Batman Lost in DC-Earth 2050 - Jericho

Apparence Jericho - 2050:

_____Trente longue années se sont écoulés, je pourrais raconter tout ce qu’il s’est passé depuis que je suis revenu à la vie, mais cela prendrait des heures. J’ai emprunté un chemin de vie on ne peut plus classique. Les péripéties sont nombreuses mais je suis parvenue à sortir la tête de l’eau. J’ai grandi, j’ai rencontré quelqu’un, j’ai fondé une famille. Avec mon passif, ma réputation de héros était encore remise en question et il m’arrivait, à de nombreuses reprises, de jeter ma combinaison au placard pendant une période indéterminée.
Est-ce que cela m’a dérangé ? Non, j’étais plus un sauveur de la veuve, de l’orphelin et du sans-abri qu’un sauveur du monde et de l’Humanité. La nuance était importante. J’ai passé plus de temps dans les associations en tant que bénévole qu’en tant que Jericho. Lorsque mes amis justiciers avaient besoin de mon aide, je ne disais jamais non, mais je ne passais pas la journée à tabasser des criminels.

Cette fois, j’ai vendu mon énergie à l’asile d’Arkham. Leur réputation s’était légèrement améliorée, les salariés et les psychiatres n’ont pas craché sur mes pouvoirs psychiques. Il y a quelques années déjà, tout juste revenu d’entre les morts, j’arrivais à peine à retourner le cerveau d’un pauvre gars. Aujourd’hui, c’est différent, la psyché ne semblait plus avoir de secrets pour moi, je pouvais faire ce que bon me semble et je remerciais le destin de ne pas avoir confier ces pouvoirs à une personne mal intentionné.
J’avais rendez-vous avec une personne atteinte d’une sévère schizophrénie. Malheureusement, sa névrose était tellement ancrée au fond de son crâne qu’elle avait massacré une partie de sa famille avant de semer la zizanie dans la ville. J’avais rapidement feuilleté le dossier du patient mais je n’étais pas venu pour juger ses actes, simplement lui donner l’occasion d’avoir une vie normale. Même le plus puissant des télépathes ne pouvaient soigner des maladies aussi graves, mais il pouvait en diminuer les effets.

« Monsieur Wilson ? Monsieur, vous m’entendez ? Est-ce que tout va bien ? » Une infirmière était venue interrompre la séance sous ma demande. Il est difficile de garder les pieds sur terre lorsqu’on est coincé dans la psyché de son patient. Je ne voyais pas le temps passé et j’avais souhaité qu’on me réveille à partir d’une certaine heure. « Monsieur, je suis désolé de vous déranger dans votre… travail mais… vous m’avez demandé de revenir quand… l’heure était venu. »

Le blanc de mes yeux était revenu à la normale et ma tête s’était légèrement redressé. Le patient était complètement épuisé et laissa échapper un soupir de soulagement. Moi aussi, j’étais fatigué mais je ne laissais rien paraître. Nous étions dans une pièce, réservé aux visiteurs des incarcérés. J’avais demandé qu’elle soit déserte pendant la séance, pour ne pas me déconcentré. Je me suis retourné vers l’infirmière avec un fin sourire.

« Déjà cette heure ? Merci Jade, je ne vais pas traîner davantage, j’ai des choses à faire. » La technologie avait fait quelques progrès, j’avais à ma disposition un émetteur subvocal dernière génération. Le rendu était tellement réaliste que j’ai fini par apprendre à mimer avec mes lèvres pour perfectionner l’illusion d’avoir encore des cordes vocales. Je me suis levé de ma chaise pour attraper ma veste. Bon sang, je ne me ferais jamais à cette sensation d’être complètement vidé de mon énergie vitale. La sensation disparait au bout d’un moment mais elle n’a rien d’agréable.

« Honnêtement j’ignore comment vous faites pour passer autant d’heures dans l’esprit d’un malade. Vous êtes sûr que tout va bien ? Vous ne voulez pas prendre une petite pause de quelques minutes pour souffler ? »

« Ça, c’est le métier qui rentre. Rassurez-vous, ce n’est pas l’esprit le plus tordu que j’ai croisé. » Un petit clin d’œil charmeur avant de quitter la pièce. « Bonne fin de soirée et à demain. »

A la sortie de l’asile, mes yeux se sont rivés sur mon téléphone. J’avais raté de nombreux messages notamment un message de la directrice du lycée des filles me notifiant que l’une d’elle avait encore sécher les cours en fin d’après-midi. Je ne suis guère surpris par la nouvelle car d’autres mauvaises surprises allaient venir. Je me suis arrêté juste devant mon véhicule, fouillant mon téléphone pour découvrir, avec surprise, que ma fille avait encore réussi à pirater mon compte. La chipie avait lu les messages de mon compte professionnel notamment un message de Dick me demandant un service. Il était en mission, loin de la ville et me sachant dans les environs, il m’a demandé de jeter un coup d’œil. Depuis quelques heures, une rumeur se répandait concernant un étrange individu en armure suspect se promenant à Gotham. Bon sang, qu’est ce qu’elle a derrière la tête ?
Pris de panique, j’ai ouvert le coffre de ma voiture. Dissimulé sous le coffre, une valise verrouillée contenant ma combinaison Ikon. Malgré les années, elle n’avait pas pris une ride, capable de s’adapter à n’importe quelle silhouette. Quel ne fut pas ma surprise lorsque je vis le contenant vide.

« MERDE ! »

Enaira, l’une de mes jumelles avait soif de justice, elle a hérité ça de sa mère. Elle possède sa force et des capacités psychiques bien plus conséquentes que les miennes. Malheureusement, elle avait beaucoup de mal à les contrôler. Comme sa génitrice, elle avait soif de justice, même si je ne doutais pas de ces capacités, je connais ces faiblesses pour les avoir personnellement traversés et à chaque fois que je la laissais partir affronter du monde, seul, je ne pouvais m’empêcher de penser au pire.
Elle l’avait repéré, cet étranger qui se promenait sur les toits. Elle l’avait épié pendant une trentaine de minute en essayant de déduire ce qu’il cherchait. Malheureusement, elle ne parvenait pas à déduire la réponse et sa frustration grandissait. Munit de mon armure Ikon, le visage recouvert mais les cheveux se baladant au gré du vent, elle vola au-dessus de l’intrus avant de l’interpeller.

