The golden age is over - Joey

_____Je me suis encore endormi sur le canapé. C’est devenu une habitude, j’ai arrêté de m’en étonner. La tour était bien calme, j’étais pratiquement seule si on ne comptait pas le toutou qui me suivait partout. Au moins, il me tenait un minimum compagnie. Je ne sais pas s’il essayait de veiller sur moi, s’il sentait quelque chose ou il faisait juste cela en pensant que j’étais devenu son meilleur ami.
Lorsque j’ai ouvert les yeux, il était là, perché juste devant mon nez, sa langue pendante. Il attendait patiemment que je daigne me réveiller. Le réveil a toujours été difficile, je n’avais jamais l’impression que mon corps était vraiment reposé. Cela fait partie des effets secondaires des neuroleptiques que je prenais. Plus le temps passait et plus j’avais cette étrange sensation que je devais apprendre désormais à vivre avec, qu’il n’y avait pas d’autres solutions pour retenir ce démon. Honnêtement, je ne sais pas si j’arriverais à supporter ma vie si je dois passer le restant de mes jours à prendre ces foutus cachets.

Je n’en pouvais plus de rester enfermer entre ces quatre murs. J’ai mis quelques minutes pour me lever du canapé. Je me suis massé le crâne pendant plusieurs minutes pour essayer de chasser cette migraine qui me fracassait la boîte crânienne. Un peu d’air me ferait le plus grand bien. En me levant vers la cuisine, je sentis un petit être à quatre pattes me coller aux pattes à chaque déplacement que j’effectuais. Je le laissais faire, sa présence m’étais agréable et m’aidait à ne pas broyer du noir toute la journée.
J’ai jeté un rapide coup d’œil sur mon téléphone. Dans moins d’une heure, je devais reprendre une dose de diazepam, un anti-hallucinatoire plutôt efficace. J’enfonce la petite boite au fond de la poche de ma veste et j’attrape l’oxycodone pour prendre un comprimé. Celui-là, c’est un anti-douleur pour stopper les migraines. C’est un médicament très efficace mais qui susceptible de créer des dépendances. Bon sang, ils sont en train de me transformer en véritable toxicomane et je suis en train de les laisser faire. Cela m’écœurait d’y repenser mais je n’avais pas d’autre solution pour me sauver de la prison.

J’enfilais ma veste, c’est là que Floki a comprit que je partais prendre l’air. Il s’arrêta juste devant moi, s’assit docilement, la langue pendante, comme s’il attendait quelque chose de ma part. Il ne savait pas parler et pourtant, il savait mieux que quiconque faire comprendre aux autres ce qu’il attendait d’eux. Je crois que je devrais d’ailleurs prendre exemple sur lui. Je me suis mis à sourire avant de secouer la tête. Il a gagné ce round. La laisse était dans le salon, Floki bondissait de joie et poussa quelques jappements de bonheur. J’attrapais mon sac à bandoulière contenant mon matériel de dessin et un carnet de croquis, je préparais le chiot une fois qu’il avait cessé de faire sa danse de la joie et nous sommes partis au parc.

Floki adorait ce parc, il y avait un coin réservé pour les chiens et il s’était probablement fait plein d’amis là-bas. Je n’avais eu l’occasion de le promener que quelques fois, c’est Derek qui se chargeait de la promenade de la mascotte de la tour quand son vrai propriétaire était occupé à sauver Gotham. Après une heure de promenade, je sentais la fatigue me gagner et la migraine aussi. Je me suis installé quelques minutes sur un banc pour me reposer, dessinant quelques croquis pour me reposer l’esprit. Quant à Floki, il s’amusait à creuser sur le terrain caillouteux à la recherche de trésors. C’est là qu’il fit la connaissance de cette femme.

Il était déjà en train de lui sauter au cou, lui lécher les doigts, faire connaissance à sa façon. Après avoir gratouillé le toutou, elle s’était retournée vers moi. Je laissais échapper un petit sourire en la regardant. J’entrouvris légèrement mes lèvres sans pouvoir lui répondre. Bien sûr, je m’étais rendu compte bien assez tard que mon téléphone était à court de batterie. J’allais devoir communiquer à l’ancienne. J’ai attrapé un bout de papier pour écrire le nom de ce petit chien tout en glissant en dessous que ce n’était pas le mien.

