[Sibérie] Somewhere not in America | Red Star Dim 20 Juin 2021 - 23:16
La voiture filait à toute vitesse sur le paysage blanc. Tout autour d’elle, la neige dansait silencieusement, tapissant la forêt et la montagne proche d’une épaisse couche immaculée, qui semblait se moquer éperdument de la présence du véhicule: il ne laissait aucune trace derrière lui. C’était une Cadillac grise identique en tous points à un modèle Fleetwood des années 40 à une exception près: elle roulait à 150 kilomètres par heures dans un territoire couvert de neige à des lieux de la moindre trace de civilisation.
Kent Nelson était assis derrière le volant, gardant un œil sur la route qu’il battait à toute vitesse sans vraiment quitter les pensées dans lesquelles il était plongé. Il ne portait pas son Heaume. L’endroit semblait entièrement vide, même de vie animale: les seuls êtres vivants qu’il dépassait étaient les hauts conifères silencieux de la toundra russe. En vérité il valait mieux pour lui qu'il ne croise la route de personne: il roulait pied au plancher sur les routes des mages, des chemins hors du monde matériel qui faisaient d'excellent raccourcis ; mais les choses qui y rôdaient n'étaient pas vivantes et étaient mieux laissées en paix.
Le mage avait rêvé. Il ne rêvait plus beaucoup (puisqu’il dormait de moins en moins), aussi avait-il tendance à prêter une attention beaucoup plus marquée à ses songes. Celui-ci, tout spécialement, avait fait son effet : il s’était réveillé en sursaut et en sueur au milieu de son atelier. De sa nuit, il n'avait retenu qu'un seul souvenir: Un cri. Un hurlement de souffrance, de douleur, un appel à l’aide qui avait commencé dans des tons humains pour virer à l’animal avant de se déchirer et de s’étendre, sans jamais s’arrêter. Kent était monté en voiture et n’avait pas cessé de conduire depuis.
Il n’avait aucune idée de ce qui l’avait amené ici. Le cri raisonnait encore dans ses os, le tirant de toutes ses forces vers les plaines enneigées de Russie. C’était presque pire, ici, sur ces routes de magie et d’inconnu tracées à la frontière du normal : en tendant l’oreille, il lui semblait entendre des échos du cri, dans le vent qui soufflait hors de l'habitacle. Il ne savait absolument pas si c’était simplement dans sa tête, ou si c’était vrai.
Sans signes avant-coureur, le docteur braqua à droite. La neige cessa de tomber subitement, disparaissant entre deux battements de cils. Le paysage ne sembla pas changer, pendant un temps: le tapis blanc était toujours là, et la voiture ne laissait toujours pas de trace derrière elle. Puis, progressivement, quelques signes indiquèrent qu'il avait quitté la route des mages pour revenir chez les vivants. Les animaux apparurent en premier (un ou deux oiseaux, sur la toile blanche du ciel, et au moins un mammifère depuis la protection des arbres). Puis au fur et à mesure qu’il avançait, la neige se fit plus éparse, se recoupant en tâches blanches dans les endroits d'où le soleil n'avait pu la déloger ; le ciel, lui, se mit moins laiteux, se débarrassa de ses nuages et se colora de bleu. La Cadillac avançait toujours à toute allure sans sembler être freinée par quoi que ce soit – racines, rochers ou terrain escarpés n’avaient aucun effet sur son déplacement.. Elle s’arrêta finalement au pied d’un haut mur de pierre naturel et escarpé. L’endroit n'avait rien de spécial, si ce n'était peut-être un chemin boueux s'élançant vers les conifères: marqué de vieilles traces de pneus séchées, c'était le premier signe de civilisation depuis une bonne heure.
