[5ML] Briser les murs érigés autour de toi

_____Sept mois, bientôt huit mois que j’avais perdu la notion du temps, de la réalité du monde qui m’entoure tout simplement. Quand mon esprit tentait de reprendre connaissance, il ne voyait que le sang, les cris et l’horreur du monde réel. Ce n’était que des brides de souvenirs, de cauchemars que je chassais machinalement de ma tête. Il n’y avait plus de Joseph, seulement un esprit sans vie dans un corps humain.
Depuis plusieurs mois, ce corps était contrôlé par une seule âme égarée, celle d’Amy, un démon qui avait trouvé refuge dans mon corps, il y a longtemps de ça. Ma condition de vie était tellement affreuse que je préférais faire confiance à un démon destitué de son titre pour me maintenir en bonne condition mentale. Physiquement, c’était une autre histoire. Insensible à la douleur, mon corps humain était trop faible pour contenir la puissance d’un démon, il en a fait les frais lors de notre dernière mission à Prague.

Amy a été blessé, la lame qui avait traversait mon corps l’avait fait souffrir. Nous étions à deux doigts de partir, prêt à franchir le portail de Derek pour retrouver notre liberté. Malheureusement, je n’ai pas pu prendre cette décision. Conscient de la gravité de la blessure, il n’a pas eu d’autre choix que de courber l’échine devant Arcane. J’ignore les détails de cette mission, ni ce qu’il s’était réellement passé là-bas mais je sais que cette blessure avait inquiéter Amy mais aussi mes bourreaux. Ma régénération n’était pas aussi puissante que celle de mon paternelle mais elle me permettait de cicatriser assez rapidement. Normalement, elle aurait dû mettre que quelques jours pour disparaître mais elle était toujours là, aussi béante qu’au premier jour, ma chair toujours à vif.
Quelques médecins avaient été appelé en renfort pour s’occuper de moi, sans succès. On les avait plus ou moins influencer pour les pousser à garder le silence. Peu de temps après, j’avais été transféré un peu plus loin, au sud de l’Allemagne. Le voyage devait être plus long mais mon état de santé ne le permettait pas. Rares étaient les personnes avaient le droit de rentrer dans ma chambre, comme si les hommes de Degaton craignaient que la rumeur s’échappe.

Leurs craintes, même paranoïaque s’était avéré fonder. Damian Wayne, tout juste avant qu’on ne sème le chaos, avait réussi à rentrer en contact avec l’un des médecins qui s’étaient occupé d’un homme correspondant à mes critères physiques. Un blondinet aux yeux radioactifs et aux cordes vocales sectionnées qui arrivaient tout de même à t’insulter de tous les mots, ce n’était pas courant. Elle avait confirmé à Robin que j’étais blessé et que, pour une raison qu’elle ignorait totalement, mon corps refusait de cicatriser. Elle en savait davantage mais elle craignait beaucoup pour sa vie. Depuis qu’elle avait accepté de mettre le pied dans ma chambre, elle se sentait épiée et menacée.
Elle avait finalement accepté un rendez-vous avec l’équipe de héros, en espérant qu’ils pourront la rapatrier loin du régime de Degaton, pour sa propre sécurité. Le rendez-vous devait avoir lieu en fin d’après-midi, dans les quartiers bondés de Prague pour se fondre dans la foule et se sentir en sécurité. Malheureusement, il a fallu que Jon meurt de faim et qu’il commence à se chamailler avec son colocataire de chambre. Ils avaient provoqué un chaos total, provoquant la panique chez les passants qui s’étaient permit de se promener près de l’hôtel, pensant à un attentat.

