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Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny]

Matt Price
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Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] 386562Rien
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Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Mer 25 Déc 2019 - 0:25

Ah, le Réveillon !
Ca a toujours été un moment particulier de l'année, dans ma famille. Une grosse source de stress d'abord, à cause des préparatifs de dernière minute, mais aussi l'un des rares moments où le boulot de ma mère ne l'accaparait pas. Faut dire que son boulot lui réussissait drôlement bien, et que les projets scientifiques s'arrêtaient pas parce que le 24 décembre pointait le bout de son nez, mais elle prenait toujours une journée pour être avec nous. Histoire de nous empêcher de brûler le cuisine en préparant des cookies pour le Père Noël. Promis, je me suis beaucoup amélioré ! Je dirais même que c'est devenu sacrément comestible. En tous cas suffisamment pour ne plus être mis en examen pour empoisonnement involontaire et attentat gustatif au palais d'autrui. Non, j'ai jamais été mis en garde-vue monsieur l'agent, j'étais toujours trop mignon pour ça, vous savez... hé, je rigole ! Le pire truc que j'ai jamais fait, c'est jouer au super-héros à Gotham avec la loi anti-vigilantes !

Mais du coup, Noël, ça s'est toujours fait avec ma maman... et...
C'est la première fois qu'on le fête sans elle. Depuis l'enterrement. Et Papa est aussi ravagé que moi. Voire plus. Poser les décos de Noël dans une ambiance sépulcrale, ça fait vachement plus Halloween. Et c'est bon, j'ai eu ma dose de trucs chelous d'Halloween, cette année. Après les guirlandes, il a fallu déterminer les gens à inviter... une GROSSE galère ! Papi Amos, il veut pas quitter sa maison, et il hérisse les quelques poils qui lui restent quand on s'approche de lui. Ouaip. Comme un chat échaudé. J'adore mon papi, il est encore plus un ermite que moi. Puis on a zyeuté nos listes d'amis dispos. Que dalle. Peau de chagrin. Une misère. La sociale de la maison, elle n'est... plus là. Alors j'ai pris l'initiative d'inviter m'sieur Ralph ! Ca fait déjà quelques mois qu'on se la joue prof-élève tous les deux, en vrai... le temps passe trop vite, c'est fou. Il m'avait l'air un poil seul, et ça me faisait mal au coeur de le laisser dans sa grande maison. Donc Réveillon avec lui ce soir !
Ce qui demande nettement plus de travail que juste glander devant la télé en commandant au traiteur chinois via RuberEat !
Alors Papa et moi, on a carburé. Genre comme des fous.
Décos fines mais élégantes, belle table dressée, feu dans la cheminée, repas aux petits oignons, et même des vins qui vont s'accorder à merveille avec les fromages que m'sieur Ralph et moi on a ramené de Paris, lorsqu'on y est allé l'autre fois. C'était cool d'être moins dans l'action. Découvrir une culture sans se presser, ça m'a plu.

Mais du coup, ça m'a fait me dire qu'on avait pas de cadeau pour notre invité ! Et que je savais pas du tout quoi lui offrir... alors je me suis creusé la tête. Fort fort fort, des jours et des jours jusqu'à avoir une véritable épiphanie ! Une vraie de vraie, le genre qui te fait te sentir comme un débile de pas y avoir pensé avant. Alors j'ai potassé tout ce que je pouvais: coupures de journaux, vidéos, rapports publics, photos, témoignages, documentaires et bien d'autres trucs pour bien ressentir la chose.

Le soir du 24, je stresse comme une marmotte à court de papier alu dans lequel mettre le chocolat à cause des grèves d'acheminement.
Un enfer.
D'abord, ça va être la première rencontre entre mon père et mon prof. Ensuite, ledit paternel a invité Rocio, ma génitrice, sans m'en informer DU TOUT, ce qui arrange pas trop mes plans. Voire pas du tout. Et cerise sur le gâteau, si on peut appeler ça comme ça, j'arrive pas à me rappeler de la date précise qui m'intéresse, partie pourtant essentielle à mon plan !
Papa suit bien mes consignes en cuisine, par contre, et ça se sent.
Comme l'indiquait le site cordonbleu.com, une délicieuse odeur de champignons commence à s'échapper de la cuisine, pour venir paresseusement serpenter entre les verres en cristal et les assiettes d'une table exquise.

DING DONG

URGH !
La fin de tout !
L'apocalypse stellaire !
Armageddon fait chair !
Du calme Derek, ça va le faire. Tu n'as juste besoin que d'une ancre, vu que tu as déjà bien potassé autour. Plus fébrile que lorsque j'ai eu à affronter Freeze, je m'avance d'un pas rigide vers la porte et, sans regarder dans le judas, j'ouvre.
Adieu monde cruel !
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Mer 25 Déc 2019 - 11:41

Open the door:


C’est le réveillon et j’ai l’estomac tout noué. Je suis sur la route vers Gotham City et j’ai ce même sentiment que j’ai à chaque fois que je me rend dans cette ville… Comme si des yeux se trouvent à chaque coin de rue, à chaque feu de signalisation et qu’une ombre menaçante surplombe son entièreté. Sur ce point là, c’est sans aucun doute vrai, puisque la ville de Batman. J’espère qu’il n’est pas seul pour le réveillon…
Mais ce n’est pas le fait de retourner dans cette ville qui me fait avoir le trac. Depuis le décès de ma chérie, j’ai passé Noël… Tout seul. Dans ma maison. Sans déco, sans joie et… C’est la première fois depuis trois ans que je décide de changer ce point là. Je me rends chez un ami, le formidable apprenti héros, le jeune qui ne manque pas de me surprendre chaque jour que je passe en sa compagnie. Derek James m’a invité à passer le réveillon avec lui et son père. J’ai hésité, à vrai dire. Je n’ai pas voulu les déranger et… Encore maintenant j’ai peur d’être de trop dans leur maison. Mais je crois qu’après toutes les aventures que nous avons vécu en si peu de temps Derek et moi, nous avons besoin de nous retrouver dans une ambiance plus festive. De ne plus être des héros mais des personnes normales qui passent un bon moment. J’ai accepté et je suis enthousiaste qu’il est eu l’idée. Mais je ne peux pas m’empêcher de stresser un peu. Nous préparons ça depuis début décembre et nous y arrivons, ça y est ! Après m’être garé et vérifié plusieurs fois si je me trouve devant la bonne adresse, je prends quelque affaire, j’enfile mon manteau et je sors du véhicule. Je m’avance jusqu’à la porte. C’est bien ici…
Je sonne.

J’attends quelque secondes et je reconnais un pas précipité. On ne peut pas imiter ce pas là. Même moi en grand imitateur et en sortant des talents de comédien bien planqués sous mon stretch masque, je ne peux pas imiter Derek James. Il est unique. Comme je l’ai dit, il est formidable. Et comme je l’ai si bien deviné, c’est lui qui m’ouvre. Au début je le regarde, un sourire naissant sur mon visage et le front se dresse dans une expression surprise.
- Tout va bien. C’est juste moi… - Je regarde derrière moi comme si je vérifie que mes dires sont justes - Juste moi !

Et je lâche un large sourire. Non l’apocalypse ne m’a pas suivi, pas de brume magique, pas de coup de flingue, pas de monstre destructeur et encore moins de biper de la League pour nous envoyer en mission… Pour tout avouer, je l’ai laissé dans la voiture. Ce soir, je ne peux pas partir dans la précipitation. Je veux passer du temps ici, profiter de la bienveillance et de la gentillesse de Derek… Accepter son cadeau de Noël.
En parlant de cadeau !
- Surprise ! - Je lui tend un paquet à la fois timide et heureux de lui offrir ce petit présent. - C’était le combat du siècle pour les avoir. Certains sont devenus si rare qu’ils ont atterris sur des sites d’enchères. Mais ouvres… Tu comprendras !

Je lui fais un clin d’œil alors que j’entre à l’intérieur, une fois qu’il m’a invité à le faire. Je sors un second paquet, mais qui n’est pas emballé comme un cadeau, plutôt dans le pratique pour protéger de la nourriture.
- Et comme tu peux le sentir j’ai ramener le bleu de Termignon et quelques autres spécialités qui t’ont fait de l’œil en France.***

Eh oui, je n'ai pas traîné ! Lorsqu’on a un jeune homme motivé capable de faire des portails pour aller partout, évidemment que je lui ai proposer de voyager. C’est une apprentissage, une enrichissement personnelle le voyage. C’est à travers les péripéties que l’on apprend le plus de choses, à travers la culture des autres. Et en plus d’être un pays aux multiples cultures et très riches en environnement, la France est un des meilleurs pays en gastronomie variée. Après avoir retiré mon manteau, je prends le temps de regarder où je me trouve. C’est plus petit que chez moi, mais je lui trouve un côté chaleureux. C’est peut-être les décorations de Noël qui amplifient ce sentiment. Le lieu en lui-même taillé m’a l’air vraiment chouette et j’en suis presque surpris. La plupart des endroits à Gotham n’ont pas l’air aussi engageant, lorsqu’on commence à se balader en ville… Il faut dire que tu es davantage occupé à veiller sur ta sécurité qu’à regarder si un appartement peut te plaire…
Derek me fait la visite et je découvre à quel point ils se sont donnés du mal pour m’accueillir. C’est vraiment beau et je n’ai pas eu cet effet là depuis longtemps…
Je sens une délicieuse odeur de champignon depuis la cuisine où quelqu’un s’affaire à cette tâche. Cette personne finit par venir à notre rencontre. Pour la première fois, j’ai devant moi le père de Derek.
- Bien le bonsoir ! Et bienvenue !
- Merci beaucoup - Il me tend la main et je la serre avec panache - Ralph Dibny !
- David Flynn !

Nous exclamons “enchanté” en même temps. Cet homme a un bonne poigne comme on en fait plus, ça fait plaisir. Je suis cependant assez surpris. Je ne l’ai pas imaginé ainsi, pour tout vous dire. Derek ne lui ressemble pas beaucoup et je devine alors qu’il doit y avoir une histoire de famille derrière ce mystère. Cependant, c’est bien son papa. Le côté un peu timide, maladroit, avec ce même sourire là qu’il a fait, comme celui de Derek lorsqu’il est mal à l’aise ou lorsqu’il a fait une petite bêtise.
- Installez vous ! Faites comme chez vous, je retourne à la cuisine. Je n’en ai pas pour longtemps.
- Merci.

David fait des signes à son fils pour qu’il l’aide. Je les regarde se faufiler dans la cuisine et je ne bouge pas pendant quelques secondes. Moi aussi je suis un peu timide ce soir, un trait que je n’ai plus l’habitude de porter. Alors pour passer le malaise, j’abats ma curiosité sur ce qui m’entoure. Et le salon est l’endroit le plus décoré, avec la table qui ajoute un effet très stylé. C’est beau, c’est grandiose ! Et cette télévision est… Bon sang, super grande ! Je ne peux pas m’empêcher d’observer les photos. Une personne apparaît régulièrement… Et je doute de me tromper en pensant qu’il s’agit de la maman de Derek. Son visage est complice, taquin et a une force de caractère évident mais son regard est doux. Sincère. Il a quelque chose d’aimant de et puissant. Quelqu’un qui a beaucoup à donner… Une personne partie trop tôt, elle aussi…
Je détourne le regard. Ce… Ce n’est pas le moment d’être rongé par le passé. Je dois penser à l’instant présent et avancer.
J’entends quelqu’un arriver et il s’agit de David qui apporte quelque couvert supplémentaire. Avec maladresse, il en fait tomber un et dans un réflexe fulgurant, par habitude de le faire, je le rattrape. Mais avec une allonge beaucoup moins normal que celui d’un être humain, si vous voyez où je veux en venir. Mon bras a pris plusieurs centimètres de longueur et David sursaute de surprise.
- Oh !
- Ah … Euh… - Je grimace un sourire. Oops, bêtise - Je…
- Ne vous inquiétez pas, mon fils m’a prévenu qui vous étiez.
- Oh, ouf… Enfin je veux dire…
- D’ailleurs, lorsqu’il m’a dit que son prof c’est Elongated Man, je n’ai pas voulu le croire. - Il me remercie alors que je lui rend le couvert et qu’il les pose sur la table, tandis que j’arrange la chemise - Vous étiez connu à une époque où il était haut comme trois pommes !
- Hé… Oui, ça remonte à loin.
- Je me souviens qu’on parlait de vous et que des récits ont été écrit pour décrire votre vie.
- La plupart sont très exagérés !

Et faux, surtout ceux qui concerne ma rencontre avec Sue. Les romanciers ont tendance à enjoliver les choses, à les rendre trop mielleuses. Alors que la vérité est beaucoup moins poétique… Hé… N’allez pas dire aux fans de roman d’amour que j’ai pété une vitre pour entrer dans la salle de balle car nous cherchions des voleurs de bijoux et que nous avions fait mouche ! C’est un détail qui pète l’ambiance romantique...
David retourne dans la cuisine pour aider son fils. Je sens déjà la bonne odeur du plat et je suis certain qu’ils ont mijoté quelque chose de formidable. Je fais quelque pas timide, pour observer et m’assurer qu’ils n’ont pas besoin d’un coup de main. Ma nature bienveillante prend souvent le dessus sur la bienséance. Mais Derek est tout stressé, je le sens d’ici...
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Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] 386562Rien
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Jeu 16 Jan 2020 - 2:47

Bon, déjà c'est pas Rocio.
Ca aurait clairement pu, faut dire. Et toute ma préparation mentale aurait servi à que dalle. Juste de quoi essuyer mes larmes de stress coulant le long de mes joues dorées de faux porto-ricain. Et autant ça me fait super plaisir de voir m'sieur Ralph sur le pas de ma porte, bien habillé, pimpant, fringant, autant ça m'angoisse. Parce que mon cadeau va potentiellement lui ruiner sa soirée... ou pire, le reste de sa vie. Je veux pas ça. Alors il va falloir y aller mollo. Mettre en doute la moindre des réactions de mon cher prof. L'étudier, le zyeuter sous toutes les coutures pour déceler tout ce qui pourrait indiquer une catastrophe imminente. Le genre qui anéantirait le continuum espace-temps mais sans DeLorean sympa pour fixer le bidzouf.
...
En attendant, je manque à mes devoirs d'hôte !
Quel impénétrable goujat !
Quel fieffé coquin !
Quel ingrat élève !
Réparons cette injustice sur le champ, avec un joli sourire... voilà !... et un petit mot d'accueil invitant à entrer... voilà ! Répondons bien à sa petite blague, surtout.