Le mage descendit de voiture. Il portait un long manteau gris, serré par une ceinture où pendaient ses pistolets. Ses manches laissaient apparaître des gants gris, et quand il marchait les pans de son manteau montraient un pantalon bleu et de hautes bottes noires ; enfin, il portait son Heaume, apparut sur son visage dès qu'il avait passé la portière. Il s’avança vers le mur de roche, lentement, comme si il cherchait quelque chose. Il trouva en s’approchant. De loin, avec la distance et les ombres, la façade semblait continue. En vérité, un minuscule passage (tout juste assez large pour laisser passer un homme) était pratiqué au pied de la falaise ; le mage s’y engagea sans un regard en arrière. La Cadillac, quoique garée sans plus de cérémonie, était protégé par plusieurs enchantements qui la dérobait au regard du curieux qui se serait mis dans l’idée de faire une promenade au beau milieu de la Sibérie.
Derrière l'ouverture, un boyau de roche s’enfonçait dans les profondeurs, descendant légèrement. Après quelques virages, il commença à s’élargir ; rapidement après, il déboucha sur un salle souterraine, plongée dans une obscurité qui n’avait pas l’air de déranger le mage le moins du monde. La grotte était raisonnablement haute de plafond et parcourue de stalactite et stalagmites. Chose plus rare, une large porte était découpée dans le mur qui faisait face au tunnel d'entrée. Entièrement en métal, elle semblait de manufacture datée – quelque chose comme la deuxième moitié du XXe siècle. Pourtant, plusieurs appareils bien plus récents étaient placés autour, certains clignotants doucement. Pour l’instant, Kent était protégé par l’amulette d’Anubis, portée en évidence sur sa poitrine, qui le rendait totalement invisible et inaudible aux appareils qui scannaient en permanence l’endroit.
Il s’avança d’un pas ou deux, observant silencieusement l'installation. Il n'avait pas la moindre idée d'où il était. Il pencha un peu la tête sur le côté, comme si il écoutait quelque chose, et étendit ses sens vers la porte et ses protections. Il resta immobile quelques secondes, puis se redressa. Les différentes machines avaient vocation à informer Moscou le plus vite possible de tout changement dans l’endroit, mais il ne sentait aucun potentiel armement qui pourrait le foudroyer sur le place si il s’essayait à ouvrir la porte. De plus, ce qui se cachait de l’autre côté de la porte lui était tout à fait invisible - chose qui l'intriguait d'autant plus. Il leva la main, et déplia lentement ses doigts : sur sa paume, absent un instant auparavant, se tenait un petit scarabée de métal, peint en bleu, aux ailes repliées. D'un mouvement de poignet, il le poussa en l'air. L'insecte s'anima comme sous le coup d'une décharge, et prit son envol en vrombissant pour aller se poser au milieu de la porte. Pendant un temps, la créature mécanique resta immobile. Puis il frémit, et ses ailes se mirent à bourdonner doucement, comme le ronronnement d’une petite machine qui se met en route. Dans le même temps, un discrète lueur bleu pastel s’étendit dans l’interstice entre les deux battants, depuis l’insecte vers le sol et le plafond. Il y eut un bruit sourd, un autre, et un troisième, puis la porte s’ouvrit avec un grincement sonore, coulissant automatiquement pour disparaître à l’intérieur des murs. Le mage s’avança pour passer par l'ouverture, l'air de rien ; l'insecte, lui, avait disparu.
Il ne remarqua pas un minuscule appareil, dissimulé dans la porte elle-même et protégé par ce qui avait bloqué sa divination. Le détecteur s’activa sans un bruit. Beaucoup plus loin, à Moscou, on se précipitait sur le téléphone pour prévenir d’un gros problème : une certaine porte s’était ouverte, mais personne ne pouvait déterminer à cause de qui ou de quoi.
Dernière édition par Doc Fate le Ven 23 Juil 2021 - 22:08, édité 1 fois
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Re: [Sibérie] Somewhere not in America | Red Star Mer 30 Juin 2021 - 15:30
Red Star s’avançait tranquillement dans l’allée de la banque sans se presser. Les civils avaient été mit en sécurité et les balles ricochaient sur la poitrine et le visage du jeune justicier russe. 5 amateurs sont entrés dans la banque générale de Moscou avec des AK-47 et des bas de nylon sur le visage. Véritable cliché ridicule. Ce genre de délits mineurs ennuyaient profondément Leonid Kovar. Un être aussi puissant devrait combattre de véritables vilains. Pas faire le travail des policiers !
