Siobhan avait reçue l’appel de Jason et un rendez vous était pris pour qu’elle aille le retrouver dans l’intérieur des terre de l’île d’Irlande. La nuit n’était pas tombée il y a très longtemps et c’était l’heure ou les chauve souris sortaient. Il avait raison d’être prudent, elle l’était elle aussi par les temps qui courraient. Les enfants de Degaton étaient nommé à des postes clef de l’armée et la police du pays et grâce à cela ils avaient accès à une surveillance accrue sur tout ce qu’il se passait.
Elle vole au dessus de la campagne de l’île d’émeraude et le cherche du regard, lui ou la voiture avec laquelle il était venu. Peut être aurait il le matériel pour écouter les conversations radio des autorités, cela leur serait utile pour identifier où aurait lieu la prochaine attaque des résistants et les trouver avant la police suivant les ordres du Haut Chancelier. Elle savait que certains héro écoutaient les fréquences de la police pour trouver les criminels, il était paradoxal de se dire qu’il faudrait utiliser cette méthode pour trouver ceux qui luttaient contre la dictature. Lorsque la police était crainte et les héros criminalisés c’était le signe que tout le système devait changer. Qu’il fallait taper fort, et aux points névralgiques.
Elle descend et atterrit sur l’herbe d’un pré parsemé de pierres. Car elle l’a vu. Elle a du mal à réaliser qu’il est vraiment là, qu’il prend tous ces risques pour venir aider les gens d’ici. Mais en même temps cela ne l'étonne plus de lui. “Jason...”
Elle s’approche de lui dans l’obscurité pour le tenir dans ses bras. “Ton voyage s’est bien passé?”
Elle relâche ses bras et recule en le regardant, ses yeux s'éclairent dans le noir quand elle le regarde. Elle aurait aimée le revoir sur cette île dans d'autres circonstances que celles ci.
Les Volontaires L’annonce de Degaton avait pris le monde au dépourvu – ou tout du moins, les plus innocents dans ce bon vieux monde. Les autres l’avaient vu venir de loin. Peut-être pas de cette façon-là, peut-être pas comme ça, mais le fascisme, l’autoritarisme et la haine d’autrui n’étaient jamais restés très loin de la surface. Comme c’était souvent le cas dans le monde moderne ou tout était intimement lié et les politiques de chaque pays devaient se concerter avant de se mettre en mouvement, les premières mesures de sécurité ne furent prises que bien trop tard. Dans le cas de Jason, cela était plutôt arrangeant. Il fallait qu’il traverse l’océan Atlantique avec un paquet volumineux et légèrement incriminant, et le manque de réaction du gouvernement n’avait fait que lui faciliter la tâche. Les choses changeraient dans les prochains jours, mais ce serait trop tard, bien sûr. Il aurait fallu agir avant, bien avant. C’était une leçon que beaucoup avaient apprise à la suite de la prise de pouvoir de Degaton, et tant mieux. Jason n’avait pas l’intention de gâcher sa salive à expliquer, point par point, comment tout cela aurait pu être évité si de meilleures précautions avaient été prises en amont de la catastrophe.
Il était là pour aider ceux qui le savaient déjà.
La nuit était froide malgré la belle saison sur le point de commencer. Loin des sentiers et autres routes, Jason ne pouvait entendre le chant constant de l’océan, ni même en goûter les embruns, mais il en devinait la responsabilité dans la fraîcheur ambiante. Un mauvais courant, une brise venue du nord et une bonne partie de l’Irlande en subissait les frais. Il était loin, très loin, du climat statique de Gotham, où l’air semblait avoir un réel poids et où la météo luttait pour changer. Ici, tout était en mouvement constant – le ciel, l’eau, les nuages. Jason accueillait ces différences les bras ouverts.
Il jeta un regard à sa montre, la faible lueur se dégageant du cadran étant sa seule source de lumière. La Batmobile contre laquelle il était adossé était tous feux éteints et la peinture métallique spéciale qui la recouvrait la rendait particulièrement difficile à repérer dans l’obscurité, et c’était un des nombreux avantages qu’elle leur donnerait. Le reste de la liste comprenait son armement, de la technologie et même sa capacité à se transformer en micro espace de vie. De plus, elle lui permettrait de se déplacer rapidement si il le fallait.
Puis, gros cerise sur le gâteau ? Il avait pu glisser sa chère moto dans le coffre.
Un léger bruit de courant d’air lui fit lever la tête, juste à temps pour voir Siobhan perdre en altitude et se poser devant lui. Jason ne se rendit compte qu’à cet instant combien il avait été inquiet de la savoir en Irlande avec tout ce qu’il se passait. Non pas qu’il la pensait sans défense, loin de là, c’était juste un contexte particulier, et ils étaient sur le point d’entamer une mission de vie encore plus particulière. Il se portait bien mieux maintenant qu’elle était devant lui et qu’ils étaient de nouveau ensemble.
« Je suis là, » lâcha-t-il quand elle souffla son prénom.
Il l’accueillit dans ses bras et la serra contre lui quelques instants avant de s’écarter à son tour.
« Je n’ai pas eu de soucis majeur, » dit-il. « Je ne crois pas que… » Ses mots restèrent en suspens tandis qu’il se laissait happer par le regard brillant de Siobhan. Il se racla la gorge et se redressa. « Je ne pense pas qu’on m’ait repéré, moi et la voiture, mais évidemment, on ne peut jamais être sûr à cent pour cent. »
Oh, pourtant, il l’était. Il avait son égo, évidemment. Mais cela allait plus loin que ça. Il avait modifié la voiture avant de venir. Elle était déjà un bijou de technologie auparavant (une merveille de science-fiction à l’époque où il en avait volé la roue) mais avec les améliorations et la technologie qu’il y avait rajouté après que Siobhan l’ait contacté pour lui parler de son plan, elle était maintenant unique et indétectable. En apparence, elle restait la voiture que Bruce lui avait offerte lors de leurs au revoir, le modèle exact qu’il avait vandalisé, gamin. A l’intérieur, elle était à la pointe de la technologie… et plus encore.
« Et toi ? Comment ça va ? Comment sont les choses ici ? »
Si la démocratie mondiale était longue à réagir, la tyrannie, elle, agissait au quart de tour. Déjà, les informations qui sortaient de l’Europe étaient filtrées et il était difficile de savoir ce qu’il se passait vraiment quand on n’était pas sur place. Cela ne ferait qu’empirer. Tous ces gens seraient très vite seuls face au pire du pire.
Il avait fait bon voyage malgré les dangers, mais la douane ne s’était pas transformée en parfait organe de contrôle à la botte du régime en quelques jours. Lorsqu’elle prenait le temps de grandir une dictature plaçait ses fidèles à des endroits stratégiques mais aussi s’assurait du recrutement d’effectifs en accord avec ses idées et si possible endoctrinés.
Dans le cas de l’Europe actuelle c’était beaucoup plus compliqué, dans celui de l’Irlande peut être plus encore. Car on ne fait pas accepter du jour au lendemain à des hommes et des femmes qu’ils vont devoir tirer sur leurs compatriotes sur ordre d’une bande de skinhead avec un "D" rouge sur leur blouson de cuir. C’était mission impossible, a vrai dire, il faudrait pour cela une armée étrangère pour imposer aux armées locales sa propre forme de gouvernement, un peu comme les forces Allemandes en Europe pendant la dernière grande guerre. Les enfants de Degaton çà ne faisait pas une armée suffisante pour battre les armées nationales européennes. Alors pourquoi ils étaient censé se plier au "Haut Chancelier"? Les gouvernements l'avaient demandé. On a vu moins risqué pour l’espérance de vie des dirigeants que de dire à la population de se plier à une dictature qui n’aurait pas d’armée pour s’imposer.
D’un point de vue pas si saugrenu ces dirigeants qui ont cédé à l’ultimatum de Degaton étaient même des traîtres à leur patrie. On imaginerait mal la chancelière allemande par exemple, dire que désormais la population de son pays devait abandonner ses libertés individuelles et l’armée se mettre au service du Liechtenstein parce qu’il avait désormais l’arme nucléaire. Encore moins dans un monde avec Superman entre autre, pour les protéger de ce chantage. C’était pourtant le genre d'aberration qui s’était passée sous leurs yeux.
Pour Siobhan les dirigeants européens méritaient la mort car ils étaient évidement complices de cette mascarade. Et encore moins pardonnable que les enfants de Degaton car les peuples leur avaient bien souvent fait confiance pour être un rempart contre les idées fascistes revenant à la mode ce début de vingt et unième siècle. C’était d’ailleurs leur seule chance d’être élu avec un programme sans ambition pour sauver la planète et des tonnes de casseroles, l’alternative aux facho.
Mais Degaton et Docteur Polaris avaient déjà tué pas mal de dirigeants européens, inutile de vouloir faire plus peur qu'eux pour se faire entendre. Et surtout...même si cela la tentait vraiment elle doutait grandement que céder à cette facilité de faire plus peur encore que Degaton aux gouvernement l’amène à se libérer de son passé. Si elle avait à nouveau tuée pour récupérer des armes elle essaierait de ne pas donner la mort à n’importe qui et pour n'importe quel motif, comme le faisaient certains justiciers. Après avoir profité du contact avec Jason elle répond à sa dernière interrogation. “J’ai beaucoup observée le pays, des actes de résistance se multiplient un peut partout mais de manière désorganisée. Il y a eu un attentat à la bombe sur le gouverneur nommé par le Haut Chancelier à Dublin dès son arrivée. Cela a fait l’effet d’un déclencheur pour le reste de la population qui a tentée de manifester son désaccord dans la rue. Mais un système répressif s’est mis en place et il y a eu des tirs à balle réelle dans la foule, y mettant fin. L’île est calme maintenant, mais en apparence seulement. Je pense que beaucoup de monde se prépare mais ne se décide pas à passer à l’action ou n’a pas l’équipement pour le faire.
