperçu au loin qu'il avait senti l'anneau se mettre à pulser - s'abreuver de la fureur au fond de son coeur. Autant qu'il aurait aimé pouvoir croire que tout cela était derrière lui, qu'il était passé à autre chose, cette malédiction à son doigt était là pour lui prouver le contraire. Lui faire savoir que sa colère à son encontre était toujours là, quelque part - et qu'elle pouvait encore exploser.
Et lui avec.

Jamais n'avait-il dû tant lutter contre ses propres pulsions sans qu'il arrive à savoir si c'étaient réellement les siennes ou ce que la bague lui murmurait à l'oreille, à commencer par celle de lui coller son poing en pleine figure.
Qu'il ait réussi à s'en abstenir était digne d'éloges, ne serait-ce que pour la catastrophe ainsi évitée ; si les conflits ne sont pas rares au sein d'une fratrie, ceux-ci n'ont que rarement le potentiel de fracturer un continent.

Mais dans le même temps... S'il avait daigné venir, ne serait-ce que considéré le faire alors qu'il refusait auparavant de voir qui que ce soit, n'était-ce pas parce qu'il savait au fond de lui que Clark pourrait s'en sortir ? Qu'il saurait quoi faire pour ne pas vouloir les choses mal finir ? Quel que soit son ressentiment envers lui, il restait Superman - le seul, l'unique.
L'accepter avait été assez difficile pour qu'il ne le perde pas de vue, quels que soient ses tourments du moment. Et mieux valait pour lui qu'il le soit : ça n'allait pas bien se passer. Une certitude qui se trouva encore renforcée lorsque son ainé s'imagina pouvoir l'emmener en promenade. C'était bien là son défaut majeur : il avait toujours été trop candide.

Ce serait sa perte un jour, assurément - et il ne devait qu'au self-control du clone que ce jour ne soit pas aujourd'hui. À peine avait-il commencé à s'éloigner qu'un obstacle vint lui barrer la route - un mur de lumière vermeille, de la couleur du sang frais. Un travail inégal, imparfait, comme déjà en ruines au moment d'être créé. Le message n'en était pas moins clair néanmoins : il n'irait nulle part.

Je ne suis pas vraiment en état pour une balade, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.

Et s'il y avait encore un grondement dans sa voix, il était cette fois moins dû à son humeur qu'au sang qui lui bat les tempes - qui le poussait à la faute. Qui essayait, du moins, sans qu'il le laisse y parvenir - pour le moment. À la douleur, aussi - celle assaillant tout son corps en même temps que les gerbes d'étincelles qui le parcourent, brillant de ce même éclat malsain.

De part et d'autre de sa silhouette, l'on pouvait voir quelque chose prendre forme ; un uniforme tentant de se superposer à sa tenue habituelle, d'entériner sa conscription. De rendre officielle son entrée dans la légion écarlate. De faire de lui la machine de guerre qu'il aurait toujours dû être.
Une question de temps, rien de plus : c'était un peu plus difficile à chaque fois. Les traits crispés par la souffrance et par l'effort, il tint bon néanmoins - une fois de plus ; peut-être la dernière.

...Je ne veux pas... Faire de casse. Pas ici. articula-t-il péniblement entre ses dents serrées. Tu veux parler ? Parlons. Ici et maintenant. Il serra et desserra le poing, nerveusement - du fait de la situation, et aussi pour s'assurer qu'il était encore maître de lui-même et de ses gestes. Et si ça ne me plait pas... Je te conseille de te préparer à encaisser.

Le toisant durement, il laissa planer le silence pendant quelques longues secondes - d'une part pour que Clark réalise peut-être que ce ne seraient pas les retrouvailles chaleureuses qu'il avait pu espérer, s'il subsistait encore un doute, et d'autre part pour tâcher de trouver un soupçon de calme auquel se raccrocher. Un radeau dans la tempête de ses émotions.

Mais puisque tu y tiens... grogna-t-il, les mâchoires crispées, commence par m'expliquer pourquoi tu as choisi l'autre camp quand on est entrés en guerre. Pourquoi tu nous a trahis.


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Re: Always hold on to Smallville [Conner] Jeu 16 Avr 2020 - 8:58

Clark se détourne de Conner.
Volontairement.

Il lui montre son dos. Il le quitte du regard. Il se détourne.
Il s’avance, dans une direction opposée.