Le chef de la bande, un petit bout d’homme colérique qui dépassait légèrement le comptoir, continuait de vider chargeur après chargeur sur le soldat qui marchait vers lui tout en criant des bêtises en russe. Son acolyte était un grand gorille blond avec une tête si énorme que le bas de nylon n’allait pas plus loin que son gros nez. Du bruit, derrière eux indiquait que les trois autres essayaient toujours d’ouvrir le coffre-fort. Leonid soupira avant de se mettre en action. Pas besoin de perdre plus de temps avec ces imbéciles.
En un quart de seconde, Red Star avait franchi les derniers, 20 mètres qui le séparait du gorille. Il lui arracha le fusil des mains et le réduit en morceaux avec la sienne. Une baffe bien placée envoya le criminel s’encastrer dans le mur, quelques mètres plus loin. Malgré la scène, le courtaud continuait toujours à tirer tout en criant. En revanche, on voyait à sa voix qu’il avait la trouille. Il n’avait clairement pas pensé au Super-héros qui surveille Moscou, depuis quelques années. D’une voix forte, le justicier parla.
"C’est assez ! Le combat est terminé."
Subitement, les tirs et les cris s’arrêtèrent. L’individu semblait encore plus petit et pour la première fois, Red Star remarqua son jeune âge. 16 ou 17 ans, au maximum. Le garçon tremblait de tous ses membres. Leonid lui enleva doucement l’arme des mains et le lança au travers d’une fenêtre. Elle alla s’écraser dans la rue, devant les policiers cachés derrière leurs voitures.
"Tu vas aller te rendre gentiment ou je reviens te dévisser la tête."
Sans un autre regard, Red Star se détourna du jeune criminel et s’avança vers le coffre-fort. Ils avaient réussi a entré, mais personne ne montait la garde. Le justicier ferma simplement la porte, enfermant les trois hommes.C’est à ce moment qu’un grésillement se fit entendre dans son oreille suivie d’une voix monotone qui parlait en russe.
"Base à Red Star. Je répète. Base à Red Star. "
"Ici Red Star"
"Nous avons reçu une alerte. Quelqu’un s’est introduit dans une base gouvernementale. Je vous envoie les coordonnées."
Encore une fois, Leonid tourna les talons et vit que le criminel se trouvait toujours là. Il l’attrapa par le chandail et le traina sans effort, à l’extérieur. Il le lança vers un policier qui tomba sur le dos, en l’attrapant.
"Mes ordres ont changé. Il y a trois hommes dans le coffre."
Il décolla rapidement et vola à tout vitesse vers les nouvelles coordonnées reçues. Un point, au milieu de la Sibérie. Leonid n’avait jamais entendu parler de cette base, mais ce n’est pas étonnant. Même s’il travaille pour eux et qu’il n’y a pas plus loyal comme homme, le gouvernement ne partageait que très peu d’informations avec le jeune Kovar.
Arrivé sur place, il ne vit nul autre qu’un simple petit renard qui se baladait à quelques centaines de mètres. Il se trouvait devant un grand mur de pierre sans voir le moindre signe de vie humaine. Pendant quelques secondes, il fouilla l’endroit des yeux avant d’apercevoir une minuscule entrée. Le justicier s’y engouffra sans poser de question. C’était étroit et Leonid dut donner quelques coups-de-poing pour se frayer un passage jusqu’à ce que le tunnel s’élargisse. La grotte dans laquelle il se trouvait maintenant était sombre et Leonid leva sa main droite qui dégageait une vive lumière rouge. Vide. Quelques machines, mais c’est tout. C’est alors qu’il remarqua la porte ouverte.
Doucement, il s’avança vers celle-ci. Un homme se trouvait de dos, dans la pièce. Leonid referma lourdement la porte, derrière lui. Personne ne sort tant qu’il n’a pas de réponse. D'une voix dure, il s'exprima en russe.
"Cet endroit vous est défendu. Qui êtes-vous et que venez-vous faire ici ?"