« STOP. Arrête-toi, qui que tu sois ! » accroché à son dos se tenait une lame étrangement familière. Autrefois, elle appartenait à un célèbre mercenaire partit trop tôt. « Décline ton identité, ou je te ferais tâter de ma lame. »

Mais Enaira n’était pas connu pour sa grande patiente. Elle n’avait attendu que quelques secondes, peu de temps pour que l’étranger lui donne une réponse. La lame était dégainée et le côté tranchant frappa violemment les gantelets de son adversaire. Cette adolescente de seize ans débordait d’énergie, les cheveux longs sombre avec la pointe des mèches teintés d’une couleur verte. Elle pouvait me cacher beaucoup de chose, mais le GPS de secours de la combinaison Ikon ne me mentait jamais.

« Bon sang mais qu’est-ce que tu fais ?! » J’ai mis du temps à me rendre sur les liens, presque essoufflé mais je n’étais pas assez fou pour hurler le nom de ma fille devant un potentiel ennemi. « Qu’est ce qui te prends à la fin ? » Je l'ai vu, cette lame, je ne l'ai pas vu hors de la maison depuis des années et je n'ai pas vraiment aimé la savoir entre ses mains.

« Non, non pas maintenant. JE LE TIENS ! » Elle était complètement obnubilée par sa soif d’action. Son regard ne quittait pas le visage camouflé de son adversaire.

_____Enaira était une fille acharnée. Lorsqu’elle avait trouvé un objectif, elle s’obstinait sans jamais lâcher prise. Cela pouvait être autant une qualité qu’un défaut. C’est probablement ce qui l’avait poussé à me voler ma combinaison et la lame de son grand-père. Revoir cette dernière entre ses mains ne me laissait pas indifférent. Mon cœur s’est serré, pendant quelques secondes mais ce n’était pas vraiment le moment de se laisser submerger par mes émotions.
Malheureusement, je me retrouvais comme un simple spectateur, immobile. Mes lèvres étaient entre ouvertes mais j’étais incapable d’engueuler à nouveau Enaira. Je voulais la ramener à la raison mais mes mots n’arrivaient pas à venir jusqu’à elle. Comme à son habitude, elle était obstinée et son regard refusait de lâcher sa proie. Mécaniquement, mes yeux se sont tournés vers lui. J’étais incapable d’identifier l’individu. Était-ce simplement une âme errante ou un homme malveillant prit en flagrant délit. Difficile pour moi d’en être certain, seul Enaira avait la réponse mais elle était bien trop concernée par son rôle de justicière pour me prêter attention. Elle savait cependant, qu’elle allait passer un sale quart d’heure après cette péripétie.

Après quelques secondes, l’intrus avait finit par contre-attaquer. Je suis resté à bonne distance, de peur de vexé Enaira si j’intervenais. Inconsciemment, je voulais lui laisser une chance, je lui accordais une certaine confiance. Nous l’avions entraîné, sa mère et moi, je ne remettais pas en question ses capacités. Je ne pouvais cependant pas m’empêcher de m’inquiéter, en tant que son père. A grandes enjambées, j’ai tenté de rattraper ma fille pour la protéger d’une éventuelle attaque. Un brouillard soudain m’a interrompu dans mon élan. J’ai tenté de protéger mes yeux en passant mon bras juste devant mon visage. Cette brume était en train de me brûler les yeux. Mon champ de vision était restreint mais je pouvais entendre ma fille me chercher. La combinaison Ikon avait protégé ces yeux mais l’avait également aveuglé.

« Papa ! Papa, tu vas bien ? » Je sentis une main se poser sur mon épaule. Le blanc de mes yeux était devenu rouge, irrité par l’épais brouillard, ma vision s’était troublée. Je ne voyais plus qu’une silhouette confuse juste devant moi. « Où est-ce qu’il est passé ? » J’ai pointé du doigt le ciel, elle n’a eu besoin que d’une fraction de seconde pour comprendre. Elle se servit de la combinaison pour voler à quelques mètres au-dessus du sol et retrouver le fuyard. « Là ! il est là-bas. »

Enaira est retombée sur ces deux jambes mais elle n’a pas attendu que ma vision revienne à son état normal pour courir derrière l’étranger. Je commençais à me poser des questions autour de cet étranger. Enaira s’était montré plutôt agressive et il s’était simplement contenté de fuir. Beaucoup aurait cherché l’affrontement avant de suggérer la fuite. Il n’avait fait qu’errer dans rues de Gotham, comme s’il cherchait quelque chose. De plus, il était assez fou pour se rendre dans les quartiers les moins fréquentables.
Là-bas, le gang des Jokerz régnaient en parfaite anarchie. Les civils fuyaient l’endroit, je n’y avais personnellement que rarement mit les pieds mais je ne pouvais pas laisser ma fille y aller seul. Je courrais derrière eux et à chaque foulée, ma vision revenait à elle. Avec ma combinaison, Enaira n’avait pas beaucoup de difficulté à rattraper sa cible.

« Lâche ! Affronte-moi comme un homme au lieu de te défiler. » Elle tenait toujours la lame de son grand-père. Elle semblait être à deux doigts de découper son ennemi en plusieurs morceaux. Elle était en face de lui, l’épée devant elle, mais elle tournait aussi le dos à ces fous dangereux qui se rapprochaient.

« Derrière toi ! » criais-je par instinct paternel.

Ancrée dans sa mission, elle ne faisait pas attention au monde qui l’entourait et cet intrus occupait toute son attention. Heureusement, ma voix lui parvient enfin et elle se retourna vivement pour contrer, à la dernière secondes une attaque surprise de la part de l’un d’entres eux. Son haleine putride se trouvait à quelques centimètres de son visage et seul la lame de mon père la protégeait de leur folie meurtrière. Elle n’a heureusement pas de grande difficulté à les repousser. J’ai réussi à rattraper cette dernière.