Pourtant, malgré tout le remue-ménage qu’avait causé cette petite bande, rien ne leur était tombé dessus à part un long silence. Derek était retourné à l’appartement pour constater les dégâts avec Garfield. Les plus vieux avaient tentés de raisonner les plus téméraires jusqu’à être interrompu par des coups sur la porte d’entrée. Quelqu’un frappait à leur porte, de manière rythmée et inhumaine, une série de coup de dix seconds coupés par quelques secondes de silence avant de reprendre.
La porte s’ouvrit doucement pour laisser apparaître une femme, le contact de Robin. Elle n’avait aucune raison de connaître la position de l’équipe de jeune héros et pourtant, elle se tenait bien là, devant eux, l’air hébété. Dans ces mains, elle tenait un coffre de manière plutôt impersonnel, comme si l’objet lui était tombé dans les bras par un heureux hasard. Mécaniquement, elle regarda les alentours, comme si elle venait tout juste de reprendre ses esprits. Peu à peu, son visage commence à se décomposer par la peur. Elle semblait comprendre quelque chose d’horrible, elle était en train de vivre ces derniers instants.

Ces muscles s’étaient raidis, elle n’osait pas bouger un cheveu de peur de provoquer sa propre fin. Elle observa chacun d’entre eux, elle prit le risque d’ouvrir légèrement ses lèvres en espérant pouvoir adresser quelques mots et alerter ces pauvres enfants. Malheureusement, ce qui sorti de sa gorge n’était pas des mots, mais une bonne quantité de sang qui s’écoulaient en cascade sur le bas de son visage, tâchait ses vêtements. Ces yeux s’écarquillèrent, la peau de son visage se pâlit, son corps se vidait de toute vie. Elle s’écroula au sol, morte, emportant avec elle le présent qu’elle tenait dans sa chute.
Le coffre s’ouvrit, laissant échapper une odeur nauséabonde d’un mélange de fer et de chair nécrosé. Si l’extérieur du coffre semblait en excellent état, ce dernier renfermait une scène horrifique. A l’intérieur, une paire d’yeux, deux orbites, salit d’une fine pellicule de sang, de vaisseau sanguin nécrosé, sectionné et charcuté au niveau du nerf optique. La particularité de cet organe humain ? Leur iris, d’un vert intense, presque radioactif, une particularité qui finira par mettre la puce à l’oreille à chaque membre de l’équipe, mes yeux. Ce coffre n’avait, comme seul objectif que d’avertir les justiciers, de les provoquer. Anton savait qu’ils étaient en Europe et voulait leur envoyer un message simple mais mémorable. Quoi de mieux que d’envoyer, par morceau, les restes de la personne qu’il cherchait tant à retrouver ?

« Munich… » En arrière-plan Beacon avait eu le reflex de lire dans l’esprit de cette pauvre femme juste avant qu’elle ne rende son dernier souffle. « Joseph Wilson a été emmené à Munich, dans une des ambassades du régime… » Sa voix semblait légèrement tremblante.

_____Munich, ville complètement occupée par le régime mis en place par Degaton. Aujourd’hui, c’était jour de fête, l’armée était de sortie et s’amusait à exposé sa force auprès du peuple. On pouvait ressentir une certaine tension entre les habitants et l’autorité mis en place. Les visages étaient fermés, comme si la foule avait été forcé à se rendre à l’évènement, créant une fausse ambiance de joie dans cette ville. Le régime avait bien conscience de cette tension avec le peuple et avait continué à sécuriser les bâtiments que Degaton s’était approprié pour établir son petit régime. Cette petite armée qui surveillait aussi les possibles débordement à l’extérieure du bâtiment, devait aussi faire face à une autre menace.
Le démon qui m’habitait, avait désormais le contrôle absolu de mon corps depuis de nombreuses semaines. Dans ce plan de l’existence, j’ai complètement disparu, laissant Amy faire ce que bon lui semblait, soumis au régime et surtout, à Anton Arcane. Lors d’une exécution qui avait eu le droit à son lot d’arrivée surprise de héros, nous avons été sévèrement blessés pendant le combat. Oui, d’habitude, lorsque je parle de blessure physique, je n’associais jamais Amy dans le lot. Lié à elle, j’ai tout de suite compris que cette créature était insensible aux dégâts physiques qu’il m’infligeait. Malheureusement, cette fois, ce fut différent. Non seulement, la blessure le faisait souffrir le martyr mais elle semblait également avoir touché son égo.