- Oui, c'est juste vous. Et de toutes façons, si un super-vilain pointe le bout de son nez, on aura qu'à rajouter un couvert, hé hé !

Naturel, Derek. Lui laisse pas voir ton plan dans le fond de tes yeux. Aie juste l'air... bah occupé à préparer un repas de Réveillon du feu de Tempus, quoi ! Ce qui est aussi le cas. Les gouttes de sueur qui me roulent délicieusement (non) dans le dos sont autant dues à la préparation du cadeau qu'à la cuisine. Il fait chaud là-dedans, la vache !
Mais ça en vaut la peine.
Même si ma blague précédente était pas drôle.
Et que je regrette déjà de m'être lancé dans une carrière de super-héros comique.

- Pardon, c'était pas drôle.

Pis bien sûr, pour en rajouter une couche, il faut qu'un fichu paquet me soit tendu. Un paquet cadeau. Que m'sieur Ralph décrit comme obtenu après le "combat du siècle". Je rougis tellement fort que ça m'étonnerait pas que le Père Noël renvoie Rudolphe pour m'embaucher à sa place...

- Maimaimais fallait pas m'sieur Ralph ! Je... J'suis...

Ému. C'est le mot, je pense.
Et en des termes plus longs et moins jolis qu'utilisent diligemment les jeunes de mon âge: chuis retourné de ouf guedin par cette tuerie top délire méga groove. A peu près, je ne suis encore qu'apprenti linguiste.
Cette attention est tellement inattendue qu'au final, je ne parviens à dire qu'un simple et faible:

- Merci.

Puis on entre, enfin !
Malgré l'infernal four dans la cuisine, je peux presque entendre mon padre grelotter autant que les carillons du traîneau de Noël.
...
Eh bah dites donc, je suis vachement thème Noël avec mes comparaisons ce soir ! Faut faire gaffe, on pourrait presque croire à un rapport. Humf... m'enfin, je fais rentrer mon bon m'sieur Ralph, je referme bien la porte derrière et... c'est parti pour un tour du rez-de-chaussée. D'abord, le grand salon, avec toutes les commodités. Les seules décorations de la pièce sont sur la table à manger, mais y a le paquet, par contre.
Puis première salle de bains, et les toilettes, pour les envies pressantes.
Car voyez-vous, même un 24 au soir, les super-héros ont besoin de se soulager. Ca arrive. On est exceptionnels, j'en ai bien conscience, mais faut ouvrir les yeux deux minutes: on a toujours nos vessies. Cela dit, peut-être qu'un jour je pourrais ouvrir des rifts pour m'éviter de... oh, voilà mon Pôpa qui sort de la cuisine !
Chic, de quoi détourner l'attention de mes bêtises mentales !

- Bon bah je vais vous laisser faire connaissance, alors...

Vite, repli stratégique dans la cuisine-volcan.
Surtout qu'à n'en pas douter, Papa va me demander de le rejoindre une fois les présentations achev... bingo ! Donc le temps de quelques minutes, je m'active à augmenter puis baisser les feux, sortir du frais les produits qui ont besoin d'être consommés à température ambiante, faire griller des toasts, ce genre de choses. Et au cas où, même si il ne se pointe pas, je m'apprête à interdire à m'sieur Ralph d'aider. Quand on invite, on laisse pas les invités faire, tout de même. Déjà qu'il a ramené du fromage...
Soudain, résonne un tintement dans la maison !

DING DONG

- J'vais ouvrir !

Ni une ni deux, je m'élance et, passant devant m'sieur Ralph sans lui prêter un regard (j'ai presque réussi à remplacer mon stress par une lampée de sauce aux cèpes, c'est pas le moment de le faire revenir), j'arrive à la porte pour l'ouvrir.
Derrière, dans l'ombre vespérale de cette veille de Noël, se tient une assez grande femme d'origine latine, fine comme une allumette, en milieu trentaine et avec de longs cheveux sombres patiente. Rocio. Ma "vraie" mère. Celle qui m'a donné naissance, en tous cas. Chaque fois que je la vois, je ne peux pas m'empêcher de penser à Maman...
Courage Derek, inspire profondément.
Ca va aller.

Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] M4u3

- Hola Rocio. Ca va bien ?

Elle grimace alors que quelques flocons commencent à chuter lentement vers le bitume de Gotham. Apparemment, les fraîcheurs de la Côte Est américaine ne lui plaisent pas tant que ça... qu'elle ne s'inquiète pas: pour quiconque ayant connu et apprécié la chaleur du Sud, au bord des Caraïbes, c'est la même chose.
Pire que tout, la sensation ne part pas.

- Maldita nieve... Hola Derek. Oh bien, et toi ?

Je me frotte la nuque, un poil nerveux.
Ca revient.
Grrrr...

- Ça va ça va. Papa t'a informé de notre invité ?

Sait-on jamais ? David Flynn a le chic pour laisser les autres annoncer les nouvelles qui l'embêtent. Le chic et le talent, surtout. Parce que mine de rien, un tel niveau d'esquive, ce n'est pas donné à tout le monde.

- Si niño, je suis au courant. Ton professeur de théâtre.

Oh.
Non seulement je suis mauvaise langue mais en plus il a inventé une excuse plutôt crédible ? Tu m'épates, papounet ! Manquerait plus que Rocio découvre ma double identité... on serait pas dans la mouise, tiens.

- Euuuuh... oui. C'est ça, de théâtre. Et si tu rentrais, il fait froid hein hé hé...

Allez, on embraie !
Quittons le froid du dehors pour profiter de la chaleur du foyer. Des amis. De la famille.
J'informe rapidement m'sieur Ralph de son statut fraîchement acquis de prof de théâtre, avant que Rocio n'aille le surprendre avec ça. J'ai aucun doute sur ses facultés d'improvisation, mais ce serait franchement pas cool de le mettre dans l'embarras. Enfin je pense.
Et enfin, une fois les bises faites, on peut tous se mettre à table !
...
Eh bah le repas se passe étonnamment bien. Tranquillité, bonne humeur, jolis mots, plats cuisinés d'une main de maître, feu dans la cheminée... ce serait parfait, si paradoxalement cette petite bulle de bonheur ne rappelait cruellement un manque. La place où devait se trouver Maman. Vide.
Ca me prend au coeur.
Terriblement.
Et, à deux reprises, je prétexte un besoin d'aller aux toilettes pour pleurer. Pour regarder les derniers SMS qu'elle m'a envoyé, aussi.
Peux pas retenir mes larmes, elles débordent. C'est... juste trop dur.
Je veux pas en parler.

Enfin, le repas se termine.
C'était vraiment bien. Malgré... voilà quoi, je suis heureux d'avoir fait quelque chose avec des gens que j'apprécie. Le moment était bon. Il a permis de dissiper mes craintes, aussi. Des raisons pour lesquelles je me refuse à utiliser mon don pour des raisons personnelles. De celles qui me servent d'appui moral pour le cadeau de m'sieur Ralph, également.
Alors, rasséréné, je vais voir mon légendaire "prof de théâtre", pour lui demander le plus discrètement du monde (c'est faux, je suis nul à ça):

- M'sieur Ralph, je peux vous dire un mot dans ma chambre ?
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Ven 17 Jan 2020 - 1:53

Whisper of the past:

Je me suis douté de son refus. Derek veut bien faire, ce soir. Spécialement pour que cette soirée se passe bien. Alors il ne veut pas que je l’aide. Déjà parce qu’il est l’hôte mais aussi parce que le petit a un grand coeur. Bien plus grand qu’on ne le pense. Je souris, poliment, alors que je le vois faire des signes de la main en mode “Oust !”. J’attends avec patience, continuant à regarder les diverses photographies du salon. Elles me donnent vraiment l’impression que cette personne, cette femme pétillante que l’on voit régulièrement, manque terriblement à cette maison…
Pourquoi est-ce que c’est toujours comme ça ? … Je baisse les yeux vers ma main gauche. Vers mon alliance. Ouais… Pourquoi… hein ? Tu peux me le dire… ?
Je soupire, secouant un coup la tête. Bah ! Pas de mauvaises pensées, pas maintenant. Le passé est derrière, le présent est là et nous allons passer un très bon moment. C’est tout ce qui compte. Ensuite, le lendemain, nous continuerons ce qu’on sait faire de mieux, moi et le petit. Jouer les héros ! Hé… Même s’il a appris à ses dépens que c’est loin d’être un jeu…

DING DONG

Oh ? Ils attendent quelqu’un d’autre ? Je vois Derek filer comme une balle et je reste planté dans le salon comme un clou posé sur une table, prêt à l’emploi. Mais je ne peux pas m’empêcher, vil curieux que je suis, d’étendre mon cou pour épier le couloir. Derek ouvre à une femme qui… lui ressemble beaucoup. Certains détails ne trompent pas… Il m’a déjà parlé de ses parents, mais aussi de sa mère biologique. Elle n’a pas pu l’élever, alors Derek a vécu avec les Flynn. A chaque fois qu’il me parle de ces derniers, il les appelle Papa et Maman. Mais la dame qui est venue ce soir, de mémoire, s’appelle Rocio. Et… Il ne l’a jamais appelé maman...
Aussi vite que l’éclaire -Mais pas celui de Flash ! - mon cou revient à sa place alors que Derek la laisse entrer et qu’ils se rapprochent du salon. Elle arrive devant moi et me sourit, avec élégance. De prime abord, elle a l’air plutôt sympathique, quoique qu’un peu mal à l’aise. Elle ne doit pas être habitué à Gotham. Je lui souris avec sympathie et je m’incline légèrement :
- Buenas tardes - Je grimace d’un air désolé car mon accent n’est pas des plus fameux… Je n’ai pas travaillé cette langue depuis un bon moment. - Vous devez être Rocio ?
- Si, et vous Mr Dibny ? Enchantée !
- De même !

Des échanges presque trop normal et une poignée de main qui semble plus assurée que tout le reste. Je … Je dois dire que je ne me suis pas préparé à rencontrer sa mère… enfin Rocio, ce soir. Lorsqu’elle a le dos tourné pour aller saluer David, je me tourne vers Derek, levant un sourcil.
- Prof de … théâtre ? Sérieusement ?

Oui. Sérieux. Ok. Hem. C’est sûr que, tout bien réfléchi, il ne va pas aller crier sur tous les toits “Salut, je suis Sideways et je suis un héros”. Et encore moins à Rocio. Aussi surprenant que cela puisse paraître, elle ne semble pas savoir qui je suis ni d’où je viens, ce qui va beaucoup faciliter les choses… Notamment si elle commence à me poser des ques-
- Alors…
Et merde !
- Comme ça vous êtes professeur de théâtre ?
- Oh, oui ! - ça se voit non ? Mon visage est aussi expressif qu’un comédien qui fait son show - J’enseigne depuis pas mal d’années !

Ce qui est à moitié vrai, en faite, parce que j’ai été cascadeur et interprète ! Hé… ça compte un peu comme du jeu de comédien non ? Rocio me regarde et j’ai l’impression qu’elle me soupçonne de quelque chose. Il me faut un gros effort pour rester “normal”. Vous savez… “Normal” en faite. J’ai parfois tendance à avoir des vilains toc, lorsque je suis nerveux. Toujours une histoire de déformation de mon visage. J’ai un excellent self control lorsque je le veux bien. Des années de pratique !
- Vous avez l’air drôle en tout cas !
Ouf ! Punaise encore un peu et j’ai cru qu’elle avait tout compris…
- Hé ! Ce sont les jeunes comme Derek qui m’encourage à rester… de bonne humeur !
- Il a de la chance de vous avoir, vous devez lui apprendre beaucoup de choses !
Oh oui, j’essaye de lui apprendre ma technique avec le nez qui s’allonge pour trouver des mystères, mais il a bien dû mal… Comment ça, ce n’est pas le moment de parler de ça ? … Roh… Comme si c’est si étrange de-
- Euh, oui madame ! Il est doué en plus...

Manque plus qu’elle lui demande une scène d’improvisation… Remarques, nous sommes tous les deux en train d’improviser une soirée où Rocio ne se doute absolument de rien. Alors une petite scénette comme ça, hop, c’est un jeu d’enfant ! Non ? …
- C’est prêt !

Oh bon sang, sauvé ! Merci David… Je souffle un coup pour évacuer. Il faut que je me reprenne, tout va bien pour l’instant. J’improvise comme un dieu et Derek… Il ne s’en sort pas trop mal, compte tenu du stresse qu’il a en ce moment… Non mais sérieusement, regardez le… Je ressens d’ici sa nervosité, qui a triplé depuis que Rocio est entrée dans cette maison.

One = Denial :

On se met à table, le repas est servi et… Ouah ! Qu’est-ce que ça a l’air bon tout ça ! Tout le monde est servi et le début de soirée se passe plutôt bien. Au début, la conversation tourne entre David et Rocio, des échanges de banalités, des prises de nouvelles… Puis elle s’intéresse à Derek. Elle semble vraiment vouloir s’intéresser à ce qu’il fait, à ce qu’il pense… Elle essaye de faire au mieux. Le jeune homme a souvent les yeux rivés vers la place vide, là où doit se mettre habituellement la personne absente. Celle qui ne pourra jamais venir…
Il ne m’est pas difficile de le voir, de lire dans le regard de Derek cette tristesse. Ce manque… Il s’échappe deux fois pour aller au toilette et il revient un peu plus morose. Lorsque je jette un regard vers David, il a l’air de comprendre, lui aussi, ce qui se passe dans la tête de son fils. Rocio, peut-être aussi, mais je n’en suis pas certain. Elle continue à converser de façon très naturelle. Et au bout d’un moment, la question qui ne vous prépare jamais à donner une réponse de but en blanc arrive sur la table…
- Je me demandais… Vous n’avez pas de la famille, Mr Dibny ?
- Oh euh… - C’est juste une question Ralph… - Bien sûr, mais nous sommes un peu… en froid.
- Je vois… Même avec votre femme ?