Pour une balade, officiellement.
Pour lui montrer, en fait.

Qu’il n’a pas peur.
Qu’il ne craint pas Conner – ni ses pouvoirs, ni l’anneau ; qu’il porte, hélas. Et qui le ronge, surtout.

Clark n’a pas peur.
Déjà, parce qu’il sait qu’il est capable de tenir et d’agir – même si l’idée ne lui vient même pas.
Il n’a pas peur, en fait, parce qu’il croit en lui.
Il croit en Conner. Il croit en son âme, son cœur.

Pas parce que Conner a une partie de lui, de son ADN.
Mais parce qu’il est bon, par nature.
Par lui-même.


« Mmh. »

Même si l’Homme d’Acier doit bien avouer que son cœur se serre, quand la paroi cramoisie apparaît, et le bloque.
Un léger souffle glisse hors de ses lèvres alors que, lentement, sa main se lève et touche le mur ; l’énergie.
L’incarnation de la volonté de Conner. De sa rage.


« J’ai… remarqué. »

Sa voix demeure calme, posée.
Alors que son regard se concentre encore sur la paroi.


« Mais… cela aurait pu être bien. »

Il hausse les épaules, et se retourne lentement.

« Soit. »

Clark regarde à nouveau Conner ; et sourit.
Sincèrement. Doucement.


« Ici, donc. »

Il hoche la tête.

« Ici – et sans dégât, je te rejoins. Un premier terrain d’entente. »

Sa voix s’élève, sur la fin de sa phrase ; presque pour glousser, rire.
Tendrement.
Il ne va pas jusque-là, cependant. Il ne veut pas provoquer Conner.


« Mais… je peux encaisser. »

Son visage se fige, alors ; se fait plus sérieux, plus déterminé.
Plus sûr.


« Et tu le sais. »

Il est Superman.
Faut-il vraiment le rappeler ?


« Même si… »

Il prend une grande inspiration.

« Même si je ne veux pas aller jusque-là ; jamais.
Notamment avec toi. »


Sa voix se fait plus douce, tendre. Son visage se détend.

« Et tu le sais. Aussi. »

Un sourire doux passe furtivement sur ses lèvres.
Même si cela ne dure pas.

Parce que Conner tire le premier ; il verse le premier sang.
Il attaque. Sèchement.

Clark s’y attendait.
Mais il ne peut cacher que ça pique ; vraiment.


« Humf. »

Il souffle, détourne les yeux.
Il reste silencieux, quelques instants.


« J’ai… »

Il cherche ses mots, il hésite.
Conner, parmi tous, doit savoir que c’est rare.


« Tu as raison. Tu mérites une explication – et même si tes mots sont durs, ils sont vrais.
J’ai trahi.
J’ai trahi les Héros. J’ai rejoint Amanda Waller, alors Présidente des Etats-Unis d’Amérique. J’ai choisi son camp. J’ai opéré pour elle.
Je pourrais te dire que c’est parce que je crois au système. Je pourrais te dire que je voulais agir de l’intérieur. Je pourrais te dire que j’ai agi en respect des Lois de ce pays et de sa Constitution. Je pourrais te dire que j’ai voulu voir ses crimes, avant de la juger. »


Il repose lentement ses yeux sur Conner.

« Mais… »

Il inspire lourdement.

« Mais… même si tout cela est vrai, je… »

Son regard se fait plus ému ; plein d’émotions.
De regrets.
Et de peines.


« Je vous ai trahi, Conner. J’ai trahi.
J’ai commis une erreur.
Et je présente, pour cela, mes excuses. J’ai commis une erreur. Dieu merci, cela s’est bien terminé… mais pas grâce à moi. Grâce à toi et les autres.
Vous avez compensé, géré. Sauvé la situation.
Alors que j’ai commis une erreur.
Et j’en suis sincèrement désolé. »


Il s’excuse. Superman s’excuse, et reconnaît ses torts.
Ça aussi, c’est rare.
Déjà, parce que l’Homme d’Acier n’agit jamais mal – mais, surtout, parce qu’il a, malgré tout, un ego, lui aussi.

Conner le sait.
Et Clark espère seulement que ses mots ne viennent pas trop tard, pour son interlocuteur…

Conner Kent
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Re: Always hold on to Smallville [Conner] Mer 29 Avr 2020 - 10:15

Ne t'avance pas trop, répliqua Conner quand son ainé dit pouvoir s'en sortir, si d'aventure les choses tournaient mal. Tu risquerais d'avoir une mauvaise surprise.