Depuis tout ce temps, la blessure n’était pas parvenue à cicatriser. La souffrance qu’elle générait provoquait chez Amy, une rage incontrôlable. Cette colère, même les hommes de Degaton avait beaucoup de mal à la canaliser. Quelques médecins et sorciers venait lui rendre visite pour, chaque jour, désinfecter la plaie et tenter de nous guérir par n’importe quels moyens. Malheureusement, l’origine magique de cette blessure empêchait ma régénération d’intervenir.
Après une brève concertation à ce sujet, ils ont fini par opter pour une autre solution, celle de me réveiller. Malheureusement, ni eux, ni Amy était capable de me ramener à cette sombre réalité. Le démon avait beau leur hurler qu’il était incapable de communiquer avec moi, les hommes de Degaton doutaient de son honnêteté. Le démon avait passé toute sa captivité à les duper, de profiter de chaque moment de doute pour laisser s’exprimer toute la colère qu’il éprouvait envers ces geôliers avant de tenter de leur fausser compagnie. Autant vous dire que toutes ces tentatives ont échoué.

Pour contenir la colère du démon, capable de broyer mes os grâce à sa force surhumaine, on nous avait isolé dans une salle à l’écart du monde, dans un lit d’hôpital presque plongé dans l’obscurité. Des sangles de cuir arrivaient miraculeusement à canaliser cette rage maladive qui envahissait Amy de tout son être. Si ces dernières parvenaient à résister à sa puissance surhumaine, c’est grâce aux multiples symboles religieux qui y étaient incrusté pour essayer de calmer la bête féroce qui contrôlait mon corps. Grâce à eux, la force du démon était restreint, assez pour éviter de transformer mes os en poussière. Cela ne l’empêchait malheureusement pas de tortiller mon corps dans tous les sens en espérant pouvoir se libérer en jouant les contorsionnistes. Quand il ne cherchait pas à se débattre contre ses sangles, il crachait sa haine auprès du médecin qui, chaque jour, empêchait ma chair de s’infecter, des soins qui semblaient accentuer la souffrance qu’Amy ressentait. Il était certains que les hommes d’Arcane s’amusaient à verser de l’eau bénite sur les plaies pour le torturer. Alors par frustration et rage, il leur balançait mille insultes en plus de se débattre, aggravant sa blessure plus qu’autre chose.

Le collier qui leur servait de laisse avait été endommagé durant l'exécution de Constantine, il leur fallait un peu de temps pour en concevoir un autre. Ce n'était pas un problème pour Arcane qui connaissait bien des manières pour empêcher Amy d'utiliser mes pouvoirs. Le sorcier arrivait à penser qu’Amy était la seule créature capable de me faire revenir dans cette réalité et qu’elle le refusait par égocentrisme et provocation. Alors, pour le dissuader, il le torturait. Le démon avait beau lui cracher qu’il ne pouvait rien faire, Arcane n’entendait que des mensonges sortir de ma gorge. Il avait continué à lui faire du mal, jusqu’à décider de lui retirer la source de mes pouvoirs de manière brutal. J’ignorais comment il s’y était pris mais la douleur avait été tellement intense que la créature avait fini par se calmer pendant quelques heures.
A ce moment-là, Anton avait tourné les talons. Le sang avait tâché les draps et un bout de tissu ensanglanté avait remplacé mes yeux. Avait-il été assez fou pour retirer la source de mes pouvoirs, la seule chose qui poussait Degaton et son régime à me maintenir en vie ?

Il avait probablement quitté le bâtiment, en attendant une possible évolution de mon état, espérant que cette petite séance avait permis au démon de se remettre en question. Malheureusement, il n’en fut rien car Amy, même après tout le mal qu’il m’a fait, n’est pas responsable de ma disparition et ne peut rien faire pour me ramener, mais personne pour le croire.
A l’annonce de l’arrivée prochaine de mes amis, l’un des hommes de Degaton avait reçu l’ordre de nous déplacer. Inutile de dire que mon état actuel, même plusieurs jours après le combat, ne me permettait pas d’être transportable. Pourtant, la situation était si urgente qu’ils étaient prêts à prendre le risque.