« Floki ! C’est le chien d’un ami, je le sors parfois. »

Je baissais les yeux. C’était des noms plutôt effrayant à donner à des chiens. Si Floki s’était appelé Cerbère, il aurait été peu crédible. Quand j’ai imaginé la scène, je n’ai pas pu m’empêcher de rire. J’écrivais quelques phrases supplémentaires.

« Tu imagines vraiment ce chien s’appeler Cerbères ? »

A ce moment là, mes migraines commençaient à reprendre le dessus. Je crois que j'avais suffisamment traîné dans ce parc. Floki poussa quelques jappements vers moi, comme s'il avait comprit que je n'étais pas dans mon assiette. Je me massa le crâne quelques secondes en espérant que cela passe. Je fis un geste d'excuse à cette femme qui venait m'aborder pour m'accorder quelques secondes.

« Je devrais partir... » signais-je, comme si elle comprenait ce langage. Je crois que j'étais beaucoup plus préoccupé par la douleur qu'autre chose.

_____J’ai remarqué que les gens étaient plus succeptible de venir vers toi à partir du moment où tu es accompagné d’un chiot aussi adorable que Floki. Je ne suis pas vraiment dérangé par la présence de cette inconnue, rencontrer de nouvelles têtes et casser mon quotidien. La routine n’est pas quelque chose qui me plait vraiment. Floki semblait assez content de voir cette nouvelle tête, lui aussi. Il tourna plusieurs fois sur lui-même, débordant d’énergie, fit quelques petits bons pour attirer toute l’attention de cette femme.
Malheureusement, j’ai senti ma santé se dégrader. Inquiet, j’ai décidé de couper court rapidement le semblant de conversation pour rentrer au repaire. Floki pourra compter sur Derek pour le ressortir dans la journée mais mes migraines avaient remporté cette manche. J’avais besoin de rentrer à la maison pour m’allonger un peu et me reposer. J’entendais la jeune femme marmonner quelques paroles. Avec ma migraine j’avais beaucoup de mal à comprendre le sens de ces phrases. Je continuais à me masser le crâne.

Elle essayait de me convaincre de rester un peu au parc. Je rêve où elle était en train d’essayer de me séduire ? Elle était plutôt maladroite dans sa démarche. Elle était mignonne, je ne pouvais pas dire le contraire mais ma migraine ne me mettait pas vraiment de bonne humeur et encore moins d’humeur à séduire. J’hésitais quelques secondes avant de secouer négativement de la tête. Mon visage était décomposé par la douleur.
Non, je ne changerai pas d’avis. Je voulais rentrer chez moi. Je n’avais pas envie qu’elle le prenne mal. Je n’arrivais pas à communiquer avec elle, elle ne comprenait probablement pas le langage des signes. Je me contentais de secouer légèrement et négativement la tête, à de nombreuses reprises. Je pointais du doigt l’extérieur du parc pour lui faire comprendre que je partais. Je récupérais la laisse de Floki pour essayer de le rapprocher de moi mais les dernières paroles de cette femme m’ont glacé le sang.

Je suis resté paralysé par la peur, un sentiment familier qui me traversait tout le corps, un présentiment. Ma peur s’était avérée contagieuse, Floki était en train de pousser quelques grognements à l’égard de cette femme, confirmant mes craintes. Dans un premier temps, j’ai pensé à Papa. C’était bien son genre, il voulait peut-être m’éloigner de la petite équipe de jeune héros. Il avait toujours une façon original de vouloir me protéger.
Toutefois, le doute m’envahissait. Au cours de ces derniers mois, j’avais eu le droit à la visite surprise de quelques vilains et autres individus qui ne m’ont pas voulu que du bien. Elle connaissait mon prénom, elle savait qui j’étais et semblait correspondre à ce que je devais craindre. Je serrais les poings, prêt à me défendre malgré mes migraines.

« Bordel, mais t’es qui ? » signais-je.

Peut-être qu’elle en savait plus qu’elle ne voulait me le dire, peut-être connaissait-elle ce langage. Je ne pouvais me fier à rien. J’étais bloqué, je savais qu’au moindre geste brusque, elle attaquerait, elle venait de me menacer. Dans tous les cas, si je voulais sortir de là, je devais en venir aux poing. J’ai réfléchi de nombreuses secondes en arrivant à la conclusion que si je voulais survivre, je devais porter le premier coup et c’est ce que je fis. J’élança mon poing pour qu’il atterrisse directement au visage de mon adversaire. Floki, perdu se mit à aboyer davantage, attirant davantage l’attention des passants aux alentours qui me voyaient déjà comme un homme violent qui s’en prenait à une pauvre femme.
C’est dans ces moments-là que j’aurais vraiment aimé avoir mes pouvoirs sous la main. Je devais faire abstraction de mes migraines, lâcher Floki et sa laisse pour me focaliser son mon adversaire. J’ai la sensation que le combat est perdu d’avance, mais je me battrais jusqu’au bout.