Putain.
L’alliance…

Elle est fine observatrice. Elle peut faire une bonne détective, ma foi…
J’essaye de rester le plus calme possible, alors qu’à l’intérieur de ma tête se produit l’avalanche. Rien que le fait de mentionner Sue me fait avoir cette sensation de désordre monstrueux que j’ai envie de fuir depuis plusieurs mois. Le bazar qui se tapit dans un trou béant, qu’elle a laissé au fond de moi. Toutes ces choses que je n’ai pas encore eu le courage de remettre en ordre. Même si… Je… J’essaye…
- Elle … - C’est pas le moment de déconner… ! - Elle est en voyage d’affaire, à l’étranger… - Mais pourquoi est-ce que je … ?! … - Elle regrette de ne pas pouvoir être parmi nous…

Je…
Pourquoi est-ce que j’ai dit une chose pareille … ?

C’est venu si naturellement, qu’on peut me donner l’Oscar du meilleur acteur de drame. Sentant venir un malaise, David attire l’attention de Rocio… Et la fin du repas se passe bien. Rocio est partie se préparer. Ayant fait un long voyage, elle préfère se reposer. J’échange alors quelques mots avec David. Son visage paraît un peu plus grave que tout à l’heure.
- Je ne connais pas les détails… Mais… Je comprends ce que vous ressentez.
- Je…
- Helen est partie, l’année dernière. Je sais combien c’est dur…
- Ne vous inquiétez pas… Disons que, je… préférais…

David acquiesce et jette un coup d’oeil vers son fils. Ce dernier veut me parler. Qu’est-ce qu’il mijote… ? Oui, non, attendez, vous n’allez pas me faire croire qu’il ne mijote pas quelque chose… A la fin du repas, il a commencé à me regarder avec tellement d'insistance que j’ai cru que ses yeux allaient venir se loger sur mon visage. “I see you, but you dont see me”... Pourquoi je me mets des images loufoques dans le crâne…
Je ne me doute absolument paaaaaas du touuuuuut qu’il cache un truc dans sa chambre…
J’abandonne Papa pour aller à la rencontre de son fils qui referme rapidement la porte derrière moi.
- Derek ? …

Je le regarde, avec un air soupçonneux comme on le voit souvent chez moi quand j’ai un mystère sous le nez qui me démange et que je veux élucider la seconde suivante. Mais je me retiens de faire le coup de mon nez, parce que j’ai déjà compris. Je lis dans ce gosse comme on lit dans ses yeux cernés face au miroir en pleine insomnie. Évidence, tu es fatigué parce que tu es insomniaque. Évidence, Derek me cache quelque chose parce qu’il est nerveux depuis le début de soirée, qu’il n’a quasiment pas pipé mot et que maintenant qu’il est là devant moi avec cet air déterminé dans le regard.
Je lève les yeux au ciel pour ensuite les reposer sur lui, un sourire en coin sur mes lèvres… Je hausse les épaules, alors que mon regard commence à se faire plus … attristé.
- Si c’est par rapport aux questions de … - J’allais dire “ta mère” mais… Je ne pense pas que ça soit bienvenu de parler de sa maman maintenant… - Rocio, c’est… C’est rien. En faite, je… Je n’ai absolument pas joué la comédie sur la fin…

J’ai l’air con en faite. Je lui avoue concrètement que j’ai dit la vérité. Non… pas la vérité, mais une vérité. Celle qui m’arrange. Celle qui me permet d’oublier pendant un bref instant que Sue n’est plus là… Qu’elle ne va pas revenir. Mon coeur se serre dans ma poitrine et je fais au mieux pour ne pas devenir d’un seul coup un liquide… Des années d’expériences, ouais, hé…
- Enfin je… Voilà. Hem… - Trop tard, j’ai mis le pied dedans dès que j’ai commencé à le regarder avec cet air inquiet… Je suis sincèrement inquiet pour lui - Tu es sûr que ça va ?

Non pas tellement et je l’ai bien vu. Mais… J’adopte une meilleure position pour éviter de paraître trop apitoyé et mon sourire se fait plus assuré. Et il se veut beaucoup plus rassurant.
- Je te remercie de m’avoir fait venir, j’ai vraiment passé un bon moment avec toi et avec ta famille. - Héééééé… - Mais, si tu as besoin… de parler… Tu sais. N’hésites pas…

Voilà parce que c’est ça les héros aussi, c’est de savoir aider son prochain. Surtout entre héros et même mieux que ça, entre amis. Tout le monde a le droit de se confier à un moment dans sa vie… Et… Je préfère me concentrer sur lui, ce soir. C’est mieux…
Cela m’évite d’entendre le bruit du bazar dans ce trou béant que j’ai laissé… Si vide. Un vide où je n’entends que des craintes, des sanglots, des… du… toutes ces choses que je n’ai pas envie d’entendre…
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Ven 17 Jan 2020 - 2:59

Oh non, pas le regard du détective en doute !
Les yeux qui se plissent de suspicion, le bout du nez qui frétille autant attiré par les indices que les requins par l'odeur du sang, les oreilles qui s'agrandissent subrepticement pour ne pas en perdre une miette, et le pire de tout: la moue pensive amenant à la déstabilisation la plus totale de son interlocuteur ! Ces dernières semaines, j'ai eu l'occasion de la détailler quand on patrouillait ensemble, mais jamais au grand jamais j'aurais cru qu'il l'utiliserait face à moi ! Quel fieffé gredin, ce m'sieur Ralph, y a pas à dire. Ne cède pas Derek, ne cède pas. Ou tout ton travail de dissimulation, de recherche, de calculs et de mise en place aura été vain. Quelque part, travailler avec un des meilleurs enquêteurs du monde (et l'une des meilleures personnes, mais ça chut), ça te met de sacrées clefs en main pour jouer avec son petit monde et arriver à ses fins. Bon, dans le cas présent, c'est juste l'organisation d'un cadeau de Noël... mais quel cadeau ! Logistique +20 points pour le Sideways, c'est moi qui vous le dit !
Mais si le stress et un manque de finesse certain ruinent un peu beaucoup mes effets de suspense, m'sieur Ralph me suit. Sans trop poser de questions. Bon, je profite des quelques secondes nous séparant pour retourner le grand tableau de liège sur le mur de ma chambre, et ainsi dissimuler mes véritables desseins... j'entends presque une musique dramatique dans ma tête, et ça mériterait clairement un volte-face avec rire machiavélique couplé à un superbe regard caméra pour conclure la scène, juste avant l'entrée du preux et chevaleresque héros ! Mais comme j'ai ni caméra, ni rire machiavélique, ni un bon costume de méchant, ça marcherait pas trop...

Memo n°1984: tenter le coup à la Young Justice Tower. Ca pourrait avoir son petit effet, huuuum...

Bon, finie la rigolade.
On rentre dans le sérieux, là. Si tout se passe comme prévu, y aura de quoi raconter une épopée pour les mille ans à venir ! Genre Orphée, avec une happy end et moins de têtes coupées, vous voyez ? Un truc plus blockbuster d'aventure avec un réalisateur auquel on casse pas trop la touche personnelle. P't-être que Disney voudra en faire une icosikaitétralogie ? Ouais j'ai trouvé ce mot au pif en cours de langue, et ouais chuis fier de l'avoir retenu sans faute d'orrtograf !
Mais patience, ça va venir.
Parce que pour le moment, m'sieur Ralph semble plus disposé à parler du repas qu'autre chose. J'ai capté les grandes lignes de ce qui se disait, ouaip, mais entre les moments pleurnicheries aux toilettes (j'assume !) et les décomptes précis des années, mois, jours et heures, suivre s'est avéré aussi ardu que retirer chaque brin d'herbe des Grandes Plaines à la main. Si personne a encore réussi, c'est pour une bonne raison, pas juste parce que je suis stupide d'utiliser des exemples pareils, zut !
Alors, relativement peu au courant des détails, je réponds comme je peux:

- Oh euh... c'était pas pour ça à la base, et j'ai pas trop écouté, mais je suis vraiment désolé qu'elle vous ait touché là où il fallait pas... j'aurais dû lui dire de pas parler de votre famille. Quelle andouille.

Ironie du sort, ou destin fatal qui s'acharne, telle mère génitrice tel fils, moi aussi je vais m'attaquer au sacré de la relation d'un homme pour qui son épouse était toute sa vie. Et plus violemment encore ! Parce que pourquoi faire dans la demi-mesure quand on peut faire dans la démesure ? Avec sons et lumières, et tout !
Allez mon champion, c'est le moment de te lancer. Inspire, expire, inspire, expire, et nous claque pas dans les pattes entre deux soupirs plein de stress. Ce ne sont d'abord que des mots, des choses qui vont te permettre de communiquer avec autrui. Oublie qu'ils ont du sens, et prononce les. Tu les as déjà assez mûri, ceux là.

- Dites, m'sieur Ralph... je... j'ai un cadeau de Noël pour vous aussi. Mais j'ai besoin d'être sûr que ça vous va avant. Parce qu'une fois qu'on aura démarré, ce sera impossible de s'arrêter.

Pour la suite, par contre, je me sens tellement moins assuré...
Genre, si je sortais pas de sous mon oreiller -littéralement- quelques petites cartes rédigées au préalable, j'aurais juste bafouillé. De A à Z, jusqu'à en mourir de honte et contempler la combustion spontanée de frustration de mon mentor. Y a rien de pire qu'un mystère non-résolu pour le mettre dans les humeurs les plus explosives.
Donc, petites cartes à la main, dont le texte se retrouve agrémenté de commentaires spontanées, je me lance !

- M'sieur Ralph -ça c'est vous-, je -ça c'est moi- découvre un peu plus de mes pouvoirs -les rifts, les zoulies lumières, le tralala habituel- tous les jours... je m'embrouille moi. Bref, tout ça pour dire que je vous propose de faire un tour dans le passé pour voir une dernière fois votre femme et pouvoir lui dire adieu comme il faudrait ! Ouf, c'est dit...

Ca commence pas trop mal, et ça finit avec un jeter de cartes. Oui, vive les mariés, remplaçons le riz par les petites fiches d'un looser qui a presque pas les tripes de parler à un de ses amis pour son Noël. Un looser qui panique depuis des jours. Un looser qui ose alors qu'il connaît les risques qu'encourt le monde s'il se foire. Un looser total, qui a honte de trahir ainsi Tempus Fuginaut, mais qui continue quand même.
Parce que son mentor a besoin de lui.
Parce que cet homme, qui l'a pris sous son aile pour en faire un héros respectable, souffre.
Parce que cet admirable être humain a lui aussi le droit au bonheur, et au repos de l'âme.
Alors Derek s'improvise psychologue, en proposant une solution aux tourments de son ami. D'un de ses meilleurs amis. Avec qui il a passé un délicieux Réveillon, soit dit en passant.

- Bien sûr, ce sera tolérance zéro, aucun écart, rien. Faudra m'écouter. Derek: chef d'orchestre absolu, m'sieur Ralph: la personne qui fait du triangle. Juste pour ce coup là, hein m'sieur !

Derek, ou l'art d'inspirer la confiance et le respect !
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Sam 18 Jan 2020 - 17:35

Just listen to Pain:


Oh si, gamin, tu les as cherché ceux-là !
Ce sont les yeux qui avancent, tellement ils sont en train de te regarder. Ils sont là, à vouloir déceler toute la vérité. Parce que le partiel, on en veut pas !, hé non… De tout façon, j’ai bien trop envie, la plupart du temps, de découvrir le reste, ne pouvant jamais me satisfaire d’une résolution juste partielle… Alors, je te regarde, j’insiste. Je n’ai même pas besoin d’exagérer, ni d’utiliser mes pouvoirs. Parce qu’en plus de te fixer comme un ami qui s’inquiète, je le fais comme une mentor qui veille sur son protégé. Et tu fais pas pire papa poule, dans le genre je suis un champion…
Elongated daddy, au rapport.

Mais il cache bien son jeu, le p’tit. Pétard, je dois bien l’avouer que pendant toute la soirée, je ne me suis pas douté qu’il préparait quelque chose…
J’ai cru que c’était un souvenir qui le chagrinait, d’où sa morosité et son manque d’attention pendant le repas.
Mais non… Y a un autre petit truc…
Il s’excuse dans un premier, confirmant qu’il n’a pas trop suivi les conversations de la soirée. Je souris, toujours avec cette assurance et un léger levé de sourcil amusé. Mais l’amusement retombe très vite, comme un boulet qui s’enfonce dans l’eau. Très rapidement, avec lourdeur, une chute inarrêtable qui vous condamne à atteindre le fond. Et d’y rester pour toujours…

C’est l’impression que j’ai d’être, un poids qui coule, qui s’enfonce encore… Qui essaye de refaire surface sans jamais vraiment y parvenir. Je vois défiler le visage des autres, ceux qui m’encouragent à remonter, ceux qui essayent de faire tout pour que ça aille mieux. Peut-être que tout ira mieux, au bout d’un moment… Mais…
Pendant ce long processus, je me sens comme un fardeau pour les autres. Vous êtes présent mais à la fois ailleurs, des morceaux de vous sont disséminés partout et vous faites de votre mieux pour les retrouver. Et dans le même temps, il faut ranger le cafarnahomme que l’autre personne - La personne qui est partie... - a laissé. Dans l’âme. Dans le coeur… Dans toute votre personne… Je me sens inutile, mais ça c’est souvent dès que je ne fais rien trop longtemps. Mais même en étant occupé, je doute et j’ai acquis une crainte dont j’ignorais totalement son existence jusque là. Celle de perdre pied, de sentir le sol se dérober dessous et de me laisser tomber dans les profondeurs, comme ce boulet lourd qui coule. Encore… Encore… Oh bordel, quelle angoisse…
Bon sang… J’ai vécu avec tant d'insouciances… Parce que je me suis senti invincible, prêt à tout, capable de surmonter toutes les épreuves, tous les ennemis, d’être à la fois un héros et un mari, un ami et un…
Aurais-je pu faire un bon père ?