« Occupe-toi de nos amis les clowns, toi qui as toujours eu adoré quand je t’amenais au cirque. » Elle avait essayé de frapper l’un d’entre eux quand il s’était approché trop près d’elle, une enfant avec la force d’une Amazone, ça peut t’arracher quelques dents.

« Très drôle… » Enaira n’avait pas réellement le sens de l’humour quand elle faisait parler ces poings mais elle semblait se satisfaire de cogner les héritiers du clown Prince du crime. Elle profita d’une seconde de répit dans sa lutte pour pointer le bout de sa lame en direction de l’étranger. « Je ne t’oublies, toi ! »

« Et je ne veux pas voir une goutte de sang sur cette épée. » Parfois, je jouais les pères autoritaires, parce que je ne voulais pas que mes enfants prennent la mauvaise voie, celle qui avait coûté la vie de mon père et celle de mon frère. « Le simple fait qu’elle sorte de sa valise est une énorme faute. » Elle sera probablement privée de sortie pendant plusieurs semaines.

Mais elle fait semblant de ne pas m’écouter. Son caractère n’a plus de secret pour moi. Peu importe, nous en discuteront calmement quand tout cela sera derrière nous. Moi non plus, je n’oubliais pas l’étranger qui nous avait envoyé en plein dans un traquenard. Ma théorie commençait à se confirmer.
C’est à mon tour de devoir me servir de mes poings pour frapper quelques malfrats au maquillage ridicule. Certains se prenaient des boucliers psychiques en pleine face, d’autres étaient terminé au corps-à-corps. Malheureusement, ils étaient trop nombreux pour que je puisse les calmer avec une possession mentale. Je ne pouvais pas prendre ce risque, pour beaucoup de raison. Inconsciemment, je voulais garder un œil sur Enaira, encore jeune. J’ai profité, à mon tour, d’une seconde de répit pour me tourner vers l’étranger.

« Je ne sais pas qui tu es, mais il y a des choses que tu ne peux pas me cacher. Tes actions incohérentes montrent que tu es perdu et tu sembles bien affaiblis. » Ce n’est pas aussi simple d’établir un dialogue entre deux coups de poings. « On peut t’aider. »

_____L’armée de Joker n’était pas coordonnée, elle empestait l’anarchie. Je n’avais pas vraiment de mal à esquiver leurs attaques puissantes mais désorganisées, facile à contrer. Enaira était au front, je me permettais de temps en temps de jeter un rapide coup d’œil vers elle. Difficile de ne pas s’inquiéter, même si je sais qu’elle avait affronté, au cours de son adolescence, des adversaires bien plus coriace. Leur nombre était un problème et m’empêchait d’avoir une vraie discussion avec cet étranger. Je lui tendais la main, mais il ne semblait pas vouloir répondre favorablement à ma proposition pourtant en sa faveur. J’étais prêt à aider un parfait inconnu.
Dans un premier temps, il ne répondit pas à ma suggestion, préférant s’occuper des Jokerz. Je ne lui en tenais pas rigueur, mon regard finit par dévier quelques minutes de lui pour reporter mon attention sur nos adversaires. Lasser par ces rires désagréables, l’inconnu finit par activer une technologie de sa combinaison. Mécaniquement, je me suis reculé vivement pour ne pas être impacter par cette onde de choc. Enaira était beaucoup trop loin pour être toucher mais elle recula à son tour en remarquant les premiers ennemis s’écrouler en moins d’une seconde.

« Qu’est-ce que… »

Machinalement, nos visages se sont tournés vers l’intrus. Il aurait pu faire cela depuis le début alors pourquoi avoir attendu de nombreuses minutes avant d’intervenir ? Une énième question qui se posait dans ma tête. Le calme était revenu, pour le bonheur de tout le monde, peut-être pas d’Enaira. Lorsque j’ai croisé son regard, j’ai ressenti une légère frustration. Elle débordait d’énergie et ne demandait qu’à faire parler ces poings après sa journée au lycée. Être quotidiennement entouré d’abruti, rabaissant sa sœur jumelle et l’insultant de tous les noms n’aidaient pas. Heureusement, elle se limitait à détériorer le matériel scolaire plutôt que de fracturer quelques crânes. Il faudra qu’on en discute tout les deux, même si le sujet de conversation est assez délicat quand la principale concernée ne se trouvait plus à la maison.
Je ne suis guère surpris du refus de l’individu. Ai-je vraiment envie de le laisser filer ? Dick me fait confiance pour s’occuper de Gotham, je ne peux pas laisser une potentielle menace traîner dans la ville. Je crois que j’ai hésité quelques secondes, juste le temps pour lui de tourner les talons. Enaira, de son côté, avait prit moins de temps pour lui faire obstacle et la menacer avec l’épée de mon défunt père.

« Merci et au revoir, c’est tout ? Tu nous as pris pour qui ? Non, tu vas rester ici, on n’en a pas fini avec toi. » Elle était bornée, mais mon autorité arrivait parfois à prendre le dessus sur son côté belliqueux. Un simple contact visuel suffisait pour me faire comprendre. Le casque qui camouflait son visage m’empêchait de prendre le contrôle de cet inconnu, un problème qui n’était pas celui d’Enaira. Elle se tourna vers notre inconnu. « Dors Maintenant. » Sa voix semblait raisonnée dans tout le quartier, ensorcelant notre ami qui rapidement, se laissa emporter par cette voix hypnotique dans un profond sommeil.

Nous n’avons pas échangé un mot une fois que son corps a touché le sol de tout son flanc. Elle m’a aidé à le porter jusqu’à la voiture. Nous n’avions pas besoin d’en dire plus, nous avons su où nous rendre. Les protecteurs de Gotham City avaient créé de nombreux bunker pour se ravitailler et se reposer. La ville était grande et les ennemis nombreux. Grâce à Dick, je connaissais l’emplacement de quelques-unes.
Ce n’est pas la première fois qu’Enaira découvre un vestige de l’ère de la chauve-souris. Elle était fascinée par l’avancement technologique qu’avait le milliardaire à une certaine époque. Elle s’était arrêtée devant l’ordinateur pendant que je déposais notre ami dans la partie infirmerie, allongé sur le brancard. Je l’ai laissé se reposer, préférant reporter, pendant quelques minutes, mon attention sur ma fille.