_____J’ai porté le premier coup pour essayer de me tirer de cette affaire. Lorsque j’ai relevé les yeux, je me suis retrouvé à taper dans un tas de muscle, une bête féroce, un démon. A ce moment-là, j’ai compris que le combat était perdu d’avance. J’ai lâché la laisse qui retenait le petit animal qui, en voyant la créature en face de lui, s’arrêta de japper pour baisser ses oreilles et rentrer sa queue entre ses pattes arrières. Il était effrayé et fini par m’abandonner pour aller se glisser sous un banc et se faire oublier. La foule s’était affolée au moment où elle s’est métamorphosée, la panique faisait rage et je me suis retrouvé seul face à une menace qui me dépassait complètement.

Depuis que je suis revenu à la vie, j’ai été longtemps considéré comme une menace. J’ai attiré beaucoup de vilains à moi. J’ai attiré des aliens et maintenant j’attirais des démons. Cette fois, j’avais l’impression que ce n’était pas moi, celui que cette femme cherchait. Je me suis reculé de plusieurs pas, effrayé par la créature massif qui se tenait devant moi et qui arrivait à m’engloutir avec son ombre. Ma force n’arriverait pas à rivaliser avec celle d’un démon et mes médicaments ne me permettaient pas d’utiliser mes pouvoirs.
Le démon s’était mis à parler en rime avec une voix sortie d’outre-tombe. J’ai continué à reculer davantage en sachant bien que la fuite serait vaine. Je fermais les yeux quelques secondes en espérant que mes pouvoirs se réveillent en vain. En fermant les yeux, je sentis une main puissante entouré mon cou. Mes ongles se plantèrent dans sa chair, dur comme la pierre, mon visage se retrouva pétrifié par la douleur. J’entrouvrais mes lèvres pour tenter de parler, peut-être pour supplier cette bestiole en pensant que je pourrais la raisonner en oubliant que mes cordes vocales ne fonctionnaient plus.

Un geste brutal et je me retrouvais projeter, comme une vieille poupée de chiffon à l’autre bout du parc. J’ai retenu ma respiration pendant tout le vol, fermant les yeux, plaçant mes bras devant mon visage pour le protéger avant d’heurter brutalement les fondations de la fontaine. J’ai senti les os de mes côtes craqués. Je crois que l’une d’elle est fracturée. Mon corps se retrouva ensuite, à moitié submergé dans l’eau, mes oreilles sifflèrent et un filet de sang s’échappait de l’une de mes narines.
Lorsque j’ai rouvert les yeux, les cris des passants avaient cessé et un calme incroyablement silencieux. Je me redressais doucement, complètement trempé. Autour de moi, il n’y avait que de la pénombre et cette silhouette humain qui se dressait devant moi, pliant sa nuque pour m’observer ramper à ses pieds.



« Tu les as laissé te rendre vulnérable. Voilà où tu en es... » Il plia les genoux pour chercher à se mettre à ma hauteur, mais toujours en gardant une longueur d’avance, me forçant à redresser ma tête migraineuse. « Regarde-toi, quel pathétique être humain tu fais. Tu ne mérites pas de bénéficier d’autant de puissance. »

Cette voix, je la reconnaissais. C’était elle, ce démon qui était resté bloqué au fond de mon esprit, pendant ma résurrection. En le voyant, j’ai compris que je me trouvais dans ma psyché, que j’avais probablement perdu connaissance. Je n’avais pas revu ce démon depuis qu’il avait essayé de s’en prendre à mes amis, d’envahir la ville et d’accessoirement, tenter de devenir l’hôte principal de mon corps et accessoirement, de me tuer. Oui, il a un beau casier judiciaire derrière lui et il, ou elle, avait tendance à oublier qu’il était en partie responsable de mon traitement neuroleptiques.