Je cligne un peu des yeux, sortant de cette rêverie (hmm, plutôt de ce cauchemar... ). A ce moment-là, Derek est en plein processus de respiration intense, comme s’il se prépare à une course folle ou à affronter le plus monstrueux des vilains de cette planète. Il n’a pas à s’inquiéter, je crois que nous avons déjà dégagé les pires*.
Il se concentre, il a l’air vraiment de peser chacun de ses mots… Il me fait peur… Vous savez cette légère angoisse qui vous prends aux tripes lorsqu’un proche essaye de vous parler sans y parvenir et que vous avez très envie de l’aider mais sans pouvoir parvenir à toucher le fond du problème.
Et il s’exprime enfin. Et…
Je reste un peu dubitatif.
Je fronce les sourcils. Pas parce qu’il me parle d’un cadeau, lorsqu’il a mentionné le fait d’en avoir préparé un, je me suis senti tout con sur le coup de l’avoir soupçonné de me cacher quelque chose. C’est idiot… Après tout on est à la période des cadeaux… Mais… C’est le reste qui me rend perplexe. Où est-ce qu’il veut en venir ?
Une fois qu’on aura démarré, ce sera impossible de… Mais…
J’entrouvre la bouche pour lui demander ce que ça signifie. Mais Derek sort une carte… Bien, là je commence vraiment à me demander ce qui lui prend. Je devine que quelque chose est marqué dessus, comme un pense bête. Il doit avoir vraiment quelque chose d’important à me dire pour ne vouloir rien oublier. Alors je patiente, avec à nouveau un léger levé de sourcil et un sourire en coin.
Si c’est important, je ne dois pas l’interrompre. Le dialogue est important. Entre le mentor et l'élève, entre amis surtout.

Et ça y est, il se lance. Il utilise même les gestes pour nous représenter. Si son début de phrase m’amuse, le reste … Le reste est…
Troublant.
Mon sourire s’efface doucement et je cligne un peu des yeux, recevant l’information comme un léger électrochoc. Le choc justement, parlons-en… C’est à peine si j’arrive à comprendre ce qu’il vient de me dire. Et au moment où Derek, maître des cadeaux exceptionnels, jette les cartes et fait baisser les rideaux (au sens figuré), je n’ai réussi à dire :
- Quoi… ?

Je fronce les sourcils. Je ne suis pas du tout en colère, oh non… Je … Je suis un peu … Triste. Un mélange entre la mélancolie et une réelle inquiétude. Pas pour moi… Pour Derek. Pour ce jeune ami qui s'inquiète trop pour moi...
Pour essayer de digérer l’information et pour éviter que le jeune se mette à paniquer, je me mets à grimacer un sourire et l’instant d’après je ris, nerveusement… Je n’ai pas pu m’en empêcher…
- Et bien… ça pour une surprise c’est…

C’est moi où d’un seul coup, il fait froid ? Non… En réalité je pense que j’essaye de fuir. J’essaye de faire en sorte que mon esprit se focalise sur autre chose… Il veut penser à tout sauf à la proposition de Derek.
Proposition qui me touche beaucoup. Mais… Une proposition très dangereuse et… Je… Est-ce qu’on peut … se permettre … ? NON … Bordel… Je… Je ne dois pas...
Pendant cet instant, cette bataille entre ma raison et mon cœur, je vais pincer l'arête de mon nez. Ce n’est pas un début de migraine, pourtant j’aimerais qu’on vienne me couper la tête !
- Je… Merci…
Je me tourne vers lui. Mon visage est un peu plus sombre, mais ma voix est calme… Pour le moment…
- Merci… Mais… Je ne sais pas si on peut… Enfin, je veux dire que…
Aligner des mots, pour en faire une phrase plus complète… Je peux le faire…
- Je ne suis pas certain de… qu’on n’est le droit…
Quoi ? … C’est tout ce que j’ai à dire… ? Mais… Foutriquet de bon sang, par tous les saints !
- Je … C’est très gentil, mais…

Je serre les poings. Je ne sais pas pourquoi je suis partagé par autant d’émotions conflictuelles. Je secoue la tête, comme pour dire non. Mais pas à Derek, plutôt à moi… Je ne peux pas. Je n’ai pas le droit de lui demander de prendre autant de risque. Je suis qui pour avoir ce genre de privilège ?
- Ce qui est arrivé… C’est arrivé. C’est comme ça… Je… J’ai beaucoup de regrets, certes, mais je dois faire avec… - Je pense aux autres, à ceux qui ont aussi perdu des proches mais qui n’ont pas un Derek formidable sous la main pour les aider… - J’en souffre beaucoup, mais j’ai promis d’avancer. Il faut que … Que je réussisse …

Mes mots sonnent creux. Malgré tout, j’essaye de lui sourire, sincèrement. Je pense vraiment ce que je dis… Mais j’ai toutefois cette petite pensée, cette retenue au fond de mon âme. La petite voix qui me hurle d’accepter, d’aller dans le passé et… Et …
Bordel… J’angoisse… J’ai eu cette boule à l’estomac dès qu’il a fait sa proposition et maintenant je l’ai dans la gorge…
Du calme…
On est d’accord que je ne dois pas accepter… hein… ? On ne peut pas se le permettre…
Alors par pitié, sors de ma tête… Sue...
Soyons raisonnables…
Je ne veux ni mettre en danger Derek… Ni le reste du monde.
Parce que si j’y vais… Si… Nous venons jusqu’à toi…
Je…

Je ne sais pas si ma raison restera intact, en te voyant. En sachant… ce qui va t’arriver...







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Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] 386562Rien
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Mer 22 Jan 2020 - 2:46

- Monsieur.

Oula Derek, tu t'aventures sur une pente tellement dangereuse que c'est à croire que la gravité a immédiatement fait un backflip pour te permettre de pas glisser. Non mais tu te rends compte ? Tu parles SÉRIEUSEMENT ! Oui oui, c'est bien ça: du sérieux. Plus de m'sieur, de petit mot mignon ou tout sympa. C'est fini ça. C'est pas le moment. On déconne plus avec les idioties qui servent d'ordinaire à dissimuler un manque flagrant de confiance en soi. Là, si en face il capte pas qu'on rentre dans la zone "Fais pas chier, ou je te ferais une guerre comme t'en as jamais vu.", j'ai plus qu'à rendre mon costume. Ce serait la zéro street cred comme disent les jeunes branchés de nos jours. Et c'est pas fini. Parce que j'embraye sans perdre de temps avec la seconde bombe à ma disposition, type "holocauste du leadership", pour parler avec des termes de notre époque. Ah la la, quel bien ça fait de se sentir en phase avec son temps...
Hum stop.
Tu diverges.
Concentration, et largage de bombasse.

- Ralph.

OUUUUUUUH ! Pour employer une image des plus vulgaires, on va dire que j'ai le pantalon qui se remplit d'un coup, et ce de manière grandiose ! Comme un feu d'artifices de sérieux. Quelque part, au fond de moi, j'essaie d'imiter l'image caricaturale décaricaturée du Batman en prenant ce ton et ce regard.
Le regard perçant du carcajou en cage.
Qui rôde, qui guette. Qui espionne sans la moindre vergogne les réactions des badauds qui viennent se moquer de sa petite taille...
Et c'est encore un hors-sujet, alors que je voulais juste dire que j'essaie de me mettre sur un pied d'égalité avec mon interlocuteur, au moins concernant le sujet chaud du moment. Et je parle pas des programmes fitness des plus grandes stars de la télé-réalité américaine, soyons bien d'accord avec ça.

- J'ai que 18 ans, j'suis une jeune pousse. Un blanc-bec. Un pied tendre. Un novice.

Et non seulement c'est totalement vrai, mais en plus c'est pensé.
Je suis un gosse qui a pas encore eu le temps de goûter la vie comme il faut. En même temps, quand t'es solitaire parce que les gens sont pas faits pour toi, à moitié orphelin et adopté, ça aide pas à se bâtir un ego correct à la toute base. Mais...
Mais merci m'sieur Ralph prof de théâtre, j'ai appris à respirer. A cadencer mes mots, pour réussir à causer d'autres langues. Alors juste là, je vous le dit, c'est le moment parfait pour caser une petite pause couplée à un regard énigmatique et impénétrable.

Une petite pause dramatique, quoi.
Pas de quoi en faire tout un fromage.

- Mais même moi, je le vois dans vos yeux, à chaque fois qu'ils cessent de fixer LA photo sur la commode.

On voit bien de quelle photo il s'agit, tous les deux.
Les fleurs d'à côté ne fanent jamais. La poussière n'ose même plus s'y déposer tant la guerre que leur a déclaré m'sieur Ralph. Pardon, juste Ralph. Faut pas ruiner le bon bout alors qu'on vient tout juste de l'attraper.
Parce que cette histoire transcende tout ce que j'ai pu voir jusqu'alors. L'amour que ressent m'sieur Ralph pour sa femme est tout bonnement inqualifiable, de par sa beauté, sa pureté et la sourde colère qui s'en échappe. Et tout ça ressort sur le visage surpris de mon mentor, incapable de prendre une décision.
Mais toujours pas décidé à fuir et l'abandonner.

- C'est pas derrière vous. C'est pas réglé. Et je veux vous aider. De la même manière que vous m'aidez moi.

Et pour ça, Derek en sera éternellement reconnaissant.
On le forme à être une bonne personne, un bon héros. Même s'il n'en est rien.
Et hop, on continue sur la route de l'osé: je viens prendre dans les miennes ses mains. Celles dont il se sert pour tout sur cette basse terre. C'est pas souvent que j'insiste, mais là faut croire que ça me retourne suffisamment la tête pour me suffire.

- Comprenez moi bien, Monsieur. C'est pas pour La ramener. C'est juste pour vous.

Oui.
C'est clairement pas une offre que je ferais à n'importe qui, tant les risques et interrogations sont nombreux.
La règle du jeu est on ne peut plus simple: parler, toucher, discuter mais pas de retour possible d'un élément temporellement différent de soi ou pire: c'est bon, pas d'altération du continuum espace-temps, hein. Normalement, c'est assez clair comme consigne, mais au vu des circonstances, mieux vaut se rabattre sur du élevé en cage.

- Alors, m'sieur Ralph ? Je pourrais pas faire ça sans votre accord. Sans utiliser la photo de votre femme comme ancre. Faut que vous soyez d'accord.

Il me faut un accord vocal.
Un oui qui me donnera le droit d'aller chercher l'ancre dont nous avons besoin.
Pouf pouf, pas de temps à perdre, et tout.
Pas besoin de faire un long aller-retour à Opal City, un rift direction le salon suffirait.
Allez m'sieur, ce sera douloureux, mais juste le temps que vous vous en remettiez.
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Jeu 30 Jan 2020 - 21:23

Wrath:


Ouhla…
J’ai l’impression que nous nous trouvons sur un ring. Derek jeune boxeur qui fait ses preuves, Ralph sportif têtu sacrément balaise dans le domaine du “Faut pas en parler”. Faut pas y toucher… Non. Plus jamais…
Le jeune homme devant moi, habituellement si hésitant à cause de son manque de confiance en lui - c’est pourtant pas faute de l’encourager, mais depuis quelque temps il a fait des gros efforts! - a changé. Il a pris un autre ton, plus assuré. Il se prépare à me faire face. La force dans son regard est puissante… Et c’est là que je comprends bien des choses…

Il savait que j’allais lui répondre de cette manière et même s’il n’était pas prêt, il avait préparé la contre-attaque… Les arguments.

J’en ai des frissons, mais je n’arrive pas à définir parfaitement les émotions qui me traversent. Elles sont nombreuses, toutes très conflictuelles… Mais deux parmi toutes semblent s’exprimer vivement. Je vacille entre la crainte et le courroux …
Je crains vraiment ce qu’il va me dire, maintenant… J’ai peur qu’il insiste, qu’il me mette sous le nez des évidences que je connais déjà. Mais que je ne veux pas prendre en considération. Je sais ce qu’il se passe dans ma tête… Et il se peut que je finisse par devenir fou. Par craquer. Par rompre toutes mes promesses et de tout abandonner du jour au lendemain parce que la corde que j’use, tous les jours, va fini par céder.
Mais le courroux est bien présent aussi… Parce que Derek touche à quelque chose de sacrée. Quelque chose que j’essaye d’enterrer très loin pour ne plus jamais y toucher, ni même y penser une seule seconde. Et je suis en colère qu’il tente de faire tout remonter et d’étaler sur la surface tout ce qui me fait perdre la raison… Mon amour pour une personne disparue… Pour ma femme.
Mais je crains de ce qui peut se produire si nous tentons l’expérience. Je crains pour la vie de Derek, mais aussi à celles des autres. Si tout se passe mal, les répercussions seront … désastreuses ! Nous n’avons pas le droit de faire tout ça !
Il le dit lui-même ! Trop Jeune, inexpérimenté, une petite pousse. Mais il oublie qu’il est complètement fou aussi, de me proposer une chose pareille !

J’ai serré les poings… Mon silence est surtout là parce que je me retiens d’éclater, de répondre trop vite sur le coup de l’émotion. Je le fixe, tandis que tout mon être hurle, en voulant faire comprendre à Derek que tout ça n’est vraiment pas une bonne idée.
Et pourtant…
Et si…
Si nous réussissons… ?
Si nous parvenons jusqu’à toi… ?
Non… Non Ralph. Restes sur tes positions. Dis lui non… ! Dis lui que ça n’est pas possible. Que tout ce qui en ressortira n’est que douleur et fracas…
Allez.
Fais donc appelle à la raison, bon sang !
Merde… merde… !