Cette tension plus que palpable, Amy n’avait pas besoin de mes yeux pour le voir et le sentir, la situation allait enfin tourner en sa faveur et cela semblait l’amuser. Les soldats, surveillant les deux portes d’entrée du bâtiment, semblait nerveux et surveillait chaque personne qui se trouvait un peu trop près. Ils avaient l’avantage d’avoir des portraits robots des principaux suspects et l’un d’eux semblait beaucoup plus facile à reconnaître dans la foule, Garfield. Sa peau verte attira machinalement l’attention d’un soldat. Un malheur n'arrivant jamais seul, les résultats des examens de Damian Wayne se sont malheureusement révélés positif mais ont également détecté de la magie.

« Hey, Toi là et tes petits copains, NE BOUGE PAS. » hurla le soldat

_____Le bâtiment commençait à s’agiter et ce même affolement était parvenu jusqu’à mes oreilles. Je ne percevais pas le moindre son, contrairement à Amy qui avait les deux pieds bien ancrés dans la réalité. Piégé sur ce lit d’hôpital, il avait déjà commencé la journée en brûlant ma chair contre les sangles qui le retenait. Les jours passaient et la douleur de la blessure ne s’atteignait pas. Les médecins passaient leur tour de garde à soigner les nouvelles écorchures qu’il créait, volontairement ou non, sur mon corps d’humain fragile. Les insultes fusent et la haine qui l’habitait refusait de le quitter.
L’agitation à l’extérieur de la chambre l’avait distrait, l’espace d’un instant. Un médecin était entré dans la pièce quelques minutes avant que le début de l’émeute. Était-ce réellement le renfort que j’attendais depuis un moment ? Amy en doutait, mais voir ses tortionnaires rencontrer des difficultés semblait l’amuser. A défaut d’être capable de réveiller un gamin bloqué dans son propre subconscient, ils arriveront peut-être à mater quelques rebelles pendant leur défilé. Ma tête pivota vers la porte de sortie, fermer. Il avait beau être complètement aveugle, ces autres sens étaient encore bien en éveil.

Le petit groupe de héros était parvenu à progresser à l’intérieur du bâtiment. Ils connaissaient déjà notre emplacement et Damian avait déjà prit un peu d’avance en piratant le système de sécurité et les caméras de surveillance. Il y avait encore quelques hommes à l’intérieur de l’établissement mais ils ne feront pas long feu, j’ai confiance en eux. Contrairement à ce qu’aurais pu penser Amy, la zizanie qui bourdonnait dans mes oreilles ne s’était pas calmer. Malgré les bruits étouffés par la porte de la chambre fermée, mon visage ensanglanté n’avait pas quitté la seule issue de sortie, verrouillé. Rapidement, c’est le stress du médecin qui était en train de se faire ressentir. Mécaniquement, ma tête s’était orientée vers lui et un sourire mauvais, presque sadique, avait défiguré mon visage.

« T’es en train de te pisser dessus ou je rêve ? » se moqua le démon. Même s’il ne voyait pas le visage défigurer du pauvre homme qui, sous la menace, avait été contraint de nous soigner. Il avait beau être aveugle, il pouvait facilement ressentir la peur de cet homme. « Ouais, c’est littéralement ça. Encore un qui a choisi le mauvais camp. »

Un petit rire amusé qui s’échappait de ma gorge. Cette petite distraction avait au moins permis à Amy de faire autre chose que de charcuter mon épiderme jusqu’au sang. Peu à peu, le bruit commençait à se rapprocher dangereusement, arrêtant le médecin dans sa tâche pour se tourner, à son tour, vers la porte de la chambre. Elle était fermée mais pas verrouiller, ordre des hommes de Degaton. Il y avait heureusement encore deux hommes, deux gardes qui surveillaient la porte de notre chambre. Arcane connaissait son disciple et ces multiples tentatives de fuite. Un dernier obstacle les séparait de nous, mais après tout ce chemin, ce n’est pas deux pauvres soldats qui allaient leur faire barrage.
Les coups, les quelques bruits de combat suffisait à faire comprendre au médecin et à son patient que les deux hommes avaient été plongé dans l’inconscience. L’un était effrayé, le second prenait son pied. Les renforts arrivent et ils n’étaient pas au bout de leurs surprises. Le médecin ne savait pas encore s’il devait se défenestrer ou rester pétrifié par la peur en attendant son triste sort. La porte s’est ouverte pour laisser apparaître la fine équipe. Amy ne pouvait pas les voir et il était incapable de les identifier. Rapidement, Beacon avait suggéré à Damian de surveiller les entrées, affirmant que leur mission de sauvetage allait être plus longue que prévu. Quelque chose semblait la perturber, mais quoi ?