« Maintenant que le danger est écarté, j’aimerais la récupérer. » Je m’étais arrêté juste devant le siège où elle s’était installée. Elle me tournait le dos, mais elle pouvait sentir ma main se rapprocher d’elle.

« De quoi ? »

« Arrête, tu sais très bien de quoi je parle. » Ce n’était pas la première fois qu’elle était parvenu à m’emprunter sans me le demander ma combinaison. L’épée de mon père était probablement le vol de trop, ravivant de très mauvais souvenir. Le fauteuil glissa vers moi, elle fit preuve d’une certaine nonchalance pour me rendre la lame. Machinalement, je l'ai accroché derrière mon dos avant de reprendre. « Si elle était cadenassée dans un coffre au fond du placard, c’était pour une bonne raison. Bon sang, Enaira, qu’est ce qui t’es passé par la tête ? » J’étais en colère, ma voix s’était durcit mais cette hargne n’apportera rien. J’ai laissé échapper un soupir. « J’essaye de te comprendre… »

« Parce que je savais que si je réussissais à la sortir du placard, tu serais obligé de me parler de lui. » Il y avait un concentré de frustration dans sa voix, s’accumulant depuis plusieurs années à cause de mon silence concernant ma famille, notamment mon père.

« De qui tu parles ? » Je cherchais à faire diversion mais Enaira n’est pas aussi stupide. Je crois que j’essayais simplement de gagner du temps ou de détourner la conversation, vainement.

« T’es sérieux ?! » Je n’avais gagné que sa colère et à raison. Ma tête était ailleurs et mes paroles bien maladroites. J’étais un bien meilleur père que cela non ? J’ai soupiré, ces souvenirs ne sont pas forcément bons et je préférais les esquiver la plupart du temps.

« Ecoute, si je ne souhaite pas en parler c’est parce que… ton grand-père n’était pas forcément un grand homme. Il avait beaucoup de défaut et je ne veux pas que son histoire soit une influence sur toi. Toi, Potira, Zack, vous méritez de vous forgez votre propre avenir, loin de cet héritage toxique. »

« Comment veux-tu qu’on ne reproduise pas ces erreurs si tu ne nous racontes rien ? C’est à croire que tu doutes de nous. » Elle baissa les yeux, laissant échapper un soupir avant de se rendre compte que ce n’était pas réellement le moment pour parler de nos problèmes de famille. Ces pupilles ont fini par se tourner vers la Belle au Bois Dormant.

« Enaira, Je… » j’ai tenté de rattraper mes paroles confuses, mais elle m’interrompit immédiatement pour me ramener au vif du sujet.

« Et lui ? Qu’est ce que tu attends de lui ? Je veux dire, on aurait très bien pu le ramener au GCPD, il aurait été assez compétent pour le gérer. » Je me suis rapproché de lui. J’aurais pu lui retirer son masque, entrer dans sa psyché, répondre à mes questions aussi facilement mais après toutes ces années, j’ai fini par comprendre que mon éthique était plus importante que le reste.

« Tu n’as pas remarqué ? » Elle haussa les épaules, presque désintéressé par notre invité. Elle avait probablement accepté de me suivre, uniquement pour essayer de pirater le serveur des chauves-souris. Elle était douée, mais elle n’arrivait pas encore à les surpasser. « Tu n’as eu aucun mal à l’endormir, preuve qu’il était complétement vide de toute énergie. Il a erré dans la ville pendant plusieurs heures, preuve qu’il cherchait quelque chose, mais quoi ? Ami ou ennemi, nous devons savoir avant d’en conclure quoi que se soit. »

« Tu pourrais déjà commencer par lui retirer son masque. Ça se trouve, c’est encore oncle Dick qui essaye un nouveau costume et qui nous fait une de ces mauvaises blagues. Il est aussi mauvais que toi dans ce domaine. »

Sa théorie était un peu tirée par les cheveux mais lui retirer son casque était déjà une première étape. C’est peut-être une sorte de violation de la vie privée mais je pouvais faire bien pire alors autant commencer par le plus soft. J’ai pris une grande inspiration avant de poser délicatement mes doigts sur le casque pour le retirer délicatement.

« Alors ? » Enaira n’avait pas décollé de son siège mais elle avait au moins pivoté son siège vers le secteur de l’infirmerie pour admirer, de loin, l’avancée de mon enquête.

« Je… » Je n’avais pas les mots pour décrire ce que mes yeux venais de voir.

PS:

_____Au moment où j’ai posé mes doigts sur le casque de l’étranger, j’ai entendu un mécanisme s’enclencher. Je ne m’en suis pas méfier, j’ai eu tort. J’ai essayé de répondre à Enaira, mais la combinaison a immédiatement cherché à défendre son propriétaire. Une puissante décharge électrique parcourra tout mon corps, provoquant de violentes contractions musculaires. J’ai reculé d’un pas avant d’être immobiliser par la douleur. D’un bond, ma fille se leva brutalement de son siège.

« Papa ! Qu’est ce qui se passe ? » s’écria-t-elle, prête à galoper jusqu’à l’infirmerie qui n’était qu’à une dizaine de mètre d’elle. Heureusement, je suis parvenu à la stopper dans son élan d’un simple geste de la main. J’avais regroupé mes dernières forces pour essayer de la protéger.

« Reste où tu es. » ordonnais-je. Heureusement, ma voix synthétique avait plus de facilité à se remettre de cette décharge électrique que mes muscles.