Elle regarde la batmobile à laquelle il était adossé quand elle était arrivée. Qu’il avait dit très équipée dans son message. “J’ai entendu parler de la voiture du Batman, c’est la sienne?”
Puis elle le regarde à nouveau en se maintenant devant lui. “J’ai volée des armes Jason. Beaucoup, beaucoup d’armes. Il nous faut trouver les éléments les plus actifs qui luttent de manière désorganisée et les amener jusqu’à elles.”
Les Volontaires Jason repensa à Oliver Queen tandis que Siobhan lui faisait ce petit compte-rendu. Il repensa à la proposition de ce dernier, et à la réponse qu’il lui avait donnée. Il sut, dès qu’elle commença à parler, qu’il avait fait le bon choix. Bruce l’avait qualifié de héros leur de leurs au revoirs, et Jason avait essayé de le reprendre. La différence était bel et bien là, et il était sur le point d’en tirer parti. Que diraient Bruce et Oliver s’ils le voyaient là, s’ils savaient ce à quoi il se préparait ? Il ne doutait pas que les Outsiders de Queen feraient un bien fou, que leur rôle serait important dans la libération de l’Europe, mais leur mission se concentrait sur ça, justement. Sur la grande libération, avec un L majuscule. Combien de temps avant qu’ils n’y arrivent ? Combien de victimes ? L’influence de Degaton et son discours plein de haine s’étaient répandu comme un feu de forêt en plein été, en Californie. Les Outsiders ne pouvaient s’occuper des grandes figures de la dictature du voyageur temporel et assurer la protection des campagnes, des habitants de tous ces pays.
Jason n’était pas un héros, non. Il n’avait jamais été fait pour les enjeux internationaux tellement importants qu’ils vous coupaient du reste du monde. Tout ce qu’il avait toujours voulu, c’était donner une chance à ceux oubliés par la Justice League. Il voyait à plus petite échelle. Et c’était exactement ce que Siobhan attendait de lui.
Tant mieux.
« La mienne, » corrigea-t-il quand elle mentionna la Batmobile. Il esquissa un petit sourire. « C’était un cadeau. J’ai essayé de voler un de ces pneus quand j’étais gamin, et ça a littéralement changé toute ma vie. » Il posa une main sur le toit de la voiture. « Je compte bien faire en sorte qu’elle change la vie de tous ces gens également. »
Il reporta ensuite son regard vers Siobhan et hocha la tête.
« Les armes, c’était le premier point. Le second, ce sera de trouver à qui les donner, en effet. Mais ça ne s’arrêtera pas là. Il faudra leur apprendre à s’en servir, mais aussi leur montrer comment communiquer entre eux pour s’organiser. Il va falloir condenser des années d’entraînement en quelques jours. Cette manifestation dont tu m’as parlé a certainement fait beaucoup de mal dans les esprits. Ces gens ont toujours eu le droit de s’exprimer, mais c’est fini maintenant, et ils ne savent pas comment faire pour montrer leur désaccord. Sans parler de la peur que ces tirs à balles réelles ont créée. Ils sont en supériorité numérique, mais ça ne fera pas tout. Il va leur falloir se battre, et je crois sincèrement qu’on peut les aider à prendre ce chemin, Si’, mais ça ne sera pas tâche aisée. »
Il marqua une pause.
« Et ensuite, il faudra le refaire à un autre endroit, encore et encore, jusqu’à ce qu’ils soient bien trop forts pour le gouvernement de Degaton. Chaque minute compte. »
Il écarta sa main de la Batmobile et la posa sur l’épaule de Siobhan.
« Je sais ce que tu as dû faire pour récupérer toutes ces armes. Disons plutôt que… j’imagine parfaitement ce qui a été nécessaire. Je veux que tu saches que je n’hésiterai pas, moi non plus. »
Il esquissa un léger sourire, s’attarda un peu sur l’épaule de Siobhan mais finit par écarter son bras. Il se rappelait ce qu’ils s’étaient dit, plus ou moins clairement. Il y a avait une limite qu’ils s’étaient en quelque sorte promis de ne jamais dépasser, mais il ne pouvait s’empêcher de s’en rapprocher à chaque fois.
« Si ça te va, je propose qu’on commence par les responsables de cet attentat à la bombe que tu as mentionné. Quelque chose me dit qu’ils seront ravis d’avoir un peu d’aide. »
Il lui apprit que la voiture fut celle du Batman mais qu’elle était sienne aujourd’hui. Elle avait même une signification toute particulière puisque c’était pas le vol de sa roue qu’il avait rencontré ce grand héro qui fut son père et l’entraîna à se battre. Puis ils abordèrent la question des armes qu’elle avait volée.
Jason avait parfaitement saisi ce qu’elle espérait de lui. Qu’il l’aide à retrouver ces hommes et ces femmes, puis qu’ils les aident à s’organiser et leur apprenne à se battre. Il avait aussi compris ce par quoi elle avait du passer pour les dérober ou du moins...le pensait il peut être. Car elle n’était pas certaine qu’il aurait goûté à cette violence, même lui. Elle a peur, peur que ce qu’il voit durant leur lutte commune ne l’amène à reconsidérer ce lien qu’ils avaient créé. Car il avait été un Robin bien que le Joker l'ai tué pour ne laisser que Red Hood. Mais que restait il de l’homme qu’il était avant? Cet homme accepterait il d’en voir un autre désarmé et suppliant se faire sacrifier dans un rituel sanglant? Tout le monde à une limite quelque part, et il espère qu’il ne ferait pas l’erreur de la voir meilleur qu’elle n’est en réalité. S'il ne se considérait pas comme un héro elle non plus. Superman lui avait appris à ne plus tuer, mais elle ne voulait pas laisser tomber la terre où elle avait vue le jour et utiliserait tout ce qu'elle savait faire pour la défendre. Comme son père l'aurait attendu d'elle à une autre époque où il l'avait désignée pour lui succéder. Alors elle tuait à nouveau oui. Pas " pour la bonne cause", pour une cause qui comptait pour elle. Qu'elle soit jugée bonne ou mauvaise par les autres ne lui importait plus à ce stade.
Jason proposait de retrouver les auteurs de l’attentat à la bombe qui avait accueilli le gouverneur envoyé là par le Haut chancelier. Un bon début oui, ils étaient les déclencheurs des premières révoltes il les fallait avec eux. Pour le symbole qu’il représentent maintenant mais aussi pour le courage qu’ils devaient avoir comme les compétences, au moins en explosifs. Ils avaient montré une voie il ne fallait pas les laisser tomber. “Tu as raison il nous faut les trouver avant les Enfants de Degaton.
Elle porta ensuite sur la lande assombrie un regard plein de détermination, heureuse qu’il soit à ses cotés.
* **
Galway. Dans l’un des nombreux pubs de la quatrième ville du pays située à l’Ouest de l’île de nombreux habitants boivent leur verre avant que le début du couvre feu ne les force à rentrer chez eux.
Assis à l’une des tables en bois qui fut autrefois une grande bobine de câble Rónán O’Shea discute avec trois autres personnes dans le brouhaha et la musique ambiante. L’homme qui avait posé la bombe c’était lui. Les trois autres ses complices qu’il avait enrôlé autour de lui alors que l’Ultimatum posé par Degaton n’en était encore qu’au stade de la discussion. Ils s’étaient préparé pour le jour où le gouvernement donnerait les clés du pays, et avaient été prêt à frapper dès le début.
Ils pourraient fuir ce lieu public et se terrer dans une des caves de la ville. Mais en faisant cela ils ne rencontreraient personne. Parce que les communications étaient écoutées, internet espionné. Ils n’avaient plus qu’un seul moyen pour rencontrer des résistants, les retrouver en face à face et par le bouche à oreille. Risqué. Mais pas le choix à vrai dire.
Soudain une lueur rouge remplit le pub et une étrange phénomène fait s’écarter les clients autour de lui. Six hommes en combinaison rouge et noire apparaissent en plein milieu de la pièce bondée et braquent leurs pistolets sur les clients.
C’est la panique tout autour et déjà deux enfants de Degaton courent à la porte principale du pub et celle de derrière pour bloquer les accès en menaçant les civils. “Personne ne bouge! Où est Rónán O’Shea?!? Nous savons qu'il est là ce soir !!!“
Ces troupes d'élite de Per Degaton étaient endoctrinés au point d'en être démentes, à ce qu’on disait ils étaient capable des pires crimes pour que le Voyageur Temporel soit satisfait et son règne millénaire. La Batmobile capterait un signal, celui d'une altération spatio-temporelle géolocalisée au niveau de Galway qui était à une quarantaine de kilomètres de là ou Jason et Siobhan se trouvaient.
Les Volontaires Le tableau de bord de la Batmobile s’alluma. L’alerte qui s’afficha sur l’écran à l’intérieur se relaya sur le petit ordinateur-tablette que Jason avait toujours sur lui. Il échangea un regard avec Siobhan, les sourcils froncés, et dégaina la tablette pour y jeter un regard.
« Ah, » dit-il simplement. Il leva la tête vers l’ouest, là où, à peine plus de quarante kilomètres plus loin, Galway se tenait. « Uh. Je crois qu’on tient quelque chose, Siobh’. »
Il tourna la tablette dans ses mains pour lui permettre de voir l’écran et la carte de la côte ouest de l’Irlande qui en occupait la majeure partie.
« Je t’ai dit avoir modifié la voiture avant de venir, n’est-ce pas ? L’une de ces modifications lui permet de capter le genre de fluctuation géo-temporelle à petite échelle que provoque le passage des Enfants de Degaton. » Il pointa du doigt le point indiquant Galway sur la tablette. « Et… on a notre prochaine cible. »
Il plissa le nez et se tourna vers la Batmobile, pensif.
« Quarante et un kilomètre… Poussée à fond, la voiture pourrait y être en quelques minutes, entre six et huit minutes selon mes calculs, mais c’est si la route ne présente absolument aucun obstacle. Je crains que ces salauds ne traînent pas en besogne. »
Il tourna la tête vers Siobhan et la dévisagea un bref instant.