C'était moins une menace qu'une mise en garde : même lui ne savait pas exactement ce dont il était capable, ainsi équipé - et, à choisir, préférerait ne pas avoir à le découvrir.
Hélas, pour s'assurer de cela, le mieux à faire aurait encore été de ne pas venir.
Toutefois, pour l'heure, et sans garantie que cela dure, écouter était encore une option ; c'est donc ce qu'il choisit de faire.

Clark qui reconnaît ses fautes, voilà qui n'était pas courant - ne serait-ce que parce que, en effet, il n'avait que rarement de tort à se faire pardonner. Et cela faisait indubitablement partie de ce qui était si agaçant à propos de lui.
Tout ce qu'il faisait était toujours irréprochable, exempt du moindre défaut. Parfait. Trop parfait. Si quelque chose trahissait qu'il ne soit pas de ce monde, c'était bien cela - mis à part le fait de fendre les airs en projetant des lasers par les yeux, évidemment.

Et il arrivait régulièrement que cette perfection de chaque instant - cet excès d'excellence - irrite Conner, même alors qu'il le prenait encore pour modèle.
Superman était une inspiration pour tout un chacun - mais comment pouvaient-ils espérer suivre ses traces, s'il n'était rien qu'il ne puisse faire mieux qu'ils en seraient jamais capable ?
Et cela valait aussi pour lui.
Lui qui avait tous ses pouvoirs. Lui qui aurait aisément pu s'en voir refuser une partie au vu de ses origines mais les avait tout de même obtenus, l'un après l'autre. Qui en possédait même plus encore.

Non, même lui n'était pas capable d'une telle prouesse - ni lui, ni personne. Et s'il tâchait enfin de chercher sa propre voie au lieu de convoiter une place qui ne se libérerait jamais, peut-être était-ce aussi parce qu'il avait cessé d'y croire.

Oui, Clark faisait tout et toute chose sans faux pas ni fausse note - de la plus petite des corvées au plus grand des exploits. Et sans doute était-ce pour cela que, quand enfin était venue l'erreur, elle avait été aussi impardonnable. Sa véritable maladresse, sans doute était-ce celle-ci.
Il les avait habitués à mieux.

Aussi, ces excuses adressées après tout ce temps faisaient-elles presque plus de mal que de bien - car l'on aurait attendu de lui qu'il n'ait pas à en faire. Et s'il restait encore à Conner assez de sa pensée rationnelle pour ne pas s'en offusquer, cela ne suffirait pas non plus à tout changer.


Mieux vaut tard que jamais, cracha-t-il néanmoins - et si l'amertume habitait encore sa voix, il était possible qu'elle le fasse un peu moins qu'il y a encore un instant ; juste un peu. Mais ce n'est pas tout ce que tu as fait.

À niveau, le silence régna, pesant dans l'air comme une chape de plomb - prêt à chauffer à blanc au moindre mot de travers, littéralement. Savait-il seulement ce dont il s'était rendu coupable ? Avant qu'il ait pu hasarder quoi que ce soit, l'impatience incita Conner à poursuivre, braquant vers lui un index accusateur.

Tu as abandonné. Tu ne t'es pas seulement rangé du té de Waller. Tu as rendu les armes pour le faire. Ta cape. Ton costume. Tout. Métropolis était en ruines, le monde avait plus besoin de toi que jamais... Et tout ce que tu as trouvé à faire, c'est de laisser tomber. Certes, il avait été enlevé peu après ça - amené sur Warworld par Hank Henshaw pour le divertir, lui servir de gladiateur. Mais avant, quelle était son excuse ? J'ai pris la reve parce que je n'ai pas eu le choix, mais tu crois que c'est ce que je voulais ? Tu crois que c'est comme ça que j'espérais que ça se passe ?! QUE JTAIS PRÊT POUR ÇA ?!! Une onde de choc jaillit de l'anneau, secouant le sol, brisant et couchant les arbres ; ses yeux rougeoyèrent d'un feu d'enfer. Des éclairs se mirent à fuser en tous sens, balafrant les terres alentours. PARCE QUE JE NE SUIS BON QU'À ÇA, HEIN ? QU'À RAMASSER CE DONT TU NE VEUX PLUS ? CE QUI N'EST PLUS ASSEZ BIEN POUR TOI ?