Au fond de moi, je savais que le propriétaire de l’armure n’allait pas tarder à répliquer à son tour. J’avais aperçu, du coin de l’œil quelques mouvements, des spasmes, comme si sa propre armure cherchait à le réveiller. J’avais eu cette profonde intuition qu’il chercherait à se venger dès son réveil. Ce n’était pas forcément agréable d’apprendre qu’on avait été manipulé mentalement, je pouvais le comprendre. J’ai encore quelques difficultés à me déplacer, les flammes ont commencé à dissoudre ma veste, chatouiller ma peau. Mon corps réagissait au ralenti et l’inconnu, réveillé au quart de tour n’a pas hésité pour en profiter.
Un premier coup en pleine tête, à deux doigts de me fracturer le nez. Les attaques se sont enchainées, mes muscles étaient beaucoup trop douloureux pour essayer d’esquiver quoi que ce soit. Mon corps se promenait dans tous les sens, entraîner par les attaques de l’intrus masqué. Pour me protéger, j’ai essayé de générer un bouclier psychique devant moi, mais sous le choc, je ne parvenais qu’à former des fragments de remparts qui protégeait aléatoirement une partie de mon être.

Enaira était simple spectatrice, sous mes ordres. Mes conseils paternels ne faisaient qu’accroitre sa frustration, en plus de l’avoir désarmé. L’arme de mon père, elle était restée accroché derrière mon dos. Je pourrais l’utiliser contre mon adversaire mais je vaux mieux que ça. Je me suis retrouvé à terre, la colonne vertébrale collé sur le sol froid du bunker, passant mes bras devant mon visage pour essayer de me protéger d’une potentielle prochaine attaque. Un filet de sang s’échappa de l’une de mes narines, je l’ai laissé s’écouler jusqu’à ma lèvre supérieure.
Après avoir frappé, l’inconnu finit par répondre à quelques-unes de mes questions. Il estimait qu’on avait trahi sa confiance, que nous n’étions pas des héros. Ces paroles ne m’atteignaient pas, j’ai passé des années de ma vie à prouver que je n’étais pas la personne que l’on décrivait dans les médias, que je n’étais pas simplement une copie de mon père. Cependant, le dernier mot me crispa quelques secondes, me rappelant de mauvais. Pour Enaira, c’est différent, elles le touchent droit au cœur et ne font qu’accroitre sa colère. Je finis par comprendre, bien trop tard, que ce discours cherchait surtout à nous distraire.

« Je te trouves bien mal placé pour parler de nous comme ça. » protesta Enaira.

La botte de l’étranger tenta de s’écraser sur elle, mais ma fille était bien plus rapide que moi. Les coups de foudre ne l’ont pas touché. Elle est jeune et vive. Elle était parvenue à bloquer le pied de son adversaire grâce à ces bracelets, cadeau de sa mère Amazone. Emportée par la colère, elle ne retiendra probablement pas ces coups. En plus de sa force redoutable, elle avait également hérité de mes dons avec une légère variante. Si j’étais capable de retourner un esprit et contrôler un corps par simple contact visuel, Enaira était capable d’influencer quelqu’un par le simple son de sa voix. Ironique de savoir que son géniteur était dépourvu de cordes vocales.
Elle avait une préférence pour faire parler ces poings et n’allait pas tarder à le faire comprendre. Rapidement, elle contre-attaqua en écrasant son poing sur le casque de l’étranger avec une violence folle. A terre, c’était à mon tour d’être spectateur du combat. Je ne pouvais pas laisser cela se dérouler dans le bunker, ce n’est pas ce que je voulais, ce n’est pas comme ça que je fonctionnais.

« STOP. » Une aura verte se généra autour de l’étranger, un bouclier psychique, l’empêchant d’atteindre ma fille et empêchant cette dernière de laisser sa colère défigurée cet homme. « Il n’a pas toute sa tête. »

« Tu plaisantes ? Il a essayé de te tuer ! » Enaira est encore plus frustrée. Son regard était à deux doigts de me fusiller mais je refusais de céder. Elle était impulsive, émotive, un jour elle comprendra. « RAAAH ! » cria-t-elle de frustration. Je me suis redressé, main toujours tendue, paume la vers lui pour continuer à générer cette prison psychique temporaire.

« Tu erres dans la ville depuis plusieurs heures. En cherchant à fuir, tu cours en direction des quartiers malfamés de Gotham, prouvant que tu es perdu, que tu ne sais plus où donner de la dette. J’ignore ce que tu cherches et je ne veux pas réellement le savoir. » J’ai rapidement essuyé le sang qui s’échappait de ma narine. « Si nous en sommes arrivés à de tel extrémité, c’était dans l’unique but de vous protéger. Je ne compte pas vous garder prisonnier dans ce bunker, je veux simplement savoir à qui j’ai à faire. »

« T’es trop gentil avec lui. Un de ces jours, tu te feras bouffer, papa. » marmonna Enaira, toujours aussi frustrée de ne pas pouvoir défigurer son ennemi.

« Ça s’appelle offrir une deuxième chance et éviter de faire couler du sang inutilement. Nous n’aurions pas dû le manipuler de la sorte. Les torts sont partagés et tu dois le comprendre. »

« On a sauvé son cul et tu as vu comment il nous remercie ? Il nous traite comme des moins que rien ! »

« J’aimerais comprendre… Si vous ne souhaitez pas de l’aide sur votre situation, peu importe. Je cherche simplement à protéger cette ville. Nous n’avons pas besoin d’un autre psychopathe dans cette ville. Est-ce que vous pouvez au moins comprendre ça ? Doit-on vraiment en arriver de nouveaux aux extrêmes ? Je n'en ai pas envie et quelque chose me dit que, vous non plus. »

_____Le bouclier psychique que j’avais généré pour bloquer notre invité, je n’avais aucun mal à la maintenir. L’intrus n’avait pas l’air de lutter contre ce dernier, malgré le regard provocateur d’Enaira, toujours aussi belliqueuse. Elle ne partageait pas mes opinions quant au sort de l’homme en armure mais elle m’accordait sa confiance sans pour autant cacher sa frustration. J’ai tenté de le raisonner, une nouvelle fois. J’avais cette étrange intuition qu’il y avait quelque chose de bon chez cet individu, ainsi qu’une étrange sensation de familiarité.
Enaira s’est rapproché du bouclier qui les séparait pour pouvoir le narguer, un reflex enfantin qui lui sciait à merveille. J’aurais pu faire mon paternel un peu chiant et lui reprocher la plupart de ces faits et gestes mais mon attention était ailleurs. Je l’ai remarqué, ce petit sourire au coin qui commençait à se dessiner sur son visage. J’ai compris en quelques secondes que la situation n’allait pas tarder à se retourner contre nous.