« Il faut que tu nous y amènes. Ce sera presque immédiat avec toi. Le voiture nous rejoindra, et son système d’armement nous servira de renfort si il faut, mais on sait pas ce qu’ils essaient de faire là-bas, et plus tôt on y sera, mieux ça sera. »
Il retourna la tablette vers lui et zooma sur l’indicateur de l’alerte.
« Ca vient d’un pub du centre-ville. Le King’s Head, » ajouta-t-il en lui montrant le résultat.
Il rangea rapidement l’ordinateur, vérifia machinalement les armes sur ses cuisses puis récupéra son casque à l’intérieur de la Batmobile. Il entra l’adresse de leur destination dans l’ordinateur de bord de cette dernière et elle partit au quart de tour une fois le pilote automatique engagé. Jason se retourna ensuite vers Siobhan. Son visage était maintenant camouflé par le visage froid et métallique de son casque intégral, mais il espérait qu’elle sentait toute la confiance qu’il avait en elle. Ainsi que sa propre détermination quant à ce qu’ils s’apprêtaient à faire.
Il tendit la main et elle s’en empara. Le monde disparut.
Il avait l’impression que quelque chose le tirait brusquement en avant par les entrailles, comme si quelqu’un avait glissé un hameçon dans sa bouche pour l’amener à destination. Tout se passa très vite. Une seconde, ils étaient dans les collines du Connemara, et la seconde d’après, au centre d’un vaste pub. Face à lui, à deux ou trois mètres de distance, un petit tas d’irlandais était replié contre un des murs du pub, leurs yeux écarquillés et tous les signes de terreur physiques possibles imprimés sur leurs visages. Ce n’était ni lui ni Jason qui leur faisaient peur.
« Merde, » grogna Jason.
Il se tourna vivement en attrapant une grenade fumigène à sa ceinture pour la laisser tomber à ses pieds. Elle explosa presque immédiatement et commença aussitôt à remplir le centre de la salle. Son casque passa en vision thermique et lui permit immédiatement de mieux appréhender les alentours.
L’endroit regorgeait de civils. Evidemment. Il n’y avait que les irlandais pour continuer à sortir au pub à la veille d’une troisième guerre mondiale. Leur détermination forçait le respect, mais ça n’était rien comparé à leur sens de la rébellion. Il restait encore une bonne heure avant le couvre-feu, et la clientèle paraissait complètement inoffensive à première vue. Mais Degaton était un homme intelligent avec des ressources, malgré tout, limitées. Il n’attaquerait pas pour rien. Ses troupes avaient sûrement des ordres précis. Ils cherchaient quelqu’un ici, et avec ce que Siobhan lui avait raconté sur l’état actuel des choses en Irlande, c’était sûrement quelqu’un coupable de rébellion.
Hourrah pour les Irlandais !
Il compta quatre soldats de la milice de Degaton. Le pub n’était pas immense, mais il y avait des recoins. Ses repères pouvaient être faux. Tant pis. Ils étaient armés, et sans aucun respect des gens qui étaient avec eux. La fumée était peut-être handicapante, mais Jason était convaincu que s’ils estimaient que tirer dans le tas étaient leur seule option, ils n’hésiteraient pas. Il lui fallait agir avant.
Il s’avança vers le premier homme, protégé par l’écran de fumée. Un coup à l’arrière de ses genoux pour le faire basculer, et une prise au niveau de son cou tandis qu’il chutait suffit à le mettre hors d’état de nuire pour le moment. Tirer aurait été plus rapide, mais tirer aurait aussi ouvertement lancé les hostilités. Il y avait trop de civils pour que Jason ne prenne le risque de commencer une fusillade.
« Si c’est la bière qui vous intéresse, vous auriez dû demander gentiment, les gars ! » lança-t-il en se dirigeant vers sa deuxième cible.
Ce dernier s’avéra être plus vif que le premier, car à l’intervention de Jason, il se tourna à l’aveuglette dans la fumée, leva son arme et tira immédiatement dans sa direction. Jason s’écarta de justesse et la balle s’enfonça dans le comptoir en bois. Il grimaça et lança un batarang qui frappa le poignet de l’homme et l’obligea à lâcher son arme à feu.
« Qui est là ?! » hurla un homme derrière lui.
Jason se retourna, surpris. Merde. Ils n’étaient pas quatre, mais cinq. Ce gars-là se tenait devant la porte principale. Il y avait fort à parier qu’un autre s’était occupé de la porte à l’arrière. Six.
Cinq, avec le premier qu’il avait neutralisé. Et beaucoup de civils. Bien trop de civils.
« Ton pire cauchemar, » grogna-t-il.
Il alluma les lentilles de son casque. Dans la fumée environnante, elles seraient tout ce que les hommes verraient. Par conséquent, ils les prendraient pour cible, sans même hésiter ni réfléchir. Cela les détournerait d’une possible attaque contre les civils. Et ça laisserait à Siobhan le temps de leur faire leur fête, à ces connards.
Lui, en attendant, il n’avait plus qu’à éviter les balles qui … Ah, voilà. Qui lui pleuvaient dessus.
Jason reçu un signal capté par la Batmobile et transmit celui ci à un écran qu’il garde toujours à portée de la main. Une faille temporelle avait été ouverte quelques instants à l’Ouest de l’île, un phénomène impossible à capter par elle mais pas pour certains des plus grands scientifiques du monde. Ceux ci était parfois également liés aux super héros ( quand ils n'en étaient pas eux même) où en lien avec Batman et sa “ famille”, ce qui pouvait expliquer qu’un tel appareillage soit présent sur la voiture de Red Hood. L’ancien Robin désigna Galway comme le lieu où le phénomène venait d’avoir lieu et sans attendre Siobhan posa une main sur son bras. “Je nous y emmène maintenant.”
Ils disparurent alors tous les deux comme des fantômes et en l’espace de quelques instants ils étaient arrivés au King’s Head, l’un des nombreux pub de la ville côtière. A peine arrivés les civils étaient identifiés le long des murs, Jason poussa un juron en lâchant une grenade fumigène destinée à gêner les yeux ennemis.
Quatre hommes armés furent identifiés par les deux arrivants dès les premiers instants et déjà Red Hood se jetait sur un premier pour le neutraliser au corps à corps. Un autre tire sur l’homme au casque rouge qui lance un batarang pour le désarmer, pendant ce temps Siobhan s’élance en courant dans la pièce et donne un coup de poing à l’un d’eux ce qui le projette en arrière jusqu’aux vitres de la devanture du pub. L’enfant de Degaton en combinaison traversa celle ci pour rouler dans la rue et Siobhan en entend un autre hurler.
Celui qui gardait l’entrée principale du bâtiment commence à tirer en direction de Jason et la Banshee lui fonce dessus en prenant une balle qui ne perce pas sa peau noire et blanche. Le choc qui suit est violent, l’une des jambes de la banshee se lève pour que le pied frappe la tête du voyageur temporel. Celui ci fait deux tours sur lui même au dessus du sol avant de se fracasser contre les bouteilles derrière le bar, avant de s'écrouler derrière dans un fracas de verre brisé.
Un groupe de quatre Irlandais se met en mouvement soudain et l’un d’eux sort un revolver pour faire feu en direction des Enfants de Degaton qui abritent derrière des tables qu’ils font tomber pour se mettre à couvert. “Protège ceux là.”
Lance t’elle à son allié. Elle en voit un autre lever son arme vers Jason et s’élance en courant à une vitesse trop grande pour lui, en un instant elle lui a griffé le visage en projetant du sang sur le comptoir. Puis elle l’attrape par l’arrière de la tête et fracasse celle ci sur le même comptoir d’un seul mouvement, le tuant sur le coup.
L’un des Irlandais armés fait mouche sur l’un des enfants de Degaton en le blessant à l’épaule, il n’en restait désormais que deux engagés dans des échanges de tirs sous les yeux apeurés des clients qui se cachent comme ils peuvent pour échapper à la fusillade.
Les Volontaires Siobhan se déplaçait avec une telle vitesse que lorsqu’elle passa devant lui en trombe pour stopper la balle qu’il avait été sur le point de se prendre (ou, disons, que son armure avait été sur le point de stopper), elle généra une espèce de courant d’air qui le déstabilisa. Surpris, il tenta de la suivre du regard tandis qu’elle évoluait d’un obstacle à l’autre. Sa vitesse n’était pas celle de Flash, mais elle restait largement supérieure à celle d’un être humain. Elle virevoltait dans un tourbillon de noir et de blanc, et gare à celui qui se faisait prendre dans la tornade du spectre. Elle était une adversaire redoutable, et les Enfants de Degaton en payaient déjà le prix. Un prix qu’ils ne pouvaient se permettre de payer, réalisa-t-il, quand elle en attrapa un par la nuque pour le fracasser contre le comptoir du bar. Même en plein cœur de l’action, ce n’était pas difficile de voir qu’il ne se relèverait pas.
Jason se détourna pour s’occuper des quatre Irlandais qui s’étaient rebellés. Ils n’auraient pas à chercher bien loin pour trouver avec qui commencer, parce qu’ils étaient juste là. Pour oser faire face à une telle attaque, il fallait avoir la tête sur les épaules et le sang froid, et c’était exactement ce dont Jason et Siobhan avaient besoin pour être vraiment utiles.
« Mettez-vous à couvert ! » s’écria-t-il en passant par-dessus la banquette qui servait de protection aux Irlandais bagarreurs.
Il vit leurs regards surpris, même un peu vexés pour certains d’entre eux, mais il n’avait pas le temps de tergiverser. Il appuya vivement sur l’épaule de celui qui faisait mine de se relever pour continuer à tirer, l’obligeant ainsi à se remettre à genoux.
« Ils sont protégés, » rajouta Jason. « Vous allez gâcher vos munitions à tirer sur ces tables. Soyez intelligents. »
« Uh ? T’es qui, toi ? »
Ah, la fameuse question à un million.
« Aucune importance, » grogna-t-il en sortant son lance-grappin.