Leonid était certain d’avoir déjà vu ce casque, quelque part. Oui, il en est sûr maintenant. Cette rencontre ne sera pas de tout repos… Dans un anglais cassé, il continua.
"Vous êtes Doctor Fate. Je vous croyait mort"
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Re: [Sibérie] Somewhere not in America | Red Star Jeu 1 Juil 2021 - 18:16
- C’est parce que vous me confondez avec quelqu’un d’autre.
Kent avait fait volte-face au moment où la porte s’était refermée. Instinctivement, il avait posé la main droite sur la crosse d’un de ses pistolets, mais il n’avait pas dégainé : l’inconnu avait pris de le temps de parler et de s’annoncer, ce qui ne méritait pas encore une balle entre les deux yeux. En sentant une présence, le mage avait étendu ses sens dans toutes les directions par réflexe, cherchant ce qui avait trahi sa présence et si le russe était venu seul ou accompagné. Il ne remarqua le minuscule appareil dans la porte métallique qu’à ce moment là. Au moins, l’autre était venu seul. Il dévisagea brièvement son vis-à-vis. « Inconnu » était peut-être un mot un peu fort.
- Je suis un docteur Fate, mais probablement pas celui qui figure dans vos fichiers.
Il reconnaissait Red Star, mais seulement de très loin. Kent avait essayé de retenir le maximum de de supers possibles, pour faciliter sa transition – pour autant, il s’était surtout concentré sur les alter-égo de ceux qu’il connaissait sur Terre-20 et sur les héros magiques, deux catégories qui reléguaient le protecteur de Moscou à une note de bas de page. Il avait entendu parler d’un super protégeant la capitale de Russie, mais c’était à peu près tout : il savait à peine de quoi il était capable. Il avait en tous cas suffisamment rôdé dans les archives du monde pour reconnaître l’étoile rouge et l’associer instinctivement au Kremlin. Sans ça et la facilité avec laquelle il avait refermé la lourde double porte de métal, le mage n’aurait probablement pas additionné deux et deux ni compris à qui il avait à faire.
Il évalua la distance entre eux. Elle lui semblait suffisante pour qu’il ait le temps de sortir son arme et de tirer, quand bien même l’autre allait vite. Il n’était simplement pas tout à fait sûr qu’une balle, en caoutchouc ou en plomb, arrête beaucoup le soldat qui lui faisait face. D’autant que le super n’avait pas l’air particulièrement stressé par sa posture tendue, prête à faire feu, indiquant qu’il ne craignait pas vraiment son arme. Fate continua à le dévisager. Son silence n’avait pas été bien long, mais il fut suffisamment marqué pour rendre évident qu’il hésitait à expliquer pourquoi il était là.
- Quelque chose m’a appelé. Quelque chose d’enfermé ici, où que l’on soit.
La pièce dans laquelle ils se tenaient était relativement similaire à celle qu’ils venaient de quitter : les murs étaient de roches nues, et une lourde porte de métal menait à une troisième pièce. Elle était encore entourés d’appareils clignotants, quoi qu’ils soient un peu différents : ceux-ci étaient moins destinés à surveiller l’extérieur qu’à retransmettre les données relevées à l’intérieur jusqu’à la capitale. Il y avait une autre grosse différence, cependant : sur la nouvelle porte, plusieurs barres horizontales avaient été fixées sur les battants, et des symboles divers avaient été gravé dans l’alliage cuivré qui les composait. Rien qu’en se tenant devant, et même en ayant pris le temps d’en détourner les protections (ce qui avait laissé le temps à Red Star de le rattraper), Kent sentait la pulsation régulière des sortilèges de la porte. Il ne pouvait ni en déterminer l’origine, ni l’âge, mais il avait pu en comprendre la fonction. Ils étaient là pour empêcher ce qui se trouvait derrière la porte de sortir.