« Ne reste pas là ! »

Par pure instinct, je me suis interposé entre lui et Enaira pendant que ce dernier semblait ordonné vocalement quelque chose à son armure. J’ai saisi le bras de ma fille pour la pousser de toute mes forces vers moi, en espérant l’éloigner suffisamment pour la protéger d’une éventuelle attaque. Ma deuxième main tentait de maintenir ce bouclier psychique qui l’empêchait de nous attaquer. Je ne sais pas durant combien de temps j’arriverais à le générer, mais je tenais bon, prêt pour une potentielle riposte.
J’étais loin d’imaginer qu’il ne s’adressait pas à la commande vocale de sa combinaison mais bien au bunker lui-même. Une voix robotique se généra et je sentis le sol vibrer sous les semelles de mes chaussures. Des tonnes de questions se sont bousculés dans ma tête mais je n’ai malheureusement pas eu le temps de mettre dans l’ordre dans ma cervelle. Un hologramme s’est formé juste devant moi et Enaira, nous menaçant tous les deux. Malgré la menace de cette hallucination numérique, je continuais à maintenir ce bouclier psychique, consommant de l’énergie vitale qui aurait pu être nécessaire pour la menace qui était sous le point de nous tomber dessus.

« Je ne comprends pas… » Un murmure qui s’adressait plus à moi-même qu’aux autres mais il avait été perçu par les oreilles de Enaira, qui était resté à mes côtés, à quelques centimètres de moi. Cette dernière a profité de notre proximité pour reprendre la lame que je lui avais confisqué, consciente du danger imminent qui nous menaçait. Le bunker qui était censé nous protéger c’était transformé en terrain ennemi.

« Tu ne vois pas qu’il se moque de toi ? Si c’est toi, Nightwing ou l’un de tes frères chauve-souris, ta blague n’est plus drôle. » grogna Enaira. Si elle avait pu, elle aurait probablement découpé l’hologramme en petits morceaux avec la lame de son grand-père. Mon bouclier psychique l’empêchait également d’attaquer notre invité. Je sais qu’elle lui aurait sauté à la gorge si cette barrière ne le protégeait pas. « On a sauvé ta peau je te rappelle, on aurait pu te laisser te faire déchiqueter par les Jokerz, ça m’aurait presque été égale, mais mon père se fait vieux et t’a tendu la main et tu nous menacer ? Tu ne sais vraiment pas à qui tu as à faire. Je peux faire ce que je veux de toi… »

« Arrête, je n’ai pas envie d’en venir aux mains vraiment. » Je pouvais comprendre la colère d’Enaira, elle a l’impulsivité des Wilson. J’essayais tant bien que mal de la canaliser. Un ange passa, j’ai fermé les yeux quelques secondes pour laisser échapper un soupir pour tenter de reprendre le dialogue et de faire oublier les menaces d’Enaira à notre invité. « Je ne sais pas comment tu es parvenu à avoir le contrôle de ce bunker. Tu n’es pas Nightwing, il est prétentieux mais il n’irait pas jusqu’à nous menacer. Qui que tu sois, nous ne sommes pas tes ennemis mais nous ne pouvons pas te laisser partir comme ça. Si tu veux partir, il va falloir que tu nous cède quelques informations, un gage de confiance, donnant-donnant, tu comprends ? Nous prenons chacun un risque dans cette histoire. Je te demande de me décliner ton identité, de ton plein gré. Crois-moi, je n’emprunte pas le chemin de la facilité en te demandant cela. Je pourrais très facilement te retourner le crâne, chercher les informations que je souhaite sans que tu te rendes compte et vaquer à mes occupations, mais j’ai des principes. Je ne suis pas arrivé jusque-là pour en venir à de tel acte. »

« On perd notre temps… » marmonna Enaira. « A tous les coups il va nous inventer une connerie du genre qu’il vient du futur et qu’il est là pour annuler la prochaine arrivée d’un alien conquérant ou je ne sais quoi… »

_____En posant un ultimatum à cet étranger, j’espère qu’il s’y plierait. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, j’étais bien en position de force face à cet homme. Mes pouvoirs psychiques, combinés à ceux d’Enaira pouvaient se montrer très redoutable. Pourtant, jusqu’à la dernière seconde, je cherchais à repousser cette éventualité. Si cette personne nous voulait réellement du mal, elle l’aurait fait du moins, elle aurait essayé. Elle en avait les moyens, à commencer par cette intelligence artificielle qui n’attendait que ses ordres.
Enaira est différente, elle est aussi fougueuse que sa mère, des traits que partageaient autrefois son grand-père. J’essayais de lui enseigner la patience, comprendre son adversaire avant d’en venir aux poings. C’est difficile, elle est aussi têtue qu’on pourrait le penser. Si elle ne sauta pas à la gorge de l’homme en armure, c’était par seule crainte d’être privé de sortie. Maintenant que sa mère était loin et que j’étais la seule autorité parentale de la maison, elle n’avait plus réellement d’échappatoire. Je n’étais pas le plus autoritaire des pères, ni le plus froid mais je savais me faire obéir, à ma manière.

L’intelligence artificielle, je ne l’avais pas oublié. Elle était toujours là, je pouvais presque sentir son regard me fusiller virtuellement. Il posait quelques questions à son maître en attendant une réponse positive pour nous exterminer. L’étranger ne lui donna pas satisfaction mais ses paroles provocatrices et dégradante à l’égard de ma famille aurait pu suffire pour laisser parler cette part d’impulsivité qui sommeillait. C’est ce qu’il attendait, n’est-ce pas ? Que je porte le premier coup pour ses actes.
Malgré les nombreuses provocations, mon bouclier tenait bon. Enaira avait les nerfs beaucoup moins solides que moi mais mon influence l’empêchait de découper notre invité en morceaux. Je l’ai laissé parler, en supposant qu’il ferait au moins preuve d’un minimum d’honnêteté après toutes mes tentatives de pacification.