« Tu n’es pas Joseph Wilson. » rétorqua-t-elle. « Tu ne devrais pas être ici. Nous voulons que tu ramènes le propriétaire de ce corps à la réalité. » Le médecin était tétanisé, il s’était écarté légèrement du lit en espérant être devenu invisible entre-temps. « Partez, allez rejoindre votre famille. » Il n’avait pas attendu pour s’enfuir en courant. Elle se tourna de nouveau vers Amy qui commençait à comprendre qui d’autre se trouvait dans la chambre. « Maintenant. »

« La petite équipe, bah voyons. Vous ai-je manqué ? » rétorqua le démon. Il ne savait pas s’il était heureux de les voir ou humilier de voir qu’une bande de gamin allait lui sauver la peau. Moi, je serais tomber dans leurs bras. « Oh, si c’est demandé si gentiment. » Un léger sarcasme sur cette dernière parole, accompagné d’un rictus de douleur lorsqu’il a tenté de se redresser.

Arcane l’avait torturé pendant des jours en espérant pouvoir me réveiller. Ce n’était pas aussi facile et malgré les sarcasmes, Amy avait déjà donné quelques éléments de réponses à Beacon. Cette dernière avait levé son bras pour retirer, à distance le bandeau ensanglanté de mes yeux. Le sang avait continué de sécher. Il fallait en avoir le cœur net, le démon avait fermé mes paupières, soit aveuglé par ce changement de luminosité ou pour cacher les trous noirs qui remplaçaient mes yeux. Au bout de quelques secondes de suspense, la créature ouvrit mes yeux, laissant voir des sclères sombres et des iris radioactives. Arcane avait cherché à dissuader la petite équipe avec ce leurre. Amy, libre d’utiliser son pouvoir ne s’est pas retenu pour tenter de manipuler mentalement l’un des membres de la fine équipe, le petit Jon.

« Non, tu n’en feras rien. » rétorqua Beacon, utilisant sa télépathie pour retenir mes pouvoirs, encore fragile. Amy laissa échapper un grognement de frustration, tirant sur ces sangles jusqu’au sang. « Quelque chose cloche, je n’arrive pas à le faire revenir… Quelque chose… Quelque chose de magique me bloque. Il n’arrive pas à recevoir mon appel. » Elle continuait à maintenir en respect le démon affaiblit, laissant exprimer sa rage par des grognements et quelques insultes, réfléchissant à un moyen de me ramener à la raison. « J’ai peut-être une idée. »

Une lumière blanche, le bout du tunnel. Lorsque la petite tribu rouvrit les yeux, la chambre d’hôpital était bien loin. Un monde vide, sombre, le sol se reflétaient sous leur pied et une seule personne les attendaient, à quelques mètres en face d’eux. Une silhouette humaine plutôt grande à la peau sombre à peine discernable. Seul ses cheveux bicolores et ses imposantes cornes s'extirpant de son front attiraient l’attention. Il était installé sur ce qui semblait être un semblant de trône, observant de ses yeux radioactifs les intrus qui étaient rentré dans notre tête.