Et parlant de costume, celui qui tentait de s'imposer à lui s'y remit de plus belle ; sur son torse, le motif habituel commençait à disparaître - recouvert par celui, autrement plus inquiétant, de la légion des Red Lanterns.
Le point de rupture était proche, et il ne semblait plus possible d'y faire quoi que ce soit. Mais si quelqu'un était capable de l'impossible, c'était bien lui.
Le moment aurait été bien choisi pour le prouver.



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Re: Always hold on to Smallville [Conner] Mer 29 Avr 2020 - 11:29

Clark ne bouge pas.
Encore.

Il fixe Conner, après avoir parlé. Après s’être livré.
Après s’être confessé.

Il sait très bien quels événements – quelles épreuves le jeune homme a traversées ; à cause de lui, beaucoup.
Parce qu’il n’était pas là. Parce qu’il était absent.
Parce qu’il a failli.

Il le regrette, bien sûr. Il s’en veut, évidemment.
Mais il ne peut réécrire le passé.
Enfin ; il le pourrait. En tournant suffisamment vite autour de la Terre, Clark sait qu’il pourrait troubler le flux temporel et revenir en arrière – s’empêcher d’agir, s’empêcher de faillir.

Mais il ne le fera pas.

Ce qui est fait… est fait.
A lui d’affronter les conséquences. A lui de subir la juste colère de Conner.
A lui… de l’apaiser ; d’essayer.
De le calmer. De le poser. De le sauver.
De le ramener.


« Non. »

La réponse est directe.
Calme, lente, oui ; mais directe, déterminée.


« Tu n’es pas bon qu’à cela. Même si ce n’est pas la question, et tu le sais. »

Clark voit ce qu’il se passe – il ne bouge pas, comme il n’a pas bougé.
Même quand Conner change.
Même quand la fureur s’empare de lui. Même quand l’anneau rouge endommagé s’active.
Même quand le sol est touché par un choc ; quand les arbres tombent.
Même quand l’allure du jeune homme disparaît, pour laisser la place à des coloris pourpres de mauvaise augure.

Clark ne bouge pas.
Il reste là ; fixe, figé. Immobile.
Déterminé. Aussi.


« Tu n’as jamais voulu cela. Tu n’as jamais voulu me succéder ; tu n’as jamais voulu me remplacer.
Mais tu l’as fait. »


Son regard reste figé dans celui de Conner.
Malgré l’énergie ; malgré le danger.


« Dans nos heures les plus sombres, tu as été là. Quand j’ai failli, tu as été là. Quand j’ai disparu, tu as été là.
Bruce t’a aidé, recruté – mais tu as été là, Conner.
Alors que tu ne le voulais pas. »


Lentement, sa main se lève.

« Tu n’as jamais voulu de cela ; de cette vie.
De ça. »


Son index désigne le torse de Conner ; le symbole, qui commence à s’effacer.
Leur symbole.


« Tu ne l’as jamais voulu – mais tu l’as fait.
Parce que tu le devais. Parce qu’il le fallait. Parce que tu ne pouvais pas tolérer qu’il en soit autrement.
Tu as agi, Conner. Parce que je ne le pouvais plus, alors. »


Il hoche lentement la tête.

« Tu as raison de m’en vouloir… bon dieu, je m’en veux moi-même. »

Clark jure.
C’est la journée des premières fois.


« Et tu es légitime à penser qu’il a été injuste que tu agisses, alors que tu ne le voulais pas ; que tu ne l’as jamais voulu.
La question n’est pas de savoir si tu n’es bon qu’à ramasser ce que je laisse.
La réponse est évidente – c’est faux. Tu m’as remplacé. Tu as fait tomber Amanda Waller à Gotham City. Tu as rejoint l’équipe de Bruce, pour stopper les Parademons à Opal City. Tu as lutté sur Warworld.
Tu as été fort, Conner.
Tu as été fort quand je ne l’étais pas ! »


Le ton de Clark monte, légèrement.
Moins par agressivité, que pour exprimer clairement ce qui lui brûle le cœur.


« Le monde entier, tes proches, nos proches, nos coéquipiers connaissent ta valeur.
Tu n’es pas un remplaçant, Conner. Tu es un équivalent ; mon équivalent.
Mon… frère. »


Un sourire triste glisse sur son visage, alors que sa main s’ouvre.