J’écoutais avec grande attention sa réponse. Je ne m’en suis pas rendu compte, sur le moment, mais mon visage s’était décomposé au fil de ces paroles. Ma déduction avait déjà fait le lien mais mon cerveau cherchait surtout à savoir comment c’était possible. Bruce Wayne, le Batman Originel n’est plus de ce monde depuis un moment. Avec tous ces détails, j’ai envie de le croire, même le plus grande des imposteurs n’auraient pas pu se montrer aussi précis. Enaira, ne disposant pas des connaissances pour comprendre son charabia, ne voit là qu’un discours biaisé, l’éloignant encore plus d’une potentielle bataille épique.

« Putain mais t’es prévisible, c’est dingue. Tu ne fais même pas preuve d’un minimum de créativité, je t’ai mâché le travail, tu pourrais au moins me remercier. » Elle s’orienta vers moi, attendant mon approbation pour passer à l’action. « Tu vois pas qu’il se paye ta tête ? Il n’y a rien à tirer de lui. Sa place est à Arkham. » Mon esprit était confus, mes yeux sont restés figer sur l’homme qui se faisait passer pour Bruce. « Papa ? PAPA ! »

« Non, ce ne sont pas des mensonges Enaira. Range tes crocs, il ne fera de mal à personne dans cette ville. »

« Nan mais tu déconnes ? C’est tout ce qu’il te faut pour te convaincre ? »

Je n’étais pas réellement surpris de sa réaction. Je venais de couper tout espoir de nourrir son esprit belliqueux. Elle est vexée, moi aussi, mais d’une manière bien différente. D’un simple battement de cil, mon bouclier psychique a finit par s’évaporer. Plus rien ne retenait le Batman dans ce bunker.

« Je pensais avoir fait mes preuves à votre égard et la famille des justiciers pour ne pas être comparé à mon défunt père. Les gênes ont la vie dure, hein ? » Je ne pouvais pas dissimuler cet arrière-goût amer dans le timbre de ma voix fictive. Je ne pensais pas avoir autant de provocation envers la mauvaise réputation de ma famille, forgé et bâtit par un seul homme. « Bref, cela n’a pas d’importance. Si vous êtes réellement celui que vous prétendez être alors… Pourquoi faire tout ce chemin pour arriver jusqu’ici ? Vous n’êtes pas aussi diminué physiquement qu’avant, votre armure… Vous n’avez pas fait tout ce chemin temporel pour contempler un futur sans vous. Alors… pourquoi ? » Peut-être étais-je complètement à côté de la plaque ? Le dernier au courant. « Nightwing est au courant ? »

« Quoi ? » Les neurones d’Enaira ont finit par se connecter mais cette théorie ne semblait pas lui convenir. « C’est ça LE Batman ? » La lame de Deathstroke se posa sous le menton de son adversaire. « Tu peux tromper mon père, mais tu ne m’auras pas avec ton histoire. »

« Ca suffit ! »

_____Le sang chaud d’Enaira avait encore fait des siennes. Cette usurpation d’identité la mettait dans tout ses états, jusqu’à menacer ce dernier avec la lame de son défunt grand-père. Face à cette tête de mule, mon autorité avait atteint ses limites. Jusqu’ici, notre invité s’était montré plutôt calme et j’étais parvenu à les garder éloigner, malheureusement les bornes avaient été dépassé.
A ce moment-là, je ne savais pas si je devais protéger Enaira ou la laisser comprendre ces erreurs par elle-même, après tout ce n’est plus une enfant. J’avais tendance à l’oublier, elle était si différente de sa sœur jumelle, pour de nombreuses raisons. J’ai essayé de m’interposer entre eux, rappelant ma fille pour qu’elle cesse de menacer notre invité. Mon ordre l’avait distraite, mais n’avait pas réussi à la convaincre de baisser son arme.

Le Batman dans toute sa splendeur, j’espérais bien que la puissance du légendaire Chevalier Noir m’aiderait à ramener l’égo d’Enaira à la raison. Je suis resté immobile, simple spectateur mais avec le cœur serré. Même si elle montrait son sale caractère et qu’elle méritait cette leçon un peu brusque, elle restait ma fille et personne n’aime voir un être cher en difficulté. Sous le choc des attaques, Enaira lâcha la lame pour la laisser glisser à quelques centimètres de mes pieds. Je l’ai laissé là, je n’en avais aucune utilité pour l’instant.
En quelques secondes, elle s’était retrouvée au tapis avec quelques souvenirs dessiner sur sa peau. Il avait peut-être été un peu trop brute avec elle, j’aurais peut-être dû intervenir avant la fin du combat. Je me suis rapprochée doucement d’elle. Je pouvais déjà ressentir toute la frustration et la colère qui bouillonnait dans son fort intérieure. Notre invité n’avait pas attendu qu’elle s’en remette pour reprendre notre petite discussion, mais je me suis permis de détourner le regard pour me concentrer sur Enaira. Je lui ai tendu la main pour l’inviter à se relever. Elle me tournait le dos, vexée.

« J’ai essayé de te prévenir une dizaine de fois, mais tu n’en as fait qu’à ta tête. Allez, lève-toi. » Elle gifla ma main en guise de refus et demeurait muette, son égo avait été meurtri, c’était surement trop tôt pour venir la réconforter. « Bien, comme tu voudras. » Je réessayerais plus tard, elle a besoin de temps pour digérer. « Je suis désolé, elle a le caractère de sa mère, et peut-être aussi celle de son grand-père. »

J’ai laissé échapper un petit rictus sur mon visage. Si je me référais à mon passer de jeune adulte, je pouvais enfin comprendre à quel Batman j’avais à faire. Celui-ci avait et connaissait sans nulle doute le grand père d’Enaira, Slade. Il l’avait fréquenté, affronter et aurait continué s’il ne s’était pas éloigné de sa timeline.