« C’est toi qu’il cherche, pas moi. Tout ça, c’est ta faute ! » lui criais-je. « Je dois y retourner… Je dois les appeler. »

« Tes conclusions sont attives. Tu vas faire quoi ? Prévenir tes petits copains pour venir à ta rescousse ? Tu es vraiment pitoyable. »

« Je ne me serais pas retrouver là si tu n’avais pas été source de problèmes ! Je me fiche de ce que tu peux bien penser de moi. »

« Il sera trop tard. Elle va te tuer ou ramener ta tête à son petit copain pour leurs soirées aphrodisiaques, peu importe. Tes amis ne pourront pas te sauver. » Il marqua un temps de pause. « Moi si. » Il se retourna. « Je ne peux pas faire de miracle mais c’est la seule option qui s’offre à toi et le temps est compté. » Il dessina un petit sourire sur son visage noyé dans la pénombre. Était-ce sa véritable apparence ? « Libère-moi. »

Un démon aurait plus de chance de vaincre cette créature que moi. Sur ce point, je ne pouvais pas dire qu’il n’avait pas raison. Même si le temps me manque, je suis resté hésitant un petit moment. La dernière chose dont j’avais envie, c’était de laisser ce démon reprendre le contrôle de mon corps. Je craignais sa malice. Je ne voulais pas qu’il fasse du mal aux innocents. Heureusement pour moi, en quelques sortes, mon traitement ne lui permettait pas de se manifester bien longtemps, seulement un bref instant, peut-être juste assez pour nous sauver la vie.

Je ne savais pas si c’était la meilleure chose à faire. Il a tendu sa main, j’ai refermé la mienne sur la sienne. A ce moment-là, je lui ai laissé le contrôle total de mon corps sans même y avoir réfléchit davantage. J’aurais aimé pouvoir plus de temps pour mesurer le pour et le contre. J’ai pris un risque égoïste en espérant qu’il ne soit pas inutile.



Lorsque mes paupières se sont ouvertes, le sclère de mes yeux s'étaient noircis. Le démon avait pris entièrement possession de mon corps et j'étais maintenant, contraint de jouer le spectateur d'un combat qui aurait dû être le mien. Il s’était relevé d’un bon, comme si l’attaque de ce démon ne m’avait pas blessé. J’étais le seul à ressentir la douleur. Mon parasite, quant à lui, ne connaissait ni la douleur, ni la fatigue. Au fond de moi, j’espérais qu'il serait capable d’utiliser mes pouvoirs sans difficulté. Je savais que les neuroleptiques allaient tôt ou tard faire leurs effets sur le parasite.

« Maintenant, on va passer aux choses sérieuses. »

C’était une voix sorti d’outre-tombe, particulièrement effrayante. Il n’avait pas besoin de mes cordes vocales pour pouvoir s’exprimer et je l’enviais presque. Il fit quelques pas, enjamba le muret de la fontaine pour pouvoir en sortir, un léger sourire sadique aux lèvres. Ses yeux se mirent à briller et, alors qu’il se rapprochait de notre adversaire, il frappa violemment le sol avec son talon, entrainant une violente onde psychique en direction de notre ennemi, repoussant ce dernier tout en continuant de s’avancer.
Sa main s’était tendue vers lui ou plutôt vers l’arbre qui se dressait juste derrière cette femme. Il se concentra, quelques secondes, il semblait avoir beaucoup de mal. Son visage était défiguré par la rage, les médicaments l’empêchaient d’utiliser son plein potentiel, je le voyais bien. Cet impuissance le mettait en rage mais ne l’empêchait pas de puiser toute son énergie, et la mienne, pour forcer cet arbre à se décrocher sur la tête de cette femme. Je ne sais pas si cela suffira à la neutraliser mais ça aura le mérite de la calmer.

_____Dès qu’il avait entièrement prit possession de mon corps, le démon avait conscience qu’il avait très peu de temps pour mettre cette créature hors service. Honnêtement, je l’avais embarqué dans une mission quasi impossible à réaliser. On refusait probablement d’accepter que nous étions condamnés et que, cette fois, un Green Lantern, ne viendrait pas nous sauver la peau au dernier moment. J’avais eu de la chance la première fois, je ne m’attendais pas à être secouru une seconde fois.
L’entité utilisait le maximum de mes capacités psychique pour tenter de vaincre une créature métamorphe, capable de se transformer à son tour en démon. L’intrus qui possédait mon corps avait parfaitement reconnu la silhouette d’Etrigan à quelques détails près. Les alexandrins, le rimes, tout cela sonnait familiers chez lui. Ce n’est pas pour cela qu’il baissait la garde, bien au contraire. Il avait utilisé toutes mes capacités pour déraciner un arbre et l’envoyer sur cette Etrigan femelle, cela n’avait pas suffi.