Kent ne savait pas véritablement où il était, ni ce qui l’appelait. Il sentait juste l’écho du hurlement de sa nuit vibrer dans ses os, et c’était déjà bien assez. Quelque chose était enfermé dans cette installation russe reculée, gardées par de puissants rituels et des outils de protection technologiques vétustes et modernes. Moscou avait réagit du tac au tac en envoyant un renfort de protection dès qu’ils avaient détecté l’arrivée du mage. De toute évidence, le gouvernement actuel était au courant de ce qui se passait, même si l’installation semblait plus vieille encore. Kent n’arrivait pas encore à savoir si il s’agissait de quelque chose de dangereux ou pas – c’est pour ça qu’il était là : pas pour obéir à l’appel, mais pour comprendre ce qui se passait et agir en conséquence.
- Je ne peux pas vous laisser m’arrêter.
Ce n’était pas encore une menace. Il l’avait dit d’un ton civil, comme pour souligner simplement un fait. Il n’était pas encore tout à fait fermé à la discussion, puisqu’il n’avait toujours pas tiré son arme, mais il ne comptait pas faire marche arrière simplement parce que l’endroit lui était défendu.
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Re: [Sibérie] Somewhere not in America | Red Star Dim 4 Juil 2021 - 16:19
Red Star observait l’homme qui se trouvait devant lui. Le casque était bel et bien celui de Doctor Fate, mais semblait différent des images qu’il avait vues d’après ce qu’il avait entendu, ce fondateur de la société des justiciers d’Amérique était l’un des magiciens les plus puissants du monde. Pourtant, il semblait nerveux et est même armé. Sans démontrer la moindre peur, Leonid jeta un coup d’œil à la main de son interlocuteur posé sur la crosse d’un pistolet.
- Je suis un docteur Fate, mais probablement pas celui qui figure dans vos fichiers.
Un doppelganger donc… C’est la première fois que Leonid rencontrait un voyageur venu d’une autre terre que la leur. Il lui faudra être prudent. Rien ne dis que cet homme n’est pas un imposteur ou venu pour faire le mal. S’il est aussi puissant qu’on le dit. Leonid espérait sincèrement que ce Fate ne voulait pas de combat. Lorsque le magicien parla, Red Star remarqua une légère hésitation. Mentait-il ? Peut-être pas, mais il n’avait clairement pas envie de dévoiler la raison de cette intrusion.
- Quelque chose m’a appelé. Quelque chose…
Leonid n’entendit pas le reste. La grotte avait disparu autour de lui et le garçon se trouvait maintenant dans une forêt. Les arbres immenses formaient un toit de verdure donnant une teinte verte a tout ce qui l’entourait. Un ruisseau coulait doucement au milieu d’une clairière remplie de fleurs sauvages tout aussi belles, les unes que les autres avant de disparaître sous terre. Pas un son ne venait déranger ce paradis forestier. Pas même les oiseaux. Leonid remarqua soudain que ses vêtements avaient disparu. Il portait maintenant, une simple tunique de laine blanche qui lui tombait sur les genoux. C’est alors qu’un craquement se fit entendre derrière lui. Un ours gigantesque marchait lentement, vers lui, entre les arbres. Les jambes du justicier refusaient de lui obéir, mais étrangement, il ne ressentait aucune peur. L’animal énorme marcha jusqu’à se trouver tout près du blond. Une voix gronda dans son esprit. Une voix ancienne et dure. Remplis de souffrance. Un seul mot résonna.
-Leonid
Tout aussi rapidement qu’elle était venue, la vision prit fin et Red Star était de retour, dans la grotte. Il ne savait pas vraiment combien de temps elle avait duré, mais le russe fût certain que ce n’était pas plus que quelques secondes. Quelqu’un l’avait appelé ici. Tout comme Fate. Il remarqua alors quelque chose d’étrange. Dans sa main, qui aurait dû être vide, était apparu une petite pierre. Il illumina son autre main pour la regarder de plus près. Un symbole y était gravé. Un symbole qu’il n’avait pas vu depuis de nombreuses années. C’était l’une de ses premières nounous qui lui contait sans cesse, les histoires des dieux slaves. Ce symbole était celui de Veles. Dieu de la magie, de la créativité, de l’honnêteté et plusieurs autres choses. Ça expliquerait l’ours !