Il le montra aux quatre hommes avant de passer la tête sur le côté de la banquette et de tirer presque instantanément. La griffe s’accrocha au bois épais de la table et Jason pressa le bouton qui servait à rembobiner le fil. Il entendit les cris de surprise des deux derniers soldats de Degaton alors que la table faisait un vol plané des plus admirables à travers la pièce, tractée par la force du l’enrouleur de son grappin. Il libéra la griffe de métal et elle s’écrasa au sol, de l’autre côté de la banquette. Les Irlandais à côté de lui se protégèrent instinctivement la tête, bien qu’il n’y ait pas réellement besoin car la banquette stoppa tous les débris, et Jason, lui, se releva en plein milieu du chaos.
Le bras tendu, il visa.
Il avait fait une promesse à Bruce. Il avait accepté de jouer le jeu selon ses règles, et Bruce avait arrêté de le chasser, de le traquer comme un criminel. Mais il n’était plus à Gotham. Il n’était plus sur le territoire du Chevalier Noir. Au lieu de ça, il était loin, très loin, de ses règles. Et la situation était exceptionnelle. Précaire, également. Dangereuse et terrible. De combien de morts étaient responsables ces soldats ? Quel était leur degré de cruauté ? Quel plaisir prenaient-ils à réduire tout un pays à l’état de sujets, d’esclaves ?
Il avait fait une promesse à Bruce.
Les derniers débris retombaient au sol quand il tira. Deux fois. Il baissa son bras et les corps inanimés des Enfants de Degaton basculèrent en arrière, les yeux encore empreints de surprise et leurs bouches entrouvertes, figées, tandis qu’un filet de sang s’écoulait de leurs fronts.
Le silence retomba sur le pub, puis quelques Irlandais se mirent à applaudir, à crier de joie. Jason rangea son arme et détourna le regard des corps pour s’assurer que ses amis derrière la banquette n’avaient rien.
« C’est fini, » grommela Jason. Il chercha Siobhan du regard. « Pour le moment. On est là pour vous aider. »
Ce fut la première fois de son existence qu’elle vit et entendit cela. Des cris de joie, des applaudissements malgré le fait qu’elle et Red Hood venaient de tuer. Le sang maculait encore les mains de la banshee tout comme le comptoir du pub. Jason venait de s’occupe de deux hommes avec une mortelle efficacité, ceux ci s’étaient fait percer la tête et ils gisaient sur le sol. Depuis qu’elle était une banshee la mort qu’elle donnait avait toujours été vue comme une horreur indicible par ses contemporains, ce n'était pas le cas ce soir.
Pas cette nuit non. Pourquoi? Il s’agissait pourtant bien d’être pensants ayant une âme, pas de créatures grotesques ou démoniaques. Ses yeux se tournent vers Jason et elle ne sait que lire dans son regard avec ce casque qui lui masque les yeux.
L’Irlandaise est parmi les siens et elle sait qu’ils ne sont pas moins humains que les habitants de Metropolis où elle avait tuée pourtant. La vie n’a pas moins de prix pour eux. Elle entrevoit ce qui peut les rendre comme cela: Ces assaillants représentaient un pouvoir qui les privait de leurs libertés et les oppressait, plusieurs habitants de ce pays avaient déjà été tué d’autres étaient emprisonnés par les Enfants de Degaton parce qu’ils étaient jugés comme menaçants pour la survie du régime. Et c’était facile d’être considéré comme tel, s’exprimer un peu trop librement suffisait. Le ressentiment est fort à leur égard, leur mort une catharsis dans ce qui n’a rien d’un spectacle: Car c’est une guerre. Et les guerres font revoir tous les principes que vous auriez juré de ne jamais enfreindre. “Tu ne tueras point” étant probablement le premier à partir à la benne.
Et dans un conflit armé ceux qui tuent le camp d’en face sont des héros pour le leur. Dans une guerre les âmes perdues comme celles de Siobhan et Jason peuvent devenir des modèles d’héroïsme pour peu qu’ils s’attaquent à tout ce que ces hommes et ces femmes subissant la dictature détestent. Alors ce soir...il n’a pas écouté Batman et elle n’a pas écoutée Superman. Ils sont eux même et pourtant il ne sont plus des criminels. Ils sont des héros. Les quatre Irlandais qui étaient la cible des enfants de Degaton sont saint et saufs comme chaque client du pub. Pour le moment. “Rentrez chez vous avant d’avoir des ennuis.”
Lance t’elle à l’adresse des clients qui se mettent en mouvement pour suivre la consigne. Car bientôt la police réformée arriverait et celle ci était sous contrôle du nouveau régime, même s’il reste sans doute encore quelques vers dans la pomme fasciste. Elle se tourne vers le personnel du pub. “Vous aussi.”
Elle donne ses ordres sans agressivité mais d’une manière qui n’invitait clairement pas à discuter. Bien vite il ne reste plus personne à part les quatre hommes armés qui s’étaient battus à leurs cotés. Rónán O’Shea celui qui avait posé la première bombe contre le gouverneur de Degaton fait un pas en avant tandis que les autres remercient Red Hood des leur avoir prêté main forte.
“Suivez nous il faut partir aussi, nous avons une planque en ville et…” “Ils vous y trouveront, vous captureront et vous tueront après vous avoir torturé pour savoir qui vous avez pu rallier à la cause. C’est à vous de nous suivre.”
Siobhan s’approche de la devanture brisée et y récupère dans sa main droite un grand morceau de verre brisé resté dans l’encadrement de la fenêtre.
“Ah…et où çà?” Ajoute un autre. Elle marche alors jusque derrière le bar et attrape par le col de sa combinaison l’un des hommes de Degaton , décolle avec lui au dessus du comptoir et atterri devant eux. “Dans un autre plan d’existence qui échappe aux manipulations spatio-temporelles du Haut chancelier.”
Elle hôte le casque du soldat de Degaton inconscient et l’égorge devant eux et Jason avec le morceau de verre en prononçant une formule d’incantation. Elle le maintien alors à genoux pendant qu’il se vide de son sang, le visage de Siobhan exprimant moins d’émotions que s’ils' agissait d’un mouton. La mare de sang s’obscurci pour finir par devenir d’un noir absorbant la lumière. Les yeux de Silver Banshee s’éclairent d’une lueur blanche alors qu’elle regarde leurs visages inquiets et scrute le casque de Jason comme les réactions de son corps. C'est le moment où il risque de lui tourner le dos, celui où il voit de quoi elle est réellement capable encore aujourd'hui. “Marchez dessus et vous partirez. Vous serez en sécurité dans l’au Delà.”
Elle relâche doucement le cadavre qui s'écroule à coté d'elle et leur désigne de la main la flaque noire qui était un portail pour le Netherworld.
Les Volontaires Jason regarda les clients et le personnel du bar se hâter hors de l’établissement, intérieurement reconnaissant de toujours porter son casque. En plus de lui offrir une certaine protection, ce dernier lui garantissait un peu d’intimité alors qu’on ne cessait de le dévisager, d’essayer de voir qui se cachait sous les traits figés qu’il portait.
Qui, oui. Qui ? Il sentait encore dans sa main les vibrations légères des deux tirs qu’il avait choisis de faire. Si son regard était libre de s’aventurer autant qu’il le voulait dans la pièce grâce aux lentilles qui cachaient ses yeux, il ne cessait de retourner vers les deux corps dont il était le responsable. Bruce entendrait parler de cette affaire, il le savait. Malgré tous les changements dans leur relation, résultats de leurs efforts joints, il était même presque sûr que Bruce ne l’avait pas lâché des yeux depuis qu’il avait quitté Gotham. Il venait peut-être de tout foutre en l’air, tous les dits efforts, le futur qu’ils s’étaient peut-être offerts en discutant enfin. Il avait choisi de Gotham, oui, mais il venait peut-être de ruiner son choix, d’en faire un bannissement sur lequel il ne pourrait jamais revenir. Qui était-il, en effet ? Il avait promis, des années de cela, de ne plus jamais tuer. De continuer à faire ce qu’il faisait en se pliant aux règles qui avaient régi son enfance. Et s’il devait être honnête… ça avait été facile, trop facile de briser sa promesse. De toute évidence, il n’était pas celui qu’il avait pensé être. Et du coup, il en faisait quoi de cette conclusion ? Qu’est-ce qu’il faisait de cette information ?
Il releva la tête quand Ronàn O’Shea prit la parole, et il détourna le regard des deux corps une bonne fois pour toute. Siobhan avait raison. Aussi rebelle et en colère que ces quatre gars étaient, ils n’étaient que des débutants. En pleine rébellion, il avait jugé prudent d’aller se poser dans le pub du coin pour boire un coup. Ils seraient trop faciles à trouver, trop faciles à éliminer, et la rébellion avait trop besoin d’eux pour que Jason et Siobhan ne laisse cela se faire.
« Attendez, donnez-moi les coordonnées de votre planque, » intervint-il en se rapprochant tandis que Siobhan, elle, se dirigeait vers la fenêtre.
Aussitôt dit, aussitôt fait, un des comparses de Ronàn lui donna l’info qu’il désirait. Jason s’empressa de rediriger la Batmobile vers la dite position. La planque serait attaquée, il n’y avait aucun doute dessus. Voir comment et quand leur serait utile.
Il ne lui fallut que quelques instants pour le faire, quelques instants que Siobhan utilisa à son avantage. Elle revint vers eux, armée d’un bout de verre dangereusement aiguisé et s’empara d’un des rares survivants de l’attaque. Il ne le serait pas longtemps. Jason devina ce qu’elle s’apprêtait à faire avant qu’elle le fasse. Dès qu’elle saisit sa proie par le col et lui retira son casque. Il savait exactement ce qu’elle voulait faire… et il la laissa faire.