Le gosse a raison. Terriblement raison… Je reste planté là alors qu’il y va, durement. Ses mots sont durs, mais vrais. J’ai craint ce moment qui m’arrive en pleine face. A la mention de cette fameuse photo, je détache mon regard du sien… Je suis désemparé, je n’ai ni les mots, ni la posture adéquates. J’ai envie de partir, mais de rester, j’ai envie de l’envoyer sur les fraises, mais pas du tout … Qu’est-ce que je dois faire ? Quelle est la meilleure décision à prendre ?
Elle est évidente pourtant : On ne peut pas faire ça. C’est contre tous les principes, toutes les morales, contre nature… contre… Merde…
Je ne… Je…
Je… - Je ne peux pas…
Mes pensées se sont exprimées toutes seules alors que je recule. Mais Derek insiste et m’attrape les mains. Ce geste m’arrête dans mon élan… Il peut sentir que je tremble. Je suis noué à l’intérieur et ma respiration est plus rapide… Si je veux fuir, il ne me faut pas énormément d’efforts pour m’allonger et passer par dessous la porte. Le seul risque que j’encoure est de perdre mon alliance au milieu du trajet et de mettre en rogne ce jeune héros. Mon jeune élève… Mon ami. Un jeune garçon plein de ressources et je suis vraiment heureux qu’il m’est choisi comme mentor.
Alors non, je ne fuis pas…
Je relève la tête vers lui. Je pense tout d’abord à lui, aux risques qu’il prend et aux problèmes qui vont lui tomber dessus… Tout ça, juste pour moi… Pour que je puisse … aller mieux ?
Bon sang…
- Derek…

Je suis inquiet, sincèrement. Mais… Non… Pas de Derek, pas de jeune homme. Il n’attend plus qu’une seule chose de moi. Une décision.
Je continue de le regarder. Je pèse le pour et le contre, j’invoque la raison mais elle est influencée par celle du cœur. Je pense à tout, aux personnes que nous allons laisser là, alors que nous marcherons vers le passé. Je pense à tous ceux qui n’en sauront absolument rien, qui ont tout à fait juste de vouloir nous stopper s’ils en ont l’occasion… Je repense à ce qu’il s’est passé, le soir de mon anniversaire où ma femme… est... Je…
Les règles sont claires, oui. Pas de sauvetage. Veni vedi vicci. Zéro écart, rien. Nous… y allons… pour… Pour que je …
Je secoue la tête. J’ai dû mal à réaliser ce que nous nous apprêtons à faire. Et j’ai encore plus de mal à réaliser que je prends cette décision…
- D’accord.
Que j’accepte, droit dans les yeux. Ma pensée hésite, mais mon cœur parle à sa place.
- Je… D’accord...
Je suis incapable d’appliquer mes principes, de lui dire non et d’oublier cette idée.
- Pas d’entourloupes, pas de changements de plan… Je… Juste… Elle et moi.
Une dernière fois… Juste cette fois. Laissez-moi juste faire cette entorse à la réalité…
- Je…
Je ne sais pas quoi dire de plus. Pourtant j’ai tellement à dire, là… Je…
Juste cette fois-ci… Laissez moi la revoir… une dernière fois.

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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Jeu 9 Avr 2020 - 3:14

Ah, ça me tue !
Voir mon professeur, mon mentor, mon ami dans cet état de désespoir me fend deux fois le coeur ! Pour lui, et sa chère Mme. Ralph. Et pour moi, parce que ça me rappelle de bien trop mauvais souvenirs récents. Mais grâce à des gens comme lui, j'ai pu tourner la page de mon encore bref petit cahier de la Vie, et aujourd'hui, c'est à moi de faire quelque chose. De percer l'abcès... beurk beurk beurk. Dégueu. Et pourtant, c'est ma meilleure métaphore à base de pus. Ce qui me fait me dire que les métaphores à base de pus, c'est peut-être pas une mauvaise idée de les éviter, à l'avenir. M'enfin, l'idée est là: permettre à tout ce mal-être de s'écouler sainement, au prix d'une douleur initiale. Hum, je les fais filées, maintenant. Mon cerveau a vraiment un problème.
Quoi qu'il en soit, les grands yeux perdus de mon ami (oui, aujourd'hui il est qu'un invité, j'ai pas cours !) me retournent, et c'est le plus gravement du monde que je lui réponds ce que certains considèreraient comme le mensonge du siècle mais que je pensais avec toutes les fibres de mon corps à ce moment là:

- Je vous ferai jamais d'entourloupes, m'sieur Ralph. Promis.

Puis, j'inspire profondément, alors que mes doigts s'agitent tout seul. Le stress. Trop de stress pour mes petits asticots capables de fendre la réalité en deux. Ca rassure, hein ?
Pour le moment, j'ai un premier objectif clair: récupérer quelque chose à Opal City. Quelque chose pour lequel j'ai appris à avoir un respect monstre.

- Alors... la photo...

RFFFFFFFFFT

Très discrètement pour pas illuminer ma chambre comme une salle de danse disco, j'ouvre un délicieux petit rift et farfouille dedans quelques instants... avant d'en ressortir le cadre chéri, l'objet d'adoration de m'sieur Ralph. En espérant qu'il m'en veuille pas trop de l'avoir touché, je risque d'avoir laissé une marque de doigt à la sauce de dinde sur le verre...

- Il lui arrivera rien dans le processus, je vous rassure. Ce sera notre ancre pour voyager.

Petit sourire de circonstance.
Parce que simplement évoquer que normalement, il y aura pas de souci, ça aide pas à se focaliser... bah sur le fait qu'il y en aura pas. Ca pointe même du doigt les risques, qu'ils soient connus ou pas. Donc vingt points en plus pour Débilor, grâce à Derek ! On l'applaudit bien fort !
Bon, j'ai presque tout en tête, il me manque plus que...
Hum, je les ai foutus où ?
Ah oui, sous mon tas "bonjour-je-suis-la-tour-de-babel-des-devoirs-scolaires" qui traine sur mon bureau. Évidemment. Après brève relecture, c'est bon, je suis sûr de tout avoir. C'est noirci de chiffres et de calculs, que moi seul peut comprendre. Et tous les savants un tant soit peu formés de toutes les Terres de l'Omnivers. Ca fait un paquet de monde, mine de rien.

- Et là, j'ai mes notes. Très très précis, du travail de pro, juré craché !

Pose héroïque du gars qui sait ce qu'il fait !
Parce que je crois savoir ce que je fais, alors que j'enfonce mon bras jusqu'au coude dans... du vide. A vrai dire, je puise dans l'essence de la photo la boussole pour indiquer ma route, et dans ma tête la machinerie nécessaire pour l'atteindre. En gros. Et mon bras, coincé dans le... dans la... entre les... bref, dans un trou de la réalité ? Bah lui, c'est le relais de ma volonté. Qui commence à sacrément s'engourdir... chiottes*.

- Hum. Ca y est, ça se touche du bout des doigts et...

Ah !
C'est pas le moment de se crisper ! Allez, courage Derek, on y presque ! UN PETIT EFFOOOOOOOOOOOORT ET OUI !

CRAC

Un craquement se répercute dans tout mon corps, celui de la barrière temporelle qui saute, me laissant accéder à l'infinité du passé, du présent et de futur. Et je peux vous assurer que l'infinité, c'est grand. Surtout vers le début et la fin. Du côté de chez m'sieur Ralph, il doit juste voir une espèce de grande lumière blanche jaillir d'autour de mon bras. Sortie de nulle part.
Mais moi ce que je cherche, c'est un truc précis. Un moment infinitésimal dans le grand flot. Un truc impossible à trouver si j'ai pas mes calculs en tête. Bleu, bas, rouge, à travers, 18, ultra-violet et enfin bobidi bou !
... oui, ça c'est moi qui l'ai rajou... ARGAGLUPS !
POURQUOI JE ME RETROUVE AVEC DE L'EAU PLEIN LA BOUCHE ET LE NEZ ?!
Instinctivement je bas des jambes, et j'arrive à émerger ! Heureusement que j'avais pas mon masque, sinon je l'aurais tartiné d'intérieur de nez. Oui, c'est quand même crade dit comme ça, je sais. Mais moins que si j'avais dit morve, nan ?
Ha.

Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Bt4s

On est dans une cenote. Un cenote ?
Est-ce que le moment de se poser des questions de grammaire, mon bon Derek ?
NON.
SURTOUT PAS QUAND UN GROUPE VISIBLEMENT BOURRIN DE MEXICAINS DES TEMPS JADIS A L'AIR VISIBLEMENT SURPRIS DE TE VOIR APPARAÎTRE DANS LEUR PUITS.
Pis d'un coup, pouf, l'évidence me saisit.
Un truc tout bête, alors que je crachote de l'eau en me dirigeant vers le rivage.

- ARGH ! Je savais bien que j'avais sauté un 8 à un moment !

Hé oui.
Nous voilà en plein territoire précolombien à cause d'un 8 à la con.
Oh, et voilà que nos hôtes se mettent à incanter !

- Xibalba ? Xibalba ? XIBALBA !

Manquerait plus qu'ils nous balancent des boules de feu.
...
Non, j'ai rien dit, pas la peine de nous en rajouter !
Par contre, je sais pas si c'est bon signe, mais ils semblent envoyer une délégation drôlement lancière vers nous. Le genre vénère. Alors faut que je me grouille ! Recaser ce 8 là où il faut. Bleu, bas, rouge, 8, à travers, 18, ultra-violet. Mieux. Bien plus logique, dans ma tête. Est-ce que j'ai le cerveau qui se Tempusise, pour comprendre ce genre de trucs, désormais ?
Quoi qu'il en soit, je replonge le bras dans le tissu de la réalité, et harangue mon compagnon d'infortune à me rejoindre:

- Par ici m'sieur Ralph, j'ai réglé le souci !

Et enfin, avant que les drôles de bonshommes parés de plumes d'oiseaux plus chatoyantes les unes que les autres n'arrive, nous revoilà partis dans les couloirs du temps ! Ah ah ! Et moins d'une seconde après, enfin... plusieurs millions de milliards de secondes avant, mais vous m'avez compris, nous y sommes. Trempés. Dans un salon que je mets quelques secondes à reconnaître.
Celui de m'sieur Ralph.
Mais... plus lumineux.
Différent.

- Nous y voilà... j'ai la sensation que c'est b-bon.

La fatigue me gagne d'un coup, alors que je m'effondre contre le parquet.
Oh merde, deux voyages coup sur coup...
Et plus la moindre goutte d'adrénaline.
Va me falloir du temps.
Et un café. Même si j'aime pas ça.
Pitié m'sieur Ralph, faites pas de bêtises...

*: en français dans le texte.
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Mer 15 Avr 2020 - 20:04

Pourquoi ais-je dit oui ? Comment… Comment j’ai pu accepter une chose pareille ? Je suis complètement fou et lui aussi ! Un enfant qui n’en fait qu’à sa tête, mais un gamin avec un profond sens du devoir et un cœur plus grand que beaucoup d’entre nous. J’ai l’impression de lui en demander tellement… L’initiative vient de lui, il a donc voulu ce qui va se produire, mais en acceptant je prends part à un potentiel désastre temporel. Qui nous dit que tout va bien se passer ? Que nous n’allons pas nous perdre à cause d’une défaillance, ou d’un chemin trop compliqué à emprunter pour un jeunot et son professeur qui n’y connaît rien à ces trucs là ?
Pas d’entourloupes. Oui… Bien sûr. Mais… Pas de problèmes que nous ne pouvons pas gérer ? J’en doute. Je fais peut-être une crise de paranoïa… Merde… C’est encore le moment de lui attraper le bras et de lui dire que j’ai changé d’avis ?
Traveler ...:
Je pose mon regard sur lui, tout aussi nerveux que mon élève. Un apprenti héros mais qui est déjà l’un des plus grands. Jeune mais qui a déjà connu des expériences douloureuses. Joyeux, vif, marrant, que je n’ai pas envie de briser en lui infligeant une expérience traumatisante… ! Alors quand il ouvre le Rift pour attraper la photo et qu’il me parle d’ancre de voyage, je commence à approcher une main. J’ai voulu lui prendre le bras, convaincu qu’il faut que je l’arrête. Maintenant. Avant qu’il ne… Mais il s’éloigne et attrape ses notes. Il déploie tous les efforts, fait travailler ses méninges, retrace son plan petit à petit pour atteindre la finalité. Pour obtenir le plus incroyable de tous les spectacles.

Une lumière, que j’aurais pu trouvé extraordinaire si elle ne m’avait pas aveuglé pendant quelques secondes.
- Derek !
Bordel je ne vois plus rien ! J’ai juste entendu un souffle de sa part, un craquement monstrueux puis … Oh, foutredieu, pourquoi je peux plus respirer ?!
Je remonte à la surface (?!). Oui… Je ne sais pas comment l’expliquer, mais soudainement je me suis retrouvé sous l’eau. Je la crache et à mes côtés je vois Derek remonter et ne pas comprendre ce qui vient de se produire. Alors si lui ne comprend pas, moi je… Bon sang, qu’est-ce qu’il se passe ?
- Euh… Oh … !
J’aperçois aussi les… Étrange. On dirait un peuple assez ancien. Et ils ne nous veulent pas du bien on dirait… Je grimace et j’insiste du regard pour faire comprendre à mon protégé qu’il faut qu’on se sorte de là ! Je le vois se démener et retrouver son erreur avant de “percer” le … la réalité, à nouveau avec cette lumière. Je me fais tirer par le bras alors que les lanciers commencent à nous canarder !