« Tu peux rappeler ton maître. » rétorqua froidement le démon qui m’habitait. « Si celui-ci est intéressé par le gamin, inutile de te faire comprendre que son âme m’appartient. Tu aurais dû t’y prendre beaucoup plus tôt… quand il était encore mort. »

Il ignorait encore quelles ambitions animait cet Etrigan mais les quelques indices qu’il pouvait laisser à travers ces paroles. Ce dont on pouvait être sûr, c’est qu’il avait été engagé par quelqu’un, un chancelier. Le démon n’avait probablement jamais entendu parler d’un chancelier en enfer, remettant en question sa théorie initiale. Il pensait que ses congénères avaient retrouvé ces traces, qu’ils étaient parvenus à le retrouver. Il ne m’avait jamais rien dit sur ses origines et la raison de sa présence dans le monde des vivants. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il allait changer ces habitudes de créatures mystérieuses.
Ce dernier n’aura pas le temps de réfléchir davantage aux sujets de nos ravisseurs, Etrigan était en train de nous foncer dessus. Le démon, d’un reflex surhumain, généra un bouclier pour nous protéger. Malheureusement, ce dernier n’était pas assez puissant pour absorber toute l’énergie d’Etrigan. Cependant, il me protégeait de ces griffes tranchantes et de ces crocs. Il peut le sentir, les secondes qui défilaient et qui le rendaient de plus en plus vulnérable, difficile de garder le contrôle d’un corps drogué au neuroleptique. Dans un dernier élan de force et dans un hurlement de rage, mon regard perçant a croisé celui de cette femme démone, le contact visuel est établi.

Il est entré dans la tête de cette femme. Je peux ressentir tout ce chaos. Le bouclier continuait de nous protéger, il puisait beaucoup d’énergie en espérant pouvoir faire la différence. Il n’a pas cherché à lui laver le cerveau, cela ne fonctionnerait pas et cela prendrait trop de temps. J’ignore comment il avait fait mais, progressivement, la jeune femme semblait avoir des difficultés respiration, comme si le démon avait convaincu son propre corps qu’il était incapable d’avaler de l’oxygène. Elle avait beau tenté d’inhaler l’air ambiant, elle n’obtiendrait pas satisfaction.

Il avait essayé de maintenir cette idée dans son esprit le plus longtemps possible. Malheureusement, plus les secondes passaient et plus il semblait éprouver des difficultés. Quarante secondes plus tard, je pouvais de nouveau ressentir toute cette souffrance physique. Tous mon corps me faisait souffrir. A ce moment-là, j’ai compris que le démon avait complètement perdu le contrôle, qu’il avait épuisé toute l’énergie qu’il nous restait pour tenter de nous sauver la vie. Ma silhouette était recouverte de poussière. Le côté droit de mon visage était collé au sol. Le bouclier qui me protégeait s’était évaporé avec lui.
Progressivement, une violente fatigue commençait à m’envahir. J’étais dans l’incapacité totale de bouger mes membres. Je peinais à ouvrir mes paupières et ma vision était trop trouble pour comprendre ce qu’il se passait autour de moi. Mes oreilles bourdonnaient, ma gorge essayait d’évacuer la poussière que j’avais avalé pendant ma chute.

Le démon avait puisé sur toute mon énergie vitale, il me restait que très peu de force pour me débattre. En redressant doucement mes iris, je pouvais remarquer que mes comprimés avaient glissé de ma poche pour glisser à un mètre au-dessus de ma tête. J’ignore ce qui m’avait poussé à me dire que cette boite était beaucoup plus importante que de fuir loin de ce cauchemar. Je n’avais pas aperçu cette femme dans mon champ de vision parce que seul mes comprimés m’intéressaient. Mon addiction était devenue si importante que mon instinct ne se souciait que de ça. Doucement, je commençais à ramper, puiser les quelques forces qu’il me restait pour rattraper mes neuroleptiques et faiblement tendre mon bras recouvert d’une fine pellicule de poussière pour réduire cette distance qui nous séparait, eux et moi.