« Owh, Amy est un souvenir lointain maintenant. » rétorquais-je avec un sourire, même je gardais de cet être un très mauvais souvenir. « Il continue à me hanter d’une certaine façon mais c’est… une longue histoire. Je ne pense pas que tu sois venu pour que je te raconte mon passé, ton avenir et ceux de tes proches. » J’ai haussé les épaules. « Ça va, des jugements j’en ai bouffé toute ma jeunesse, j’ai passé l’âge d’en être impacté désormais, surtout après Amy. »

« Pourquoi est-ce que tu parles du chat des James ? » Enaira avait finit par se redresser toute seule, la rancune et la froideur se dessinait sur son visage. A son tour, elle ignorait l’ancien Batman pour venir se rapprocher de moi.

« Tu as finis de bouder ? » Je la taquinais ? Était-ce vraiment le bon moment ? Pas vraiment, mais j’espérais naïvement briser ce masque froid coller sur sa face, beaucoup trop similaire à mes souvenirs d’enfance en compagnie de mon père. « Ça n’a pas toujours été un chat qui parle, tu sais… »

« Je ne boude pas. » répliqua-t-elle froidement alors qu’elle en avait tous les symptômes. J’ai posé la main sur son épaule pour lui apporter un minimum de réconfort. Cette fois, elle n’avait pas repoussé le geste mais elle continuait à fuir le regard du Batman, de crainte d’être à nouveau humilier. « Je ne l’aime pas. » marmonna-t-elle. J’ai fini par reporter mon attention sur Batman.

« D’où l’agressivité que tu nous portais. Je comprends mieux. » Evidemment, j’avais bel et bien vécu ce période, la plus mauvaise période de ma vie, celle où le monde est contre toi. J’ai laissé échapper un petit sourire au coin, me remémorant le souvenir d’un des premiers hommes qui m’avaient tendu la main. « Je me souviens de cet homme qui m’a laissé entrer dans sa Batmobile et trafiquer sa radio pour pouvoir communiquer avec lui. Je me souviens qu’il avait été vexé que je touche ces affaires. »

Maintenant, j’en rigolais et je m’identifiais à ce voyageur temporel qui venait d’atterrir dans un monde inconnu. Même si ma fille semblait le détester du plus profond de son âme, pour lui avoir ravaler son égo, je ne pouvais pas le laisser comme ça.

« Votre taxi temporel… vous a envoyé au mauvais endroit ? Je veux dire, si vous êtes ici, ce n’est pas pour faire du tourisme, je me trompe ? » J’ai posé les yeux sur lui. « Ecoutez, je ne suis pas un expert en voyage temporel, mais si je peux vous être d’une quelconque utilité… Malgré les années, je vous dois bien cela, non ? » Il est peut-être temps d’inverser les rôles, une occasion rare qui ne se présentera pas deux fois.

« QUOI ? » Cette idée ne semblait pas plaire à Enaira.

_____Il y a tellement de choses à dire, tellement d’évènements nous sépare. J’aurais aimé répondre à toutes les interrogations qu’il aurait pu avoir mais la raison m’a rattrapé. Il est préférable de ne pas prendre le risque d’influencer le passé, n’est-ce pas ? J’aurais pourtant bien aimé lancer une bouteille à la mer à ma version du passé, l’empêcher de prendre une mauvaise décision. La sagesse a eu raison de moi et je n’ai pas insister.
Enaira n’a pas pu s’empêcher de rire lorsque Batman a fait mention du bonheur familiale dans lequel je semblais m’épanouir. D’après ce rire sarcastique, elle ne semblait pas avoir la même vision que le visiteur du passé concernant notre bonheur familiale.

« Cette famille me donne envie de tuer des gens. » marmonna Enaira après son rire qu’elle ne s’était pas gardé de dissimuler. Un regard froid dévisagea Batman « T’appelles ça un bonheur, toi ? »

« Je fais de mon mieux. » murmurais-je. Ce nom de famille était maudit, Enaira ne se rendait pas réellement compte de tout ce que j’essayais de lui épargner pour lui faire vivre une vie normale et paisible. Elle comprendra, un jour. « Je maintiens le bateau au-dessus de l’eau comme je peux. » Tout comme ma mère l’a fait autrefois. Elever des enfants seul n’est pas aussi évident qu’on le pense. « J’ai entendu dire que le bureau des plaintes de la famille Wilson était fermé, peut-être devrions nous en parler plus tard ? »

Un peu d’humour pour faire passer l’arrogance d’Enaira. Est-ce que cela suffira pour couvrir ses paroles remplis de condescendance ? J’en doute mais cela a suffit pour détourner l’attention et la reporter sur notre voyageur temporel. Nos échanges et notre aide devaient se limiter à guider ce dernier vers une possibilité de repartir sur son époque. En trente ans, la science avait bien évolué et les scientifiques capables de voyager dans le temps et les multivers sont beaucoup plus répandu qu’avant. Était tous digne de confiance ? Pas forcément.

« On pourrait peut-être demander à oncle J… » commença à suggérer Enaira.

« N’y pense même pas. » je préférais lui retirer l’idée de la tête avant même qu’elle ne le mentionne. Elle se contenta de lever les yeux au ciel. « Peut-être... peut-être que Cyborg pourrait te venir en aide. C’est une personne suffisamment fiable pour toi ? » J’haussais les épaules. « Peut-être un peu plus compétent que ton guide temporel, Booster Gold ? Comment a-t-il pu vous perdre ? »

« La question est plutôt : Comment ont-ils pu laisser cet homme disposer d’une technologie aussi puissante que celle-ci ? C’était le moins idiot de tous ? »

« Cyborg est un vieil ami, je n’ai pas repris contact avec lui depuis très longtemps mais il pourrait bien t’aider à retourner à ton époque… Enfin je doute qu’il voit de très bon œil l’idée que vous veniez cambrioler notre présent. C’est éthiquement discutable, vous ne pensez pas ? »