Amy:

« Une télépathe, j’aurais dû m’en douter. » Amy s’était redressé, le trône disparu dans un amas de poussière. « Vous n’avez rien à faire ici. Je commence à être las des visiteurs. » Il se dressait devant eux, un corps fin mais une taille plutôt imposante. Il balaya chaque intrus de son regard perçant. « Il a fallu qu’un magicien meurt pour que vous vous décidiez à pointer le bout de votre nez ? Vous attendez peut-être des remerciements ? » Il n’attendit pas que la petite troupe lui répondre. « Vous cherchez votre collègue ? » Il tendit sa main, griffes tranchantes et parfaites pointés sur leur front. « Après vous. »

Dos à eux, au milieu de ces ténèbres, une lumière, un jardin fleuri gravitant autour d’une maison de quartier baigné dans une lumière artificiellement parfaite. Cette petite bulle utopique, semblait être protégé par un champ de force magique. Ce petit univers parallèle a été créer artificiellement par une intervention extérieure. Amy pouvait manipuler ce monde psychique, matérialiser ce qu’il souhaitait, manipuler la réalité. Malheureusement, il était incapable d’intervenir dans ce petit monde beaucoup trop lumineux et parfait pour être vrai, presque écœurant. Le démon invita machinalement la petite troupe de sauveur à rejoindre ce petit monde.

A l’intérieur de ce dernier et en se rapprochant davantage, le groupe de héros pu constater des formes de vie, semblant vivre dans ce foyer familier idyllique. Le père de famille, cheveux blancs, une carrure de militaire, deux iris azur, t-shirt, pantacourt et baskets usagers gravitait autour de la maison pour entretenir le jardin. Certains héros l’avaient surement déjà identifié comme Slade Wilson, mon père. Tant que les héros n’avaient pas franchi la bulle, Papa ne leur prêtait aucune attention.
Assis sur le perron en bois, à quelques mètres de Slade, un carnet de croquis à la main, une autre personne facilement identifiable. C’était moi. J’ai profité de ce temps ensoleillé, de la brise agréable de printemps pour réaliser quelques paysages au fusain. En apparence, je devais être probablement un peu plus jeune, un adolescent tout ce qu’il y avait de plus banale, un bonnet cachant mes bouclettes. Ni le bruit de la tondeuse, ni la saleté sur mes doigts ne parviendraient à me détourner de ma création.

« Tu attendais de la visite, Joseph ? » Papa m’interrompt et stoppe la tondeuse, un des intrus a probablement posé le pieds à l’intérieur de l’utopie. J’ai redressé légèrement la tête pour observer les visiteurs venus d’ailleurs. Un sentiment familier de déjà vu envahi mon esprit

« Non, je crois pas… » ai-je répondu timidement.

HRP:

_____Tout était réelle, de la toiture de la maison jusqu’au brin d’herbe tailladée par la tondeuse de Papa. Je pouvais aussi ressentir cette légère brise qui me caressait le visage. En redressant la tête, je pouvais apercevoir un monde vaste, presque infini. Je ne pouvais pas imaginer une seule seconde que tout cela était le fruit de mon imagination, qu’il n’y avait rien de réelle là-dedans. Est-ce que j’ai hésité pendant quelques secondes ? Bien évidemment. Ces gens, qui étaient entrés dans la maison ne me semblaient bizarrement pas étranger. Je n’étais pas effrayé par leur présence, au contraire, elles étaient réconfortantes. J’ai senti un poids invisible s’évaporer en les voyant entrer dans mon champ de vision, mais pourquoi ?
Instinctivement, j’ai oublié mon carnet de dessin pour descendre une première marche d’escalier qui me séparait de ce groupe de jeunes. Le premier, le plus petit et l’un des plus enthousiaste avait été retenu par Papa. Le second avait repoussé mon père pour venir me prendre dans les bras, envahi par la joie. Ces paroles m’affectaient et les prénoms qu’il avait cités se bousculaient dans ma tête, me plongeant davantage dans la confusion.

Je crois que la troisième personne a finit par m’achever en affirmant clairement que ma maison n’était qu’une illusion, que je ne savais pas vraiment où j’étais. La mitraille de questions ne faisait que me conforter dans ce malaise, cette remise en question. Pourquoi devrais-je croire des parfaits inconnus qui ont fait irruption dans mon jardin ? Pourquoi avais-je décidé de leur prêter attention ?
En tout cas, cette irruption avait plutôt agacé Papa. Il n’en avait retenu qu’un seul mais les deux autres n’allaient pas tarder à subir sa colère. Personne n’a envie d’énerver Papa, sauf Grant. Je ne sais pas si j’ai vraiment envie de voir ça. Ces personnes ne se sont pas montrées hostiles et n’ont fait que me montrer de l’affection.