« Ce… qui te hante, ce n’est pas ça ; et tu le sais.
Ce qui te hante… c’est que tu ne veux pas ça. Tu ne veux pas cette vie, cette mission ; ces épreuves, ces sacrifices. Tu as l’impression qu’ils te sont imposés, et tu veux les fuir.
Je te comprends. Tellement. »


Sa main se tend légèrement vers Conner.

« Les… autres ne peuvent pas l’entendre, Conner ; toi si.
Je n’ai pas voulu cette vie.
Quand j’ai su – quand j’ai compris que j’étais différent, que mes capacités me plaçaient en marge de ce monde que j’aime tant… j’ai compris.
Je devais faire la différence. Je devais mettre mes pouvoirs au service d’autrui.
Mais… je ne voulais pas. »


Il baisse quelque peu les yeux.

« J’ai… grandi ici. J’ai aimé grandir ici.
Smallville. Ma ville, mon foyer ; je ne voulais pas les quitter. Je ne voulais pas ça, Conner.
Je voulais… ça, en fait.
Smallville. Reprendre la ferme. Traîner avec Pete. Epouser Lana. Peut-être rentrer au conseil municipal. Ecrire pour la gazette.
C’est ce que je voulais, en fait. Ce que je voulais, c’est… c’était de ne pas être différent.
Mais je l’étais. »


Il relève son regard.

« A cause de mes pouvoirs, oui ; mais ça n’a pas fait la différence.
J’aurais pu vivre ici, me cacher ; ça aurait été facile. J’aurais pu le faire, et une part de moi l’a longtemps voulu. Mais je ne l’ai pas fait.
Par devoir, un peu. Mais… à cause de quelque chose que tu connais. Que tu as, je le sais.
Le feu. »


Ses yeux sont désormais plus forts, plus ardents.

« Le feu qui nous guide, nous anime.
Le feu qui s’empare de nous face à l’injustice, au mensonge, à la tromperie ; au crime. Au mal.
Je voulais échapper à cette vie, Conner. Je ne connais que trop bien ce que tu vis.
Mais je sais ; comme toi. J’ai toujours su.
Je ne peux y échapper – car c’est en moi.
Pas à cause des pouvoirs. Pas à cause de nos origines. A cause de ce que nous sommes.
A cause de qui nous sommes, quand nous assistons à une bassesse. Qui nous sommes, quand nous entendons un cri de terreur dans la nuit. Qui nous sommes, quand nous découvrons des atrocités. Qui nous sommes, quand nous découvrons que quelqu’un, quelque part a besoin d’aide. »


Clark fait un pas.
Il ose.


« Tu m’en veux car j’ai failli, et c’est légitime. Mais tu ne m’en veux pas car tu as repris mes restes – c’est faux, et tu le sais.
Ta colère vient, je pense, du trouble qui t’anime entre ce que tu veux… et ce qui te ronge.
Tu ne veux pas de cette vie, et dieu sait que je te comprends.
Mais tu ne peux la fuir ; car tu ne peux fuir, quand tu découvres le mal devant toi. »


Il tend définitivement sa main devant lui.

« Tu peux m’en vouloir. Tu peux me haïr. Tu peux me détester.
Je peux encaisser, accepter.
Mais… je refuse de te voir te perdre dans ta colère… parce qu’elle est dirigée contre toi.
Je refuse de te laisser sombrer.
Car je ne suis pas comme ça.
Car… tu n’es pas comme ça ; non plus. »


Clark se tait, alors ; et attend.
Sans rien faire.
Sans rien préparer. Sans rien anticiper.

Il attend.
En confiance. Dans l’espoir, en fait.
Dans l’espoir que ça fonctionne.
Dans l’espoir de ramener Conner ; son clone. Une expérience, qu’il a tant rejetée ; et qui est plus.

Son frère.
Son successeur.
Son… héritage.

Conner Kent
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Re: Always hold on to Smallville [Conner] Jeu 25 Juin 2020 - 17:14

Conner n'était pas étranger aux influences mentales. N'avait-on pas, dès le premier jour, tenté de ciseler sa psyché de manière à servir les desseins d'un autre ? Combien de fois n'avait-on pas essayé de le tromper, de le manipuler, de se servir de lui d'une quelconque façon ? Trop souvent. C'était la raison-même de son existence : être une arme, un outil au service d'un autre - un objet. Il n'avait jamais été prévu qu'il développe une conscience, qu'il puisse avoir sa pensée propre.