Les quatre irlandais eurent une réaction bien plus marquées face à l’exécution de l’homme de Degaton. Ronàn O’Shea tentait tant bien que mal de paraître impassible, et tout l’honneur était pour lui, mais son regard fuyant et le teint soudain grisâtre que revêtait sa peau en disait tout autant que le crissement d’horreur que lâcha son voisin. Ils étaient déterminés, oui. Furieux, et courageux au point de se rebeller contre tout un régime, Jason le leur accordait sans soucis. Mais ils n’étaient que des débutants, et sans aide, ils seraient tous morts avant le début de la semaine suivante.
Jason resta de marbre tandis que le sang s’écoulait à une vitesse presque surréaliste. On sous-estime toujours la puissance de la carotide, et les films d’action sont loin de dépeindre avec justesse ce qu’il se passe quand on égorge quelqu’un. L’homme avait été inconscient, et il lui faudrait encore quelques minutes avant de mourir. Avait-il senti le bout de verre contre sa peau ? Etait-il plus ou moins conscient de ce qui lui arrivait ? De la mort qui se rapprochait inéluctablement ?
Un des irlandais détourna le regard, l’air malade. Il agrippa le bras d’un de ses amis et releva la tête vers Jason.
« Bon sang, mais vous êtes qui ? » grogna-t-il d’une voix faible.
Ah, oui. Toujours la question à un million.
Jason poussa un léger soupir et retira son casque qu’il garda sous un bras, contre son flanc. Il soutint le regard des irlandais.
« La cavalerie, » dit-il simplement.
Il leur passa ensuite devant pour se rapprocher du comptoir et de Siobhan. De sa victime et de la flaque de sang. Il échangea un long regard avec elle.
Et il réalisa immédiatement qu’ils se détruiraient, elle et lui. D’une façon ou d’une autre. Ils avaient choisi de faire ce qu’il fallait faire pour aider les gens de ce pays, aider ceux qui ne sont jamais sauvés par les grandes organisations de héros. C’était un but louable. Mais ils fonçaient droit dans le mur, il le pressentait. Ca leur pendait au nez.
« Fais-les vite traverser. Me laisse pas trop longtemps tout seul de l’autre côté, » dit-il. Sa voix prit un accent malicieux, joueur. « J’ai pas de très bons souvenirs de mon dernier passage dans l’au-delà. »
Puis il marcha directement sur la flaque de sang noir.
L’inéluctable était en route, et que pouvait-il y faire ? Il espérait juste qu’ils auraient un peu de temps. Qu’il aurait un peu de temps. Il voulait en profiter, en quelque sorte. Avant que tout ça ne le rattrape.
Les coordonnées de la planque habituelle des quatre hommes dont ils venaient de sauver la vie furent données à Red Hood. S’ensuivit le sacrifice de l’un des enfants de Degaton afin d’ouvrir une brèche sur la dimension d’où venait Siobhan sans qu'elle aie à puiser dans sa magie et se fatiguer. Les irlandais étaient choqués mais un seul d’entre eux questionna l’ancien robin qui lui donna une réponse lapidaire. Après cela il retira son casque et regarda Siobhan dans les yeux.
Elle n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait penser à ce moment, peut être qu’il regrettait de l'avoir suivie. De l’avoir connue, même. Cette idée n’est pas sans faire un pincement au cœur à la banshee. Elle sait qu’elle ne pourra jamais se comporter autrement qu’en faisant souffrir les quelques personnes qui pourraient s'approcher d’elle mais ne sait pas comment l’empêcher autrement qu’en se coupant de tout lien. Une solution à laquelle elle avait la faiblesse de se refuser désormais. Cela à cause de quelque chose à quoi elle avait cru être habitué pourtant, la solitude. Jason lui fait confiance et avance sur la flaque de sang noir, disparaissant aussitôt. Les autres hommes tremblent, l’un d’eux fait un signe de croix. Leur leader se décide a s’avancer en regardant la Banshee.
“Vous êtes une...une sorcière.”
Aussitôt a t’il prononcé ces mots qu’il les regrette. Elle peut sentir la peur chez lui comme chez ceux qui l’accompagne. Le tout était de ne pas lui faire encore plus peur que le Haut Chancelier Degaton et ses troupes si ils voulaient s’allier contre eux. “Sorcière, magicienne, spectre...le nom que vous me donnez importe peu. Mais s'il vous faut en choisir un appelez moi Silver Banshee.”
Nerveux l’un des irlandais sortit un petit crucifix fixé à une chaîne du col de sa chemise et la brandis devant lui face à la banshee pour voir si il se passerait quelque chose. Elle se contentât de le regarder en bougeant à peine. “Je sais que la magie vous fait peur. Vous avez vos croyances et superstitions et j’ai les miennes. Mais notre but est le même que le votre, libérer l’Irlande pour qu’elle redevienne comme avant.
“Parce que vous vous nous aideriez de manière désintéressée...sans chercher à tirer quelque chose de tout çà? ”
“Est ce que vous suivre c’est pas nous damner?”
Ajoutât un autre spontanément. La banshee comprend qu’aucun d’eux n’est athée et que cela aurait grandement simplifié les choses. “Dès lors que vous avez posé cette bombe et tué des gens. N’avez vous pas enfreint un des commandements de votre dieu et accepté que vous pouviez l’être? Cela veux dire que tous ceux qui ont fait l'indépendance de ce pays sont en enfer maintenant?” Tous les quatre réfléchissent et la Banshee les laisse s’expliquer avec leur conscience. Puis Rónán O’Shea s’approcha d’elle et du passage que Jason avait déjà emprunté. Il avance alors sans un mot et disparait la peur au ventre. Les autres le suivirent avec le même effroi.
De l’autre coté ce n’était pas la chaleur des enfers qui les attendait mais le froid mordant d’un marais lugubre et embrumé. Les pieds sur une terre humide et entourés de flaques d’une eau trouble les déplacés ont rejoint Red Hood qui était arrivé un peu plus tôt. Autour d’eux les grands arbres sont morts, les traces de vie consistent en quelques branches de gui persistantes çà et là, la plante parasite cherchant les dernières goûtes de sève dont elle pourra se nourrir. Un arbres devant eux émet une lueur bleutées, l’un des homme s’en approche en plissant les yeux pour essayer de comprendre la signification de symboles mystérieux gravés dans son écorce. “C’est moi qui ai marqué ces arbres. N’allez pas plus loin que la bordure qu’ils délimitent."
Plus loin il y en avait d'autres, marquants par la magie une frontière invisible. Jason apercevrait peut être une silhouette éthérée au loin, dans cette zone des marais où Siobhan ne voulait pas qu’ils aillent.
“Qu’est ce que çà fait là?” Demanda l’un des hommes présent en apercevant rien de moins...qu’un char lourd. Le blindé demeurait immobile et silencieux en plein marais. Il était orné d’une étoile rouge et plusieurs caisses étaient dispersées autour parmi les racines noueuses. L’une des caisses marquée d'une étoile était ouverte et des dizaines de fusil d’assaut type Kalachnikov jonchaient le sol. Silver Banshee marcha vers lui. “J’ai volée ces armes à la Corée du Nord. Une vingtaine de caisses comme celle ci, et vingt-trois véhicules comme celui là. Et d’autres différents.”
Plus loin dans des flaques de boue on pouvait distinguer un autre char, d’autres caisses. Bien trop de matériel que ce que la résistance représentait maintenant, et bien trop complexe pour elle à utiliser. Tout le monde ne peut pas s’improviser tankiste surtout quand le manuel d’utilisation est en coréen. Mais les fusils et lance roquette eux, quelqu’un saurait comment s’en servir. Elle se tourne vers Jason. “Voici les armes dont je t’ai parlé. Tu penses que tu saurais les utiliser ?”
Ils ne prendraient pas le contrôle du pays à six, c’était évident. Ce n’était qu’un début car il faudrait ramener d’autres volontaires ici. Où ils pourraient se rencontrer et s’entraîner en vase clos. Mener des opérations et y revenir toujours par l’entremise de la banshee. Ces hommes avaient la volonté de bien faire mais ils n’étaient pas encore des combattants de la liberté. Ce serait à Jason de les aider à le devenir.
Les Volontaires La transition se fit sans effet notoire. Un instant, Jason était dans un pub de Galway et la seconde qui suivait, il se tenait au milieu d’un décor digne des plus terribles films d’horreur. Ah, ce bon vieil Au-Delà. Qui, actuellement, avait bien plus l’air de tirer du Purgatoire que de l’image si monochromatique dont les chrétiens s’étaient persuadés à coup de Bible et de sermons. Il jeta un regard par-dessus son épaule, mais ne trouva ni passage, ni porte magique, rien qui ne puisse lui indiquer par où exactement il était arrivé. Il faisait confiance à Siobhan, il savait qu’elle le rejoindrait tôt ou tard, alors en attendant, il resta sur place, n’osant pas trop bouger, de crainte de mettre le pied là où il ne fallait pas.
L’endroit semblait hanté, impression très largement accentuée par la brume qui flottait tout autour du sentier presque indiscernable sur lequel il se tenait. Plus que l’absence de lumière et de vie, c’était l’impression de suspension totale qui étonnait Jason. Rien ne semblait bouger. Pas la moindre brise, pas même le brouillard qui lui paraissait figé, rien. Il régnait un silence de mort tout autour de lui et tout ce vide lui donna très vite l’impression qu’un étau glacé se refermait autour de son cœur. Si bien que lorsque Rónán O’Shea débarqua finalement avec ses compagnons, Jason eut un très léger sursaut.
Bravo. Elle était belle la cavalerie.
Il se rattrapa en s’éclaircissant la gorge pour attirer leur attention, et adoptant un air nonchalant maîtrisé à la perfection qui leur donnait certainement l’impression qu’il était un visiteur récurrent de l’endroit. Pas tout à fait, ah.