...in time:
Ouf.
Sauvé.
Le calme est revenu.
Je reprends ma respiration et tente de faire tomber la pression. Punaise, j’étais loin d’imaginer que les voyages temporels peuvent être aussi crevant en si peu de temps…
Je me redresse et je lève les yeux sur… Mon salon. Mon chez moi… Mais. Il… Je fronce les sourcils en voyant comment il est disposé. Les détails, je les mémorise et bien plus longtemps tout particulièrement si je les ai connu longtemps… Et ce salon-là est trait pour trait exactement comme celui que j’ai connu quelques années auparavant. Avant “ce moment-là”, avant la destruction de la maison… Avant. Tout ça.
Je reste un moment paralysé, ne sachant pas quoi penser… Je… Est-ce la réalité ? Est-ce qu’on est…
C’est impossible, si ? Nous avons été trompés. Non, d’abord tués puis envoyés dans un endroit illusoir…
- Derek ?!

Il me tire de ma contemplation alors qu’il s’effondre. J’ai eu le réflexe d’allonger mes bras pour éviter à sa tête de percuter le sol. Bon sang… Il est dans un état de fatigue avancé. Merde… ! Du… Il faut… Euh.. du … Sucre ! C’est ça. Et de l’eau. Vite !
Je l’abandonne un petit instant, le temps d’aller à la cuisine… Cette pièce aussi est très différente. Craque pas Ralph. Concentré. Focus. Objectif : Placard.
Je l’ouvre… Je retrouve des éléments qui appartiennent à Sue, certains que j’avais rangé, d’autres que j’avais perdu… Je grimace et je les ignore. Derek. Il a besoin de moi. Lâche rien !
Je saisis une… barre de céréale ? Très bien ! Et je me dépêche de prendre un verre pour le remplir d’eau. Je reviens vers lui, posant tout ça à côté de lui.
- Derek… Tu m’entends ? Réponds-moi. - Pitié… Dites-moi qu’il va bien… - Derek… Je suis désolé, je… Nous n’aurions pas dû. Tu n’aurais pas dû m’amener ici ! - Pourvu qu’il n’est rien de grave…

Je ne me le pardonnerais jamais… Je le secoue un peu pour tenter de le faire réagir. Je dois avoir une boîte de secouriste quelque part, mais avec ces changements j’ignore si…
- Hello … ?

Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Sue_pl10
Three Negociat:
Mon être entier se fige. Cette… voix ? En haut. A l’étage. Cette voix. Non… C’est dans ma tête… Cela ne se peut… ? Je me détourne du petit pour me redresser et je commence à regarder les escaliers. Je… J’ai perdu la tête. C’est fini. Je suis fou, ça y est… Elle… ne peut pas… être en vie ?

Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Sue_pl11
- Y a quelqu’un ?
Non… Non, non, non… Je déraille complètement ! C’est…
Tremblant comme une feuille sous le vent automnale, j’avance vers le bas des escaliers pour découvrir… Ma femme, qui a penché la tête pour mieux voir. C’est vrai qu’il fait un peu sombre ici. Elle avait tout éteint en bas pour créer un effet de surprise et avait tout installé en haut… Ma femme. Sue. Est là. Elle me regarde. Elle entre-ouvre ses lèvres. Elle fronce les sourcils. Elle ne comprend pas pourquoi je suis là.
- Ralph ?!
Oh putain… Oh merde, nom de dieu… Nom d’un putain de dieu…
Je n’arrive pas à lui répondre. J’ai envie de m’effondrer, mon esprit a encore dû mal à faire le lien. Et, lentement mais sûrement, je monte les escaliers…
- … Mais !
… J’en suis à la moitié…
- Ne me dis pas que tu as deviné ?! J’avais pourtant tout prévu, cette fois...
… Puis je me retrouve juste devant elle. Devant Sue. Ma petite femme. Mon amour. Ma bien-aimée… Qui fait la moue. Qui est fâchée de voir son mari revenir aussi tôt alors qu’elle lui préparait une surprise.
- C’est Oliver, il t’a tout dit, hein ?
Sue Dibny. Dont la vie c’est arrêtée là, dans cette maison, ce soir là précisément… Le soir de mon anniversaire… Celui-ci, oui, très précisément. C’est donc la vérité. Tout est réel. Sue se tient devant moi, bien vivante. C’est elle et personne d’autre. Nous avons réussis… Nous sommes dans le Passé.
- Ralph … ? Tout… ça va ? Qu’est-ce qui c’est passé… ? Tu as l’air…
La belle et vive d’esprit Sue me dévisage. Je n’ai toujours pas réussi à décrocher un seul mot, ni vraiment bouger. J-je suis … incapable… de faire quoi que ce soit… Et ma chère femme, pour qui j’aurais tout donné de revoir une dernière fois - et ça a finit par arriver - lève une main, qui s’approche. Elle caresse doucement ma joue et j’ai eu un tilt. J’arrive enfin à agir… Et ma main rejoint la sienne. Des larmes commencent à couler et frôlent le bout de ses doigts.
- Tu… as l’air différent...
- Sue… J-je…

Je craque. Je ne tiens plus. C’est trop… J’ai tellement d’émotions qui m’envahissent, toutes contradictoires, toutes me désarment avec autant d’ardeur. Je la saisis pour la mettre contre moi. Pour que je puisse la serrer fort. Le premier réflexe qu’elle a eu est un hoquet de surprise. Puis elle me saisit à son tour. Je suis logé dans ses bras, mon visage dans son cou, pleurant tout ce que j’ai… Pourtant je pensais avoir suffisamment pleuré pour toute une vie… Je sens sa chaleur que j’ai rêvé des années durant. Sauf que là c’est vrai, palpable. Elle vit ! Et elle ne comprend pas ce qui se passe… Sue était une femme lumineuse, une amie chère pour beaucoup de héros et une épouse formidable. Elle était capable de comprendre certaines choses que d’autres passeraient des années à tenter de trouver une explication logique. Elle me repousse tout doucement, pour pouvoir mieux me regarder. Son visage exprime le doute… Et bientôt la surprise.
- C’est vraiment toi ? Ralph ?
- Oui.
- Tu … Tu es d’un… autre alternatif ? Ou tu as été piégé c’est ça ? Je n’aurais pas dû te forcer à…
- Non non, je… Je vais bien. Enfin “il” va bien… Ne t’inquiète pas.
- Mais alors… ? Comment ?
- Je viens du… du futur, Sue.
- Du futur … ?

L’idée se fraye un chemin dans sa tête. Cela me laisse le temps de… de souffler un bon coup et de l’embrasser. Je t’ai regretté si longtemps… si... longtemps.
Elle se décale de nouveau et me sourit. Elle ravive un bonheur, que j’ai enterré en même temps que son cercueil...
- Attends, Ralph… Tu me dis venir du futur… Je te crois, parce que tu es… Tu es tout maigre, chéri, tu t’es vu ?!
- Hé …
Je grimace un léger sourire, ce qui la renfrogne davantage.
- Pourquoi mon mari fait-il tout ce voyage pour me laisser toute seule là-bas et venir me voir ici ?
Sa question me foudroie. Elle me tétanise. J’ai perdu tout sourire et je deviens blême. Cette… Je… Cette interrogation, très légitime, me rappelle que j’ai peu de temps. Que Sue… Elle va…
- Chérie… Sue… Il faut que tu m’écoutes…
- Ralph… ? - Elle baisse légèrement le regard. Elle a peur de comprendre… - Il se passe quelque chose, c’est ça ?

Ma femme est trop intelligente… Bordel. Je ne dois pas changer le cours des événements. Le passé doit rester intact. C’est le deal… C’est la promesse que j’ai faite à Derek… Au nom du bien être du monde et des autres, je dois m’en tenir à … Ce que je peux faire.
Lui dire aurevoir.
- J’ai… J’ai tellement de choses à te dire, Sue. J’ai imaginé ce moment des milliers de fois. Tous les jours, je pense à toi, à chaque instant, même dans mes rêves, tu es toujours là. Je te demande pardon… Pour avoir échoué…
- Enfin honey, mais de quoi tu parles ?! Je suis toujours là, tu n’as échoué.
Elle m’embrasse pour ensuite me regarder droit dans les yeux, un large sourire sur ses lèvres.
- Et nous n’allons plus être que tous les deux. Je suis enceinte !
P-putain…
- C’était ça la surprise, impossible à deviner même pour un aussi grand détective que toi !
Bo..bordel…
- Sue… Je… Je t’aime. Je t’aimerais toujours.
- Et tu traverse le temps pour me dire ce que je sais déjà ?
- Pour te… te le dire… A toi qui est là. Avant que…

Je ne sais pas pourquoi, j’ai eu l’impression de voir quelque chose passer dans le regard de Sue. C’est fugace mais… Elle a eu un moment de tristesse. Elle sait. Je crois qu’elle sait… Alors elle ne dit plus rien, elle m’enlace de nouveau et dépose son visage dans le creux de mon cou et elle respire paisiblement. Elle est calme, contrairement à moi qui est à deux doigts de tomber. Mais en nous serrant l’un contre l’autre, profitant de cet instant, je réussis à retrouver la paix. Celle que j’ai tant désiré aussi… Je me sens… si bien. J’aurais souhaité que le temps cesse de fonctionner, là, maintenant… Pour toujours.
Mais...
- Tu peux me promettre une chose, mon amour ?
- Ou-oui ?
… Cela n’arrivera pas.
- Tu prendras soin du bébé pour moi ?

Je garde le silence et je finis par acquiescer. Mes pensées se bousculent entre elles et j’essaye de retrouver le don de la parole… Lorsque soudain… Un téléphone se met à sonner.
Non…
Driiing.
Non… !
- Oh ? Je vais répondre, ce doit être Oliver.
Non, pas ça…
Driiing.
Putain… Bordel… Non… non, nonnon ! Je… Je… !
- Attends moi là, je reviens.
Un baiser sur mes lèvres, puis elle se retourne et s’éloigne. Elle s’approche du téléphone…
Qu’est-ce que je dois faire ?!
Driiing.
Partir ? Descendre les escaliers en vitesse et attraper Derek pour…
Elle y est presque… Si je dois agir c’est maintenant !
Quoi ? …
Attends, non je ne … Je ne peux pas faire ça …


Une pensée me traverse l’esprit… Une folie. Une idée qui n’a rien à faire là. Un souhait totalement égoïste et irresponsable. Qui va me détruire et je le sais… Je me souviens avoir fait une promesse, je connais les conséquences de mes actes si je l’empêche de décrocher ce téléphone… Ce qui risque d’arriver à l’Espace, au Temps, à mes proches, à Derek qui est juste en bas, aux dimensions inter parallèle et je ne sais quoi !
Et pourtant…
Je m’approche.
Au début hésitant.
Puis… J’écoute cette folie. Je la laisse s’insinuer en moi et elle devient un désir ardent. Plus rien n’avait plus aucune importance, car à ce moment précis, j’allais commettre une faute irréparable.
Je vais sauver la vie de Sue.
Matt Price
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Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] 386562Rien
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Lun 20 Avr 2020 - 13:34

- Argh...

Le réveil est difficile.
...
Ouais non, c'est un peu réducteur; le réveil est monstrueusement douloureux.
J'ai la tête qui tourne...
J'ai l'impression que le monde autour de moi perd de sa tangibilité, de son réel. J'suis peut-être par terre depuis des minutes, des heures, des jours, des semaines, et je m'en rends pas compte, tellement ces voyages m'ont retourné le cerveau. La faim me tord les boyaux, la soif me râpe la gorge, mais ça peut autant être le résultat des voyages temporels que du temps qui passe, impossible à dire. Aux limites de ma conscience, ça me gêne, ça me gratte, ça m'angoisse: qui sait quelles folies il a pu se passer pendant mon absence ? Est-ce que j'ai changé le monde entier sans faire exprès ?
Enfin, une lumière au bout du tunnel se fait entrevoir... quelque chose de clair, de brillant, de... douloureux. La lumière du plafond. J'ai ouvert les yeux. Le bois du parquet me semble aussi confortable qu'un lit en plumes de dodo, vu comment je me sens. Cela dit, bonne nouvelle... ou pas, ça dépend: si ça fait six mois que je comate, j'ose espérer qu'il m'aurait mis sur un matelas, quoi. Ou alors c'est vraiment l'apocalypse temporelle et on est tous dans la merde.
Quoi qu'il en soit, m'sieur Ralph est plus là.
Ça, c'est flippant.

- Non... il est plus là. Pourquoi il est plus là ? J'ai dormi combien de...

...
Hé, j'ai parlé à voix haute ou dans ma tête, là ?
J'arrive pas à savoir. Donc ça fait pas longtemps que je suis là, du coup. J'aurais plus de salive et mal aux commissures des lèvres sinon.
Allez, bouge ton cul mon vieux ! T'es pas mort !
Pas encore.
Et il est temps de retrouver ton m'sieur Ralph avant qu'il n'aille batifoler dans la nature avec sa bien-aimée et repeupler une Terre dévastée par Sideways avec des mini-Ralphs super-élastiques.

- Ungh...

Oh dur !
Faut pas s'endormir.
Pas du tout.
Lève toi p'tit con !
C'est pas le moment de rester par terre.
T'as assez nettoyé le sol comme ça.

Douleurs aux articulations.
Le bras droit en feu.
C'pas grave.
Lentement, je me redresse, entouré de minuscules étoiles qui dansent la gigue. Le moindre geste brusque risque de me renvoyer par terre. Dans les bras de Morphée. Complètement kaput. Vaut mieux éviter. Surtout en voyant ce que je vois. Mon prof, mon mentor, mon ami. Qui fait fi de toute promesse qu'il a pu me faire. Qui n'en fait qu'à sa tête. Qui va sauver sa Sue, au détriment des milliards de milliards de vie de l'univers.
Ralph Dibny m'a menti.
Et ça fait mal.
Bien plus que la meurtrissure énergétique qu'est mon corps.

- Hé, m'sieur Ralph.