Avoir son propre Superman, un qu'il puisse contrôler : telle était l'ambition de Lex Luthor au moment de le créer - ou de signer le chèque à Cadmus duquel tout allait partir, à tout le moins. Trop souvent, il avait été un pion, une marionnette, un jouet entre les mains d'autrui, qu'il s'agisse d'une personne ou d'une puissance supérieure.
Luthor, les Péchés Capitaux, Arès... M'gann. Et maintenant ça.
L'histoire n'en finissait plus de se répéter. À peine croyait-il avoir fini de danser dans une paume qu'il se retrouvait déjà dans une autre. Ne tentait-il désespérément d'être lui-même que pour qu'on lui rappelle sans cesse qu'obéir était sa raison d'être ? Qu'il était né pour servir ?

Ça en devenait une habitude.
Et, aussi triste que ce soit, là était peut-être son plus grand avantage. Car aucune laisse, aucun collier ne l'avait retenu longtemps. Chaque fil dont il avait été le pantin avait fini coupé ; chaque brouillard qui avait obscurci ses pensées s'était dissipé. Ces chaînes qu'on avait voulu lui imposer, il les avait brisées l'une après l'autre - le ferait autant de fois que ce serait nécessaire. Jusqu'à ce qu'on cesse de voir en lui le jouet d'un autre ; jusqu'à ce que l'on arrête de croire qu'il peut être contrôlé.
Ce n'était pas un bijou bon marché qui allait lui dicter sa conduite - arme la plus puissante de l'univers ou pas.

Cependant, autant qu'il aurait aimé n'avoir besoin de personne, force est d'admettre que toute aide est bonne à prendre lorsqu'il s'agit de se sortir d'une telle camisole mentale. Et cette aide, Clark s'obstinait à vouloir la lui apporter, par ses paroles et par ses actes - malgré son rejet, malgré l'amertume qu'il reçoit en retour.
Seulement... Conner pouvait-il encore l'entendre, à travers le sang qui lui battait les tempes, par-delà la cacophonie démente de son coeur enflammé ? Il brûlait, oui - de l'intérieur ; et ne voyait plus que les flammes.

Et si touchants que soient les mots, il n'entendait que la colère.
Car elle parle, la colère - et l'anneau était là pour s'assurer qu'il écoute.

Il s'élança, et sa vitesse fut prodigieuse - faisant voler le mur du son en éclats, retournant la terre sous son pas ; et le monde retint son souffle. Car si ce coup devait être porté, si ce combat devait avoir lieu, sa face pourrait bien s'en trouver changée.
Car si les héros étaient les dieux de cette époque, ce serait leur choc des titans.
L'onde de choc balaya les alentours, arrachant ce qui pouvait l'être et brisant le reste. Au loin, à plusieurs centaines de mètres, un poteau électrique vacilla sans choir tout à fait, déraciné. Et le sang se mit à couler.

Celui de ce poing, arrêté avant qu'il soit trop tard. Une fraction de seconde à peine avant de commettre l'irréparable. La vision de l'Homme d'Acier n'ayant rien à envier à la sienne, sans doute n'en manqua-t-il aucun détail ; de ce bras tremblant d'avoir été figé dans son élan, des gouttelettes pourpres fuyant de ses doigts.
De cette bague à la lueur malsaine, de ses fissures qui n'en finissent pas de s'étendre.
Pour des raisons évidentes, leurs ennemis étaient fréquemment amenés à se demander comment ils pouvaient s'y prendre pour blesser un kryptonien. Paradoxalement, rares étaient ceux à se dire qu'ils devraient avoir à craindre leur propre force.

Bien sûr que si.

Grimaçant dans la douleur et dans l'effort, le clone se recula d'un pas titubant - obligea sa main à retomber, tant qu'il le pouvait encore. L'orage n'était pas passé : on pouvait l'entendre dans sa voix, amassant ses nuages au loin, toujours plus noirs. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il revienne, qu'il laisse parler la foudre.
Quant à savoir combien...
Pas assez.

J'ai été fait pour ça. Fabriqué pour ça. Ça ne s'efface pas si facilement.

La souffrance le fit tressaillir, une fois de plus étouffer un râle. Les veines saillant sous sa peau, il agrippa son propre poignet, s'échinant à contenir l'inquiétant grésillement en provenance de l'artefact. À le faire taire rien qu'un instant - rien qu'une seconde de plus.