Sans faire attention à Doctor Fate, Leonid redoubla l’intensité de la lumière rouge pour examiner la porte. Aucune poignée n’était visible sur celle-ci, mais ça ne découragea pas l’homme. Après environ une minute de recherche, il trouva un minuscule creux, au bas de la paroi rocheuse, à droite de la porte. Un petit espace juste assez grand pour y mettre la pierre. Comme une clé dans une serrure. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait la certitude que c’était la seule façon d’entrer. Dès que la pierre entra en contact avec la paroi, un grondement se fit entendre et la porte fondit dans le sol pour finalement disparaître complètement.
C’est sans perdre de temps que Red Star fit son entrée dans la nouvelle grotte. Cette fois, aucune machine ne venait déranger le calme de cette grande cavité rocheuse d’environ 20 mètres par 20. La main du russe illuminait tout d’une vive lumière rouge et voici ce qu’il y trouva. L’être de sa vision, ou un ours très semblable se trouvait au milieu de la grotte. De chaque coin, attaché a de lourds anneaux de métal, de longs fils aussi fins que de la soie venaient restreindre l’animal géant. Clairement magique. Cela lui rappela vaguement l’histoire du Loup Fenrir, emprisonné par les Ases par des cordes naines magiques. Sans se retourner, il parla à son coéquipier.
- Fate ? Tu devrais venir voir cela.
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Re: [Sibérie] Somewhere not in America | Red Star Dim 10 Oct 2021 - 21:28
Kent lâcha son arme à feu, et suivit le Russe dans la salle suivante. Il était resté main sur la crosse durant toute la recherche frénétique du jeune homme, un peu en retrait. L’apparition de la pierre ne lui avait pas échappé, mais il n’avait pas vu le symbole gravé dessus. Il n’avait pas non plus manqué l’étincelle qui était passé par les yeux qui le dévisageaient; quelque chose avait communiqué avec Leonid et lui avait transmis un message dont Kent ignorait la teneur. En conséquence, lorsqu’il passa la deuxième porte, se fut précautionneusement, tous les sens en alerte. Il ne fut pas déçu.
La caverne était large, haute de plafond, et circulaire. Sans Leonid, elle aurait été plongée dans une obscurité complète ; dans sa lumière rouge, qui semblait accentuer les ombres plutôt que les chasser, elle n’était pas beaucoup plus rassurante. Les murs étaient de roches et de noir de jais, limites indistinctes d’un monde couleur rubis. Même la silhouette de l’ours gigantesque était impressive, à demi-avalée par les ombres des murs. Kent s’avança, toujours sans rien dire, oubliant complètement le Russe, sa vision, ses menaces, ses possibles trahisons. L’endroit était écrasant. L’air y vibrait au son d’une mélodie impossible et silencieuse. Le sol répondait par des basses inaudibles, grondant sous ses bottes. Le docteur continuait d’approcher, sensible à quelque chose qu’il ne s’expliquait pas tout à fait. A ses pieds, le sol changea légèrement, et Fate s’arrêta net.
Quelqu’un ou quelque chose avait gravé des signes dans le sol. De longs traits anguleux, traçant des lettres étranges assemblées en un cercle parfait, qui ceignait la créature comme une prison sur mesure. D’où il était, le mage pouvait voir ces mêmes symboles répétés sur toute la longueur des rubans. Ce n’était pas du runique, ni aucun alphabet slave. Ce n’était pas du grec, ni du latin. C’était de vieux mots de pouvoirs, de ceux qui sont arbitres des choses, des destins et des étoiles. Ces lettres venaient d’un âge révolu depuis longtemps, d’un âge dont les derniers souvenirs avaient été méticuleusement livrés aux flammes sous les divers régimes communistes. Le parti du peuple ne prêtait aucune fois aux histoires du vieux monde ou à leurs pouvoirs. De toute évidence, certains membres haut-placés du NKVD n’étaient pas du même avis.