« Vous voyez ? Vous êtes pas morts. »
Les voir aussi effrayés lui redonna du baume au cœur. Rien de mieux pour se rebooster l’égo que la crédulité d’une bande d’irlandais un peu trop confiants. Jason haussa une épaule dans leur direction tandis qu’ils le dévisageaient avec de grands yeux. Il reporta rapidement son attention sur les symboles évoqués par Siobhan. Etrangement, elle lui paraissait encore plus différente ici qu’elle ne l’était sur Terre. Il s’était habitué à son apparence, à toutes ces différences qui faisaient d’elle la personne qu’il connaissait. Elle faisait partie de son monde, sur Terre. Ici, elle jurait bien plus, avec le blanc si frappant sur sa peau qui contrastait avec les ténèbres environnantes, ou avec le mouvement régulier dans sa chevelure, si contraire à l’immobilité qui les entourait. Jason se surprit à la dévisager à la dérobée à plusieurs reprises, obnubilé par cette nouvelle aura qu’elle dégageait ici, sur son territoire.
Elle était si difficile à décrire, mais il voyait tellement de beauté dans toutes ses différences. Elle était hypnotisante.
Il finit par réussir à se concentrer de nouveau sur les évènements quand l’un des irlandais pointa du doigt un tank et quelques caisses étalées à ses pieds. La réponse de Siobhan le fit sourire, mais avant qu’il ne puisse rajouter la moindre chose, quelque chose attira son attention à la périphérie de son champ de vision. Il pivota la tête, intrigué, et nota alors une étrange présence, plus loin, entre les arbres. Bien après les symboles protecteurs de Siobhan. Il était difficile de discerner le moindre détail avec la nappe de brouillard qui les entourait, mais Jason aurait mis sa main à couper qu’il s’agissait d’une silhouette à l’apparence tout à fait humaine. Il plissa les yeux. Silhouette qui lui faisait face, semblait-il. Il croyait apercevoir les lointains reliefs d’un visage, en opposition à la musculature d’un dos. Quelqu’un les espionnait ? Est-ce qu’on pouvait les espionner ici, au final ?
Ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque. Plus il fixait la silhouette, et plus il avait l’impression qu’il ou elle lui rendait son regard. Avec insistance, et peut-être même avec attente. Il se surprit à faire un premier pas dans sa direction, toujours à l’intérieur de la zone protégée par les pouvoirs de Siobhan.
La voix de cette dernière le sortit de l’espèce de torpeur dans laquelle il s’était enfoncé.
« Uh ? » demanda-t-il en tournant un regard distrait vers elle. Il cligna des yeux à plusieurs reprises, jeta de nouveau coups d’œil avec la silhouette puis se reprit finalement. Il se tourna vers les caisses et hocha la tête. « Oui, » confirma-t-il. « Ce sont de bonnes armes. Pas les plus simples à prendre en main quand on débute, mais je vais leur montrer et quand ils les maîtriseront, elles leur seront d’une grande aide. »
Il tourna la tête vers la silhouette – s’était-elle rapprochée, ou était-il en pleine hallucination ? – et désigna le tank d’un geste de la main.
« Ca aussi, je peux leur apprendre. Je n’ai jamais touché à ce modèle, mais j’ai déjà manipulé celui qui l’a précédé. Je m’y connais en matériel militaire. »
Il fit semblant de ne pas remarquer les regards qu’échangeaient les irlandais et attendit patiemment qu’ils ne reportent leur attention sur lui pour reprendre, avec dureté.
« Votre premier objectif, ce sera de faire gonfler les rangs de ce mouvement que vous avez commencé. Ce que je vous apprendrez, à vous et aux autres, il faudra le transmettre. Siobh’ et moi, on peut voyager – et vite - pour accélérer les choses, mais la défense viendra de vous. On vous donne les moyens, les connaissances, mais ce sera votre rébellion. On ne peut pas le faire à votre place. Il s’agit de votre liberté. »
Toujours ce moment dans le coin de son regard.
Agacé, Jason se tourna de nouveau vers la silhouette. Cette fois, pas de doute à avoir, elle était bien plus proche. Il était même presque sûr désormais qu’il s’agissait bel et bien d’un homme. Et qu’il le fixait sans discontinuer.
Jason répondit par l’affirmative à la demande de Siobhan, et à son agréable surprise elle découvrit qu’il ne saurait pas utiliser que les armes d’infanterie mais le tank lui même. On ne s’improvise pas tankiste en revanche, il leur faudrait en trouver. Mais l’Irlande n’était pas un pays à l’armée nationale très importante, les véhicules blindés encore moins. C’était à la fois la mauvaise mais aussi la bonne nouvelle.
D’un coté ils auraient du mal à recruter des personnes capables de les utiliser, mais d’un autre il n’y avait à l’heure actuelle aucun modèle de blindé sur l’île capable d’affronter un “ Pokpung-ho” de quarante tonnes. A deux millions d’euros l’unité et dans une aire de paix européenne post guerre froide l’Irlande n’avait eu aucun intérêt à se munir de quoi affronter de tels monstres taillés pour le conflit armé de grande ampleur. Les seuls ennemis de taille que la résistance seraient les enfants de Degaton, pas l’armée nationale.
Red Hood eu ensuite des mots que la banshee trouva des plus judicieux. Lui et elle seraient là pour les aider mais leur destinée était entre leurs seules mains. Ce serait à eux de se battre pour leur liberté et leur pays. Soudain il se retourna en demandant si il était le seul à voir ce qui les observait, les irlandais découvrant alors inquiets que quelque chose venait de se cacher derrière l’un des arbres de ce paysage sinistre. “Casper, qui est Casper?”
Des mots qu’elle prononce sans chercher à faire de l’humour, car elle n’avait réellement aucune idée de qui il était. Elle l’aurait su probablement aurait elle répondue que celui ci n’avait rien d’un gentil fantôme. “C’est un spectre maudit.”
“ Comme moi” se retient t’elle d’ajouter, car son cas à elle était particulier. Elle était la servante de The Crone, faisant figure d'autorité ici. La banshee messagère de la mort avait la possibilité de retourner dans le monde des vivants sous forme matérielle, elle. Mais au prix de la vie d’une femme. “Il n’apprécie pas que des vivants viennent dans cette forêt mais il ne s'approchera pas plus près. C’est pour cela que vous ne devez pas passer les arbres marqués.
* **
Ainsi serait l’étrange camp de base des rebelles Irlandais, quelque part dans une forêt du Sidh où seul la Banshee pouvait les faire entrer et sortir à l’aide de ses pouvoirs. Au fur et a mesure que des actes de résistances avaient lieu Siobhan et Jason se rendirent à la rencontre de ceux qui les avaient commis, leur sauvant souvent la vie face à des Enfants de Degaton cherchant à leur mettre la main dessus.
Les jours puis les semaines se succédèrent, la forêt se remplissait peu à peu de tentes elles mêmes contenant tout ce dont ils avaient besoin pour vivre ici, de nourriture et d’eau. Des cession d’entrainement dont Jason était "l’instructeur en chef", car si il y avait parmi les hommes et femmes qui les rejoignaient des policier et militaires aucun n’avaient son niveau de compétence au tir, en matière de furtivité, ou au corps à corps.
Une clairière brumeuse devint un terrain de manœuvre pour l’un des char et la batmobile mais aussi un champ de tir sur cible pour ceux qui s’entraînèrent là et avaient arme et munition à profusion. Dans le monde des vivants de plus en plus il se dit que ceux qui combattent la dictature du Haut Chancelier Degaton disparaissent de deux façons: Entre ses griffes ou on ne sait où, dans un autre monde. Et que ceux qui seraient là bas s’y prépareraient au combat contre l'oppresseur.
Les jours et les nuits passent dans le Sidh également mais les journées grises et sombres ressemblent presque dans leurs teintes aux nuits éclairées par des astres insensés. Ils sont désormais une vingtaine de combattants. Pas encore assez pour renverser le gouverneur à Dublin mais suffisamment pour lancer une action efficace.
Au cœur des marais sinistres des bancs de bois fabriqués avec les matériaux sur place avaient été disposés autour d’une large pierre servant de table. Devant l’assemblée O’Shea qui était devenu avec la Banshee et Red Hood le leader du mouvement savait unifier comme il se devait ceux qui les rejoignaient. Un vrai chef naissait en celui qui avait commis le premier acte de résistance, poussé en avant par Siobhan qui savait qu’elle ne serait jamais capable d'unifier les siens aussi bien derrière elle que derrière lui. Par ailleurs O’Shea semblait un chrétien convaincu, si cela pouvait paraître un détail ils avaient besoin de se dire qu’ils ne suivaient pas là les desseins obscurs d’une sorcière. Celui qui portait désormais un treillis et un béret noir s’adressa à Jason en désignant un lieu sur une carte du pays.
“Il faut attaquer le camp de Curragh dans le compté de Kilgare. C’est à la fois l’une des base principale mais aussi une école militaire. Ceux qui aident notre mouvement en faisant de l’espionnage nous informent que les fidèles de ce dément qui contrôle l’Europe y formatent des jeunes gars du pays à les rejoindre, et qu’ ils sont en train de purger les cadres de l’armée récalcitrants. C’est la majorité des militaires qui ne veulent pas les suivre, personne n’a signé pour défendre une dictature mais leur pays et ses valeurs... Si nous agissons vite nous pouvons sauver les militaire. Mais aussi en rallier à nos cotés, et on aurait bien besoin d'eux. Après les avoir ramenés ici on aurait de quoi prendre Dublin.”
Il se tourne vers Jason alors que les autres hommes et femmes en treillis tournent leurs regards vers lui avec un visage grave et admiratif, la Banshee reste elle plus en retrait assise sur une souche d'arbre. Ils ont besoin de l'avis de Red Hood bien entendu, mais aussi qu’il leur dise comment lancer l’attaque. Siobhan pouvait téléporter une à deux personnes à la fois avec elle au maximum, et si elle voulait ouvrir un passage pour tout le groupe il lui faudrait sacrifier quelques soldats ennemis. Mais ce serait à Jason d’établir une stratégie pour prendre la base en grande infériorité numérique, car sans lui ils n’auraient pas assez confiance en leurs chances de réussite.
Les Volontaires Jason dévisagea Siobhan avec un petit sourire amusé, les yeux pétillants. Il eut un léger geste vague de la main pour chasser sa question, et haussa une épaule, son sourire toujours aux lèvres.