J'avance lentement vers lui, avant qu'il ne parvienne à atteindre sa femme.
Avant qu'il ne la sauve.
Et ça me brise le coeur.
D'ouvrir ce rift, pour ailleurs, quelque part, je sais pas où.
Dans son dos, au sol, à partir de mes pieds, en laissant couler cette énergie le long de mes jambes...

RFFFFFFFFFFFFFT

Je pose ma main sur l'épaule de mon ami.
Les yeux écarquillés.
Blessé. Terriblement blessé.
Et ça se voit.
Et cruellement, j'espère qu'il le voit. Qu'il s'en veut.
Qu'il le ressente jusque dans son coeur. Qu'il en ai honte.

- J'suis déçu. V-vous m'avez trahi. Et chuis désolé pour ça.

Je savais pas si j'en étais capable.
Mais je me projette en avant, à bout portant de toutes mes maigres forces restantes pour lui administrer le plus magistral coup de boule que j'ai jamais donné de ma vie. Le choc est surpuissant, au point de faire vibrer les armoires autour. Et trembler le sol.

POW

Enfin, c'est comme ça que j'espère les choses.
Parce que si j'ai pas tapé assez fort, c'est fini. Pour tout le monde.
C'est notamment et définitivement fini, car je m'effondre sur lui, en perdant connaissance.
Mais en chutant, j'ai l'impression de l'entraîner avec moi. Dans le rift.
Espérons que...
Espérons...
Espé...
Es...
...
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Mar 28 Avr 2020 - 19:43

Four : Depression:

Je ne me suis pas rendu compte tout de suite… De ma terrible erreur. Que je vais regretter, vraiment.
Ce que je fais est mal. Impardonnable.
Et pire que tout j’ai failli à ma promesse.
Nous nous étions mis d’accord : Pas d'entourloupes, pas de changements de plan. Il est hors de question de changer le passé, il me l’a fait promettre et répété… Et j’ai… Je… J’ai jeté tout cela dans un coin de ma tête, aux oubliettes. Dès que j’ai vu ma femme, l’idée n’a fait qu’un tour dans ma tête et elle est claire, précise… Si j’arrive à la sauver, au fond, est-ce que tout va tant changer ? Vais-je vraiment provoquer la fin de milliers de vie ? Déclencher des vagues qui vont se répercuter sur le Temps, changer le destin de beaucoup de monde… Redéfinir l’histoire…
Non, non, ça ne peut pas changer tout. Ni changer la vie de toutes ces personnes. Elle… Sue… Ma chérie…
Je veux juste qu’elle puisse vivre, heureuse… Qu’elle revienne auprès de moi.
Je ne veux pas l’abandonner ! Je ne veux pas qu’elle meurt. Pitié !
J’entends une voix. Elle me fait hésiter… Et dans cette très longue seconde où je me suis arrêté à la porte de la plus grosse erreur de toute ma vie, je me suis souvenu que j’ai fait une promesse… À lui. À Derek James. À mon très cher élève, mon apprenti héros. Ma main se referme, mais pas sur l’épaule de ma bien-aimée. Dans le vide… Un vide que je ressens de nouveau, qui m’enserre et qui me met en colère. Qui me rend triste. Qui me déchire complètement. Mais je ne suis pas en colère contre Derek… C’est moi, le fautif. Qu’ais-je … failli faire… ? Comment ai-je pu y penser ?

Et ensuite... Tout se passe très vite…
En me retournant, j’ai vu dans les yeux du jeune ce que j’ai redouté de voir. Je regrette le simple fait d’y avoir pensé, le simple fait d’avoir tendu cette main vers elle. Parce que maintenant j’ai blessé une des personnes qui compte le plus. Dans mon présent actuel, je n’ai plus Sue, mais j’ai d’autres personnes, des amis, des collègues, des proches. Et lui, Derek, que je considère comme mon garçon. J’ai trahi sa confiance…
J’ai vu ses yeux et de très près… Ensuite, j’ai dû mal à me rappeler des détails…
Je sais juste que, bordel, il a la tête dur…
Sacré coup de boule. Je l’ai pas vu venir…
L’environnement s’est mis à briller, puis plus rien.
C’est flou…
Mais j’ai senti le sol. Le genou du petit dans ma côte. Aïe... Je me suis affalé à moitié sur lui, à moitié sur du … sur… de la roche ? Ghnnnn…
Il faut mettre… un sacré coup pour me désarçonner de la sorte…
Mais ma constitution fait que j’y résiste … plus ou moins…
Où…
Où est-ce qu’on est ?
Mmmhnnnn… Merde… Ce n’est pas un sol de roche...
Je me redresse péniblement, me tenant la tête comme si je venais de prendre un trois tonnes.
Ghnn… ça résonne encore et j’ai dû mal à distinguer ce que j’ai sous les yeux.
Petit à petit je reconnais Derek, étendu sur le sol, inconscient. J’ai le réflexe de me rapprocher pour voir comment il va.
Merde… Bordel… Je suis… Je…
- Derek…
Désolé. Je suis tellement… Je...
J’essaye de le faire réagir, avant que mon regard ne se tourne vers… ce qui se trouve autour de nous.
Que… Hein ?
C’est quoi ? TOUT… Tout ça ?! Où est-ce qu’on a atterri ??

Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Branef10

Panique.
Nous sommes seuls, dans un endroit qui m'est totalement inconnu, mais je suis sûr au moins que ce n'est plus la Terre. Merdemerdemerde !
Je panique encore plus. Peiné et désorienté, je serre l’épaule de Derek et je le secoue encore un peu. Oh, bon dieu de bon sang de bordel… Foutriquet. Nononononononononon !!!
Nous sommes morts ?! C’est ça ?
Je n’ai pas voulu ! Pardon ! Je… Je voulais juste… NON !
Réveilles-toi, je t'en pris !
- Derek !
Je voulais… Je...
- Ne… meurs pas…
Cet endroit est terriblement silencieux, si grand que je n’en vois pas l’horizon… Et le seul son que l’on entend, au milieu de tous ces piques, c’est mes sanglots. Je livre toute ma douleur, mais aussi toute ma culpabilité à ces lieux, beaux, grands et étranges.
- J-je suis désolé… J-je ne… n’ai… P-pardon...

Je me recroqueville, mon visage dans mes mains.
Tout est de ma faute alors... Prenez moi si vous voulez, mais pas le gamin. S’il vous plaît !
Pas lui.
Pas ce héros.
Le véritable héros de cette histoire...

Prenez tout... Punissez moi. Mais pas Derek !
Matt Price
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Mar 5 Mai 2020 - 18:29

Je sais pas si ça vous est déjà arrivé de vous réveiller avec quelqu'un que vous aimez énormément qui sanglote à côté de vous. Qui pleure, même. De peur, de désespoir. Moi, ça fait deux fois. La première, c'était quand ma mère m'a finalement retrouvé dans cette chambre d'hôpital à Gotham, après plusieurs jours de recherches lors des grosses crises d'il y a un peu plus d'un an. Avec le grand méchant pas beau, là, Darkseid.
Le jour où j'ai découvert mes pouvoirs, oui. Celui-là même.
Je peux vous dire que ça m'a déchiré le cœur d'entendre ma pauvre maman dans cet état. Oui oui, d'abord l'entendre. Puis sentir les tressautements de son corps, si fort alors qu'elle faisait que me tenir la main.
Puis de la voir. Abattue, comme si le monde venait de lui tomber d'un coup sur les épaules. Et son sourire, plein de larmes, quand je lui ai serré la main, et qu'elle a vu mes yeux ouverts... c'est... c'est dur à encaisser au réveil, j'peux vous le garantir.
Et là, rebelote.
Mais ce coup-ci, rien est pareil.
Je suis pas dans un lit d'hôpital avec des draps tout doux. Je suis pas resté des jours endormi, avant de me réveiller comme une fleur pour reprendre le cours normal de ma vie, non. Non... là, j'ai voyagé deux fois dans le temps pour aider mon mentor et ami, avant de l'empêcher d'altérer l'avenir de l'humanité toute entière à coup de babouche. Grossièrement, vous m'excuserez les raccourcis.

Et pourtant, c'est la même chose que je ressens, quand j'ouvre les yeux.
Quand la familiarité de la scène me frappe.
Quand je balbutie ces quelques mots, faiblement:

- Hé, m'sieur Ralph... j'meurs pas, j'meurs pas...

Encore heureux, d'ailleurs !
J'aurais eu l'air con de claquer à même pas 19 ans, dans une époque qu'est même pas la mienne. Hé hé, en plus, m'sieur Ralph aurait été coincé ici. L'horreur. Une bonne leçon, peut-être, mais l'horreur quand même...
Ouais, non, je sens la colère qui remonte, mais je lui souhaite pas de revivre ça. C'est pas un monstre non plus.

Il n'empêche que je prends bien mon temps pour émerger.
Sans parler.
Sans communiquer.
J'inspire profondément, et j'expire.
On est dans le Branefold Interior. Mais... pas de notre temps. Ce qui, mine de rien, est assez risqué quand on sait ce que Tempus fait aux intrus. Ou faisait, avant de me rencontrer. Sauf que le faisait, là, c'est un fait, techniquement. Vu qu'il m'a pas encore rencontré.
...
Ouais, faut pas qu'il nous trouve.
Mais s'il nous a pas encore sauté dessus, c'est que ça va.
Il a pas dû nous repérer. Pas encore. Alors même si on a un peu de temps, va pas falloir trop traîner dans le coin, tout fâché que je suis.

- ...

Bon, allez, encore quelques minutes de silence.
Ça fait du bien de lâcher la bride des émotions deux secondes. De se laisser gagner par l'impression d'être dans son droit. Et je le suis, hein ! Mais ça peut pas durer. Déjà parce que c'est pas bon pour notre sécurité. Pis surtout parce que je suis pas comme ça. Je sais pas fermer ma grande goule, que ce soit dans les moments de joie ou de détresse.

- D-demander pourquoi vous l'avez fait, ça servirait à rien, on... on est d'accord. C'est votre femme, c'est... hng... normal. J-je comprends.

Ouch, c'est plus compliqué de faire des longues que je l'aurais cru !

- Par contre... p-pourquoi vous M'avez fait ça, à moi, hein ? Alors que vous aviez promis ? Ça, j'aimerais bien savoir, hein. Hein.

Je suis violent.
Je le sais, je le sens.
C'est mal. Je ne devrais pas.
Mais que la gentillesse aille au diable !
Il m'a menti ! Il m'a regardé droit dans les yeux et sans le moindre scrupule, il a tenté de sauver sa femme dès qu'il l'a vue, me laissant seul sur plancher, en plus ! Hâte de voir ce qu'il va répondre à ça... oh oui...
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Mer 13 Mai 2020 - 13:49

Five : Accept:

J’ai cru que c’était la fin…
Que non seulement j’ai voulu égoïstement tout détruire, mais qu’en plus j’allais devoir vivre avec la perte de Derek... rencontré à peine quelques mois en arrière, déjà un fils adopté pour moi. Un élève doué, un héros brillant, un humain entier avec une belle âme.

J’ai menti… Suis-je finalement un mauvais professeur, un piètre mentor ? Quel vilain exemple je viens de lui donner…
Lorsqu’on s’y penche de plus près, les Héros ne sont pas forcément les gentils de l’histoire… La plupart d’entre nous ont ou ont failli faire des actes bien pire que tout ce que peuvent faire les petites frappes qu’on arrête, sans cesse. A cause de quoi ? La douleur… ?
Comment réussir à apprendre à Derek à surmonter la douleur, à faire face à l’adversité tout en portant de lourds fardeaux sur ses épaules, rester juste même s’il souffre, alors que je n’y arrive même plus, moi-même… ?

J’ai craqué, bafouant tout ce en quoi je crois, en ce que nous croyons ! Parce que le petit est toujours présent. Il est à mes côtés, il se remet doucement… Mais il est en colère, je le sais… A raison.

Nous sommes perdu au milieu d’un endroit vaste, terriblement beau et effrayant à la fois. Il est arrivé le temps de payer pour mes erreurs ? Oui, pourquoi avoir fait ça, Ralph Dibny ? Pourquoi avoir faire ça à lui …
Je ne lui en voudrais jamais de me parler de cette manière. Je ne lui en voudrais même pas de m’abandonner là, de me laisser tout seul avec mes regrets. Je n’oserais même pas l’arrêter… Derek ne fera jamais une chose pareille…
Et pourtant je souhaite presque qu’il le fasse.
- Pou..pourquoi… ?

Je me répète cette question en boucle.
Pourquoi…
C’est insensé, irréfléchi, absurde, j’ai balayé toutes logiques, écrasé la prudence, balancé à la dérive la raison elle-même. J’ai agi sans vraiment le savoir à quel point la catastrophe se trouvait au bout de mes doigts, qui ont voulu serrer le bras de Sue.
Pourquoi ?
L’exemple de Barry ne m’a pas suffi ?! Qu’aurais-je fait si mon acte avait déclenché une autre alternative qui aurait effacé Derek ? Comment ais-je pu… Je…

Je commence à peine à me calmer alors que je relève la tête.
Le calme revient péniblement, mais il me soulage… J’ai l’impression de récupérer une fausse sérénité mais que j’accepte malgré tout. Mon esprit n’est plus très clair…
Mais il a besoin de moi.
Il faut lui répondre.
Il doit savoir.
Derek veut que je lui dise pourquoi… Même si je n’ai pas la réponse. Parce que moi-même j’ignore pourquoi… Ou du moins j’aimerais l’oublier pour toujours.
- Parce que je suis tout seul, Derek…

Mais toutes explications sont bonnes à prendre, même s’il faut se livrer dans un endroit où l’esprit capte à peine combien il est vaste.
- C’est faux je sais. La douleur n’aide pas à être rationnel …

Mon sourire est triste et mon regard assez vague. Je n’ose même plus le regarder dans les yeux...
- Je n’ai pas voulu te faire de la peine. Je n’ai pas voulu te trahir et rompre notre promesse… Je n’ai pas voulu gâcher le cadeau que tu m’as fait…

Les larmes coulent mais j’arrive encore à parler...
- Je sais que vous êtes tous là. Toi, mon garçon, mais aussi Ray et la JLA. Et tous les autres…
Mais j’ai beau savoir tout ça, je me retrouve tous les soirs avec la même présence, avec cette même pression… Et cette présence se traduit par l’absence, hé…


Ce vide, oui. Toujours là. Ce trou béant qu’elle a laissé… Plus le temps passe, plus j’ai l’impression qu’il m’est impossible de le combler.
- En faite, je mens depuis bien plus longtemps, depuis qu’elle n’est plus là. Je n’y arrive pas, Derek. Je n’arrive plus à supporter la douleur… Cette lourde erreur...
Alors j’ai pensé que… Que si je tendais la main... Si je la sauvais je... pourrais réparer mes fautes. Me faire pardonner… Parce que j’avais échoué à la protéger. Et que tout le monde a perdu une amie, ce soir là... Une personne précieuse et formidable. La femme de ma vie...