Il posa un genoux à terre et étudia les mots inscrits, suivant la courbe du cercle sans jamais passer au-dessus ou toucher les symboles.. Au-dessus de lui, l’Ours le regardait faire de ses yeux d’obsidienne humide, sans rien dire ni rien faire. Fate n’avait pas vu de langage pareil depuis très, très longtemps, et même le Heaume peinait à les déchiffrer. Cela lui pris un peu plus de temps que ça n’aurait dû. Le docteur ne s’appuyait pas sur ses capacités de traducteur : la tête légèrement penché sur le côté, bougeant les lèvres en une litanie silencieuse et oublieux du reste du monde, Fate puisait ailleurs que dans les informations que lui rapportaient ses yeux. Son esprit s’étirait plus loin, puisant dans la mémoire collective, traquant les idées cachées derrière ces mots. Il retira sa main brusquement, comme si il s’était brûlé.
Veles. Il n’avait aucune idée de qui l’avait appelé, et n’avait pas réussi à apercevoir le symbole sur la pierre de Leonid. Jusqu’à ce moment, il n’avait aucune idée de qui était cet Ours. Maintenant, il savait. Il savait que c’était un familier d’un dieu Slave, d’un dieu lointain et presque oublié. Il savait que c’était une créature qui avait été enfermé il y a très, très longtemps. Il savait aussi pourquoi on l’avait enfermé. Parce que Veles était un dieu de la magie, et du savoir. Parce que Veles était un dieu chaotique, rebelle, et qu’on voulait instaurer l’ordre.
Kent se redressa. Un dieu chaotique. Le dieu chaotique du panthéon Slave. Il ne pouvait pas laisser un de ses familiers partir : c’était une source de son pouvoir. C’était une parcelle du dieu qu’il avait sous les yeux, et il ne pouvait tout bonnement pas le lâcher dans la nature. Le monde était déjà trop sans dessus-dessous pour qu’il envisage sérieusement d’aider ou de renforcer une divinité chaotique, quelle qu’elle soit. Le mage parcouru ses options, puis amorça un demi-tour : Leonid avait l’air de vouloir la liberté de la créature. Il ne pouvait pas l’autoriser.
Il n’eut pas l’occasion de faire quoique ce soit. L’Ours se pencha en avant, et souffla : un tourbillon d’air chaud aux odeurs de plantes et de fleurs entoura le docteur. Il se raidit, et ne bougea plus. Il ne voyait, n’entendait, et ne ressentait plus le monde autour de lui – de manière très semblable à la façon dont Leonid avait été capturé par une vision, quelques instants plus tôt.
***
"Confirmons point de contact.
- Permission de lancer l'opération, crachota une voix dans une radio.
- Bien reçu."
Deux silhouettes, en tenues brunes et chaudes, se glissèrent dans le premier boyau de la falaise. Ils descendirent à pas de loups le chemin de roche, touchèrent un pendentif suspendu à leur hanche gauche, et passèrent la première porte du complexe sous-terrain comme si elle était faite de brume.
Fate était une carte encore difficilement comprise, dans le jeu internationale des mages – pour beaucoup, elle était même carrément inconnue. Quelques groupes l’avaient à l’oeil, suivant ses déplacements, essayant de jauger si il serait ami ou ennemi. Parmi ses observateurs, on trouvait autant une dangereuse association de magiciens en quête de domination magique mondiale qu’un Britannique à l’hygiène douteuse en trench-coat. Fate posait question, et on le surveillait. Aussi, lorsqu’il avait mis les pieds dans une des très rares caches occultes du gouvernement russe, ça n’avait pas échappé à ceux qui le surveillaient avec le plus d’acharnement.
Trois hommes se tenaient dans l’encadrement de la salle de l’Ours. Ils étaient vêtus comme des agents d’opérations commando officielles, à quelques exceptions près : leur attirail militaire était augmenté de talismans, d’amulettes et de fioles diverses, variant selon l’agent, et une flamme stylisée, d’un bleu presque blanc, décorait leur épaule droite et leur cœur. Avec une synchronisation parfaitement impossible, ils levèrent leurs fusils mitrailleurs vers Leonid. Le longs de chaque canon, un mot différent avait été gravé en runique.
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