Même aujourd'hui, je ne sais pas si c'est vraiment ce que je voulais ou si c'est juste ce qu'on m'a mis dans la tête. Si j'ai vraiment réussi à oublier, à passer à autre chose, ou si je ne fais que me mentir à moi-même. S'emportant, il écarta les bras d'un geste brusque. Qui ne voudrait pas être Superman ? Moi, je peux. Moi, j'en ai les moyens. Tout ce qu'il faudrait...

C'est que tu disparaisses.
Il ne finit pas sa phrase ; il n'en avait pas besoin. L'un comme l'autre, ils la connaissaient déjà.
Il ne peut pas y avoir deux Superman.

C'était bien là le drame de son existence. Celle d'une pièce de rechange ; de n'avoir été conçu que pour prendre une place qui ne serait jamais vacante. Pourvu qu'il ait un soleil jaune duquel s'abreuver, un kryptonien pouvait-il seulement mourir ? Et même s'il le faisait, ne trouverait-on pas simplement un autre moyen de le ramener ? Ce ne serait pas la première fois.
Alors lui, à quoi servait-il ?

Mais d'une certaine façon, tout ce qu'il déclarait ici, tous ces démons enfouis que la Rage faisait sortir au grand jour en éventrant son enfer personnel, Superman les avait déjà vus venir.

Voilà qui répondait à sa question. Qui ne voudrait pas être Superman ? Et bien, Superman lui-même, semble-t-il ; au moins à une époque. Qui l'eut cru ? C'était inconcevable, et pourtant... Pourtant, quelque chose en lui l'incitait à le croire, à lui prêter foi, même alors que le courroux distordait et salissait tout. Ils avaient trop en commun pour qu'il en soit autrement.

Certes, ce n'était plus le cas aujourd'hui. À la façon dont il en parlait, ce n'était pas même récent. Mais apprendre que lui aussi aurait voulu pouvoir faire les choses autrement, pouvoir choisir une autre voie... Il ne savait quoi en faire - et même l'anneau parut désemparé, tant il fut incapable d'en extrapoler quoi que ce soit pour l'excéder davantage. À moins qu'il ait tout bonnement dysfonctionné : il paraissait clair désormais qu'il n'était pas en état de fonctionner normalement, pour le meilleur comme pour le pire. Toujours est-il que, pour l'heure, cela lui accordait un moment de répit - de clarté.

Ce feu, il le connaissait bien, oui - et il n'avait rien à voir avec celui qui couvait en lui à cet instant. C'était lui qui l'avait poussé à revenir à la vie héroïque après s'en être retiré - pour vivre ici, à Smallville, justement. C'était aussi lui qui l'avait mené à poursuivre la lutte alors même que ses pouvoirs l'avaient quitté, qu'il n'était rien ; plus rien qu'humain, sans facultés extraordinaires exigeant de lui qu'il les mette à profit. D'une certaine manière... C'était lui, aussi, qui l'avait fait se révolter contre Clark, lui avait fait voir ses choix discutables comme une trahison.

Le regard vague, il parut perdu. Puis, sa main finit par se lever, hésitante - celle-là même qu'il avait failli abattre sur lui ; sur ces traits si semblables aux siens, sur cet emblème qui représentait tant -, pour s'approcher de celle qu'on lui tendait. Est-ce que ça pouvait vraiment être si facile ? Et était-ce vraiment les meilleures conditions ? Baissant les yeux, il vit cet anneau à son doigt, encore crépitant - et se ravisa, juste avant que ses doigts se referment sur les siens.

Je ne peux pas faire ça maintenant. déclara-t-il, contrit. Au fond de son crâne, il pouvait déjà l'entendre battre à nouveau, en rythme, comme un tambour de guerre. Pas comme ça, pas tant qu'il n'aurait pas résolu ce problème - d'une manière ou d'une autre. Mais... Nous en reparlerons. Plus tard. Quand je... Quand ce sera réglé.

Et en un sens... La promesse d'un dialogue était déjà plus que ce que Clark pouvait espérer en venant, ce qui en faisait une victoire en soi. Le processus de guérison était finalement entamé : au temps de faire son oeuvre, à présent. En espérant qu'il lui en reste assez pour cela.

Plus tard, répéta-t-il, comme pour s'en convaincre lui-même. Comme pour y puiser de la force.