Je tremble, encore. D’angoisse, encore. Je ne veux pas le perdre, ce brave petit. Cet ami, qui m'a tout donné. Ce gamin qui m'a fait me lever chaque jour avec l'espoir de revoir un jour plus lumineux.
Je ne veux ni le perdre lui, ni tous les autres. Je ne veux pas finir complètement seul dans tous ces mondes beaucoup trop vastes...
- Je t’apprends à être un héros, Derek James, mais je ne t’apprends pas à savoir vivre avec l’absence… Parce que je n’ai moi-même pas trouvé comment faire…

Mon sourire se crispe et finit par être une grimace. J’ai déballé tout ça… sans savoir si c’était une bonne idée… J’ai laissé parler cette part de moi qui est tombé, qui s’est fracassé sur le sol en mille morceaux... Et qui rampe, qui s'accroche... Qui veut se redresser.
- Je suis désolé. Tellement désolé… Tu as raison d’être en colère. Je… n’ai pas voulu tout détruire… J’ai failli perdre bien plus que ma femme en voulant la sauver.
M-merci… de m’avoir arrêté. Mes mots ne... Il ne peuvent pas réparer l’affront que je t’ai fait… Je… suis désolé…


Je ne veux pas finir isolé…
Remonter. Je dois remonter.
Mais je ne peux pas le faire tout seul…
C’est impossible…
Et je le sais.
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Jeu 21 Mai 2020 - 22:10

Mon nez goutte un peu.
Je renifle.
C'est dégueu.
Non mon gars, t'essuie pas avec ta manche, c'est encore pire.
On est plus à ça près. Pis si ça déplaît à l'Elongated Man, il a qu'à aller ailleurs. Oh bah mince, il peut pas. Pas sans moi. Pas sans mon pouvoir. Dont il a abusé, en quelques sortes. MON pouvoir, qu'il a voulu utiliser pour ramener sa femme, alors qu'il m'avait promis. Alors que c'était sensé être niet. Pas de changements, juste un dernier moment émouvant. Le genre de chose dont tout le monde rêve.
Pour lequel tout le monde marchande... pour remarchander encore derrière.
Je suis pas un trompe-la-mort, moi !
Je m'appelle Derek James, j'ai même pas encore 19 ans, et pas de diplômes officiels. J'aurais pas dû en avoir, d'ailleurs. Parce qu'arrêter les cours me semblait être la meilleure décision, après la mort de maman. Durant ma longue solitude.
Qui a pris fin quand...
Quand...
Tu t'es eu tout seul Derek, cette fois. Ton cerveau s'est auto-mis KO, et vient de redémarrer alors que le sens de certaines choses te revient en tête. Non, tu n'es pas abandonné. Tu as retrouvé quelque chose, quelqu'un, qui t'a énormément offert. Quelqu'un contre lequel tu as de la rancoeur. Une vacillante et bien faible rancoeur. Qui défaille à vue d’œil, alors que je regarde mieux l'état de mon pauvre maître.

- P't-être que... il y a pas d'absence ? L'absence des gens qu'on aime, oui, mais la plaie se résorbe. On retrouve des gens biens. Si ma mère était encore en vie, j'aurais pas tout ce que j'ai là. Ce serait pas moins bien, mais je sais que maintenant, je suis bien. Et je suis pas seul. Et vous êtes pas seul non plus, m'sieur Ralph.

J'essaie de sourire.
C'est dur.
Ca pique la commissure des lèvres, tout en réveillant la soif.

- Vous l'oubliez un peu, je crois.

Difficilement, au prix d'efforts qui me semblent d'habitude dérisoires (je peux porter des scooters avec une main, quoi !), j'avance ma main vers la jambe de mon ami, et... lui tapote gentiment. C'est ce qu'on appelle être chaleureux dans mon langage, mais je pense être un peu rouillé.
Un peu... malade.
Malade de n'avoir considéré que ma mère comme soutien moral, jusqu'à... voilà quoi.
Malade socialement.
Malade de solitude.
Mais c'est pas vrai.
Ca l'est plus.
J'ai des amis.
Des professeurs.
Des gens bien, des gens excellents, qui m'aident.
Comme héros. Comme humain.
Et je dois suivre leur exemple.

- Je suis là.

Toux.
Moins grosse que ce que je sentais monter.
Tant mieux.
Kof kof, quand même des difficultés à reprendre mon souffle. C'est pas joyeux.
Bon, on va attendre encore un peu sur ce petit caillou, hein. Après tout, le Branefold Interior est plutôt cosy. Même toutes ces années auparavant. Il manque juste les toilettes, et on pourrait presque s'installer.
Une fois mon calme revenu, je plante mon regard, un peu froid, dans celui de m'sieur Ralph.
Parce que je n'ai pas fini.

- Même si je vous en veux, vous vous en doutez.

Je soupire.
Forcément, ça devait se passer comme ça.
J'avais juste pas prévu de tomber dans les vapes à cause d'un voyage temporel de trop.
Une erreur qui aurait pu être terrible. Fatale.
Mais que n'importe qui aurait pu faire, p'tain.

- Vous savez quoi ? Je m'en méfiais un peu. Vous avez un cœur gros comme ça, et tout mou, m'sieur. J'aurais sans doute fait la même chose pour ma mère...

Une larme coule, le long de ma joue.
Une seule, solitaire.
Elle transporte plein de choses.
Elle dit plein de choses.
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Mar 9 Juin 2020 - 15:09


J’avais juste besoin de tout ça. D’avoir des présences, autour de moi. Toutes ces personnes qui me tendent la main, qui me rassurent. Quand vous êtes au fond du gouffre, voir plus en dessous que ça encore, vous ne voyez plus grand chose. La solitude devient votre éternel compagnon, une illusion… mais douce. Simple. Plus facile …
Alors plus vous y restez, plus la pente à remonter est raide.
Mais je l’ai fait. Je suis remonté…
Du moins, je pensais avoir définitivement tiré un trait sur le passé pour pouvoir mieux y parvenir. Visiblement… Je m’étais trompé.
Mais cette fois ? Est-ce que c’est terminé ? Ais-je enfin trouvé le bon chemin pour sortir la tête des ombres que je me suis fabriquée ?
Je crois…

L’absence n’est plus d’actualité. Grâce à son initiative et à son courage, Derek a comblé ce vide. Il m’a donné un tout nouveau souvenir de Sue, sur lequel je peux me raccrocher… Où je peux me dire que j’ai enfin pu avoir cette chance de la revoir et de lui dire aurevoir.
Aurevoir ? Hé… Qui sait.
J’écoute les mots de ce formidable ami. Même pas 19 ans et déjà un héros. Un homme avec un bon coeur… Une personne sur qui je peux compter.
Nous avons tous les deux perdus quelqu’un, qui tenait une très grand place dans nos coeurs. Qui y sont toujours… À jamais. Elles ne sont plus là. Mais cela ne signifie pas que c’est la fin du voyage …

J’ai failli commettre une effroyable erreur, en pensant de façon égoïste que je pouvais combler le vide plus rapidement, que je pouvais la récupérer. Elle…
Mais j’ai oublié à ce moment-là que j’ai déjà réussi à vaincre la solitude, la douleur et la colère. Derek a mené le même combat, depuis la disparition de sa mère…
Il a raison de m’en vouloir…
- Je m’en doute… oui…
Il ne peut que m’en vouloir d’avoir agi ainsi. D’avoir voulu profiter de cette situation et mettre en danger… absolument tout et tout le monde.
- Tu aurais fait la même chose … ?
Evidemment … Il a dû y penser plusieurs fois depuis qu’il a imaginé voyager vers le passé pour que l’on puisse trouver Sue. Il a conscience que c’est dangereux, il est assidu sur les leçon de Tempus à propos des sujets sur le Temps, l’Espace et le Multivers… Je le sais. C’est un petit doué et intelligent.

J’attrape doucement sa main qu’il a posé sur mon genoux pour la tirer… Pour l’amener vers moi. Je le prends dans mes bras. Comme un père le ferait avec son fils.
- J’ai été un bien mauvais professeur sur ce coup-là, Derek… Pardon…
Je resserre mon étreinte. C’est une erreur… qui ne se reproduira jamais !
- … Haut les cœurs !
En prononçant ces mots, je l’ai légèrement écarté pour le regarder, pour lui adresser un sourire.
- Nous n’avons rien détruit…
Mon sourire s’élargit un peu.
- Tu m’as doublement sauvé, Derek James. Et s’il te vient un jour à l’esprit de tenter quoi que ce soit qui se rapproche de près ou de loin à cette même erreur… J’attraperai ton bras. Pour te sauver... Comme tu l'as fait pour moi.
Je passe ma manche sur mes yeux. Supprimant une bonne fois pour toute les dernières larmes versées dans ce monde de cristaux.
- M-Merci… Merci pour tout...
Mes yeux regardent autour de nous… C’est un bel endroit mais j’ai l’impression que nous ne devons pas rester ici trop longtemps…
- R..rentrons... Rentrons chez nous… Tous les deux. Ensemble.

Ensemble.
Pensons nos plaies…
Et demain ?
C’est un autre jour qui nous attend… J’ignore de quoi il sera fait.
Mais je sais, maintenant, que je ne suis pas tout seul à aller vers les lendemains.
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Re: Le Sideways des Noëls passés [PV. Ralph Dibny] Jeu 11 Juin 2020 - 19:07

Évidemment que j'ai pensé à revenir dans le temps pour sauver ma mère.
Les circonstances de sa mort... les mystères, le doute, la honte... rien de tout ça n'a eu de sens. Ca n'a même pas été lié à mes pouvoirs naissants ! Il a suffi d'une petite idiote ambitieuse, et d'un coup mal placé pour détruire une famille.
L'effet Gotham, j'ai l'impression.
On perd tous quelque chose là-bas.

- Ma maman est morte sans que je puisse lui dire que je l'aime, que je suis désolé pour notre dernière dispute, que c'est pas grave et que je ferai des efforts. Elle est partie sans savoir où j'étais, ou si j'allais bien. Je l'ai perdue sans pouvoir lui dire le moindre...

Ma gorge se serre.
Impossible de terminer ma phrase.
Les larmes ne coulent plus.
Je n'en ai plus assez. Et pourtant, j'ai que 19 ans.
A quoi ressemblera ma vie dans 5x365 jours ?
Dans 10 ans ?
Dans 15 ?
A l'âge de m'sieur Ralph ?
A l'âge du Professeur Palmer ?
Mes camarades seront en train de poursuivre leurs vies, sûrement. Le train-train quotidien, métro-boulot-dodo comme on dit. Et moi... en pleine lutte avec le mal de ce monde, seul ou avec des gens autour de moi. Une équipe, peut-être ? Ou peut-être que je ne serais même plus sur cette Terre. D'autres mondes ont besoin d'aide, et si je deviens assez puissant pour y aller, comment résister à l'appel ? Comment ne pas écouter les gens qui souffrent ? Comment ne pas être leur héros ?
Mais j'aurais le temps d'y penser plus tard.
Quand je serai seul.
Là, je veux juste oublier. Et profiter de l'étreinte élastique de mon ami.
A qui je pardonne bien trop vite.
Beaucoup trop vite.
Mais il le mérite.
C'est un monsieur bien, m'sieur Ralph.
Un monsieur à qui j'aimerais davantage ressembler.

- Alors oui, j'aurais fait la même chose. Oui.

Je lui murmure ça à l'oreille, avant de m'écarter doucement.
Oh, je dois avoir les yeux brillants d'émotion, oui. Mais comme je disais, j'ai eu mon compte de larmes pour aujourd'hui. J'inspire délicatement.
Ca va mieux.
Pas de toux.
L'expiration, nickel.
Bon, je suis toujours épuisé, mais y a moyen de moyenner, comme on dit.

- Oui m'sieur Ralph. Rentrons. On a... on a un réveillon à finir, après tout.

Et tout le reste s'est bien passé.
On est rentré sans anicroches, pour profiter du reste de la soirée.
Promis !
Enfin, aussi bien qu'un moment avec mon père adoptif, ma mère biologique et mon "prof de théâtre" puisse dérouler. C'est à dire une pincée d'humour bien placé, une louche de bien nul, une cocotte-minute entière de lourdeur parentale, des mots dans d'autres langues, des déclamations de pièces totalement inventées, comme "San Dozenraccio" et "La Balade de Mr. Owl & Mr. Rat". "Ô petit raton je ne veux point ta peau, la musique seule me nourrit, et ma soif s'étanche avec un peu d'eau !", ce genre de trucs... Derek James, maître ès improvisation.

Eh bah, si on m'avait dit il y a six mois qu'au Réveillon de Noël, j'allais voyager dans le temps à l'époque des Mayas, puis manquer de ravager le continuum espace-temps tout entier par amour, je pense que... j'aurais dit que cette personne était tout à fait saine d'esprit.
Eh ouais, c'est ça la vie de Sideways, maintenant.
Beaucoup de folies et de l'étrange par pelletées !
Et c'est pas prêt de s'arrêter...
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