« Ce n’est définitivement pas Casper, » lui dit-il alors en guise d’explication.
Il lui sourit un peu plus et lui adressa un léger clin d’œil avant de se retourner vers leurs trois comparses, futures figures emblématiques de la résistance irlandaise – tout du moins, c’est ce que lui et Siobhan espéraient. Ce faisant, il jeta un nouveau regard vers le fameux spectre, et eut la très nette impression que ce dernier restait quand même plutôt fixé sur lui plutôt que sur les autres. Il n’apprécie pas que les vivants viennent dans cette forêt. Il allait être sur le point de passer de nombreuses semaines plutôt exécrables, alors.
Avant de rejoindre de nouveau la conversation et d’ignorer le spectre, Jason eut une dernière pensée : et si le spectre l’avait déjà vu auparavant ? Il chassa cette réflexion, peu conscient qu’elle hanterait le coin de son esprit pendant les dites futures semaines.
Ce n’était pas comme si il se rappelait de ce qui se passait quand on passe l’arme à gauche, après tout.
Les semaines qui suivirent ne furent pas aussi exécrables que prévues. Disons juste… étranges. La vie à la dure, Jason connaissait, et on pouvait même dire qu’il maîtrisait. Maintenant, la vie à la dure en pleine forêt de l’Au-Delà ? C’était un tout autre séjour de camping, pour tout dire. Heureusement, rapidement, plus rapidement qu’il ne l’aurait espéré, il se trouva pris dans l’entraînement des nouvelles (et des plus anciennes) recrues. Il ne savait pas si la nature irlandaise poussait ces derniers à faire front plus rapidement que d’autres peuples, souvenirs génétiques de longues décennies à subir le joug britannique, ou si c’était juste une question de chance, mais ils n’eurent jamais vraiment de mal à trouver de nouvelles recrues. O’Shea s’avéra également plus efficace que Jason en l’aurait d’abord cru, de par sa connaissance géographique et détaillée de son pays mais aussi grâce à une capacité de raisonnement qui faisait mouche. Ils trouvèrent quelques « nids » de rébellion grâce à ses déductions seules, avant les Enfants de Degaton. Le reste, les armes et l’entraînement, tout se mis en place naturellement, et bientôt, il n’eut plus un seul moment à lui dans la journée.
Ah, et les spectres aussi se multiplièrent tout autour du campement. D’une discrétion à toute épreuve en pleine journée (si tant est qu’on pouvait qualifier ces longues heures grisâtres et alourdies par la brume environnante comme journées), ils étaient loin de faire preuve de la même discrétion en pleine nuit. En proie à une insomnie de plus en plus marquée, Jason se levait toujours plusieurs heures avant les autres, ce qui le laissait seul avec des rangs de spectres dont les yeux étaient rivés sur lui. Généralement, il allait travailler sur le tank, sur les systèmes de la Batmobile, il bricolait quelques améliorations ici et là, cogitaient quelques idées, et, toujours, toujours, ils le suivaient le long de la frontière invisible de Siobhan jusqu’au champ qui leur servait de coin entraînement, leurs visages émaciés illuminés par les astres étranges qui flottaient dans le ciel au-dessus de leurs têtes.
Tu parles d’une compagnie.
Il préférait de loin celle de Siobhan. La Banshee s’effaçait un peu plus à chaque nouvelle recrue qui intégrait leur camp, et souvent, leurs interactions prenaient place à l’abri des regards, loin des éclats de voix, des rires et parfois même des chants qui surgissaient sans être annoncés. Jason comprenait. Après tout, en dehors des longues heures passées à enseigner à une bande de débutants comment maîtriser les armes fournies par Siobhan, lui-même vivait en dehors du semblant de société qui se créait parmi les rebelles, et ça lui allait parfaitement. Il n’y avait pas de réseaux, de satellites, ici, ce qui voulait dire qu’il n’était pas joignable, et peu à peu, le monde extérieur lui sembla lointain. Le peu de fois qu’il y retournait, toujours main dans la main avec Siobhan, pour les repérages dont ils avaient besoin, ne l’aidait absolument pas à se raccrocher à la réalité. Ce qui pouvait, entre autre, expliquer cette histoire d’insomnie.
Allez savoir. Ca ne l’inquiétait pas plus que ça.
Presque deux mois plus tard, il se retrouva derrière la bonne vingtaine de recrues, les bras croisés sur son torse, à écouter avec ces derniers la présentation de Rónán O’Shea. Il avait lui-même choisi la prochaine cible, et le pitch qu’il leur donna expliquait avec justesse ce choix. Pas bête, O’Shea, pas bête. Jason jeta un regard en coin à Siobhan. Ils étaient sans conteste sur la bonne voie.
Quand il reporta son regard sur la petite assemblée et la carte en son centre, ce fut pour se rendre compte que tout le monde avait le regard rivé sur lui. Il avait laissé tomber son casque rapidement après leur arrivée dans la forêt toutes ces semaines plus tôt, ayant franchement peu d’intérêt pour le maintien de son identité secrète. On continuait à l’appeler Red Hood, de toute façon. Oh, et même des fois… Monsieur Red Hood, brrrr, l’angoisse.
Il jeta un coup d’œil à la carte puis releva la tête vers O’Shea et ses joyeux camarades.
« C’est une bonne idée, » concéda-t-il, et il fit mine de ne pas noter l’étincelle de soulagement dans le regard du leader de la rébellion. « Mais on sera en infériorité numérique, ce qui implique une préparation poussée. Ceci dit… » Il marqua une pause, jeta un regard sur la carte puis un autre autour de lui avant de se redresser. « A mon très humble avis… c’est faisable. Si on réussit notre coup, on aura beaucoup à gagner, tu as raison. »
Il nota quelques irlandais ravis se féliciter à coup de bousculades amicales. Ils avaient tous fait de gros progrès pendant les entraînements, mais pour certains, cette histoire tenait encore un peu trop de la fiction au goût de Jason. La forêt maudite et les spectres n’aidaient certainement pas, certes, mais il espérait que cette mission les ramènerait sur Terre. Ils risquaient gros, très gros, après tout.
« Il ne faudra pas attaquer en plein jour, » ajouta Jason. « Pas alors que l’école militaire sera ouverte. C’est la partie base qui nous intéresse, ainsi que les prisons. Hors de question de s’en prendre aux gamins qui se sont fait embrigader dans le mouvement. »
« Mais, » protesta une jeune femme aux cheveux d’un roux flamboyant. « Ils ont choisi de suivre Degaton, d’adopter sa politique. Ils ne valent pas mieux que les soldats qui étaient déjà là. »
« Certains de ses gamins n’ont pas eu le choix, non, » répliqua Jason, d’un ton acerbe. « On fait n’importe quoi pour survivre, et à douze ans, on n’a parfois trop peur pour réfléchir correctement. »
« Conneries, » lança un autre irlandais. Une des dernières recrues. Particulièrement doué au fusil à pompe. « Ils se sont retournés contre leur pays. »
Jason resta silencieux un bref instant. Quand il reprit la parole, son ton était glacial.
« Je répète, » dit-il en détachant chaque syllabe. « On ne connait pas les raisons derrière les choix de ces gosses. Le premier qui s’en prend à eux aura à faire à moi, est-ce que c’est clair ? »
Un silence de plomb tomba sur l’assemblée, mais Jason n’en démordrait pas. Il avait été ce gosse avec les mauvais choix, parce que parfois, c’était tout ce qu’il vous restait. Non. Hors de question de s’attaquer à eux. Pas aux enfants. Pas sans leur avoir donné une chance. Il croisa les bras sur son torse, le regard glacial. Après de nouvelles minutes, O’Shea s’éclaircit la gorge, un brin mal à l’aise.
« Okay, » finit-il par dire. « Pas l’école alors. Mais les prisonniers restent un objectif, on est d’accord ? »
Jason hocha brièvement la tête.
« On les libère et on les évacue. On tue tous les soldats de Degaton sur notre chemin. Inutile d’essayer de tous les tuer. On n’est pas assez nombreux. »
« Dans ce cas, il faudra miser sur la discrétion, » reprit Rónán, le regard songeur. « Et il nous faut plus d’infos. »
Jason se fendit d’un léger sourire.
« Exactement. » Il tourna la tête vers Siobhan. « Et Siobh’ et moi, on peut se charger de ça. »
“Monsieur Red Hood” approuva les propos de Rónán et donna le plan. L’attaque nocturne augmentait leurs chances, venant d’un apprenti du Batman ce n’était pas étonnant. C’était également un moyen d’éviter les jeunes hommes et femmes dont le Régime de Degaton commençait l’endoctrinement.
Une femme protesta qu’ils étaient là par choix et Red Hood répliqua sèchement que ces jeunes embrigadés n’étaient pas capable de réfléchir correctement. Il était passé par l’âge ou on fait des conneries, il avait même volé des roues à la Batmobile en ce temps là mais Bruce ne l’avait pas condamné pour autant. Un autre annonça qu’il s’étaient retourné contre leur pays en leur âme et conscience, faisant comprendre que leur sacrifice au passage était un dommage collatéral inévitable. Pour lui hors de question qu’ils paralysent leur combat parce que ennemie utiliserait des jeunes comme boucliers humains. Nombreux furent les Hitlerjungen à tomber sous les balles russes mais aussi américaines et anglaises durant les derniers mois de la seconde guerre mondiale.
Mais non. Red Hood maintenait sa position en allant même jusqu’a prévenir ceux qui leur feraient du mal qu’ils auraient affaire à lui. Un lourd silence s’installa puis il reprit la discussion avec O’Shea pour conclure que lui et Siobhan iraient là bas en premier pour récupérer des infos. En éclaireurs en quelques sortes. “Quand ce sera le moment j’ouvrirais un passage sur le Sidh, tenez vous prêts à intervenir d’une minute à l’autre dans la clairière. Le portail ouvert il faudra vous y précipiter en sachant que l’ennemi sera peut être de l’autre coté.”