« Je… Je suis chez moi. Je ne suis pas sûr de tout comprendre. J’ai l’impression de vous connaitre mais… rien. » marmonnais-je. Ma voix tremblait, je craignais d’accorder ma confiance aveugle à ces gens qui pouvaient très bien me manipuler. J’ai hésité. « Je n’ai jamais quitter cette maison. C’est quoi… La Young Justice ? Floki ? Stephanie ?»

Toutes ces pensées continuaient à bousculer ma cervelle qui semblait si sensible. Je ne l’ai pas compris immédiatement, mais ma confusion ne faisait qu’accroitre la colère de mon père. En voyant tout ce monde graviter autour de moi. Il finit par abandonner sa tondeuse, oublier le premier garçon qu’il avait retenu pour saisir violemment celui aux cheveux verts pour l’éloigner de moi.

« Ça suffit. J’ignore comment vous êtes entré ici mais je ne vous laisserai pas corrompre une seconde de plus mon fils avec vos conneries. » Mon esprit est encore plus confus qu’avant. Papa s’énerva et en croisant son regard avec le mien, j’ai su qu’il allait en venir aux extrêmes.

« Non Papa, Arrête ! Ils n’ont rien fait de mal ! »

A ce moment-là, j’ai laissé parler mon instinct et je me suis interposé pour me mettre devant les étrangers. Je ne sais pas réellement ce qui m’a pris. Dans ma tête, de nombreux souvenirs se sont bousculés pour me laisser entre-apercevoir les images d’un père violent, absent, jouant un double-jeu. Non, j’ai du mal à croire tout cela. Une main venait de se poser sur mon épaule, me forçant à remonter les marches d’escaliers pour me rapprocher de la maison.

« Rentre à la maison. On s’occupe d’eux. » Une voix familière, celle de Grant qui venait de détacher son regard de son jeux vidéo. Je suis resté immobile, hébété, comme si je ne m’attendais pas à ce qu’il me défende contre des êtres pacifistes.

« Mais je… Ils ne sont pas méchants. Ils essayent peut-être de… »

« Rentre dans cette PUTAIN DE MAISON. » Il se retourna violemment vers le garçon aux cheveux vert et le dernier qui était venu vers moi. « Je crois que vous n’avez pas la moindre idée de ce que vous venez de faire. Partez, MAINTENANT. »

J’ai sursauté, sa voix était devenue soudainement agressive comme si ma vie en dépendait. Malgré la menace, je ne voulais toujours pas bouger, renforçant l’agressivité de Papa et de Grant. La main de Slade est venue attraper la garde de son épée pour la dégainer et menacer le plus petit avec. Mes pensées sont confuses mais les actions de ma famille le sont de plus en plus. Où est-ce qu’ils avaient trouvés ces armes ? Quelque chose clochait ici et ces étrangers n’étaient pas innocent dans l’histoire.

« Je ne comprends pas… »

_____Papa et Grant se montrait de plus en plus agressif. Mon instinct me murmurait de tourner les talons, d’abandonner mes activités pour aller m’enfermer dans la maison, avec Maman. Cette voix, je l’entendais chaque jour dicter une partie de mon existence. Elle me gardait à la maison, m’invitait à ne jamais trop remettre en question les actions de ma famille. Pourtant, leurs réactions face à un enfant et deux adolescents étaient plutôt excessif à mon goût, surtout lorsqu’ils ont cherché à m’aborder. C’est comme si mes proches cherchaient à me garder dans le cocon familial, empêchant toute interaction avec le monde extérieur.