Et immédiatement, Conner ne fut plus là - parti aussi vite qu'il était arrivé, sinon plus ; laissant néanmoins dans son sillage l'espoir que les choses puissent s'arranger entre eux, après ce long silence. Cependant... Réconciliation ou pas, cette épreuve-ci, il allait l'affronter seul.
Même si c'était la dernière chose qu'il faisait.


« It's time to start acting like the man I'm going to be tomorrow. »
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Re: Always hold on to Smallville [Conner] Ven 26 Juin 2020 - 9:30

Clark ne bouge pas.
Jamais.

Il ne fait rien. Il ne fait aucun mouvement, hormis ceux de son visage.
Il ne fait rien, non.
Pour ne pas casser le moment. Pour ne pas précipiter le pire.

Pour ne pas donner à Conner… une excuse.
Une raison, en fait.
Une raison pour qu’il craque. Une raison pour qu’il cède. Une raison pour… qu’il se soumette.

A l’anneau.
A ce fichu anneau – à ce foutu anneau, plutôt. Même si Clark ne jure pas et n’aime pas cela, il ne doit pas d’autre terme pour cette chose.

L’anneau, oui.
L’anneau que Conner porte. L’anneau qui glisse à quelques centimètres à peine de son propre visage quand, par super-vitesse, Conner se projette et semble vouloir le frapper – avant de s’arrêter.

Il s’arrête. Conner s’arrête.
Et Clark voit, alors.
L’anneau, oui. L’anneau brisé, l’anneau endommagé, l’anneau qui ronge l’esprit et le corps de Conner ; de son clone. De son frère.

Mais… Clark ne voit pas que cela.
En fait, Clark ne voit plus, rapidement, l’anneau. Il voit autre chose.
Il le voit… lui.

Conner.
Conner Kent. Kon-El.
Superboy.

Qui tient. Qui se retient.
Qui s’arrête.
Malgré l’anneau. Malgré la colère. Malgré la rage. Malgré la frustration. Malgré la déception. Malgré un destin contraire.

Malgré… tout.
Conner. S’arrête. Et Clark le voit – tel qu’il est.

Un héros.

Qui se retient. Qui s’arrête.
Qui parle.
Qui provoque un sourire doux et sincère sur le visage du journaliste, alors que les mots s’échappent des lèvres du jeune homme.

Ils plaisent, à Clark. Ils réchauffent son corps, comme la vision qu’il a de Conner.
Un héros.
Troublé, perturbé. Rongé, hanté. Fracassé, même.
Mais. Mais il tient. Malgré tout.
Conner tient.

Et alors qu’il part… alors qu’il s’échappe, qu’il s’enfuit après avoir presque pris la main tendue par Clark… celui-ci n’est pas déçu.
Au contraire.


« Oui. »

Un léger souffle s’échappe de ses lèvres, alors que sa poitrine se remplit d’air – et de joie.

« Plus tard. »

Sa voix n’est qu’un murmure… mais il sait qu’elle est entendue.
Il sait qu’il est écouté.


« Mon… frère. »

Il sourit, et bouge ; enfin.
Il bouge. Et il sourit.
Car il est… bien. Il est soulagé. Il est heureux.

Evidemment, rien n’est terminé – tout est encore à confirmer.
Mais tout… a commencé.
Ils se sont rapprochés. Ils se sont… trouvés, plutôt. Enfin.

Après des années à ne pas se comprendre ; à s’éviter. A se regarder comme des étrangers, des adversaires. Des concurrents.
Ils se sont enfin trouvés.

Comme des frères.
Evidemment en compétition ; le plus jeune sentant qu’il doit devenir comme le plus vieux, le plus vieux sentant qu’il doit être meilleur que le plus jeune, toujours.
Mais… ils ont parlé. Ils se parlent.
Ils s’ouvrent.

Leurs doutes. Leurs peurs. Leurs choix.
Leur feu.
Ils se rejoignent. Ils se trouvent. Ils se domestiquent ; lentement, mais sûrement.

Ils se trouvent.
Clark et Conner… se trouvent. Enfin.

L’espoir revient, alors. L’espoir brille.
Une évidence, finalement, pour quiconque porte un S sur le torse.

L’espoir.
Ici. Maintenant. Toujours.
Pour le monde.
Pour eux. Enfin.

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Always hold on to Smallville [Conner]
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