“On connait les risques, nous nous sommes entraînés à y faire face.”
Entre l’entrainement et l’épreuve du feu il y avait une grande différence et ils en avaient été prévenus. Certains tomberaient peut être sous les balles une fois de l’autre coté mais ils avaient fait le choix de mettre leur vie dans la balance. Silver Banshee se leva de la souche d’arbre ou elle était assise pour s’approcher de Jason qui avait avec lui son équipement. Levant les yeux vers les siens elle tendis sa main devant elle pour qu’il lui donne la sienne, puis ils disparurent tout les deux quand elle utilisa sa magie.
* **
Ils étaient tout les deux revenus en Irlande et la lune éclairait le camp de Curragh. Se cachant derrière un bosquet d’épines avec lui la banshee regarda la base devant eux en pensant que l’obscurité se devait d’être plus grande que cela pour favoriser l'attaque de leur commando. Ses yeux s’éclairèrent et elle utilisa sa capacité à d’influer sur les éléments. Un voile nuageux apparut alors pour masquer la lune, un peu affaiblie par ses usages répétés de ses pouvoirs elle se tourna vers Jason. “Par où devons nous commencer?”
Avec son équipement Red Hood apercevrait d’ici plusieurs choses. Des baraquements où les soldats Irlandais étaient en garnison, mais aussi certains bâtiments administratifs où il y avait de la lumière derrière les vitres desquels des enfants de Degaton en uniforme s’affairent encore tard le soir. Un autre bâtiment voisin à celui ci était l’internat des jeunes recrues de l’école militaire. Des dizaines de blindés légers de transport de troupes étaient alignés sur l’herbe un peu plus loin. Équipés d’une mitrailleuse lourde ces engins furent utilisés pour le maintien de l’ordre des population lors des dernières émeutes contre le nouveau régime qui avaient eu lieux. On pouvait compter une vingtaine de soldats du Haut Chancelier effectuant leurs patrouilles mobiles et environ, et deux enfant de Degaton montant la garde devant chaque bâtiment. Ils étaient clairement en état d’alerte, et il y avait de quoi. La résistance qui s’organisait ne passait pas inaperçue pour le nouveau gouverneur nommé en Irlande par le Haut Chancelier. Ils cherchaient à trier cette armée nationale pour n'en garder que les facho-compatibles et tant qu'ils n'avaient pas terminés ce travail ces soldats Irlandais étaient une menace potentielle pour le pouvoir qu'ils instauraient dans l'île.
HJ:
Spoiler:
En connaissance des choses identifiées je te laisse élaborer une stratégie
Les Volontaires Jason lâcha un léger grognement en voyant l’installation qui s’étendait devant eux. C’était grand, oui. Ce ne serait pas une cible facile – mais en même temps, il fallait être honnête. Rien ne le serait. Leur ennemi n’était pas n’importe qui et les moyens développés étaient fort supérieurs aux leurs. S’ils restaient sur les protestations et le recrutement, la rébellion mourrait d’elle-même, étouffée dans des notions de grandeur. Le danger de tout mouvement d’opposition se trouvait là : dans l’inaction. Jason était bien placé pour le savoir. Pendant des années, il s’était tenu face la justice de Gotham made in Batman, alors évidemment …
Mais on n’était pas à Gotham, non. Et il ne s’agissait pas juste de lui, mais de la vingtaine d’irlandais à la tête dure qui s’étaient mis dans la tête qu’ils changeraient le monde. Ces idéalistes, j’vous jure.
« O’Shea mentait pas, » nota Jason dans un murmure. Il jeta un bref regard vers le ciel qui se couvrait à vue d’œil, sans s’en émerveiller. Il avait passé tant de temps aux côtés de Siobhan et de sa magie qu’elle en était devenue familière. Il savait aussi ce que ça lui coûtait, ceci dit, alors il passa instinctivement un bras dans son dos pour la soutenir dans ses efforts et lui permettre de reprendre ses esprits. « Ils sont armés jusqu’aux dents, et ils manquent pas de matériel… »
Son regard glissa jusqu’aux véhicules blindés. L’armurerie devait certainement contenir quelques trésors également, et cela faisait sens. Si les nouveaux membres de l’armée de Degaton passaient par-là, ils devaient être entraînés. La région n’était plus sûre, depuis quelques temps. Les émeutes se multipliaient et si les ripostes étaient toujours terriblement violentes et efficaces, elles n’effaçaient pas le danger. C’était un point stratégique, réalisa Jason. Mais étaient-ils assez nombreux pour s’en occuper ?
Il tourna son regard vers le bâtiment le plus proche des blindés et nota la porte, la surveillance qui l’entourait, listant les indices et tirant les conclusions qui en découler. Puis, il le désigna d’un petit geste de sa main libre à Siobhan.
« Ils doivent stocker toutes leurs armes là-bas Ce serait bête de passer à côté… Et ce serait aussi bête de les leur laisser. »
Il fit une légère moue alors que l’ombre d’un plan se dessinait dans son esprit. Il continua de suivre des yeux les mouvements des soldats alors qu’il l’expliquait à Siobhan.
« Je vais repartir via le portail que tu vas créer. Il va nous falloir une bombe IEM et j’en ai quelques-au camp. Je la déclencherai à distance, et on profitera du chaos généré pour avancer vers les prisons. » Un chaos qui serait de courte durée, il n’en doutait pas. Qu’ils soient détestables ou pas, ils restaient des militaires. Ils s’organiseraient rapidement. « Il va falloir qu’on se sépare en deux groupes. Tu iras avec O’Shea et les hommes et femmes qu’il choisira vers les prisons. Tuez tous ceux que vous croiserez avant qu’ils n’attirent l’attention sur votre objectif. Moi… »
Il jeta un regard à Siobhan, esquissa un sourire puis désigna d’un léger signe de tête les véhicules blindés.
« Je me charge de ça. Il va me falloir deux ou trois gars. On va essayer de prendre ce qu’on pourra, de charger le tout dans le blindé avec la mitraillette. Je ferai exploser le reste de l’armurerie. Si on peut pas avoir ce matériel, ils ne le garderont pas non plus. »
Il se tourna complètement vers Siobhan.
« Ce qui soulève deux points importants. Premièrement, quand nous partirons, il nous faudra être synchro. On pourra couvrir votre fuite avec la mitraillette lourde. Par conséquent, et voilà le second point, il faut que nous puissions rester en contact, toi et moi, et ce malgré l’IEM. »
Il marqua une pause.
« Nous devrons aller vite. J’ai quelques trucs qui aideront au campement, et je pense utiliser la Batmobile aussi, mais dans tous les cas, l’opération devra être rapide. Pas plus de vingt minutes. Qu’en penses-tu ? »
Parce qu’une main passée dans le dos par lui pouvait être un réconfort plus grand que bien des discours sur la justesse de leur combat Siobhan va mieux, et ce malgré l’usage répété de ses pouvoirs. Jason observait la base ennemie et expliquait à l’irlandaise le plan qui germait dans son esprit. “Je suis d’accord avec ce que tu propose. Je peux même te ramener avec moi au camp, puis une fois là bas tu programme l’explosion de cette bombe spéciale avec un minuteur et non une commande à distance. Puis je reviens ici seule.
Ainsi quand elle explosera au dessus de Curragh vous ne serez pas encore là. Après seulement je vous ouvre un portail dont vous sortez, tu me donne un communicateur et on se sépare comme tu le propose pour les deux objectifs.
Un ajout au plan de Red Hood qui leur permettrait d’infliger l’Impulsion électromagnétique à l’ennemi sans en subir les désavantages. Elle lui donna la main et ils disparurent à nouveau pour gagner le campement de la résistance dans le Sidh. Là les équipes furent formées et les IEM activés puis le moment venu Siobhan se téléporta au dessus de la base militaire. Elle lâcha les explosifs très bas et ils explosèrent juste avant de toucher le sol, maximisant le rayon d’action de l’attaque électromagnétique.
Aucune alarme ne s’enclencha car celles ci ne fonctionnaient plus. Sans attendre elle plongea vers le sol pour attraper un Enfant de Degaton et lui ôter son casque. Elle posa aussitot sa main sur sa bouche pour le faire taire puis vola avec lui vers une allée large de la base, à mi chemin de leurs deux objectifs. Tirant de son fourreau la baïonnette qu’il portait elle l’égorge alors pour alimenter sa magie pas son sang sans puiser dans ses forces. Les âmes avaient un prix en enfer, et plus celles ci étaient mauvaises plus elle pouvait tirer de leur revente. Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait affaire avec les démons, et si certains d’entre eux avaient été en guerre ouverte avec elle ces dernières années il y avait autant de chapelles chez les cornus que chez leurs opposants trempés d’eau bénite. Elle récite son incantations en Gaélique et verse le sang de l’égorgé sur le sol pour tracer une ligne de plusieurs mètres de long. Les yeux de la Banshee s’éclairent tandis que ses cheveux contredisent les lois de la physique pour léviter et enfin le portail magique apparaît. Un vent glacé souffle de celui ci, accompagné de feuilles mortes en provenance des marais où ils s'abritaient.
Puis un puissant bruit de moteur s'approche. Un Tank Nord Coréen sur lequel était peinte une harpe jaune en lieu et place d’une étoile rouge en surgit, des résistants Irlandais assis dessus. Puis la batmobile de Jason, et enfin des troupes à pied. Les premiers coup de feu sont échangés et le premier obus tiré, l’ennemi était clairement pris au dépourvu. Aucun soldat du chancelier ne voudrait voir un commando surgir en plein milieu de sa base avec un chars lourd. Encore moins une batmobile. Encore moins Red Hood et Silver Banshee. L'attaque avait commencée et les soldats du Chancelier avaient commencés à tomber, complètement pris au dépourvu et leurs équipements électronique défaillants. Debout devant le portail elle attendait désormais qu'il lui donne son communicateur pour partir à l'attaque elle aussi. Les explosions commencent, les tirs, le massacre. Celui de leurs ennemis.