Le doute s’est installé chez moi, mais malgré tout, j’ai franchi les premiers pas pour rentrer à l’intérieur de la maison, mécaniquement. Si Grant me demande de me réfugier à l’intérieur, c’est pour une raison bien justifiée, non ? Est-ce qu’il connaissait personnellement ces personnes ? En quoi sont-ils si dangereux que ça, pour mettre même Papa dans tous ces états. Elles ne semblaient même pas montrer le moindre signe de violence, contrairement à Slade et Grant. Bon sang, est-ce que j’allais courber l’échine face à cette injustice aussi facilement ?
Grant, le plus agressif a commencé à s’en prendre au plus petit en le bousculant du péron. Pour protéger son ami, l’adolescent au cheveux vert s’est interposer entre lui et Grant, ramassant les coups à sa place. Sous le choc, je suis resté immobile à proximité de la porte d’entrée, observant la scène avec mes yeux écarquillés. Malgré la violence de mon frère, l’un des adolescents a essayé de faire une feinte pour se rapprocher de moi.

« Toi aussi, t’as besoin que je t’explose la gueule pour comprendre la leçon ? » Grant a agrippé le garçon et l’a rattrapé, manquant de le détacher du sol à la seule force de ses poings. « Je vais prendre un malin plaisir à exploser ta petite gueule de con. »

Cette fois, je n’ai pas réfléchi, j’ai oublié cette voix qui m’ordonnait de rester à la maison pour dévaler les quelques marches du perron et me précipiter dans le dos de Grant. J’avais probablement aucune chance physiquement contre mon frère aîné, mais je pouvais au moins essayer de le raisonner. Sous l’impulsion de mon courage, j’ai saisi son poignet avec une force que je ne soupçonnais pas, pour le couper en plein élan.

« ARRETE. » ordonnais-je brutalement en provoquant l’impensable.

D’un seul coup, c’est comme si le monde s’était figé pour Grant. J’ai arrêté quelques secondes, pour finalement me rendre compte qu’il s’était pétrifié dans cette inconfortable position, sa cage thoracique s’était immobilisée, il ne respirait même plus. Ignorant ce qui était en train de se passer avec lui, j’ai lâché doucement son poignet, en pensant que tout allait se rétablir. Rien, Grant était devenu une statue sans vie, contrairement à l’environnement autour de nous.

« Gr…Grant est-ce que ça va ? Je t’ai fait mal ? » cela semblait irréel, j’ai basculé mon regard sur les deux étrangers. « Est-ce que… ça va ? Vous pouvez bouger ? Qu’est ce qui se passe ? »

Les questions fusent et peu à peu, les verrous de ma prison dorée se brisent. Jusqu’à maintenant, je ne m’étais jamais réellement posé de questions sur ce qui m’avait emmené ici, si tout ceci était réel, sur les cauchemars qui me perturbaient davantage. Mille et une question qui commençaient sérieusement à fissurer ce monde et mes souvenirs. Ces personnes, je les ai déjà croisées auparavant, j’ai combattu à leur côté et j’ai veillé sur ce petit homme.

« Je… je vous connais. » Tout est devenu bizarre autour de moi, est-ce qu’ils sont réels ? « Garfield, Jon… Derek, c’est ça. Vous… vous avez veillez sur moi quand… »

« TU NE SAIS PAS CE QUE TU AS PROVOQUE. » Papa vient s’interposer entre moi et mes amis, il semblait en colère sur ce que je venais de faire. « RENTRE A LA MAISON, MAINTENANT. »

« Ce n’est pas chez moi… Je ne suis pas chez moi. Tout ça… c’est un putain de mensonge ? »

La réalité de ce monde remit en question provoquait progressivement sa dégradation. La maison juste derrière moi commençait à s’effriter, comme si elle était victime d’un tremblement de terre. Grant n’avait toujours retrouvé sa raison et Maman ne semblait toujours pas décidé à sortir de la maison pour intervenir et engueuler Papa, comme à son habitude. Cette réalité change et ses lois se détruisent, provoquant très rapidement, le retour des pouvoirs des jeunes héros. Plus cet univers se fissurait, et plus la colère de Deathstroke se faisait sentir.

« Vous êtes responsable de tout cela. » Une lame apparaît entre ses mains. « …et vous allez le regretter. »